CL 124/INF/15


Conseil

Cent vingt-quatrième session

Rome, 23 – 28 juin 2003

Coopération entre la FAO et l’UNESCO

I. INTRODUCTION

1. La coopération entre la FAO et l’UNESCO couvre un large éventail d’activités intéressant les deux Organisations. On compte à présent plus de vingt domaines de collaboration, outre les nouvelles initiatives dont s’occupent treize unités techniques de la FAO et leurs homologues à l’UNESCO, qui ont trait à la lutte contre la pauvreté, à la sécurité alimentaire et au développement durable.

DOMAINES DE COOPÉRATION

2. Dans le cadre de l’Activité 4 du Plan d’action mondial sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (Promouvoir la conservation in situ des espèces sauvages apparentées à des plantes cultivées et des plantes sauvages pour la production alimentaire), plan adopté par 150 pays en 1996, le programme de l’UNESCO « L’homme et la biosphère » (PHB) peut contribuer à l’identification de sites importants pour la conservation in situ. Le Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture, adopté par la Conférence de la FAO à sa trente et unième session en novembre 2001, stipule à l’Article 5.1 (d) que: « Chaque partie contractante s’emploie à promouvoir la conservation in situ des espèces sauvages apparentées à des plantes cultivées et des espèces sauvages pour la production alimentaire, y compris dans les zones protégées, en appuyant, notamment, les efforts des communautés locales et autochtones ». Le programme « L’homme et la biosphère » peut appuyer un certain nombre d’activités d’une importance capitale pour la conservation des ressources génétiques forestières et des espèces sauvages apparentées à des plantes cultivées génétiquement importantes (comme la réserve de la biosphère de Mazatlan au Mexique pour le téosinte/maïs pérenne sauvage) et pour l’utilisation d’espèces animales autochtones associée à des pratiques agricoles traditionnelles (comme l’espèce bovine blanche ancienne de la réserve de la biosphère de Hortobagy en Hongrie). La conservation in situ par le biais de l’utilisation peut être un moyen efficace d’enrayer l’érosion dramatique des ressources zoogénétiques. Les possibilités de collaboration dans ce domaine sont loin d’être pleinement exploitées. Il s’agit pour l’UNESCO d’un domaine important en soi, mais aussi d’un domaine dans lequel la collaboration avec la FAO pourrait être développée.

3. En 2002, la FAO a lancé une initiative multipartite à laquelle participent non seulement plusieurs institutions, mais aussi diverses parties prenantes, pour la reconnaissance mondiale, la conservation dynamique et la gestion durable de systèmes et de paysages agricoles remarquables, de leur biodiversité et des systèmes de connaissance y afférents. Intitulée « Systèmes ingénieux du patrimoine agricole d’importance mondiale », cette initiative financée par le FEM/PNUD concernera pour commencer dix systèmes du patrimoine agricole pilotes, situés dans dix pays différents, et s’appuiera sur les programmes ONU pour la conservation in situ et la gestion durable de la biodiversité, des paysages et des systèmes de connaissance agricoles. L’UNESCO s’est associée à ce projet en créant des liens avec deux initiatives qu’elle appuie, la Convention sur le patrimoine mondial et le programme « L’homme et la biosphère ». Cette nouvelle collaboration FAO-UNESCO pourrait déboucher sur la création d’une nouvelle sous-catégorie de patrimoine mondial pour les systèmes du patrimoine agricole. L’ICCROM (Centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels), organisation soeur de l’UNESCO dont le siège est à Rome, fait également partie du Comité directeur du projet.

4. À sa cinquante-septième session, l’Assemblée générale des Nations Unies a déclaré l’année 2004 Année internationale du riz. Dans ce contexte, la FAO a été invitée à jouer le rôle de facilitateur pour l’organisation de diverses activités, en consultation avec plusieurs parties prenantes. La Réunion informelle de coordination internationale qui s’est tenue les 6 et 7 mars au siège de la FAO a proposé à l’UNESCO de participer à la célébration de cette Année, afin de sensibiliser les populations, notamment asiatiques, aux aspects culturels du riz compte tenu de son rôle de chef de file en matière de patrimoine culturel.

