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Inventaire et évaluation forestiers: expérience et exigences des pays

Brefs articles sur l'état et l'avenir des évaluations forestières en Pologne, au Mexique et en Afrique du Sud, et résumés des expériences acquises lors de la préparation d'inventaires forestiers nationaux dans sept autres pays1.

Roman Michalak est chercheur et chef du Département de la planification et du suivi de la gestion des forêts auprès de l'Institut des recherches forestières, Varsovie, Pologne.

Concilier les besoins d'information nationaux et les normes d'établissement de rapports internationaux en Pologne

R. Michalak

Le système d'information sur les forêts en Pologne a été largement façonné par la structure de la propriété forestière au cours des 50 dernières années. En 2001, environ 80 pour cent des forêts du pays appartenaient à l'Etat, le reste étant réparti entre près d'un million de propriétaires privés. Le système d'information était aussi profondément influencé par la priorité donnée, aux plans politique et économique, au bois et à d'autres produits forestiers commerciaux, surtout avant 1989. Pendant 40 ans, environ, après la seconde guerre mondiale, de nombreuses données d'inventaire ont été collectées pour fournir les informations nécessaires aux gestionnaires forestiers au niveau local, alors que celles au niveau national ne revêtaient qu'une importance secondaire. Les statistiques nationales étaient publiées par le Bureau principal des statistiques, mais la plupart des décisions économiques et sur l'environnement étaient prises au niveau local.

Le corps central de la base de données nationale consistait en informations provenant des forêts domaniales et fondées sur les plans de gestion forestière. Dans le cadre du processus de planification, à chaque district forestier était remis un rapport d'évaluation pour tous les peuplements, des cartes à jour et un ensemble de plans qui étaient valables pour les 10 prochaines années. Les services du district forestier complétaient en permanence ces descriptions détaillées des peuplements par des informations sur les opérations entreprises.

Les informations essentielles contenues dans la base de données nationale - tableaux de classes d'âge par espèce dominante en termes de superficie et de volume - étaient mises à jour annuellement par l'apport de:

Il n'y avait pas de mise à jour des données d'inventaires originales au niveau local. L'exactitude et l'actualité des données d'inventaire concernant les forêts privées étaient variables.

Du fait que les données étaient collectées suivant les mêmes méthodes appliquées au plan national, qu'elles étaient de qualité relativement bonne, et que les informations produites servaient strictement aux besoins intérieurs du secteur forestier (l'accès au public étant fortement restreint), le système a paru efficace et adéquat jusqu'à la fin des années 70.

La catastrophe environnementale des années 80, qui a revêtu la forme d'un déboisement permanent dans le sud de la Pologne, simultanément à l'effondrement politique et économique de 1989, a révélé la faiblesse du système d'information. Les principales carences étaient l'intervalle prolongé (10 ans) entre les collectes, la faible portée des données et, en particulier, le manque d'informations sur la santé des forêts. Une prise de conscience accrue de la part du public des problèmes environnementaux et le besoin pour les décideurs de les affronter ont accéléré la demande de renseignements pertinents. Dans les années 80, quatre inventaires nationaux sur la santé des forêts ont été promptement dressés et le suivi de la santé des forêts a été instauré dans le cadre du Programme de coopération internationale pour l'évaluation et la surveillance des effets polluants atmosphérique sur les forêts (PIC Forêts) de la Commission économique des Nations Unies pour l'Europe (CEE/ONU) en 1989.

L'activité politique internationale croissante a stimulé le démarrage du troisième stade de développement du système d'information national. Le modèle type pour les critères et indicateurs de gestion durable des forêts, créé par la Conférence ministérielle pour la protection des forêts en Europe, a été adapté aux conditions de la Pologne et appliqué comme système de référence aux jeux de données existants. Sur la base de ces travaux, il a été décidé de produire de nouveaux outils pour améliorer le système d'information sur les forêts. Les outils n'ont pas encore été mis en pratique, mais ils devraient l'être dans un avenir proche.

