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4. Actions pour le changement

Dans des conditions climatiques souvent sévères la forêt est donc appelée à assurer une fonction de production (productions ligneuses et non ligneuses, production fourragère, plantes médicinales ou aromatiques , énergie etc ) – à cet égard il faudrait mettre en place des mécanismes qui rendent compte plus précisément de la contribution des forêts au Produit Intérieur Brut (PIB) et ne pas se limiter aux chiffres apparaissant dans les statistiques économiques et qui ne reflètent que le volume des productions effectivement commercialisées – mais aussi une fonction sociale (création d’emplois près de 8,5 millions de journées de travail fournies en 1999 soit 35 500 emplois crées et de revenus, récréation, tourisme etc …) et une fonction écologique et de protection tendant au maintien des équilibres naturels, à la protection de l’environnement contre les nuisances industrielles et humaines, à la conservation de la biodiversité, à la conservation des eaux et des sols et à la défense contre le processus de désertification.

Dans le même temps, la forêt algérienne subit des pressions énormes caractérisées par le surpâturage, cause importante des dommages causés au peuplements et facteur essentiel de la désertification, des défrichements pour gagner de nouvelles parcelles de culture, les besoins en énergie ligneuse qui dans notre pays avaient tendance à baisser jusqu’à la fin des années 1980 mais qui reprennent une courbe ascendante du fait du renchérissement du coût des combustibles fossiles (gaz butane) la fréquentation de plus en plus grande des massifs forestiers avec de conséquences néfastes entraînées , notamment, par la négligence sur la fréquence des incendies et leur nombre, le développement des infrastructures de transport, l’amplification des problèmes démographiques avec pour corollaire l’urbanisation rapide de vastes zones notamment côtières et évidemment les incendies dûs autant sinon plus à la négligence qu’à la malveillance.

Ces pressions qui resteront fortes à cause du développement économique attendu, des besoins pour l’intensification de l’agriculture , la croissance industrielle, l’urbanisation et de l’expansion attendue du tourisme national et international, se conjuguent pour aboutir à la déforestation avec ce qu’elle implique comme menace écologique, ruissellement et inondations, érosion des sols, avec dégradation - voire même destruction - des sols cultivables, coulées de boue, comblement des retenues d’eau, désertification … , et ce qu’elle entraîne de perte des ressources naturelles.

Des efforts ont été et continuent d’être faits et des politiques définies tendant à la préservation et à la restauration des écosystèmes forestiers mais ces efforts et politiques sont restées inopérants du fait de leur incapacité à faire face ou à tout le moins enrayer le processus de dégradation dans un premier temps et à inverser la tendance dans un deuxième temps. A ceci différentes causes dont il faut citer les principales

3 Le véritable enjeu de la forêt beaucoup plus social et politique qu’économique et technique n’a pas été bien appréhendé et les défis de la déforestation de l’érosion et de la désertification n’ont pu être relevés du fait notamment d’une législation mal adaptée au contexte sociopolitique du pays.

3 Les objectifs poursuivis notamment à travers les aménagements ne sont pas toujours en adéquation avec les besoins des populations locales .

3 Les techniques forestières sont souvent mal maîtrisées, mal adaptées, parce qu’importées, au contexte local .

3 La participation des populations concernées, aux programmes de développement ou de protection, est très peu encouragée ou sollicitée.

3 La formation des personnels forestiers ne les prépare pas à inscrire leur démarche dans une approche intégrée faisant de la gestion de la protection et du développement de la forêt une composante d’une politique à long terme d’aménagement du territoire.

3 La recherche forestière l’un des préalables du développement forestier n’a pas encore les capacités nécessaires pour intervenir valablement dans les efforts de développement et de protection des forêts

Pour faire face à cette problématique l’administration des forêts, sous l’égide du ministère de l’agriculture s’efforce de mettre en place une stratégie et long terme d’actions d’envergure à la dimension des problèmes posés.

A cet égard, et en plus d’un certain nombre d’options, de décisions et de mesures déjà arrêtées et mises en œuvre, d’autres sont projetés pour améliorer la situation ou éviter des résultats préjudiciables.

