PRINCIPES GÉNÉRAUX ET LIGNES DIRECTRICES PRÉLIMINAIRES POUR LES ALLIANCES NATIONALES CONTRE LA FAIM

A. L’Alliance internationale contre la faim progresse et devient opérationnelle

F. Quelques exemples d'alliances nationales

A. L’Alliance internationale contre la faim progresse et devient opérationnelle

Depuis que le Comité sur la sécurité alimentaire mondiale (CFS) a approuvé la concrétisation de l’Alliance internationale contre la faim, en mettant l’accent sur le niveau national, une cinquantaine de pays ont montré leur intérêt en mettant en place une Alliance nationale dans leur pays. Votre pays est l’un d’entre eux. Bien évidemment, les Alliances nationales sont à des stades divers de leur développement, suivent des approches variées et mènent des actions différentes.

B. Caractéristiques communes

Les caractéristiques communes des alliances internationale et nationales contre la faim sont :

Un but commun : réduire la faim et la pauvreté d’ici à 2015 de façon à atteindre les objectifs du Sommet mondial sur l’alimentation (SMA) et les Objectifs de développement du millénaire (ODM) ;
Des objectifs stratégiques communs, tels qu’ils sont développés dans le Plan d’action du SMA et dans la section correspondante des Objectifs de développement du millénaire (ODM) ;
Un cadre stratégique commun : une « action sur deux fronts » telle que développée dans le Programme de lutte contre la faim et dans la contribution conjointe des agences des Nations Unies basées à Rome pour la Conférence des Nations Unies sur le financement du développement ;
Chaque pays détermine ses initiatives spécifiques et ses priorités.

C. Objectifs

L’objectif d’une Alliance nationale est de faciliter les initiatives en matière de politiques, de réformes et d’actions aux niveaux local et national permettant aux pauvres et aux personnes souffrant de la faim d’atteindre une sécurité alimentaire durable. Les objectifs de l’Alliance, comme définis dans les documents du CFS de 2003, sont les suivants :

renforcer l’engagement et l’action, à l’échelon national et mondial, en vue de l’élimination de la faim ;
offrir un forum favorisant le dialogue sur les mesures les plus efficaces pour réduire la faim ;
développer et enrichir les contributions et les capacités des membres des alliances ; et,
favoriser la mise en œuvre d’actions complémentaires de lutte contre la faim par les gouvernements et les intervenants.

D. Composition des alliances nationales

L’alliance devrait rassembler des groupes, des organisations et des structures déjà existants, lorsque cela est possible, pour constituer le noyau de base fondateur des Alliances nationales, comme : les Groupes thématiques nationaux du Réseau du Système des Nations Unies sur le développement rural et la sécurité alimentaire, les Comités de pays des Nations Unies, les Comités nationaux pour la Journée mondiale de l’alimentation de la FAO ainsi que d’autres mécanismes de coordination nationale existants, les ONG, les organisations de la société civile, le secteur privé et d’autres partenaires nationaux et internationaux. Parmi ces groupes devrait figurer une bonne représentation des cultivateurs, des consommateurs, des organisations internationales, de l’agro-industrie, des scientifiques et des universitaires, des donateurs, des personnes privées, des groupes religieux, des organisations non-gouvernementales et des administrations locales et nationales.

E. Activites des alliances nationales

Les activités des Alliances nationales contre la faim peuvent être :

la mobilisation de la volonté politique par le plaidoyer, l’initiative et la collaboration : sensibilisation à la nécessité d’améliorer la situation des pauvres et des victimes de la faim, par exemple en assurant une forte présence lors des grandes manifestations, par la mise en œuvre de pressions ciblées, le recours aux médias;
la mise en place d’un forum pour l’échange d’information et d’expériences : parrainages d’études, échanges d’idées concernant notamment les démarches ayant donné de bons résultats, programmes et résultats… par le biais de l’Internet, de bulletins d’information, etc.;
l’aide aux pays en matière de suivi et de diffusion d’information sur la sécurité alimentaire, comme ils s’y sont engagés, envers différents organismes;
l’aide aux pays pour le développement de stratégies et la mise en œuvre des Objectifs du SMA et des Objectifs de développement du millénaire ;
la promotion de l’engagement et de l’action : élaborer, actualiser, promouvoir et participer à des initiatives internationales et des plans et programmes nationaux (par ex. le NEPAD) de réduction de la pauvreté et de la faim ; faciliter la collaboration et la coopération ; stimuler l’action au niveau local;
la mobilisation des ressources : en vue d’une approche de la lutte contre la faim consistant à investir dans le développement agricole et rural et à favoriser l’accès direct à l’alimentation pour les plus démunis ;
le renforcement des capacités : formation et soutien pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et de programmes ;
l’encouragement des activités de suivi : aider à la mise en place de « centres nationaux d’observation de la faim » pour suivre les progrès réalisés, faire le point sur les démarches ayant donné de bons résultats et promouvoir la responsabilité;
le soutien aux réformes des politiques : au travers de toutes les activités mentionnées ci-dessus ;
autres activités.

