CFS:2002/Inf.8


COMITÉ DE LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE MONDIALE

Vingt-huitième session

Rome, 6-8 juin 2002

RAPPORT SUR L’ÉTAT D’AVANCEMENT DES SICIAV

Table des matières



I. INTRODUCTION

1. Le présent document est le troisième des rapports intérimaires annuels sur l’état d’avancement des Systèmes d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité (SICIAV) demandés par le Comité de la sécurité alimentaire mondiale à sa vingt-cinquième session, en 1999. Il rend compte des activités entreprises par la FAO et par d’autres membres du Groupe de travail interinstitutions (GTI) sur les SICIAV, durant l’année écoulée. La section du rapport de l’an dernier qui décrivait les problèmes rencontrés lors de la mise en œuvre de l’initiative SICIAV liée au SMA, et proposait des solutions pour les surmonter, n’ayant pratiquement pas subi de changement, elle est reportée en annexe du présent document, pour faciliter le travail du lecteur. Lorsque des circonstances ou des événements nouveaux (tels que le recentrage sur les Objectifs de développement pour le millénaire et leurs indicateurs) ont eu une incidence sur les orientations futures à donner aux activités du SICIAV, nous l’indiquons dans les paragraphes pertinents ci-dessous.

II. ÉLABORATION DE SICIAV NATIONAUX

2. Le Secrétariat et les diverses organisations membres du GTI continuent à fournir un appui important à des activités à l’échelle nationale, visant soit à faire le bilan de l’état actuel des systèmes nationaux d’information soit ou aussi à renforcer les capacités institutionnelles des pays, de façon à ce que les programmes nationaux et internationaux de protection sociale et de développement puissent venir en aide de façon optimale aux populations vulnérables et touchées par l’insécurité alimentaire. Plusieurs pays ont également commencé, de leur propre initiative, à promouvoir les principes du SICIAV aux plans national et sous-national. On trouvera ci-après un aperçu des faits nouveaux survenus depuis le dernier rapport intérimaire:

A. PROGRÈS RÉALISES DANS LES TRAVAUX NORMATIFS VISANT À APPUYER LES SICIAV NATIONAUX

3. Depuis le lancement du Programme SICIAV, en 1997, la FAO a systématiquement consacré une part substantielle des ressources du programme ordinaire et des fonds fiduciaires aux recherches sur les meilleures pratiques pour l’élaboration de systèmes d’information et de cartographie centrés sur la faim, la vulnérabilité et la pauvreté. Au cours de l’année écoulée, cela s’est concrétisé comme suit:

4. Helen Keller International (HKI) est l’une des ONG les plus dynamiques qui participent au GTI. Elle intervient aussi très activement dans des activités de projet dans des pays sélectionnés situés dans les régions Afrique, Asie et Pacifique, et Amérique du Sud. C’est son expérience dans deux pays confrontés à de graves problèmes de sécurité alimentaire qui nous intéresse ici. Au Bangladesh, le Projet de surveillance nutritionnelle HKI/Gouvernement du Bangladesh, en cours depuis plus de dix ans, est mis à profit pour étudier la situation nutritionnelle des groupes de population vulnérable. HKI a réussi à documenter certaines relations clés pour l’amélioration de la sécurité alimentaire dans ce pays:

5. En Indonésie, HKI s’est associée avec des économistes, dans une initiative de collaboration novatrice visant à établir une corrélation entre les politiques alimentaires et la nutrition en utilisant des données du Système de surveillance sanitaire et nutritionnelle (SSN) HKI/GOI. Une analyse par cohorte des données du SSN de Java central a confirmé l’impact négatif de la crise financière asiatique de 1998, sur l’état nutritionnel. Selon l’analyse, les niveaux d’avant la crise n’ont pas encore été complètement retrouvés. Ces informations seront utiles aussi bien pour la formulation de politiques macro-économiques que pour la mise en œuvre concrète de programmes d’intervention sanitaire et nutritionnelle. En Indonésie, les données du SSN sont aussi partagées avec les offices sanitaires provinciaux pour inciter les administrations locales à exploiter davantage les informations du système de surveillance. Les expériences dans ces deux pays ont débouché sur des discussions internationales sur la valeur des systèmes d’information intégrés et sur les liens de cause à effet entre les programmes et les politiques et les populations, clairement attestés par des systèmes de surveillance adéquats.

6. Save the Children, Royaume-Uni (SC Royaume-Uni) a travaillé avec divers partenaires (institutions internationales et gouvernements nationaux), pour parfaire l’élaboration et la mise en œuvre de l’approche d’analyse de l’économie des ménages (HEA), qui est au cœur d’un consensus international naissant sur l’importance cruciale d’une “ analyse des moyens d’existence ” décentralisée et appropriée pour le diagnostic et le traitement de l’insécurité alimentaire dans les pays les plus pauvres. L’approche HEA vise à mieux comprendre l’économie des ménages et ses relations avec le marché et l’emploi, au cours d’une année de référence. Cette information est utilisée pour estimer l’effet des crises sur le revenu et les approvisionnements alimentaires des ménages et leur aptitude probable à compenser leurs effets en mettant en œuvre les diverses stratégies de survie dont ils disposent. Quatre ateliers de formation régionaux sur l’HEA ont été organisés en français et en anglais à l’intention du personnel et des partenaires de SC Royaume-Uni. Au niveau régional, SC Royaume-Uni a travaillé avec le Comité d’évaluation de la vulnérabilité (CEV) pour la région de la SADC, pour sensibiliser à l’importance de l’évaluation de la vulnérabilité dans la région et promouvoir l’établissement de CEV nationaux. Les travaux relatifs à l’élaboration du tout nouveau Modèle intra-familial (MIF) touchent à leur fin. Des activités de terrain initiales ont été effectuées au Rwanda et en Ouganda et sont à présent utilisées pour perfectionner le modèle. Le MIF devrait élargir les applications de l’approche HEA en améliorant l’analyse et la programmation dans divers secteurs, notamment le VIH/ SIDA, le travail des enfants, la réunification des familles de réfugiés, etc. En outre, SC Royaume-Uni est sur le point d’achever RiskMap2, un programme informatique révisé pour saisir les données et les analyses de l’approche HEA pour de vastes zones, et conduire des “ analyses de scénarios”.

