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Section B : Exemples de réussite dans les activités de développement en faveur des femmes rurales


Section B : Exemples de réussite dans les activités de développement en faveur des femmes rurales

Un nouveau vaccin pour sauver les élevages familiaux de volailles

Les femmes ont toujours joué un rôle important dans la production animale surtout au niveau de la transformation et du commerce des produits alimentaires dérivés. La Division de la production animale (AGA) de la FAO attache donc une grande importance à la prise en compte du genre, c'est-à-dire des responsabilités et des rôles respectifs des hommes et des femmes, dans tous ses projets de développement. Et certains projets spéciaux ont précisément pour objet l'amélioration de la participation des femmes aux processus de production animale.

En Gambie, AGA a conduit un projet, financé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a eu des résultats très positifs sur la vulgarisation destinée aux femmes. Le projet avait pour objectif principal d'améliorer la gestion par les agricultrices de la production de petits ruminants et de volaille.

Les femmes ont répondu positivement aux messages en les adaptant et en les diffusant auprès des autres exploitantes de leur famille ou de leur village. D'une évaluation faite cette année, à mi-parcours du projet, il se dégage clairement que la productivité s'est durablements améliorée et que les revenus subséquents ont augmenté. Les impératifs commerciaux et les débouchés pour la viande des petits ruminants et des volailles ont été beaucoup mieux pris en compte. Une recommandation a été exprimée pour l'extension de ce projet à 33 nouveaux villages intéressés par l'intégration des femmes dans le développement.

La production de volaille dans les pays en développement repose à la fois sur l'élevage industriel et l'élevage familial. L'élevage familial est presqu'entièrement dans les mains des femmes et des enfants. La majeure partie de la production de viande et d'oeufs provient de leurs basses-cours. Cette pratique vieille de plusieurs siècles continuera de représenter l'essentiel de l'élevage de volaille en Afrique. Il est bien connu que l'un des freins qui affectent le plus la productivité familiale de poulets est la pseudopeste aviaire. Les épizooties récurrentes entraînent un fort taux de mortalité; les basses-cours familiales sont souvent décimées. Ces épizooties n'affectent pas seulement l'apport en protéines animales dans l'alimentation et les revenus des femmes rurales, mais elles mettent aussi en danger la production industrielle.

Une nouvelle technologie a été récemment mise au point par une équipe de chercheurs d'Australie et de Malaisie, utilisant une souche non pathogène de V4 ND comme vaccin. Ce nouveau vaccin a plusieurs avantages par rapport à d'autres, plus conventionnels: son usage facile, son coût, sa résistance aux climats chauds et le fait qu'un animal vacciné transmet son immunité aux autres par simple contact. Ceci le rend par conséquent particulièrement adapté aux besoins des femmes rurales. Après avoir constaté le succès de ce vaccin en Malaisie, AGA fit une communication au cours de l'atelier organisé par le Centre de vaccination vétérinaire panafricain, en 1993, et commença les premiers essais sur le terrain.

Actuellement, la Division de la FAO effectue des essais en Afrique de l'Est, en particulier au Zimbabwe, qui doivent être étendus à d'autres pays du continent. AGA conduit également, depuis trois ans, des campagnes en Ethiopie et en Gambie .

Par ailleurs, AGA envisage d'effectuer les mêmes essais en Asie centrale, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.

L'un des deux prix André Mayer que la FAO distribue aux réalisations les plus dignes d'intérêt, a été remis en 1995-96, au projet "Assistance aux femmes rurales pour la production familiale de volaille". Grâce à ce prix, une recherche a pu être poursuivie en Afrique pour identifier et quantifier la production de volaille en milieu rural et les problèmes en matière de santé. Cette enquête concerne au premier chef le système de production familiale de poulets, c'est-à-dire les femmes rurales. Elle doit permettre de déterminer, sur la base des donnés informatiques, les décisions à prendre concernant les contrôles, de choisir les programmes d'intervention les mieux adaptés pour améliorer la situation socio-économique des femmes rurales et de conférer à l'assistance technique de la FAO le meilleur rapport coût-efficacité. L'objectif final de cette recherche est de transformer les élevages de volaille africains en entreprises prospères afin de contribuer à sortir les femmes rurales de leur extrême pauvreté.

Genre et sécurité alimentaire un réseau régional au proche orient

Le concept de partenariat entre hommes et femmes mutuellement responsables est l'idée maîtresse de l'action menée par le Service "femmes" du Bureau régional du Proche Orient de la FAO dans le but d'élaborer un Plan d'action régional pour l'intégration des femmes dans l'agriculture au Proche Orient (1996-2000), porte le sigle RPAWANE 2000. L'objectif principal de cette initiative ambitieuse a consisté à décourager les activités isolées, dont l'impact était limité. Il convenait de créer un cadre régional rigoureux, cohérent, dynamique et orienté vers l'action, afin de favoriser la mise en oeuvre de programmes prioritaires en s'appuyant sur une approche participative.

Cette initiative a suscité l'intérêt de dix-neuf pays qui ont nommé des coordinateurs nationaux chargés de préparer un rapport sur l'intégration des femmes dans l'agriculture de leurs pays respectifs. Ces documents ont été préparés à partir des méthodes et des outils participatifs habituels (évaluations rurales participatives, évaluations rurales rapides, visites de terrain, ateliers nationaux, etc.). Ils ont également suivi le plan et les principes directeurs novateurs recommandés par le Secrétariat des Nations Unies, pour la préparation de la 4ème Conférence mondiale sur les femmes à Pékin, en septembre 1995. Les divers rapports nationaux ont fait l'objet d'un rapport de synthèse, axé sur trois points: (a) fournir des données quantitatives, qualitatives et comparatives relatives à l'intégration des femmes dans l'agriculture au Proche Orient; (b) créer un document de base en vue de préparer le RPAWANE 2000, et (c) apporter une information substantielle à la Conférence de Pékin. Ce rapport a été largement distribué par la FAO, lors de cette conférence.

RPAWANE 2000, qui s'appuie sur ce rapport, sur les besoins de la région et sur la Plateforme d'action de Beijing, répond à quatre préoccupations stratégiques interdépendantes: la collecte, l'analyse et la diffusion de données et de statistiques ventilées par sexe; l'avis en matière de politique, le soutien institutionnel et le renforcement des compétences; le développement durable et le concept de genre (l'accent est mis sur la trilogie population, genre et environnement); la construction de réseaux et la participation populaire.

L'action du Service "femmes" du Bureau régional du Proche Orient de la FAO a désormais fait un saut en avant et procédé à la mise en oeuvre des activités du plan, dont les points principaux sont les suivants:

1. Des statistiques ventilées par sexe

La collaboration que requiert RPAWANE a été mise à l'épreuve dans une première expérience visant à améliorer les statistiques rurales et agricoles ventilées par sexe au Proche Orient. Lors d'un atelier, organisé en juillet 1994, entre des statisticiens et un large échantillonage d'utilisateurs de statistiques a permis un échange mutuel et fructueux. Un an plus tard, en septembre 1995, a été défini le cadre technique qui permettait d'améliorer les statistiques sur les femmes dans les enquêtes agricoles nationales qui avaient été effectuées dans un certain nombre de pays.

2. Renforcement de la capacité nationale

En collaboration avec d'autres partenaires - notamment la Banque mondiale et le PNUD, un appui technique a été fourni aux pays de la région qui l'ont "éclamé (Egypte, Jordanie, Liban et Palestine). Il traite, au niveau macro économique, c'est-à-dire en amont, de la formulation de stratégies agricoles respectant l'approche de genre et de la création d'instruments favorisant l'intégration des femmes dans le développement.

3. Les femmes rurales et le développement durable

L'une des préoccupations de RPAWANE 2000 concerne la relation entre la politique de genre et l'environnement. Une consultation d'experts sur le thème "Femmes rurales et développement durable", a eu lieu en décembre 1995. Des recommandations ont porté sur l'action en faveur de l'accès des femmes rurales au processus de décision en matière socio-économique garantissant leur participation pleine et entière à toute discussion et décision concernant le développement durable. Les documents suivants ont été préparés selon ces recommandations: Population, genre et environnement au Proche Orient - les défis politiques majeurs en faveur d'un développement rural durable (1994); Les femmes rurales gestionnaires des ressources naturelles - un projet pour le Proche Orient (1995); Genre et environnement durable - la meilleure voie pour la sécurité alimentaire (1996); Une vulgarisation axée sur le genre pour défendre l'environnement, l'agriculture durable et la sécurité alimentaire (1996).

4. Valorisation de la construction de réseaux

C'est la création d'un réseau régional "Genre et sécurité alimentaire au Proche Orient" qui permet de dire que RPAWANE 2000 a joué un rôle de déclencheur. Une consultation régionale, réunie à cet effet en septembre 1996, a permis de poser les premières pierres de ce cadre de travail interactif. Un bulletin trimestriel que ses lecteurs ont intitulé WIDIALOGUE renforce la liaison. Ce bulletin offre une tribune à tous les acteurs du développement rural agricole qui travaillent à l'amélioration de la situation sociale et économique des femmes; le nombre de ses lecteurs ne cesse de s'accroître

Le Bureau régional du Proche Orient de la FAO a activement contribué à la préparation du Sommet mondial de l'alimentation. Il a, notamment:

Des chiffres, pas des lettres

Le ministère de l'Education du Ghana et l'Unité pour le développement des femmes du Bureau régional de la FAO ont mis au point un cours d'arithmétique dont les chiffres étaient adaptés à la situation. Le test sur le terrain était entrepris avec la Campagne mondiale contre la faim à Charkoney et Bortiamor sur la côte du Ghana et le projet de Développement intégré des pêches artisanales à Yeiji, qui est exécuté par la FAO avec un financement du PNUD. Grâce à l'apprentissage du calcul et aux cours de formation sur une comptabilité simple, le projet a attiré des fonds additionnels du FIDA pour appuyer le volet " crédit" .