4.1. Facteurs cruciaux pour améliorer la situation ou éviter des résultats préjudiciables

4.1.1. Au plan politique institutionnel et de la planification

Le gouvernement considère l’agriculture comme secteur prioritaire et agit dans le sens de la promotion d’un développement durable du monde rural dont la forêt est un élément essentiel et structurant.

Dans le cadre d’un développement durable il est mis en œuvre de vastes programmes de préservation et de valorisation des ressources naturelles, sous-tendus par une approche intégrée faisant participer davantage les populations concernées et intégrant la gestion et la protection des forêts dans une politique à long terme d’aménagement du territoire.

Dans le cadre du renforcement de la planification comme outil d’élaboration de la politique forestière et de stratégies de la mise en œuvre, de son suivi et de son évaluation l’administration forestière s’efforcera en outre de rendre effectifs les principes sous-tendant une planification efficiente et ayant trait à i) la nécessité d’une harmonisation d’approche et de coordination entre les divers intervenants aux niveaux local, régional national voire international ii) l’intégration de son action dans la démarche nationale d’aménagement du territoire et de développement durable iii) l’harmonisation de la politique nationale avec les engagements internationaux souscrits par le pays iv) au besoin d’implication des populations forestières et d’intégration du genre féminin dans la gestion des ressources sylvo-pastorales et v) la participation aux cotés des acteurs institutionnels et en synergie avec eux, du mouvement associatif, et des partenaires (usagers, secteur privé industriels …) à la définition d’une politique de l’aménagement rural intégré.

4.1.2. Au plan technique

Les actions essentielles s’articulent autour des axes suivants :

a) en matière de gestion et de préservation du patrimoine

i) veiller à ce qu’il n’y ait pas recul du couvert forestier et sauf circonstances exceptionnelles, interdire les activités provoquant son recul ou une réduction significative de ses qualités environnementales. Ceci se fera à travers la promulgation d’un nouveau code forestier dont l’une des finalités essentielles est de protéger les forêts et de veiller à ce que leur exploitation se fasse dans le cadre d’un développement durable. Des efforts seront faits pour réduire les feux de forêts à travers l’éducation du grand public et la sensibilisation de tous les partenaires impliqués dans la conservation des ressources naturelles et la densification des équipements infrastructurels et de gestion (construction de routes forestières, de brigades forestières, tranchées pare feu …).

ii) préserver, régénérer et développer le patrimoine existant à travers des interventions sylvicoles et des plans d’aménagement avec la nécessité de situer le plan d’aménagement dans le cadre plus global de l’aménagement de l’espace rural et de responsabiliser les autorités locales et régionales pour son adoption et l’intégration des mesures de développement préconisées dans leur programme de développement afin d’en assurer la mise en œuvre. Les risques (les incendies notamment) seront systématiquement incorporés dans les plans d’aménagement.

iii) mieux prendre en charge l’interface forêt agriculture par notamment la promotion et la consolidation des modèles participatifs de gestion ce qui aboutira inévitablement à un ralentissement du déboisement.

iv) extension de la superficie forestière par la plantation de 3 millions d’ha de terre à vocation forestière ou soumises à l’érosion ou à la désertification, l’étendue du couvert forestier étant une priorité importante pour des raisons économiques et/ou environnementales. Pour ce faire, un plan national de reboisement couvrant la période 1999 – 2018 a été élaboré et mis en exécution dès l’année 1999 avec pour objectif la plantation de 1 200 000 hectares.

b) en matière de lutte contre l’érosion et d’agriculture de montagne

Protéger restaurer les terres ( 1 459 000 ha ) dans les zones de montagnes (12 000 000 d’ha) menacées par l’érosion avec comme enjeux : la sauvegarde de 88 barrages et sites de barrages contre l’envasement, et la lutte contre l’exode rural à travers l’aménagement intégré de périmètres de bassins versants avec un attention soutenue pour la promotion de l’arboriculture fruitière rustique qui permet de valoriser les terres pauvres et d’assurer une bonne protection des sols par l’utilisation de techniques anti-érosives appropriées, les améliorations foncières visant à réhabiliter le capital foncier, à augmenter les capacités de rétention en eau et à accroître les rendements, la création de points d’eau pour la satisfaction des besoins humains, l’abreuvement du cheptel et une petite irrigation d’appoint, des plantations pastorales d’arbres et arbustes fourragers et, enfin, la lutte contre le désenclavement par l’installation de pistes.