5. La FAO collabore avec l’UNESCO à des activités scientifiques et éducatives ayant trait au développement économique et à la nutrition, et plus particulièrement aux activités suivantes: la cinquième Conférence de la Société internationale pour la recherche sur les oligoéléments chez les humains, tenue à Lyon (France) du 27 au 30 septembre 1998 et la Conférence internationale parrainée par l’UNESCO sur « Les biotechnologies et la société du XXIe siècle », tenue à Gênes les 22 et 23 mars 1999, qui ont donné l’occasion à la FAO et à l’UNESCO de coopérer à des travaux scientifiques. La FAO a préparé un chapitre intitulé « Stratégies alimentaires et agricoles visant à réduire et à prévenir la malnutrition » qui sera publié dans une encyclopédie UNESCO/EOLSS. En matière d’éducation, la FAO coopère avec l’UNESCO, l’UNICEF, l’OMS et la Banque mondiale à une initiative connue sous le sigle FRESH (Focus Resources on Effective School Health), qui vise à mettre en place un cadre commun pour renforcer les programmes d’amélioration de la santé, de l’hygiène et de la nutrition en milieu scolaire. L’UNESCO contrôle également des matériels pédagogiques sur la nutrition élaborés par la FAO en vue de leur distribution aux écoles primaires à la fin de l’année.

6. La FAO et l’UNESCO figurent parmi les partenaires fondateurs de l’initiative mondiale intitulée « Nourrir les esprits et combattre la faim » qui vise à aider les enseignants et les animateurs de groupes de jeunes du monde entier à faire participer les jeunes à la lutte contre la faim et la malnutrition. Des plans types de leçons ont été établis dans dix langues sur les thèmes suivants: Qu’est-ce que la faim et la malnutrition? Qui a faim? Pourquoi les gens sont-ils mal nourris ou sous-alimentés? Que pouvons-nous faire pour éliminer la faim? destinés aux écoles primaires et secondaires. Ces plans et matériels pédagogiques sont disponibles imprimés, sur Cd-rom et sur Internet (http://www.feedingminds.org/debut.htm). En étroite collaboration avec le Réseau du projet des écoles associées (ASPnet) de l’UNESCO, la Division de l’alimentation et de la nutrition de la FAO a organisé en 2002 des ateliers plurinationaux au Mali, en Inde et en Italie pour promouvoir l’initiative « Nourrir les esprits et combattre la faim » et étudier des moyens de l’élargir et de l’améliorer. La demande de matériel sur ce thème est très forte et à ce jour 134 pays ont consulté le site Web consacré à cette initiative. Il semble que celle-ci soit très populaire tant dans les pays développés que dans les pays en développement et qu’il soit encore possible de l’élargir et de la promouvoir.

7. La FAO collabore depuis longtemps avec la Commission océanographique intergouvernementale (COI) de l’UNESCO. Cette collaboration se poursuit dans des domaines comme: (1) le développement du Système mondial d’observation des océans (SMOO), initialement grâce à la participation de la FAO au Groupe sur les ressources marines vivantes, qui depuis 2000 a été fusionné avec le Groupe d’observation des océans (COOP) coparrainé par la FAO; (2) la préparation et la tenue à jour de l’Atlas des océans des Nations Unies publié sur le Web, initiative menée conjointement par plusieurs institutions des Nations Unies s’occupant des océans, sous la direction de la FAO; et (3) la mise à la disposition de la COI du Serveur répertoire mis au point par la FAO comme base possible pour le système d’information électronique de la COI.

8. Dans le sillage de l’Année internationale de la montagne et de l’Année internationale de l’eau douce, une collaboration étroite a été établie avec l’UNESCO, comme en témoignent les activités ci-après: participation de l’UNESCO en tant que membre actif au Groupe inter-institutions sur les montagnes; collaboration à la recherche sur les réserves de la biosphère dans le cadre de l’Initiative de recherche sur les montagnes; collaboration à la gestion des bassins versants à l’occasion de l’Année internationale de l’eau douce; possibilité de collaboration à la mise au point de matériel pédagogique sur les montagnes.

9. La FAO et l’UNESCO appuient conjointement les instituts supérieurs de formation à la gestion des forêts et de l’environnement d’Afrique centrale.

10. Grâce à l’appui de la Fondation des Nations Unies, le programme sur le patrimoine mondial dispose de ressources pour la conservation et la mise en valeur des sites naturels et pourrait se révéler un instrument précieux pour la conservation des forêts. L’expertise de la FAO en matière de foresterie et de création d’entreprises communautaires d’exploitation forestière est un atout supplémentaire. Le long partenariat entre l’UNESCO et la FAO dans le contexte du programme « l’homme et la biosphère » doit être renforcé dans les domaines où la FAO dispose d’une expertise utile. Plusieurs domaines qui relèvent à la fois des sites du patrimoine mondial et des réserves de la biosphère offrent des possibilités intéressantes à cet égard.

11. Au titre de son programme « Éducation pour tous », l’UNESCO s’intéresse au téléenseignement, qui fait appel aux nouvelles technologies d’apprentissage par voie électronique et aux technologies d’information et de communication (TIC). La Division de la société de l’information de l’UNESCO collabore depuis peu avec la FAO à un projet de téléenseignement assisté par ordinateur dirigé par la FAO et intitulé « Guide pratique pour la gestion de l’information ». L’UNESCO collaborera à l’élaboration des quatre modules suivants: module pour la gestion de la documentation, module spécifique à l’intention des bibliothécaires, module sur la création d’une cybercommunauté et module destiné aux directeurs de projets et aux décideurs.

