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Associations de producteurs et d’eleveurs: un soutien au développement durable et à la gestion de l’aquaculture - Courtney Hough et Pedro Bueno

Courtney Hough
Fédération européenne des producteurs en aquaculture (FEPA)
30 rue Vivaldi, 4100 Boncelles
Belgique

Pedro Bueno
Network of Aquaculture Centres in Asia-Pacific (NACA)
Suraswadi Building, Department of Fisheries
Kasetsart Campus, Ladiao, Jatujak
Bangkok 10900
Thaïlande

Introduction

Le rôle des associations au sein du monde professionnel peu varier mais constitue en général un moyen d’unifier les actions et positions de la profession pour le bien commun. Ce document essaie de démontrer comment différents types d’associations peuvent jouer un rôle important dans le soutien au développement durable et à la gestion de l’aquaculture.

Le développement de l’aquaculture dans de nombreux pays joue un rôle important et complémentaire aux pêches traditionnelles dans l’augmentation de produits de consommation disponibles sur les marchés locaux et internationaux. Tout en contribuant à la réduction de la pauvreté et à la couverture des besoins alimentaires des populations dans les pays en voie de développement, le secteur se doit d’y contribuer de manière durable ainsi que défini dans le Code de Conduite pour les Pêches Responsables de la FAO. Le secteur de l’aquaculture produit environ un tiers de la production mondiale de poissons destinés à la consommation humaine, une valeur qui doit être également regardée à l’échelle des régions. Par exemple, l’aquaculture contribue pour 30% des pêches pour l’Union Européenne[8].

La principale région pour l’aquaculture est l’Asie est la majorité des produits d’aquaculture (>80%) sont issus de pays à faible revenu et en déficit alimentaire (low-income food-deficit countries, LIDFCs). Alors que l’aquaculture est supposée contribuer de façon significative à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté dans les pays de type LIDFC, l’aquaculture est également perçue dans les régions développées comme pouvant contribuer à compenser la diminution des captures de pêche, et fournir des produits de haute qualité nutritionnelle. La création d’emplois permanents dans des zones rurales et côtières et la lutte contre l’exode rural sont autant de bénéfices complémentaires de l’aquaculture.

Les techniques de production de type semi-intensif sont largement répandues dans les pays LIDFC alors que les productions de poissons dans les pays développés se sont concentrées sur des espèces à haute valeur marchande produites dans des conditions intensives. Les techniques intégrant agriculture et aquaculture peuvent être appropriées pour les LIDFC, ce type d’association n’est que rarement praticable dans le contexte économique des pays développés. De fait, alors que l’augmentation de la production est encore un objectif des LIDFC, la stabilité des marchés, la sécurité alimentaire et la santé des consommateurs, le respect de l’environnement sont les points importants pour les aquaculteurs des pays développés.

Cependant, les producteurs hors des pays développés sont attirés par les marchés de l’export, comme le démontre la croissance de la production et du commerce de crevettes tropicales par exemple, de tilapia, de saumon, d’anguilles et d’un nombre grandissant de nouvelles espèces. De même l’importance du commerce entre pays développés ne doit être ignorée. A la suite de l’adoption du Code de Conduite pour les Pêches Responsables, divers défis et questions spécifiques sont reconnues pour être liées à la pérennité de l’aquaculture. Ceux ci incluent différents champs où les organisations professionnelles ont un rôle important à jouer, notamment:

Une enquête, menée par le Réseau des Centres d’Aquaculture en Asie (Network of Aquaculture Centres in Asia-Pacific, NACA) depuis 1997-98 qui couvrait près de 400 associations d’éleveurs, de groupes et structures impliquées en aquaculture dans 16 pays de la région, a identifié les principales activités de ces associations comme étant:

Des associations nationales et locales ont participé à cette enquête. Il n’existe pas en Asie de structure régionale telle qu’une fédération des aquaculteurs.

Du point de vue des gouvernements des pays en voie de développement, particulièrement en Asie, les associations d’éleveurs en aquaculture sont vues comme des moyens de faciliter les actions de vulgarisation, l’information sur le crédit et les marchés. Dans certains cas, elles sont utilisées comme appui à l’élaboration de politiques. Pour les gouvernements, les associations d’éleveurs sont des partenaires dans la réalisation et l’application des politiques et programmes, et un mode d’optimisation des coûts de ces efforts.

Associations d’éleveurs et Secteur Privé

Encadré 1: Extrait du Plan d’Action pour une Aquaculture Responsable (ASAP), “Politiques”

Associations d’éleveurs et Secteur Privé

Les associations et groupements d’éleveurs sont d’avantage reconnus et renforcé dans de nombreux pays. L’Atelier de Travail a mis l’accent sur le fait que l’adhésion et la participation continue, la capacité de telles associations constituent une part intégrale de la promotion du développement durable. Le rôle des éleveurs et des industries du secteur privé a été mis en lumière en relation avec diverses activités du Plan d’Action.

  • Des associations d’éleveurs devraient être établies ou renforcées lorsque c’est nécessaire, et encouragées à être le relais des problèmes et préoccupations des éleveurs et agir comme un mécanisme de diffusion d’information.

  • Le NACA devrait assister à la formation d’associations régionales et nationales d’éleveurs ou de centres agissant comme des nœuds dans son réseau.

  • Des associations régionales et nationales devraient prendre une part active à assister l’orientation et le financement des activités de recherche et de développement.

  • Le NACA et d’autres agences devraient aider au transfert des technologies appropriées au travers des groupements d’éleveurs.

  • Les associations d’éleveurs devraient consulter et promouvoir l’engagement de communautés locales dans le développement de projets d’élevage.

Les associations et groupements d’éleveurs sont d’avantage reconnus et renforcé dans de nombreux pays. L’Atelier de Travail a mis l’accent sur le fait que l’adhésion et la participation continue, la capacité de telles associations constituent une part intégrale de la promotion du développement durable. Le rôle des éleveurs et des industries du secteur privé a été mis en lumière en relation avec diverses activités du Plan d’Action.

