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Fontainebleau : Forêt périurbaine et Réserve de Biosphère. Ré-enchanter le Monde ?

Jean-jacques Guéant 1, Robert Lindeckert 2


Résumé

La notoriété de la forêt de Fontainebleau est fondée sur la grande diversité de sa flore, de sa faune, de son patrimoine géologique et de ses paysages. C'est un élément majeur du patrimoine forestier européen : elle est classée en réserve de Biosphère par l'Unesco depuis 1998.

La forêt se trouve à 60 km de Paris -10 millions d'habitants - et reçoit plus de 15 millions de visiteurs par an. Elle est l'archétype de la forêt périurbaine de plaine en Europe.

Les deux auteurs retracent l'histoire de cette forêt domaniale (ONF) à forte charge symbolique. Ils décrivent les polémiques qui placèrent périodiquement ce massif forestier au c_ur de virulents débats de société portant sur la finalité de sa gestion : doit-elle être d'abord productive, utilitaire ou principalement patrimoniale et durable ?

Le débat " Utilité ou Beauté ?" de la forêt initié dès les années 1800 par l'intervention des artistes peintres - école de Barbizon - et romantiques, a rebondi à l'époque contemporaine pour aboutir à une démarche de protection du massif forestier - 30 000ha - selon la loi forestière française.

Malgré ce nouveau statut un défi demeure : quel peut être l'équilibre entre la préservation d'un patrimoine naturel et culturel reconnu mondialement, son intense fréquentation touristique, et sa contribution au développement durable de la planète ?

Tirant les leçons de l'histoire singulière de la forêt de Fontainebleau et devant le constat d'une inéluctable " pression humaine ", les auteurs estiment que l'avenir dépend de l'importance accordée à une approche esthétique et culturelle et proposent de relier Fontainebleau à des expériences similaires en cours en France, au Canada et au Brésil. Ils remarquent les attentes écologiques de plus en plus affirmées du public et préconisent un rapport créatif entre les hommes et la forêt : par l'accueil repensé des visiteurs et leur sensibilisation au respect de la biosphère, par l'accès préservé du massif comme source d'émotions esthétiques, source de biodiversité naturelle, source de ce qui permet d'expérimenter la décisive question de la relation de l'homme avec la nature et dans la nature ... pour qu'un ré-enchantement du monde soit possible.


Introduction

La première partie retrace l'histoire de la forêt de Fontainebleau commune à de nombreuses forêts occidentales d'Europe. Cependant l'intervention spectaculaire des artistes romantiques au 19ème siècle provoque la création originale de séries " artistiques " pour préserver la nature, et au siècle suivant le massif est choisi comme berceau de l'UICN. L'aboutissement de cette évolution fait actuellement de Fontainebleau une réserve de biosphère selon l'Unesco et une forêt de protection selon le code forestier français.

La seconde partie propose une approche esthétique et culturelle pour mieux comprendre les enjeux de la forêt de Fontainebleau d'hier, d'aujourd'hui et de demain. Réserve d'imaginaire, la forêt joue un rôle symbolique qui influence le comportement de ses visiteurs en nombre croissant. Prenant acte de cette pression humaine et d'une attente sociale vis à vis de la nature sauvage, la discussion est orientée sur les potentialités d'une forêt périurbaine classée réserve de biosphère. Il est suggéré d'instaurer un rapport créatif entre les hommes et la nature : par exemple en rapprochant Fontainebleau d'expériences similaires en cours en France, au Canada et au Brésil.

1. La forêt de Bière, dite de Fontainebleau

1.1. Fontainebleau : "La fabrique de la forêt occidentale"

Les grottes et abris ornés de gravures attestent du séjour de l'homme de la préhistoire dans le massif de Fontainebleau. Les signes répertoriés, plus de mille, remontant au mésolithique, constituent le plus important des ensembles gravés de France après celui du Mont Bego dans les Alpes-Maritimes.

