I. INTRODUCTION

1. La mise en application du Code de conduite pour une pêche responsable et autres instruments à utiliser dans le domaine des pêches à l'échelle internationale est le principal objectif à atteindre par les pays qui s'efforcent d'assurer la durabilité des pêcheries et de l'aquaculture à longue échéance¹. La volonté politique de prendre les dispositions nécessaires pour accepter et utiliser ces instruments, d'adopter des politiques nationales bien conçues et prendre des mesures concrètes pour rendre ces politiques opérationnelles, revêt une importance fondamentale pour faciliter le changement structurel requis dans le secteur des pêches. Le Groupe d'experts de haut niveau dans le domaine des pêches qui s'est réuni en 1998 a fait ressortir le succès que représente l'adoption en 1995 du Code de conduite pour une pêche responsable et il a souligné qu'il importe de le mettre pleinement et concrètement en application, en faisant observer que l'action dans ce sens devrait rester une activité majeure de la FAO à moyen terme pour s'efforcer d'assurer une exploitation et une utilisation durables des pêcheries et des systèmes d'aquaculture. Le Groupe a noté en outre que le Code prend en considération tous les aspects du Programme de travail du Département des pêches et qu'un projet de stratégie a été élaboré pour guider sa mise en application. La FAO devrait s'efforcer d'assurer celle-ci en toute occasion, conformément à cette stratégie, et rechercher à cet effet de nouvelles sources de financement.

2. La réorientation structurelle se révélera d'autant plus difficile que les pressions sur le secteur des pêches et de l'aquaculture augmentent. Ces pressions ont leur origine aussi bien à l'intérieur du secteur même (principalement en raison de l'accroissement des taux de participation et des taux plus élevés d'appauvrissement des ressources qui en résultent) qu'à l'extérieur (concurrence spatiale dans la zone côtière, et effets produits par exemple par la dégradation de l'environnement et la variabilité du climat)² . En outre, l'augmentation des prix réels du poisson a pour effet d'encourager les nouveaux investissements, dans le secteur, créant des pressions additionnelles sur les stocks et difficultés d'aménagement. Les petits Etats insulaires en développement (PEID) et les pays peu avancés les plus pauvres seront sans doute ceux qui souffriront le plus de ces pressions déterminées par les prix.

3. Ces multiples pressions d'origine interne et externe qui s'exercent sur le secteur des pêches rendent nécessaire une action responsable, opportune, coordonnée et complète de la part des administrations nationales et des organismes régionaux des pêches pour assurer une meilleure gestion. Il en est particulièrement ainsi là où, pour des raisons de politique nationale ou autres, il est assigné aux pêches une moindre priorité qu'à d'autres secteurs de l'économie.

4. Pour la préparation du présent document, on a consulté un certain nombre de documents en vue d'en refléter les recommandations et conclusions. Citons notamment: le Plan d'action à moyen terme de la FAO 1998-2003; le Code de conduite pour une pêche responsable; le Consensus de Rome sur les pêches mondiales de 1995; la Déclaration et Plan d'action de Kyoto de 1995; la Déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire mondiale et le Plan d'action du Sommet mondial de l'alimentation de 1996; le rapport de la première session du Comité consultatif de la recherche halieutique (ACFR) de 1997; les contributions projetées du Département des pêches au cadre stratégique de la FAO pour l'an 2000; le rapport du Groupe de haut niveau d'experts extérieurs des pêches de 1998.