Le besoin d’une organisation régionale en Asie a été exprimé une première fois lors de l’atelier de travail organisé par l’ADB et le NACA en 1995 à Pékin qui, entre autre, a conduit à la formulation du Plan d’Action pour une Aquaculture Durable (Aquaculture Sustainability Action Plan, ASAP) pour la région Asie Pacifique. Les représentants des associations de producteurs et éleveurs de différents pays ont approché la Banque d’Asie pour le Développement (Asian Development Bank, ADB) et le NACA pour leur assistance à constituer un «réseau régional de producteurs en aquaculture», dont l’idée principale est de travailler en partenariat avec le NACA. La réponse du NACA a été de mener une enquête régionale. Le Plan d’Action pour une Aquaculture Durable (ASAP, ADB/NACA Mars 1996) incluait une section sur les Associations de Producteurs et le Secteur Privé dans la partie «politiques» du plan (voir cartouche 1 ci contre). Plus récemment, lors du séminaire régional (AFBiS 2002) des producteurs en aquaculture, organisé par le NACA et le gouvernement de Malaisie, conjointement à la 13ème réunion du Conseil de Gouvernance du NACA, une session commune des délégués du Conseil et des participants de l’AFBiS 2002 ont développé un ensemble de recommandations incluant la formation d’une association régionale de producteurs en aquaculture (ARAPA). Les conclusions et les recommandations de ce séminaire (tenu du 15 au 18 janvier 2002 en Malaisie) sont données dans l’encadré 2.

Encadré 2: Conclusions et Recommendations de la Réunion Conjointe des Délégués du Séminaire Régional AquaBusiness en Asie (AFBiS 2002) et du 13ème Conseil de Gouvernance du NACA

La discussion, le dernier jour du séminaire Aquabusiness 2002, par les participants sur les thèmes du séminaire, concentrée sur les actions potentielles par les Gouvernments, les Organisations Internationales et les Producteurs a conduit aux conclusions et recommendations suivantes:

· Le secteur de la production en aquaculture est divers en nature et en structure à la fois dans la région et les pays de la région. Cette diversité signifie que, à la fois, les conditions et les besoins du secteur sont très variables. Le secteur de la production nécessite de façon urgente:

- Des structures de formation et d’enseignement
- Un accès à des sources d’information fiable
- Des informations de base et détaillées pour assister la production et la vente
- Des recommandations techniques sur l’utilisation des produits

· Des standards communs sont nécessaires pour:

- L’utilisation des médicaments et produits de traitement
- Une approche générale des standards de production
- Les meilleures pratiques de fonctionnement

· De plus, il est nécessaire d’identifier des points d’intérêt commun supplémentaires qui peuvent assister le développement du secteur

· L’état des associations de producteurs n’a pas d’unité et représente la diversité de des besoins des différents pays et un renforcement est nécessaire à la fois au niveau national et local

· Des actions sont nécessaires pour de telles associations qui devraient inclure:

- Fournir un forum pour les producteurs
- Fournir des chances d’accès à l’information et aux technologies
- Améliorer les flux de communication vers la base
- Amener la démonstration des bénéfices à se former en association

· Les producteurs doivent jouer un rôle participatif fort dans le développement sectoriel mais les conditions d’un véritable partenariat demandent encore à être remplies

· L’établissement d’une représentation régionale des producteurs d’aquaculture est considéré comme la bonne direction mais pourra demander du temps pour son développement. Les bénéfices sont reconnus et pourraient être atteints via la formalisation et la mise en place d’un corps représentatif approprié

· Il est recommandé d’utiliser le NACA comme catalyseur pour un tel développement facilitant une organisation régionale des producteurs en aquaculture

· Pour cela, une meilleure connaissance des activités et de l’importance des associations existantes est nécessaire, particulièrement lorsqu’il existe des interactions avec d’autres organisations et conseils

· Des actions sont nécessaires pour le renforcement des associations locales et nationales tout en développant une association régionale, en notant que les objectifs clairs et les actions conjointes doivent être identifiées

· Le développement d’une association régionale autonome pourra prendre du temps et le NACA devrait fournir un certain soutien (services initiaux d’infrastructures) afin de réduire le temps et accélerer la mise en place

· La définition de la structure exacte, de la constituion, des conditions d’adhésion et de responsabilité de l’organisation régionale de producteurs est essentielle et doit être établie en consultation avec les parties intéressées à l’échelle nationale et régionale

· Une assistance est également nécessaire à l’établissement d’un réseau d’alimentation en aquaculture.

La situation de l’aquaculture, comme pourvoyeur important d’aliments, a été consolidée par les pratiques délétères de sur-pêche. La nécessité de développer l’aquaculture pour une contribution significative à la sécurité alimentaire doit être accompagnée de l’adoption de pratiques durables et de l’exercice par le secteur de la production de ses responsabilités. En répondant au défit d’assurer une aquaculture durable, le secteur de la production doit s’organiser efficacement pour l’application des besoins attendus, orientés vers la technologie ou l’application de politiques. Alors que le débat sur l’aquaculture durable couvre des questions diverses, technologiques, environnementales, les questions économiques et de marché doivent également être inclues, sujet que la profession maîtrise certainement le mieux.

C’est pourquoi, l’utilisation des associations, au niveau national et régional fournit la base et les moyens pratiques d’une communication à double sens avec le secteur qui devrait permettre les améliorations attendues de la gestion des ressources et du secteur.

Le besoin d’Associations

Les associations qui regroupent des membres d’une même profession ont existé depuis des siècles, au sein desquelles les discussions sur les questions d’intérêt commun, sur le développement ou l’identification de solutions aux problèmes communs, sont autant d’incitation au regroupement en association. Les médecins, les ingénieurs ou les architectes sont des exemples classiques de ces vieilles associations où le regroupement du savoir dans un forum unique est un avantage supplémentaire. Ces raisons tiennent encore aujourd’hui, tout particulièrement lorsque d’autres parties intéressées, comme les autorités, le public, espèrent un dialogue avec une profession et lorsque les préoccupations de la profession sont en relation avec celles du public. En ce qui concerne l’aquaculture, ces raisons vont même plus loin du fait de l’interaction avec l’environnement et d’une production essentiellement tournée vers la consommation humaine.

