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2. Les Monteurs du changement

Les facteurs susceptibles de provoquer des changements dans le secteur forestier durant les deux prochaines décennies peuvent se classer en trois catégories:

les facteurs relativement bien prévisibles,

les facteurs ayant une probabilité moyenne de survenir,

les facteurs probables mais dont le degré de probabilité est incertain.

2.1. Les changements socio-économiques

La croissance démographique et le rythme de croissance de l’économie (qui détermine les niveaux d’emploi, de revenu, de pauvreté et de chômage) influeront de façon décisive sur l’état du secteur forestier et son développement aux cours des deux prochaines décennies.

La croissance démographique, qui a été relativement forte au cours des trois premières décennies après l’indépendance, tend à diminuer fortement. La période intercensitaire 1987 – 1998 a enregistré un taux de 2,28%, bien inférieur à ceux des deux périodes précédentes 1966-1977 et 1977-1987 qui étaient respectivement de 3,21 et 3,06%. Au cours des dernières années, le taux est régulièrement à la baisse, entraîné par une baisse régulière du taux brut du natalité et malgré une tendance à la baisse du taux brut de mortalité (cf. tableau 1).

Tableau 1: Indicateurs démographiques (pour 1 000 habitants)

Années

Taux brut de natalité

Taux brut de mortalité

Taux d’accroissement naturel

1994

28,24

6,56

21,68

1995

25,33

6,43

18,90

1996

22,91

6,03

16,88

1997

22,51

6,12

16,39

1998

21,02

5,82

15,20

Source : ONS, RGPH 1998.

Durant la décennie 1987 – 1998, la population algérienne est devenue majoritairement urbaine (57,3%) (cf. tableau 2). La part relative de la population rurale connaît donc une tendance à la baisse, particulièrement au cours de la dernière décennie, mais cette population continue de croître en nombre absolu (elle passe de 11,6 à 12,3 millions de personnes entre 1987 et 1998). Ceci tend à prouver que malgré l’exode vers les petites et moyennes ville qui ont connu ce dernières décennies une plus grande affluence en termes de population, plutôt que vers les grandes métropoles notamment celles situées sur les côtes (taux d’urbanisation inférieur à 1,8 % inhérent à leur saturation structurelle), les campagnes et notamment les espaces boisés ne sont pas encore menacés de "désertification humaine".

Tableau 2: Evolution de la population selon la dispersion.

Population

1966

1977

1987

1998

Aggloméré chef-lieu

Aggloméré secondaire

Population éparse

42,9

13,2

43,9

39,5

19,0

41,5

49,7

21,1

29,2

65,8

15,0

19,2

Population totale

100

100

100

100

Population urbaine

Population rurale

31,4

68,6

39,5

60,5

49,7

50,3

57,3

42,1

Population totale

100,0

12022000

100,0

16948000

100,0

23038942

100,0

29100867

Source : calculé d’après les données de l’ONS

La densité de la population reste relativement faible (22 habitants au km2) . Sans les régions sahariennes désertiques, la densité s’élève à 72 habitants au km2 (tableau 3).

Tableau 3: Densité selon le degré de ruralité (habitants au km2).

Degré de ruralité

1966

1977

1987

1998

Densité sans compter les wilayate sahariennes (Algérie du Nord)

Profonde

Moyenne

Faible

Total Algérie

27

21

54

28

37

29

81

39

52

39

102

52

65

48

131

72

Densité en comptant les wilayate sahariennes *

Profonde

Moyenne

Faible

Total Algérie

27

4

22

9

37

6

33

12

52

9

42

16

65

10

148

22

* Adrar, Tindouf, Ghardaïa, Ouargla, Biskra, El Oued, Illizi, Tamanrasset.

Source : Calculé d’après les données de l’ONS.