12. L’UNESCO tient à jour le système de bases de données textuelles CDS ISIS et d’autres logiciels d’exploitation libre intéressant les États Membres de la FAO. Celle-ci utilise les systèmes CDS ISIS au siège et dans le cadre de divers programmes de renforcement des capacités liés à AGRIS. Avec d’autres parties prenantes, notamment le FIDA et l’Agence allemande de coopération technique, l’UNESCO et la FAO cherchent à mettre sur pied un consortium pour développer ces outils.

13. En ce qui concerne les services linguistiques, la FAO et l’UNESCO collaborent dans divers domaines d’intérêt mutuel, en organisant, notamment: l’échange d’interprètes dans des conditions énoncées dans le document sur la Politique en matière de prêts inter-institutions (une moyenne de 20 jours par an), l’échange régulier d’informations sur les politiques linguistiques et sur des questions connexes comme la qualité et la disponibilité des interprètes et des traducteurs, le partage des frais de voyage des interprètes chinois recrutés en Chine et l’échange de traducteurs.

14. La FAO et l’UNESCO continuent à confronter leurs expériences respectives et à explorer les possibilités de partenariat dans le domaine de la radio rurale. Cette collaboration, qui remonte au début des années 60, est axée depuis quelques années sur l’identification de stratégies de communication novatrices et en particulier sur l’évaluation du rôle des nouvelles technologies d’information et de communication (TIC) dans le développement rural. Des approches communes ont été élaborées en vue d’une utilisation intégrée des TIC et de médias traditionnels, notamment la radio rurale, associant informations locales et mondiales en vue d’améliorer le partage des connaissances et des communications. Dans ce contexte, la FAO effectuera des évaluations des besoins en matière d’information de plusieurs pays d’Europe orientale ou centrale afin d’intégrer un élément de développement rural dans l’initiative de l’UNESCO intitulée « Centres multimédia communautaires ». Une collaboration est également envisagée pour l’élaboration d’un contenu adapté à une utilisation locale, la formation à la gestion de l’information et à la communication participative et l’exécution de projets pilotes de radio rurale/TIC.

15. Après la Table ronde inter-institutions des Nations Unies sur la communication pour le développement tenue au Nicaragua en novembre 2001, la FAO a été invitée par l’UNESCO et le FNUAP à organiser la Table ronde de 2004. Des consultations avec d’autres agences des Nations Unies sont en cours pour choisir le thème de la réunion qui devrait se tenir au siège de la FAO en septembre 2004.

16. La stratégie de l’UNESCO intitulée « Éducation pour tous », examinée au Forum de Dakar en 2000 et adoptée par la communauté mondiale, traitait expressément des moyens de faire face aux besoins des populations rurales en matière d’éducation. Pour donner suite à ce forum, la FAO et l’Institut international de planification de l’éducation de l’UNESCO (IIEP-UNESCO) ont conclu en 2001 un accord de partenariat pour mener une étude mondiale intitulée « Éducation pour le développement rural: vers de nouvelles réponses politiques ». L’étude analyse les tendances et les innovations en matière d’enseignement primaire destiné aux jeunes ruraux et examine des stratégies de formation et d’enseignement supérieur qui permettraient d’améliorer les connaissances et les compétences des communautés rurales. Quinze études de cas provenant de toutes les régions du monde sont compilées dans un ouvrage à paraître en 2003.

17. Au cours du Sommet mondial pour le développement rural (SMDD) de 2002, la FAO et l’UNESCO ont lancé une nouvelle initiative mondiale pour l’ « Éducation des populations rurales » placée sous l’égide de la FAO. Cette initiative vise à combler l’écart entre les villes et les campagnes en matière d’instruction. Soixante-dix pour cent environ des pauvres vivent à la campagne. Or, alors même que l’instruction est en soi un droit fondamental et une condition préalable indispensable pour réduire la pauvreté, améliorer les conditions de vie des populations rurales et instaurer la sécurité alimentaire à l’échelle mondiale, en milieu rural les taux de scolarisation sont bien plus faibles qu’en zones urbaines, le taux d’analphabétisme chez les adultes est beaucoup plus élevé et la qualité de l’enseignement est également inférieure. L’initiative pilote vise à (i) sensibiliser l’opinion à l’importance de l’enseignement rural en tant que condition indispensable pour atteindre les objectifs de développement pour le Millénaire qui consistent à éliminer la pauvreté et la faim et à généraliser l’instruction primaire; (ii) réduire le fossé éducatif entre zones urbaines et monde rural; (iii) faciliter l’accès des ruraux à l’instruction; (iv) améliorer la qualité de l’enseignement élémentaire en zone rurale; et (v) améliorer la capacité des pays à élaborer et à mettre en oeuvre des plans en matière d’instruction qui répondent aux besoins des ruraux. Le partenariat inclut désormais plus de 50 participants, dont des organisations internationales, des gouvernements, des ONG, des universités, des fondations et des entreprises du secteur privé. Le Réseau du système des Nations Unies sur le développement rural et la sécurité alimentaire dont l’UNESCO et la FAO sont membres a publié un article sur le partenariat FAO/UNESCO à l’appui de l’instruction des populations rurales dans son bulletin de février 2003.

