PC 87/4 b)


Comité du Programme

Quatre-vingt-septième session

Rome, 6 - 10 mai 2002

ÉVALUATION DE LA COMPOSANTE SANTÉ ANIMALE DU PROGRAMME 2.1.3

Table des matières


Sommaire

I. Introduction

CONTEXTE

L'IMPORTANCE DE LA COOPÉRATION AVEC LES PAYS EN MATIÈRE DE SANTÉ ANIMALE

LE RÔLE DE LA FAO EN MATIÈRE DE SANTÉ ANIMALE

PORTÉE ET MÉTHODOLOGIE DE L'ÉVALUATION

Portée
Méthodologie

II. Tour d'horizon des activités en matière de santé animale

STRUCTURE DU PROGRAMME ORDINAIRE

RESSOURCES DU PROGRAMME ORDINAIRE

PROJETS DE TERRAIN

PCT
Projets hors PCT

III. Réalisations et résultats obtenus

EMPRES

Réalisations du programme
Activités de terrain

AUTRES SECTEURS DE LA SANTÉ ANIMALE

Maladies parasitaires
Services vétérinaires

Projets de terrain

IV. Effets et impact

V. Conclusions et recommandations

PRÉAMBULE

EMPRES

AUTRES ÉLÉMENTS DU PROGRAMME

Maîtrise écologique des maladies transmises par des insectes
Lutte intégrée contre les parasites et résistance aux médicaments

COORDINATION AVEC LES AUTRES INSTITUTIONS

ACTIVITÉS DE TERRAIN

Annexe 1

RAPPORT DU GROUPE D'EXPERTS CHARGÉ DE L'ÉVALUATION EXTÉRIEURE

Conclusions du Groupe d'experts
Recommandations

Annexe 2

RÉPONSE DE LA DIRECTION (DÉPARTEMENT DE L'AGRICULTURE)

Sigles


Sommaire

i) L'élevage est de tous les secteurs de l'agriculture celui dont l'importance croît le plus rapidement. Les animaux d'élevage sont particulièrement importants dans le monde en développement et contribuent aux moyens de subsistance de 70 pour cent des populations rurales pauvres de la planète. La durabilité de la production animale est fonction du maintien en bonne santé du cheptel, ce qui demande dans les pays en développement la plus grande vigilance à l'égard des maladies animales, endémiques et introduites. La FAO joue un rôle reconnu dans les activités en matière de santé animale et ses travaux dans ce domaine s'inscrivent de plus en plus souvent dans le cadre des objectifs plus généraux de l'Organisation, à savoir de réduire la pauvreté, d'assurer la sécurité alimentaire et de préserver les ressources naturelles. Depuis 1994, l'Organisation donne la priorité aux maladies transfrontières du bétail dans le cadre du Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES), tout en poursuivant ses travaux sur les maladies parasitaires, et notamment sur la trypanosomose.

ii) Les activités de la FAO en matière de santé animale ont fait l'objet d'un premier examen en 2001. La présente évaluation se concentre sur les travaux menés dans le cadre du Programme 2.1.3 (Élevage) entre 1995 et 2001, et en particulier sur les activités de terrain financées au titre du Programme de coopération technique (PCT).

iii) Le Service de la santé animale (AGAH) est responsable des activités de la FAO dans trois domaines: maladies infectieuses, maladies parasitaires et services vétérinaires. Pendant la période couverte par l'évaluation, quelque 45 pour cent du total des ressources du programme Élevage a été consacré à la santé animale durant chaque exercice biennal (soit près de 23,7 millions de dollars E.-U. en 1996-2001). Entre 1995 et 2000, environ 90 projets du PCT concernant la santé animale ont été approuvés, pour un montant total de 22,2 millions de dollars E.-U., ainsi que 17 projets non PCT, pour une valeur totale de quelque 28,5 millions de dollars E.-U., depuis 1995.

iv) Le programme EMPRES a obtenu d'importants résultats dans ses quatre principaux secteurs d'intervention, notamment avec le Programme mondial d'éradication de la peste bovine (PMEPB):