Du point de vue de la répartition des revenus, aucune statistique n’existe sur la question. L’importance de la pauvreté semble avoir augmenté depuis une quinzaine d’année. En matière de consommation alimentaire , par exemple, l’Algérie de 1988 recelait entre 8 et 12,2 % de population qui ne disposaient pas de suffisamment d’argent pour satisfaire à leurs besoins caloriques minimums après avoir réparti leurs budgets entre achats alimentaires et non alimentaires (Banque mondiale, 1999). En 1995, ces seuils passent respectivement à 14,1 et 22,6 %. Depuis 1995 jusqu’à aujourd’hui, la situation n’a pas dû améliorer compte tenu du fait qu’aucune reprise économique n’a été perceptible ainsi que le montrent les chiffres de la croissance économique (cf. ci-dessous). Cet état de pauvreté grandissante s’explique par la crise économique qui perdure depuis 1986 et par le désengagement de l’Etat en matière de soutien des prix à la consommation.

La pauvreté est relativement plus présente en milieu rural qu’en milieu urbain. En 1995, les taux dans ce milieu 7,8% sur la base du seuil de pauvreté alimentaire , 19,3 % sur la base du seuil de pauvreté inférieur et 30,3 % sur la base du seuil de pauvreté supérieur, soit plus du double de ceux enregistrés en milieu urbain (respectivement 3,6%, 8,9% et 14,7%) (Banque mondiale, 1999).

Le degré de pauvreté de la population est lié principalement au chômage ainsi que le montre l’enquête nationale sur la mesure des niveaux de vie des ménages réalisée par l’Office National des Statistiques (Banque mondiale, 1999). Or le taux de chômage a fortement augmenté au cours des dernières années (cf. tableau 4).

Tableau 4: Evolution du chômage

Unité = 103

Année

1993

1994

1995

1996

1997

1998

Population au chômage

Taux de chômage

 

1519

23,2%

1660

24,4%

2125

28,1%

2209

28,3%

2359

29,2%

2400

28,6%

Source: ONS et CNES

 

2.2. Les performances économiques globales et les changements attendus dans le rôle relatif des différents secteurs.

Les principaux changements touchent les rôle des secteur privé et secteur public dans l’économie ainsi que la gestion interne de ce dernier secteur. Dés le début des années quatre vingt, le secteur public commence à connaître des réformes qui tendent à le faire fonctionner davantage selon les lois de l’économie libérale. Mais la véritable rupture s’est produite dans la deuxième moitié des années quatre vingt sous l’effet décisif de la crise pétrolière qui se produit en 1986. La chute durable des prix des hydrocarbures sur le marché mondial enfonce le pays dans une crise des paiements qui aboutit logiquement à l’intervention du FMI par la signature d’un accord d’ajustement en avril 1994. Le rééchelonnement de la dette obtenu par l’Algérie a pour contrepartie l’obligation d’appliquer les mesures classiques recommandées par le FMI en pareilles circonstances : baisse du déficit budgétaire par la compression des dépenses publiques donc suppression des subventions de toute nature, dévaluation de la monnaie pour comprimer les importations et agir sur la demande globale, modération salariale, … A ces mesures de stabilisation, s’ajoutent des mesures structurelles : privatisation du secteur public, mesures incitatives pour attirer les investissements étrangers et encourager l’investissement local, encouragement des exportations, libéralisation du commerce extérieur (par la suppression des monopoles d’Etat).

Pour contrebalancer les effets sociaux de l’ajustement, l’Algérie obtient de la Banque mondiale plusieurs prêts afin de créer des emplois (surtout temporaires) et financer le "filet social". Ce dernier consiste dans le versement aux ménages n’ayant aucune ressource d’une indemnité de solidarité (pour les handicapés et les personnes âgées) ou d’une indemnité pour activité d’intérêt général pour les chômeurs (indemnité en échange d’une activité d’intérêt général : réfection de routes, nettoyage des lieux publics,…).

A la fin des années quatre vingt dix, toutes ces mesures n’ont pas permis une relance significative de l’économie malgré des résultats macro-économiques louables sur le plan de la lutte contre l’inflation (après avoir atteint 30% en 1995, le taux d’inflation aurait été de seulement 5% en 1998 et serait même descendu à 3% en janvier 1999) et sur le plan des réserves de change. En effet, les taux de croissance de l’économie continuent de connaître des niveaux relativement faibles (cf. tableau 5), bien inférieurs à ceux qui seront nécessaire pour résorber dans un délais raisonnable le chômage et le sous emploi (7 à 8%). Cet état de fait s’explique par l’échec des politiques pour attirer les investissements étrangers et pour inciter les investisseurs privés à plus d’engagements. Il s’explique aussi partiellement par les retards pris dans la privatisation du secteur de l’économie, retards dus aux résistances multiformes s’opposant à cette politique.