Le succès a été immédiat. Les femmes de 15 à 60 ans ont montré un intérêt considérable et le taux d'absentéisme a été infime. "On ne pourra plus nous tromper", ont déclaré fièrement les nouvelles diplômées. D'autres femmes ont suivi leur exemple. Après avoir appris le calcul, les paysannes ont voulu apprendre à lire et à écrire; quelques-unes ont même demandé à apprendre l'anglais. Les responsables de l'éducation nationale ont donc lancé un programme d'alphabétisation dans les villages où l'on avait enseigné le calcul. Un cours d'arithmétique a été proposé aux jeunes filles qui avaient abandonné l'école dans l'espoir de les réintégrer dans le système d'enseignement.

Un autre cours a été lancé, en complément du cours de calcul, pour enseigner aux femmes à tenir leurs livres comptables, à déterminer les pertes et profits et à calculer les prix de revient. Spécialement conçu pour des "illettrés", le manuel de ce cours de gestion et de comptabilité utilise des symboles pour décrire les biens et services. De plus, chaque élève est amené à élaborer ses propres symboles.

Au départ, les vulgarisateurs étaient plutôt réfractaires aux symboles et insistaient sur l'orthographe de "poisson", "savon", "bois de chauffage", etc. pour nommer les différents produits de l'économie locale. Mais leur cours de comptabilité, alourdi par l'apprentissage de l'écriture, accablait les étudiants. En revanche, ils ont découvert que les adultes familiarisent rapidement avec les symboles.

Le même cours peut être adapté à des élèves ayant reçu une formation scolaire, en remplaçant simplement les symboles par l'écriture conventionnelle.

Ces programmes d'éducation informelle créés par la FAO vont être divulgués auprès des ministères de l'Education nationale et auprès des ONG. Les deux manuels d'arithmétique et de comptabilité ont été traduits en français et les montants convertis en francs CFA. Le Togo et le Bénin envisagent déjà de les faire traduire dans leurs langues nationales.

En Guinée: la terre pour tous

Accepter que la terre soit cultivée par les personnes qui en ont besoin et savoir en faciliter l'accès à celles qui en sont écartées par tradition et juridiction, peut être un chemin vers le respect du droit fondamental de tout être humain de manger à sa faim.

Il est 6 heures du matin. Nous sommes sur le périmètre irrigué de Soumbalako au Fouta-Djallon, en Guinée, qui a été aménagé dans le cadre du programme d'appui au développement du Fouta-Djallon. Ce programme est financé par le FENU et le PNUD et mis en oeuvre par le Ministère de l'Agriculture en collaboration avec la FAO. Devant nous, une étendue de plus de 130 ha de terres aménagées en parcelles. C'est la période de la récolte des pommes de terre. Les quelques personnes qui sont déjà à pied d'oeuvre sont des femmes.

Salimatou, environ 45 ans, 5 enfants et veuve depuis plusieurs années, nous raconte: "Quand le projet a commencé à aménager le périmètre et a mis en place avec les gens du village et l'administration un comité d'attribution des terres, j'ai demandé à avoir une parcelle. Je n'ai pas de terre pour moi et je suis seule. Mon mari est mort et je dois m'occuper de la famille". Elle poursuit: "On était plusieurs femmes à vouloir un lot, on a alors organisé un groupement de femmes. Mais il y a aussi des femmes qui sont avec des hommes. Dans notre groupe, on est 25 et on fait le maraîchage pendant la saison sèche et à la contre-saison, il y a la pomme de terre et les oignons."

Ce programme de développement accorde une importance toute particulière à la production agricole. Il a repris les résultats du projet d'appui aux actions de production et de promotion des organisations paysannes et a veillé à ne pas oublier ou à ne pas marginaliser les femmes productrices agricoles. Au-delà du discours, les faits sont là pour témoigner de cet intérêt. Que ce soit pour l'appui à la production agricole et aux activités para-agricoles et artisanales ou pour les mécanismes d'accès au crédit et aux services agricoles, il y a une véritable conscience que les femmes ne sont pas seulement celles qui s'occupent de la famille mais que ce sont également elles qui constituent une grande partie de la force économique agricole de cette région.

La population active agricole est constituée par 44% d'hommes et 56% de femmes. On compte en moyenne 82 hommes pour 100 femmes. Plus de 30% des ménages agricoles de cette région sont, dans les faits, dirigés par des femmes. Les hommes sont partis soit dans les villes soit à l'étranger. L'exode masculin est une tradition du Fouta-Djallon mais c'est aussi le résultat d'une faible performance de l'économie agricole.

Dans ce contexte, le projet a porté attention aux véritables acteurs maîtres d'oeuvre de la production agricole. Même, si traditionnellement les femmes au Fouta-Djallon ne sont ni héritières ni propriétaires de la terre, le projet a établi, avec le comité d'attribution des parcelles des périmètres irrigués, des critères d'accessibilité à la terre qui ne sont pas liés à un statut juridique mais à une fonction: celui de responsable de famille. C'est ainsi que pour l'ensemble des périmètres irrigués qui ont été aménagés, plus de 600 ha de terres, on compte un peu plus de 20% de femmes sur le nombre total d'exploitants.

Certes, ce chiffre ne reflète pas la proportion de femmes qui font fonction de chef d'exploitation, mais n'est-ce pas un pas en avant sur le chemin de l'égalité? L'égalité d'accès aux ressources lié à une meilleure répartition de celles-ci est un postulat indispensable pour que, plus que d’allégement de la pauvreté, on puisse parler de recherche d'éradication de la pauvreté.

Cette égalité n'est pas contre la tradition ou pour le seul droit humain mais également pour coller aux réalités quotidiennes que vivent les hommes et les femmes, même si parfois les hommes peuvent y mettre quelque résistance.

Nous sommes maintenant depuis 2 heures avec Salimatou et il y a beaucoup plus de monde à travailler, surtout des hommes. Salimatou nous raconte encore: "La première année, le groupement a eu une récolte bien supérieure aux groupements des hommes. On avait gagné avec les pommes de terre beaucoup plus qu'eux. Ils ont dit alors qu'on avait des meilleures terres et à la saison suivante, ils ont voulu qu'on change d'emplacement. Mais à la récolte d'après on a encore eu une meilleure récolte qu'eux". Les hommes qui écoutent, ont un sourire et rétorquent "C'est vrai mais vous, les femmes vous venez de bonne heure sur le champ, au moins deux heures avant nous, et puis, vous faites ce que vous dit le technicien agricole même si ce n'est pas comme nous on a l'habitude de faire". Sans commentaire.

"De femme à femme", une expérience au Honduras

Le projet FAO "Programme de promotion et de formation pour l'incorporation des femmes dans le développement rural" fait partie d'une action de longue haleine commencée il y 10 ans au Honduras. Fer de lance des institutions spécialisées des Nations Unies, elle a été financée en majeure partie par le gouvernement des Pays-Bas.

La promotion de la participation des femmes à la production avait débuté dans les années 70. Les institutions des Nations Unies avaient alors offert leur assistance financière à l'Institut national agronomique du gouvernement du Honduras, dans le but de consolider les groupements paysans organisés qui avaient bénéficié de la Réforme agraire et que l'on appelait le Secteur réformé. Le ministère hondurien des Ressources naturelles, pour sa part, assurait des services aux producteurs agricoles qui avaient été exclus de cette réforme, c'est-à-dire au Secteur non-réformé. Depuis les années 50, parmi ces services certains étaient destinés aux femmes; ils étaient toutefois limités à la sphère domestique. Car, la politique de développement rural au Honduras était essentiellement orientée vers les activités de production, et ce domaine avait toujours été considéré comme une "affaire d'hommes".

Dans le cadre d'une action conjointe avec le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la FAO a initié un projet adressé aux femmes des familles du Secteur réformé. Le budget de ce projet de promotion exclusivement féminine s'est élevé à 1 million 95 mille dollars, échelonnés sur 3 ans de 1983 à 1986. L'objectif visé était la mise en place d'une formation technique et d'un fonds de crédit roulant en faveur de petits projets de production. Mais la formation des femmes ne bénéficiait que 5% du budget total.

Au cours des évaluations successives, les leçons de chaque étape précédente ont été prise en considération pour modifier et améliorer le travail au cours de la suivante. De fait, cette manière de procéder fut la raison principale de la réussite du projet. Au fur et à mesure que des obstacles se présentaient, l'équipe de projet réunissait les participantes et les groupements de femmes pour analyser les problèmes et chercher des solutions. En éliminant les éléments inefficaces et en centrant toute l'attention sur les aspects les plus positifs, un modèle de formation pour la production vivrière s'est peu à peu construit.