Un des corps associatifs les plus vieux en aquaculture est la Confrérie des Chevaliers de la Truite, qui avait commencé comme la Confrérie des Pêcheurs des Eaux Royales en France en 1158. Toutefois, la première association moderne en aquaculture a été créée au 20ème siècle avec le développement de l’élevage de la truite et de la carpe. Si l’on compare avec le secteur de l’élevage en Europe, l’agriculture a développé des corps de représentation bien plus rapidement et en accord avec son importance plus grande en terme de contribution. L’aquaculture a beaucoup de points communs avec l’agriculture du fait de la nature rurale de cette activité, et de la dispersion géographique de la profession.

La dispersion de l’agriculture combinée à la localisation des grands marchés a conduit à l’établissement d’entités spécifiques pour le commerce commun des produits où les structures en coopérative ont pris leur place intégrante dans la profession. L’aquaculture a toujours souffert de la comparaison à l’agriculture et à la pêche en ce sens que l’existence de producteurs de petits volumes ne justifiait ni le développement de coopératives, ni de sociétés communes de négoce. Alors que les intérêts de l’agriculture étaient fortement représentés par des syndicats nationaux, ce n’est que très récemment que l’aquaculture a atteint une masse critique le permettant.

De plus, l’expansion de l’aquaculture dans les pays développés est apparue au temps même où les supermarchés commençaient à consolider leur positionnement sur le marché de la consommation. Les changements de profils de ce secteur ont affecté presque toutes les professions d’approvisionnement, notamment celles en produits frais ou réfrigérés. De nouvelles exigences pour la transformation ont amené des normes rigoureuses associées à des exigences logistiques toujours changeantes (livraison, distribution, ...) et font du secteur de l’alimentation, l’un des plus difficiles et compétitif actuellement. Le commerce électronique aujourd’hui ainsi que la facilité des échanges internationaux viennent ajouter à ces observations et la demande des clients aujourd’hui est celle de produits frais, hygiéniques et nutritifs qui soient produits en respect de l’environnement et au prix le plus bas.

De toute évidence, cette position reflète essentiellement la situation des marchés et des tendances dans les pays développés qui sont de plus en plus la cible de choix de la production mondiale d’aquaculture. Toutefois, il n’y a pas de raison de croire que les profils de ces régions ne se reproduiront pas ailleurs.

Avec le développement de ses activités, l’aquaculture a également amené à l’adaptation de la législation à ce secteur. Cependant, les plans et stratégies de développement pour l’aquaculture ne sont que des innovations récentes et, dans bien des cas, l’aquaculture s’est développée sans cadre réglementaire établi. La législation appliquée à l’aquaculture comprend un éventail large de points parmi lesquels la gestion de l’eau, les questions d’environnement, de bien-être animal, des conditions de la production biologique, des eco labels, des responsabilités professionnelles, de la transformation etc... La représentation efficace des intérêts professionnels est souvent nécessaire et demandée par les gouvernements ou les autorités (comme par exemple les organisations chargées du suivi de l’environnement). La législation qui incorpore les résultats de processus de consultation constructive est généralement satisfaisante pour tous et plus facile en termes d’acceptation et d’application par la profession.

Le sujet de l’auto régulation ou auto gouvernance est de plus en plus abordé, particulièrement lorsque la décentralisation de l’autorité est discutée. Pour la réussite de la consultation et avancer vers l’auto régulation, il est crucial de disposer d’un corps associatif qui représente légitimement la profession.

Une tendance, dans les pays en voie de développement d’Asie où il existe un processus démocratique mais encore sous influence de groupes d’intérêt ou d’élites, est aux associations d’éleveurs pour faciliter leur rôle dans la formulation des politiques. Pour disposer d’influence, ces groupes doivent être gros, même si de manière quelque peu ironique, ils sont parfois dirigés par des membres des élites qui les utilisent pour leurs propres fins, économiques ou politiques. L’organisation de vient alors un autre groupe de pouvoir, jouissant d’un statut particulier, tournant au partenariat avec le gouvernement (en réalité une nouvelle agence de l’élite au pouvoir). Il existe toutefois des associations ou des fédérations nationales d’éleveurs qui se tiennent en défense, et vues comme des adversaires des gouvernements, mais celles ci sont rares dans le secteur de l’aquaculture et plus encore dans celui plus large des pêches. Le développement, lorsqu’il constitue une expansion de l’activité ou, par exemple, l’introduction de nouvelles technologies, nécessite l’accès à la recherche et la formation pour le développement de compétences. Lier les secteurs de la production et de la recherche est une priorité pour un développement continu et bon, particulièrement lors des périodes de croissance importante de la production globale en aquaculture. Il est essentiel de disposer de ponts efficaces à cet effet et les associations constituent une des bases de ce processus.

Les résultats de l’enquête du NACA soutiennent généralement les observations faites ci-dessus. Mais il y a des degrés différents d’accent sur les objectifs. Il y a une tendance au groupement de producteurs dans les pays où l’économie de marché est prônée à la distorsion pour inclure dans leurs objectifs de faire contrepoids à cette distorsion, comme par exemple s’organiser pour résister aux intermédiaires et aux groupes de pression locaux... Les propos communs des groupements couverts par l’enquête sont de fournir des services aux membres, de mobiliser des crédits et autres soutiens institutionnels, et de pouvoir mettre en lumière leurs problèmes et attirer des moyens de les résoudre. Dans les économies les plus développées de la région, les associations tendent à avoir des objectifs plus précis tels que les services technologiques et la réponse aux exigences du marché.

