ARC/02/INF/7


 

CONFÉRENCE RÉGIONALE DE LA FAO POUR L'AFRIQUE

VINGT-DEUXIÈME SESSION

Le Caire (Égypte), 4 - 8 février 2002

DÉVELOPPEMENT RURAL DURABLE ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE: RÔLE DE LA MISE EN VALEUR DES MONTAGNES EN AFRIQUE

Table des matières


INTRODUCTION

La diversité des écosystèmes montagnards
L'importance des montagnes africaines

LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LES ZONES DE MONTAGNE

   LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Utilisation des ressources montagnardes et sécurité alimentaire

ÉLEVAGE

PRODUCTION VÉGÉTALE

PÊCHE

FORESTERIE

TOURISME

HYDROÉLECTRICITÉ

MONTAGNES ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DES POPULATIONS DE PLAINE

L'eau et la sécurité alimentaire en aval
Utilisation des ressources de la montagne par les communautés des plaines

Le fouta djallon - château d'eau de l'Afrique occidentale

POTENTIEL, CONTRAINTES ET VULNÉRABILITÉ

   POTENTIEL

CONTRAINTES

INTENSIFICATION DE L'AGRICULTURE ET DÉCLIN DE LA FERTILITÉ
DU SOL

L'ÉROSION DU SOL

Déclin des rendements et augmentation de la population

COMMENT ACCROÎTRE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Lever les contraintes qui limitent la production
Réseaux de recherche et d'échange d'information

RÉSEAU DE RECHERCHE

RÉSEAU D'ÉCHANGE D'INFORMATION

L'Année internationale de la montagne - un espoir pour les régions montagneuses d'Afrique

COORDINATION DES PRÉPARATIFS DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA MONTAGNE

COMMUNICATION

MOBILISATION DE L'ACTION NATIONALE

LIENS ENTRE L'ANNÉE INTERNATIONALE DE L'ÉCOTOURISME ET L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA MONTAGNE


 

INTRODUCTION

1. Les massifs de montagne sont dispersés sur l'ensemble du continent africain, les plus grands se trouvant à l'est. Les chaînes les plus connues sont celles du nord-ouest du continent, en Algérie et au Maroc (les monts Atlas) et les hauts plateaux du Sahara. En Afrique occidentale, on peut mentionner le Fouta Djallon et le mont Nimba en République de Guinée, les plateaux d'Adamawa au Nigéria, et les îles du Cap-Vert. En Afrique centrale, on trouve notamment le mont Cameroon et le mont Febe ainsi que les zones montagneuses de la République démocratique du Congo (RDC). En Afrique australe, il y a les montagnes plissées de Drakensberg à proximité du Cap, les Table Mountains, les Soutpansbeg Mountains, et le Thabana Ntlenyana (mont Lesotho). En Afrique orientale se trouvent les hauts plateaux de l'est et leurs montagnes, le Ras Daschan, l'Abune Yosef, le Choke et le Guge en Éthiopie, le mont Kenya, l'Aberdare et les Cherangani Hills au Kenya, le mont Kilimandjaro et l'Usambara en Tanzanie et enfin, le mont Elgon et le Ruwenzori en Ouganda. Il y a en outre des chaînes et plateaux de dimensions plus modestes, par exemple au Rwanda, au Burundi et à Madagascar, berceaux d'une grande diversité biologique et d'un patrimoine culturel important.

La diversité des écosystèmes montagnards

2. En altitude, l'évapotranspiration est moins importante en raison du fait qu'il fait moins chaud et que la saison sèche d'été dure moins longtemps. Les environnements montagnards sont donc plus favorables à l'agriculture, à l'élevage et au captage de l'eau. En Afrique du Nord, les zones montagneuses du Maroc ont un potentiel plus élevé que les plaines environnantes en raison d'une pluviométrie assez élevée et de la présence d'eaux souterraines ou de surface que les communautés locales peuvent exploiter et qui stimulent la production de biomasse (Bencherifa, 1990).

3. Dans la zone équatoriale, des montagnes telles que le mont Kenya, le Kilimandjaro, le mont Cameroon et le Fouta Djallon offrent un environnement particulièrement favorable à la production végétale entre 920 et 3 000 à 3 500 mètres d'altitude. À ces altitudes, on trouve des forêts et des terres boisées de montagne très diverses. Au-dessus commence la zone sub-alpine (landes), dominée par Philippia, Anthospermum, Artemisia et Stoebe, la zone alpine où se trouvent des alpages dominés par Helichrysum, et enfin le désert alpin surmonté par les masses rocheuses et glacières sans végétation.