La mise en place du projet et la phase I sont désormais achevées. Sur le plan quantitatif les résultats ont dépassé les objectifs fixés au départ. Il avait été prévu de former 200 femmes avant 1990; en fait elles furent 375, dont 300 animateurs sociaux et vulgarisateurs au lieu du chiffre de 152 originellement fixé. Les crédits dégagés à titre expérimental pour développer les cultures potagères et les basses-cours ont renforcé la motivation et ont effectivement amélioré le niveau nutritionnel et les revenus des bénéficiaires. Sur le terrain, la structuration associative a permis de faire ressortir les qualités de chefs de certaines femmes et de développer les activités communautaires dans les domaines concernés par le projet.

De cette expérience réussie, on a pu tirer trois leçons essentielles relatives à la participation, à la coordination et à la souplesse des opérations. Si le projet FAO avait été rigide, il n'aurait pas été possible de multiplier les actions adaptées aux besoins des femmes à mesure qu'ils étaient identifiés. Parmi les opérations qui n'avaient pas été prévues, on peut citer par exemple le dégagement de crédits pour l'élevage de petit bétail et des cultures de subsistance, des sessions de formation complémentaire et l'engagement d'un nutritioniste par l'Institut national agronomique, financé par la FAO; ce nutritionniste était chargé d'un programme participatif de dépistage et de traitement de la malnutrition infantile dans les familles des groupements de femmes impliqués.

Les groupes de femmes se sont élargis et ont évolué au cours des années. Les organismes qui participaient au programme de vulgarisation, ou le Fonds roulant des agricultrices, ont accordé des crédits non seulement pour améliorer les cultures de subsistance, mais également pour engager des projets sociaux ou des activités productives d'un autre type. L'achat d'un moulin à moteur pour le mais, des plantations de soja pour un programme nutritionnel à base de lait de soja, la fabrication et la commercialisation de pain pour alimenter le fonds du groupe, ou encore la création de magasins communautaires comptent parmi les innovations dans lesquelles les femmes se sont le plus impliquées.

Des maliennes ont pris leur avenir en main.

Les pluies sont irrégulières à Kayes, une zone reculée et semi-désertique du Mali occidental. Deux récoltes sur trois sont mauvaises. Le bétail ne s'est jamais remis de la grave sécheresse de 1972/73. La présence de réfugiés mauritaniens pèse sur les ressources. Mais le caractère le plus frappant de ces 100 villages environ est, peut-être, l'absence presque totale d'hommes en âge de travailler. Ils partent, parfois pour des années entières, gagner de l'argent ailleurs en Afrique occidentale ou en France. Depuis 1986, la Belgique finance un projet destiné à améliorer la vie des femmes et des enfants laissés au village. Ce projet est exécuté par la FAO.

Dieneba Diallo est la directrice nationale du projet. Elle a élevé 10 enfants dans la zone de Kayes Nord et elle a la confiance et l'admiration des femmes qu'elle essaie d'initier à l'organisation. "Nous les rassemblons afin de les former", dit-elle. "Ensuite, lorsque nous avons formé la première femme, elle peut former les autres". Les femmes ont maintenant commencé des activités dans quelque 50 villages pour accroître et diversifier la production agricole, augmenter les revenus, améliorer la nutrition et la santé, et accéder plus largement à l'eau.

Dans la région de Kayes Nord, comme dans une grande partie du monde en développement, les femmes ne possèdent pas de terre et, sans cette garantie, elles ne peuvent pas obtenir de crédit. Le projet a créé un fonds de roulement pour permettre aux femmes d'acheter des semences, des engrais, des pompes hydrauliques pour irriguer et des moulins pour moudre le millet et le sorgho, les libérant ainsi d'heures de travail manuel ardu.

Les femmes ont mis en culture des jardins potagers et maraîchers qui leur permettent d'améliorer les régimes alimentaires de leurs familles. Elles vendent les excédents, s'il y en a, sur les marchés hebdomadaires nouvellement créés. Grâce à la grande variété de légumes, les régimes alimentaires de tous, mais en particulier des enfants, pourront contenir les vitamines et minéraux essentiels à la santé et à la croissance.

Auparavant, les femmes fabriquaient le savon nécessaire au seul usage familial. Leurs groupements ont décidé d'améliorer la qualité du savon produit afin de commercialiser le surplus au marché.

Les réalisations concrètes parlent d'elles-mêmes:

Plus important encore que ces chiffres, est le fait que les femmes grâce à leur production et à l'augmentation de revenus dont bénéficie la famille, ont vu s'accroître leur statut social dans leur village. Ce changement qui ne peut pas se mesurer en terme quantitatif est cependant significatif de l'impact du projet et de sa réussite.

Intégration des femmes dans le développement deux approches: Kayes (Mali) et Mayahi (NIGER)

Parmi les projets exécutés par TCO deux projets sont remarquables quant à leur approche pour l'intégration des femmes dans le développement:

Kayes

Ce projet, localisé dans une zone à forte émigration masculine, a pour objectif d'intensifier les actions de production en apportant une aide aux groupements féminins:

Il faut toutefois noter que pour certaines activités, on assiste à une imitation positive ou une propagation des activités petit à petit par quelques groupements de jeunes hommes. Dans deux villages sur les 58 suivis par le projet, des jeunes se sont associés en groupement pour exploiter un périmètre de cultures maraîchères. Par ailleurs, un groupement de jeunes avait demandé l'appui du projet pour obtenir des fonds pour une boulangerie. Des jeunes participent quelquefois aux formations assurer par le projet.

Pourrait-on espérer que plus tard, un tel projet pourrait aboutir à un projet de développement rural intégré où toute la population pourrait être prise en compte? . Dans tous les cas, ce genre de projet, privilegiant les femmes en n'excluant pas les autres catégories de la population, garantit l'intégration des femmes dans le développement.

Mayahi

Ce projet, localisé dans une zone reculée, à contexte agro-écologique difficile, a pour objectif de mobiliser les ressources humaines pour la prise en charge des activités de développement dans la zone de Mayahi, de favoriser un nouvel équilibre agro-écologique et de promouvoir la création d'emploi pour l'amélioration globale de la qualité de la vie.

Le projet avait, dès sa formulation, le souci de veiller sur les intérêts de l'ensemble de la population y compris les femmes. L'approche participative, optée par le projet ne pouvait que mettre en évidence, parmi les autres besoins, ceux de la population féminine productrices agricoles.

L'équipe du projet uniquement masculine, a été très vite confronté aux problèmes de l'appréhension de cette dimension féminine.

L'équipe du projet a sollicité expressément un renforcement par deux femmes à deux niveaux: conception et animation. Elles devront travailler conjointement avec les autres spécialistes des autres domaines, pour s'assurer que les aspects intéressant les femmes soient bien pris en considération, et bien appréhendés.

Au cours de la formulation, le projet avait pris en compte l'intégration des femmes au développement, mais ne s'est pas donné les moyens pour pouvoir l'assurer correctement . Heureusement l'intérêt de toutes les parties concernés par le problème a permis de rectifier la situation assez rapidement. Actuellement, les activités du projet se développent bien avec la contribution d'une animatrice . L'expert sociologue femme en cours de sélection est attendue impatiemment.

Il serait difficile, à ce stade de dire quelle approche est la meilleure. L'important est la volonté d'intégrer l'ensemble de la population intéressé par le développement et de se donner les moyens pour pouvoir les atteindre et pouvoir agir en conséquence.

Genre et développement une expérience de formation en Namibie

Le 6 Septembre 1996, le Secrétaire permanent à l'agriculture en Namibie adressait une lettre au Représentant de la FAO pour l'informer que la "formation à l'analyse différentielle selon les genres allait devenir une composante obligatoire des programmes annuels de formation en cours d'emploi de sa division de formation. La division du développement rural s'occupera activement de la coordination afin d'assurer l'intégration effective du Plan d'action pour l'égalité entre les sexes à la formulation du budget de développement et à sa mise en oeuvre ultérieure par diverses directions techniques à l'intérieur et à l'extérieur du Ministère."

Cette lettre couronnait plus de deux années de travail au cours desquelles la FAO a fourni un soutien technique au Ministère de l'agriculture, des eaux et du développement rural namibien (MAWRD) afin de former des agents de vulgarisation agricole à l'utilisation de l'approche participative dans les "analyses différentielles" selon les genres. Il s'agissait principalement d'étudier les activités, les ressources, les besoins et les priorités des exploitants agricoles des communes communautaires et la manière dont ils varient en fonction du sexe, de l'âge, de la richesse et du groupe ethnique auquel ils appartiennent.

Ce soutien accordé au service de vulgarisation namibien s'est révélé très opportun. Les participants au programme de formation représentent la première génération d'agents de vulgarisation namibiens chargés de travailler avec les exploitants agricoles des communes dans le but d'accroître la productivité agricole et animale et d'améliorer la sécurité alimentaire. Le début de ce programme a coïncidé avec le soutien apporté par la FAO à la formulation de nouvelles politiques et stratégies agricoles nationales en Namibie . Afin d'en assurer l'applicabilité, il a fallu créer des liaisons entre le travail de formation sur le terrain et le nouveau mandat politique et les priorités définies à l'échelon national.

Une approche progressive du renforcement des capacités a été conçue. En octobre-novembre 1994, 25 agents de vulgarisation représentant toutes les régions du pays ont pris part à un atelier appuyé par un projet PCT. Les agents de vulgarisation y ont appris l'importance du rôle des femmes dans l'agriculture namibienne, et les concepts de base de l'analyse de la spécificité des rôles hommes-femmes et de "l'analyse différentielle" selon les genres; au cours de stages pratiques, ils ont appris dix méthodes d'évaluation rurale participative (ERP).

