AU/MIN/AGRI/3
CONFÉRENCE DES MINISTRES DE L'AGRICULTURE DE L'UNION AFRICAINE
Maputo, Mozambique
1er - 2 juillet 2003
Réunion préparatoire d'experts
1er juillet 2003
Point 3 de l'ordre du jour provisoire
BREVE PRESENTATION DU PROCESSUS PERMETTANT DE TRANSFORMER
LE PROGRAMME DETAILLE POUR L'AGRICULTURE AFRICAINE (PDDAA)
EN PLANS D'ACTION REALISABLES AUX NIVEAUX NATIONAL ET REGIONAL
1. INTRODUCTION
2. ÉLABORATION DE LA PREMIÈRE TRANCHE DU PLAN D'ACTION
3. QUESTIONS À SOUMETTRE À L'ATTENTION DES MINISTRES
Annexe 1: Chronologie des événements et des réunions ayant contribué à la préparation
du programme agricole du NEPAD
Annexe 2: Plan d'action du NEPAD pour l'agriculture, 2003-2009
Annexe 3: Axes du plan d'action du NEPAD
Annexe 4: Déclaration d'Abuja
1. INTRODUCTION
1.1 Généralités
Ce document présente, pour information et prise en considération, un échantillon de projets répondant aux exigences du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA). Sachant que les investissements requis pour l'ensemble du PDDAA sont de l'ordre de 251 milliards de dollars EU, il est donc indispensable que la mise en oeuvre soit effectuée, par étape, de façon progressive. L'élaboration de la première tranche a permis de retirer plusieurs leçons sur le processus permettant de transformer le PDDAA en plans d'action réalisables, y compris sur le rôle des communautés économiques régionales et des partenaires de la communauté internationale. Au stade actuel, l'accent a été mis sur l'action au niveau régional/sous-régional.
La préparation de plans d'action est une étape clé du processus du programme agricole du NEPAD. On peut rappeler qu'au cours d'une session spéciale consacrée au NEPAD lors de la Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique, tenue à Rome le 9 juin 20021, les Ministres de l'agriculture ont avalisé le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA). Ce programme, qui vise à promouvoir la croissance du secteur agricole, le développement rural et la sécurité alimentaire en Afrique, traduit la vision du NEPAD pour l'agriculture. Tenant compte des divers potentiels, contraintes et atouts du continent, le PDDAA présente trois axes d'intervention prioritaires et compatibles qui permettraient d'obtenir une augmentation rapide de la production:
- l'accroissement des superficies cultivées de manière durable et desservies par des systèmes fiables de maîtrise de l'eau;
- l'amélioration de l'infrastructure rurale et des capacités commerciales pour faciliter l'accès aux marchés;
- l'augmentation des approvisionnements alimentaires et la réduction de la faim.
Le Programme prévoit en outre un autre domaine d'intervention à long terme centré sur la recherche agricole ainsi que sur la diffusion et l'adoption de nouvelles technologies.
Le PDDAA souligne également que la production alimentaire et la réduction de la faim ne peuvent être améliorées que si les interventions d'urgence en cas de crise et de catastrophe font partie intégrante du programme.
Les communautés économiques régionales (CER) et les organisations économiques régionales (OER) se sont vues confier un rôle déterminant pour promouvoir et faciliter la mise en uvre des programmes et des projets du NEPAD destinés à des groupes de pays. Dans ce contexte, et en vue de créer les conditions nécessaires pour que les initiatives du PDDAA prévues à l'échelle du continent entier puissent être adaptées à des régions et ultérieurement, à des pays, le Président du Comité directeur du NEPAD, le Président de la Banque africaine de développement (BAD) et le Directeur général de la FAO ont organisé une réunion de haut niveau à Abuja les 11 et12 décembre 2002. Cette réunion a permis aux CER et aux OER africaines de réaffirmer leur engagement à l'égard de l'application du PDDAA, contribuant ainsi à concrétiser la vision du NEPAD pour le secteur agricole. Au préalable, une réunion d'experts BAD/FAO avait été tenue à Accra du 13 au 22 novembre 2002 pour élaborer un document technique sur le rôle des organisations économiques régionales dans l'exécution du PDDAA/NEPAD qui a servi de base aux délibérations et à la préparation de la réunion de haut niveau d'Abuja.
Lorsqu'elle s'est déroulée en décembre, cette réunion a bénéficié des travaux de préparation. Elle a offert une tribune aux chefs d'État et de gouvernement en leur qualité de présidents des CER et des OER, aux dirigeants des CER et des OER, aux banques régionales, aux membres du Comité directeur du NEPAD, aux organisations professionnelles africaines du secteur agricole (y compris aux ONG) ainsi qu'à certains donateurs d'aide bilatérale et multilatérale. La réunion a permis d'examiner la construction de partenariats fructueux entre les communautés et les organisations économiques régionales en vue d'assurer la coordination de leurs initiatives et de leurs programmes respectifs en matière d'agriculture et de sécurité alimentaire dans des régions ou dans des groupes de pays. La déclaration d'Abuja est jointe en annexe. Il a été convenu durant la réunion, parmi d'autres points, que les États membres, en partenariat avec les CER/OER, prendraient des actions vigoureuses pour mettre en uvre le PDDAA et qu'un Plan d'action serait élaboré2. À cette fin, une réunion a été organisée par le Secrétariat du NEPAD, en collaboration avec la FAO, du 31 mars au 9 avril 2003.