4. Les montagnes de l'Afrique australe (Drakensberg, Chimanimani, Inyanga, Mulanje, Thabana Ntlenyana) ont un climat frais, humide et brumeux et sont donc des aires de captage de l'eau à grand rendement. On y trouve des ceintures de végétation sub-alpine et alpine d'Afrique au-dessus de 2 000 à 2 200 mètres d'altitude et la principale végétation de ces zones écologiquement sensibles est composée d'herbage et de landes sub-alpines et alpines. En raison d'un climat caractérisé par des périodes de gel qui durent plus de cinq mois, des chutes de neige épisodiques et de fortes tempêtes, l'occupation permanente par l'homme est difficile, mais cela n'empêche pas l'emprise humaine de s'élargir.

5. Les zones de montagne sont très diverses à plusieurs égards:

L'importance des montagnes africaines

6. Aux latitudes tropicales et sub-tropicales, les montagnes ont un environnement plus favorable et un potentiel plus grand que les plaines avoisinantes. Les cartes démographiques des pays tropicaux montrent de façon générale que les établissements humains ruraux sont très concentrés à proximité des montagnes, où les conditions de vie sont relativement favorables et les sols assez fertiles. En 1986, 95% des terres régulièrement cultivées d'Éthiopie étaient situées dans les zones de montagne et c'est dans ces zones que se faisaient 90% de l'activité économique du pays et que vivaient 88% des 42 millions d'habitants et 67% des 70 millions d'animaux d'élevage. D'après les estimations démographiques de 1994, la proportion de la population vivant dans les zones de montagne était de 81% en Éthiopie, 64% au Kenya et 37% à Madagascar. Les montagnes ont aussi une grande importance environnementale et socio-économique.

7. Sur le plan environnemental:

8. Sur le plan socio-économique:

LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DANS LES ZONES DE MONTAGNE

LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

9. Aux fins du présent document, nous entendons par sécurité alimentaire la capacité de répondre aux besoins des ménages par la production locale de vivres ou par la vente de produits et de services liés à la montagne, ce qui permet d'acheter la nourriture et les autres biens dont les ménages ont besoin. Par conséquent, pour analyser la sécurité alimentaire dans les montagnes et les plaines avoisinantes, nous tiendrons compte de l'ensemble des services et produits provenant de la montagne dont les communautés qui vivent dans ces régions tirent leurs moyens d'existence.

Utilisation des ressources montagnardes et sécurité alimentaire

10. Différents types de communautés ont occupé différentes niches écologiques, ce qui a conduit à l'apparition de cultures et de modes de vie très différents les uns des autres (communautés de chasseurs-cueilleurs en altitude, communautés agro-pastorales sur les pentes et les plateaux, communautés agro-pastorales des piémonts, pasteurs nomades des plateaux et des plaines). Traditionnellement, ces communautés étaient très autonomes et ne dépendaient guère du commerce avec l'extérieur. Le développement des communications, l'accroissement de la population et la raréfaction des ressources ont provoqué des migrations et modifié les modes de vie. La plupart des communautés montagnardes vivent directement ou indirectement de produits et services provenant des montagnes. La sécurité alimentaire de ces communautés dépend donc de la nourriture et des revenus que procurent l'élevage, la production végétale, la foresterie, le tourisme et l'hydroélectricité.

ÉLEVAGE

11. L'élevage apporte une contribution majeure à la sécurité alimentaire des communautés de montagne. Sur les hauts plateaux d'Éthiopie, quelque 50 millions d'animaux sont élevés en altitude. L'élevage contribue à la sécurité alimentaire du fait qu'il fournit des produits pouvant être vendus (viande, lait et cuir) et des engrais organiques. Les pâturages alpins et sub-alpins du Lesotho sont de plus en plus exploités, ce qui est dû essentiellement à la pression démographique sur le plateau. Cela signifie que les communautés dépendent des zones sub-alpines et alpines pour améliorer leur sécurité alimentaire.

PRODUCTION VÉGÉTALE

12. La production végétale, là où les conditions s'y prêtent, en particulier sur les hauts plateaux d'Afrique orientale et australe, couvre plus de 80% des besoins alimentaires. Dans les montagnes de la ceinture équatoriale, on produit essentiellement du thé, du café, des ananas, du maïs, de l'orge, du blé, du tef, du riz, du manioc, du pyrèthre et des légumes. En temps normal, la plupart des familles peuvent vivre d'une exploitation qui fait en moyenne moins de 2 hectares.