 

Tableau 5: Taux de croissance des grands agrégats

 

1996

1997

 

1998

 
 

Mds DA

Volume %

Prix %

Volume %

Prix %

Production intérieure brute

2251,5

0,8

6,5

5,0

- 4,8

Importations B & S

Marchandises

Services

613,4

537,3

76,1

2,4

0,9

13,2

- 0,7

- 1,0

1,0

6,2

5,5

10,6

1,1

1,1

1,0

Exportations B & S

Hydrocarbures

Autres

Services

774,5

691,2

31,2

52,1

6,3

7,1

- 4,4

2,6

2,8

3,0

- 1,1

2,5

2,9

3,4

- 24,1

10,2

- 24,5

- 27,2

1,0

1,0

Dépense intérieure brute

2090,3

- 0,7

5,8

6,1

4,2

Consommation finale

Ménages

Adm. Publique

1445,7

1338,1

107,6

- 0,8

- 1,0

2,0

6,5

6,4

7,5

2,9

2,9

3,0

5,8

5,7

6,5

Accumulation

ABFF

Variation de stocks

644,6

639,4

5,2

0,8

5,7

3,3

5,2

Valeur ajoutée des secteurs

Agriculture

Hydrocarbures

Industrie

BTP

Services

277,8

733,1

222,3

245,7

560,3

- 13,5

6,0

- 3,8

2,5

2,4

8,5

5,3

10,3

9,3

5,8

11,4

3,5

4,6

2,4

5,4

6,5

- 22,4

5,7

6,2

3,5

Droits de douane et TVA

Services des adm. Publiques

212,3

313,3

0,5

3,0

3,4

6,7

5,4

2,5

- 2,7

6,0

Produit Intérieur Brut

2564,8

1,1

6,5

4,7

- 3,5

La PIB hors

Hydrocarbures

La PIP hors Hydro. & agr

La PIP hors Hydrocarbures

La PIP hors Hydro. & agr

La PIP hors agriculture

1518,4

1240,6

1831,7

1553,9

2286,9

- 1,7

1,0

- 0,9

1,4

2,9

7,1

6,9

7,0

6,8

6,3

5,7

4,6

5,2

4,2

4,0

3,9

3,4

4,3

3,9

- 4,6

Source: Banque d’Algérie

2.3 Les changements politiques et institutionnels

2.3.1 Les changements politiques

En matière de changements politiques, l’introduction du multipartisme en 1989 a bouleversé les rapports de force entre les différents groupes sociaux, bouleversement stoppé par l’arrêt du processus électoral en 1992. Cela a entraîné une contestation violente des acteurs lésés par cet arrêt, contestation qui a fortement freiné – par l’insécurité qu’elle a créée dans certaines zones du pays – le développement économique. Le développement spectaculaire des libertés publiques a permis la naissance et le maintien d’une presse dont la liberté d’expression est unique dans les pays arabes et la grande majorité des pays en voie de développement. La société civile peut désormais s’exprimer et s’organiser à travers une multitude d’associations de nature diverse. Tout ceci, malgré les imperfections encore nombreuses, augure d’un avenir plus démocratique et d’un développement économique plus rapide à l’avenir si on part du principe que le développement accompagne la démocratie.

2.3.2 Les changements institutionnels

Sur le plan de la propriété et de la gestion des ressources naturelles. Ces changement se sont plus modestes, bien que certains.

2.3.2.1 Les hydrocarbures

Les hydrocarbures restent majoritairement sous l’emprise du secteur public. Mais les compagnies étrangères, grâce à un changement dans le code des hydrocarbures, sont de plus en plus présentes dans la recherche et le transport.