Chronologie du processus
La préparation du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) s'est appuyée sur un processus consultatif dont les principaux éléments sont décrits à l'Annexe 1. Ce processus a impliqué tous les pays africains, les Ministres de l'agriculture étant invités à faire part de leurs observations sur l'ensemble des documents provisoires. Des contributions, des observations et des suggestions importantes ont été également apportées par d'autres organisations des Nations Unies et partenaires de développement, dont le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Programme alimentaire mondial (PAM), la Banque mondiale, la Banque de développement de l'Afrique de l'Est (BDAE) et la Banque africaine de développement (BAD). Les communautés et organisations économiques régionales ont aussi transmis leurs observations et leurs suggestions. L'élaboration du Plan d'action en vue de la mise en uvre du PDDAA a fait appel à un processus de consultation similaire. De nombreux partenaires y ont été associés, dont le Secrétariat du NEPAD, les CER/OER, la Banque africaine de développement (BAD), la FAO, le Fonds international de développement agricole (FIDA), le Programme alimentaire mondial (PAM), la Banque mondiale/Bureau régional, la Banque de développement de l'Afrique australe (DBSA), le Forum de recherche agricole en Afrique (FARA), le Service international pour la recherche agricole nationale (ISNAR/Bureau régional) ainsi qu'un représentant des organisations africaines d'agriculteurs3.
2. ÉLABORATION DE LA PREMIÈRE TRANCHE DU PLAN D'ACTION
2.1 Objectif du Plan
L'objet du premier échantillon de projets du Plan d'action du PDDAA est de fournir une feuille de route pour concrétiser, à partir de thèmes spécifiques, la vision du NEPAD pour l'agriculture africaine tout en veillant à ce que les éléments suivants soient intégrés dans le processus:
- Construction d'une compréhension, d'un soutien et d'une appropriation commune du programme à l'échelle nationale, sous-régionale et régionale;
- Établissement de partenariats et de consultations permanentes entre les gouvernement nationaux, les organisations économiques régionales/sous-régionales, le secteur commercial privé, les organisations de producteurs, la société civile, y compris les associations communautaires, et les donateurs;
- Réalisation d'un travail analytique permettant d'identifier et de mettre en valeur les domaines potentiels des avantages comparatifs de l'Afrique et/ou la convergence de la production agricole, sa valeur ajoutée et les échanges commerciaux; focalisation sur les possibilités clés pouvant rapporter les gains les plus importants et choix des priorités ayant le potentiel d'améliorer les conditions de vie d'un grand nombre de personnes déshéritées et souffrant de la faim en Afrique;
- Intégration des programmes du NEPAD/PDDAA dans les budgets et les plans de développement nationaux et régionaux.
Au fur et à mesure de l'élaboration des plans d'action pour prendre en compte l'intégralité du PDDAA, les mêmes principes seront appliqués; en outre, il convient d'insister sur le rôle majeur des programmes nationaux du NEPAD, en gardant présent à l'esprit la nécessité d'une synergie et d'une harmonie entre les diverses initiatives afin que l'Afrique puisse aller de l'avant en un même mouvement collectif.
2.2 Principales composantes du Plan d'action et démarche
Le Plan d'action doit être considéré comme le début du lancement immédiat du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA) prévu par le NEPAD. Les résultats obtenus sont les suivants:
- Définition de critères de sélection pour les programmes/projets du NEPAD/PDDAA4: les critères sont indiqués dans l'encadré 1; ces critères, comme le plan lui-même, sont appelés à évoluer et à être précisés avec l'expérience.
- Préparation de projets phares intéressant toute la région ou plusieurs pays, dont les divers volets se renforcent mutuellement et visent à: i) traiter des problèmes relatifs à l'agriculture/développement rural et à la sécurité alimentaire dans les zones les plus touchées par la faim; ii) adopter des technologies de production vivrière d'importance stratégique capables de donner des résultats rapides; iii) canaliser les efforts convergents de l'Afrique et accroître les synergies permettant d'augmenter la productivité agricole; iv) promouvoir et encourager l'augmentation de la contribution intérieure régionale et nationale de l'Afrique en faveur de l'investissement agricole.
- Mise au point du calendrier d'exécution et du cycle des projets prévoyant un temps de consultation entre les différentes parties concernées, dont, par exemple, le NEPAD, les CER/OER, les gouvernements nationaux et leurs partenaires de développement locaux, les organisations de producteurs, la société civile/ ONG, et les donateurs.
- Proposition des modalités à suivre pour l'avenir.
|
Encadré 1: Critères de sélection pour les programmes/projets du NEPAD
Les propositions doivent:
- mettre en évidence les moyens à mettre en uvre pour rendre le PDDAA du NEPAD opérationnel en:
- décrivant leur capacité à intervenir rapidement en cas de crise du secteur agricole en Afrique;
- portant une plus grande attention aux questions critiques de croissance et/ou de lutte contre la vulnérabilité;
- abordant de manière plus holitisque les problèmes actuellement traités au coup par coup;
- encourageant l'adoption de technologies performantes;
- avoir une portée régionale pour traiter des questions relatives à la convergence et à l'intégration régionales mais avec une forte incidence à l'échelle nationale;
- respecter les priorités nationales et régionales mises en évidence par l'engagement en matière de partage des coûts;
- reprendre un ou plusieurs des axes d'intervention du PDDAA, à savoir:
- l'accroissement des superficies cultivées de manière durable et desservies par des systèmes fiables de maîtrise de l'eau;
- l'amélioration de l'infrastructure rurale et de l'accès aux marchés, y compris des intrants et du financement;
- l'augmentation des approvisionnements alimentaires et la réduction de la faim;
- la recherche agricole, la diffusion et l'adoption de technologies;
- avoir des liens clairs et tangibles avec les objectifs de développement du Millénaire qui visent à combattre la faim et à réduire la pauvreté de moitié d'ici 2015 ainsi qu'à diminuer les disparités entre hommes-femmes;
- promouvoir le développement, le partage et le transfert des compétences.