INFORMATIONS AU NIVEAU DU DISTRICT

Le système de bases de données intégré appliqué dans tous les districts concerne la totalité des opérations et permet la mise à jour permanente des informations sur les peuplements forestiers. Grâce aux nouvelles technologies de l'information, les grandes bases de données des districts forestiers sont gérées efficacement. En vertu de la loi, les informations forestières doivent être accessibles au public, ce que permet l'emmagasinage des données sous forme électronique.

L'ampleur des bases de données des districts forestiers s'est accrue et elles contiennent désormais des informations sur l'environnement. L'évaluation du site et de la diversité biologique a été améliorée.

HARMONISATION DES INFORMATIONS NATIONALES AVEC LES NORMES INTERNATIONALES

Les activités de collecte d'informations forestières relèvent de plusieurs ministères. Une bonne coopération favorise ces activités, mais elles sont souvent jugulées par le manque de normes officielles, notamment en ce qui concerne les rapports destinés aux évaluations internationales.

En Pologne, on estime que la préparation de données nationales fait partie des activités prioritaires des évaluations régionales et mondiales. Plus importante encore est l'incorporation de nouvelles exigences dans le système national et la diffusion des données internationales. L'Evaluation des ressources forestières mondiales 2000 (ERF 2000) a fourni un modèle de participation nationale aux travaux préparatoires. Malheureusement, les normes mondiales n'ont guère eu d'influence sur le système national car il n'existe pas de mécanisme permettant d'harmoniser les définitions utilisées dans le système de classification polonais avec celles utilisées au plan international.

La contrainte la plus grave qui pèse sur le processus d'établissement de rapports réside dans la détermination de la portée et de la qualité des données dans le système d'informations national. La fiabilité des informations sur la biomasse ligneuse aérienne, par exemple, (selon que la source consiste dans la mesure, l'estimation visuelle ou une opinion d'expert), a varié pour différents types de forêt et différents types de biomasse (voir la figure). Des problèmes similaires ont caractérisé d'autres types de données, notamment celles concernant les changements dans les ressources forestières et les données collectées conformément à de nouveaux indicateurs.

L'intérêt international croissant manifesté pour les questions environnementales a abouti à l'augmentation du nombre des évaluations. Elles sont normalement axées sur des données nationales et font appel aux capacités nationales de préparation des données. Cependant, la charge de travail accrue n'est pas allé de pair avec la croissance des capacités du pays, si bien que la qualité des rapports pourrait commencer bientôt à se détériorer. Le manque d'harmonisation entre les questionnaires internationaux provoque soit une pléthore de données, soit des écarts dus aux différentes méthodes recommandées pour le traitement des données.

Plan général des données comprises dans les inventaires des ressources en bois de la Pologne

DES STRATÉGIES DE RECHANGE

Le processus de collecte des données pour l'inventaire national devrait être soigneusement analysé. Le premier pas consiste à identifier les demandes nationales d'informations forestières. Le seul questionnaire existant à ce jour sur les besoins des districts forestiers a été rédigé en 1997. Une étude des besoins nationaux a été réalisée en 2001. L'étape suivante consiste à promouvoir la collecte, l'interprétation et la diffusion de données utiles. Des règles permanentes doivent être élaborées pour la vérification et la mise à jour des données dans le système d'information national.

La participation à des évaluations internationales devrait être intégrée dans les activités du système d'information national. Des avantages bilatéraux pourraient se dégager si les processus internationaux jouaient un rôle plus créatif dans le système, et si la production de statistiques à l'intention des usagers internationaux était considérée comme faisant partie intégrante de l'établissement de rapports nationaux. Cet objectif serait réalisable au niveau international en prenant les mesures suivantes:

La stimulation des capacités nationales ne comporte pas seulement le financement direct de la collecte des données; l'investissement pourrait être orienté vers l'organisation d'ateliers mixtes, de séances de formation, d'échanges d'informations entre spécialistes, voire de cours de langue, autant de facteurs qui améliorent la compréhension, la communication et la coopération.