c) En matière de lutte contre la désertification

i) lutter contre les phénomènes de désertification qui affectent les zones semi-arides steppiques par des programmes de mise en valeur intégrée à travers notamment le barrage vert qui est passé de plantations de masse à une approche vers un développement rural intégré dans le but de préserver et de restaurer les ressources naturelles (eau sol végétation) et, partant, l’équilibre physique et socio-économique de ces vastes régions.

ii) protéger contre l’ensablement, les périmètres agricoles et des infrastructures socio-économiques dans les wilayas du sud du pays par la mise en place de brise-vent autour et dans les périmètres et de ceintures ou bandes vertes autour des agglomérations ou le long des routes.

d) En matière d’économie forestière

i) mobiliser dans une première étape les volumes de bois (500 000 m3) et de liège ( 15 000 tonnes) prévus par les études d’aménagement déjà réalisées et dans une deuxième phase intensifier la production par la réalisation de la possibilité globale qui est de plus d’un million de m3.

ii) diminuer les contraintes sur la balance bois du pays en veillant à l’exécution du plan national de reboisement (PNR) pour aboutir à une production ligneuse permettant de couvrir dans les proportions notables les besoins en bois du pays. L’augmentation de la consommation étant prévisible et la production de bois ronds industriels restant inférieure à la consommation le pays continuera toutefois de dépendre encore des importations pendant les prochaines années.

iii) rénover les suberaies et développer la production de liège pour accroître la production en produits de liège.

iv) œuvrer dans le sens d’une reprise de l’activité alfatière par la création, à des fins de production uniquement, d’un fonds alfatier de 450 000 hectares, en phase d’identification et de délimitation et encourager et redynamiser l’exploitation de l’alfa pour augmenter la capacité du pays à produire de la pâte à papier à partir d’alfa. Toutes ces mesures devraient aboutir à terme à un développement sensible des filières bois et pâte à papier et à un développement très positif de la filière liège.

v) enfin, conscientes de l’importance des ressources dites secondaires (non ligneuses) dans l’aménagement intégré des forêts méditerranéennes et le développement socio économique des populations, les autorités s’emploieront à en encourager l’exploitation rationnelle dans le contexte d’une approche intégrée en faveur d’un développement rural durable

 

e) En matière de conservation de la biodiversité et de protection de la nature.

i) les autorités veilleront à la prise en charge de la préservation de la biodiversité dans le cadre d’un plan national pour la diversité biologique et à l’utilisation des ressources génétiques locales (écotypes locaux et races indigènes).

ii) le relativement faible potentiel de production de bois des forêts naturelles, la nécessité de conserver la diversité biologique, de respecter le paysage et de protéger l’environnement imposent de limiter les zones d’exploitation des forêts naturelles et de recourir d’avantage aux plantations pour assurer les approvisionnements en bois.

iii) la conservation des écosystèmes forestiers s’affirme de plus en plus comme étant une priorité nationale. Elle sera mise en œuvre dans le cadre d’une stratégie nationale de protection de l’environnement.

iv) consolidation et renforcement des aires protégées pour l’élaboration et la mise en œuvre de plans de gestion sur une superficie de 165 000 hectares couvrant 8 parcs nationaux existants, et sous tutelle de la Direction Générale des Forêts (DGF) avec pour objectif la préservation de la faune et de la flore des habitats, des écosystèmes représentatifs d’intérêt national, la promotion de la participation des populations riveraines à l’éco-développement et de favoriser l’écotourisme compatible avec la protection de l’environnement et un développement durable.

v) création de 4 parcs nationaux sur une superficie totale de 620 000 hectares non représentés dans le réseau actuel.

vi) le développement de la faune avec la création de 5 réserves naturelles de faune sur une superficie de 500 000 hectares et la création de 10 centres avec élevage en free ranching.