7. L’UNICEF est intervenu l’année passée, entre autres activités, pour soutenir et mettre en œuvre des Enquêtes en grappes à indicateurs multiples (EGIM) et pour parfaire l’élaboration du programme informatique ChildInfo. L’EGIM est une méthode d’enquête auprès des ménages qui permet de produire des données de façon relativement rapide et économique sur des indicateurs clés qui ne sont pas suivis de manière adéquate par d’autres systèmes de collecte des données existants. Les données de l’EGIM ont été utilisées, en association avec les informations provenant des enquêtes démographiques et sanitaires financées par l’USAID, pour évaluer les progrès réalisés vers l’atteinte des objectifs de la fin de la décennie, fixés au Sommet mondial pour les enfants de 1990. Ces données améliorées sont également pertinentes pour de nombreux objectifs des SICIAV nationaux et international. Avec un appui de l’UNICEF, le programme ChildInfo a été mis en œuvre dans d’autres régions et dans d’autres pays. La base de données contient une liste d’indicateurs pour suivre les progrès accomplis, au niveau mondial, sur la voie de la réalisation des droits des enfants. Un progiciel normalisé est utilisé pour organiser et documenter les données et pour analyser et présenter l’information sous différentes formes, telles que tableaux, graphiques et cartes. ChildInfo a été largement utilisé en Asie du Sud (d’où il provient), en Asie de l’Est et en Afrique orientale et australe. Il commence aussi à se répandre dans d’autres régions. Un certain nombre de pays se sont inspirés de ChildInfo, et utilisent des versions légèrement modifiées de ce programme pour le suivi des Objectifs de développement pour le millénaire. On peut notamment citer le programme Devinfo en Inde, et le Taninfo, en Tanzanie. ChildInfo est de plus en plus utilisé comme source d’information pour les bilans communs de pays.

8. Le système FEWS NET de l’USAID qui opère dans trois pays situés dans trois sous-régions d’Afrique, a effectué une nouvelle application sur le terrain de l’approche de zonage des moyens d’existence. Celle-ci est considérée comme un premier pas important vers un processus de prise de décision pertinent pour l’analyse de l’accès des ménages à la nourriture et pour les interventions qui en découlent. Le zonage permet de regrouper différentes unités de population en groupes d’accès communs. Cela permet aux analystes de suivre les effets équivalents de différents risques pour des groupes homogènes. Avec ces unités analytiques communes, le suivi est aussi amélioré car il aide à identifier uniquement les indicateurs pertinents dans une zone donnée. Ceci peut-être illustré par un exemple local, représenté par les travaux effectués au Mozambique, qui ont débouché sur la première carte nationale de zonage des moyens d’existence pour ce pays; cette carte a été élaborée, sur la base de principes de zonage bien établis et avec une large participation des parties prenantes ou informateurs clés, dans le cadre de trois ateliers régionaux. Le système FEWS NET est également intervenu dans la planification et la mise en œuvre d’activités régionales sur la vulnérabilité, en collaboration étroite avec le Comité d’évaluation de la vulnérabilité (CEV) pour la région de la SADC. Un appui a été fourni à toutes les activités du CEV, à savoir: une enquête sur les besoins de formation; l’harmonisation des différentes méthodes d’évaluation de la vulnérabilité adoptées dans la région (y compris l’organisation d’une réunion de SC Royaume-Uni, de l’ACV du PAM et de FEWS NET , à Maputo, et la préparation de résumés d’une page sur les méthodes de chaque groupe.

9. La Banque mondiale a poursuivi ses travaux sur son approche et sa méthodologie de cartographie de la pauvreté. Un document de Hentschel et Lanjouw, Combining Census and Survey Data to Study Spatial Dimensions of Poverty and Inequality, qui paraîtra dans la Revue économique de la Banque mondiale, décrit cette méthodologie, qui permet de combiner les informations provenant d’enquêtes par sondage auprès des ménages avec les données issues d’un recensement plus détaillé de la population, pour élaborer des indicateurs de la pauvreté pour de petites zones. Des cartes de la pauvreté, fournissant des informations sur la distribution spatiale des niveaux de vie, sont des outils importants pour la formulation des politiques et pour les recherches économiques. Pour les responsables des politiques, ces cartes peuvent être un outil d’information pour l’allocation géographique des ressources des programmes et pour la conception des politiques. Les cartes peuvent aussi être utilisées pour explorer la relation entre la croissance et la distribution à l’intérieur d’un pays, ce qui permettra de compléter les recherches au moyen de régressions inter-pays. Il est difficile d’établir des cartes détaillées de la pauvreté, car les données sont limitées. Les enquêtes sur les ménages contiennent des données sur le revenu ou la consommation, mais se font en général sur de relativement petits échantillons. Les recensements couvrent en revanche toute la population (ou au moins un très vaste échantillon) mais en général, ils ne fournissent pas les informations nécessaires pour comprendre des phénomènes aussi complexes que la pauvreté. Les auteurs montrent que l’utilisation combinée de données provenant d’enquêtes par sondage et de données issues de recensements permet d’obtenir des taux de pauvreté prévisionnels pour tous les ménages couverts par le recensement. Ceci représente une amélioration par rapport aux cartes concernant spécifiquement la pauvreté.