II. PROBLÈMES À AFFRONTER

5. Une évaluation des objectifs sectoriels permet d'identifier un certain nombre d'aspects revêtant une importance fondamentale pour l'ensemble du secteur des pêches et du point de vue des politiques générales, à savoir:

• maintenir la contribution apportée par les pêches et l'aquaculture à la sécurité alimentaire, à l'emploi, au développement économique national et aux activités récréatives. Selon les caractéristiques géographiques, les possibilités d'accès aux marchés et les techniques accessibles, la contribution du poisson à la sécurité alimentaire vient non seulement du poisson directement produit pour la consommation locale, mais aussi de produits aquatiques en tous genres pouvant être vendus dans un but rémunérateur, ainsi que de produits générateurs de revenus parce qu'à l'origine d'activités récréatives, de tourisme et d'emploi. L'accès à ces contributions potentielles n'est pas automatique et des interventions spécifiques sont nécessaires pour l'assurer pleinement;
  
• renforcer la base de données pour l'aménagement des pêcheries et le développement de l'aquaculture en améliorant la collecte des données et leur évaluation scientifique, en sorte qu'il puisse être décidé sur des bases plus rationnelles et mieux informées entre les options possibles en matière d'aménagement et de développement. Une approche sous des angles multiples s'impose à cet effet, afin que: i) il y ait des consultations avec les utilisateurs des données, afin qu'ils obtiennent les données dont ils ont besoin pour leur travail; ii) des systèmes appropriés de collecte et de gestion des données soient en place; iii) il existe une volonté nationale de fournir les données; et iv) les organismes régionaux des pêches relevant ou non de la FAO, et autres institutions et organisations nationales appropriées, participent aux évaluations régionales des tendances observables dans le secteur des pêches;
  
• améliorer l'administration des ressources et résoudre plus efficacement les conflits - à mesure que les ressources halieutiques se raréfient, il faudrait s'attendre à une intensification des conflits à l'échelle régionale; promouvoir le renforcement des capacités à l'échelle nationale et le renforcement des institutions régionales; mettre au point des indicateurs de performance objectifs en matière de gestion; encourager des approches cohérentes de l'aménagement et une meilleure collaboration entre les institutions régionales pour s'attaquer aux problèmes nouveaux d'intérêt commun;
  
• favoriser à tous les niveaux une plus grande transparence des décisions dans le domaine des pêches grâce à la plus large participation des dépositaires d'enjeux dans les processus nationaux et régionaux. Semblable transparence, qui est maintenant largement requise dans de nombreux instruments internationaux, a l'avantage de promouvoir une plus large acceptation des décisions là où les dépositaires d'enjeux ont été consultés et où l'on s'est assuré leur participation;
  
• améliorer l'accessibilité et la diffusion d'informations de bonne qualité, venant en temps voulu et présentées sous la forme la plus appropriée, pour aider à responsabiliser la pêche, l'aquaculture et le commerce;
  
• réduire les captures accessoires et les quantités rejetées à la mer en rendant plus sélectifs les engins et les opérations de pêche, en trouvant des modes de transformation et de développement du marché d'un type novateur, assurant une valeur ajoutée aux espèces actuellement rejetées à la mer, et mettre au point et promouvoir des critères de qualité de type uniforme pour les poissons et produits faisant l'objet d'un commerce international. Dans l'intérêt de la sécurité alimentaire et de l'utilisation optimale des ressources limitées, une priorité élevée devrait être attribuée à la prévention des pertes consécutives à la capture. Il y a lieu de concevoir et mettre en application des méthodes et incitations visant à minimiser les pertes après capture, sur la base des travaux déjà entrepris par la FAO et d'autres organisations. En outre, il faudrait faciliter la transformation comportant une valeur ajoutée, afin de maximiser les bénéfices pour les pays producteurs. La transformation permet un entreposage et un acheminement plus efficaces des produits à l'échelle locale, contribuant ainsi à la sécurité alimentaire;
  
• promouvoir la coopération dans le commerce des produits de la pêche en vue d'éviter les litiges et l'imposition de sanctions; minimiser les effets du commerce international des produits de la pêche sur les groupes les plus vulnérables à l'insécurité alimentaire, et
  
• intégrer plus efficacement la planification et l'aménagement des zones côtières.

III. PÊCHES MARITIMES

6. On peut certes prévoir un certain accroissement de la production des pêcheries marines à longue échéance à mesure que se concrétisent les bénéfices d'un meilleur aménagement et que la production des ressources sous-utilisées, et non utilisées, s'accroît, mais à moyen terme l'objectif premier des pêches maritimes est d'assurer que leur production et leur contribution globale à la sécurité alimentaire mondiale soient au moins maintenues.