18. Parallèlement à cette initiative pilote, la FAO et l’UNESCO organisent conjointement des séminaires sur le thème: « L’éducation des populations rurales ». Un premier séminaire s’est tenu à Bangkok (Thaïlande) en novembre 2002 et a rassemblé les fonctionnaires de haut niveau des Ministères de l’éducation et de l’agriculture de 10 pays d’Asie qui ont débattu d’éventuelles actions communes en faveur de l’instruction des populations rurales en Asie. Un ouvrage sur l’« Éducation des populations rurales en Asie: expériences et leçons politiques » a été publié en 2002. En outre, un atelier à l’intention des organismes d’aide s’est tenu à la FAO, à Rome, les 12 et 13 décembre 2002. Une cinquantaine de hauts représentants des secteurs de l’éducation et du développement rural d’organismes internationaux d’aide et de développement se sont réunis pour améliorer la collaboration aux niveaux international et national en matière d’éducation des populations rurales. Enfin, un colloque international sur l’éducation rurale organisé par l’UNESCO et le Centre international de recherche et de formation pour l’éducation rurale (INRULED) s’est tenu à Baodin (Chine) du 20 au 23 janvier 2003. À cette occasion la FAO, principal organisateur, a proposé des ateliers sur les moyens d’améliorer l’instruction des jeunes filles, des femmes et des populations désavantagées en milieu rural, ainsi que la formation professionnelle et l’enseignement supérieur, aux fins du développement local et de l’apprentissage continu en milieu rural.

19. Depuis 1996, la FAO et l’UNESCO collaborent, sur les plans financier et technique, à la collecte des données et de l’information nécessaires pour évaluer l’impact de l’évolution de l’environnement planétaire sur la biodiversité, la qualité des terres, l’eau douce, le climat et les substances chimiques toxiques. En tant qu’institution coparrainant le Système mondial d’observation terrestre (SMOT), l’UNESCO apporte à la FAO un soutien financier annuel et sa collaboration technique pour le suivi intégré du système international des réserves de la biosphère. La FAO souhaiterait renforcer la collaboration de l’UNESCO avec le SMOT grâce à de nouvelles initiatives, comme la mise au point d’une base de meta-données (TEMS, par exemple), la mise en place d’un réseau d’observation des données hydrologiques aux fins de l’élaboration des politiques, l’accès à des données et informations provenant des réserves de la biosphère dans le cadre d’études sur l’évolution de l’environnement planétaire et l’échange de données entre réseaux d’observation terrestre (comme le réseau GT).

20. L’UNESCO a récemment demandé à la FAO de contribuer à la mise en oeuvre du Plan d’action de la Déclaration sur la diversité culturelle, adopté par la Conférence générale à sa trente et unième session en novembre 2001. Un fonctionnaire de la FAO assure la liaison avec l’UNESCO pour la mise en oeuvre de ce plan.

21. La FAO et l’UNESCO continuent à étudier les possibilités de collaboration avec des universités et des instituts de formation et de recherche français en vue de l’élaboration d’un programme sur la parité hommes-femmes dans le secteur agricole à l’intention des pays francophones.

22. La FAO collabore avec l’UNESCO dans le domaine de la culture et du développement en contribuant notamment à des articles sur « la culture, l’agriculture et le développement rural » affichés sur le site web de l’UNESCO. La FAO a tout intérêt à profiter de la vaste expérience de l’UNESCO en matière culturelle, tout en apportant à cette organisation la dimension agriculture et développement rural. Cette initiative pourrait être élargie à toutes les unités techniques de la FAO.

23. L’UNESCO prépare une déclaration internationale sur les données génétiques humaines qui sera soumise à une réunion intergouvernementale de tous les États en vue de son adoption par la Conférence générale à sa trente-deuxième session. La FAO a été invitée à contribuer tant à la présentation qu’au contenu d’un instrument international sur les données génétiques humaines, qui serait le prolongement de la Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme.

24. La FAO est prête à continuer à travailler en partenariat avec l’UNESCO et à envisager de nouvelles initiatives.