  1. Alerte rapide: un logiciel pour un Système d'information sur les maladies transfrontières des animaux (TADinfo) a été mis au point, puis adopté par divers pays pour leur base de données nationale sur les maladies animales. La mise en place de systèmes de surveillance des maladies a été encouragée, tandis que les pays ont été aidés à établir des systèmes d'alerte rapide. La constitution du Réseau régional de surveillance et de contrôle des maladies animales pour l'Afrique du Nord, le Proche-Orient et la Péninsule arabique (RADISCON) est le fruit d'un partenariat FAO/FIDA;
  2. Réponse rapide: plusieurs guides ont été préparés concernant la planification des mesures d'urgence et les bonnes pratiques de gestion des situations d'urgence, tandis que divers ateliers ont été organisés en Afrique, en Europe centrale et en Asie. Certains pays ont renforcé leurs plans d'intervention d'urgence;
  3. Recherche à vocation pratique: les travaux de recherche sur les maladies prioritaires et la mise au point de vaccins ont été encouragés. Une liste des laboratoires et autres instituts de référence existant dans le monde, permet à EMPRES et aux pays membres de localiser les sources d'appui technique et scientifique. Des capacités de diagnostic ont été introduites et renforcées dans les pays en développement;
  4. Coordination: le PMEPB a converti les différentes initiatives régionales d'éradication en un programme mondial offrant une capacité d'intervention rapide appréciable. Le Secrétariat du Programme a préparé un plan d'action pour la réalisation de l'objectif de l'éradication de la peste bovine au niveau mondial d'ici à 2010, et des résultats positifs, partiels ou complets, ont été obtenus en divers endroits; les fonds nécessaires pour la mise en œuvre de l'indispensable programme de vérification internationale de l'éradication de la maladie à l'échelle mondiale, ne sont toutefois pas assurés. La Commission régionale de la production et de la santé animales pour l'Asie et le Pacifique (APHCA) et la Commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse (EUFMD) servent de tribunes pour la coordination régionale des activités dans leurs domaines d'intervention respectifs;
  5. Projets de terrain: il s'agissait dans la plupart des cas de projets de soutien à EMPRES dans les domaines ci-dessus, avec notamment 23 projets de soutien direct au Système. Tous considérés comme en rapport avec les besoins nationaux, ils ont dans l'ensemble présenté un bon niveau d'exécution. Les missions d'évaluation ont donné une appréciation particulièrement élevée aux sept projets de lutte contre la peste bovine.

v) Dans les autres secteurs (non EMPRES), les principaux résultats ont été les suivants:

  1. Maîtrise écologique des maladies transmises par des insectes: l'élaboration de normes scientifiques pour la lutte contre les glossines et la trypanosomose est ici l'élément principal. Le Programme de lutte contre la trypanosomose africaine (PLTA) a démarré en 1995 pour servir de point de coordination des mesures de lutte contre la maladie et des efforts mis en œuvre pour l'éradiquer. Le PLTA soutient la Campagne panafricaine de lutte contre les glossines et d'éradication de la trypanosomose (PATTEC) lancée en 2000, mais une meilleure harmonisation de ces deux programmes apparaît néanmoins nécessaire;
  2. Lutte intégrée contre les parasites et résistance aux médicaments: un Groupe de travail sur la résistance des parasites a été constitué en 1997 pour aider la FAO à préparer des directives dans ce domaine. Deux laboratoires de référence régionaux et trois réseaux d'information sur les tiques et les helminthes ont été mis en place et la FAO sert actuellement de forum pour la coordination des travaux sur les problèmes de résistance;
  3. Services vétérinaires: les activités menées au titre du Programme ordinaire visaient à aider les gouvernements à donner un nouvel élan aux programmes de santé vétérinaire publique en les centrant sur les initiatives de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) permettant aux industries nationales du bétail de tirer un plus grand profit des échanges mondiaux. La récente privatisation d'un grand nombre de services vétérinaires cliniques a toutefois conduit à une évolution dans les travaux de la FAO en matière de santé vétérinaire, et aujourd'hui les fonds disponibles au titre du Programme ordinaire pour des activités dans le domaine de la santé vétérinaire publique sont très limités;
  4. Projets de terrain: pour sept des 9 projets du PCT (hors EMPRES) évalués, le jugement n'a pas été aussi favorable que pour les projets EMPRES. Les raisons tiennent notamment au fait que les gouvernements accordent un soutien plus important aux projets EMPRES et qu'une limite maximale de deux ans est imposée aux projets du PCT, ce qui n'est pas suffisant pour que les interventions contre les glossines et les parasites puissent donner des résultats notables. Dans d'autres cas, les projets n'avaient pas tenu suffisamment compte des conditions locales et autres facteurs contraignants.

vi) L'évaluation a conclu que des progrès notables ont été réalisés dans le domaine d'action prioritaire d'EMPRES, avec notamment des résultats positifs dans la mise en œuvre du PMEPB et avec la diffusion de TADinfo. Dans le cadre de l'objectif global d'éradication la peste bovine d'ici à 2010, le PMEPB a respecté la plupart des objectifs de son plan d'action pour 1998-2003, tandis que TADinfo constitue un important pas en avant vers une notification plus efficace des maladies. Si de bons résultats ont été obtenus dans la promotion de la planification des mesures d'urgence et la prévention des situations d'urgence, ils n'ont pas été aussi positifs en matière de réponse rapide, une collaboration plus étroite avec les pays étant nécessaire à cet égard. À l'exception de celles qui concernent les glossines et la trypanosomose, la plupart des interventions ne relevant pas d'EMPRES ont une portée plus limitée et une bonne partie des activités de la FAO concernant les services vétérinaires ont été progressivement éliminées. Le PLTA a exercé une fonction de coordination utile pour les travaux de la FAO sur les glossines et la trypanosomose, et devrait jouer un rôle important dans la mise en œuvre de la PATTEC. Il a également été constaté que les questions de parité faisaient partie intégrante des travaux de la FAO en matière de santé animale.