La principale conclusion est que l’aquaculture moderne ne peut se développer avec succès sans disposer de structures de représentation adéquate qui agisse non seulement pour promouvoir l’aquaculture mais également fournir un centre pivot de communication pour la profession. Cela doit fonctionner à la fois vers l’amont et l’aval, pour dispenser l’information depuis et vers la profession. Le plus important est que ces structures doivent avoir la capacité de développer les opinions et les actions nécessaires à la profession.

Alors que le besoin d’associations nationales est bien reconnu, certains gouvernements vont jusqu’à établir eux-mêmes des associations nationales et appointent des fonctionnaires pour les administrer. Dans certains pays, le gouvernement autorise l’établissement d’organisations nationales de producteurs qui couvrent le vaste secteur de l’aquaculture (aquaculture et pêche) et fournissent assistance aussi bien que direction au travers d’une Autorité constituée.

L’Etablissement d’Associations

La création d’une association peut être réalisée pour diverses raisons dont la première est de traiter les sujets de préoccupation communs de la profession afin de pouvoir identifier les solutions appropriées. La nature de ces préoccupations et les responsabilités qui sont celles de la profession déterminent le rôle et le champ de l’association.

Par exemple, si l’organisation commune de la vente des produits de la profession est nécessaire, une structure telle qu’une société coopérative peut être nécessaire. Une telle société pourrait probablement être limitée géographiquement aux producteurs d’une zone donnée. Le fond de financement pourrait être constitué par les membres avec retenue d’une proportion des revenus des ventes pour assurer le fonctionnement et le développement.

Lorsque la profession doit se lier à la société civile, autorités gouvernementales inclues, la structure envisagée est celle d’une association professionnelle qui est en général incorporée dans une organisation à but non lucratif. La création d’une telle association peut se faire à échelle locale (zone d’un pays) ou nationale (couvrant l’ensemble de la production d’un pays). Le financement est généralement obtenu par les simples cotisations des membres de l’association.

Dans le cas où différentes associations locales existeraient dans un pays, celles ci peuvent se grouper en fédération d’association qui agira comme corps représentatif dans le pays. La plupart des associations sont cependant des produits de plusieurs associations locales. De fait, elles peuvent même être le résultat de la fusion d’associations locales. Dans ce cas, une hiérarchie est établie et l’association nationale ou la fédération nationale sont la voie de la profession au niveau national. Le financement d’une fédération d’association est essentiellement assuré par la souscription des associations membres.

Il est des cas où plusieurs associations nationales souhaitent se grouper pour des questions communes et une solution est la fédération internationale constituée de fédérations nationales; c’est le cas de l’Association Européenne des Producteurs d’Aquaculture (FEAP) qui est composée d’associations nationales de producteurs d’aquaculture en Europe et l’Association Internationale des Producteurs de Saumon (ISFA). Le type de financement est le même que dans le cas précédent.

Récemment, une attention particulière a été donnée à la création d’associations interprofessionnelles, incorporant différents partenaires d’un secteur. En Europe, l’une d’elles est le Comité Interprofessionnelle des Produits de l’Aquaculture (CIPA), qui incorpore des représentants du secteur de la production, des provendiers, des pêcheurs, des fournisseurs de matériel et des transformateurs. A un niveau régional, la situation la plus voisine est celle de la Global Aquaculture Alliance (GAA - www.gaalliance.org). Ces organisations confirment la tendance encourageante vers une amélioration de la coopération intra-sectorielle.

L’efficacité et la stabilité sont les plus fortes exigences des organisations. L’efficacité est surtout obtenue par des aspects pratiques, alors que la stabilité vient de l’engagement des membres des associations et, c’est important, d’une base financière adéquate pour assurer leur fonctionnement. Si ces exigences ne sont pas satisfaites, la planification de réalisation d’actions efficaces est extrêmement difficile. Inévitablement, avec l’évolution de telles structures et la hiérarchie développée, la nature des questions traitées change, tout comme les responsabilités et les compétences nécessaires à chaque niveau. Dans le cadre de cet article, il sera fait référence à des expériences pratiques et des circonstances qui contribuent à des actions effectives. Il est souvent dit que «ce qui compte c’est ce qui marche, et ce qui marche, c’est ce qui compte»; ainsi, assurer que les associations à la fois marchent et comptent est vital pour le succès de la gestion et du développement de l’aquaculture.

L’Incorporation à une Association

Les associations sont des structures officiellement reconnues pour devoir être incorporées sur la base de statuts acceptables et sur lesquels les membres fondateurs se sont entendus. Ces statuts sont, en général, très simples en termes d’objectifs (par exemple, créer un forum commun), mais une attention et un soin particuliers doivent être portés sur:

Une association devrait incorporer des membres qui ont un statut légal identique ou similaire et qui partagent des objectifs communs ou des activités communes. Alors qu’il peut y avoir de grandes variations d’échelle des opérations réalisées, les objectifs d’un petit éleveur sont très semblables à ceux d’un opérateur important. C’est la position de la plupart des associations nationales ou locales responsables pour l’aquaculture. La plupart des associations sont incorporées en qualité d’organisation à but non lucratif de sorte que les budgets sont essentiellement sous la conduite des coûts opérationnels annuels plutôt que du développement à moyen terme. Comme dans toute organisation, les estimations précises du budget sont importantes dans la mesure où la collecte des fonds se fait sur une base annuelle.

Généralement, une association disposera d’un comité de gestion ou d’un directoire, élu par les membres et incluant au moins un président, qui est souvent le seul représentant légal de l’association. Les membres du bureau, en général, contribuent de façon bénévole. Les petites associations (par exemple, association locale de producteurs ou société d’éleveurs) ont rarement les ressources pour employer des salariés et sont généralement complètement bénévoles. Au niveau national, où des niveaux de production plus importants sont représentés, et où les niveaux de responsabilité peuvent amener des contacts avec le gouvernement ou des activités de promotion, un personnel professionnel est habituellement nécessaire pour mener à bien ces tâches.

