Bureau régional de la FAO pour l'Afrique

Progrès notables de développement agricole au Niger

Niamey, 24 juin 2014 - Entretien avec le Représentant de la FAO a.i. au Niger

M. le Représentant, en mars dernier à Tunis, le Niger et la FAO ont signé l’accord de financement du projet « opérationnalisation de l’Initiative 3N à travers un paquet d’activités au niveau de 8 communes de convergence », financé par le Fonds de solidarité pour l’Afrique (ou ASTF): où en êtes-vous dans la mise en œuvre de ce projet ?

M. Amadou Ouattara : Effectivement, après la réunion de Tunis, j’ai rencontré le ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture pour évoquer le programme de financement  de l’ASTF. Il m’a alors dit que le gouvernement avait décidé que l’essentiel de ce fonds soit consacré au financement  d’un programme dit « La maison du paysan ». Au niveau de cette « maison du paysan » qui est un ensemble d’infrastructures pouvant abriter des vivres, des intrants et équipements agricoles et des aliments du bétail. Ces infrastructures abriteront aussi un centre d’appui conseil et une mutuelle d’épargne et de crédit. Nous avons en ce moment une mission conjointe qui visite le terrain composée, entre autres, d’un représentant du Haut-commissariat à l’initiative 3N, de la FAO, des ministères de l’Agriculture et de l’Elevage. Au retour de cette mission, nous allons prendre les dispositions pour démarrer sur le terrain les activités prévues dans le cadre de ce programme « maisons du paysan ». Nous, FAO, nous allons nous intéresser surtout aux volets centrales d’approvisionnement en intrants et équipements agricoles, en aliments pour bétail,  appui-conseil et mutuelle épargne.

Quelles autres activités spécifiques la FAO développera-t-elle dans le cadre des communes de convergence ?

M. Amadou Ouattara : En dehors de « La maison du paysan », nous apportons également un appui à la campagne agricole qui vient de commencer. Nous avons déjà acheté et mis en place plus de 1 600 tonnes de semences de qualité pour les populations démunies.  Il est aussi question de mettre en place des kits villageois dans les communes de convergence. Ces kits prévoient des appuis dans les domaines de la petite irrigation des cultures maraichères, des cultures vivrières et de la petite hydraulique pastorale.  La FAO va s’impliquer dans toutes ces activités.

M. Le Représentant, la FAO et le Gouvernement du Niger ont par ailleurs signé, en janvier 2014,  le document du CPP 2013-2016. Parlez- nous de ce programme et de son financement.

M. Amadou Ouattara : le Cadre de Programmation Pays est un instrument essentiel qui définit les priorités et la stratégie de mise en œuvre du programme prévisionnel de la FAO au Niger sur la période 2013-2016. Le budget estimatif de ce programme est d’environ  51 millions de dollars US,  dont un financement acquis d’à peu près 16 millions de dollars US ce qui laisse un gap à rechercher d’environ  34 millions de dollars US. A ce gap, il convient d’ajouter environ 21 millions pour les interventions dans les communes de convergence, qui n’étaient pas prévues initialement dans le CPP. Finalement, c’est donc environ 55 millions de dollar US, qu’il nous faudra mobiliser pour satisfaire les besoins financiers de notre programme. Dans le cadre de la recherche du financement complémentaire de ce programme, nous avons fait le tour de tous les partenaires au développement et dans ce cadre nous avons rencontré la plupart des partenaires financiers basés à Niamey et nous avons aussi fait le tour de tous les partenaires nationaux concernés par cette question au niveau du gouvernement.  Ici, nous avons cherché à raffermir notre coopération avec le gouvernement et rechercher leur appui dans le plaidoyer pour le financement ce programme

Il faut dire aussi que ce programme a trois (3) grandes priorités qui cadrent parfaitement avec les priorités nationales : une première qui permet de renforcer la résilience des populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ; la seconde est de mettre l’accent sur l’accroissement des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques et, enfin, la troisième, c’est de créer un environnement politique et institutionnel favorable au développement agricole et à la sécurité alimentaire.

Avez espoir que les plaidoyers que vous avez fait au niveau des donateurs vont porter leurs fruits et quel appel lancer en direction de ces donateurs ?

M. Amadou Ouattara : Nous pensons que l’on aura des résultats intéressants. Par exemple de l’Union Européenne, on a reçu un très bon accueil par l’Ambassadeur de la Commission Européenne qui nous a fait part de sa disponibilité à travailler avec la FAO. Nous avons également rencontré la Banque Mondiale qui est une institution très importante pour le Niger et nous disons que nous sommes donc confiants.  Avec les autres agences du SNU, nous développons de plus en plus des programmes conjoints et ceci intéresse beaucoup les bailleurs de fonds. Comme je vous le disais, nous avons aussi vu les membres concernés par la question au niveau du gouvernement et si le gouvernement consentait à sous-traiter une partie des fonds qui lui sera donné, la FAO est prête à prendre en main la mise en œuvre d’une partie des programmes financés. Nous y travaillons, et nous avons bon espoir que ce programme peut être financé.

M. Le Représentant, la FAO mène plusieurs activités sur le terrain en faveur des populations vulnérables nigériennes. Quelle appréciation faites-vous de la collaboration entre la FAO et les autres acteurs de la sécurité alimentaire sur le terrain ?