L'empreinte des rois : la plus évidente vient des têtes couronnées. Dès le XIème siècle, ce qui deviendra le Palais de Fontainebleau servira de résidence à presque tous les rois de France. A la renaissance, François Ier fait éclore le Palais (1527) avec de nombreux artistes Italiens et prend des ordonnances destinées à protéger les forêts royales. La forêt de Fontainebleau est alors recherchée pour son bois comme combustible ou pour la charpente, son grès pour la construction, son gibier pour la nourriture et surtout la chasse à courre.

Sylviculture, fille du siècle des lumières : partie d'Allemagne, elle gagna rapidement la France (1824). L'aménagement de la forêt de Fontainebleau prend forme sous la houlette d'un officier, 6 brigadiers et 29 gardes forestiers. La forêt, ses peuplements, sont objet de connaissance. L'approche scientifique s'élabore sous l'impulsion des naturalistes, Linné en tête, et prospérera au 19ème siècle (premier Guide Forestier : 1859).

1.2. L'entrée des artistes : après les Lumières, la réaction Romantique.

Littérairement, Senancour découvre la forêt de Fontainebleau et son œuvre majeure " Oberman " (1804) deviendra plus tard le bréviaire du romantisme, une sorte de manuel spirituel pour les "jeunes" de 1830, c'est à dire Alfred de Musset, George Sand, Mme de Staël et bien d'autres.

C'est à cette même période que des "barbouilleux", peintres en rupture avec Paris et les académies, viennent aux portes de la Forêt, à Barbizon. Théodore Rousseau le pionnier, suivis de dizaines d'autres, dont Jean-François Millet dont Van Gogh se réclamera incessamment  : "Millet c'est le père".

L'école de Barbizon était née.

1853 : Première mondiale ?

Réagissant aux coupes planifiées par l'administration forestière, certains artistes pensent qu'on a "poussé l'aménagement trop loin" avec la volonté de remplacer les " vides stériles " par des plantations de pins ; peintres et littérateurs, dont Victor-Hugo, protestent, pétitionnent à Paris, créent un "Comité de protection artistique de Fontainebleau" et plaident pour l'un des plus grands joyaux de la couronne, un véritable musée national. Un vrai combat entre forestiers et esthètes.

Leur lutte conduit en 1853 à la réunion d'une " Commission d'artistes et forestiers " qui retira de l'aménagement forestier 624 ha : première décision au monde de protection d'un site naturel, soit 19 années avant la création du célèbre Parc national de Yellowstone aux USA (1872). Suivra au plan juridique le décret impérial du 13 avril 1861 créant les "séries artistiques" s'élevant à 1097 hectares.

Une génération plus tard, Mallarmé, qui porta les enjeux de la poésie moderne en Europe à son plus haut point d'incandescence, viendra méditer sous les frondaisons "bellifontaines", attentif "aux menaces de l'administration et aux méfaits des bûcherons et des carriers ". Le prince incontesté des poètes, y mourra en 1898.

"Fontainebleau délices des poètes" : on n'en finirait pas de citer les poètes, les écrivains attirés, fascinés par le massif forestier de Fontainebleau, tel Oscar Milosz le franco-lituanien qui orienta la vie de Czeslaw Milosz son lointain cousin de Pologne , prix Nobel de littérature en 1980, ou bien Julien Gracq discret écrivain contemporain qui en parcourut les sentiers vagabonds...

1.3. Fontainebleau au XXème siècle : de la production à la protection, une longue marche.

De : "L'_il des nations ..." (1948)

Le massif de Fontainebleau est le lieu de fondation en 1948 de la première Union Internationale pour la Protection de la Nature (UIPN), qui deviendra en 1956 l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et à présent l'Union Mondiale pour la Nature. Le cinquantenaire de cette union a été célébré en 1998 par une plaque de bronze dite " l'_il des nations ", trace de la mémoire collective mondiale dans la forêt de Fontainebleau.