7. A moyen et à long termes, le principal objectif à atteindre dans le secteur des pêches maritimes est l'amélioration et la responsabilisation de la gestion des stocks. A cet effet, il y a lieu de réglementer la production (en théorie, compte tenu aussi bien des intrants que des extrants dans une pêcherie) en adoptant une approche prudente, en sorte que les stocks visés ne fassent pas l'objet d'un effort de pêche excessif conduisant à leur surexploitation. En outre, l'aménagement au niveau des écosystèmes, qui tient compte des effets de la pêche sur les stocks non visés, se généralise, ce qui ajoutera au processus une dimension venant le compliquer encore. De fait, en 1977, le Comité consultatif de la recherche halieutique (ACFR) a reconnu qu'il faudrait adopter de plus en plus une perspective par écosystèmes dans la recherche halieutique, tandis que le Groupe de haut niveau d'experts extérieurs des pêches qui s'est réuni en 1998 a exprimé l'avis que la FAO et tous les organismes régionaux des pêches devraient s'efforcer de plus en plus de mettre au point une approche par écosystèmes de l'aménagement. En outre, la FAO devra servir de canal entre, d'une part, les nouveaux résultats obtenus par les chercheurs et de l'autre les partenaires travaillant à l 'échelle internationale, régionale et nationale dans le domaine des pêches, pour les encourager à attacher plus d'importance au rôle des pêcheries dans les écosystèmes, à la manière dont les pêcheries sont affectées par les écosystèmes et aux relations existantes entre les diverses utilisations possibles et la valeur des écosystèmes.

8. Dans le contexte de l'aménagement des pêcheries marines, les tâches mises en lumière par la communauté internationale sont notamment:

• la traduction plus effective des informations sociales, économiques et biologiques en une politique concrète d'aménagement des pêcheries donnant la priorité à la mise au point de cadres politiques et critères de performances objectifs;
  
• la reconnaissance plus explicite des droits d'accès aux pêcheries artisanales/petites pêcheries et aux pêcheries industrielles en vue de renforcer le contrôle des intrants et des extrants aux fins de l'aménagement. Le Comité consultatif de la recherche halieutique a proposé que des systèmes d'accès aux pêcheries basés sur des droits d'accès soient examinés dans la deuxième série de questions à étudier par ses groupes de travail;
  
• la gestion de la capacité des flottilles et la définition plus précise du rôle des subventions aux entreprises qui sont susceptibles de fausser les arrangements de production;
  
• le renforcement du contrôle et de la surveillance (MCS) en tant que moyen d'assurer que les mesures convenues de conservation et d'aménagement des pêcheries soient mises en application efficacement et rapidement, et de la manière convenue. Les systèmes de contrôle et de surveillance prendront de plus en plus d'importance pour l'aménagement futur des pêcheries. Les pays en développement, en particulier les petits Etats insulaires en développement qui sont tributaires d'arrangements d'accès conclus avec des flottilles étrangères, ont besoin de l'aide des systèmes de contrôle et de surveillance, en particulier lorsqu'ils ont affaire à des navires qui battent des pavillons de complaisance ou des navires fantômes. La responsabilisation de l'Etat du pavillon est essentielle pour s'attaquer à ces problèmes. Tous ceux qui pêchent doivent se tenir prêts à se conformer à des prescriptions plus rigoureuses; et
  
• la fourniture d'un soutien proactif, si possible sous la forme d'avis et d'activités de formation objectifs et compétents, pour faciliter les initiatives de privatisation prises dans le secteur en vue de le rendre plus efficace et compétitif.