2.3.2.2. L’eau

En matière d’eau, l’essentiel de l’eau agricole, urbaine et industrielle reste encore sous gestion publique. Mais, comme pour beaucoup d’autres secteurs (télécommunications, transports terrestres et aériens, …), la préparation de la privatisation – avec participation de grandes firmes étrangères – est en cours. L’objectif principal est d’arriver à vendre l’eau au moins à son prix coûtant, même si les consommateurs urbains les plus démunis se verront consentir des prix moins élevés. En matière d’eau d’irrigation, des politiques sont menées pour faire adopter par les utilisateurs des techniques plus économes (matériel d’aspiration et de goutte à goutte).

2.3.2.3. Le sol

En matière de sols, le changement majeur qui a eu lieu est la privatisation de la gestion des terres agricoles publiques qui ont été données en jouissance perpétuelle et transmissible – en contrepartie d’une redevance annuelle à verser à l’Etat – principalement aux ouvriers et cadres qui y travaillaient dans l’ancien système de gestion étatisé. Jusqu’en 2000, il était fortement prévu la vente ou la location de ces terres, un projet de loi en ce sens ayant même été déposé en 1996. Les derniers développements politiques ont abouti à l’annulation de ce projet et donc au maintien de ces terres dans la propriété publique et sous leur forme de gestion actuelle. Par ailleurs, une loi de 1990 a rendu à leurs propriétaires les terres nationalisées dans les années soixante dix aux dépens de propriétaires algériens dans le cadre de la Révolution agraire. Toujours en matière de sols et de terres, le deuxième changement majeur qui est intervenu est le résultat des politiques d’aménagements et de mise en valeur engagées dès le début des années quatre vingt qui encourageaient le secteur privé à mettre en valeur certaines terres publiques en échange du transfert de propriété de l’Etat vers les investisseurs privés (loi de 1983 sur l’accession à la propriété foncière). Ces politiques d’aménagement ont été renforcées dans les années quatre vingt dix par des financements publics, particulièrement dans les zones les plus défavorisées : zones montagneuses, zones steppiques et zones sahariennes (cf. tableau 6). Une entreprise publique a même été créée pour aménager des terres et les donner en concessions à des bénéficiaires ayant participé par leur travail à leur aménagement (la Générale des Concessions).

 

Tableau 6 : Le point sur l’accession à la propriété foncière agricole fin 1998 (APFA) (en ha)

   

wilayate

 

Total

 

du Nord

steppiques

sahariennes

 

Superficie attribuée

Superficie mise en valeur

Superficie mise en culture

Nombre de bénéficiaires

Superficie par bénéficiaire

10644

4481

3305

2038

5,2

151852

44800

35643

23913

6,4

348819

99694

70354

51382

6,8

511315

148975

109293

77333

6,6

3/2 en %

3/1 en %

74%

31%

80%

23%

71%

20%

73%

21%

 

2.3.2.4 Les forêts

En matière de forêts, il y a eu peu de changements dans les formes de gestion, la forme de propriété domaniale n’ayant jamais été remise en cause. Les changements probables dans le futur concerneraient la concession de parcelles forestières aux riverains pour leur exploitation et leur entretien moyennant une redevance.

Néanmoins bien que timides, des réformes sont en cours qui visent à la décentralisation de certaines fonctions ou prérogatives de l’administration centrale, à la promotion de la gestion participative et d’une plus grande implication des collectivités locales (wilaya, assemblée populaire commerciale notamment ) et à une plus grande participation du secteur privé à la mise en œuvre des programmes d’exploitation forestière et plus généralement des plans de développement forestier.

Au plan législatif et afin d’ajuster et de compléter la loi portant régime général des forêts un projet de code forestier est en préparation, qui aura pour finalité d’asseoir une gestion forestière basée sur la conservation des forêts et de leur diversité biologique, une exploitation durable des ressources ligneuses et non ligneuses dans le contexte d’une approche intégrée en faveur d’un développement rural global, et apte à permettre d’atteindre la garantie de la destination du bien ou de la réalisation de sa fonction et d’améliorer les fonctions environnementales des forêts.