10. L’Unité d’analyse et de cartographie de la vulnérabilité (ACV) du PAM a continué pendant l’exercice 2001-2002 à mettre au point et appliquer son Cadre analytique uniformisé (CAU) pour l’analyse et la cartographie de la vulnérabilité, et à en tirer les enseignements, au moyen d’un processus itératif d’évaluations sur le terrain, dans des pays et des contextes différents, avec des examens périodiques de l’état d’avancement. L’Unité ACV du PAM (un des partenaires de base du GTI-SICIAV), travaille actuellement dans 41 pays en développement ou en transition. A ce jour, les évaluations du CAU de l’ACV ont contribué à identifier de meilleurs moyens par lesquels le PAM et ses partenaires pourront répondre à l’insécurité alimentaire et à la vulnérabilité, élaborer de meilleures pratiques d’évaluation, et définir les lacunes dans les méthodes d’analyse de l’ACV dans de nombreux pays. L’an dernier, des analyses de base exhaustives ont été effectuées dans 14 pays (Népal, Inde, Nicaragua, Guatemala, Timor Est, Bolivie, Kenya, Mali, Cuba, Honduras, Pérou, Lesotho, Laos et Cambodge). Les résultats des analyses de la vulnérabilité effectuées à Cuba, en Inde et en Afghanistan ont été expliqués en détail dans des publications de qualité à large diffusion. Au début de l’année 2002, des analyses de la vulnérabilité exhaustives et des mises à jour étaient en cours dans 10 autres pays (Afghanistan, Géorgie, Syrie, Bangladesh, Cameroun, Sri Lanka, Haïti, Yémen, Malawi et Tadjikistan). Tous ces efforts ont été accomplis avec une participation importante des membres des groupes sur les SICIAV nationaux et, dans de nombreux pays, la méthodologie CAU de l’ACV a été incorporée dans des activités SICIAV à l’échelle nationale.

11. Pour 2002, les travaux méthodologiques de l’ACV consisteront principalement à étendre les évaluations de type CAU aux crises d’urgence et aux situations de transition, ainsi qu’au suivi de la sécurité alimentaire. D’ici 2002, les directives du CAU couvriront les trois principaux types d’évaluations de l’ACV, à savoir: 1) les analyses de base exhaustives de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité, 2) le suivi périodique de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité, et 3) les évaluations de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité dans des situations d’urgence. Ce processus ascendant s’appuiera sur les expériences de l’ACV en matière d’urgences et de suivi, dans des pays comme l’Ouganda, le Kenya, l’Ethiopie, l’Afghanistan et le Zimbabwe, et débouchera sur des directives basées sur les meilleures pratiques (et non pas sur des prescriptions rigides) pour garantir avec plus de certitude que les réalités des contextes de chaque pays soient prises en compte dans les évaluations.

12. L’unité ACV du PAM apporte actuellement une contribution majeure aux efforts nationaux en matière d’alerte rapide et d’atténuation des effets des catastrophes, dans le monde entier. En Ethiopie, en Tanzanie, au Rwanda, au Soudan, au Nicaragua, au Honduras, en Bolivie, en Colombie, au Népal, au Cambodge, en Indonésie, au Laos et dans l’ex-Yougoslavie, les unités ACV interviennent sur une base régulière dans le suivi de la sécurité alimentaire et la surveillance nutritionnelle, en fournissant des cartes, en mettant au point des indicateurs et des méthodologies et en effectuant des analyses de données, en coopération avec des groupes de travail nationaux sur la vulnérabilité. C’est pourquoi, l’an prochain, l’ACV cherchera avant tout, dans ses travaux méthodologiques, à renforcer sa contribution aux initiatives d’atténuation des effets des catastrophes et de planification des urgences du PAM.

13. En tant que membre actif du GTI-SICIAV, l’OMS a collaboré avec des institutions et organisations partenaires, y compris des institutions bilatérales et des ONG, pour aider les pays à mettre au point des systèmes d’informations précis et rapides sur l’incidence, la nature et les causes de l’insécurité alimentaire chronique et de la vulnérabilité, qui leur seront utiles pour formuler et mettre en œuvre des politiques et des programmes nationaux efficaces et durables. L’OMS a intensifié son Initiative transfrontières dans la Corne de l’Afrique, en reliant des activités en cours de lutte contre des maladies transmissibles avec les composantes sur la santé, la population et la nutrition des stratégies de sécurité alimentaire applicables aux populations transfrontières. Une approche sous-régionale englobe des arrangements de concentration des politiques, de formation, de communication, des interventions synchronisées et une analyse conjointe de l’état d’avancement.

14. À l’échelle des pays, l’OMS continue, en tant que membre de l’équipe de pays du Système des Nations Unies, à contribuer à une approche thématique des Nations Unies sur la sécurité alimentaire (en particulier dans le contexte du Plan-cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF), du Cadre global pour le développement et de la lutte contre la pauvreté). Plus spécifiquement, l’OMS fournit une assistance technique à la mise en place d’initiatives sur la sécurité alimentaire, en particulier en faveur des groupes de population les plus vulnérables. En 2001, l’OMS a fourni un appui financier au secrétariat du SICIAV pour la publication d’un document intitulé “ Méthodes et conseils ” pour le SICIAV, disponible dans quatre langues (arabe, anglais, français et espagnol) auprès du Secrétariat.

15. Mise en garde finale: Lorsque l’on relit les paragraphes qui précèdent sur les travaux normatifs liés au SICIAV qui sont effectués à l’échelon national, la liste des réalisations peut paraître impressionnante. Toutefois, il faut avoir présent à l’esprit qu’il s’agit d’activités pilotes, qui ne sont parfois conduites que dans un petit nombre de districts, dans des pays sélectionnés. En outre, bon nombre de ces efforts reposent sur des budgets relativement peu importants et sur une simple ré-analyse de données existantes. Il ne faut pas non plus oublier que ces réalisations sont obtenues dans les pays les plus pauvres (et plusieurs ne sont pas si pauvres que cela), où les financements nationaux et internationaux accordés pour la collecte de statistiques annuelles de base sur l’agriculture, la santé et la nutrition sont en baisse. Les infrastructures de collecte et de diffusion de l’information dans ces pays s’amenuise constamment. Sans ces données de base, le travail des SICIAV nationaux devient beaucoup plus difficile et la dépendance à l’égard de méthodes ponctuelles moins fiables est nécessairement accrue.