|
2.3 Faits saillants
Afin que l'exécution du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine puisse exprimer la vision du NEPAD, le Plan d'action attire l'attention sur les points suivants:
- Première tranche des "projets phares du NEPAD" pour la période 2003-2009: ces projets, d'une valeur d'environ 15,7 milliards de dollars EU (Annexe 2), ne représentent que 6 pour cent de l'estimation du coût total du PDDAA. Ces projets de lancement concernent les actions prioritaires destinées à traiter des questions ou des problèmes transfrontaliers où la coopération entre pays est cruciale pour préparer le terrain à la mise en uvre des programmes nationaux. Comme indiqué dans le Document AU/MIN/AGRI/2, les programmes nationaux du NEPAD ou les composantes nationales des programmes du NEPAD intéressant plusieurs pays devraient absorber la plus grande part de l'investissement. À l'avenir, l'on peut s'attendre à ce que toutes les CER proposent peu à peu des programmes et des projets dans le cadre du Plan d'action, l'amenant ainsi à se transformer.
- Suggestions et thèmes relatifs aux programmes/projets (Annexe 3): ces éléments ont été organisés en fonction des axes d'intervention du PDDAA et classés selon leur réalisation à court, moyen et long termes.
- Continuité et mise à jour de la préparation du Plan d'action du PDDAA: le plan insiste sur l'importance de la continuité du processus permettant d'aboutir à l'exécution du PDDAA, ce qui peut être réalisé par la participation soutenue de toutes les institutions et organisations concernées, à l'échelle tant nationale que régionale.
- Lancement du processus de régénération du secteur agricole: le Plan d'action a inclus et défini des projets pour amorcer le renouveau de l'agriculture en Afrique. L'élaboration de ces projets doit commencer immédiatement, le début de mise en uvre étant prévu dès fin 2003 ou début 2004.
- Interventions en cas de crises alimentaires en Afrique: compte tenu des crises alimentaires qui perdurent en Afrique australe et dans la Corne de l'Afrique ainsi qu'en Afrique centrale du fait de catastrophes causées par l'homme ou par la nature, des interventions immédiates doivent être définies et mises en uvre par le NEPAD et les CER/OER. Le NEPAD, en collaboration avec les CER/OER concernées et en coopération avec le PAM et d'autres partenaires de développement, a entamé des consultations pour déterminer des actions à prendre.
- Participation des petits producteurs au développement de cultures vivrières d'importance stratégique: le Plan d'action propose que le NEPAD, en partenariat avec les gouvernements concernés, les donateurs intéressés et les autres parties prenantes, encourage les agriculteurs à se mobiliser dans le domaine du transfert des technologies intéressant les cultures stratégiques comme le manioc, le riz NERICA, la banane (culture de tissu), le pois cajan, le sorgho, le mil et autres cultures stratégiques pouvant résulter de la recherche biologique.
- Mobilisation des ressources et allocations financières: le Plan prévoit que le financement nécessaire aux projets du PDDAA sera mobilisé par les gouvernements, les CER/OER, les donateurs d'aide bilatérale et multilatérale, le secteur privé et les communautés bénéficiaires. Les gouvernements nationaux devront toutefois apporter une contribution substantielle pour renforcer leur engagement et montrer qu'ils s'approprient les programmes et les projets. Étant donné qu'un grand nombre des futurs programmes relevant du NEPAD auront des composantes nationales (à l'exception de programmes régionaux/sous-régionaux additionnels), les gouvernements devront élaborer un processus permettant de les insérer dans les budgets nationaux.
2.4 Principes directeurs et conditions de réussite
Globalement, il est possible de dire que le Plan d'action fait partie du processus destiné à promouvoir la vision du NEPAD pour l'agriculture africaine. Lors de l'élaboration et de la présentation du Plan, il a souvent été rappelé que la première version ne représentait que le début du processus de mise en oeuvre globale du PDDAA. Grâce à ce processus, le NEPAD a commencé à donner corps à ce programme destiné à l'ensemble du continent. Il reste encore beaucoup à faire au niveau régional et les actions du PDDAA doivent être également appliquées au niveau national.
Plusieurs principes directeurs, énoncés ci-après, sous-tendent le Plan d'action et ses perspectives:
- La nécessité d'adopter une approche progressive consistant à proposer des versions successives du Plan d'action qui représenteront peu à peu tous les aspects de l'ensemble du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (PDDAA).
- L'importance fondamentale de la prise en charge du programme par les pays africains qui doit se traduire par des allocations budgétaires nationales et par la mobilisation de ressources au profit du secteur agricole. L'agriculture doit être considérée comme un secteur prioritaire pour garantir la réussite du NEPAD. Il est impératif que les gouvernements africains fassent preuve d'un engagement national pour s'assurer du soutien substantiel des donateurs.
- Les gouvernements nationaux doivent assumer leur rôle essentiel qui est de créer un environnement favorable au développement agricole ainsi que d'en assurer la rentabilité et la compétitivité afin qu'il devienne attrayant pour les investisseurs, y compris pour les petits producteurs eux-mêmes.
- Les programmes du NEPAD doivent mobiliser l'énergie de toute la société, avec des partenariats témoignant des relations nouées entre les gouvernements, le secteur commercial privé, les agriculteurs et la société civile.