vii) L'évaluation formule une série de recommandations concernant l'orientation des travaux à venir en matière de santé vétérinaire, afin que les ressources limitées disponibles soient utilisées pour répondre aux besoins dans les domaines d'avantage comparatif de la FAO:

  1. La FAO devrait continuer à promouvoir le renforcement des systèmes de surveillance épidémiologique, surtout à l'échelon national, en favorisant le dialogue avec les partenaires de la communauté des donateurs;
  2. Il existe le risque que les résultats positifs obtenus par le PMEPB dans la lutte contre la peste bovine et l'éradication de celle-ci, ne suscitent de vaines espérances de succès pour d'autres maladies plus difficiles à maîtriser;
  3. En ce qui concerne la promotion de la planification de mesures d'urgence pour les maladies transfrontières autres que la peste bovine, s'il est possible d'identifier les maladies stratégiques à éradiquer à l'échelle mondiale ou régionale, il est toutefois plus utile pour la plupart des interventions, plutôt que de dresser des listes de maladies transfrontières, de détecter les cas dans lesquels la menace pesant sur un pays provient d'une source extérieure;
  4. AGAH devrait définir plus clairement le mandat d'EMPRES afin d'établir s'il couvre, outre la prévention des situations d'urgence, la promotion du renforcement des mesures et des politiques pour la surveillance, l'épidémiologie, la lutte et l'éradication des maladies ayant des effets hors frontières;
  5. Il est recommandé soit de pallier le manque actuel d'effectifs au sein du groupe EMPRES-Élevage, soit d'effectuer des choix plus sélectifs au moment de l'acceptation des demandes au titre du PCT. Par ailleurs, la FAO devrait intensifier ses efforts pour mobiliser des fonds extrabudgétaires en faveur des activités d'EMPRES;
  6. Les travaux de la FAO dans le domaine des services vétérinaires pourraient être intégrés dans le système EMPRES, l'accent étant principalement mis sur les activités relatives à la planification de mesures d'urgence;
  7. Des accords plus concrets entre les diverses institutions participant au PLTA et à la PATTEC, sont recommandés;
  8. La FAO devrait définir plus clairement l'idée qu'elle se fait de son rôle à moyen et à long terme dans la lutte intégrée contre les parasites et la résistance aux médicaments, et indiquer comment elle entend interagir avec les autres instances concernées à cet égard;
  9. Si les accords de collaboration de la FAO avec d'autres institutions ont été fructueux dans l'ensemble, il existe encore des conflits d'intérêt potentiels avec le Bureau interafricain pour les ressources animales de l'Organisation de l'unité africaine (OUA-BIRA) concernant les activités du PLTA et de la PATTEC, et les relations avec cet organisme méritent d'être cultivées;
  10. Quant aux activités de terrain, les principales leçons tirées de l'examen des projets de santé animale devront être prises en compte dans la formulation et la mise en œuvre de nouveaux projets.

I. Introduction

CONTEXTE

1. L'examen des activités de la FAO en matière de santé animale a été effectué en raisons de la nouvelle orientation récemment donnée à ces travaux, de l'importance des ressources du Programme de coopération technique (PCT) consacrées à la santé animale, et du fait qu'aucune évaluation externe des activités menées dans ce domaine n'avait encore été faite. L'évaluation porte principalement sur les activités menées dans les pays, à l'aide notamment de fonds du PCT, et comprend également un examen des activités complémentaires du Programme ordinaire, réalisées au titre du Programme 2.1.3 (Élevage), au Siège et dans les Bureaux régionaux.

2. Le choix de la santé animale comme sujet d'évaluation en 2001 est apparu opportun à la lumière des informations d'actualité signalant une situation particulièrement préoccupante en Europe concernant certaines maladies animales. Il s'agissait à la fois d'une maladie nouvelle (l'encéphalopathie spongiforme bovine [ESB]) et d'une maladie épidémique bien connue (la fièvre aphteuse).