CONCLUSION

L'évolution de l'économie, les besoins croissants des utilisateurs de données et les progrès techniques réalisés dans les méthodes et techniques d'inventaire incitent la Pologne à apporter de profondes modifications à son système d'information sur les forêts. Il faudra tenir compte de tous les besoins locaux, nationaux et internationaux. Les préoccupations croissantes qui se font jour sur l'état de l'environnement devraient être reflétées dans le système d'information bien que l'on continuera à recueillir les données relatives à la production.

L'intérêt croissant porté à l'échelon international aux questions environnementales qui s'est manifesté ces dernières décennies impose souvent aux systèmes nationaux un surcroît de travail, mais la participation aux programmes internationaux permet d'accéder aux méthodes, technologies et techniques les plus récentes. L'investissement dans une coopération renforcée pour la préparation des évaluations forestières devrait multiplier les avantages dans d'autres domaines et améliorer la qualité des sources de données.

Sebueng Kelatwang travaille auprès du Département des eaux et des forêts, Afrique du Sud

Besoins de données forestières en Afrique du Sud

S. Kelatwang

En Afrique du Sud, le couvert forestier comprend des terres boisées, des forêts indigènes et des plantations. Ces ressources varient largement entre les provinces. Les savanes claires couvrent un grand pourcentage du pays et varient en termes d'état, de régime de propriété et de conditions. Sur les 690 000 ha de forêts denses estimés, 69 pour cent appartiennent à l'Etat et 31 pour cent à des institutions privées. Environ 1,3 million d'hectares de plantations industrielles sont gérées à des fins de production durable. Chaque année on plante de 10 000 à 12 000 ha.

Autrefois, les informations sur les forêts étaient collectées en fonction des besoins des politiques forestières et des financements de donateurs. Aujourd'hui, la Loi forestière nationale (1998) impose au Ministre des eaux et forêts de surveiller les forêts conformément à des critères et indicateurs nationaux et de soumettre des rapports au Parlement au moins tous les trois ans sur les faits et tendances qui émergent de la surveillance. Conformément aux dispositions de la Loi nationale sur la gestion de l'environnement national, le rapport est ensuite soumis au Département de l'environnement et du tourisme, qui présente un rapport sur la «situation de l'environnement» à la Commission du développement durable des Nations Unies.

La demande d'informations forestières a évolué de façon spectaculaire au cours des huit dernières années, depuis le changement de perspective des politiques forestières qui ont délaissé la production de bois pour se tourner vers des questions d'ordre sociale, économique et environnemental. Alors que les politiques forestières du passé tenaient compte seulement des statistiques annuelles du bois rond afin de promouvoir le développement durable de la production forestière commerciale, les politiques actuelles visent à encourager la gestion durable de tous les types de forêts.

Ce changement de perspective a déterminé le besoin d'intégrer la formulation et la mise en œuvre des politiques au processus de collecte des données. De ce fait, un Service d'informations sur les ressources forestières sera bientôt constitué en vue d'identifier les sources de données et leurs lacunes et de réunir des informations de différentes origines. Le système a pour objectif de présenter des informations dans un format adapté à la formulation des politiques, à la planification et à l'établissement des rapports. Les catégories de données requises sont définies sur la base de critères et indicateurs de gestion durable des forêts. Ces données proviendront de nombreuses sources et parties, mais il faudra mettre au point une stratégie et un plan pour accéder à ces données et les mettre à jour. Le Département des eaux et des forêts collecte des informations sur l'étendue et la répartition de tous les types de forêts en Afrique du Sud. Les informations sur les produits forestiers non ligneux présents sur les terres domaniales sont recueillies moyennant des licences et des exemptions au niveau local et regroupées au niveau national. Le Département des statistiques collecte des informations sur l'utilisation des ressources forestières (bois de feu, produits forestiers non ligneux) sur les terres communales. Les statistiques du bois rond sont collectées par le biais de questionnaires. Les gestionnaires des forêts au niveau de l'unité de gestion des forêts recueillent encore régulièrement des informations pertinentes afin de surveiller la durabilité de l'utilisation et de la conservation.