- L'intégration régionale est cruciale pour promouvoir l'harmonisation des politiques, des stratégies et des priorités pour que l'Afrique puisse s'engager dans une voie commune et parvenir ainsi au succès et à la reconnaissance internationale. Jusqu'à maintenant, les pays africains n'ont tiré aucun avantage à agir indépendamment et le NEPAD leur offre une nouvelle possibilité de travailler ensemble.
- Afin de coopérer et de définir les priorités de manière ordonnée, les critères des programmes du NEPAD seront précisés et approuvés. Une fois ces critères adoptés, les pays devront les respecter pour le bien commun.
3. QUESTIONS À SOUMETTRE À L'ATTENTION DES MINISTRES
Des décisions vitales doivent être prises et des directives données au NEPAD et aux CER/OER pour les activités à venir. Les recommandations suivantes sont soumises à l'examen et à la décision des Ministres:
- La procédure à adopter pour identifier et examiner les futurs programmes et projets nationaux ainsi que pour en effectuer la promotion auprès des gouvernements africains et des pays donateurs en vue d'obtenir un financement devrait être approuvée.
- Des directives devraient être fournies sur les critères provisoires retenus pour sélectionner les programmes et les projets du NEPAD [étant entendu qu'il convient de porter également attention aux programmes et projets nationaux liés au NEPAD ainsi qu'aux projets permettant de créer un environnement favorable à l'action].
- Les pays membres du NEPAD devraient approuver le premier ensemble de projets et de programmes phares, et prouver ainsi leur volonté d'appropriation, avant de solliciter des donateurs pour financement;
- Il est urgent de veiller à ce que les stocks de produits alimentaires, issus jusqu'alors de l'aide extérieure, soient approvisionnés par les denrées de base produites en Afrique même afin de ne pas perpétuer un état de dépendance. De cette manière, la nécessité de recourir à des stocks constitués grâce à l'aide extérieure pour faire face aux famines répétées ne sera que temporaire.
- Les gouvernements devraient traiter de toute urgence l'inadéquation du financement public de l'agriculture; tant que l'Afrique elle-même ne prêtera pas attention à ce facteur, les famines et les pénuries alimentaires ne pourront cesser et l'aide internationale ne fera qu'accroître la dépendance. Les gouvernements devraient aussi canaliser les investissements publics de manière à rendre l'agriculture rentable et compétitive.
- Les mécanismes d'intégration régionale devraient être utilisés avec efficacité pour promouvoir une convergence rapide des gouvernements vers un choix de priorités stratégiques en matière de sécurité alimentaire et de développement des exportations, ou pour faire reconnaître l'Afrique en tant que continent producteur, transformateur et exportateur de produits alimentaires, ce qui lui permettra ainsi de commencer à influer sur les politiques, les pratiques et les prix des marchés mondiaux.
- L'ensemble de la société devrait s'organiser et se mobiliser. Les gouvernements devraient fournir un financement adéquat, des technologies plus performantes et d'autres moyens nécessaires pour atténuer l'impact négatif du VIH/SIDA sur la production agricole.
- Les gouvernements devraient réformer les politiques, les stratégies et les institutions pour que, conformément à leur engagement, ils puissent créer un environnement favorable à la participation du secteur privé dans le développement de l'agriculture.
Annexe 1: Chronologie des événements et des réunions ayant contribué à la préparation
du programme agricole du NEPAD
- Février 2002: Discussion du plan du NEPAD pour l'agriculture lors de la Réunion régionale africaine tenue au Caire (Égypte).
- Mars 2002: Présentation des principaux axes d'intervention proposés dans le cadre du PDDAA par le Directeur général de la FAO au Comité de mise en uvre du NEPAD lors de la réunion d'Abuja (Nigeria) rassemblant des chefs d'État et de gouvernement.
- Fin avril 2002: Distribution de la première version pour examen et observations (à cette époque, il s'agit d'un résumé et de trois documents distincts). Cette version a été distribuée à tous les Ministres africains de l'agriculture; aux responsables des organisations économiques régionales en Afrique; au Président et aux membres du Comité directeur du NEPAD; aux dirigeants de la Banque africaine de développement et à certaines autres banques sous-régionales africaines de développement; au chef de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique et aux experts agricoles de la Banque mondiale. Des copies ont également été transmises pour information à l'Organisation pour l'unité africaine.
- Début mai 2002: Synthèse des documents en un seul et unique document relatif au Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine et intégration des observations communiquées sur les versions provisoires remises en avril.
- Mi-mai 2002: Présentation du premier document général pour observations à la réunion du Comité directeur du NEPAD à Maputo.
- Fin mai 2002: Révision du document préliminaire du PDDAA avec intégration des propositions et des observations du Comité directeur du NEPAD et distribution au même réseau d'examinateurs et de commentateurs.
- Juin 2002: Réunion des Ministres africains de l'agriculture (ainsi que de certains membres du Comité directeur du NEPAD) le 9 juin 2002 à Rome (Italie) en vue de l'examen du PDDAA.
- Novembre 2002: Réunion d'experts de la BAD/FAO au Bureau régional de la FAO à Accra sur la mise en uvre du PDDAA.
- Décembre 2002: Réunion de haut niveau des chefs d'État et de gouvernement en leur qualité de présidents des communautés et des organisations économiques régionales les 11 et 12 décembre 2002 à Abuja (Nigeria).
- Début avril 2003: Suite à la réunion d'Abuja, élaboration du Plan d'action provisoire décrivant les principaux programmes et projets, au Secrétariat du NEPAD en Afrique du Sud.
- Mai 2003: Finalisation du Plan d'action pour soumission au Comité directeur du NEPAD et pour approbation des Ministres de l'agriculture lors de la réunion de l'Union africaine en juillet 2003.