3. Conformément aux bonnes pratiques d'évaluation et aux directives des organes directeurs de la FAO, cette évaluation a bénéficié d'un appui extérieur important, avec la participation d'experts indépendants aux missions d'évaluation, puis un examen externe des rapports d'évaluation par un groupe d'experts indépendant1. Les conclusions de ce groupe figurent à l'Annexe 1 au présent document, de même qu'une réponse de la Direction à l'évaluation effectuée (Annexe 2).

L'IMPORTANCE DE LA COOPÉRATION AVEC LES PAYS EN MATIÈRE DE SANTÉ ANIMALE

4. L'élevage est, de tous les secteurs agricoles, celui dont l'importance croît le plus rapidement. Cette expansion est induite par l'accroissement de la population et du revenu, qui entraîne une modification des habitudes alimentaires. Dans les pays en développement, les petits exploitants détiennent plus de 90 pour cent des animaux d'élevage, et la production animale contribue aux moyens de subsistance de 70 pour cent des populations rurales pauvres de la planète. L'augmentation de la production devrait donner lieu à une croissance de l'emploi et à des possibilités de revenu supplémentaire accrues. L'élevage a donc un rôle de plus en plus important à jouer dans la lutte contre la pauvreté. Les animaux d'élevage constituent un élément essentiel de la sécurité alimentaire des ménages dans le monde en développement, où ils peuvent représenter à la fois une forme d'épargne et une source de revenu en période d'inactivité. Dans bien des pays, les femmes jouent un rôle particulièrement important dans l'élevage des petits ruminants, des porcins et de la volaille.

5. La durabilité de la production animale est certainement liée au maintien en bonne santé du cheptel, grâce à la lutte contre les maladies et les parasites qui baissent la productivité. Tel a été jusqu'à présent, et restera, le principal enjeu pour les pays. La mobilité considérablement accrue des populations et des animaux rend la maîtrise des maladies animales de plus en plus complexe, tandis que l'échange international d'information devient plus que jamais essentiel, de même que la capacité pour les pays d'identifier rapidement les maladies et de prendre des mesures pour éviter des pertes généralisées.

6. Pour les pays en développement, il s'agit avant tout de maîtriser les maladies animales endémiques et d'apporter une réponse efficace à celles qui proviennent de l'extérieur. Dans bien des pays, jusque dans les années 80 et 90, cette responsabilité revenait dans une large mesure, voire exclusivement, aux services publics. Toutefois, les interventions étaient souvent effectuées de manière inadéquate, généralement au profit des grands exploitants et des populations des villes, et à un coût qui s'est révélé insoutenable lorsque des programmes d'ajustement structurel ont été mis en place. L'enjeu reste inchangé - assurer un niveau de santé animale satisfaisant -, mais il s'agit maintenant de trouver de nouveaux mécanismes qui s'appuient plus largement sur les services cliniques privatisés et sur les éleveurs eux-mêmes. En soi, la privatisation n'a pas amélioré les choses; il est même prouvé que la situation s'est dégradée dans certains pays. Il serait chimérique toutefois de considérer encore la fourniture extensive de services cliniques de la part de l'État comme une option viable, et l'identification de moyens efficaces de lutte contre les maladies animales reste un enjeu primordial.

LE RÔLE DE LA FAO EN MATIÈRE DE SANTÉ ANIMALE

7. Face à de tels enjeux, la FAO considère l'amélioration de la santé animale comme un élément de ses objectifs plus généraux, à savoir lutter contre la pauvreté, assurer la sécurité alimentaire et la santé vétérinaire publique, et préserver l'intégrité du patrimoine de ressources naturelles. Aux termes du Cadre stratégique de la FAO pour 2000-2015, la santé animale devrait apporter une contribution importante à deux des grandes stratégies: la stratégie A3 - plans d'intervention et action efficace et durable en cas de crises alimentaires ou agricoles (notamment en s'attaquant à la menace des maladies transfrontières des animaux); et la stratégie C2 - adoption de technologies appropriées pour intensifier durablement les systèmes de production et assurer une offre suffisante de produits alimentaires et agricoles, halieutiques et forestiers et de services.

8. En relevant ces défis, la FAO doit tenir compte du rôle et des responsabilités des autres intervenants dans le domaine de la santé animale, dont deux au moins méritent d'être cités du fait de leur mandat international et de l'étendue de leur champ d'action. Un partenaire important de la FAO est l'Office international des épizooties (OIE), à Paris. Le mandat de cette Organisation consiste en grande partie à informer les services vétérinaires publics de l'apparition et de l'évolution des épizooties susceptibles de constituer une menace pour la santé animale ou humaine. Elle est également responsable de la protection de la santé dans le cadre des échanges internationaux. L'Accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires (Accord SPS) de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) fait expressément référence aux normes, directives et recommandations formulées sous les auspices de l'OIE. Cette dernière fournit également ses compétences spécialisées dans le domaine de la santé animale, fruit des travaux de ses commissions et groupes d'experts, avec l'appui de centres de collaboration et de laboratoires de référence. Le premier objectif assigné à l'OIE par l'Accord international du 25 janvier 1924, était de promouvoir et de coordonner les recherches dans la surveillance des maladies animales et la lutte contre celles-ci dans le monde entier. Une lettre d'entente, actuellement en cours de renégociation, régit les relations entre la FAO et l'OIE. De par son statut, l'OIE a la responsabilité de certaines activités normatives importantes en matière de santé animale, mais des relations constructives et positives rattachent ces deux organisations, dont les rôles sont essentiellement complémentaires.