Les différents groupes intéressés commencent à collaborer au partage des informations et des coûts de la collecte de données.

La Loi nationale sur les forêts d'Afrique du Sud a défini trois types de forêts: forêts naturelles, terres boisées et plantations; les définitions pour les deux premières sont en cours de révision pour les harmoniser avec les définitions internationales. -

Départements des eaux et des forêts

DÉFINITIONS

Différents types de forêts (y compris la forêt naturelle, les terres boisées et les plantations) sont définies dans la Loi nationale sur les forêts no 84 de 1998. En raison de certaines différences entre ces définitions et celles utilisées par la FAO, le Département des eaux et forêts a demandé au Conseil pour la recherche industrielle scientifique de mettre au point un nouveau système de classification pour les forêts indigènes et les terres boisées, où les définitions s'harmoniseraient avec les définitions internationales.

Dans les nouvelles définitions, les terres boisées comprennent les types de végétation allant des herbages boisés (avec un couvert de 5 à 10 pour cent) aux fourrés denses (zones ayant plus de 75 pour cent de couvert, mais qui ne satisfont pas aux autres critères nécessaires pour être définies comme forêts indigènes). Cette grande catégorie de terres boisées comprend des types de végétation qui ne sont pas considérés traditionnellement comme de vraies terres boisées, mais une sous-catégorie de «vraies terres boisées» a été établie en son sein (couvert inférieur à 35 pour cent, dont les arbres assurent 50 pour cent de la production primaire nette).

La forêt indigène est définie comme «une unité de végétation généralement multistrates dominée par les arbres (principalement sempervirents ou semi-décidus) dont les strates combinées ont des cimes qui se recouvrent (c'est-à-dire que le couvert des cimes est supérieur ou égal à 75 pour cent), et où les graminées dans la strate herbacée (le cas échéant) sont généralement rares». Cette définition est le résultat d'un examen des définitions de la forêt utilisées en Afrique du Sud, en Afrique australe et ailleurs.

LIAISONS ET LACUNES

Dans la plupart des cas, l'inventaire forestier a été considéré comme un problème technique visant simplement à décrire l'étendue et la répartition des forêts en Afrique du Sud. La surveillance des forêts (données recueillies et utilisation de critères et indicateurs) est déterminée davantage par les règlements que par les politiques ou l'examen. La Loi nationale sur les forêts fournit un cadre pour l'établissement des rapports au niveau national, mais au niveau local il n'est guère utilisé pour la collecte et l'organisation des données.

Le temps qui s'écoule entre la collecte et la mise à jour des différentes catégories d'informations aux divers niveaux du gouvernement dépend des priorités politiques et de la disponibilité de ressources. Les liens entre les rapports nationaux et internationaux sont entravés par une variété de besoins d'informations, le manque d'harmonisation des définitions forestières et les différents cadres temporels utilisés pour la collecte et la mise à jour de l'information.

CONCLUSIONS

Les changements survenus dans les politiques forestières posent d'importants enjeux à la recherche des moyens les plus rentables de collecte des données. Les liens entre l'élaboration des politiques et les exigences de l'établissement des rapports devraient constituer un élément important de la collecte et des règlements. Il faudrait que les producteurs de données soient appuyés par un réseau de collaboration et des incitations pour assurer le succès de l'entreprise. Les utilisateurs des informations ignorent bien souvent les contraintes auxquelles se heurtent les institutions qui les fournissent. Pour garantir un flux systématique de données allant du niveau local au niveau international, il faudrait communiquer les différents types d'informations aux milieux gouvernementaux compétents avant le moment de l'établissement des rapports. Enfin, un système capable de tirer des informations importantes de différentes sources et de les coordonner est indispensable.

Alejandro Velázquez, Jean-François Mas et José Luis Palacio-Prieto travaillent auprès de l'Institut de géographie de l'Universidad Nacional Autónoma de México, Morelia, Mexique.

Gerardo Bocco travaille auprès de l'Institut d'écologie de la même université.