B. ÉTAT D’AVANCEMENT DE LA MISE EN OEUVRE DE SICIAV AUX PLANS NATIONAL ET SOUS-NATIONAL

16. Comme on l’a vu dans les paragraphes de la section qui précède, la majorité des travaux normatifs entrepris par des membres du GTI pour élaborer des méthodes améliorées pour l’identification et la caractérisation des populations victimes de l’insécurité alimentaire et vulnérables, reposent sur un grand nombre d’activités pilotes dans les pays. Dans certains cas, ces travaux méthodologiques sont aussi accompagnés d’un investissement dans la mise en place simultanée d’un système de type SICIAV national (même s’ils ne portent pas toujours ce nom). Ces activités de démarrage de SICIAV comprennent ordinairement plusieurs composantes:

17. On aura compris que la mise en service d’un SICIAV au niveau national passe par une série d’activités distinctes intégrées dans un cadre à plus long terme, ciblé sur les avantages à retirer des nouveaux systèmes d’information et de cartographie améliorés. La création d’un système d’information national de qualité requiert un investissement pluriannuel en temps et en argent. Il n’existe pas de démarche unique; les problèmes varient d’un pays à l’autre et il en est de même pour les systèmes d’informations pertinents. C’est ce que nous allons illustrer dans les derniers paragraphes de cette section, en décrivant brièvement a) un certain nombre d’efforts de démarrage de SICIAV nationaux; b) comment les modules du SICIAV peuvent être intégrés dans des activités statistiques continu; et c) ce que font certains partenaires nationaux et internationaux du GTI-SICIAV, pour promouvoir l’utilisation de systèmes d’information, au niveau sous-national.

18. Programmes de démarrage de SICIAV: Une initiative visant à appuyer l’établissement d’un SICIAV pilote en Inde, est en préparation. Le projet pilote mettre en œuvre des activités expérimentales dans deux états seulement, en raison de l’immensité du territoire national. L’un des protagonistes de cette initiative est le ministère de l’alimentation, de la consommation et de la distribution publique, qui est responsable de l’un des plus grands programmes de protection sociale qui existe au monde. La sélection et le perfectionnement d’indicateurs clés pour le suivi de l’état d’avancement aux national et sous-national figureront parmi les résultats du projet.

19. En Namibie, une assistance technique de la FAO et du secteur privé à l’établissement d’un SICIAV national est financée par le Gouvernement lui-même. Les travaux d’élaboration d’une série de cartes, avec des indicateurs clés de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité pour la Namibie, ont avancé.

20. Intégration des modules du SICIAV dans le courant principal des activités statistiques agricoles. Il est tout à fait possible d’intégrer les objectifs du SICIAV sur la documentation et l’identification des populations victimes de l’insécurité alimentaire dans la collecte annuelle de statistiques agricoles et dans la conduite périodique de recensements nationaux de l’agriculture. Dans certains cas, les recensements de l’agriculture existants peuvent devenir, s’ils sont combinés à d’autres sources d’information, une mine d’informations détaillées de type SICIAV. C’est par exemple le cas du premier recensement de l’agriculture concernant la République populaire de Chine, réalisé en 1996-97, avec un appui financier du Gouvernement italien et une assistance technique de la FAO. L’exploitation de cette précieuse source de données pour traiter de grandes questions nationales a été l’objectif central de l’atelier international sur l’analyse des résultats du premier recensement agricole chinois et sur l’établissement d’un SICIAV national. Cet atelier, qui a eu lieu à Beijing, du 21 au 22 novembre 2001, a été planifié et coordonné par le Ministère de l’agriculture, avec le concours de consultants nationaux et internationaux. Un certain nombre de documents ont été présentés et examinés durant l’atelier qui réunissait 53 participants, dont 34 originaires du pays hôte et 18 experts internationaux. Une proposition détaillée concernant l’application des recommandations de cet atelier est pratiquement achevée.

21. À la demande du Gouvernement yéménite, la FAO a lancé, dans le cadre de son Programme de coopération technique, un projet pour appuyer l’établissement d’un Système national d’information et de cartographie sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité, dans ce pays. Le projet, devenu opérationnel à la mi-avril 2002, est mis en œuvre en collaboration avec le Bureau central de la statistique et le Département des statistiques du Ministère de l’agriculture. L’un des objectifs centraux de ce projet est d’utiliser au maximum le recensement de l’agriculture qui vient d’être achevé.

22. L’information sous-nationale  est au premier plan dans les travaux du SICIAV: Le FIDA a accéléré l’avancement des travaux en testant et en perfectionnant des méthodologies adaptées aux conditions locales, pour l’évaluation de la pauvreté, de l’insécurité alimentaire et de la malnutrition. Des études de cas liées à des projets du FIDA ont été achevées au Népal, en Papouasie-Nouvelle-Guinée et au Maroc, au cours de l’année écoulée. Une initiative de plus grande envergure menée en collaboration par le PAM et le FIDA a été lancée pour plusieurs projets en Chine, et est maintenant reprise dans tous les projets des portefeuilles du PAM et du FIDA. Pour donner suite à ces expériences, le FIDA a organisé un symposium international1 qui a instauré un consensus sur un certain nombre de points, notamment:

Le FIDA s’emploie actuellement à inclure ces paramètres dans tout son portefeuille de projets, et à constituer des partenariats sur le terrain pour accroître le nombre d’évaluations conjointes.

23. Les travaux visant à mettre en place un système national d’information sur l’insécurité alimentaire au Cap-Vert (dans le cadre du projet SICIAV financé par la CE, pour les petits états insulaires) ont aussi fait une large place aux activités à l’échelle sous-nationale, en raison des multiples préoccupations suscitées par l’insécurité alimentaire dans 17 concelhos municipaux, sur 9 îles inhabitées. D’importantes quantités d’aide alimentaire par habitant sont monétisées avec le programme de protection sociale, principalement basé sur des activités de travaux publics rémunérées par des espèces. Il est à la fois urgent et impératif de pouvoir utiliser les informations pour allouer les ressources du programme de façon équitable entre les îles, mais aussi pour examiner l’équité et l’efficience de la participation (ou de la non participation) aux activités rémunérées de travaux publics, dans chaque île. La collaboration entre les institutions du Système des Nations Unies, les organisations donatrices et les institutions gouvernementales clés soutenant cette initiative, a été excellente jusqu’ici.