Annexe 2: Plan d'action du NEPAD pour l'agriculture, 2003-2009
Première tranche des projets agricoles phares du NEPAD
|
Description des projets |
Estimation du coût des projets (millions de dollars EU) |
Organismes chefs de file |
|
PREMIER AXE D'INTERVENTION DU PDDAA. Accroissement des superficies cultivées de manière durable et desservies par des systèmes fiables de maîtrise de l'eau |
7 408 |
Trois CER |
|
1.1 Projet de développement de l'irrigation |
1 008 |
COMESA |
|
1.2 Projet de développement de l'irrigation et de gestion des eaux |
500 |
SADC |
|
1.3 Projet de développement de l'irrigation et de gestion des eaux |
5 400 |
CEDEAO |
|
1.4 Programme de développement socio-économique dans les zones libérées de l'onchocercose en Afrique de l'Ouest |
500 |
CEDEAO |
|
DEUXIÈME AXE D'INTERVENTION DU PDDAA. Amélioration de l'infrastructure et des capacités commerciales pour faciliter l'accès aux marchés |
28 |
Quatre CER |
|
2.1 Projet relatif à la promotion du commerce régional des produits agricoles et à la sécurité alimentaire |
9 |
COMESA |
|
2.2 Promotion du commerce régional des produits agricoles et normes MSP |
8 |
CEDEAO |
|
2.3 Promotion du commerce régional des produits agricoles et harmonisation des normes relatives à la mesure des niveaux de vie |
10 |
SADC |
|
2.4 Études et consultation d'experts sur les échanges commerciaux des pays de l'UMA |
0,3 |
UMA |
|
2.5 Renforcement des contrôles phytosanitaires |
1 |
UMA |
|
2.6 Système d'information sur la sécurité sanitaire des aliments et le développement agricole de l'UMA |
Non encore estimé |
UMA |
|
2.7 Formation en vue des négociations commerciales multilatérales et de l'Accord sur l'agriculture |
Non encore estimé |
UMA |
|
TROISIÈME AXE D'INTERVENTION DU PDDAA. Augmentation des approvisionnements alimentaires et réduction de la faim |
8 193 |
Six CER |
|
3.1 Intensification et diversification de l'agriculture |
8 |
CEEAC |
|
3.2 Production et commercialisation de semences à haut rendement et de matériel végétal |
10 |
CEEAC; CEDEAO |
|
3.3 Promotion de la production agricole et de l'élevage durables dans les terres arides et semi-arides: IGAD (30 millions de dollars EU); CEDEAO (70 millions de dollars EU) |
100 |
IGAD; CEDEAO |
|
3.4 Réserve alimentaire stratégique |
200 |
SADC |
|
3.5 Initiative de développement du manioc pour l'Afrique subsaharienne |
275 |
CEDEAO, CEEAC, COMESA |
|
3.6 Prévention des catastrophes et programme d'intervention d'urgence en cas de crise alimentaire |
7 500 |
CEEAC, CEDEAO, COMESA, IGAD, SADC |
|
3.7 Déminage des terres en vue de la production agricole |
100 |
ECCAS |
|
3.8 Consolidation et élargissement du Programme national spécial pour la sécurité alimentaire |
Non encore estimé |
UMA |
|
QUATRIÈME AXE D'INTERVENTION DU PDDAA. Recherche agricole, diffusion et adoption de technologies |
92 |
Quatre CER, NEPAD et FARA
|
|
90 |
CEDEAO, CEEAC, SADC, COMESA |
|
4.2 Création et développement de réseaux de centres d'excellence en sciences agricoles |
2 |
NEPAD, FARA |
|
ENSEMBLE DES AXES D'INTERVENTION DU PDDAA
(1-4) |
20 |
NEPAD, CER et leurs pays membres; et OSC |
|
Programme pour la mobilisation et l'attribution de moyens à la société civile |
20 |
NEPAD-SEC/OSC |
|
COÛT TOTAL |
15 641 |
|
Comme il est indiqué dans le document, les programmes et les projets de cette première tranche ne représentent qu'une petite fraction des actions nécessaires pour exécuter le PDDAA. Le NEPAD et les CER/OER poursuivront leurs consultations avec les pays; les pays, de leur côté, devront formuler des programmes nationaux liés au NEPAD et les intégrer dans leurs budgets et dans leurs plans de développement. En ce qui concerne les coûts budgétisés, il est important de noter qu'à ce stade, les chiffres ne sont donnés qu'à titre indicatif et qu'ils n'impliquent l'engagement d'aucun "Organisme chef de file " ou de leurs partenaires, que ce soit à titre individuel ou collectif.
Annexe 3: Axes du plan d'action du NEPAD
Le Plan d'action sera continuellement mis à jour. Dans la première phase, il a semblé souhaitable de classer les programmes en fonction de leur échéance à "court terme" ou à plus long terme. Les initiatives concernant des programmes et des projets ayant déjà été élaborés ou dont la préparation est imminente ou urgente sont classées dans les initiatives à court terme. Pour plus de clarté, ceux à moyen ou long terme sont présentés ici selon les axes d'intervention du PDDAA.
Programmes à court terme
- Capacité d'intervention en cas de crise,
- Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire,
- Adoption de technologies et de variétés ayant un bon potentiel.