2.4 Faits nouveaux intéressant le secteur agricole et conséquences pour le secteur forestier.

Aucun changement notable ne s’est produit dans le domaine agricole si ce n’est les aspects de modifications économiques globaux notamment en ce qui concerne, la libération du commerce, l’organisation d’anciens domaines autogér és en exploitations individuelles ou collectives avec jouissance perpétuelle de l’usufruit de ces terrains.

Un encouragement financier est accordé aux agriculteurs par l’intermédiaire de différents fonds notamment, le fonds national de régulation et de développement agricole (FNRDA) qui octroie des subventions jusqu’à concurrence de 30 à 40% selon la nature de la spéculation à encourager.

Par ailleurs, un système de mise en valeur de terre est organisé par le biais de concession à des producteurs après aménagement.

Un processus est mis en marche pour favoriser la reconversion des systèmes de production et donner ainsi plus de place aux cultures pérennes moins soumises aux aléas climatiques. Le secteur des forêts intervient pour réhabiliter les zones de montagnes et celles affectées par l’érosion pour une intensification les plantations de fruitiers rustiques et l’emploi de techniques antiérosives.

2.5. Le développement industriel et ses effets indirects sur la foresterie

Trois faits principaux peuvent avoir des effets sur le secteur forestier. Le premier est le faible développement des activités non agricoles, particulièrement industrielles, donc la faible création d’emplois. Il est peu probable que le développement industriel sera suffisant dans les 20 prochaines années pour résorber le chômage actuel et fournir du travail à la population entrant chaque année dans l’âge d’activité. Le deuxième fait est la croissance encore forte de la population rurale, croissance qui va sans doute se maintenir pendant de nombreuses années du fait de la lenteur des changements démographiques dans le milieu rural. Le troisième fait est l’exiguïté des terres agricoles disponibles : l’Algérie ne dispose que de 8 millions d’ha cultivables pour 30 millions d’habitants et le niveau de productivité est, par ailleurs, faible. La combinaison de ces trois faits peut entraîner une pression des populations rurales sans ressources, ou avec trop peu de ressources, sur les forêts et, surtout, sur les terres dites " à vocation forestière ". Si l’extension des clairières défrichées et cultivées est relativement bien maîtrisée jusqu’à maintenant grâce à une forte présence sur le terrain de l’administration forestière, à l’avenir, les populations riveraines, pressées par la nécessité de la survie, risquent d’être plus offensives vis-à-vis des forêts. Déjà, certaines sont fortement exploitées en tant que lieux de pâturage, pour les bovins, avec l’assentiment plus ou moins forcé des agents forestiers.

Le développement industriel faisant appel aux matières premières forestières locales a connu quelques réalisations dans le passé (fabrication de panneaux à particules, transformation du liège). Mais il est peu probable qu’il continue du fait de la concurrence des matières premières étrangères (permise par la libération du commerce, par la future adhésion de l’Algérie à la zone de libre échange européenne et à l’OMC) beaucoup plus compétitives pour tout ce qui est des bois de menuiserie et du bois d’œuvre et du fait de l’absence de savoir faire des menuisiers algériens dans la transformation des bois locaux dont les caractéristiques echnologiques sont encore peu connues.

L’augmentation du niveau de vie de certaines franges de la société algérienne et la croissance probable du tourisme étranger dans le futur amèneront sans doute un développement considérable du tourisme en milieu forestier, tourisme très marginal aujourd’hui du fait de l’insécurité ayant régné ces dernières années et, aussi, du fait de l’absence d’aménagement des forêts dans ce but. La prolifération du sanglier, non consommé par les populations locales, peut entraîner, quand les conditions sécuritaires le permettront, un afflux non négligeable de touristes chasseurs haut de gamme. Par ailleurs, la présence de plusieurs parcs nationaux à travers le territoire, contenant essentiellement des forêts, sera d’un attrait certain.

2.6. Faits nouveaux dans le domaine des services et dans les autres secteurs et effets potentiels

Désormais la loi offre la possibilité aux exploitants forestiers et aux usagers de la forêt de se regrouper pour défendre leurs intérêts et devenir ainsi les partenaires crédibles de l’Etat. Ils pourront ainsi mieux bénéficier des biens et services tirés de la forêt et du soutien de l’Etat dans le cadre d’une consultation permanente afin de préserver leurs acquis, améliorer leurs conditions de vie et bénéficier du progrès technologique.