24. Dans les activités des projets pilotes que conduisent les partenaires du GTI dans différents pays, on attache à présent une grande importance aux enseignements à tirer sur les principaux déterminants du succès. Les facteurs qui retiennent le plus l’attention sont les suivants:

III. ACTIVITÉS À L’APPUI DU SICIAV MONDIAL ET DES SICIAV RÉGIONAUX

A. INTÉGRATION DES SICIAV DANS UN NOUVEAU CADRE DE SUIVI ET D’ÉVALUATION MONDIALE DES ODM

25. Depuis le lancement de l’initiative SICIAV, les membres du GTI sont convenus d’établir une base de données mondiale interinstitutions commune d’indicateurs ciblés sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité. Trois domaines de travail se sont dégagés: a) l’élaboration de la base de données des principaux indicateurs (KIDS), b) l’appui à un effort de collaboration interinstitutions de moindre envergure, l’Initiative concernant la base de données sur la nutrition en Afrique (ANDI); et c) l’incorporation de l’analyse de l’insécurité alimentaire de la FAO dans le rapport SOFI (L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde) qui fait l’objet d’une large diffusion. L’initiative concernant la base de données ANDI a fait l’objet d’un rapport l’an dernier, et a fourni un laboratoire utile comportant le transfert direct d’un ensemble de données limité sur les pays d’Afrique subsaharienne, de cinq institutions internationales vers un serveur et un mécanisme de diffusion sur l’Internet communs. Il y a plusieurs années, des plans préliminaires ont été formulés pour étendre l’expérience de l’ANDI dans une Base de données mondiale (KIDS) couvrant tous les pays ayant un nombre important de personnes touchées par l’insécurité alimentaire. De même, dans le cadre de la Base de données mondiale KIDS, des travaux ont commencé à la FAO pour élaborer un progiciel de base de données à diffuser sur Internet, qui pourra être utilisé aux niveaux régional, mondial ou national pour saisir, analyser et afficher les indicateurs les plus utiles pour effectuer des analyses comparatives entre les pays.

26. Avec l’adoption de la Déclaration du millénaire en septembre 2000, les deux indicateurs principaux de l’insécurité alimentaire les plus utilisés – à savoir la proportion de la population sous-alimentée et la proportion d’enfants de moins de cinq ans atteints d’insuffisance pondérale, estimées par la FAO – ont été retenus pour mesurer les progrès réalisés sur la voie de l’éradication de l’extrême pauvreté et de la faim (ODM numéro 1). Un très large ensemble commun de 48 indicateurs était désormais en place pour assurer le suivi mondial des ODM. En septembre 2001, cette liste d’indicateurs a été agréée et publiée pour élargir son utilisation à tout le système des Nations Unies.2

27. Conformément à ce qui avait été proposé dans le cadre du KIDS du SICIAV, une base de données commune interinstitutions a été mise en place au Département des affaires économiques et sociales de l’ONU. Cette base de données sera utilisée pour l’établissement des rapports sur le programme de la Déclaration du millénaire, qui seront soumis chaque année par le Secrétaire général des Nations Unies. Le premier de ces rapports paraîtra en 2002. Il semble désormais que la voie la plus appropriée pour le programme du SICIAV, dans sa dimension internationale, (comparaison internationale des progrès accomplis dans les pays, dans le domaine de la réduction de l’insécurité alimentaire et de la vulnérabilité) serait de réorienter la majeure partie de ces efforts, pour soutenir directement l’effort commun des Nations Unies concernant le suivi des progrès réalisés vers l’atteinte des ODM, et l’établissement des rapports à ce sujet.

28. Les modalités de l’intégration du SICIAV mondial dans le nouveau processus de suivi et d’analyse des ODM, sont encore à l’étude, car le premier cycle de rapports sur les ODM a lieu en 2002. Toutefois, un certain nombre d’observations peuvent d’ores et déjà être faites:

29. Pendant ce temps, les travaux d’amélioration des méthodologies existantes d’analyse des indicateurs progressent lentement. En octobre 2001, la FAO a accueilli un atelier technique sur la mesure et l’évaluation des carences alimentaires et de la sous-alimentation, en vue du Symposium scientifique international SICIAV sur ce thème, qui se déroulera du 26 au 28 juin 2002. Ce symposium a pour objet de donner des directives pour améliorer les méthodologies de mesure de la sous-alimentation et des carences alimentaires et leurs utilisations. Ceci sera fait en comparant et en opposant systématiquement les autres méthodes de mesure et d’estimation principales et leurs applications, basées sur les éléments suivants:

Le Symposium débouchera sur l’élaboration de directives détaillées pour aider les pays à utiliser ces méthodes seules ou en association afin d'établir de meilleurs diagnostics et d’en accroître l’utilité en ciblant les ressources sur ceux qui en ont besoin.

30. Les résultats des travaux visant à améliorer les estimations du nombre de personnes sous-alimentées ont été incorporés dans le rapport sur l’État de l’insécurité alimentaire dans le monde 2001 (SOFI 2001). Ce document, paru une fois par an depuis trois ans, paraîtra à nouveau en 2002, mais devrait par la suite devenir une publication biennale.

31. Le programme d’aide bilatérale du Département du développement international du Royaume-Uni continue de fournir une assistance pour renforcer les travaux concernant les indicateurs du SICIAV et incorporer les concepts relatifs aux moyens d’existence dans les méthodologies SICIAV à l’échelle des pays.