vii) le développement des ressources cynégétiques par l’évaluation de leur potentiel, l’élaboration et la mise en œuvre d’un plan d’aménagement cynégétique débouchant sur l’établissement a nnuel des plans de chasse régionaux, et des opérations de repeuplement ou d’enrichissement sur la base de critères scientifiques et dans le strict respect des lois naturelles de fonctionnement et d’évolution des écosystèmes et enfin le renforcement des capacités scientifiques et techniques des réserves et centres cynégétiques.

viii) la préservation et le développement des zones humides par leur identification, le classement et la protection des zones prioritaires présentant un intérêt économique et/ou écologique marqué et l’initiation d’actions de réhabilitation et d’aménagement tendant tant au maintien des équilibres hydrologiques, qu’à leur utilisation dans la perspective d’un développement durable.

ix) promotion de la nature et amélioration du cadre de vie à travers la réhabilitation de l’espace naturel et par la restauration des forêts récréatives jardins publics et jardins botaniques existants, la création d’espaces verts dans les villes villages, agglomérations et infrastructures socio-économiques sur une superficie de 30 000 ha (sur la base de la norme généralement admise de 10 m2 d’espaces verts par habitant) de jardins botaniques, d’une pépinière par commune ou par agglomération de plus de 10 000 habitants et le développement de l’horticulture.

x) la conservation et l’utilisation du patrimoine génétique par la création d’un certain nombre de zones protégées convenablement gérées pour assurer la pérennité du patrimoine génétique (conservation in situ ) et de banques de gènes, conservatoires botaniques, jardins botaniques, parcs zoologiques (conservation ex situ).

4.1.3. De la recherche de la vulgarisation et de la formation

i) en matière de recherche les autorités veilleront à augmenter et à améliorer les capacités de l’institution qui en à la charge par notamment, l’augmentation du financement de la recherche - Actuellement la contribution de l’Etat au financement des activités de recherche (tous secteurs confondus) ne dépasse pas les 0,2 % du PIB et reste inférieure à la moyenne africaine qui est de l’ordre de 0,38 % ou des pays en développement, de l’ordre de 0,5 % alors que pour les pays avancés comme le Japon ou les Etats unis elle ne régresse jamais en dessous des 3 % du PIB. En outre elles feront en sorte de mieux intégrer la recherche forestière dans les processus d’aménagement du territoire et de réorienter les programmes de recherche vers la recherche développement (afin d’avoir des résultats directement utilisables) et veilleront enfin à l’amélioration constante des compétences et des capacités des chercheurs.

ii) en matière de vulgarisation, il s’agira essentiellement de renforcer les moyens et actions de communication en vue de vulgariser la politique et les programmes forestiers ; les résultats de la recherche auprès des personnels forestiers et d’intensifier la sensibilisation du public à la nécessaire protection du patrimoine forestier et de la nature.

iii) en matière de formation, il s’agira de mettre en œuvre un programme destiné à " uniformiser " la formation des forestiers, actuellement très disparate, à travers la création d’une Ecole Nationale Forestière pour les ingénieurs, à améliorer le niveau de compétence technique et professionnelle des forestiers par des mises à niveau et des recyclages permanents et de façon générale et adapter la formation aux exigences de la fonction.

4.1.4. Du financement et des investissements

i) développement des efforts pour que des financements durables et suffisants soient mis à disposition par le gouvernement ou toutes autres sources nationales ou étrangères afin de garantir la sécurité à long terme des forêts algériennes et, plus généralement, des ressources naturelles (eau, sol, végétation).

ii) encouragement, par des mesures incitatives des investissements dans le domaine forestier et notamment dans les reboisements et les activités de production (bois, liège, alfa, produits secondaires). Des investisseurs institutionnels et privés seront sollicités pour alléger l’effort financier à la charge de l’Etat. Il reste néanmoins que pendant longtemps encore il incombera à l’Etat de financer l’exécution des programmes forestiers.

4.1.5. De la coopération

les autorités œuvreront à raffermir et améliorer ou a instaurer des échanges d’informations scientifiques et techniques, d’expériences et des compétences au niveau national et international et notamment, dans le contexte sud sud entre des pays ayant des climats et des écosystèmes identiques ou proches à l’échelle du bassin méditerranéen à travers les organismes gouvernementaux et non gouvernementaux et enfin nord sud afin, par le biais d’une coopération technique et financière plus soutenue, d’accroître sensiblement les capacités opérationnelles du pays à travers le soutien technique et financier de projets pilotes, la recherche et la formation.