Malgré cet épisode marquant de la protection de la nature et du droit, les années soixante voient se développer le conflit des " quatre roues " contre la forêt bellifontaine outrageusement sanctionnée par la balafre autoroutière (1964), puis l'assaut des véhicules motorisés dans tout le massif.

Forêt de production ou de protection ? Dans les années 1980-1990 rebondit le débat noué à Fontainebleau deux siècles plus tôt : utilité ou beauté ? production ou préservation ?, avec l'entrée en scène des écos-guerriers, qui dénoncent les critères de production appliqués par l'administration forestière. L'opinion publique est désormais plus sensible à la question de la nature, et les scientifiques sont préoccupés par la préservation du patrimoine biologique exceptionnel du massif.

Les militants écologistes radicaux récusent la gestion drastique de la forêt, les brutales coupes à blanc, les reboisements en résineux et le comportement autiste de l'administration face à leurs arguments pour une autre sylviculture. Ils commettent de nombreuses déprédations, et répètent la geste inaugurale des artistes romantiques du 19ème siècle qui arrachaient des plants de pin sylvestre. Résultat : 6.500 plants de cèdre sont arrachés.

Ils obtiennent de prestigieuses signatures dans leur comité de soutien : Théodore Monod, Hubert Reeves, Henri Laborit, Eugène Ionesco, au total 6 prix Nobel et 65 académiciens. Cependant l'épisode Romantique de 1853 ne se répétera pas. Les écos-guerriers font de la prison préventive, puis sont condamnés en 1996 par les tribunaux en raison de leurs méthodes radicales qui les isolent de tout soutien dans l'opinion publique et dans les partis politiques.

... à  " la réserve de biosphère " (1998) et " la forêt de protection " (2002)

Dans ce contexte passionnel, après deux générations de débats et d'évolution, le statut de la forêt de Fontainebleau âprement débattu, aboutit en deux étapes : d'abord en 1998, le massif est reconnu comme "réserve de biosphère" par l'UNESCO (10ème réserve de biosphère française), puis, par décret en mars 2002, il est classé en "forêt de protection" au titre du Code forestier français avec la constitution d'un comité consultatif comprenant des associations d'usagers du massif.

La vocation de Fontainebleau est à présent clairement orientée par une démarche de protection : " la zone centrale " composée des " réserves biologiques intégrales ou dirigées " est sous protection forte, tandis que la forêt domaniale constitue l'essentiel d'une " zone tampon " protégée où l'homme peut exercer des activités raisonnées (30 000 ha), complétée par une aire périphérique de " transition " (45 000ha) sur 65 communes et constituée par le parc naturel du Gâtinais. Dans cette zone, l'association des " Maisons du bornage " forme un réseau intercommunal pour redéployer la fréquentation des visiteurs de la forêt qui fragilisent des sites surfréquentés. Son but est de valoriser l'arrière pays, en faisant découvrir au public les villages à sa lisière.

2. Fontainebleau : "réserve de l'imaginaire" - Importance de l'approche esthétique et culturelle : liens entre homme et nature.

La forêt de Fontainebleau est une " réserve de l'imaginaire " au sens donné par Harrison (1992). La variété et la richesse de sa faune, de sa flore, de ses peuplements et de ses paysages en font un patrimoine biologique, esthétique et culturel irremplaçable de réputation mondiale. Soumise à forte charge symbolique, elle déchaîne les passions, elle est mémoire culturelle propice aux légendes, aux débats de société et débats écologiques qui la traversent périodiquement et dont la portée internationale n'est jamais absente.

" L'art c'est le regard arriéré qui ... "

L'approche esthétique et culturelle peut-être définie par celle du philosophe Alain Finkielkraut (2000) : " L'art c'est le regard arriéré qui dans les vaches voit les vaches, pas seulement le beefsteak, et dans les arbres, les arbres et pas seulement le bois. L'art consiste à ne pas laisser la nature se dissoudre en moyens de production, en objet de consommation ou en symboles mathématiques ".