La Gestion d’Association

Les Finances

L’essentiel des finances des associations vient des cotisations qui doivent être abordables et raisonnables pour les membres. Alors qu’il y a différentes méthodes de calcul pour cela, la technique la plus commune semble celle basée sur deux parts:

Les fonds obtenus doivent ainsi être uniquement mis au service des activités de l’association.

Dans le cas de la FEAP, pas un seul des membres n’est autorisé à contribuer à raison de plus de 20% du budget de telles cotisations. Cela signifie qui si un important souscripteur financier venait à quitter la fédération, cela n’impliquerait pas une crise financière. De plus, un membre qui souhaite quitter l’association doit donner un an de préavis (ainsi qu’une justification) avant son départ.

Les activités d’une association peuvent être comparées à celle d’une petite affaire qui aurait de nombreux partenaires. L’argent est limité mais les activités sont discutées par avance et bien des gens ont des opinions justes, et parfois contradictoires. De plus, quand tout va bien, les membres aideront volontiers mais quand les finances sont tendues, les cotisations sont moins importantes. C’est aussi dans ces temps que l’association se doit de travailler le plus. Cette situation ne peut être résolue par les associations qui disposent d’une réserve pour les temps durs. Si l’on considère qu’une base financière solide est un luxe que bien peu d’associations peuvent se permettre, il est essentiel d’avoir une revue régulière des opérations, des forces et faiblesses, de sorte à construire et améliorer la force et l’influence de l’organisation. Le développement de savoir-faire au sein d’une association est extrêmement important, particulièrement lorsqu’elle est en charge de questions qui peuvent inclure du marketing, de la consultation avec les services de l’état, des relations publiques et de la gestion de crise.

La Gestion

Toutes les associations doivent avoir une structure de gestion et d’administration qui soit transparente. Il s’agit en général d’un bureau ou d’un directoire qui est mandaté par l’assemblée.

Dans le cas de la FEAP, la structure de gestion est composée d’un président fédéral, assisté de trois vice-présidents qui tous ont été présidents de leur propre association nationale et font partie du directoire pour la gestion de la fédération avec l’aide du secrétaire général. Ces postes sont bénévoles à l’exception du secrétaire général et du personnel en charge des aspects administratifs et fonctionnels de la fédération qui sont rémunérés. Ce type de structure est retrouvé dans la plupart des associations. Il va sans dire que l’accès à des personnes expérimentées et compétentes pour le bureau est des plus importants en termes de gestion et management. Si les membres du bureau ont une activité professionnelle fructueuse et chargée, il est important d’avoir accès à leur compétence dans les champs qui sont ceux de l’association. La plupart des associations nationales, par exemple, ont régulièrement recours aux conseils de scientifiques ou vétérinaires expérimentés.

La sensibilité, l’expérience et la compétence en ce qui concerne les principales préoccupations de la profession sont, bien entendu, nécessaires et dans le cas où ces éléments ne sont pas parties intégrantes de l’association, le recours à une assistance extérieure peut être fait. Par exemple, bien des associations ont des conseillers scientifiques (issus du monde académique) et en relations publiques de sorte à traiter de la meilleure façon les questions d’ordre scientifique ou de marketing.

L’établissement de capacités dans une association conditionne son succès à promouvoir et assister le développement. A l’âge de l’information, établir un réseau efficace, compétent et au meilleur coût, de communication est devenu plus facile mais nécessite également une bonne gestion de la communication, en fournissant ni trop ni trop peu de celle-ci.

La Prise de Décision

Des décisions doivent être prises et il faut donc mettre en place les conditions de vote. En général les questions de gestion sont sous la responsabilité du directeur de l’association ou de la structure de gestion, mais les décisions importantes doivent être prises en assemblée des membres de l’association. La plupart des associations ont un système où un vote correspond à une personne, cependant il peut y avoir d’autres situations. Pour la FEAP par exemple, l’importance des votes est basée sur l’importance de la production. De telles conditions doivent toujours être acceptées au préalable par l’assemblée et incorporées aux statuts ou règlement de l’association.

Que la réponse soit la «bonne» ou la «mauvaise» à une question donnée peut être subjectif, mais dans une association il est essentiel que tous les membres soient considérés avant qu’une position soit arrêtée. Garantir la consultation et l’expression est une règle d’or du fonctionnement d’une association, même si en pratique cela n’est pas toujours possible.

Le travail en Association

Dans la mesure où l’essentiel du travail réalisé au sein d’une association est bénévole, lorsque les participants sont dans la vie active, une attention particulière doit être apportée au bon usage des compétences dans les comités dédiés à des tâches spécifiques. Par exemple, la FEAP s’est dotée de plusieurs groupes de travail qui couvrent les questions d’importance pour ses membres, notamment:

La GAA a développé un Programme d’Aquaculture Responsable (Responsible Aquaculture Programme[9]) dont le but est de certifier les meilleures pratiques d’aquaculture au niveau des fermes; évidemment, l’organisation a développé les directives et les conditions de la certification en utilisant les conseils de professionnels et d’experts, et l’accord est formalisé par un comité de certification. Certains groupes ont des tâches spécifiques à accomplir, leur travail doit être transparent et présenté à l’assemblée pour accord. Cette méthode de travail est très fréquente dans les associations et donne souvent de bons résultats.

En incluant l’expertise nécessaire pour des sujets précis (par exemple des délégués qualifiés ou des experts conseillers) les actions et les résultats peuvent sans aucun doute atteindre un très au niveau de qualité.

Les Rapports

De nombreuses associations disposent de données pertinentes en matière de production et de prix des produits de leurs membres et sont très au fait de l’état des marchés. En fait, elles sont souvent utilisées pour fournir aux autorités nationales les informations de cette nature. Comme exemple régional, on peut citer le cas de la FEAP qui collecte les données de production et les prix de sortie d’exploitation (moyennes annuelles) pour les espèces représentées par ses membres; ces données sont considérées comme les plus précises et les plus récentes pour les associations. De plus les contenus de toutes les réunions sont consignés et rendus accessibles aux associations membres. Dans certaines circonstances, des copies de documents peuvent être fournies à des tierces parties sur demande.