32. Utilisation du SICIAV pour le suivi et l’évaluation des bilans communs de pays, des PRSP et des ODM (projet financé par le Programme de partenariat FAO/Pays-Bas, FNPP): la mise en œuvre de ce projet à l’échelle des pays a commencé au milieu de l’année 2001, avec des activités pilotes au Bangladesh et au Kenya. Ce projet a pour principal objet de fournir des directives, un soutien technique et un appui au renforcement des capacités, pour les processus de bilans communs des pays et du Plan cadre des Nations Unies pour l’aide au développement (UNDAF), menés par des équipes de pays des Nations Unies. Son appui s’étendra à des efforts connexes, tels que le suivi des PRSP parrainés par la Banque mondiale et la surveillance des ODM. Ce projet pilote de relativement faible ampleur, représente donc une orientation future importante pour les travaux normatifs du SICIAV à l’échelon national liés à l’intégration du SICIAV dans les initiatives plus larges relatives aux bilans communs de pays, aux PRSP et aux ODM. L’idée de base est que pour réaliser comme il convient l’une quelconque de ces activités, les pays auront besoin d’une base de données sous-nationale pour le suivi et l’évaluation et pour le ciblage des interventions de secours et de développement.

B. ÉLABORATION D’OUTILS-LOGICIELS SICIAV

33. L’élaboration d’outils-logiciels SICIAV prend une importance accrue dans ce contexte élargi des bilans communs de pays, des PRSP et de l’ODM. Il est en effet évident que ces efforts interinstitutions seraient avantagés par l’existence d’un ensemble commun de logiciels exploitables sur l’Internet,   pouvant être distribués gratuitement. Le même outil de base peut être utilisé aux niveaux international, régional, national et sous-national, avec des adaptations relativement mineures. Les autres logiciels de base de données et de cartographie appartenant à chaque institution ne peuvent pas faire l’objet d’une distribution généralisée, car ils sont protégés par des licences et d’autres droits d’exclusivité.

34. Grâce à l’appui crucial du projet SICIAV pour l’Asie financé par le Japon, l’élaboration de la base de données des indicateurs principaux (KIDS) a progressé à pas de géant cette année. Le KIDS sera prêt pour une première installation, à titre d’essai sur le terrain sur un site régional et national, en mai 2002. Bon nombre des caractéristiques prévues ont été parachevées et renforcées en tenant compte des réactions suscitées par la version prototype. L’interface Internet a été améliorée, afin d’en faciliter la compréhension et l’utilisation. Le logiciel est plus robuste et plus performant et il peut être installé sur une plus vaste gamme de serveurs hôtes, ce qui accroît ses capacités d’adaptation aux multiples environnements informatiques nationaux, régionaux et mondiaux. De nouvelles caractéristiques ont été ajoutées pour faciliter son perfectionnement par les utilisateurs externes et pour que la base de données KIDS puisse être personnalisée facilement par les pays et les organisations régionales. La version actuelle peut être adaptée pour les KIDS mondiaux, en étendant la couverture des données, en personnalisant l’interface et en établissant des liens statiques et dynamiques avec les systèmes existant dans les pays.

35. La version 1.0 du logiciel “ lecteur de cartes ” du SCPI (Système de cartographie des principaux indicateurs) a été achevée et essayée sur le terrain l’an dernier en Namibie et au Viet Nam , ainsi que dans d’autres unités organisationnelles des Nations Unies. Sur la base des essais de terrain, plusieurs améliorations importantes ont été apportées pour accroître la rapidité, l’efficacité et la robustesse du produit. En outre, de nouvelles caractéristiques ont été ajoutées pour faciliter l’affichage d’images en mode raster et pour pouvoir changer les projections cartographiques en temps réel. La nouvelle version du SCPI sur CD-ROM sera disponible en juin 2002. Le CD-ROM contient aussi un vaste ensemble de données qui a été révisé et mis à jour, ainsi qu’un nouveau manuel d’utilisation amélioré. Toutefois, aucune solution de gestion de l’information n’est à elle seule applicable à tous les pays qui élaborent des SICIAV et il ne faut pas s’attendre à ce que le SCPI soit adopté dans tous les pays. Plusieurs, comme l'Inde et le Mexique, ont d'autres solutions adaptées à leurs besoins.

C. TRAVAUX RELATIFS AU SICIAV À L’ÉCHELON RÉGIONAL

36. Au cours des trois dernières années, le GTI a peu à peu réalisé que c’était à l’échelon régional que les possibilités de promouvoir le SICIAV étaient les meilleures. Il y a plusieurs raisons à cela:

37. Projet régional SICIAV pour l’Asie: Dans la lignée des travaux réalisés en 2001, le projet a établi une base de données sur les catastrophes naturelles de masse survenues pendant la période 1975-2000, en association avec le Centre collaborateur de l’OMS pour l’étude sur l’épidémiologie des désastres et des situations d’urgence, à l’Université de Louvain, en Belgique. Le but est de faciliter les évaluations de la vulnérabilité dans les pays d’Asie exposés aux catastrophes. La base de données est utilisée pour produire des cartes de l’occurrence de divers types de catastrophes en Asie. Des études de cas sur l’insécurité alimentaire aiguë et la vulnérabilité, illustrées par des cartes des catastrophes, ont été présentées à la “ Conférence Asie-Pacifique de la FAO sur l’alerte rapide, la prévention, la préparation et la gestion des catastrophes alimentaires et agricoles ”, tenue en Thaïlande en juin 2001 ainsi qu’à la quatrième session du Asia Disaster Reduction Center, à New Delhi, en janvier 2002, à laquelle ont aussi participé les contreparties des SICIAV nationaux concernées.