Programmes/projets à moyen et long termes
Premier axe d'intervention: Programmes relatifs à l'amélioration des terres et à la gestion des eaux
L'irrigation, qui sera une partie importante du programme complet, est essentielle pour intensifier l'agriculture. Trois volets y seront consacrés: élargissement des grands périmètres d'irrigation; remise en état des périmètres d'irrigation établis et développement de l'irrigation informelle - à la ferme et à petite échelle - et de la gestion de l'eau. D'autres interventions relatives aux thèmes de la terre et de l'eau (non nécessairement proposées dans le premier ensemble des programmes phares décrits à l'Annexe 1) portent sur les points suivants:
- La mise au point de mécanismes visant à améliorer la gestion des eaux (y compris les ressources hydriques transfrontières);
- L'élaboration de technologies simples pour récupérer et stocker l'eau pluviale qui peut être utilisée en cas de sécheresse - collecte d'eau et reconstitution des nappes;
- La lutte contre la désertification;
- Les suggestions pour les programmes à moyen et long termes incluent:
- La planification de la capacité de production des terres à l'échelle nationale et régionale pour l'agriculture, l'élevage et les forêts,
- Les politiques relatives à l'utilisation durable des terres grâce à l'aménagement intégré des bassins versants (aménagement du territoire et contrôle de l'utilisation des terres),
- L'élaboration de plans d'action nationaux et régionaux consacrés à la fertilité des terres en vue d'intensifier la production agricole au moyen d'une agriculture favorisant la conservation des ressources et de la gestion intégrée de la fertilité des sols,
- L'évaluation de la dégradation des sols et l'exécution de programmes permettant la remise en état des terres,
- Une meilleure diffusion de l'information, au sein des CER/OER, sur les terres et les eaux afin d'accroître la production agricole.
Deuxième axe d'intervention: Programmes d'amélioration de l'infrastructure rurale et des capacités commerciales pour faciliter l'accès aux marchés
Dans le passé, le développement de l'infrastructure n'a pas toujours eu lieu là où le secteur agricole aurait pu en profiter. De même, les zones de développement agricole n'ont pas toujours tenu compte de l'emplacement des infrastructures nécessaires à leur expansion, que ce soit en matière de transport, de ports, d'énergie ou d'eau. Le NEPAD, les CER et les pays peuvent coopérer en vue d'instituer un dialogue intersectoriel permettant d'implanter l'infrastructure requise pour le développement agricole dans des lieux économiquement et mutuellement bénéfiques. Les actions suivantes, qui devront être prises par les gouvernements nationaux et les CER/OER, constituent des axes prioritaires pour promouvoir les échanges interrégionaux dont les pays africains peuvent tirer bénéfice:
Infrastructure
- Amélioration de l'infrastructure de transport et de commercialisation afin de réduire les coûts et d'accroître le flux des échanges, avec prise en compte des besoins des pays enclavés et des pays voisins servant pour le transit;
- Élaboration de normes et de mesures, mise en place des infrastructures et renforcement de la coordination entre les pays africains en général ainsi qu'au sein des groupements sous-régionaux existants et entre ceux-ci;
- Création et développement de réseaux d'information régionaux en vue de fournir des informations et des statistiques en temps voulu sur le commerce régional et les possibilités d'investissement;
- Élimination des obstacles (procédures et institutions) responsables de l'augmentation des coûts des transactions, y compris à l'aide d'initiatives visant à améliorer la productivité, l'efficacité et la transparence, par l'adoption de mesures propices au commerce et par l'amélioration des normes et du contrôle de la qualité.
Accès aux marchés
|
Répondre au fléchissement et à l'instabilité des prix à l'exportation des produits africains
Le problème de la baisse et/ou de l'instabilité des prix à l'exportation a fortement incité l'Union africaine à protéger les prix des produits d'exportation sur le marché international. À cette fin, il a été proposé d'inclure un volet supplémentaire au PDDAA; toutefois, compte tenu des accords déjà conclus dans les principaux domaines d'intervention du programme, une solution provisoire consisterait à inscrire ce thème à l'axe 2, sous-section Amélioration des capacités commerciales pour faciliter l'accès aux marchés.
L'Article 46, Chapitre VIII du traité établissant la Communauté économique africaine, aborde la question sur le plan législatif; il recommande qu'une Bourse de commerce africaine soit instituée en vue de contribuer à la protection des marchés des régions et du contient au profit, en tout premier lieu, des produits agricoles africains et de fournir une aide alimentaire aux États membres en cas de graves pénuries alimentaires. |
L'accès aux marchés ne peut être dissocié de la production agricole et de l'agro-industrie. L'exécution des programmes sera guidée par ce principe:
- Ouverture des marchés agricoles régionaux, y compris élimination des barrières tarifaires et non tarifaires;
- Promotion de la mise en réseau des entreprises à l'échelle nationale et régionale pour les aider à agir en tant que groupes grâce au partage de l'information et à la coopération en matière de conception, de production, de commercialisation et de fourniture de services inter-États;
- Développement des capacités humaines et institutionnelles afin d'assurer une participation effective, en connaissance de cause, au système de commerce multilatéral, aux accords commerciaux régionaux et préférentiels, et de négocier avec efficacité des questions touchant au commerce, aux finances, au transfert de technologie et axes apparentés;
- Consolidation des efforts déployés pour intégrer les politiques commerciales aux politiques nationales de développement visant à lutter contre la pauvreté;
- Renforcement des capacités en matière de politiques commerciales et de questions connexes comme les tarifs, les douanes, la concurrence, l'investissement et la technologie;
- Amélioration de la capacité de prévoyance des politiques ainsi que de la rationalité et de la stabilité des politiques macro-économiques;
- Amélioration et harmonisation des normes relatives à la sécurité sanitaire et à la qualité des aliments;
- Amélioration du cadre réglementaire national pour le contrôle des aliments (à tous les niveaux -gouvernement central, régional ou local) et conformité aux prescriptions internationales intéressant la sécurité sanitaire et la qualité des aliments;
- Développement des capacités des secteurs privé et rural en matière de sécurité sanitaire et de qualité des aliments, y compris la manutention sur et hors exploitation, la gestion, la transformation, la distribution et l'emballage des produits;
- Renforcement des capacités à l'échelle régionale par le biais de formations de formateurs afin d'adopter des normes techniques ainsi que d'évaluer et d'appliquer les accords et les textes en vigueur (MSP, ADPIC, Codex Alimentarius, etc.);
- Intensification de la participation dans les organismes chargés de définir les normes internationales tels que la Commission du Codex Alimentarius, la CIPV, l'OIE, etc.;
- Consolidation des capacités d'offre liées aux échanges commerciaux.