PÊCHE

13. La pêche, en particulier dans la partie amont des torrents de montagne, n'est pas très pratiquée, mais elle pourrait beaucoup contribuer à la sécurité alimentaire. Sur les pentes occidentales du mont Kenya, les eaux de source qui sont à la bonne température sont exploitées pour l'élevage de truites.

FORESTERIE

14. Bois de feu et charbon de bois: Grâce à un climat favorable, les zones de montagne des Tropiques ont une production de biomasse très élevée, et sont donc des sources importantes de bois de feu et de charbon de bois, lesquels représentent 50 à 80% de l'utilisation totale du bois. Dans de nombreux endroits, le ramassage de bois de feu, même s'il ne détruit pas complètement les forêts et les zones boisées, les appauvrit considérablement et modifie l'habitat car les communautés emploient en priorité certaines essences. Toutefois, la principale cause de la dégradation des ressources forestières est la production de charbon de bois.

15. L'agriculture sur brûlis: L'agriculture sur brûlis, expression qui inclut différentes pratiques, notamment la culture itinérante entrecoupée de jachères de durée plus ou moins longue, est pratiquée par certains des groupes les plus pauvres et les plus marginalisés. Tant que la densité démographique était faible et les terres abondantes, cette forme d'agriculture était une solution respectueuse de l'environnement et économiquement viable pour cultiver des plantes alimentaires sur des sols tropicaux fragiles. En général, les familles qui pratiquent cette agriculture cultivent moins de 2 hectares chaque année et plantent essentiellement du maïs, des haricots, du manioc, des bananes plantain et du riz d'altitude, selon la région. Les cultures secondaires sont notamment le café, le cacao, les agrumes et autres fruits, et les agriculteurs possèdent parfois quelques têtes de bétail. Toutefois, avec l'augmentation de la population et la raréfaction des terres, la culture est devenue de plus en plus intensive, si bien qu'elle dégrade l'environnement et que son rendement économique diminue. Dans de nombreuses régions, les techniques d'agroforesterie offrent une solution viable.

16. Pâturage en forêts: Traditionnellement, les forêts sont employées comme pâturages en saison sèche. Toutefois, en raison de l'accroissement de la population humaine et animale et de la dégradation des pâturages traditionnels, la pression sur les zones de pâturage de saison sèche augmente même durant la saison des pluies. Lorsque le cheptel est trop important par rapport au fourrage que peuvent fournir les forêts, ces dernières sont dégradées, c'est-à-dire que la diversité des espèces s'appauvrit et la qualité de l'écosystème se détériore.

TOURISME

17. Dans les zones de montagne d'Afrique, de vastes étendues ont été transformées en parcs nationaux ou en réserves en raison de leur beauté ou pour protéger la faune et la flore menacées d'extinction. Ces parcs et réserves sont des destinations touristiques importantes, en particulier au Kenya, en Afrique du Sud, en Éthiopie, en Tanzanie, en Ouganda et au Rwanda. Ils contribuent aussi à la sécurité alimentaire en créant des emplois et, dans certains cas, au moyen de programmes de partage des recettes avec les communautés locales.

HYDROÉLECTRICITÉ

18. En raison du débit important des cours d'eau de montagne et d'un gradient favorable, il est possible d'installer des petites centrales hydroélectriques. Cette ressource est encore peu exploitée mais pourrait contribuer à accroître les revenus des populations locales, ce qui devrait améliorer leur sécurité alimentaire.

MONTAGNES ET SÉCURITÉ ALIMENTAIRE DES POPULATIONS DE PLAINE

L'eau et la sécurité alimentaire en aval

19. L'eau provenant des montagnes est essentielle pour la survie des communautés vivant dans les plaines. Les grands projets d'irrigation ont besoin de l'eau captée par les montagnes. Les réseaux d'irrigation du Soudan et de l'Égypte montrent bien l'importance des bassins versants de montagne pour les communautés vivant dans les plaines.

Utilisation des ressources de la montagne par les communautés des plaines

20. Dans certaines zones de montagne, les communautés vivant dans les plaines font paître leurs animaux dans les montagnes en saison sèche. Les petits massifs, comme ceux du mont Marsabit et du mont Kulal dans les plaines du nord du Kenya, sont particulièrement utiles à cet égard.