Un regard " arriéré " ne veut pas dire retardé. C'est un regard imaginaire opposé au quantifiable, au numérique, en prise directe avec le débat inauguré deux siècles plus tôt à Fontainebleau pour sauvegarder l'inestimable forêt. Un salutaire rappel de la nécessité de croiser les regards des " géomètres " et des " saltimbanques " qui arpentent la forêt.

L'homme a toujours regardé l'arbre comme " colonne universelle qui soutient toutes les choses ". Autrement dit l'arbre est le microcosme de la forêt, elle même archétype de la nature. La vision ou la représentation qu'ont les citadins d'Ile de France de la forêt de Fontainebleau, soit dix millions de franciliens, sont d'une grande importance sur leur comportement et leur influence pour la préservation de cette forêt.

Du côté des origines ... retour à la forêt naturelle ?

Avant les années 1970, le public des " trente glorieuses ", telles des fourmis motorisées, se satisfaisait d'assez peu en Ile de France, et utilisait la forêt pour déposer un vieux matelas ou une cuisinière.

Après les années 1970, s'esquisse un retour à la nature qui ne se démentira plus et deviendra massif. Une récente étude (2001) pour la région Ile-de-France apporte un utile éclairage : en 30 ans la progression de la fréquentation serait de 60% dans l'espace forestier ouvert au public, la forêt de Fontainebleau étant citée comme l'archétype de la forêt de loisirs, avec un flux de 15 millions de visiteurs annuels toujours répartis pour les 2/3 sur le week-end, et une moyenne de sortie en forêt de 2 heures. L'étude relève parmi le grand public deux imaginaires : " le plaisir esthétique du paysage naturel " (type Fontainebleau) et le " parc forestier " à la fonctionnalité rassurante par son aménagement qui favorise des activités de défoulement physique et sécurise le promeneur. A Fontainebleau, ces deux imaginaires coexistent et se superposent parmi le public qui fréquente la forêt, tandis que la perception des espaces naturels s'aiguise et se répand. L'écologie a changé le regard porté sur la nature.

Ou retour à la forêt primitive ?

L'attraction de la forêt de Fontainebleau, forêt de symboles s'il en est, rejoint les grands mythes de la forêt primaire ou primitive qui inspire à la fois l'effroi et le respect (Schnitzler 2002).

L'effet de bulle : selon Caillois (1978), le citadin des mégapoles baigne dans un environnement de plus en plus technicisé qui l'isole. L'effet de bulle s'intensifie, l'homme ne connaît que par "des hublots" l'univers vierge dont il est issue, et il y a lieu de s'alarmer de la situation de "cocon" où l'homme est désormais accoutumé à vivre sans se souvenir qu'il procède de la nature, de la "glaise originelle". En réaction à cet effet de bulle, se manifestent des tentatives de sortie individuelle ou en masse de la société urbaine, par des recherches de la " terre vierge " ou des " oasis sauvages ".

Une véritable attente sociale vis à vis de la nature sauvage existe, alimentée par des auteurs-précurseurs : " le salut du monde passe par l'état sauvage " (Thoreau 1854), ou l'image mentale de la terre (Léopold 1948). L'imaginaire mental d'auteurs français contemporains nourrit cette attente par une riche évocation de la " sylve hercynienne ", " où passe encore le souffle des solitudes barbares " (Gracq 1974). On pourrait lire ainsi les pages de Lieuthagi (2000) sur la forêt de Fontainebleau : " Qu'avons nous à faire ici ? ", écrites pour faire rêver à un état de nature où l'homme pressé ne mérite pas sa place, ni même " les peintres de Barbizon et autres canotiers " qui inventèrent, à ses yeux, la forêt promenade. Texte abrupt exprimant une sorte de " deep-écology ", un refus de toute forme d'anthropocentrisme, une approche de la théorie de la résistance à l'impact de l'homme mécanisé, espèce passagère, d'un monde qui a commencé sans l'homme et qui s'achèvera sans lui (Lévi-Strauss 1955).