M. Amadou Ouattara : Nous pensons que nous avons une très bonne collaboration avec tous les acteurs qui sont sur le terrain, pour combattre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Niger. Par exemple nous avons un programme conjoint FAO-PAM-UNICEF-PNUD dans le cadre de la sécurité alimentaire, nous travaillons également en étroite collaboration avec les ONG nationales et internationales dans le cadre de la distribution des intrants agricoles et autres. Nous avons en fait de très bonnes relations avec tous les acteurs de la sécurité alimentaire sur le terrain. Comme acteurs de terrain, vous avez également les autorités  administratives, coutumières et politiques et  les services techniques à différents niveaux avec lesquels nous avons de très bonnes relations.  Nous pouvons aussi citer le cluster sécurité alimentaire qui réunit tous les partenaires au développement y compris les ONGs. Ce cluster est présidé par le ministère de l’agriculture et nous sommes colead avec le PAM. Nous pouvons conclure que les relations avec tous les partenaires sont très bonnes et, ensemble, nous développons des synergies et des complémentarités afin d’optimiser notre combat contre la faim au Niger.

M. Le Représentant, la Nutrition fait partie intégrante du mandat de la FAO. Que faites-vous ou que comptez-vous faire pour aider tous vos partenaires à internaliser cette partie du mandat de la FAO ?

M. Amadou Ouattara : Nous avons effectivement pris conscience des difficultés qui se posent à ce niveau. Nous avons rencontré le ministre d’Etat, ministre de l’agriculture que nous avons sensibilisé et d’ailleurs, nous avions eu la chance de le rencontrer avec le responsable de la nutrition de la FAO au niveau régional, M. Mohamed AgBendech, lors d’une de ses missions au Niger. Le ministre d’Etat, ministre de l’agriculture a pris la décision de renforcer le service nutrition au niveau du ministère et a aussi pris l’engagement d’inscrire, l’an prochain, la nutrition dans le budget de son ministère .

Nous avons également rencontré le ministre de l’Elevage qui a aussi été convaincu de ce que la nutrition doit  jouer un  important au niveau du Niger. Nous avons demandé à tous les ministres avec qui nous travaillons (Agriculture, Elevage, Environnement, I3N) de désigner leurs points focaux et nous avons la chance d’avoir ici au bureau un expert international nutritionniste qui va travailler avec ces partenaires. Nous avons même en cours, le recrutement d’un consultant national nutritionniste qui va renforcer l’équipe. Cela veut dire que la nutrition est un volet très important de nos activités. Nous avons déjà commencé la sensibilisation et nous suivons les initiatives REACH et SUN au niveau du pays. Nous pensons donc que la nutrition est une composante du mandat de la FAO et nous sommes en train de sensibiliser les autorités et tous nos partenaires pour que la nutrition occupe une  place de choix dans nos interventions. Le Ministre d’Etat, ministre de l’Agriculture a même suggéré l’organisation de campagne nationale de sensibilisation de la population. Ce sont là des choses qui sont en train d’être étudiées par nos experts nutritionnistes.

M. Le Représentant, ces dernières années, l’on parle de plus en plus de la résilience des populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Plusieurs initiatives nationales ou régionales sont en cours pour lesquelles le Niger est pays pilote.  Partant de votre longue expérience dans le domaine du combat contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle, pensez-vous que ces initiatives permettront au Niger d’atteindre la faim zéro à plus ou moins court terme ?

M. Amadou Ouattara : Il faut dire effectivement que le Niger est pays pilote au niveau d’AGIR, c’est-à-dire alliance globale pour l’initiative résilience. Le Niger est également pays pilote au niveau de l’initiative régionale FAO résilience et l’initiative FAO sur le nouveau partenariat pour l’éradication de la faim et de la malnutrition en Afrique d’ici 2025.. Le pays a été affecté par des crises récurrentes qui ont impacté négativement la situation alimentaire et nutritionnelle des populations vulnérables et nous pensons que, le fait de mettre un accent sur le renforcement de la  résilience de ces populations est très judicieux. En effet cela permet effectivement de combattre la faim et de réduire l’insécurité alimentaire,  de préserver durablement les ressources naturelles, d’aider les populations à anticiper sur les risques  et  à surmonter les crises alimentaires et nutritionnelles. Nous pensons que pour sortir effectivement des crises répétitives, il faut forcément appuyer ou renforcer la résilience de ces populations vulnérables. Nous pensons que c’est la voie qui permettra d’aider le pays à réduire l’insécurité alimentaire et nutritionnelle pour arriver progressivement à la faim zéro. D’ailleurs, l’approche faim zéro du Niger  a été conçue par le chef de l’Etat à travers l’initiative 3N et nous sommes en train de passer à l’opérationnalisation de cette initiative. En résumé je pense que le Niger est sur la bonne voie et le processus pourrait s’accélérer si nous mettons toutes les initiatives déjà évoquées en œuvre.

 

Contact:

Ibrahim Maman, Communication, FAO Niger. Email: [email protected]

Liliane Kambirigi, Communication, Bureau régional de la FAO pour l’Afrique. Email: [email protected]