Cartes de la couverture des sols pour l'établissement du profil actuel du déboisement au Mexique

A. Velázquez, J.-F. Mas, J.L. Palacio-Prieto et G. Bocco

Le Mexique présente de très grandes différences par rapport aux autres pays, tant du point de vue naturel que culturel. Le pays occupe environ 2 millions de kilomètres carrés. Les principales zones climatiques comprennent des zones tropicales sèches et humides, tempérées, arides et semi-arides. Les forêts et les autres couvertures végétales sont donc complexes et variées. La forêt tropicale et tempérée a perdu au moins 50 pour cent de son couvert depuis l'époque des premiers établissements européens (Toledo, 1988; Masera, Ordóñez et Dirzo, 1992).

Les estimations du taux annuel de déboisement au Mexique ont varié, passant de 370 000 ha (SARH, 1994) à 1,5 million d'hectares (Toledo, 1988); l'écart ne peut s'expliquer par la seule différence de dates. Ces chiffres contradictoires exigent des inventaires forestiers réguliers, précis et détaillés. Le Mexique s'efforce à l'heure actuelle, avec la participation du gouvernement et des institutions universitaires, de produire des informations actualisées et précises servant à de multiples usages sur la couverture des sols, qui permettront de calculer les taux actuels de déboisement et d'identifier les zones où le taux de conversion est élevé.

Les inventaires forestiers du Mexique ont visé traditionnellement la quantification des ressources disponibles en bois d'œuvre pour des motifs de production. Plus récemment, le Ministère de l'environnement a adopté une stratégie pour répondre aux demandes croissantes de données sur d'autres biens liés à la forêt et sur les services procurés par l'environnement comme l'eau, les sols et la biodiversité. L'inventaire vise à fournir des informations actuelles sur l'étendue, l'état, les changements et la gestion durable des forêts du Mexique sur lesquelles fonder ses politiques de gestion des ressources naturelles. Pour ce faire, il faut une couverture cohérente et complète de la superficie, des définitions uniformes et une collecte de données d'une qualité constante.

DRESSER LA CARTE DE LA COUVERTURE DES SOLS

Un schéma de classification de la végétation et de l'utilisation des terres de la durée d'un mois et demi a été mis en place grâce à cinq ateliers réunissant des spécialistes nationaux de la cartographie végétale, y compris le personnel de l'Institut national de statistique, de géographie et d'informatique (INEGI). L'objectif était d'établir un système de classification de l'utilisation des terres et de la végétation comparable à d'autres cartes dressées à l'échelle nationale et qui permettrait une estimation des changements survenus dans le couvert.

Le premier pas consistait à choisir et acquérir des images Landsat ETM+ (à haute résolution), entre novembre 1999 et avril 2000 (figure 1). Les images ont été corrigées géométriquement en utilisant des points de contrôle tirés d'images topographiques à l'échelle du 1/50 000 et en les rassemblant en 121 cartes d'images ou mosaïques d'images, suivant 121 cartes produites par l'INEGI pour couvrir l'ensemble du pays à l'échelle du 1/250 000. Une série d'images en couleurs a été créé pour identifier la meilleure méthode d'interprétation visuelle. Les images ont été imprimées au 1/125 000, ce qui permettait une interprétation plus fiable et la réduction des erreurs dans le produit final.

Une procédure d'interprétation indépendante (FAO, 1996) a été suivie en superposant sur la carte obtenue une carte numérisée décrivant les types de couverture des sols reconnus lors d'enquêtes menées précédemment par l'INEGI, réorganisés suivant le système de classification de la végétation adopté dans la présente étude. La superficie minimale a été établie à 1 km2 au sol. Des botanistes spécialisés en types de végétation et régions spécifiques ainsi que des experts locaux de l'INEGI ont confirmé les interprétations grâce à leurs connaissances scientifiques et locales.

1 Etapes suivies pour dresser la carte actuelle du couvert au Mexique

1 D'après ces définitions, la conversion à des plantations exotiques est classée comme déboisement, mais cette classification n'intéresse que marginalement le Mexique où les plantations exotiques couvrent moins de 0,02 pour cent du territoire.