Troisième axe d'intervention: Programmes visant à augmenter les approvisionnements alimentaires et à lutter contre la faim
La première tranche de projets est très largement consacrée aux situations de crise et à la prévention de leur récurrence; d'autres programmes et projets seront très prochainement élaborés pour soutenir l'agriculture et l'agro-industrie en dehors des situations d'urgence. Cette étape est nécessaire pour garantir que la capacité d'intervention en cas de crise repose sur la fiabilité de la production agricole en Afrique plutôt que sur les stocks alimentaires constitués par l'aide extérieure ou par des importations commerciales:
- Développement des capacités permettant d'affronter les urgences, les crises et les catastrophes;
- Établissement de réserves stratégiques régionales et sous-régionales;
- Renforcement des capacités en matière de prévision, de prévention et d'atténuation des conséquences des catastrophes naturelles, y compris la sécheresse;
- Secours et redressement après une situation de crise (intégration des interventions, aujourd'hui fragmentées, dans un processus continu liant les opérations d'urgence au redressement, puis au développement à long terme);
- Déminage des terres (après guerre) en vue d'une exploitation agricole;
- Programmes d'amélioration de la sécurité alimentaire grâce à l'augmentation de la production.
Quatrième axe d'intervention: Consolidation de la recherche et promotion des technologies
- Jusqu'à maintenant, seules des propositions de projets ont été préparées pour la première tranche.
Investissements non compris dans les axes d'intervention:
Le PDDAA devra faire appel à des investissements parallèles pour relancer le secteur agricole; la formulation de politiques et de stratégies ainsi que le développement des capacités humaines et institutionnelles, par exemple, feront partie de cette rubrique. Des exemples sont donnés ci-après:
Développement des capacités
- Communautés/organisations économiques régionales: des investissements devront être consacrés au développement des capacités des CER/OCR afin qu'elles puissent contribuer à la mise en uvre efficace du programme agricole du NEPAD, que ce soit à court terme ou à moyen/long terme.
- Organisations d'agriculteurs et organisations communautaires: autonomisation et renforcement des capacités des petits agriculteurs et des organisations communautaires d'agriculteurs.
Réforme des politiques et des stratégies
- Élaboration d'une politique agricole commune pour le Maghreb (0,2 million d'euros).
Sur la base des thèmes et des idées de projets mentionnés ci-dessus, plusieurs programmes/projets pilotes du NEPAD ont été élaborés dans le cadre de Profils de programmes/projets et de Notes conceptuelles. Comme l'indique l'Annexe 2, les CER/OER ont préparé 21 propositions et concepts de projets pour la période 2003-2009.
Annexe 4: Déclaration d'Abuja
Déclaration des Chefs d'Etat et de Gouvernement Présidents des Communautés Economique Régionales portant sur la vision du NEPAD relative au développement agricole et à la sécurité alimentaire en Afrique
Abuja, Nigéria, 12 décembre 2002
Nous, Chefs d'Etat et de Gouvernement, en notre qualité de Présidents des Communautés Economiques Régionales (CER), ainsi que nos représentants, sommes réunis à Abuja (Nigéria), sous les auspices du NEPAD afin de marquer notre accord en ce qui concerne les étapes à suivre pour la mise en uvre des Programmes Régionaux de Sécurité Alimentaire en Afrique dans le contexte du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine du NEPAD. Notre rencontre se situe à un moment de crise, marquée, en Afrique, par une croissance économique stagnante, un revenu par habitant et une production agricole en déclin, une incidence élevée et inacceptable de la pauvreté, de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition infantile, une dépendance croissante vis-à-vis de l'aide alimentaire et des importations alimentaires, ainsi que par le rôle marginal croissant de l'Afrique dans le marché international. Nous sommes convaincus que l'agriculture détient le potentiel pour contribuer de façon significative au retournement de cet état de fait. A cet effet:
- Rappelant la décison de l'Assemblée des Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'Organisation de l'Unité africaine, lors de sa 37e session ordinaire à Lusaka, Zambie, en juillet 2001, en vue d'adopter la Nouvelle initiative africaine, denommée lors de la reunion inaugurale du Comité de mise en oeuvre des Chefs d'Etat et de Gouvernement à Abuja, Nigéria, le 23 octobre 2001, le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD);
- Fortement préoccupés par les difficultés auxquelles font face les pays africains, en particulier ceux d'Afrique australe et de la Corne de l'Afrique confrontés actuellement à une crise alimentaire, et ceux touchés par des conflits violents, la guerre civile, les catastrophes naturelles, telles que les sécheresses et les inondations, et exposés aux effets néfastes de la désertification;
- Préoccupés, en outre, par la position marginale qu'occupe l'Afrique dans l'économie mondiale et par la forte prévalence de l'insécurité alimentaire et de la pauvreté au niveau continental, qui affectent la dignité de la population africaine et affaiblissent les fondements d'une paix et d'une sécurité durable;
- Reconnaissant le rôle fondamental et l'importance de l'agriculture en tant que source de sécurité alimentaire et d'activité économique pour la population en Afrique et convaincus de son potentiel pour favoriser le renversement de la tendance au déclin économique;
- Rappelant, en outre, que lors du Sommet mondial de l'alimentation: cinq ans après, qui s'est déroulé à Rome, et dans le cadre de la Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique au cours duquel les Ministres africains de l'agriculture se sont rencontrés le 9 juin 2002, et ont approuvé la vision du NEPAD sur l'agriculture, telle que présentée dans le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine, qui vise à freiner le malaise agricole et qui offre un cadre pour les investissements agricoles prioritaires;
- 6. Notant avec satisfaction l'appréciation positive de la communauté internationale, lors du Sommet Mondial de l'Alimentation cinq (5) ans après l'adoption du NEPAD et de l'inclusion d'un volet agriculture et sécurité alimentaire.