Le fouta djallon - château d'eau de l'Afrique occidentale

21. Le massif du Fouta Djallon se trouve dans le centre de la République de Guinée et se prolonge sur les territoires de la Guinée-Bissau, du Mali, du Sénégal et de la Sierra Leone. Il constitue un ensemble d'écosystèmes de montagne dont l'altitude va de 500 à 1 300 mètres. Il est caractérisé par des paysages très divers et de très nombreux écosystèmes. C'est donc un habitat très important du point de vue de la biodiversité.

22. Le Fouta Djallon a une grande importance dans la région car il est la source de bon nombre des grands cours d'eau de l'Afrique de l'Ouest. Il y a un réseau hydrographique très dense (plus de 8 000 sources), comptant six grands fleuves (Niger, Sénégal, Gambie, Kaba, Kolante et Koliba) partagés par plusieurs pays de la sous-région. Ces cours d'eau représentent l'essentiel des eaux internationales de la sous-région et plus de 70% de l'eau qu'ils transportent proviennent du Fouta Djallon.

23. Ce massif est une des zones les plus densément peuplées d'Afrique de l'Ouest. Plus de 70% de sa population vivent dans les campagnes et leur principal moyen d'existence est l'agriculture. Le système agricole est caractérisé par l'agro-pastoralisme, la culture itinérante et la culture sur brûlis.

24. En raison de la pression démographique, de la dégradation des bassins versants, de la pauvreté et de l'absence d'autres moyens d'existence, les méthodes traditionnelles d'exploitation de la terre ne sont plus viables. L'environnement est de plus en plus menacé par la pression démographique et par des pratiques agricoles destructrices. Si l'on n'intervient pas, la détérioration du château d'eau de l'Afrique de l'Ouest continuera d'avoir des répercussions graves sur les pays situés en aval. Les menaces pour l'écosystème sont les suivantes:

POTENTIEL, CONTRAINTES ET VULNÉRABILITÉ

POTENTIEL

25. Pour accroître la production agricole et améliorer la sécurité alimentaire, on peut soit mettre en culture de nouvelles terres, soit intensifier les cultures. Dans la plupart des régions, toutes les terres qui s'y prêtent sont actuellement employées pour l'agriculture ou d'une autre façon, et dans ces conditions les possibilités d'expansion horizontale sont limitées. Toutefois, dans la plupart des zones la production agricole est inférieure à 40% du potentiel. D'après Grosjean et Messerli (1990), dans les zones montagneuses d'Afrique et dans les conditions actuelles, caractérisées par un faible apport d'intrants, l'absence d'irrigation et une production de subsistance, 73% du potentiel climatique de production végétale sont perdus en raison des contraintes d'utilisation du sol (55% de cette perte sont imputés à la nécessité de respecter des périodes de jachère et 18% à une dégradation irréversible du sol).

CONTRAINTES

INTENSIFICATION DE L'AGRICULTURE ET DÉCLIN DE LA FERTILITÉ DU SOL

26. En raison de l'accroissement de la population humaine et de la consommation par personne, il faut développer la production agricole, ce qu'on peut faire soit en mettant en culture de nouvelles terres, soit en intensifiant l'exploitation des terres déjà cultivées. Dans la plupart des cas, lorsque des terres sont disponibles, l'expansion des zones cultivées est la solution retenue en priorité car elle est moins coûteuse et accroît la quantité de terres disponibles. Pour les paysans pauvres et démunis, l'intensification pose des problèmes car elle exige beaucoup d'intrants. La libéralisation des marchés est défavorable à l'intensification car les intrants sont coûteux.

27. L'intensification de l'agriculture entraîne de fortes pressions sur les ressources pédologiques, en particulier dans les zones où il y a deux saisons de pluie, ce qui permet de faire deux récoltes par an. Cette pratique des doubles récoltes et les mesures de conservation du sol et de l'eau (irrigation ou arrosage) accroissent le risque d'épuisement des nutriments qui restent encore dans le sol. Le problème est aggravé par le fait que les engrais chimiques sont hors de prix et que l'apport de nutriments au moyen d'engrais organiques demande beaucoup de main-d'œuvre.

