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7. INCIDENCE DES BRUCHIDES SUR LA RECOLTE DE SEMENCES

L'une des préoccupations du forestier est de s'assurer un approvisionnement adéquat de semences saines et viables. En fonction des données biologiques présentées dans cette publication, on peut voir que certaines familles d'insectes, notamment les bruchidés, accomplissent tout leur développement larvaire dans les semences. Comme on l'a mentionné précédemment, la maturité des graines et celle de la plupart des larves de bruchidés sont atteintes au même moment, et aucun autre dégât n'interviendra par la suite. Jusqu'à la sortie des coléoptères adultes, il n'y a que peu ou pas d'indice qui permette de constater que la graine contient un insecte vivant. Il serait vain de tenter de lutter contre l'infestation à ce stade, du fait que très peu d'especes d'insectes ont la faculté de produire une nouvelle génération sur les semences múres au cours de la même saison de fructification. Les semences ainsi atteintes germeront très mal, ou même pas du tout. Si l'on récolte des semences sur des arbres “sauvages”, il faudra les soumettre à un tri rigoureux. Les arbres plantés spécialement en vue de produire des semences et sur lesquels le forestier peut exercer un certain contrôle pourront être traités préventivement contre les attaques d'insectes au début de la période de formation des gousses.

Mesures préventives

Sur les arbres sélectionnés en vue de la production de semences, on peut protéger les branches au moyen de manchons ou de sacs de pollinisation en tissu de fibre de verre afin d'écarter les insectes parasites. Cela n'est pas très commode à réaliser sur les Acacias à longues épines, mais la méthode a été utilisée avec succès en Gambie par Conway (1975), alors qu'il étudiait l'époque de sortie de bruchidés adultes sur les arbres hôtes. Des manchons faits avec cette matière sont extrêmement durables, résistant au déchirement aussi bien qu'à des conditions climatiques rigoureuses. Le moment où l'on doit couvrir les branches sélectionnées dépendra de la biologie de l'insecte. Lamprey et al. (1974) donnent certaines indications sur le choix de l'emplacement et le moment de la ponte pour des espèces de bruchidés attaquant Acacia tortilis. Dans le Parc national du lac Manyara (Tanzanie), la ponte avait lieu entre 30 et 100 jours après le début de la formation des gousses d'Acacia tortilis ssp. spirocarpa.

Si le manchonnage des branches s'avère impraticable, il faudra envisager la possibilité de traiter des zones limitées de l'arbre par pulvérisation d'insecticide. On n'a encore effectué aucune recherche sur la possibilité de prévenir ainsi les attaques d'insectes sur les gousses. On a utilisé avec succès le Tetrachlorvinphos, le Pirimphos-méthyl et l'Endosulfan contre les bruchidés sur des légumineuses à graines; de même que des mélanges DDT/BHC, mais ces derniers doivent être évités dans la mesure du possible car ils posent des problèmes de rémanence à long terme, et d'apparition d'une résistance à l'insecticide après un usage prolongé.

Examen des semences récoltées

Des semences infestées par des bruchidés, mais ne présentant pas de trous de sortie des adultes, peuvent paraître normales et viables pour un oeil non exercé. Les bruchidés sont au cours de leur période de développement, comme on l'a déjà montré, cachés à l'intérieur des graines, les trous d'entrée des toutes jeunes larves étant presque invisibles. Leur développement se poursuit sans entrave même si les graines sont séparés des gousses et placées en magasin. Si l'on peut les envoyer à un laboratoire pourvu d'un équipement approprié, on pourra recourir à la méthode d'examen radiographique par lots décrite par Milner et al. (1952). On peut ainsi voir clairement les détails des dégâts, et dans la plupart des cas déterminer le stade d'évolution de l'insecte (Osuji 1982).

On peut examiner de petites quantités de semences à l'aide d'un microscope binoculaire pour détecter les trous d'entrée des larves, mais ils sont difficiles à repérer. A défaut de ces méthodes non destructives, on peut adopter celle utilisée par Karschon (1975), qui consiste à ramollir des échantillons de semences en les trempant dans de l'eau amenée auparavant au point d'ébullition ou dans de l'acide sulfurique, et à les fendre ensuite pour les examiner. Les résultats sont exprimés en pourcentage de semences endommagées dans l'échantillon. L'entreposage des graines à la température recommandée pour les banques de semences inhibera également le développement de toute infestation cachée, mais la prévention est le seul moyen d'assurer un pourcentage élevé de semences viables.

Un matériel de reproduction récolté dans une région et distribué ensuite dans une autre région doit être couvert par un certificat phytosanitaire. Afin de se prémunir contre une infestation invisible, les semences doivent être soumises à une fumigation au bromure de méthyle ou autres produits similaires. La dose requise pour tuer à coup sûr tous les insectes pourra malheureusement avoir un effet défavorable sur la faculté germinative des semences. Le seul moyen d'éviter ce danger et de s'assurer que l'on n'expédie que des semences non endommagées est de recourir à l'examen radiographique d'échantillons.


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