- Préoccupés par la tendance actuelle à la baisse des budgets affectés au secteur agricole des pays africains et par le déclin de l'aide publique au développement (APD), ainsi que des portefeuilles d'investissement des institutions financières internationales directement alloués à l'agriculture au titre des contributions pour la sécurité alimentaire;
- Rappelant que l'atelier organisé par la Commission Economique pour l'Afrique des Nations Unies, à Addis Abéba en août 2002, a porté son attention sur les rôles des Communautés économiques régionales (CER) et des gouvernements en tant qu'organes de mise en uvre du NEPAD. Notant, par ailleurs, le rôle majeur que peuvent jouer les CER dans la promotion, la coordination et l'intensification de l'unité et de la solidarité entre les Etats africains aux fins de la réalisation de programmes pouvant renforcer la sécurité alimentaire, la productivité agricole et les échanges commerciaux, tant aux niveaux régional que national;
- Accueillant favorablement le fait que bon nombre des Communautés Economiques Régionales (CER) africaines ont progressé dans la préparation des Programmes régionaux pour la sécurité alimentaire;
- Conscients que l'Afrique est dotée de potentialités prometteuses et convaincus que le NEPAD offre une nouvelle opportunité pour leur réalisation :
Déclaration
11. Nous nous engageons à :
- la vision du NEPAD qui cherche à arrêter le marasme de l'économie africaine, dans les 15 ans à venir, en mettant en place les conditions propices à un développement durable;
- énergiquement les efforts pour mettre en uvre les principaux piliers d'action du Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine; comme reflété dans le Plan d'action qui sera préparé ultérieurement, en collaboration avec les CER;
- en oeuvre les Programmes Régionaux pour la Sécurité Alimentaire en étroite collaboration avec les initiatives correspondantes au niveau national;
- la reconnaissance de l'agriculture comme un secteur prioritaire en Afrique, notamment par l'allocation conséquente de fonds dans les budgets nationaux en sa faveur tel que l'ont recommandé les Ministres africains de l'agriculture lors de la session de suivi de la 22e Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique (Rome, juin 2002);
- les capacités des CER afin qu'elles soient en mesure d'être les piliers de l'intégration du continent dans le contexte de l'Union africaine, et de jouer un rôle de leader dans la mise en uvre des programmes;
- toutes les mesures nécessaires pour engager le secteur privé et mobiliser les énergies ainsi que les resources de la sociéte civile en vue de la réalisation des programmes agricoles du NEPAD.
12. Nous invitons les gouvernements à joindre leurs efforts pour garantir la création des conditions propices à un développement agricole durable, et pour favoriser l'utilisation rationnellle et la protection des ressources naturelles, et en particulier la terre et l'eau, y compris:
- d'un niveau d'engagement politique élevé pour la mise en uvre des programmes dans le secteur agricole, du développement rural et de la sécurité alimentaire;
- en place d'un environnement politique et institutionnel favorable à l'agriculture durable;
- des questions de genre dans les domaines de l'agriculture, de la nutrition et de la sécurité alimentaire et création d'un environment pour l'amélioration des conditions de vie et des opportunités en faveur des jeunes et des femmes;
- contre les effets catastrophiques du VIH/SIDA et du paludisme sur l'agriculture, par tous les moyens disponibles;
- des capacités humaines et institutionnelles et la mobilisation des ressources;
- des capacités pour faire face aux catastrophes et aux situations d'urgence pouvant menacer le développement à long terme.
- des ressources naturelles et encouragement de la réhabillitation de terres agricoles dégradées, notamment le déminage des terres arables;
- des mesures de sécurité à travers les programmes de cantines scolaires pour garantir les besoins nutritionnels de l'enfant.
13. Nous apprécions le rôle positif que les agences principales, telles que la BAD et la FAO, ont joué pour appuyer le NEPAD et nous les appelons à poursuivre leur soutien et engagements pour promouvoir le développement de l'agriculture et la sécurité alimentaire. Nous les encourageons, ainsi que d'autres membres de la communauté des bailleurs de fonds, à accroître leur soutien aux CER et aux pays membres pour la préparation et la mise en oeuvre de projets bancables à court, moyen et long termes.
14. Nous encourageons les CER à développer un partenariat dynamique avec les réseaux des organisations des paysans et des chambres d'agriculture dans la préparation et la réalisation des programmes réfletant la Vision du NEPAD.
15. Nous exprimons notre profonde gratitude à Son Excellence Monsieur le Président Olusegun Obasanjo, au Gouvernement et au peuple de la République fédérale du Nigéria pour leur chaleureuse hospitalité. Nous remercions également la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest pour l'excellence des dispositions prises pour abriter la présente réunion et inviter les autres CER.
Fait à Abuja, le 12 décembre 2002.