L'appel des déserts : fruit d'une histoire géologique originale, Fontainebleau jouit en outre d'un pouvoir d'attraction unique en France. Ses plaines sableuses ou ses chaos de grès évoquent irrésistiblement des " déserts tempérés" signalés dès le moyen-âge par le roi St Louis (1240). Visibles, ces paysages de landes, reliquats de la forêt primaire, contribuent toujours à la renommée du massif et à favoriser l'émotion esthétique. " Ces déserts de sable tapissés de bruyères " sont très recherchés pour leur nudité sauvage, métaphore de l'espace libre aux frontières incertaines du connu, d'un possible terrain pour l'aventure de l'esprit.

La tendance actuelle des gestionnaires forestiers (Office National des Forêts) est de préserver ces paysages des " origines " par des techniques paysagères. Le choix d'une sylviculture proche de la nature n'est malgré tout pas encore acquis en forêt domaniale comme en forêt privée.

Discussion

Pression humaine ou pression culturelle ?

L'avenir durable de Fontainebleau forêt péri-urbaine semble mal assuré lorsqu'on fait le lien entre les taux de fréquentation du public et les dégradations observées dans le massif à divers égards. En outre le bilan des dernières décennies ne porte pas à l'optimisme.

Toutefois nous pensons que le nouveau statut du massif de Fontainebleau favorisera l'approche écologique par le grand public d'une forêt désormais labellisée " réserve de biosphère " et reconnue " forêt de protection " (Glass 2001). Ce public deviendra de plus en plus exigeant en ce qui concerne la conservation du patrimoine naturel et culturel exceptionnel qu'elle représente. Les visiteurs, mieux orientés et mieux sensibilisés, seront majoritairement intéressés par la conservation de la nature, comme c'est le cas pour d'autres forêts péri-urbaines d'Europe.

Mais nous pensons aussi que " la réserve d'imaginaire " de Fontainebleau est loin d'être épuisée. Elle nourrit les perceptions émergentes d'un public néo-urbain qui intègre des attentes liées à une conscience écologique plus globalisée. Si la majorité des français pense, à tort, que l'espace forestier national est en régression alors qu'il est en expansion, il n'en reste pas moins que le public perçoit confusément un recul de la nature sur tous les fronts.

La technosphère, depuis les années quatre-vingt, n'a cessé de s'étendre dans les sociétés européennes morcelées et bien au delà, en s'appuyant d'une part sur une réalité de plus en plus virtuelle, et en gaspillant d'autre part ce qu'il subsiste de ressources naturelles, de la faune et de la flore selon " une dynamique de la démence clairvoyante" (Steiner 2002).

Sans prétendre trancher le débat sur l'anthropocentrisme, nous constatons que l'idée de nature durablement préservée, le rêve possible d'une forêt des origines, suscitent un ascendant, un magnétisme ou un choc esthétique vérifiables quelques soient les générations et les groupes sociaux qui fréquentent le massif de Fontainebleau.

Pour ces raisons, beaucoup de citadins continueront d'y éprouver une expérience, une rencontre directe avec la nature et les analogies primordiales qu'elle provoque : découverte des lois naturelles de la flore et de la faune, du rythme des saisons, des cycles sylvigénétiques, et, par suite, la place possible des hommes dans cette forêt, paradigme de l'homme dans la nature. Nous pensons que dans ce rapport créatif se trouvent les potentialités d'un massif péri-urbain réserve mondiale de biosphère. En recherchant par exemple une coopération avec des sites forestiers ailleurs sur la planète qui développent un partenariat actif comme : Clayaquot Community Forest Centre en Colombie Britannique (Canada), le Programme de Développement Durable de l'Etat d'Amapa au Brésil ( Joao Alberto Capibéribé), la forêt Rhénane et le Conservatoire des Sites Alsaciens, les forêts Méditerranéennes et le littoral Aquitain en France.

Conclusion : ré-enchanter le monde ?

Fontainebleau est une forêt péri-urbaine de création très ancienne et fortement anthropisée.