9. Au niveau international, l'Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI), qui a son siège à Nairobi, conduit d'importants travaux de recherche. Il s'efforce d'améliorer le bien-être des populations des pays en développement, par le renforcement des contributions multiples et fondamentales de la production animale à la petite agriculture. Actuellement, le programme de santé animale de l'ILRI est axé sur les maladies transmises par les parasites du sang et a donc des liens importants avec certains des travaux de la FAO en matière de santé animale.

10. Dans le cadre des structures institutionnelles pour la coopération internationale en matière de santé animale, les possibilités d'intervention de la FAO au titre du programme, sont assez vastes. La plupart des activités de la FAO dans le domaine de la santé animale sont menées au titre de la composante santé animale du Programme 2.1.3 (Élevage), dont le Service de la santé animale (AGAH) de la Division de la production et de la santé animales (AGA) est responsable2. Toutefois, en 1994, il a été décidé de donner une orientation plus marquée au programme de santé animale de la FAO en concentrant les activités sur les maladies transfrontières du bétail dans le cadre du Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES)3. Bien que de conception large, le volet santé animale d'EMPRES porte sur certains aspects spécifiques du renforcement des services vétérinaires au niveau des pays, avec quatre composantes; alerte rapide, réponse rapide, recherche à vocation pratique et coordination. La Consultation d'experts EMPRES de 1996 a donné des conseils concernant un système de classement des maladies par ordre de priorité et la façon dont celles-ci pourraient être gérées par EMPRES. La priorité est donc donnée aux maladies transfrontières des animaux d'importance stratégique, susceptibles de faire l'objet de programmes d'éradication à l'échelon mondial ou régional, comme la peste bovine, la fièvre aphteuse et la péripneumonie contagieuse bovine; aux maladies d'importance tactique, pouvant causer de temps à autre de très graves épidémies, mais qui n'en sont pas au point d'être retenues pour des campagnes d'éradication mondiales ou régionales, comme la fièvre de la Vallée du Rift, la dermatose nodulaire, la peste des petits ruminants (PPR), la peste porcine africaine et la maladie de Newcastle; et aux maladies nouvelles comme l'ESB. Les interventions relatives à ces deux dernières catégories de maladies, ont été effectuées pour la plupart dans le cadre de projets de terrain financés par le PCT.

11. Au niveau d'EMPRES, l'accent a été mis principalement sur le Programme mondial d'éradication de la peste bovine (PMEPB), dont le but est l'élimination effective de la maladie d'ici à 2010. Il s'agit d'un choix stratégique judicieux pour plusieurs raisons: la peste bovine est une maladie mortelle qui cause des pertes dévastatrices à chaque flambée épidémique, et à ce titre redoutée par les éleveurs; l'existence d'un vaccin à l'efficacité permanente signifie qu'un effort concentré, focalisé sur cette maladie, offre la possibilité de l'éradiquer; et la capacité technique de la FAO et son expérience opérationnelle en font un bon candidat pour guider ces efforts.

12. Bien que la FAO ait pris la décision stratégique et judicieuse de se concentrer sur les activités d'EMPRES, elle n'en poursuit pas moins ses travaux sur les maladies parasitaires, et notamment la trypanosomose. Les maladies à transmission vectorielle ont la capacité de traverser les frontières et constituent un important problème de développement dans bien des régions du monde, et surtout en Afrique. Les travaux de la FAO dans ce domaine s'inscrivent principalement dans le cadre du Programme de lutte contre la trypanosomose africaine (PLTA), maladie qui en Afrique rend de vastes étendues de territoire impropres à l'élevage et qui constitue désormais un grave problème. Les activités de la FAO concernant les parasites sont de plus en plus souvent orientées vers la question de la résistance aux médicaments, en particulier aux anthelmintiques et aux acaricides.