38. Conformément à ce qui a été indiqué dans le rapport au CSA de 2001, le projet SICIAV pour l’Asie financé par le Japon a travaillé avec des institutions nationales au Bangladesh, au Cambodge, aux Philippines, à Sri Lanka et en Thaïlande, qui sont les pays prioritaires pour l’établissement de SICIAV nationaux. Cette assistance technique vise à renforcer les capacités concernant les SICIAV, et le projet a aidé les pays à suivre une série d’étapes critiques pour le SICIAV, notamment: i) sensibiliser les responsables des politiques et les décideurs au SICIAV; ii) établir et renforcer des comités directeurs interministériels et des sous-comités techniques sur le SICIAV; iii) évaluer l’état des structures gouvernementales et des systèmes d’information existants sur l’insécurité alimentaire et la vulnérabilité, et mener à bien des évaluations des besoins des utilisateurs; iv) sélectionner et /ou définir des indicateurs critiques; v) concevoir et mettre au point des méthodologies pour identifier les zones et les populations vulnérables, au niveau sous-national; et vi) préparer un manuel des opérations pour institutionnaliser le SICIAV dans le contexte du développement national. L’organisation d’ateliers et la fourniture d’une formation sur les approches du SICIAV, les techniques d’évaluation de la vulnérabilité et les outils, notamment la base de données KIDS, sont aussi des éléments majeurs de cette assistance.

39. Les principes et les directives du SICIAV sont également appliqués en Afrique australe par le Comité interinstitutions d’évaluation de la vulnérabilité, établi par la Direction de l’alimentation, de l’agriculture et des ressources nationales de la SADC, qui est membre du SICIAV, pour promouvoir des activités d’évaluation de la vulnérabilité dans la région. Les capacités institutionnelles intéressant le SICIAV sont probablement plus importantes dans la SADC et dans bon nombre de ses Etats Membres que dans toute autre région du monde en développement.

40. Dans l’Afrique de l’Ouest sahélienne, le Secrétariat du SICIAV participe à un projet pilote conjoint, mis en œuvre au Burkina Faso, sur l’utilisation du Modèle de caractérisation de la vulnérabilité sur la base de l’économie alimentaire des ménages, en collaboration avec des membres (PAM, système FEWSNET de l’USAID, CILSS) et avec le projet AP3 financé par la Coopération italienne. Ceci est considéré comme un premier pas vers l’élaboration d’un programme élargi de collaboration interinstitutions, qui pourra s’inspirer de la grande expérience du CILSS, en matière de système d’information sur la sécurité alimentaire. Une augmentation du soutien des donateurs serait souhaitable pour cette initiative.

41. Amérique centrale et Caraïbes: Compte tenu de l’accent croissant mis sur le SICIAV et de l’intérêt qu’il suscite en Amérique centrale et aux Caraïbes, la sixième session du GTI-SICIAV a été programmée pour le Nicaragua en juin 2002. Cette session rassemblera des représentants de membres du GTI et des centres de liaisons nationaux pour le SICIAV, ainsi que des représentants de systèmes nationaux SISVAN (Réseau de coopération technique sur les systèmes de surveillance alimentaire et nutritionnelle) (une organisation qui précède de plusieurs années le SICIAV). L’une des principales questions à l’ordre du jour sera la manière dont l’initiative du SICIAV peut soutenir les pays dans leurs efforts de réduction durable de la pauvreté et de la malnutrition.
 

ANNEXE: CONTRAINTES DANS LA MISE EN OEUVRE DE L'INITIATIVE SICIAV ET SOLUTIONS POSSIBLES

A-1. Malgré un intérêt croissant pour les objectifs du SICIAV et quelques signes positifs de progrès dans leur mise en oeuvre (voir texte principal du rapport), la mise en application du SICIAV au niveau des pays reste lente, à quelques exceptions près. Il y a plusieurs raisons à cela, mais aucune ne constitue un obstacle insurmontable si l'on veut se donner la peine de régler les problèmes. Ces problèmes sont résumés brièvement ci-après.

A-2. La demande d'informations et de données de cartographie intersectorielles meilleures et mieux coordonnées sur la sécurité alimentaire devrait émaner avant tout des pays qui établissent leurs propres programmes de développement. Toutefois, dans les pays les plus pauvres surtout, la demande provient essentiellement des organismes de développement partenaires, dont les responsables disposent de ressources plus importantes et ont davantage besoin d'informations que les instituts nationaux.

A-3. En ce qui concerne l'offre, comme chaque organisme de développement tend à investir dans le recueil et la diffusion d'informations qui répondent à ses propres besoins, il y a souvent un chevauchement des activités et un gaspillage des efforts. On observe souvent dans les pays les plus pauvres une surcharge d'informations, parallèlement à l'existence de séries de données incomplètes ou de mauvaise qualité et à une incapacité des responsables à utiliser les informations disponibles pour améliorer leur planification et leurs décisions en matière d'affectation des ressources.

A-4. Si les principales institutions des Nations Unies, les organismes bilatéraux et les ONG donnaient clairement pour mission à leur personnel de terrain de collaborer entre eux et avec les unités de coordination gouvernementales du pays, et de notifier les progrès réalisés, la plupart des problèmes ci-dessus pourraient être surmontés. Dans certains pays, le personnel technique établit déjà une collaboration très efficace, généralement avec les donateurs et les organismes techniques, et parfois aussi avec les unités ou les structures de coordination gouvernementales. Cependant, cette collaboration n'est pas toujours durable, car elle ne concerne pas le gouvernement hôte et elle ne bénéficie d'aucun appui ni encouragement institutionnel.

A-5. Le problème de la viabilité institutionnelle, qu'il s'agisse des systèmes d'alerte rapide, de la surveillance des objectifs internationaux ou de systèmes plus complets incorporant des normes pour les SICIAV nationaux, est particulièrement sensible. Depuis 15 ou 20 ans, toute une variété de systèmes d'information sur la sécurité alimentaire ont été créés dans les pays les plus pauvres. Ils représentent les prédécesseurs institutionnels des modèles que le Groupe de travail interinstitutions a proposés pour le SICIAV. Malheureusement, nombre de ces systèmes ne sont pas restés viables quand le financement du projet a pris fin.