9. En tant que moyen d'améliorer l'aménagement des pêcheries maritimes, le renforcement des droits des usagers dans de nombreuses pêcheries artisanales et petites pêcheries, ainsi que l'attribution de droits d'usage dans les pêcheries industrielles, est actuellement considéré comme prioritaire. L'utilisation des ressources et l'aménagement fondés sur des droits d'usage individuels ou collectifs ont une longue histoire dans de nombreuses parties du monde. Les systèmes d'aménagement fondés sur des droits traditionnels confèrent un droit d'usage basé sur des paramètres économiques et sociaux prescrits, tenant compte simultanément de la nécessité de conserver les ressources halieutiques. Semblables mesures de conservation comprennent normalement des interdictions de pêcher, l'institution de périodes et de zones de fermeture de la pêche, et la limitation de l'effort. Les systèmes traditionnels d'aménagement sont surveillés et mis en application par les communautés, des sanctions sociales étant imposées aux pêcheurs qui font infraction aux mesures de conservation convenues.

10. Dans les pêcheries artisanales et petites pêcheries des pays en développement, on s'efforce actuellement de promouvoir des méthodes d'aménagement de type traditionnel ou faisant appel à l'action des communautés en tant que pratiques d'aménagement les plus appropriées. Cette approche repose sur les coutumes et traditions fondées sur le concept de droits d'usage territoriaux dans le domaine des pêches. Pour les pêcheries où opèrent des milliers de pêcheurs et pour lesquelles existent des centaines de communautés de pêcheurs et une pléthore de points de débarquement, les méthodes d'aménagement faisant appel à la fois aux institutions locales et aux pratiques traditionnelles représentent l'option la plus viable pour assurer la durabilité dans le secteur des pêches artisanales et de la petite pêche.

11. Dans le domaine des pêches industrielles, les progrès accomplis en matière d'aménagement des pêcheries grâce à l'institution de contingents individuels transférables incitant davantage à maintenir et optimiser les performances économiques des pêcheries, ont eu pour effet d'axer à nouveau l'attention sur le contingentement. L'aménagement fondé sur le contingentement prend en considération des aspects biologiques, économiques et financiers dans le cadre d'une approche intégrée par systèmes.

12. On peut identifier plusieurs facteurs revêtant une importance critique pour que les systèmes d'aménagement fondés sur les contingents individuels transférables donnent de bons résultats: la formulation de politiques d'aménagement transparentes et la volonté politique de prendre des décisions difficiles en matière d'aménagement; la formulation d'une législation qui soit facile à mettre en application; une administration efficace (en particulier pour ce qui concerne la capacité d'évaluation des stocks, la collecte de données scientifiques et l'analyse en temps réel, la surveillance et la mise en application); la limitation du nombre de pêcheurs et de points de débarquement.

13. Si l'aménagement fondé sur les contingents individuels transférables a eu un succès considérable là où il a été pratiqué, l'introduction de mesures de ce genre doit néanmoins être envisagée pêcherie par pêcherie, car ce n'est pas là une panacée pour la gestion de toutes les pêcheries. Un problème fondamental à résoudre est l'incidence sociale de l'aménagement par fixation de contingents individuels transférables. Quoique de tels systèmes puissent être biologiquement et économiquement valables, leur incidence sur les communautés de pêcheurs doit être pleinement évaluée car ils peuvent conduire à des difficultés sociales et au chômage parmi les travailleurs. Un autre problème est celui de l'opportunité d'une concentration des contingents et du transfert de contingents à des sociétés et particuliers extérieurs au secteur de la pêche qui n'ont pas d'intérêt réel et à long terme dans une pêcherie donnée.

IV. AQUACULTURE ET PÊCHES CONTINENTALES

14. Un objectif très important à atteindre en matière d'aquaculture et de pêches continentales sera de maintenir et, là où possible, accroître les contributions apportées aux disponibilités mondiales de poisson. En 1996, la production des pêches continentales a atteint le record de 7,5 millions de tonnes, soit 7,8 pour cent du total des quantités débarquées dans le secteur des pêches de capture. La contribution de l'aquaculture a représenté 26,5 pour cent de la production mondiale totale de poisson (les plantes aquatiques sont incluses dans les chiffres relatifs à l'une et à l'autre). L'aquaculture est maintenant le secteur de production alimentaire progressant le plus rapidement dans le domaine de l'agriculture. En outre, elle apporte une contribution majeure à la sécurité alimentaire mondiale et il existe encore diverses possibilités d'intensifier son rôle. Le Groupe d'experts de haut niveau a pris note qu'il existe différentes formes d'aquaculture, dont certaines seront plus profitables que d'autres aux communautés rurales et contribueront davantage à la sécurité alimentaire. Les petites pêcheries des réservoirs, créées à l'initiative des communautés, retiennent de plus en plus l'attention.