4.2. Type de changement requis à l’intérieur et à l’extérieur du secteur forestier

4.2.1. Renforcement de l’investissement national dans le secteur des forêts

Dans le cadre des mutations de l’économie nationale, le secteur des forêts se prépare pour pallier l’insuffisance de financement par l’Etat à convertir certaines des ses actions vers des activités productives au bénéfice des populations locales et de l’économie nationale. Dans ce contexte, l’évolution du secteur forestier dépend de son intégration dans une matrice ou de nombreux paramètres notamment, la terre, l’arbre, le climat, l’eau, la faune et la flore (biodiversité) ont pour finalité de répondre aux besoins légitimes des populations et de l’économie nationale.

Pour attirer des investissements privés vers le secteur des forêts, il faut que celui-ci leur assure un profit au moins égal au profit moyen dans l'économie. Concernant les projets de protection et ceux à finalité sociale, il est sûr que l'investissement privé ne se fera pas. Dans ce cas, seul l'Etat peut et doit intervenir au nom de l'intérêt général consistant à protéger le patrimoine naturel. Pour encourager les investissements et leur donner l’ampleur qu’ils exigent, la réforme des politiques et du cadre institutionnel devra éliminer l’incohérence des politiques et des stratégies, lutter contre la la faible application des lois et règlements, assurer une meilleure coordination aussi bien à l’échelon national que régional et local, assurer une plus grande responsablisation des institutions, organismes ou organisations dans le secteur, s'efforcer d'évaluer les bénéfices apportés par la protection écologique et physique, la conservation de la biodiversité, la valeur esthétique, paysagère et touristique , les revenus obtenus par les populations et notamment par ce que l’on appelle les droits d’usage.

4.2.2. Progrès technologiques

Depuis 1992, le système national de recherche a subi un certain nombre d’aménagements. Des mesures ont été initiées notamment sur les plans institutionnel, de programmation et de gestion des activités de recherche scientifique et technique, tout cela en se fondant sur deux constatations:

a) la recherche scientifique et le développement technologique constituent le levier principal de tout développement durable et doivent à ce titre s’inscrire dans une stratégie globale qui organise et garantit leur promotion et répond à la nécessité de satisfaire les préoccupations et les besoins de la société notamment en produits alimentaires et énergétiques

b) la politique nationale de développement durable est sujette à de profondes mutations imposées par les restrictions de plus en plus poussées des partenaires industrialisés en matière de coopération scientifique et technique notamment dans les domaines du transfert technologique, d’acquisition d’équipements performants et de financement nouveaux malgré les promesses faites lors des différentes conférences notamment la CNUED.

La première grande mesure est l'adoption de programmes nationaux de recherche qui concernent notamment l’agriculture et l’alimentation, les ressources en eau, l’environnement, la lutte contre la désertification et le développement des régions arides et semi arides, la valorisation des matières premières, les technologies avancées, les produits pharmaceutiques. La deuxième est la création du Fonds national de la recherche scientifique et technique destiné au financement des projets de recherche soumis dans le cadre des programmes nationaux définis et adoptés par les instances supérieures. Il a été également mis en place des comités d’évaluation et de sélection des projets de recherche scientifique et de développement technologique. Il faut souligner que des activités de recherche sectoriels sont prises en charge par des entités de recherche attachées aux différents secteurs économiques et par des centres scientifiques et de développement technologique.