A-6. Les principaux fonctionnaires de projet (spécialistes des bases de données et du SIG, analystes d'information, etc.) ont souvent des compétences qui leur offrent d'excellents débouchés au niveau le plus élevé sur le marché du travail national. Les bas salaires du service public, même lorsqu'ils sont versés régulièrement, ne permettent pas de retenir ce personnel compétent qui a souvent bénéficié de salaires plus élevés ou de primes dans le cadre du projet. Dans le contexte de la réforme gouvernementale et vu les besoins concurrentiels pour le financement de programmes sociaux prioritaires pour satisfaire les objectifs du millénaire, il y a peu de chances que les pays pauvres puissent, ou veuillent, financer les dépenses de fonctionnement des systèmes d'information qui ont été établis avec des fonds extérieurs.

A-7. Les donateurs et les institutions techniques n'ont pas toujours eu une vue réaliste de ce qui est nécessaire pour entretenir des systèmes d'information crédibles dans les pays les plus pauvres. L'idée commune aux donateurs, selon laquelle les pays en développement, quel que soit le revenu par habitant ou les recettes publiques par habitant, doivent être en mesure de supporter le coût de services d'information relativement perfectionnés, ne semble pas réaliste du tout pour les pays les plus pauvres. Cette question mérite un examen approfondi dans le cadre des programmes des donateurs visant à appuyer les efforts nationaux de réduction de la pauvreté et de la sous-alimentation.

A-8. Le principal atout du SICIAV est d'être un programme multi-institutions qui peut être mené en collaboration avec les pays. Le processus de réforme au sein des Nations Unies et du système de Bretton Woods commence à offrir davantage d'incitations au personnel des institutions pour collaborer aux activités en matière de systèmes d'information. L'appel logique du SICIAV est fort, surtout dans cette période de réduction des budgets d'assistance au développement. Toutefois, si la collaboration interinstitutions a bien progressé au niveau technique, l'engagement des principaux responsables de tous les partenaires du Groupe de travail interinstitutions n'est pas homogène.

A-9. Pour parvenir au niveau de collaboration qui sera nécessaire pour atteindre l'objectif du Sommet mondial de l'alimentation en 2015, les services du siège des institutions devront communiquer à leur personnel de terrain des instructions claires et leur donner des incitations accrues pour qu'il collabore plus activement. Un effort de mobilisation des ressources d'appui est également nécessaire, même si le montant supplémentaire à fournir reste souvent limité, car des ressources importantes sont disponibles dans le pays mais elles ne sont pas utilisées de manière coordonnée.

A-10. Le Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après, qui se tiendra à la FAO en juin 2002, offrira aux pays et aux organisations membres l'occasion de réaffirmer leur engagement en faveur de l'initiative du SICIAV et d'intensifier les efforts pour que les décideurs à tous les niveaux puissent bénéficier au plus tôt d'informations améliorées. Les avantages doivent absolument être perçus au niveau des instances nationales de formulation des politiques.

A-11. C'est en Afrique subsaharienne que se concentrent les plus grandes possibilités de développement de systèmes d'information. Cela s'explique par le grand nombre de pays ayant des revenus extrêmement bas, par la forte présence des donateurs et des organismes techniques, par la multiplicité des programmes entrepris par les membres du Groupe de travail interinstitutions et par la faible capacité des gouvernements nationaux (même les systèmes ordinaires de recueil de statistiques sur la santé et l'agriculture ont bien souvent cessé de fonctionner). Un renforcement de l'effort du Groupe de travail interinstitutions pour la mise en oeuvre de l'initiative SICIAV dans cette région serait approprié, compte tenu des perspectives des projections indiquant une forte incidence de la sous-alimentation dans cette partie du monde.

A-12. Par l'incorporation de méthodes d'analyse du niveau de subsistance, les efforts d'établissement de systèmes d'information dans le cadre de l'initiative SICIAV pourraient être étroitement liés - voire fusionner - avec les initiatives connexes visant à créer des unités de surveillance nationales (notamment dans le cadre du partenariat PNUD, Banque mondiale et OCDE visant à surveiller les objectifs de développement internationaux, les stratégies de réduction de la pauvreté et l'initiative d'évaluation conjointe de pays du Plan-cadre des Nations Unies pour l'aide au développement). Cela signifie que les efforts précédemment distincts peuvent être au moins harmonisés, si ce n'est fusionnés, avec un vaste objectif de développement d'une capacité nationale durable, dans le contexte d’initiatives internationales et de politiques formulées au niveau national.

Le Secrétariat se propose de soumettre ces questions à l'attention du Groupe de travail interinstitutions, qui tiendra sa sixième réunion annuelle au Nicaragua, du 4 au 7 juin 2002, et il proposera d'organiser une réunion des responsables de haut niveau des principaux organismes du Groupe de travail interinstitutions vers la fin de l'année ou en 2003, pour examiner et résoudre les problèmes d'engagement en personnel et en ressources en faveur du SICIAV et les mesures pratiques de promotion d'une collaboration accrue aux niveaux national aussi bien qu'international. Le Secrétariat encouragera également les membres du Groupe de travail interinstitutions à organiser une évaluation interinstitutions conjointe des activités accomplies durant les quatre dernières années et de ce qui reste à faire pour améliorer le programme et ses liens avec le processus national de formulation des politiques.

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1 Symposium, “ Malnutrition in developing countries: generating capabilities for effective community action ”, Fiuggi, Italie, 19 – 21 septembre 2001, ayant réuni diverses institutions des Nations Unies, ONG et organisations bilatérales).

2 Assemblée générale des Nations Unies, Plan de campagne pour la mise en œuvre de la Déclaration du millénaire. Rapport du secrétaire général.

3 Le Projet du millénaire, qui est le principal nouveau mécanisme du système des Nations Unies pour l’analyse des indicateurs des ODM, a prévu de constituer 15 équipes de travail très spécialisées, dont chacune se concentrera en principe sur l’un des dix-huit objectifs relevant du programme relatif aux ODM. L’équipe de travail la plus pertinente pour ce comité et pour le SICIAV sera “l’équipe spéciale sur la faim” proposée pour s’occuper des interventions visant à éradiquer la “faim extrême” d’ici à 2015. Rien n’a cependant encore été dit sur la méthode d’analyse qui sera employée pour analyser les progrès réalisés dans tous ces grands domaines sectoriels.