15. La contribution des pêches continentales - en particulier des pêches de subsistance - à la sécurité alimentaire est très mal notifiée, mais elle est extrêmement importante, étant donné que:

• le total effectif des quantités capturées pourrait atteindre 15 millions de tonnes par an;
  
• il n'y a pas de rejets à la mer;
  
• pratiquement la totalité des captures est directement destinée à la consommation humaine.

La pêche récréative, qui est souvent une activité de subsistance, pourrait produire 2 millions de tonnes par an. L'élevage d'espèces de poisson d'eau douce herbivores ou omnivores continue à dominer la production aquacole globale, suivi de la production de mollusques et d'algues marines. La plus grande partie de la production aquacole de poisson est destinée aux marchés intérieurs, procurant des protéines alimentaires à la fois très nécessaires et à la portée des consommateurs ruraux et urbains dans de nombreux pays à faible revenu et à déficit alimentaire.

16. Dans de nombreux pays en développement, il existe des perspectives notables d'accroissement de la contribution des pêches continentales et de l'aquaculture aux approvisionnements alimentaires et à la lutte contre la pauvreté. Toutefois, la majorité des pêcheurs et des aquaculteurs continuent de manquer d'informations techniques suffisantes pour améliorer leurs pratiques et accroître ainsi leur production. Une augmentation de la production de poisson peut être rendue possible par l'expansion, l'intensification, la diversification et la meilleure intégration de la production dans les systèmes existants d'utilisation des terres et des eaux, mais les producteurs de poisson, comme la plus grande partie des populations rurales, n'ont souvent pas accès au crédit. Le renforcement des capacités grâce à l'organisation d'activités de formation, de vulgarisation et de formation spécialisée à l'intention des producteurs de poisson continue de revêtir une importance déterminante pour assurer le succès du développement.

17. La dégradation de l'environnement constitue la menace plus importante à la durabilité des ressources des pêcheries continentales. La pollution aquatique, la destruction des habitats des poissons, le détournement des eaux, avec leurs effets sur la biodiversité aquatique, ne cessent de croître. Il faut inverser ces tendances. D'autres problèmes majeurs à affronter dans le domaine des pêches continentales sont notamment:

• l'utilisation, la promotion et la valorisation des stocks aménagés, en particulier dans les petits plans d'eau et les réservoirs, tout en conservant la biodiversité;
  
• la nécessité de contrôler l'accès aux ressources et d'accroître le degré de responsabilité des communautés en matière d'aménagement;
  
• la nécessité d'inclure les pêches continentales dans l'évaluation et la gestion des utilisations multiples des ressources hydriques;
  
• l'importance croissante des pêches récréatives, et les conflits que suscite la répartition des ressources entre l'approvisionnement alimentaire et le sport;
  
• la nécessité - qui augmentera avec le passage du temps en raison des progrès rapides dans le domaine de la génétique et de la biotechnologie - de créer des systèmes cohérents d'aménagement et d'intervention afin d'assurer l'utilisation et la conservation durables des ressources génétiques aquatiques.