Un outil très important et disponible pour les associations, particulièrement celles qui ont des accords avec les autorités gouvernementales, est celui des résolutions. Sur des questions d’urgence, la résolution (qui doit être approuvée par l’assemblée) est une déclaration ferme d’opinion qui est envoyée aux autorités et devrait avoir le poids de références et d’arguments soignés.

Ces actions fournissent la transparence nécessaire dans le secteur et constitue un bénéfice considérable en démontrant les responsabilités assurées par le secteur professionnel en plus du soutien donné aux actions nécessaires au développement d’une aquaculture durable.

Actions complémentaires

Recherche, Formation et Développement

Au niveau national, la plupart des associations établissent des contacts avec les universités nationales pour les besoins de travaux de recherche. Peu d’associations sont capables de financer des programmes de recherche, elles sont en revanche souvent impliquées dans l’organisation d’essais terrains et de programmes de formation sur site. Evidemment, cela doit fonctionner dans les deux directions, les éleveurs en aidant les étudiants ou les éleveurs formés à de nouvelles techniques.

Dans certains cas, des représentants d’associations ont été mandatés par des comités institutionnels pour l’établissement de politiques de recherche à long terme. De plus, il y a une demande croissante pour le secteur de la production de fournir des informations sur ses besoins et demandes pour le futur et, en Europe, la FEAP va organiser des ateliers de travail par espèce sur ces questions en 2002 et 2003.

En Europe, l’existence de plusieurs programmes RTD (Recherche et Développement Technique) importants, groupés dans les Programmes Cadres de Recherche et Développement, a permis à la FEAP de développer un rôle actif dans une série de projets. Le thème commun est que les objectifs et les résultats soient applicables à l’ensemble du secteur, représenté par la FEAP.

Ces projets incluent:

Si la FEAP a été le leader de quelques projets, elle est, en général, incorporée comme partenaire de sorte à assurer la communication vers le secteur de la production, comme une activité de dissémination d’information. C’est rôle à l’importance grandissante que de fournir de l’information et des moyens de communication à et avec la profession; ce qui constitue un modèle important pour des activités nationales ou régionales. C’est un travail essentiel pour une association professionnelle que d’assurer une position active dans des actions de type RTD.

Actions conduites par les associations

Pour que les associations développent leur position dans la société, elles ne peuvent rester passives et il y a de nombreuses actions qui peuvent être entreprises par les associations, comme, par exemple, les projets ou études qui peuvent être très utiles à leurs membres et au secteur qu’elles représentent. Le développement de codes des meilleures pratiques a été conduit par des associations au niveau local, national et régional et cela constitue des actions importantes pour le développement de schémas de qualité et d’environnement incluant éventuellement des tiers.

La FEAP a conduit le développement de projets pour la gestion des données de prix et de production du secteur de l’aquaculture européenne de sorte à collecter les données des différents pays dans des conditions communes, condition et valeur. Les données sont utilisées pour les rapports de la FEAP sur ce sujet. Les sites des associations fournissent une fenêtre sur leurs activités au public ainsi qu’au monde professionnel. C’est une part essentielle de la présence du public requise pour les associations et fédérations.

Peut-être que l’élément développé récemment par la FEAP, le plus important, est une action intitulée «Aquamedia», un projet qui a été développé pour le besoin d’information du grand public sur ce que l’aquaculture est, fait et ses contributions. Ce projet a été initié uniquement sur des financements de l’industrie et constitue une vraie action internationale. Ses activités seront largement distribuées au travers de supports électronique, papier et CD-Rom.

L’accès et la promotion de la communication avec la profession est un rôle d’importance croissante de la fédération et fournit un important modèle pour des activités de ce type à l’échelle nationale ou régionale.

Le But d’une Association

Le champ d’action d’une association ou son objectif est défini par ses statuts et la nature de ses adhérents. L’expérience montre qu’il vaut probablement mieux construire et aménager sur une structure existante plutôt que d’être trop ambitieux au départ. Par exemple, de nombreuses associations nationales sont le résultat de groupements d’associations locales pre-existantes. Les premières associations en aquacultures ciblaient des espèces spécifiques, comme la truite ou le poisson chat, dont les objectifs étaient limités et précis à une ère géographique. Avec le développement de l’aquaculture et son expansion, de telles associations se sont groupées entre elles au sein de structures nationales qui étaient soit ciblées sur une espèce ou un secteur, en incluant tout ou la plupart des producteurs.

L’objectif des différentes structures a changé avec l’évolution des associations nationales lorsque celles-ci ont pris position vis à vis des gouvernements ou des actions à mener à l’échelle nationale. Une association nationale devrait avoir le privilège de relations avec ses propres autorités nationales telles que les universités, les agences de l’environnement, et être à même de fournir des informations autorisées sur les activités et la structure du secteur qu’elle représente. Elle sera habituellement la voix d’information des autorités nationales sur l’état de la profession et de ses besoins en termes de développement. De plus, les associations nationales sont souvent les organisateurs de campagnes de marketing générique réalisées sur le territoire national ou visant les marchés de l’exportation. Les associations nationales devraient être les coordinateurs des efforts de relation avec le public, particulièrement là où les secteurs peuvent être sous le feu de la critique publique.

Les objectifs des actions d’une fédération régionale sont sensiblement différents dans la mesure où les questions pratiques qui sont assurées par les associations nationales ne sont pas faciles à aborder à l’échelle régionale. Dans chaque cas cependant, la croissance de l’activité de représentation et le développement du cercle d’influence prennent du temps et des efforts.