Les mois suivants, grâce au soutien supplémentaire fourni par un projet constitué de fonds fiduciaires, ces mêmes agents de vulgarisation ont travaillé sur le terrain dans chacune de leur région respective - en utilisant les méthodes d'évaluation ERP pour documenter les questions sociales et les questions relatives à la spécificité des rôles hommes-femmes dans les différents systèmes d'exploitations agricoles. Le soutien était assuré par une ONG locale. En juillet 1995, les agents de vulgarisation participaient à un autre atelier axé sur la préparation d'études de cas pour la formation basées sur les résultats de leurs évaluations ERP.

Afin d'obtenir l'appui du plus haut niveau hiérarchique, un stage a été organisé à l'attention des cadres supérieurs avec la participation active du Secrétaire permanent à l'agriculture et de ses directeurs et directeurs-adjoints, de représentants du bureau du Premier ministre, du Département des sciences sociales de l'Université de Namibie, et du Doyen de l'école d'agriculture.

Les participants ont conclu que "l'analyse différentielle" selon les genres avait une incidence directe sur la réussite de la mise en oeuvre de toutes les activités de développement agricole en Namibie.

Les étapes suivantes comprennent l'élaboration d'une stratégie permettant d'évaluer et de mesurer l'impact produit par le programme de formation sur le terrain, et d'une stratégie concernant l'institutionalisation nationale. La FAO continue de financer ces activités complémentaires.

Du tchoukou pour les femmes touareg

Au Niger, la fabrication traditionnelle d'un fromage appelé "tchoukou'' a toujours existé dans la zone sahélienne. Cette méthode très ancestrale pouvait être améliorée sur le plan du rendement fromager et de la présentation (bénéfice accru par cette transformation). En décembre 1990, un projet fut élaboré pour aider les femmes touareg du nord du Niger dans la fabrication du "tchoukou". Ce projet a été financé par le PNUD et exécuté par la FAO, entre 1991 et 1994.

Avec un budget très limité, et malgré de nombreuses difficultés liées aux secousses politiques, à l'insécurité de la zone pendant une certaine période et au caractère très saisonnier des activités, le projet a pu organiser la filière "tchoukou" en partant des productrices jusqu'à la commercialisation à Tahoua, le chef-lieu de la région. L'expérience peut se résumer de la façon suivante:

RESULTAT:

C'est un exemple réussi de valorisation de l'important potentiel laitier existant au Niger où l'élevage occupe une place importante dans l'économie et le régime alimentaire. La technologie utilisée est simple, ne nécessite pas de gros investissements en matériel et, de plus, est adaptée aux traditions locales. En outre, le projet a permis, en particulier, d'élever les compétences techniques des femmes, de consolider les groupements et d'augmenter substantiellement leurs revenus.

Des femmes zambiennes étudient la participation populaire au Sri Lanka

L'échange de données entre deux projets, l'un au Sri Lanka et l'autre en Zambie, a montré que les ruraux pauvres, y compris les femmes, sont confrontés à des problèmes similaires et adoptent des approches visant les mêmes objectifs. Un groupe de trois femmes participant à un projet exécuté par la FAO en Zambie s'est rendu au Sri Lanka pour rencontrer des femmes participant à un projet analogue et a étudié le fonctionnement des groupes de petits agriculteurs organisés sur trois niveaux: conseils de village, fédérations de conseils intervillages et conseils de divisions.

L'approche participative a renforcé la capacité de gestion des agriculteurs et la qualité de la vie familiale et villageoise. En Zambie, le projet a créé des zones d'action et a touché près de 200 groupes, dont les deux tiers environ des membres de pratiquement tous les présidents sont des femmes. Le groupe de femmes zambiennes, après des entretiens à plusieurs niveaux, a effectué des excursions sur le terrain et observé des activités contribuant à renforcer l'autosuffisance des ruraux pauvres.

En Tunisie: les femmes seront présentes dans le futur plan de développement

Un développement durable passe par une planification où on accorde autant d'importance à l'économique qu'au social, au politique qu'à l'humain, à l'environnement qu'à la population. Cette population n'est en aucun cas homogène et surtout elle est composée d'hommes et de femmes.

Tunis, Vendredi, 21 heures, Ministère de l'Agriculture, la réunion du "Comité Femmes et développement" continue. Elle a commencé à 16 heures alors que tous les bureaux sont fermés et que tout un chacun apprécie cette demi-journée de repos hebdomadaire.

Le 9ème Plan de développement économique et social de la Tunisie est en pleine préparation. Encore 1 mois avant les réunions finales de décision et d'arbitrages. Le comité "Femmes et développement" discute, analyse, propose, rédige. Quinze femmes sont là, actives, toutes responsables dans les différentes directions du Ministère de l'agriculture d'un domaine technique précis, qui la production animale, qui l'hydraulique, qui la vulgarisation...

Comment faire en sorte que pour les cinq prochaines années, les programmes et les actions qui seront arrêtés par le Plan s'adressent autant aux agricultrices qu'aux agriculteurs? Voici le pari qu'elles ont pris, il y a déjà plus de 6 mois, dès le démarrage de l'exercice de planification.

La responsable du projet, haut fonctionnaire du Ministère de l'Agriculture, et à l'origine de cette volonté d'inscrire explicitement les agricultrices comme bénéficiaires et parties prenantes des programmes de développement sur les prochaines années, nous décrit en quelques mots la situation:

"Pour la préparation de la Conférence de Pékin, la Tunisie, avec l'appui du service des femmes dans le développement de la FAO, a préparé un rapport sur la situation des femmes rurales. Bien que connaissant déjà ce que vivaient les femmes, l'analyse qui a été faite pour ce rapport a mis en évidence des chiffres et des faits démontrant que la présence des femmes dans l'agriculture est bel et bien une réalité et qu'elles devaient pouvoir compter elles aussi sur les activités de développement agricole et rural. L'occasion pour ce faire a été le démarrage des travaux pour le 9ème Plan de développement. Toujours en collaboration avec la FAO, le Ministère de l'Agriculture a alors mis en place un mécanisme pour que l'exercice de planification pour le secteur agricole intègre les intérêts des femmes et les traduise en actions concrètes et en décisions d'investissements."

C'est ainsi qu'actuellement, pratiquement en fin de processus de planification, chaque commission du Ministère de l'agriculture a pu, d'une part, évaluer les résultats du 8ème Plan en faveur des femmes et, d'autre part, faire des propositions concrètes pour le prochain Plan. Ce qui est particuliérement novateur est le fait que l'exercice de planification a été conduit, non pas en traitant les questions des femmes dans l'agriculture de façon isolée, mais en considérant que le secteur agricole est entre les mains de producteurs qui sont autant des hommes que des femmes. La porte d'entrée pour inscrire les femmes dans le 9ème Plan n'a pas été le "seul facteur femmes" mais la mise en relation du facteur production avec le facteur humain. Quelles priorités de production nous donnons-nous? Comment? Quels moyens? Qui sera acteur dans ces filières de production? Quel appui assuré pour aboutir?

Cette réflexion a pu être conduite grâce à la présence dans chaque commission de travail d'une personne attentive aux questions de genre et à la constitution d'une commission spécifique "Femmes et développement" faisant la synthèse et le lien avec les différentes commissions. Parallélement, une stratégie d'information et de sensibilisation des responsables et décideurs du Ministère a été développée. De plus, pour certains aspects cruciaux pour les femmes, des enquêtes participatives ont été conduites permettant ainsi d'avancer des propositions émises par les femmes et discutées avec tous les habitants des douars. Enfin, les enquêtes statistiques agricoles ont été élargies de façon à comptabiliser la contribution des femmes au secteur agricole.

Début 1997, démarrera le 9éme Plan de développement de la Tunisie et, quelque soient les décisions finales, il est certain que la volonté du Ministère de l'Agriculture pour ne pas laisser de côté la moitié de la population portera ses fruits. Et il est également indéniable que si dans les politiques de développement, l'économique est privilégié au détriment des acteurs sociaux, et des femmes en particulier, les investissements consentis n'apporteront pas les résultats escomptés.

Formation a l'analyse socio-économique et selon les genres

Le Programme concernant socio-économique et selon les genres (ASEG) est issu d'un effort de collaboration entre des organisations de développement internationales, multilatérales et bilatérales, des ONG, et des instituts académiques et de recherche nationaux qui se consacrent à la promotion d'un modèle de programmation de développement centré sur la population. ASEG symbolise à la fois un cadre conceptuel fondamentalement nouveau dans le domaine de l'analyse socio-économique et selon les genres, des méthodologies, des documents et des instruments destinés à produire et à utiliser de l'information plus détaillée d'ordre socio-économique relatif à l'égalité entre les sexes, et une approche plus participative en matière de programmation et de formulation de projets, afin d'assister les spécialistes du développement dans leur tâche.

L'objectif du Programme est de consolider les capacités à utiliser l'analyse socio-économique et selon les genres pour favoriser l'accomplissement d'un développement efficace, égalité et durable. A long terme, l'objectif du Programme est d'incorporer cette analyse dans les programmes et dans les projets, créant ainsi un type de développement sensible aux besoins et aux situations des populations locales. Les objectifs immédiats sont les suivants: (1) la création d'un ensemble de moyens de formation à l'analyse socio-économique et selon les genres d'instruments utiles à l'identification, la production, l'analyse et la présentation de l'information socio-économique et selon les genres relative à toutes les phases qui entrent la formulation des politiques, et les cycles des programmes et des projets; et (2) par le biais de la formation, préparer les agents de développement aux méthodologies et aux instruments d'analyse ASEG qui, après adaptation locale et diffusion, leur permettent d'enclencher un processus participatif de changement.