Par ailleurs le recours aux nouvelles technologies sera encouragé afin d’augmenter les performances dans les différents domaines d’activité tels que l’amélioration des méthodes d’élevage de plants, les essences de reboisement la production etc grâce notamment à l’utilisation du matériel génétique pour l’amélioration de la quantité et de la qualité des produits forestiers, la sélection et l’amélioration génétique des arbres pour leur conférer les qualités désirées et notamment la résistance à la sécheresse et aux maladies, la création de zones de gestion des gènes, de production de semences, des vergers à graines des banques de clones des techniques de cultures tissulaires etc …

4.2.3. Renforcement de l’investissement international

Ressources et mécanismes financiers

Le financement des projets demeure l’une des questions les plus controversées. Les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de l’Agenda 21 durant la période de 1993-2000 ont été estimées à près de 600 milliards de dollars US. Huit (08) ans après Rio, le montant des sommes mobilisées reste encore très modeste. Ce pays développés n’ont pas jugé utile d’établir des données chiffrées ou quantifiées sur l’aide à accorder aux pays en voie de développement peut être par crainte de ne pas tenir leurs promesses.

Cette situation s’illustre par l’absence des ressources financières, du transfert de technologie et surtout par l’approche sélective des projets de l’environnement et ce par l’intérêt porté à certains aspects plutôt qu’à d’autres qui ne sont pas forcément de l’intérêt des pays en développement. Dans ce domaine l’arbitraire est souvent de mise. Cependant que l’accès aux ressources génétiques se fait souvent et jusqu’à aujourd’hui au détriment des pays pauvres fournisseurs.

Malgré la création d’un fonds pour l’environnement mondial (FEM) qui a pour objectif de financer les activités liées à quatre domaines : la convention cadre sur les changements climatiques, la convention sur la diversité biologique, la protection de la couche d’ozone et les eaux internationales, il n’a été répondu que très partiellement à la demande . Les pays en développement n’ont souvent pas les données nécessaires et la capacité requise pour présenter des dossier éligibles souvent complexes dans leur élaboration et qui demandent des données indisponibles dans ces pays. Les procédures d’obtention de ces fonds restent lourdes, paralysantes et aléatoires.

Par ailleurs, plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation notamment, la baisse de l’APD et le changement de la nature du flux financier ainsi que la gestion de la dette et son service qui continue à peser lourdement sur les budgets des Etats.

De nombreuses actions ont été réalisées dans le cadre des programmes nationaux . Certaines interventions sont assistées par des institutions internationales ou régionales (Banque Mondiale, PNUD, PNUE, PAM, BEL, METAP), des conventions internationales et des relations bilatérales. Souvent cette contribution reste modeste, parfois négligeable ou encore se traduit par l’obtention de prêts qui risquent de grever encore plus la santé économique du pays qui se débat déjà dans une conjoncture économique défavorable.

Une coopération technique et financière accrue entre les pays du Nord et les pays du Sud du bassin méditerranéen augmentera sensiblement les capacités nationales de ces derniers et les chances de réussite des politiques de reforestation et de protection des écosystèmes et ses effets seront vite perceptibles notamment dans les secteurs de la formation et de la recherche et en matière de collecte, de traitement et de diffusion des données nécessaires à une bonne gestion.

4.3. Les changements sont-ils réalisables? Renforcement des facteurs positifs et atténuation des facteurs négatifs.

Assurément oui, au vu des options arrêtées par les pouvoirs publics. Pour une meilleure efficacité, et depuis 1995, le service forestier s’est réorganisé pour mieux se renforcer et donner à la réalisation de ses missions un cadre adéquat nécessaire au succès de ces opérations. Il est doté d’organes consultatifs et d’institutions d’appui qui garantissent le maximum de chance de succées au financement de l’Etat en direction des forêts et de l’espace forestier. Ce cadre organisationnel constitue un atout non négligeable, puisqu’il a permis de définir les responsabilités de chacun dans l’espace forestier en particulier et l’espace rural en général. Il reste à rendre cette organisation vraiment performante et effective la décentralisation.

Par ailleurs, le pouvoir politique conscient du rôle de la forêt dans les équilibres économique, social et écologique a approuvé le plan national de reboisement en conseil de gouvernement programme qu’il s’agit de concrétiser dans les meilleures conditions possibles.

La création dans le dernier gouvernement nommé en août 2000 d’un ministère chargé de l’aménagement du territoire et de l’environnement se veut dans ce cadre un outil de réduction des antagonismes qui naissent obligatoirement entre un développement économique porteur de pressions très lourdes sur les milieux naturels, mais indispensable et une volonté de préservation de l’environnement et des ressources naturelles.