18. Le potentiel d'expansion de l'aquaculture est prometteur³ . Semblable progression pourrait être réalisée en améliorant les technologies et l'utilisation des ressources, en intensifiant l'aquaculture et en l'intégrant avec d'autres activités d'élevage, et en développant de nouvelles zones d'aquaculture. Toutefois, il faudra affronter des problèmes importants, notamment:

• faire face à une demande croissante d'alevins, d'aliments artificiels et de fertilisants, sur le plan quantitatif et qualitatif;
  
• réduire les pertes de production en améliorant les techniques de lutte contre les maladies du poisson;
  
• faire face à la concurrence de plus en plus sévère avec d'autres utilisateurs des ressources (terres/ eaux/aliments artificiels);
  
• détérioration de la qualité des eaux d'alimentation résultant de la pollution;
  
• réussir l'intégration de l'aquaculture avec d'autres activités agricoles et promouvoir la petite aquaculture à prix de revient peu élevé à l'appui du développement rural. Toutefois, l'aquaculture à petite échelle demandant peu de capitaux se heurte à des obstacles analogues en Afrique, en Asie, en Amérique latine, dans les îles du Pacifique et dans les Caraïbes. Le développement de ce secteur semble exiger des approches différentes de celles utilisées dans les systèmes techniquement plus intensifs mis en place sur une plus grande échelle, même si ces derniers, notamment les développements périurbains, sont susceptibles d'avoir des effets de ruissellement et de démonstration dans la petite aquaculture qui est largement rurale;
  
• améliorer la gestion de l'environnement, notamment en réduisant les effets sur l'environnement, et éviter les risques pour la biodiversité grâce à une meilleure sélection des sites, à une utilisation appropriée des technologies (y compris les biotechnologies), et à une utilisation et une gestion plus efficaces des exploitations agricoles;
  
• assurer la salubrité des produits destinés à l'alimentation humaine et la qualité des produits.

19. L'aquaculture et les pêches continentales souffrent de l'insuffisance du soutien institutionnel et elles ne sont pas suffisamment reconnues sur le plan juridique et politique en tant qu'utilisations légitimes des ressources. Nombreux sont les responsables politiques qui n'ont pas conscience des bénéfices procurés par ces secteurs ni de leurs besoins de ces secteurs. Un objectif majeur dans l'avenir sera donc d'accroître la participation des producteurs et des pouvoirs publics appropriés à la répartition et à la gestion des ressources aquatiques et des utilisations des terres. Pour la gestion des bassins des cours d'eau ou des lacs, ainsi que pour celle des zones côtières, il faut donc prendre en considération les pêches et l'aquaculture.

VI. UTILISATION, ASSURANCE DE QUALITÉ ET COMMERCE

20. Un certain nombre de tendances importantes à l'origine de problèmes dans le secteur après capture peuvent être identifiées:

• plus de 50 pour cent des captures mondiales de poisson entrent maintenant dans le commerce international et la proportion provenant des pays en développement ne cesse d'augmenter. La valeur nette des exportations de produits de la pêche des pays en développement est passée de 5 200 millions de dollars E.-U. en 1985 à 17 200 millions en 1996;
  
• les droits de douane perçus sur le poisson et les produits de la pêche ont été beaucoup plus abaissés que ceux perçus sur les produits agricoles, en conséquence d'accords multilatéraux. De nouvelles réductions sont prévues;
  
• il y a eu dans le monde entier une multiplication des maladies transmises par les aliments et la pression exercée par les consommateurs a contraint de nombreux gouvernements à imposer des critères plus stricts pour assurer la qualité des approvisionnements alimentaires. Quoique les produits de la pêche ne soient pas reconnus un vecteur important de maladies, l'industrie de la transformation a dû affronter le problème;
  
• les gouvernements et l'industrie adoptent maintenant une approche nouvelle pour assurer la qualité et la salubrité des produits de la pêche, fondée sur l'analyse et la gestion des risques plutôt que sur l'inspection des produits finis qui s'est révélée peu fiable;
  
• la FAO estime que jusqu'à 20 millions de tonnes de poisson sont gaspillées en étant rejetées à la mer immédiatement après la capture. Outre celui de la perte économique, le problème de la conservation retient de plus en plus l'attention.