L'ÉROSION DU SOL

28. D'après Hurni (1990), les conditions climatiques et écologiques favorables des montagnes d'Éthiopie ont permis le développement des premiers systèmes agricoles. Peu à peu, l'agriculture s'est étendue, sur des pentes plus raides qui ont été défrichées. La mise en culture de ces écosystèmes fragiles a entraîné une destruction progressive des ressources pédologiques et le processus de dégradation se poursuit encore dans certaines zones.

29. On a signalé une forte érosion du sol dans différentes zones des montagnes d'Afrique. Dans une évaluation de l'érosion du sol, Hurni indique qu'en Éthiopie, le sol perd en moyenne 12 t de matière /ha/an, le taux d'érosion variant en fonction du couvert.

Déclin des rendements et augmentation de la population

30. La productivité de la terre diminue en raison a) de la dégradation des sols, c'est-à-dire du fait que le sol n'est plus capable de nourrir la végétation en raison de l'érosion et de l'épuisement des nutriments, de la pollution par les pesticides, des pluies acides, du tassement et de la formation de croûtes; b) de la dégradation des ressources hydriques (épuisement des eaux souterraines, baisse de la qualité de l'eau, envasement des réservoirs, aggravation du ruissellement et des crues subites, inondations); c) de la dégradation des ressources végétales (perte de biodiversité, réduction de la biomasse et de la valeur nutritive, appauvrissement du couvert végétal, ralentissement de la croissance, maladies); et d) de la dégradation des ressources animales (surpâturage, sous-alimentation, maladies animales, disparition de certaines espèces, etc.).

31. Il y a en outre de nombreux problèmes socio-économiques: a) pauvreté massive, marginalisation et précarité; b) conflits autour de l'emploi des ressources naturelles; c) disparités socio-économiques et socio-culturelles qui rendent difficile le règlement des conflits et aggravent les inégalités de pouvoir; d) densification de la population dans certaines zones et dispersion de la population dans les zones les plus isolées, ce qui se traduit par des coûts de transaction élevés; e) faible productivité de la terre due à des contraintes environnementales (insuffisance des pluies, températures trop basses, sols peu fertiles), à la dégradation des sols sous l'action de l'homme et à l'insuffisance des apports d'intrants (engrais et produits phytoprotecteurs), et mauvaise gestion des récoltes; f) insuffisance des prix sortie exploitation en raison de l'éloignement des marchés, du manque d'infrastructures de transport, du coût élevé du transport et de du pouvoir excessif des intermédiaires et des négociants; g) productivité suboptimale et systèmes d'utilisation des terres inadaptés, et inégalité de la répartition des ressources naturelles et de l'accès à ces ressources.

32. L'insécurité alimentaire dans les montagnes et sur les hauts plateaux est due à l'augmentation de la population, au déclin de la productivité du sol, au fait que des terres sont affectées à des cultures de rente et à l'insuffisance du prix payé pour les produits agricoles. Face à cette insécurité, les utilisateurs de la terre, qui n'ont guère de choix, considèrent les forêts et les terres humides comme une solution à court terme. Cette tendance est favorisée par les contraintes suivantes:

COMMENT ACCROÎTRE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Lever les contraintes qui limitent la production

33. La production vivrière de l'Afrique est très faible par rapport à celle des autres régions du monde. Pour remédier à ce problème, il faut:

Réseaux de recherche et d'échange d'information

34. La création de réseaux de recherche et d'échange d'information offre de nouvelles possibilités de lutter contre les obstacles et de tirer parti des possibilités mentionnées plus haut. Il faut espérer que l'Année internationale de la montagne contribuera à susciter des initiatives dans ce domaine.

RÉSEAU DE RECHERCHE

35. L'African Highlands Initiative, programme de recherche appliquée employant une approche écorégionale, est un bon exemple de réseau de recherche appliquée. Son objectif global est d'aider les communautés des hautes terres très peuplées et intensivement cultivées d'Afrique orientale et centrale à lutter contre la pauvreté qui est due à la dégradation des sols, en faisant connaître des systèmes durables de production agricole et de gestion des ressources naturelles. Le réseau cherche à aider les paysans à préserver une productivité minimum des terres en employant des intrants abordables et disponibles dans la région, et à promouvoir une approche communautaire de la conservation des ressources naturelles.

RÉSEAU D'ÉCHANGE D'INFORMATION

36. Le réseau Mountain Forum Africa est un réseau panafricain d'échange d'informations sur le développement durable des zones de montagne. Il part du principe qu'il existe un énorme réservoir de connaissances qui ne sont pas très diffusées et que les membres sont prêts à partager leurs connaissances et leur savoir-faire et en sont capables.