4.4. Rôle et responsabilités des divers organismes

4.4.1. Gouvernement

a ) Lutte contre la pauvreté

Depuis 1994, le gouvernement accorde une attention particulière aux couches sociales les plus défavorisées, qu’il s’agisse de jeunes sans emploi, ou de femmes sans revenus ou de familles démunies.

Les mécanismes de solidarité nationale mis en place visent à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale, par notamment la mise en place du filet social qui consiste en:

* l’allocation forfaitaire de solidarité oct royée mensuellement aux personnes âgées de plus de 60 ans et aux handicapés dans l’incapacité de travailler.

* l’indemnité pour activité d’intérêt général allouée aux membres des familles sans revenus qui participent au chantier d’intérêt général ou communautaire.

* En relation avec la banque mondiale, il a été lancé: des programmes sectoriels de travaux d’utilité publique à haute intensité de main d’œuvre (route, travaux agricoles, hydraulique et forêts). Le secteur des forêts a bénéficié d’un prêt de la BIRD pour relancer l’emploi rural

b) Action globale envers les femmes pour un développement durable et équitable.

La principale action a consisté en l’égalité des chances dans l’accès à la formation et au savoir grâce à la généralisation et à la gratuité de l’enseignement sans distinction, même dans les régions les plus reculées du pays.

Cette même égalité des chances est garantie à tous les niveaux que ce soit au niveau de l’emploi ou au niveau des responsabilités. Beaucoup de femmes occupent des postes supérieurs à tous les échelons de la vie active du pays. Il n’en demeure pas moins que les femmes devront encore lutter contre les préjugés et le poids de la tradition pour assurer leur émancipation et leur dignité.

c) Enfance et jeunesse dans le développement durable.

Sur les 30 millions d’habitants en Algérie, plus de 70% sont considérés comme jeunes dont 50% ont moins de 19 ans. Ils sont directement impliqués dans la prise de décision grâce à leurs représentants qui siègent au niveau des institutions au niveau local ou national:

Ils jouissent également d’une attention particulière de la part des pouvoirs publics et sont impliqués dans tout ce qui touche au présent et à l’avenir du pays et à leur propre destinée. Néanmoins leur nombre annihile presque tous les efforts faits en direction de leur insertion réussie dans la société et de leur plein épanouissement.

d) - Modifications des modes de consommation

L’utilisation durable et écologiquement rationnelle des ressources naturelles est concrétisée par des mesures appropriées et notamment la mise en œuvre d’instruments économiques telles que la tarification, la concurrence, la suppression des subventions automatiques à toutes les couches de la société. Le souci de promouvoir et de protéger la concurrence a donné lieu à l’élaboration de textes réglementaires en vue de compléter progressivement le cadre juridique régissant ce domaine et particulièrement pour renforcer la transparence des transactions et la loyauté des pratiques commerciales (textes organisant la publicité des prix dans les relations entre agents économiques, le bulletin de la concurrence, etc …). Deux (02) études ont été réalisées relativement à "la protection de la production nationale" et aux "obstacles à la concurrence".

En ce qui concerne "les services", l’action menée vise à faire évoluer progressivement leurs tarifs, d’atteindre les coûts économiques et permettre aux entreprises concernées de réduire leurs déficits financiers et dégager, une capacité d’autofinancement pour le renouvellement de leurs investissements.

S’agissant de l’approvisionnement des régions du Sud en produits de première nécessité, l’Etat a décidé de prendre en charge le remboursement des surcoûts du transport en vue d’uniformiser les prix dans ses régions avec ceux pratiqués au nord.

e) – Modification des modes de production

L'Etat a encouragé la promotion et le développement de l’utilisation des technologies propres et peu consommatrices d’énergies.

Par ailleurs, l’Algérie a engagé depuis 1990, des réformes économiques dont l’objectif est l’instauration d’une économie de marché. Depuis, un programme d’actions a été concrétisé et a porté notamment sur le désengagement du secteur étatique pour des actions de production et de services et le redressement financier et monétaire, des entreprises à travers des plans de redressement interne (PRI). Ces entreprises même quand elles sont publiques (à capitaux entièrement étatiques) bénéficient d’une totale liberté de gestion.

f) - Promotion de l’éducation, de la sensibilisation du public et de la formation dans le domaine de la foresterie et du développement durable.