Bon nombre d'instruments théoriques et pratiques utilisés dans l'analyse ASEG ont été préparés ou mis au point; il est prévu de commencer à les tester, intégralement ou partiellement, dans certains pays à compter de novembre 1996. Ces pays sont: le Costa Rica, l'Egypte, la Tanzanie, la Côte d'Ivoire et le Burkina Faso.

Intégration du concept d'égalité entre les sexes

La FAO a procédé à un examen systématique de la mise en oeuvre de son premier Plan d'action pour l'intégration des femmes dans le développement (1989-1995) et les résultats ont fait l'objet de rapports soumis aux conférences biennales de la FAO (1989,1991, 1993 et 1995). Qui plus est, plusieurs évaluations internes effectuées en 1994 portant sur des aspects de la mise en oeuvre du Plan d'action (notamment dans les domaines de l'intégration, de la formation aux problèmes spécifiques de chaque sexe, de la consultation politique concernant l'équité entre les sexes et l'intégration des femmes dans le développement, et des activités concernant les programmes et les projets spécifiques à chaque pays) ont conduit à la révision globale du Plan d'action et à l'adoption de ce Plan révisé (1996-2001) par la 28ème session de la conférence de la FAO en novembre 1995.

Pour effectuer la révision du Plan, la FAO s'est servie d'un processus unique et novateur pour introduire le concept de la question féminine dans tous les programmes de l’Organisation. En un an, au travers d'un processus participatif complexe, des centaines d'administrateurs appartenant à65 services issus de 24 divisions techniques ont participé à la préparation, à l'échelle des divisions, de programmes d'action pour l'intégration des femmes dans le développement. Chacun de ces programmes définit ses objectifs et ses activités, et propose des indicateurs de suivi. De plus, chacune des 24 divisions est responsable de la mise en oeuvre, du suivi, de l'évaluation et du rapport concernant son propre programme d'action. Le Plan d'action révisé, à l'échelle de l'Organisation, est une synthèse de ces programmes d'action pour l'intégration des femmes dans le développement.

La pêche au féminin

La pêche, pour l'homme de la rue, n'est pas chose de femmes. La pêche commerciale au large connaît un tout petit nombre de personnel féminin, même dans les pays où la flotte de pêche est hautement mécanisée et qui ont oublié les tabous associés à la présence de femmes à bord. Les femmes elles-mêmes n'apprécient guère les emplois qui, tels la pêche au large, les éloignent longtemps de chez elles. Ces longues absences hors de leurs foyers portent préjudice à leur devoir traditionnel vis-à-vis de leurs familles et au rôle que la plupart des femmes jouent dans la vie de tous les jours.

En revanche, de nombreuses femmes, tout autour du monde, participent à la fée commerciale et à la cueillette côtières. Elles ont leurs embarcations, pêchent "à pied" à l'épuisette ou avec des nasses ou des filets fixes, elles récoltent des algues, des crabes ou des oursins. On peut les voir un peu partout dans les zones marécageuses à marée basse et dans les eaux peu profondes des lagons, ramasser au hasard ce qu'elles trouvent. Plonger dans les bas-fonds pour rapporter des mollusques ou des perles leur est également familier.

Les femmes, par ailleurs, sont largement employées dans la transformation des poissons. Lorsque cette activités est restée traditionnelle, comme dans les petites communautés de pêcheurs, c'est là qu'elles exercent la majeure partie de leurs activités. En haute saison surtout, elles fument, salent, sèchent ou font fermenter le poisson. Lorsque la conservation est industrialisée, les femmes constituent une part importante de la main-d'oeuvre, non seulement à cause de leurs endurance et de leurs qualifications, mais surtout parce que leurs salaires sont inférieurs

C'est le commerce de gros, et plus fréquemment le commerce de détail qui emploie le plus grand nombre de femmes. Et, dans certains endroits, elles sont très habiles commerçantes, particulièrement lorsque cette activité est leur seule source de revenus.

Elles sont aussi nombreuses dans les activités connexes de la pêche. Ramasser ou préparer les appâts, amorcer les hameçons, pousser les embarcations à l'eau ou les tirer hors de l'eau, trier ou évider les poissons, tisser ou réparer les filets font partie des activités requises dans une profession telle que la pêche. Cette dernière exige également des tâches de gestion, incluant notamment l'approvisionnement en crédit pour les pêcheurs.

Dans diverses régions du monde, les femmes sont parties prenantes dans l'aquaculture; elles collecte le fraie, entretiennent les bassins et les paniers. Parfois ce sont leurs occupations essentielles, parfois il s'agit d'occupations parallèles à la culture du riz ou à l'élevage d'animaux sur pieds. Ces activités contribuent de manière très positive à la consommation et, lorsque le réseau de commercialisation est approprié, à l'emploi et aux revenus.

Un nombre de plus en plus important de femmes arrivent sur le marché du travail associé aux pêches et à l'aquaculture, à la recherche et à la formation, à la gestion, à l'administration et aux services publics. Leur présence augmente à mesure que l'accès à l'enseignement universitaire se féminise.

Toutes ces professions étaient représentées à l'atelier organisé à Concepción, au Chili sur le thème de l'intégration des femmes dans la pêche artisanale du Sud-Est de l'océan Pacifique. Des femmes pêcheurs ont exposé le secret de leur réussite professionnelle aux professeurs d'université, aux administrateurs du ministère de la Pêche et aux experts internationaux. Ils ont élaboré ensemble de nouvelles stratégies fondées sur l'analyse de ces expériences positives, échangé des informations concernant d'autres modes de gestion qui ont eu des résultats favorables. Ils ont aussi identifié les secteurs nécessitant une formation supplémentaire ou d'autres soutiens quelconque, ainsi que les obstacles à lever pour mieux intégrer les femmes dans la vie économique des villages de pêcheurs.

Sur la base de l'expérience des participantes et de la recherche empirique, il a été possible de faire ressortir un certain nombre de données: par exemple, la contribution des femmes aux revenus de la famille contribue au partage de la prise de décision dans le contexte familial; ou encore les femmes sont plus motivées au travail par le désir d'améliorer le bien-être de leur famille que par la satisfaction de besoins personnels. Par ailleurs, la plupart d'entre elles n'ont qu'un niveau scolaire élémentaire, quelques-unes sont illettrées; enfin, le temps qu'elles peuvent consacrer au travail est inversement proportionnel au nombre d'enfants qu'elles élèvent.

La réussite des femmes pêcheurs, selon cette analyse, dépend d'un certain nombre de facteurs. Quelques-uns sont rédhibitoires, comme par exemple, la situation géographique excentrée du village de pêcheurs, la distance entre le village et les grands centres de consommation, l'abondance et la qualité des ressources de la mer. D'autres éléments sont également importants, tels la motivation des femmes pêcheurs pour innover, les infrastructures et les réseaux commerciaux accessibles, le niveau éducatif, l'accès à la formation et aux autres services.

Il a été admis au cours de la réunion que la modernisation de la pêche artisanale, comme l'introduction de nouvelles technologies, l'augmentation de la taille des bateaux, l'échelle de la production et donc du marché peuvent être autant de facteurs récessifs du marché de l'emploi pour les membres des communautés de pêcheurs et rendre obsolètes certaines tâches accomplies par les femmes. Tel est le cas particulièrement des services connexes et du commerce. Ceci peut avoir un effet catastrophique quant à la sécurité alimentaire au niveau des ménages. Enfin, un autre aspect négatif a été souligné concernant la disparition du savoir qui ne sera plus transmis à la génération montante si la demande s'effrite.

L'atelier a recensé les secteurs où le rôle traditionnel des femmes dans la production, la transformation et la commercialisation de la pêche artisanale peut être amélioré, ainsi que ceux où leur rôle potentiel peut être développé, notamment en matière de production d'espèces rares dans les petites exploitations d'aquaculture ou d'artisanat utilisant les coquillages. De plus, une série de domaines critiques ont été identifiés: un meilleur accès à l'information concernant les politiques gouvernementales et les services publics, les infrastructures nouvelles et les innovations technologiques, un meilleur accès également au crédit, à la formation, aux organisations professionnelles, ainsi qu'une plus grande implication des femmes pêcheurs dans la gestion des ressources naturelles et de l'environnement et, en tout premier lieu des ressources des eaux peu profondes et des zones côtières.

Cet exemple est un des nombreux exemples du travail du Département des pêches de la FAO. Ce dernier s'efforce de donner la priorité qu'il mérite au respect du genre et de l'égalité dans l'accès à la prise de décision, aux ressources et aux revenus dans le secteur des pêches; sans oublier que son objectif final est d'assurer que la pêche et l'aquaculture contribuent à une alimentation toujours plus abondante et plus durable.

La participation des femmes a la formation dans les programmes de terrain de la FAO

Une grande partie des projets de terrain de la FAO, financés par le PNUD, les fonds fiduciaires, les programmes de Coopération avec le Gouvernement et le Programme de Coopération technique ont une composante formation. Comme résultats, par le biais de ces projets, des dizaines de milliers de cadres agricoles, de techniciens et de chefs de file des exploitants agricoles, sont formés dans les pays en développement chaque année. Bien que le programme "Femmes et développement" de la FAO ait commencé plus tôt, ce n'est qu'en 1983 que la FAO a commencé le suivi et la collecte de données sur le sexe des participants.