Mais l'homme doit se rappeler qu'il est son hôte : par un comportement moins arrogant et plus écologique, il pourrait concilier esprit de géométrie et émotion esthétique. Utilité et beauté. Une conciliation basée sur le respect réel de la biosphère, idée neuve pour les civilisations technologiques et déjà présente chez les peuples sans écriture. Au seuil d'un nouveau siècle, comme Senancour en 1804, osons la question de l'espoir : " Au milieu du grand jeu du monde, cherchons un autre partage ".

La forêt de Fontainebleau, patrimoine naturel mondial, ne peut devenir un sanctuaire desséché ou amoindri. Elle doit devenir ce qu'elle est, une œuvre à ciel ouvert, un grand livre vivant de l'histoire du vivant où les hommes peuvent lire les empreintes fertiles de leur histoire et les signes d'un cheminement à venir. Un livre de nature où l'écrivain italien Erri de Luca puise la poésie d'une réconciliation finale :

" Je monte sur la passerelle,
je ne pense à personne,
je suis la dernière feuille de l'arbre
et je me détache sans être poussé "

Bibliographie

Caillois, R., 1978. Le fleuve alphée. Gallimard

Capibéribé J.A., 2002 Communication au congrès forestier mondial de Québec sur le Programme de Développement Durable (PDSA) de l'Amapa Brésil

Clayaquot Community Forest Centre, 2002 Central Westcoats Forest Society, Ucluelet, BC Canada.

Erri de Luca, 2001 Trois Chevaux. Gallimard

Favennec, J., 2002 Connaissance et gestion durable des dunes de la côte Aquitaine. Ed. Onf. Les dossiers forestiers n°11

Glass, B., 2001 Un projet territorial, patrimonial et partagé pour le massif de fontainebleau.

Ministère de l'Environnement, Paris

Gracq, J., 1974 Lettrines. J. Corti, Paris

Guéant, J.J., 1995 Milosz et Mallarmé à Fontainebleau. Revue La Grappe. Le Mée s/seine

Harrison, R., 1992 Forêts. Essai sur l'imaginaire occidental. Flammarion

Lacoumette, G., 1999 Forêt du Rhin. Guide des réserves naturelles rhénanes. Conservatoire des Sites Rhénans

Leopold, A., 1949 Almanach d'un comté des sables. GF Flammarion

Lévi-Strauss, C., 1955 Tristes tropiques. Plon

Lieutaghi, P., 2000 Lisières du temps. Filigranes éditions. Trézélan

Lindeckert, R., 1969 Recherche sur l'étude de la récréation en forêt. Revue forestière française XXI

Milocheau, F., 2000 Fontainebleau forêt fantastique. Ed. La Renaissance du Livre. Tournai

Montgolfier (de) J., 2002 Les espaces boisés méditerranéens - situation et perspectives - Ed. Economica - Paris - collection: les fascicules du Plan Bleu n° 12
Schnitzler, A., 2002 Ecologie naturelle des forêts d'Europe. Ed. Tec et Doc. Paris

Senancour, 1804 Oberman. Livre de poche

Steiner, G., 2002 Grammaires de la création. Gallimard


1 47, allée J.J. Rousseau 77 350 Le Mée sur seine -France
33(0)1 64 52 89 98 [email protected]
Ingénieur de l'école Forestière des Barres Nogent sur Vernisson- France (1963)
Inspecteur du Travail (1977)
A fait sa carrière sociale dans le secteur public et syndical en France et à Bruxelles (Confédération Européenne des Syndicats). Fréquente la forêt de Fontainebleau depuis 1960.

2 2 rue Baduel 30000 Nîmes France
33(0)4 66 87 22 57 [email protected]
Ingénieur de l'école Forestière des Barres Nogent sur Vernisson- France (1964)
Maîtrise en Sciences Forestières Université Laval Québec-Canada (1970)
A fait sa carrière forestière en France dans le secteur public et au Canada.