PORTÉE ET MÉTHODOLOGIE DE L'ÉVALUATION

Portée

13. La présente évaluation se concentre sur les travaux d'AGAH. Elle ne couvre donc pas spécifiquement les activités en matière de santé animale menées par la Division mixte FAO/AIEA des techniques nucléaires dans l'alimentation et l'agriculture (AGE) au titre du Programme 2.1.5, bien que les éléments saillants de ces travaux aient été pris en compte. Même si le concept de santé animale au sens large peut couvrir la santé des poissons et des insectes productifs, ceux-ci ont été également exclus4. L'évaluation porte sur les travaux effectués entre 1995 et 2001.

14. Une évaluation du programme Élevage d'EMPRES a été effectuée en 1998. De courte durée (deux semaines et demie), elle portait sur les activités menées au Siège. Pour la présente évaluation (2001), l'idée essentielle était que l'accent devait être mis avant tout sur les effets et l'impact des travaux en matière de santé animale conduits par la FAO au niveau des pays. Dans la plupart des pays en développement, le principal facteur déterminant a été la présence de projets financés au titre du PCT. Les missions d'évaluation avaient toutefois été chargées d'évaluer l'impact des activités de la FAO dans chaque pays, y compris celles du Programme ordinaire, et dans certains cas, d'autres projets de terrain.

15. Un rapport d'évaluation portant sur l'ensemble du programme EMPRES a été préparé pour la Conférence 2001 de la FAO, à titre de document d'information. La présente évaluation s'appuie en grande partie sur ce rapport.

Méthodologie

16. L'évaluation a été confiée à deux consultants externes indépendants et à deux membres du Service de l'évaluation de la FAO. Le travail a commencé par une phase de collecte et d'analyse de l'information, avec l'organisation par le Service de l'évaluation de réunions conjointes et individuelles avec les fonctionnaires techniques concernés d'AGAH. Cette première étape a été complétée par des séances d'information entre les fonctionnaires techniques d'AGAH et les équipes d'évaluation, avant leur départ sur le terrain. Les visites ont couvert 15 pays en développement d'Afrique, du Proche-Orient et d'Asie5, et 31 interventions effectuées au titre de projets du PCT ont été examinées6. En raison des délais et des coûts supplémentaires que cela aurait comporté, ainsi que du nombre réduit des projets concernés, l'Amérique latine a été exclue du programme de visites sur le terrain.

17. Des consultations ont été organisées, dans chacun des 15 pays visités, avec les fonctionnaires de haut niveau responsables de la santé animale et avec le personnel participant directement aux activités de la FAO dans ce domaine. Lorsque cela était opportun et possible, des visites ont été effectuées pour procéder à une évaluation plus approfondie, prévoyant notamment des entretiens avec le personnel sur le terrain. Les représentants des institutions partenaires s'occupant de santé animale (par exemple, le Bureau interafricain pour les ressources animales de l'Organisation de l'unité africaine [OUA-BIRA] et l'OIE) et d'autres donateurs (comme l'Union européenne [UE]), ont également été consultés. Les missions d'évaluation ont donné une appréciation à chaque projet du PCT, pour mesurer la pertinence de l'activité et son degré de priorité par rapport aux besoins nationaux, ainsi que la qualité de la formulation et de la conception du projet, de son exécution, des résultats obtenus et de la suite qui lui a été donnée.

18. L'évaluation a abouti à l'élaboration de trois rapports régionaux (Afrique de l'Ouest et Proche-Orient, Afrique orientale et australe, et Asie), et d'un rapport de synthèse centré sur les questions relatives au PCT, auxquels s'ajoute le document d'information indiqué au paragraphe 15. Le personnel d'AGAH et de l'Unité du Programme de coopération technique (TCOT), a eu la possibilité de faire des observations sur ces divers rapports avant qu'ils ne soient publiés sous leur forme définitive.

19. Le rapport d'évaluation provisoire a été examiné par un groupe externe d'examen par des pairs, du 17 au 19 décembre 2001, et la présente version tient compte des observations du groupe.

II. Tour d'horizon des activités en matière de santé animale

STRUCTURE DU PROGRAMME ORDINAIRE

20. Les travaux de la FAO en matière de santé animale relevant d'AGAH, peuvent être divisés en trois groupes distincts:

21. Cette structure de travail est en place depuis les années 807. Par ailleurs, la Commission européenne de lutte contre la fièvre aphteuse (EUFMD) et la Commission régionale de la production et de la santé animales pour l'Asie et le Pacifique (APHCA), qui bénéficient toutes deux d'un financement important de la part des États membres, œuvrent sous la direction technique d'AGA8.