Vos réactions sur les activités que l’Alliance nationale contre la faim pourrait conduire dans votre pays sont les bienvenues. Afin de rassembler des informations détaillées sur les mécanismes nationaux de coordination existants qui pourraient contribuer à la création d’une alliance, un questionnaire en cours de préparation vous sera envoyé en février, dans le cadre d’une évaluation du Réseau du Système des Nations Unies sur le développement rural et la sécurité alimentaire. Nous encourageons les pays à saisir cette occasion pour fournir des informations utiles sur leur situation et/ou partager leurs idées sur la façon de mieux coordonner les activités et de renforcer la volonté politique pour combattre la faim au niveau national.

F. Quelques exemples d'alliances nationales

A titre d’information, voici quelques exemples d’Alliances nationales :

Au Burkina Faso, une Alliance nationale a été officiellement créée le 9 octobre avec 20 organisations de la société civile. Un Bureau de l’Alliance a été désigné et comprend : l’Organisation catholique pour le développement et la solidarité (Ocades, présidence), la Confédération paysanne du Burkina Faso (CPF – vice-présidence), le Centre national des arts et spectacles audiovisuels (Cenasa), l’Office national de la presse (Onap), l’Association des professionnelles africaines de la communication (Apac), l’Amicale des femmes forestières du Burkina (Amifob) et l’Organisation des consommateurs du Burkina (OCB). Ses activités récentes comprennent la participation à la Journée du paysan le 19 décembre 2003, la préparation d’un plan d’action pour 2004 et la rédaction de statuts et d’un règlement intérieur pour l’alliance. Elle a aussi rencontré des membres de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) afin de discuter des liens possibles avec d’autres pays de la région.

A Madagascar, une Alliance nationale a été lancée avec la participation de plusieurs organisations nationales et internationales dont les ONG Seecaline, Caritas Madagascar et Catholic Relief Services (CRS); des projets nationaux; la FAO, l’OIT, Onusida, le PNUD, l’UNICEF, le FNUAP, le PAM et la Banque mondiale. Une brochure, présentant les objectifs et les membres de cette Alliance nationale, a été préparée et distribuée au niveau international pour la Journée mondiale de l’alimentation 2003. L’Alliance nationale travaille étroitement avec le Groupe thématique national du Réseau du Système des Nations Unies sur le développement rural et la sécurité alimentaire.

En Italie, de nombreuses manifestations de soutien à l’Alliance internationale contre la faim ont été organisées dans le cadre de la Journée mondiale de l’alimentation 2003 sous le patronage de la présidence de la République italienne et avec la participation de nombreux ministères, instituts nationaux, municipalités, universités et écoles, bibliothèques, musées, ONG et médias. Des séminaires, des table-rondes, des expositions, des concours et des événements culturels se sont ainsi tenus à Rome et dans d’autres villes du pays. Une attention particulière a été donnée au fait que les trois principales agences des Nations Unies travaillant dans le domaine de l’alimentation et de l’agriculture (FAO, FIDA et PAM), ainsi que l’IPGRI, sont basées à Rome et concentrent une part essentielle des actions internationales menées pour la lutte contre la faim. Les ONG ont été également très actives, en particulier avec l’organisation d’une table-ronde rassemblant des ONG, des Organisations de la société civile et des gouvernements le 16 octobre 2003 au siège de la FAO.

Aux Etats-Unis, une Alliance nationale pour éradiquer la faim a été proposée par l’Institut Bread for the World en mai 2002 et créée formellement en janvier 2003. L’alliance comprend des organisations de plaidoyer, l’association des banques alimentaires, des instituts de recherche et d’études des politiques, des fondations, des groupes religieux et le secteur privé. L’objectif de cette Alliance est d’impliquer différentes institutions dans le renforcement de la volonté politique pour éliminer la faim aux Etats-Unis et dans le monde entier.

L’Alliance américaine a commandité une série de sondages d’opinion qui ont mis en évidence le soutien important existant dans le pays en faveur du combat contre la faim. Elle a célébré la Journée mondiale de l’alimentation 2003 en aidant le Symposium du Prix mondial de l’alimentation dans l’Iowa, et a rendu publiques des données sur la façon dont les électeurs de l’Iowa et du New-Hampshire considèrent la question de la faim. Elle s’est aussi efforcée d’amener les candidats à l’élection présidentielle des deux partis à aborder publiquement la question de la faim. Bread for the World ainsi que d’autres membres de l’alliance ont aussi joué un rôle dans l’obtention en janvier 2004 d’une augmentation de 33% des financements américains pour des programmes de développement ciblant la pauvreté. Bread for the World est membre de « More and Better », une coalition internationale d’ONG qui se battent en faveur d’une aide au développement plus importante et meilleure pour l’agriculture, le développement rural et la nutrition. L’Alliance américaine pour éliminer la faim travaille de manière étroite avec l’Alliance internationale contre la faim.

En Asie, une table-ronde, au cours de laquelle a été conceptualisée une Alliance Asie-Pacifique contre la faim, a été organisée le 17 octobre 2003 par le Bureau régional de la FAO pour l’Asie et le Pacifique à Bangkok. Le Comité international de planification des ONG/OSC, ainsi que d’autres partenaires sont invités à participer à cet effort.