Comme conséquence de cette campagne active de la FAO pour améliorer la participation des femmes dans le développement agricole et rural, le nombre de femmes formées dans les projets de terrain de la FAO a augmenté, et presque doublé dans une période de 6 ans à partir du moment où les données ont été collectées.

En 1983, seulement 16% des 75.241 participants aux cours étaient des femmes. Ce taux de participation a augmenté jusqu'à 20% en 1985 parmi les 73.000 participants inscrits. En 1989, le nombre de femmes atteignait 29% des 105.157 des personnes formées.

On pourrait conclure que dans les projets de développement agricole, la participation des femmes augmente lorsque l'environnent socioculturel pour les associer et les faire participer est délibérément créé. C'est ce que les projets de la FAO ont réussi à réaliser.

Améliorer la sécurité alimentaire des femmes pauvres dans les pays en développement

A l'occasion du Sommet Mondial de l'Alimentation, le rôle essentiel des femmes pour assurer la sécurité alimentaire recevra enfin une reconnaissance tant attendue. Les hauts responsables sont appelés à engager leurs gouvernements à fournir des chances égales aux hommes et aux femmes de manière à améliorer la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles. Ce sont autant d'opérations importantes pour assurer à tous, et à tous moments, un accès à une quantité adéquate d'aliments sains et de bonne qualité.

La Déclaration de Rome pour une sécurité alimentaire mondiale, qui est proposée, met l'accent sur l'importance de l'amélioration du statut de la femme et sur la reconnaissance du fait que cela implique de meilleures conditions de vie, plus de possibilités économiques et de formation et des technologies pour réduire les lourdes charges auxquelles elles sont confrontées. Elles ont aussi besoin de nouvelles législations et pratiques sociales.

Toutes les divisions de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), luttent pour obtenir de meilleures conditions pour les populations rurales et la sécurité alimentaire. La Division de la Nutrition et de l'Alimentation concentre ses efforts sur l'amélioration du statut nutritionnel des générations présentes et futures et assurer des aliments de meilleure qualité et plus hygiéniques pour tous les consommateurs.

Les femmes dépensent beaucoup de temps et d'énergie pour les travaux agricoles ainsi que pour l'approvisionnement et la préparation des aliments. Les innovations qui visent à augmenter la productivité agricole et celle de la qualité du régime alimentaire, sans demander aux femmes du temps et des efforts physiques supplémentaires. Elles peuvent aussi affecter leur statut nutritionnel ainsi que celui de leurs familles.

Les femmes sont souvent plus vulnérables que les hommes à la malnutrition, à cause de leurs besoins physiologiques et de leur statut social moins élevé. Le statut nutritionnel d'une femme affecte le développement de l'enfant pendant la grossesse et l'allaitement mais aussi pendant la conception. Beaucoup de femmes et d'enfants des pays en développement sont malades, handicapées ou meurent prématurément. Tout cela pourrait être évité avec des régimes alimentaires adéquats.

Puisque les femmes sont actives à tous les stades de la chaîne alimentaire, elles sont souvent responsables de la protection de l'intégrité de l'aliment et veiller à la salubrité et à l'hygiène. De connaissances améliorées sont nécessaires pour assurer un stockage et une transformation adéquates. L'ignorance des pratiques saines de manutention peut engendrer la contamination et la détérioration de l'aliment. Prévenir la contamination alimentaire peut réduire l'incidence des maladies qui participent à la sous-nutrition, en particulier des jeunes enfants.

Les activités de la FAO pour améliorer la sécurité alimentaire incluent les efforts pour augmenter les ressources familiales et développer des méthodes pour alléger une partie des lourdes tâches auxquelles les femmes doivent faire face. Tout en reconnaissant que l'amélioration des connaissances des femmes et celle de leur statut sont des éléments cruciaux, l'éducation des hommes en matière de besoins nutritionnels de la famille est aussi prévue La FAO essaie d'augmenter la prise de conscience sur les "spécificités hommes et femmes" parmi les hauts responsables gouvernementaux, les autorités locales et les membres de la communauté. Les femmes sont des participantes à part entière dans la conception, la formulation et la mise en oeuvre d'activités relatives à la nutrition exécutées par la FAO.

Programmes de formation et de vulgarisation sensibles au genre en Ethiopie

Depuis les années 60, l'Ethiopie, à des degrés divers, a tenté de lutter contre la stagnation du secteur paysan par le biais du renforcement des systèmes de vulgarisation agricole. Cependant, les contraintes auxquelles sont confrontés les agriculteurs, hommes et femmes, et leurs besoins respectifs n'ont pas été au centres des préoccupations. En conséquence, les informations sensibles au genre manquaient terriblement dès la phase de la planification.

Dans ce contexte, un projet de deux ans, intitulé "Améliorer la formation et la vulgarisation orientées vers la clientèle en Ethiopie", est en voie de mise en oeuvre par le Département de Vulgarisation agricole (DVA) du Ministère de l'agriculture, avec l'assistance technique de la FAO à partir de 1994. Ce projet est financé par le Gouvernement des Pays-Bas pour un budget total de 593.209 dollars des EE.UU. Les principaux objectifs sont:

A ce jour, les études de cas ont été réalisées par des équipes multidisciplinaires dans trois villages de zones sélectionnées (Omo Nord, Wollo Nord et Hararghe Ouest) utilisant différents outils et techniques d'enquêtes rurales participatives (ERP).

Les données compilées, désagrégées par sexe, étaient utilisées pour le développement d'un programme de formation d'un groupe central de 24 formateurs. A leur tour, en utilisant un guide simplifié, ces formateurs ont formé 142 agents de développement ou de vulgarisation qui ont appliqué les compétences acquises pour élaborer des études de cas similaires dans 14 villages au total. Un atelier d'évaluation a été organisé en juillet dernier pour affiner l'approche grâce aux leçons apprises à partir des tests effectués en conditions réelles, et pour initier le personnel de vulgarisation en utilisant les résultats des analyses de contraintes, dans la planification et la mise en oeuvre d'activités de vulgarisation sensibles au genre et basées les demandes. Avant la fin de cette année, trois ateliers régionaux et un national sont prévus pour que les différents niveaux de décision soient plus convaincus de l'efficacité de cette approche participative, en rendant les programmes de vulgarisation plus sensibles au genre, et plus orientés vers la clientèle. Ceci, en prenant en considération les technologies endogènes et celles générées par la recherche.

Bien que cette approche participative soit toujours utilisée sur une base pilote, les résultats préliminaires sont très encourageants. Les autorités gouvernementales, ainsi que les représentants des donateurs en Ethiopie sont très satisfaits des résultats du projet selon les constatations d'une mission d'évaluation tripartite qui a rendu visite au projet en juin 1996. Une proposition pour une seconde phase est en cours de préparation, pour appliquer ce type d'approche à une échelle plus large, afin de couvrir d'autres communautés agricoles dans la plupart des régions d'Ethiopie.

Un nouveau vaccin pour sauver les élevages familiaux de volailles

Les femmes ont toujours joué un rôle important dans la production animale surtout au niveau de la transformation et du commerce des produits alimentaires dérivés. La Division de la production animale (AGA) de la FAO attache donc une grande importance à la prise en compte du genre, c'est-à-dire des responsabilités et des rôles respectifs des hommes et des femmes, dans tous ses projets de développement. Et certains projets spéciaux ont précisément pour objet l'amélioration de la participation des femmes aux processus de production animale.

En Gambie, AGA a conduit un projet, financé par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), qui a eu des résultats très positifs sur la vulgarisation destinée aux femmes. Le projet avait pour objectif principal d'améliorer la gestion par les agricultrices de la production de petits ruminants et de volaille.

Les femmes ont répondu positivement aux messages en les adaptant et en les diffusant auprès des autres exploitantes de leur famille ou de leur village. D'une évaluation faite cette année, à mi-parcours du projet, il se dégage clairement que la productivité s'est durablements améliorée et que les revenus subséquents ont augmenté. Les impératifs commerciaux et les débouchés pour la viande des petits ruminants et des volailles ont été beaucoup mieux pris en compte. Une recommandation a été exprimée pour l'extension de ce projet à 33 nouveaux villages intéressés par l'intégration des femmes dans le développement.

La production de volaille dans les pays en développement repose à la fois sur l'élevage industriel et l'élevage familial. L'élevage familial est presqu'entièrement dans les mains des femmes et des enfants. La majeure partie de la production de viande et d'oeufs provient de leurs basses-cours. Cette pratique vieille de plusieurs siècles continuera de représenter l'essentiel de l'élevage de volaille en Afrique. Il est bien connu que l'un des freins qui affectent le plus la productivité familiale de poulets est la pseudopeste aviaire. Les épizooties récurrentes entraînent un fort taux de mortalité; les basses-cours familiales sont souvent décimées. Ces épizooties n'affectent pas seulement l'apport en protéines animales dans l'alimentation et les revenus des femmes rurales, mais elles mettent aussi en danger la production industrielle.

Une nouvelle technologie a été récemment mise au point par une équipe de chercheurs d'Australie et de Malaisie, utilisant une souche non pathogène de V4 ND comme vaccin. Ce nouveau vaccin a plusieurs avantages par rapport à d'autres, plus conventionnels: son usage facile, son coût, sa résistance aux climats chauds et le fait qu'un animal vacciné transmet son immunité aux autres par simple contact. Ceci le rend par conséquent particulièrement adapté aux besoins des femmes rurales. Après avoir constaté le succès de ce vaccin en Malaisie, AGA fit une communication au cours de l'atelier organisé par le Centre de vaccination vétérinaire panafricain, en 1993, et commença les premiers essais sur le terrain.