CHANGEMENTS DANS L'UTILISATION DES TERRES ET LE COUVERT

Après une inspection minutieuse des bases de données se prêtant à l'enquête, le choix est tombé sur deux d'entre elles qui paraissaient adaptées à l'analyse du changement dans l'utilisation des terres et le couvert: la Série I d'INEGI de 1976 et une base de données élaborée par l'Institut de géographie de l'Universidad Nacional Autónoma de México en 2000.

Pour créer une étiquette fiable et élaborer des mesures de confiance pour la base de données précédente, 100 points ont été choisis au hasard par catégorie et comparés avec les mesures prises sur place. Les erreurs ont été corrigées jusqu'à ce que la base de données de 1976 ait atteint un niveau de confiance de 95 pour cent pour toutes les classes incluses. L'analyse du changement dans l'utilisation des terres et le couvert a été réalisée en superposant les bases de données de 1976 et de 2000 par un système d'information géographique (Arc/Info 8.1).

CALCUL DES TAUX DE DÉBOISEMENT

L'analyse des résultats de la superposition a fourni deux types de produits: d'abord, une matrice de transition décrivant les changements advenus entre 1976 et 2000 dans toutes les formations végétales; ensuite, un modèle montrant clairement dans l'espace les endroits où ces changements se sont produits à l'échelle du 1/250 000 pour l'ensemble du pays; enfin, les statistiques obtenues de l'analyse ont servi à déterminer les taux de conversion pour toutes les classes. Pour calculer ces taux, l'étude a utilisé le même algorithme employé dans l'Evaluation des ressources forestières mondiales 1990 (ERF 1990) (FAO, 1996) afin de faciliter la comparaison avec d'autres taux dans le monde entier.

Toutes les données tirées du processus de superposition ont été groupées en trois grands groupes de couverture des sols. Le premier groupe (désigné comme couvert primaire) comprenait toutes les catégories dominées par des types de couvert primaire comme les forêts tempérées, les forêts tropicales, la végétation de maquis xérophytique et les types de végétation hygrophile où prédominent les arbres. Le deuxième groupe (désigné comme couvert secondaire) comprenait les forêts tempérées, les forêts tropicales, la végétation de maquis xérophytique dominée par des types de végétation secondaire. Le troisième groupe (dit couvert établi par l'homme) comprenait des catégories comme les cultures, les plantations d'essences exotiques, les herbages améliorés pour la production animale et les établissements humains.

Par l'analyse des résultats de la superposition, on a obtenu trois grands processus de conversion de l'environnement:

RÉSULTATS ET CONCLUSIONS

La légende de la carte actuelle de la couverture des sols est hiérarchique. Elle rapproche une méthode fondée sur la forêt d'une autre méthode de caractère plus écologique et comprend la nomenclature de quatre niveaux d'agrégation: huit formations végétales (figure 2), 17 types de végétation, 47 communautés et 28 sous-communautés, soit 75 catégories au total.

L'étude a calculé que le taux actuel de déboisement au Mexique (pour les forêts tempérées et tropicales et le maquis seulement) s'élevait à 0,43 pour cent. Il s'agit d'une perte de 545 000 ha (±50 000 ha) par an entre 1976 et 2000. Ce chiffre diffère largement des estimations mexicaines précédentes qui tendaient soit à surestimer le déboisement soit à le sous-estimer. Le léger écart entre les nouveaux chiffres et ceux cités dans l'ERF 2000 (FAO, 2001), soit 631 000 ha par an, pourrait être le résultat de petites différences dans les définitions des processus de déboisement. La méthode fournit des taux de déboisement et indique où il a lieu (figure 3).

2 Types de couvert inclus dans l'Inventaire forestier national du Mexique 2000

3 Changements annuels dans l'utilisation des terres et le couvert au Mexique entre 1976 et 2000, y compris les types de végétation ligneuse et non ligneuse

Bibliographie