Cette possibilité à s’organiser constitue un atout majeur dans les échanges avec les institutions et organismes publics ou privés pour un accord consensuel du partage équitable des revenus en fonction de l’effort fourni et de la plus value découlant des initiatives pour renforcer les activités productives par l’exploitation durable du potentiel des sols, de l’eau et des ressources végétales et animales.

Par ailleurs, la libéralisation du commerce extérieur a permis aux opérateurs de disposer de tous les produits dont ils ont besoin dans le cadre de la libéralisation du commerce notamment l’importation.

2.7. Les changements dans la consommation d’énergie et leurs effets sur les forêts.

La relative sauvegarde des ligneux jusqu’à maintenant a été permise par une politique de distribution à très faible prix de gaz butane et propane sur tout le territoire national : la bouteille de gaz de 13 kg est vendue, rendue chez le consommateur, à 157 DA (soit seulement 2,18 US$ !). Cette politique sera très certainement remise en cause par les politiques de vérité des prix et par la nécessité d’économiser les ressources budgétaires. La hausse du prix du gaz va sans doute entraîner une certaine substitution du bois au gaz, au moins chez les ménages les plus pauvres. Il faut donc s’attendre à l’avenir à une plus grande utilisation du bois et du charbon de bois. Or, la situation actuelle en ce domaine est déjà alarmante dans certaines régions, particulièrement les régions arides et sahariennes boisées. Dans celles-ci, l’accroissement de la population et la difficulté de changer les modes d’utilisation traditionnel du bois (préparation du thé, cuisson de certains aliments) ont déjà éliminé les arbres dans plusieurs zones, particulièrement dans un large rayon autour des agglomérations. Il s’impose donc de concevoir et mener des politiques de production de bois de feu qui puissent préserver les ressources forestières naturelles des régions les plus menacées par la substitution massive du bois au gaz butane (Hoggar, Tassili, Atlas saharien,…).

 

2.8. Faits nouveaux dans les infrastructures et les communications

L’Algérie est dotée d’un réseau routier assez dense qui permet, malgré tout, de faciliter les activités économiques sans contraintes majeures. Elle dispose également d’un réseau de transport aérien conséquent reliant les principales villes du pays . La fin du monopole sur le transport aérien a favorisé l’émergence de sociétés aériennes privées. Cette concurrence est à même de favoriser la qualité et la quantité des services rendus. Le réseau autoroutier que constitue un investissement lourd est ouvert à la concurrence selon les modalités définies par un cahier des charges.

Mais c’est surtout le réseau ferroviaire qui souffre de stagnation ces dernières décennies. Une démarche est en cours pour redonner vie à ce moyen de communication très important par la réhabilitation du réseau existant et sa modernisation.

Concernant les télécommunications, un dossier présenté au parlement a été approuvé. Il concerne la privatisation de certains volets des postes et des télécommunications et leur mise à niveau.

Soulignons par ailleurs que dans les zones difficiles d’accès, le secteur des forêts a réalisé et réalise les infrastructures pour désenclaver les populations et impulser un progrès technique et social. Le réseau est satisfaisant, moyennant un entretien et une gestion appropriée.

2.9. Libéralisation du commerce

La volonté d’adaptation du système économique national aux normes économiques internationales s’est concrétisée à travers un certain nombre de mesures telles que l’autonomie des entreprises publiques, la réhabilitation du secteur privé jusque la marginalisé, la libéralisation du commerce extérieur par la suppression de tout monopole de l’Etat, la mise en place d’un système de liberté des prix qui permet aux entreprises de fixer les prix de leurs produits en tenant mieux compte des coûts réels l’abandon de la politique de soutien des prix (à l’exception du lait et du pain) au profit d’une politique de soutien des bas revenus.

Précédant toujours de cette volonté, l’Algérie qui poursuit avec l’union européenne un cycle de négociations en vue de l’instauration d’un véritable partenariat dans le cadre d’une zone de libre échange, a introduit un dossier d’adhésion auprès de l’OMC.