21. Le secteur des pêches doit faire face à ces problèmes et la FAO devra jouer un rôle directeur en la matière, comme suit:

• aider les pays en développement à tirer parti de la baisse tendancielle des droits de douane perçus sur les produits de la pêche sur les marchés internationaux;
  
• développer la capacité de créer et faire fonctionner des systèmes efficaces d'assurance de qualité pour satisfaire à des normes internationales de plus en plus rigoureuses, et élargir par la suite leur application aux marchés intérieurs;
  
• comprendre et documenter les risques que présentent les aliments d'origine marine sur le plan de l'innocuité, en assurant parallèlement la mise en place d'un système d'information facilement accessible sur les risques connus;
  
• promouvoir les efforts en vue d'améliorer les engins de pêche sélectifs, dans le but de minimiser les captures accessoires de juvéniles et d'espèces non visées, et promouvoir les technologies permettant d'utiliser rentablement les captures accessoires inévitables.

VII. STRATÉGIES À ADOPTER

22. Pour affronter les problèmes dans le secteur des pêches et de l'aquaculture, la FAO recourra, entre autres, aux stratégies ci-après:

• promouvoir une exploitation des pêcheries et une aquaculture intégrées et durables dans les zones côtières et les bassins des cours d'eau grâce à des politiques d'aménagement engageant les communautés;
  
• prévenir les situations d'urgence, et prévenir et tempérer les catastrophes dans le secteur des pêches et de l'aquaculture;
  
• élaborer des normes reposant sur la recherche scientifique pour la mise en _uvre des réglementations internationales adoptées dans le domaine de l'alimentation et le domaine végétal, ainsi qu'en vue d'assurer une pêche et une aquaculture responsables;
  
• appuyer la transition, dans le secteur des pêches et de l'aquaculture, à un professionnalisme et une efficience accrus, en particulier la création de cadres institutionnels et instances juridiques appropriés;
  
• favoriser l'accroissement et la durabilité de la production de poisson grâce à un meilleur accès à l'information, à des approches faisant appel à la participation et à la mise au point de techniques appropriées et de systèmes d'aménagement efficaces;
  
• promouvoir l'utilisation durable des terres, des eaux et de leurs ressources biologiques aux fins de la production alimentaire, tout en assurant la conservation de la biodiversité, des ressources génétiques et de l'environnement;
  
• promouvoir la mise au point et l'adoption de systèmes d'aménagement intégrés pour les pêches et l'aquaculture, avec une aide appropriée sous forme d'échange d'informations, recherches et avis généraux;
  
• donner des orientations pour la gestion des ressources génétiques et pour affronter les risques pour la biodiversité qui apparaissent à mesure que les agriculteurs abandonnent des cultivars, des races locales et des espèces, et à mesure que des organismes génétiquement modifiés et des espèces étrangères (espèces exotiques) sont plus largement utilisés;
  
• apporter un soutien aux capacités institutionnelles et aux instances dirigeantes, ainsi qu'aux cadres juridiques existants au niveau national et régional (y compris des réseaux régionaux tels que les organismes régionaux des pêches), afin d'assurer que les aspects sociaux, économiques et écologiques soient pris en considération pour la prise des décisions politiques;
  
• élaborer des normes, méthodologies et directives pour la collecte, l'échange et l'utilisation de données et informations sur les pêches;
  
• aider les Etats Membres de la FAO à développer leurs capacités nationales pour la collecte, le traitement, la diffusion et l'analyse de données et informations fiables;
  
• mettre en place un système d'information intégré reliant la FAO à des institutions partenaires, pour assurer une meilleure accessibilité à des informations et données à jour sur les pêches;
  
• diversifier le type de données incluses dans les analyses des tendances afin de rendre les analyses plus représentatives de la réalité et plus solides;
  
• encourager une plus large participation des organisations et programmes partenaires afin d'assurer que les données les plus fiables et les meilleures connaissances spécialisées soient utilisées pour les analyses.

VIII. SUITE À DONNER PAR LE COMITÉ

23. Le Comité est invité à examiner la nature et l'ampleur des problèmes à affronter dans le secteur mondial des pêches et de l'aquaculture. Il est invité en outre à formuler des observations sur les stratégies indiquées à cet effet et, lorsqu'il y a lieu, à donner des avis et proposer des orientations en vue d'assurer qu'il soit effectivement fait face aux diverses tâches.