L’éducation, la sensibilisation et la formation dans le domaine de la forêt et du développement durable sont désormais perçus en Algérie comme une priorité dans la formulation et la mise en œuvre de la politique nationale de développement économique et social.

Ce principe est consacré dans les lois fondamentales du pays. Il est appliqué progressivement en fonction des possibilités financières et institutionnelles et conformément aux priorités du pays. Les actions sont menées sur la base des principes suivants :

i) la réorientation de l’éducation vers un développement durable par l’intégration dans les programmes d’enseignement primaire, secondaire et universitaire d’éléments et d’activités se rapportant au développement durable et aux sciences de la vie notamment la biodiversité et les forêts.

ii) la mise en œuvre de programmes, orientés vers l’information et la sensibilisation dans le développement durable et de la biodiversité par l’organisation quasi permanente de journées d’information et d’études. Les journées commémoratives, de l’arbre, sont régulièrement organisées et mises à profit par une large médiatisation. Les pouvoirs publics œuvrent pour renforcer les moyens affectés à ce domaine d’activité dans la réalisation et la diffusion de matériels audio-visuels capable de satisfaire les besoins du pays en la matière.

iii) les ressources financières des activités ayant trait à l’éducation, la sensibilisation et la formation proviennent pour l’essentiel du budget de l’Etat. Soulignons que les mécanismes internationaux de financement de ces activités, prévus par l’agenda 21 ne sont pas encore pleinement opérationnels.

4.4.2. Secteur privé

L’objectif central des réformes économiques, dont le lancement effectif a débuté dès la fin de l’année 1987, est l’introduction des mécanismes de marché dans le fonctionnement de l’économie. Dans le domaine qui nous intéresse, le secteur forestier l’intervention du secteur privé est désormais possible aux cotés des entreprises publiques, pour intervenir dans la mise en œuvre des programmes forestiers. Par ailleurs des concessions d’exploitations peuvent être octroyées aux privés

4.4.3. O.N.G et société civile

De par le monde les organisations non gouvernementales (ONG) et la société civile en général ont une influence de plus en plus grandes sur les politiques forestières.

En Algérie leur nombre et leur influence ne sont pas encore tellement importants pour qu’elles aient une influence sensible de prise de décision.

De plus celles qui existent ont un caractère environnemental marqué. Il s’agira pour les autorités d’apporter aide et soutien avec ONG et à la société civile et d’encourager leur participation à la définition et au suivi de la politique forestière tout en essayant de recentrer leur intérêt purement environnemental sur des préoccupations plus larges comme celles ayant trait aux problèmes sociaux et au développement humain – en plus généralement à une utilisation durable des ressources naturelles.

4.4.4. Institutions donatrices

L’immensité des problèmes forestiers, leur complexité et le caractère international de nombre d’entre eux et donc l’interdépendance des pays en la matière, nécessitent pour leur prise en charge des efforts et des moyens bien plus importants que ceux pouvant être fournis par le pays. Dans un pays ou les besoins sont immenses et les ressources rares, le secteur forestier ne peut que pâtir d’une concurrence au niveau des moyens financiers locaux et externes avec d’autres besoins plus urgents (sécurité alimentaire, acquisition de bien d’équipement etc …)

C’est pourquoi, il est impératif dans les années à venir de s’attacher à augmenter le flux de l’aide extérieure au secteur forestier et d’intensifier la mobilisation de ressources internationales supplémentaires. L’on devra notamment prospecter et exploiter toutes les formes de coopération et notamment l’aide financière bilatérale et multilatérale à la conservation et au développement des ressources forestières , à la protection de la biodiversité, à la lutte contre l’érosion et la désertification. L’aide est destinée à renforcer les capacités du pays à travers le développement des ressources humaines par la formation et le recyclage, le renforcement des capacités de la recherche, la diffusion d’informations et le transfert technologique.

Il conviendra de solliciter davantage l’assistance financière et technique des pays donateurs pour l’initiation de projets pilotes à activités multiples.

 

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