Cette libération quasi totale du commerce n’est évidemment pas sans risque pour les produits locaux. Pour y faire face les pouvoirs publics ont entrepris une action de mise à niveau de tout l’appareil productif mais sans résultat probant pour le moment.

2.10. Les changements des politiques forestières

La loi portant régime général des forêts de 1984 donne à l’administration forestière la mission de gérer et d’administrer le fond forestier national.

Cependant, cette loi ne tient pas assez compte de l’intégration des populations et des méthodes participatives pour les intéresser au devenir de l’espace qu’elles occupent Une loi complémentaire est proposée au gouvernement pour une discussion à l’APN. Sa promulgation permettra de pallier à ces insuffisances notamment.

Par ailleurs, l’individualisation du service des forêts en une direction générale dôtée d’une large autonomie a permis de redéployer les moyens humains et financiers au niveau régional et local.

Les forestiers quant à eux ont été confortés dans leurs attributions de corps spécifique, stratégique chargé d’appliquer les mesures de puissance publique et d’intérêt général. La politique forestière traduite par le plan de développement forestier s’est concrétisée sur le terrain par des programmes permettant de mieux administrer le fonds forestier national et de contribuer dans ces espaces à l’augmentation des revenus, à l’amélioration des conditions de vie des populations et à leur fixation.

2.11. Les progrès technologiques dans le secteur des forêts et les secteurs connexes

Les progrès technologiques dans le secteur des forêts et dans les secteurs connexes concernent la production des plants forestiers et fruitiers et les techniques dans la transformation des bois locaux. Pour ce qui est de la production de plants, les nouvelles techniques de production en pépinières ont été introduites grâce au dernier projet forestier financé par la Banque mondiale. Ces techniques assez maîtrisées, ont donné des résultats pour accroître la productivité des pépinières (production de plants de meilleure qualité). Quant aux techniques de travail des bois locaux, pour lesquelles était prévue dans le projet mentionné une unité industrielle expérimentale qui n’a pas été réalisée, des recherches seront sans doute développées dans le futur pour mettre au point ces techniques et les diffuser auprès des utilisateurs potentiels.

2.12. Les tendances de l’investissement dans le secteur des forêts

Les investissements dans le secteur des forêts continueront, sans doute, à être principalement ceux de l’Etat du fait de la faible rentabilité de la sylviculture par le secteur privé, particulièrement dans les conditions de concurrence par le marché mondial. Par ailleurs, les terres pouvant être plantées en essences forestières marchandes dans de bonnes conditions de rentabilité sont trop rares. En revanche, on peut espérer que les investissements privés seront plus importants dans le secteur des plantations fruitières, que l’Etat compte encourager par des subventions à ce type d’investissement, particulièrement sur les terres en pente dont le labour pour la céréaliculture est dangereux du point de vue de l’érosion s’il n’inclut pas dans le système de production des techniques adaptées.

2.13. Autres facteurs pouvant contribuer aux changements (positifs et négatifs) dans le secteur forestier.

Parmi les autres facteurs essentiels qui peuvent contribuer notablement aux changements dans le secteur forestier, il en est de positifs et d’autres négatifs.

Parmi les facteurs positifs il y a lieu de relever la prise de conscience progressive mais de plus en plus nette par les pouvoirs publics et la société de la rareté et de la précarité de cette ressource naturelle que constitue la forêt et de l’importance de son rôle dans le maintien des grands équilibres écologiques ce qui renforcera sans nul doute la volonté de protéger, d’aménager et de gérer durablement la forêt.

Quant aux facteurs négatifs il faut noter surtout le peu d’intérêt manifesté jusqu’à présent pour les systèmes de gestion concertée par les communautés et collectivités locales et l’incapacité des lois et règlements en vigueur à faire face sérieusement à la dégradation des espaces boisés et des sols sous la pression conjuguées de la conversion des forêts en terres arables, du surpâturage, des effets nuisibles des parasites et des maladies, des incendies et de l’urbanisation sauvage.

 

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