22. Pendant la période considérée, la structure de programme pour les activités en matière de santé animale a été modifiée de manière significative à deux reprises: a) lors d'une réorganisation du programme Élevage (en 1996-1999); et b) à la suite de l'introduction d'une nouvelle stratégie de programmation à l'échelle de la FAO (pour l'exercice 2000-2001). Suite au changement a), les travaux dans le domaine de la santé animale ont été regroupés de deux façons: comme élément de trois sous-programmes multidisciplinaires axés sur les contributions de l'élevage à la sécurité alimentaire et à la création de revenu, et d'un sous-programme sur l'information, les politiques et la planification en matière d'élevage; et comme élément d'un sous-programme sur les maladies transfrontières des animaux, couvrant EMPRES. De ce fait, mises à part les activités menées dans le cadre du sous-programme lié à EMPRES, les travaux de la FAO en matière de santé animale étaient en bonne partie dispersés parmi les divers sous-programmes et n'étaient donc pas immédiatement identifiables dans le programme principal. Le changement b) a eu pour effet de réunir la plus grande partie des activités vétérinaires en deux projets techniques: 213A6 (Surveillance et maîtrise des maladies limitant la production et des zoonoses, PLTA compris) et 213A7 (EMPRES - Élevage)9. Au travers de ces diverses variations de programme, EMPRES a conservé son rang d'activité prioritaire de la FAO en matière de santé animale.

23. Dans les domaines prioritaires du programme, les activités principales sont notamment les suivantes:

RESSOURCES DU PROGRAMME ORDINAIRE

24. Étant donné les variations apportées à la structure du programme comme indiqué au paragraphe 22, il est difficile d'effectuer une estimation précise des ressources du Programme ordinaire consacrées aux activités en matière de santé animale. Toutefois, à titre tout à fait indicatif, on peut dire qu'au cours de chaque exercice biennal environ 45 pour cent des ressources du programme Élevage ont été destinées à la santé animale: l'allocation totale pour ce programme a été de 18,8 millions de dollars E.-U. en 1996-1997, de 17,2 millions de dollars E.-U. en 1998-1999 et de 16,8 millions de dollars E.-U. en 2000-2001. Dans le contexte de la raréfaction générale des ressources destinées au programme, il semble que la part consacrée aux activités essentielles en matière de maladies transfrontières soit restée inchangée, ou ait même légèrement augmenté pendant cette période. En revanche, les ressources attribuées aux activités sur les maladies transmises par les insectes (glossines et trypanosomose), les maladies parasitaires et les services vétérinaires, ont toutes suivi une tendance à la baisse.

25. AGAH est composé de 13 postes permanents du cadre organique. Outre le chef du Service et le secrétaire de la Commission EUFMD (ce dernier poste étant financé par des fonds extérieurs), le Groupe des maladies infectieuses est constitué de cinq postes (deux de classe P-5, deux P-4 et un P-3); le Groupe des maladies parasitaires compte quatre postes (deux P-5 et deux P-4); tandis que le Groupe des services vétérinaires en compte deux (un P-5 et un P-4). Il existe par ailleurs des postes de spécialistes de la santé animale dans les Bureaux régionaux pour l'Asie et le Pacifique (P-5), l'Amérique latine et les Caraïbes, et l'Afrique (de classe P-4 dans les deux cas - en Afrique, le spécialiste s'occupe essentiellement de la trypanosomose). Il y a des postes permanents de spécialistes de la santé et de la production animales (tous de classe P-4) au Bureau régional pour le Proche-Orient et au Bureau sous-régional pour l'Afrique australe et orientale.

PROJETS DE TERRAIN

PCT

26. Quatre-vingt dix projets du PCT ayant trait à la santé animale ont été approuvés entre 1995 et 2000, pour une valeur totale de 22,2 millions de dollars E.-U. Ceux qui constituaient une réponse de la FAO face à une flambée épizootique, figuraient généralement parmi les projets d'urgence et représentaient un peu plus de la moitié du total des projets du PCT en matière de santé animale. La ventilation de ces interventions, par région, par projets d'intervention d'urgence et par projets non liés à des situations d'urgence, fait l'objet du tableau 1.

Tableau 1: Nombre de projets PCT de santé animale approuvés: 1995-2000

Région

Projets d'intervention d'urgence

Projets non liés à des situations d'urgence

Afrique

35

14

Asie et Pacifique

4

10

Proche-Orient

5

7

Amérique latine et Caraïbes

1

10

Europe

-

3

Projets interrégionaux

1

-

Total

46

44

27. Les missions d'évaluation ont examiné un tiers environ du portefeuille total des projets, comme indiqué au tableau 2.

Tableau 2: Nombre de projets PCT de santé animale examinés par les missions d'évaluation

Région

Projets d'intervention d'urgence

Projets non liés à des situations d'urgence

Afrique

15

6

Asie et Pacifique

3

6

Proche-Orient

-

1

Total

18

13

28. La plupart des projets de terrain sont liés à EMPRES. La totalité des projets d'intervention d'urgence sont associés à EMPRES, et certains projets non liés à des situations d'urgence sont des projets EMPRES. La composition des 31 projets examinés lors de l'évaluation est indiquée au tableau 3.