Une fédération régionale a rarement les contacts privilégiés d’une association locale ou nationale, en partie du fait de l’absence de structures régionales correspondantes, mais également parce que sa raison initiale est habituellement par nature moins directement appliquée et plus de communication et de liaison entre ses membres. Il est important pour une fédération régionale de reconnaître et identifier ses interlocuteurs, appropriés à ses fonctions, et ainsi d’établir sa contribution et son autorité.

L’initiative de créer une fédération internationale d’aquaculture en Europe date de 1968, suite à la création du Marché Commun par six nations d’Europe. Quatre associations nationales, toutes impliquées dans l’élevage de la truite, ont créé la Fédération Européenne de Salmoniculture (European Federation of Trout Growers). En 1990, elle s’était étendue aux éleveurs de saumon et à 12 pays. Suite à l’adhésion de pays producteurs de bar et de dorade, la fédération a rapidement grossit pour incorporer en son sein la plupart de l’Europe, 30 associations de 20 pays en 2002.

Le principal objectif de la FEAP est de fournir un forum de débat sur des questions communes à ses membres et de communiquer sur les résultats de ces discussions vers les autorités appropriées. Fournir cette possibilité d’un débat juste et équitable aux représentants du secteur donne la base initiale du développement de la fédération, renforçant le potentiel d’une communication efficace entre les associations membres et développant des opinions claires et des arguments sur les questions d’importance pour la profession. Un des objectifs clés est la communication efficace de ces opinions aux autorités qui, varient, selon le sujet, et couvrent tous les aspects de l’aquaculture et de son fonctionnement.

Par exemple, la Commission de la Communauté Européenne, particulièrement la Direction Générale des Pêches qui couvre l’aquaculture, est un interlocuteur des plus importants pour la FEAP. Cependant les autres Directions Générales qui ont une responsabilité vis à vis du consommateur (DG SANCO), de l’environnement (DG Environnement) et du commerce (DG Commerce) ont également des relations directes avec le secteur de l’aquaculture.

En Europe, de nombreux pays qui sont voisins des Etats Membres de l’Union Européenne ont adopté la plupart de la législation harmonisée, un facteur qui renforce la position et la justification d’une fédération. D’autres associations internationales incluent l’Association Internationale des Eleveurs de Saumon (International Salmon Farmers Association, ISFA), qui regroupent les associations de producteurs de saumon existant dans le monde (pays européens, Canada, USA, Chili, Australie et Nouvelle Zélande), et la Global Aquaculture Alliance (GAA). La Global Aquaculture Alliance se concentre plus sur l’aquaculture de crevettes tropicales et ses adhérents sont des associations, des opérateurs privés et des importateurs. Son but est de plaider pour l’aquaculture comme une réponse au besoin global de nourriture et d’éduquer les producteurs, les consommateurs et les médias au regard de cela, en appuyant pour une aquaculture responsable vis à vis de l’environnement.

Il est important pour toute association ou fédération régionales de reconnaître les interlocuteurs appropriés à ses fonctions et de construire sa propre autorité et contribution. Par exemple, en dehors des liens établis avec la Commission Européenne, la FEAP maintien également des relations statutaires avec la FAO des Nations Unies, particulièrement pour le Comité de Conseil des Pêches en Eaux Intérieures de l’Europe (European Inland Fisheries Advisory Committee) et la Section Aquaculture du Conseil Général des Pêches en Méditerranée (General Fisheries Council of the Mediterranean). L’établissement du Sous-Comité de l’Aquaculture de Comité des Pêches est d’un intérêt évident pour tous les groupes régionaux en aquaculture.

Ces liens permettent aux associations régionales et à leurs membres d’être informés sur de nombreuses des grandes questions touchant le secteur et souvent fournir un accès aux apports de professionnels spécialistes. D’un autre côté, il y a eu une augmentation sensible des exigences en matière de consultation avec le secteur professionnel de l’aquaculture ces dernières années, reflet de changements dans la politique des gouvernements et de l’exigence de gouvernance, pour laquelle un récent Livre Blanc a été publié par la Commission Européenne dans lequel des points importants sont: une plus grande implication des parties intéressées et une tendance vers l’auto-réglementation.

Cette attitude se reflète également dans le développement des réseaux internationaux et interprofessionaux qui peuvent être thématiques ou spécifiques par nature et où l’apport du secteur professionnel est demandé. Plus récemment, il a été réalisé que l’expansion du marché et la globalisation imposent une meilleure compréhension des marchés et des efforts de marketing, particulièrement pour atteindre une meilleure stabilité des marchés et où l’image publique du secteur est de plus en plus importante dans le schéma global de développement.

Lorsque des questions telles que le commerce international, la stabilité, la pérennité des marchés, le développement de standards (incluant l’élevage biologique, l’écolabel), la gouvernance et l’autoréglementation doivent être débattue, avec un point de vue professionnel en tête, cela ne saurait être fait dans le vide. Il est des sujets qui passent les frontières et demandent une consultation au sein de la profession sur une base internationale. Pour que la voix des producteurs soit entendue, il est important de fournir une opinion qui ait autorité et ne puisse être accusée de simplement défendre des intérêts nationaux. Une association régionale doit pouvoir fournir des positions apolitiques, basées sur la science ou le bon sens qui supportent le secteur et son développement.

Aussi bien la GAA que la FEAP ont été actives dans la promotion des codes de conduite et de bonne pratique qui ont depuis chacun atteint directement les producteurs; cette activité a été un succès en transposant le souhait des gouvernements en actions concrètes au niveau des fermes. Le développement de standards internationalement acceptables peut également être vu comme une activité qui peut se développer dans le cadre d’une coopération régionale entre de telles organisations.

Bénéfices d’une Fédération

Les bénéfices à établir une association régionale ou une fédération ne sont pas immédiatement clairs au commencement dans la mesure où ses actions tendent à être générales et aux effets sur le moyen et long terme. Pour des organisations telles que la FEAP ou la GAA, les avantages immédiats des membres sont de pouvoir se rencontrer et discuter des questions d’intérêt commun sur une base internationale.