L'Année internationale de la montagne - un espoir pour les régions montagneuses d'Afrique

37. Le fait que l'Assemblée générale des Nations Unies ait décidé de proclamer l'année 2002 Année internationale de la montagne offre de nouveaux espoirs aux régions montagneuses d'Afrique. Dans le cadre général qui vise à promouvoir un développement durable des régions de montagne pour assurer le bien-être de leurs populations, les objectifs spécifiques de l'Année internationale de la montagne sont les suivants:

COORDINATION DES PRÉPARATIFS DE L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA MONTAGNE

38. La FAO a été invitée à jouer le rôle de chef de file pour l'Année internationale de la montagne et a entrepris de préparer et de coordonner cet événement. Un groupe de coordination de l'Année internationale de la montagne a été créé au Département des forêts, au siège de la FAO. On a embauché du personnel, rémunéré essentiellement au moyen de ressources extrabudgétaires, pour lui confier les diverses tâches qu'implique ce travail.

COMMUNICATION

39. Des outils de communication, qui visent à appuyer et à orienter la participation des pays, comprenant notamment des dossiers d'information et de promotion, ont été mis au point et sont distribués à un large éventail de partenaires, dont les comités nationaux de l'Année internationale de la montagne. Le groupe de coordination créé par la FAO a diffusé l'emblème officiel de l'Année et autorisé son utilisation publique, et d'autre part le site Web www.mountains2002.org a été perfectionné et existe aujourd'hui en anglais, en français et en espagnol. On cherche à créer de nouvelles versions linguistiques au moyen d'une coopération bilatérale. Le mot d'ordre officiel de l'Année internationale, « Nous sommes tous des montagnards », peut être employé librement.

40. Comme l'un des principaux objectifs de l'Année internationale de la montagne sera de sensibiliser les gens aux problèmes des montagnes, le groupe de coordination a établi un plan de communication qui définit la stratégie globale de sensibilisation, de promotion et de mobilisation autour de l'Année internationale de la montagne. Ce plan définit les audiences principales, les messages essentiels et les moyens et les occasions d'informer par le biais d'une vaste campagne de sensibilisation. Il est mis à la disposition de toutes sortes d'utilisateurs éventuels et notamment de tous les comités nationaux.

MOBILISATION DE L'ACTION NATIONALE

41. Les principaux événements prévus pour l'Année internationale de la montagne sont des événements nationaux. On prévoit de nombreuses manifestations mondiales et régionales, mais la sensibilisation et la mobilisation des intéressés à l'échelon national sont considérées comme la clé du succès à long terme, particulièrement pour ce qui est d'obtenir une action suivie en matière de mise en valeur et de conservation des régions de montagne. En octobre 2001, 38 pays avaient déjà créé ou étaient sur le point de créer un comité national responsable des activités préparatoires et de la célébration de l'Année; 53 pays avaient créé un centre de liaison et, pour ce qui est de l'Afrique, le Bénin, le Burundi, l'Éthiopie, le Gabon, la Guinée Conakry, Madagascar, Maurice, le Maroc, le Swaziland, la Tunisie et l'Ouganda ont déjà créé des comités nationaux. Grâce à des ressources extrabudgétaires, la FAO peut apporter une aide modeste (5 000 dollars) à chaque pays intéressé pour l'aider à célébrer l'Année sur le plan national.

LIENS ENTRE L'ANNÉE INTERNATIONALE DE L'ÉCOTOURISME ET L'ANNÉE INTERNATIONALE DE LA MONTAGNE

42. Comme 2002 sera simultanément Année internationale de la montagne et Année internationale de l'écotourisme (http://www.world-tourism.org/sustainable/iye-main-menu.htm), les pays membres du Comité des forêts, qui se sont réunis en mars 2001, ont invité la FAO à collaborer avec les organisateurs de l'Année internationale de l'écotourisme pour assurer une parfaite synchronisation. L'Organisation mondiale du tourisme (OMT) et le PNUE font fonction de co-chefs de file de l'Année internationale de l'écotourisme. Comme une grande partie des activités touristiques se déroulent dans des zones de montagne, la célébration simultanée de ces deux années internationales en 2002 offre une excellente occasion de s'associer pour sensibiliser le public et créer de nouvelles synergies. Un Sommet mondial de l'écotourisme se tiendra à Québec (Canada) en mai 2002.