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Introduction

TECHNOLOGIES TRADITIONNELLES

Généralités

En Afrique, la transformation des produits vivriers est l'affaire des femmes et vient s'ajouter aux travaux agricoles qui leur reviennent dans la division du travail qui caractérise la société rurale. Ils sont le prolongement naturel d'attributions et de responsabilités d'un héritage socioculturel auquel elles sont fièrement attachées et qui ne tient généralement pas compte d'un surmenage d'autant plus marqué qu'est grande la précarité de leurs revenus.

Leurs activités vont de la récolte à la préparation des repas et incluent les tâches nécessaires à la conservation de produits récoltés qui implique des transformations intermédiaires, dont celle de l'huile de palme et du manioc parmi d'autres matières périssables de même classification alimentaire.

Les méthodes utilisées sont héritées de siècles de traditions et se sont appliquées à respecter le comportement des produits au cours des phases de transformation. Cela a conduit à des technologies irréprochables, parfaitement stabilisées et maîtrisées, qui ont servi de thème technologique aux démarches ayant débouché sur la conception des procédés industriels. Les premières huileries de palme industrielles de Malaisie, qui n'appartient pas au continent d'origine du palmier à huile, n'ont fait qu'accompagner et compléter le procédé traditionnel par des moyens mécaniques et thermiques. Les fruits étaient en effet épulpés, malaxés comme le font les femmes, mais sous addition d'eau chauffée sous injection de vapeur et soumis à la centrifugation qui séparait les solides des liquides.

Les rendements obtenus dans les villages ne le cèdent en rien à ceux que peut revendiquer l'industrie et, de plus, les sous-produits sont valorisés par les soins apportés à leur recyclage alimentaire. Les ustensiles utilisés sont, à l'exception de certains récipients, de manufacture locale et les décaissements sont limités à l'indispensable: combustible, rétribution d'un service qui n'est pas a la portée des femmes, principalement le transport de l'eau.

Aspects socio-économiques

L'utilisation de matières premières est d'importance variable selon la destination des produits élaborés: consommation familiale ou mise sur le marché. Celle-ci concerne les modestes excédents d'une production individuelle, encore qu'elle soit surtout et de plus en plus alimentée par la production communautaire.

La mise sur le marché des produits transformés est la chance offerte aux femmes d'encaisser des plus-values qui leur permettront de participer au progrès de leur société. Aussi gagner de l'argent est une des priorités qui ignore quelquefois la notion de rémunération des heures de travail. Le montant d'une recette collectée dans les meilleurs délais fera accepter les coûts d'une mécanisation bien adaptée répondant à cet objectif, de même que les contraintes associatives qui en découlent.

Aussi, s'il est indispensable de calculer les coûts prévisionnels de l'introduction d'une amélioration, faut-il bien se garder de raisonner en économiste aveuglément attaché à ses matrices, car une préfixation des frais de personnel risquerait de condamner les projets. Un effort de compréhension des contraintes qui caractérisent cette phase d'adaptation en l'absence d'un budget de recherche devrait permettre d'aboutir à des résultats satisfaisants, même si les bases économiques ne paraissent pas suffisantes au départ.

Pour valoriser les productions et quelquefois pour encaisser davantage, les contraintes supplémentaires de la commercialisation sont acceptées avec, pour compensation, l'évasion vers la convivialité des marchés africains.

Les valeurs sont exprimées en francs CFA (FCFA). (En 1989, 500 francs CFA correspondaient à 10 francs français (FF), soit 1,613 dollar des Etats-Unis ($US) au taux de change $US 1 = FF 6,20.)

AMÉLIORATIONS PROPOSÉES: CONCEPT ET MÉTHODOLOGIE

L'amélioration technologique consiste en des choix d'équipements et porte sur des adaptations et perfectionnements de méthodes dont les suppléments de coûts auront pour contrepartie des performances augmentées et des soulagements physiques et mentaux qui soient en accord avec les habitudes établies.

Il faut garder à l'esprit que les améliorations s'adressent à des opératrices qui maîtrisent parfaitement leur art, dans le respect complice du comportement des produits. Car c'est bien la conformité de ce comportement à leurs propres références qui les rassure et les guide. Aussi faut-il se garder de les dérouter par l'introduction d'innovations technologiques déviatrices qui nécessiteraient un apprentissage rebutant, qu'il faudrait par ailleurs conforter par de la formation et vulgariser.

Les raisons de cette recommandation sont données pour chacune des transformations décrites dans les chapitres les concernant. La démarche adoptée dans la recherche des améliorations peut être définie comme une interrogation à l'écoute du savoir-faire des femmes dans le champ de leurs perceptions intuitives et acquises concernant le comportement des produits. Cela a conduit à l'analyse des critères physico-chimiques et biologiques des changements d'etat supportés par les produits au cours des opérations mises en œuvre. Car c'est la parfaite identification de ces critères qui dictera les choix d'appareils, ceux-ci devant permettre de faire mieux et plus vite avec moins de peine.

Au niveau d'activités familiales non regroupées, les concepts précédents demeurent, mais le terme à retenir est plutôt celui de «perfectionnement» applicable aux méthodes et aux tours de main, qu'il suffit de noter pour ne plus avoir qu'à étudier l'approche pédagogique de leur transfert d'une région ou d'une ethnie à une autre. La production de l'arachide en fournit la remarquable illustration, où le parfait respect des principes technologiques s'est traduit par d'étonnantes différences de pratiques allant de la routine ouvrageuse aux trouvailles astucieuses.

Les perfectionnements doivent s'appliquer également aux outils, ustensiles et équipements de manufacture locale, qu'il soit bénéfique d'en modifier les dimensions, ou, prenons le cas du râpage du manioc, qu'il faille respecter la vitesse linéaire de la râpe motorisée et monter les scies en oblique par rapport a la génératrice du rotor.

CONTENU DU DOCUMENT

La description des procédés traditionnels est illustrée par des photos qui permettront de visualiser les opérations ainsi que le comportement des produits.

Chaque technologie a été étudiée en diverses régions pour observer les différences et nuances de savoir-faire et en déduire les raisons d'être afin de mieux comprendre les comportements et attitudes qu'il serait souhaitable de faire évoluer et de pénétrer les motivations qui conditionnent l'esprit d'entreprise des femmes.

Les évaluations économiques ont été relevées au Bénin en novembre 1985, revues en novembre 1987, puis complétées en 1989. Les faibles différences constatées ne mettent pas en cause les raisonnements présentés.

Les modifications des équipements décidées au cours de leur mise en main de 1987 ont été complétées lors de la révision de la conception mécanique, en collaboration avec le bureau d'études d'un constructeur de matériel agricole français.

Les plans figurant à la fin des chapitres descriptifs de chacun des procédés décrits présentent les versions améliorées des équipements dont la construction sera facilitée par une standardisation des fournitures. Cela concerne entre autres:

RÉALISATION DU DOCUMENT

Ce document a été réalisé par la Division des ressources humaines, des institutions et de la réforme agraire (ESH) et la Division des services agricoles (AGS) de l'Organisation des Nations Unies pour I'alimentation et l'agriculture (FAO), grâce:

Le texte et les photos sont de Jean V. Paulet.


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