Actuellement, la Division de la FAO effectue des essais en Afrique de l'Est, en particulier au Zimbabwe, qui doivent être étendus à d'autres pays du continent. AGA conduit également, depuis trois ans, des campagnes en Ethiopie et en Gambie .

Par ailleurs, AGA envisage d'effectuer les mêmes essais en Asie centrale, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.

L'un des deux prix André Mayer que la FAO distribue aux réalisations les plus dignes d'intérêt, a été remis en 1995-96, au projet "Assistance aux femmes rurales pour la production familiale de volaille". Grâce à ce prix, une recherche a pu être poursuivie en Afrique pour identifier et quantifier la production de volaille en milieu rural et les problèmes en matière de santé Cette enquête concerne au premier chef le système de production familiale de poulets, c'est-à-dire les femmes rurales. Elle doit permettre de déterminer, sur la base des donnés informatiques, les décisions à prendre concernant les contrôles, de choisir les programmes d'intervention les mieux adaptés pour améliorer la situation socio-économique des femmes rurales et de conférer à l'assistance technique de la FAO le meilleur rapport coût-efficacité. L'objectif final de cette recherche est de transformer les élevages de volaille africains en entreprises prospères afin de contribuer à sortir les femmes rurales de leur extrême pauvreté.

Les nigérianes ont force la porte de la vulgarisation

Avant 1990, le Nigéria a fait des investissements significatifs, avec l'appui de la Banque Mondiale, pour rendre opérationnels les services de vulgarisation agricole par le biais des fameux "Projets de développement agricoles" (P.D.A.). Il était aussi bien connu que la majorité des agriculteurs dans chaque état était des femmes. Cependant, pas plus de 15% des vulgarisateurs agricoles étaient des femmes.

Avec un projet financé par le PNUD, intitulé: "Renforcement de la vulgarisation agricole au Nigéria", la situation a changé complètement, du moins dans cinq des 21 Etats du Nigéria. Un des objectifs de ce projet était de développer des stratégies améliorées de vulgarisation pour atteindre les femmes rurales à travers la mise en oeuvre de projets pilotes dans cinq Etats. Pour réaliser ces objectifs, des apports importants ont été fournis par le projet, y compris les services d'un expert international (africain) en Développement des femmes rurales pour 28 mois.

Un des impacts de ce projet était la création d'un poste de coordinatrice pour les femmes dans l'Agriculture. Cela a conduit aussi à la révision de la Constitution du Nigéria qui garantit des droits égaux pour tous les citoyens, sans distinction de sexe. Dans le projet, la collaboration en matière de "Femme dans le développement" dans les cinq Etats était établie entre la Banque Mondiale, le BIT, l'UNICEF, le FNUAP, la Commission Nationale sur les Femmes, le Programme pour l'amélioration de la vie des ruraux, le Conseil National des Femmes et les Femmes dans la Division de l'Agriculture du département fédéral de l'Agriculture.

L'analyse des contraintes à la participation des femmes rurales au développement a commencé au niveau national, suivie d'une étude sur le terrain des contraintes dans chacun des Etats pilotes. Dans chaque cas, un atelier succède à l'étude sur le terrain. Cette dernière, associant les femmes rurales elles-mêmes, ainsi que les ateliers dans les 5 Etats ont permis de dégager des solutions constructives aux différentes contraintes pour atteindre les femmes rurales par la vulgarisation. Ce sont:

En poursuivant les ateliers d'analyse et de planification (avec un total de 612 participants parmi lesquels 116 étaient des femmes, soit 19%), les activités de mise en oeuvre font l'objet de contrôle pour le reste de la période de vie du projet. Par exemple, les activités suivantes ont été rapportées dans le cas de l'Etat d'OGUN.

Dans l'Etat d'Ogun, l'accent était mis sur le nombre croissant de femmes dans le personnel de la vulgarisation agricole pour pouvoir agir en force.. Une enquête diagnostic a été réalisée pour déterminer les besoins technologiques des agricultrices, et pour identifier les technologies disponibles adaptées à leurs besoins. L'objectif annuel fixé de 22.000 visites de terrain aux agricultrices de contact a été atteint. Il y avait 71 groupements féminins identifiés ou formés dépassant de loin l'objectif de 42 groupements pour une période de 12 mois. Obtenir le changement des attitudes des vulgarisateurs vis-à-vis des agricultrices, fait partie des activités, y compris les démonstrations sur des activités spécifiquement féminines, comme la transformation des aliments.

Durant la vie du projet, l'impact le plus saillant de cette composante "Femme et développement" était l'attitude progressivement favorable des responsables gouvernementaux de l'Etat, du personnel du Ministère de l'Agriculture et, particulièrement le personnel de vulgarisation, pour une participation active des femmes dans les activités de vulgarisation pour leurs propres bénéfices et pour le développement agricole et rural. Le renforcement du pouvoir et les résultats encourageants que cette composante Femmes a obtenus parmi les femmes des services de vulgarisation et celles des communautés dans la zone du projet, étaient très significatifs. Il a été rapporté que les hauts responsables des Etats, en dehors des cinq Etats pilotes, ont demandé à recevoir la même assistance en "Femmes et développement" par le biais des Programmes de vulgarisation agricole de l'État. La durabilité et le futur impact de cette composante du Projet de vulgarisation des Etats de Kano, Cross River, Gongola, Niger et Ogun devraient être re-analysés et étudiés.

L'évaluation de l'impact de cette composante "Femmes et développement" devrait inclure la capacité de diffusion dans les autres Etats du pays.

Irrigation en Tanzanie

En Tanzanie, le riz est une importante culture de rente et est également la seconde culture vivrière. En 1985, le Gouvernement de la Tanzanie a commencé le "Projet d'irrigation dans le village d'Usangu" pour améliorer le système traditionnel d'irrigation dans la plaine d'Usangu, une zone qui abrite environ 20.000 habitants. Le projet fournit une assistance technique aux 2.125 ménages dans 17 villages grâce à l'irrigation de 3.500 hectares de terre.

Le mais est habituellement cultivé sur les terres familiales et les femmes ont la majorité de la responsabilité pour cette importante nourriture de base. La plus grande contrainte à la production du mars est que les terres utilisées par les femmes sont souvent marginales et ne sont pas irriguées.

Bien que les hommes aient la responsabilité principale pour la production de riz, le projet d'irrigation pour la culture du riz paddy augmente la charge de travail des femmes. Les femmes ont effectué la plus grande partie de l'aménagement et, dans certaines zones, ont été associées étroitement au repiquage, au désherbage et à la récolte du riz, cultivé sur une superficie plus grande. Quand les femmes produisaient du riz, les revenus étaient donnés aux maris.

On craignait qu'une participation plus grande des femmes dans la production rizicole serait préjudiciable à la culture du maïs. De même, les obligations maternelles pourraient créer des problèmes nutritionnels. Comme complément au projet d'irrigation, le projet "Femmes dans l'agriculture" (FDA) a commencé en 1988 avec comme but d'évaluer l'impact potentiel du projet rizicole sur la sécurité alimentaire des ménages et sur le statut nutritionnel d'un sous-groupe de la population.

Sécurité alimentaire au niveau des ménages

Après cette phase d'étude, le projet "Femmes dans l'Agriculture" a commencé en 1991; son objectif était d'améliorer la sécurité alimentaire et le bien-être nutritionnel de tous les membres du ménage grâce à la participation spécifique des femmes dans le développement agricole. L'approvisionnement alimentaire devait être suffisant pendant toute l'année et les femmes devaient disposer davantage de temps pour la préparation des aliments et les soins aux enfants.

En 1995, le projet a fourni des intrants agricoles aux agriculteurs qui produisaient du mais irrigué et ceux qui pratiquaient l'agriculture pluviale. Une assistance économique a été fournie à la culture du riz et du mats. Un ensemble d'intrants pour la culture maraîchère a été distribué aux femmes et aux ménages qui étaient plus vulnérables du point de vue de la nutrition. Malgré une faible précipitation qui a sérieusement affecté la production alimentaire, le projet a eu un effet positif sur l'amélioration de la productivité et de la diversité des aliments disponibles.

Le projet FDA cherchait à compenser le travail supplémentaire des femmes, causé par l'irrigation, en introduisant de nouvelles techniques pour simplifier les opérations de transformation et de préparation des aliments. Des foyers utilisant des balles de riz ont été introduits pour économiser l'énergie et permettre aux femmes de faire cuire les aliments tout en exécutant des tâches domestiques et des activités productives. De même, des minoteries pour le maïs et le riz ont été introduites

Suivi et éducation nutritionnelle

Le schéma de croissance des enfants est suivi pour déterminer l'effet des changements dans les stocks alimentaires des ménages, les demandes de main d'oeuvre masculine et féminine, et la fréquence de l'alimentation des enfants. Plus tard les Rassemblements villageois pour l'alimentation et la nutrition (Jours de Santé) ont été organisés pour mobiliser la communauté. Pendant ces rencontres, le suivi de la croissance était effectué et les enfants malnourris étaient identifiés. L'éducation nutritionnelle était dispensée pendant ces occasions.