Tableau 3: Nombre de projets PCT de santé animale examinés par les missions d'évaluation (du groupe AGAH)

Région

Maladies infectieuses/EMPRES

Maladies parasitaires

Services vétérinaires

Afrique

17

4

-

Asie et Pacifique

6

1

2

Proche-Orient

-

-

1

Total

23

5

3

29. L'échantillon des projets examinés correspond assez fidèlement à la répartition des projets approuvés par le groupe AGAH pendant la période 1995-2000.

Tableau 4: Répartition des projets PCT du groupe AGAH: total des projets approuvés et projets examinés par les missions

  

Maladies infectieuses/EMPRES

Maladies parasitaires

Services vétérinaires

Projets PCT approuvés, 1995-2000 (%)

71

19

10

Projets PCT examinés par les missions d'évaluation (%)

74

16

10

Projets hors PCT

30. AGAH a la responsabilité technique de certains projets hors PCT seulement, suite à une contraction générale du Programme de terrain de la FAO, dans son ensemble. Depuis 1995, 17 projets hors PCT ont été approuvés, pour une valeur totale de près de 28,5 millions de dollars E.-U. Sur un tel montant, 21,66 millions de dollars E.-U. étaient destinés aux activités suivantes:

  1. un projet du fonds fiduciaire unilatéral (FFU) réalisé en Libye, pour le renforcement des services vétérinaires (7,65 millions de dollars E.-U.);
  2. un projet de lutte contre la fièvre aphteuse aux Philippines, financé par l'Australie (5,38 millions de dollars E.-U.);
  3. un projet de renforcement des services vétérinaires en Afghanistan, financé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) (5,16 millions de dollars E.-U.); et
  4. appui à la Campagne panafricaine contre les épizooties (PACE) et à la Campagne mondiale de lutte contre la peste bovine (PARC) par le biais de l'UE (trois projets consécutifs pour un total de 3,47 millions de dollars E.-U.).

____________________________

1 Ce groupe d'experts indépendant était ainsi composé: M. Philippe Vialatte, Administrateur principal, Commission européenne, DG Développement B/4; M. Jim Pearson, Directeur du Département scientifique et technique, Office international des épizooties (OIE); M. Subhash Morzaria, Chef du Programme de la santé animale, Institut international de recherche sur l'élevage (ILRI); M. Raja Rafaqat Hussain, Commissaire à la zootechnie, Ministère de l'alimentation, de l'agriculture et de l'élevage, Pakistan; M. Stuart Hargreaves, Directeur des Services vétérinaires, Ministère des terres, de l'agriculture et de la réinstallation rurale, Zimbabwe; et M. Tony Forman, consultant indépendant et membre des missions effectuées en Afrique orientale et australe et en Asie.

2 L'application de techniques nucléaires aux maladies animales relève de la Division mixte FAO/Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) des techniques nucléaires dans l'alimentation et l'agriculture (AGE) au titre du Programme 2.1.5 (Applications agricoles des isotopes et des biotechnologies).

3 Le programme EMPRES a deux volets: l'un pour la santé animale (mis en œuvre principalement par AGAH), et l'autre pour les ennemis des végétaux (mis en œuvre par le Service de la protection des plantes [AGPP]).

4 Pour ce qui est des insectes productifs, les résultats d'une évaluation thématique du PCT sur l'apiculture et la sériciculture, conduite en 1998, ont été présentés au Comité du Programme.

5 Afghanistan, Afrique du Sud, Bénin, Égypte, Ghana, Kenya, Mali, Ouganda, Pakistan, République démocratique populaire lao, République-Unie de Tanzanie, Thaïlande, Togo, Viet Nam et Zimbabwe. L'Iraq figurait également parmi les pays à visiter, mais la mission n'a pu être réalisée pour des raisons techniques.

6 Huit projets en Afrique de l'Ouest et au Proche-Orient; 14 en Afrique orientale et australe; et 9 en Asie.

7 Toutefois, lorsque le programme EMPRES a été créé, les travaux sur les parasites ont été séparés de ceux sur les maladies infectieuses et regroupés avec ceux sur les maladies transmises par les insectes.

8 L'APHCA est placée sous la direction technique à la fois d'AGAH et du Service de la production animale (AGAP).

9 Pour l'exercice biennal 2002-2003, les activités concernant la santé animale sont regroupées en trois projets techniques principaux: 213A7 (EMPRES - Élevage), 213A9 (Maîtrise écologique des maladies transmises par des insectes) et 213A6 (Gestion de la santé vétérinaire publique et sécurité des produits d'alimentation humaine et animale), bien qu'un élément soit également compris dans plusieurs autres entités.

 

 


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