Le bénéfice clé d’une fédération est d’être capable de donner à ses membres un espace de débat informé et une plate-forme d’opinion unifiée. La pierre angulaire de toute association ou fédération sont ses statuts qui doivent démontrer l’équité de la structure et des décisions, et permettre une autorité d’opinion.

L’avantage de fournir une voix commune à un secteur régional est évident, particulièrement en Europe où la Commission Européenne joue un rôle important en déterminant la législation et les actions qui touchent directement l’aquaculture dans l’Union Européenne. La création par la Direction Générale des Pêches d’un Comité de conseil sur les Pêches et de l’Aquaculture (Advisory Committee on Fisheries and Aquaculture, ACFA), une structure qui permet la consultation directe avec la Commission a placé une importance grandissante sur les vues de la FEAP qui en retour a imposé une responsabilité grandissante sur le développement de ses opinions et le professionnalisme de ses délégués.

Etablir et maintenir des liens avec les organisations internationales impliquées dans l’aquaculture fournit l’information et la sensibilisation sur les sujets importants qui touchent (ou toucheront) la profession. Fournir l’information sur ces sujets à ces membres devrait également être considéré comme une priorité pour une fédération, et les préparer pour un débat si nécessaire. L’implication dans les programmes de recherche et de formation est liée aux mêmes raisons, et l’amélioration de la rapidité et l’efficacité du transfert des résultats à la profession doit être vue comme un objectif principal. Alors que le secteur s’est développé en Europe, il a été reconnu comme un acteur et contributeur de plus en plus important du secteur des pêches. C’est la responsabilité du secteur de se tenir et compter et c’est la responsabilité de la FEAP de faciliter cette position.

En résumé, cela signifie savoir ce qui s’est passé, se passe et va se passer - une tâche difficile mais tâche que seuls les membres d’une fédération peuvent remplir.

Une fédération permet également d’accomplir des projets ou travailler à des objectifs qu’une association nationale ne peut entreprendre. Des projets tels qu’»Aquamedia» ou la dissémination d’information internationale sont typiques de cette position et c’est le rôle d’une fédération d’identifier de telles actions et évaluer la justification de les poursuivre. Il ne fait aucun doute qu’en élargissant ses activités pour inclure des actions concrètes et de grande ampleur comme supplément à ses activités de forum, la FEAP a accru sa force et son influence.

Les Leçons Tirées

Etablir, faire fonctionner et gérer une association nécessite des mandats, des moyens financiers et des résultats. Dans la mesure où le germe de finances doit venir du secteur, une fédération d’associations doit être financée à partir des budgets des associations membres qui elles-mêmes sont financées les éleveurs membres. Cela signifie que le budget d’une fédération ne saurait être important, au commencement. Si cela peut limiter la structure fixée pour la fédération, cela ne devrait pas inhiber ses objectifs fondamentaux. Fournir une voix commune est un des bénéfices importants d’une fédération mais qui ne peut être obtenu que dans un forum équitable. Il faut respecter la possibilité pour les plus petites associations de faire entendre leurs voix tout comme les plus grandes. Il faut également noter qu’au sein de la FEAP dont les membres parlent 17 langues, les réunions se tiennent uniquement en anglais. Si cela peut créer quelques difficultés et des défauts de compréhension, il s’est avéré que c’était un mode de fonctionnement efficace et bon marché.

Le développement de projets qui impliquent la fédération peut fournir des fonds supplémentaires mais l’existence d’une fédération ne peut reposer uniquement sur des projets. Il est essentiel d’avoir un bon équilibre entre les activités premières et les projets de sorte à respecter les raisons qui ont présidé à la création de la fédération. Le développement de la fédération ne doit pas prendre le pas sur l’accomplissement des objectifs premiers. Il est important de reconnaître les actions et les relations qui peuvent fournir un service aux membres et qu’ils ne pourraient obtenir individuellement. Comme exemple, la FEAP a établi des relations fortes avec la Société Européenne d’Aquaculture (European Aquaculture Society) et AquaTT (Aquaculture Technology and Training) qui se reflètent de différentes manières - participation à des projets de réseaux joints, distribution et dissémination d’information, participation et développement d’ateliers de travail et de conférences.

Le succès d’une fédération régionale peut également se mesurer en termes de participation, encourageant l’implication des associations membres et de leurs représentants, sans aspirations de compétitions pour les fonctions des membres. Le succès du fonctionnement réside dans l’équilibre entre les objectifs et les actions, et la fourniture des services attendus.

Après 33 années d’existence, les pères de la FEAP ont reconnu les bénéfices de leur initiative. La fédération fournit une plate-forme pour le développement et le règlement des questions internationales qui touchent leurs activités, elle leur donne une voix commune et importante pour exprimer leurs opinions et permettre au secteur d’avancer dans des directions qu’ils n’avaient pas imaginées. Si aucune boule de cristal n’est précise, on peut dire que le secteur global de l’aquaculture doit changer et s’adapter à de nouvelles circonstances, sur bien des fronts et que des fédérations régionales sont nécessaires à la profession pour assurer sa pérennité à long terme.

Dans le contexte de l’Asie, les associations d’éleveurs devraient être considérées comme des institutions pour un développement plus large. Ainsi, il y a un besoin de rapprochement et de relations de travail entre les gouvernements, les ONG, et même des projets de développement à court terme pour que ces institutions travaillent en harmonie. Le besoin le plus fondamental est de renforcer les associations d’éleveurs de sorte à ce qu’elles accomplissent leurs objectifs sans dépendance (au mieux) ou réduite à devenir des outils (au pire) au service d’intérêts nationaux ou sectoriels. La discussion sur la professionnalisation des associations couvre ces questions.


[8] “Facts and Figures on the CFP”, Commission Européenne 2001 (ISBN 92-894-1842-7)
[9] http://www.gaalliance.org/resp.html
[10] www.aqua.ow.org
[11] Journal of Applied Ichthyology. Vol 17 N°4 pp 137-194 (2001)
[12] www.aquatnet.org

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