Pour promouvoir l'accroissement de la consommation d'aliments plus nourrissants, les nutritionnistes de district apprenaient aux hommes et aux femmes les manières de préparer des mélanges d'aliments de sevrage plus riches en y ajoutant des feuilles de citrouille et des arachides à leur plat principal de céréales. On enseigne aux femmes des techniques pour sécher la citrouille, le manioc et les feuilles de haricot, pour être utilisés plus tard pendant la saison sèche. Ainsi, ces techniques les aident à s'assurer une sécurité alimentaire pendant les périodes creuses de l'année.

Les problèmes sur les spécificités homme-femme

Les hommes participent au projet FDA, en particulier ceux qui proviennent des ménages à risque de malnutrition. Ils assistent dans la préparation des aliments et certains ont amené leurs enfants aux dispensaires pour la pesée, et la mensuration. Les hommes chef de file provenant des villages, ainsi que les autorités gouvernementales des districts et des régions ont appuyé les efforts pour réduire la charge de travail des femmes et ont reconnu l'importance des femmes dans le dévelopement agricole et communautaire. Les comités féminins villageois pour l'irrigation ont été constitués pour encourager la participation des femmes dans le développement communautaire et leur donner une meilleure confiance en elles-mêmes pour participer davantage à la prise de décision.

Résultats

Les activités du projet ont eu une influence positive sur l'amélioration de la disponibilité et de la diversité des aliments au niveau du ménage, grâce à l'augmentation de la production et à la réduction des pertes après récolte, qui ont contribué à diminuer le temps consacré aux tâches domestiques pénibles et la charge de travail des femmes.

Sécurité alimentaire pour les ménages zambiens

Améliorer la sécurité alimentaire et le niveau nutritionnel des petits exploitants, tel était l'objectif que s'était fixé le gouvernement zambien. Il demanda l'assistance de la FAO pour augmenter la production alimentaire et expliquer à la population l'importance d'un régime varié et équilibré. Depuis 1991, la FAO s'est mise à la tâche dans la vallée du Luapula, une des régions les plus pauvres de Zambie. Au début, le projet s'attaqua en priorité à la déficience en vitamine A. Il fut décidé de promouvoir la production et la transformation de l'huile de palme, très riche en vitamine A et excellence source énergétique. En 1996, un nouveau projet a été initié, fondé sur une approche participative interdisciplinaire. Il s'étend sur 5 ans et intéresse une région qui abrite 200 000 habitants.

Les carences nutritionnelles chez les femmes

La vallée du Lupuala souffre du plus haut niveau de malnutrition enregistré en Zambie. Beaucoup de foyers sont frappés par l'insécurité alimentaire, d'autres, plus nombreux encore sont vulnérables sur le plan nutritionnel. Le taux de malnutrition augmente pendant la saison des pluies, alors que les réserves commencent à s'épuiser et que les femmes s'activent dans les champs.

Les déficiences en micronutriments, surtout en vitamines A et en fer sont largement répandues. Les régimes traditionnels sont peu caloriques car l'approvisionnement en céréales est limité et l'apport en acides gras est insuffisant. C'est le manioc, aliment de base des zambiens, qui manque le plus pendant la saison des pluies.

Les jeunes femmes sont particulièrement victimes de malnutrition. Les femmes se déchargent de leur lourde charge de travail sur leurs filles; dès leur plus jeune âge, celles-ci partagent les activités domestiques et productives. Les adolescentes se marient et sont enceintes très jeunes. Aussi le taux de scolarité est bas, les jeunes filles qui achèvent le cycle primaire sont peu nombreuses.

Les connaissances de leurs capacités limitées n'aident pas les jeunes filles pour composer un régime nutritionnel équilibré. Le poids de leurs bébés à la naissance est en dessous de la moyenne. Les jeunes mères, surchargées de travail, n'ont pas le temps d'apprendre les notions élémentaires de nutrition et elles de leurs nourrissons. Le taux de décès est élevé chez les enfants en bas âge soit pour insuffisante protéinique, soit par manque de soins et d'hygiène Ceux qui survivent sont nombreux à souffrir de déficiences nutritionnelles graves.

Les ménages monoparentaux ont d'autres problèmes encore. L'émigration des hommes, les divorces, le SIDA ont causé l'augmentation des ménages ayant une femme à leur tête à Luapala. Les femmes doivent faire appel aux hommes de leur famille pour les travaux agricoles les plus durs, faute de quoi elles sont obligées de cultiver de plus petites surfaces, ce qui met la sécurité alimentaire de leur ménage en péril.

La charge de travail des femmes

Les femmes passent la majeure partie de leur temps dans les champs, à planter, à désherber, à récolter. Elles procèdent à diverses préparations pour la cuisine ou la conservation des aliments, sans oublier la corvée d'eau et de bois de feu ainsi que les autres activités ménagères quotidiennes. A l'intérieur de la maison, elles sont les seules à travailler. Au total, leur journée moyenne de travail dure de 12 à 14 heures. La plupart des hommes s'occupent de la pêche, préparent la terre et s'occupent de cultures de rente et travaillent 9 à 10 heures en moyenne par jour.

Au fur et à mesure que la demande en terres augmente, les lopins des femmes sont de plus en plus éloignés; certaines d'entre elles passent 5 heures par jour en déplacements. On peut espérer que l'intensification des cultures autour des habitations devrait permettre de réduire le temps perdu à se rendre aux champs. Le projet de la FAO est destiné à encourager l'utilisation des terres inondables pour l'usage intensif, particulièrement pendant la saison sèche.

Objectifs et activités

Etant donné que les principaux problèmes rencontrés dans la vallée sont liés aux carences en éléments énergétiques et en micronutriments (vitamine A et fer), le projet s'est orienté vers la production, tout au long de l'année, d'oléagineux, de céréales, de fruits et de légumes. Les oléagineux doivent être disponibles à la fois pendant la saison sèche et pendant la saison des pluies, on a donc planté des arachides, des tournesols, du soja et du sésame. L'introduction de variétés de manioc à plus haut rendement et avec un cycle de maturation plus rapide, ainsi que des techniques culturales améliorées doivent augmenter la productivité. On augmente le nombre d'aliments de base grâce à l'introduction de diverses variétés de mais, des patates douces, des pommes de terre, ainsi que des ignames.

Il sera bientôt possible d'assurer la disponibilité de fruits et de légumes riches en vitamines A et C tout au long de l'année. Grâce à l'installation de serres communales, construites et administrées par le village et les groupements de femmes, des variétés améliorées de mangue, de citron, d'avocat et de goyaves vont être cultivées et diffusées. Par ailleurs, un soutien sera apporté à la culture en saison sèche de légumes riches en micronutriments à la fois indigènes (tels que des "amarantes" et des feuilles de haricots) ou importés (comme des tomates, des choux de Chine et des oignons) Ceci doit permettre de faciliter l'accès à ces aliments et réduire les carences saisonnières.

Pour disposer de davantage de denrées, et ce en toutes saisons, les vulgarisateurs diffuseront des techniques et du savoir-faire en matière de conservation, de transformation et de préparation. Par exemple, une préparation moins longue du manioc, des techniques de séchage des plantes seront introduites. Une préparation de patates douces et une autre pour l'huile de palme vont être expérimentées, adaptées et diffusées dans le village pour répondre aux besoins des femmes. On examine également la création de groupements villageois et de centres commerciaux de transformation du manioc par mouture ou concassage qui devrait offrir une activité rémunératrice aux femmes.

Il convient de noter que le fait d'assurer une nutrition appropriée ne fait pas qu'assurer la sécurité alimentaire des ménages. Le projet a également pour objectif d'améliorer la vie en général, les connaissances nutritionnelles et les compétences des femmes et des hommes dans le village et à l'extérieur, de former des représentants de la communauté et des employés des services de soutien, vulgarisateurs agricoles, spécialistes de la communication, de la nutrition, du partage des rôles et des responsabilités entre les hommes et les femmes, des méthodes participatives ou de la planification.

Le projet joue aussi un autre atout. Il vise à développer des compétences locales dans l'identification des problèmes, la planification et la mise en oeuvre de projets. Jusqu'à présent, les organisations villageoises sont peu nombreuses. Or, l'une des conditions nécessaires pour l'extension du projet à d'autres activités, est la création d'associations communautaires d'aide mutuelle avec l'aide de promoteurs chargés de guider ces regroupements.

La réussite du projet dépend de la mobilisation de la population. Elle reçoit les services et l'aide technique d'une équipe de nutritionnistes et d'agents de terrain du ministère de l'Agriculture, du ministère de la Santé et du Développement local, accompagnés de membres d'organisations non gouvernementales et des représentants du village.

Comme le projet tient particulièrement compte de la vulnérabilité des femmes, celles-ci et les personnes à leur charge seront parmi les premiers bénéficiaires. Pour répondre à cette préoccupation et renforcer le statut et les chances des femmes, le projet met l'accent sur un certain nombre d'activités: 1) la sensibilisation des villageois aux problèmes de genre et l'apport de services de soutien; 2) l'accès des femmes à la technologie, au crédit et aux intrants agricoles; 3) la sensibilisation des hommes aux inégalités sociales et aux questions qui relèvent d'habitude des femmes, comme les soins aux enfants, la préparation et la conservation des aliments; 4) les technologies qui allègent la charge de travail, et 5) la mobilisation des hommes et des femmes en partenaires égalitaires au niveau des ménages et des organisations communautaires.

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