Bureau régional de la FAO pour l'Afrique

Réduire et prévenir le travail des enfants dans l’agriculture au Malawi

Une campagne de sensibilisation encourage les communautés à accorder la priorité à l’éducation des enfants

Discussions lors d’une formation de sensibilisation sur le travail des enfants au Malawi (Photo: © FAO/ Bernd Seiffert)

21 avril 2016, Lilongwe – Le travail des enfants entrave leur éducation, et a très souvent des effets négatifs sur leur santé, leur sécurité et leur moralité.

Cependant, toutes les tâches accomplies par les enfants ne sont pas considérées comme travail des enfants. Certaines de ces activités peuvent les aider à acquérir d’importantes compétences pratiques et contribuer à leur sécurité alimentaire et à leur survie.

La plupart des travaux effectués par les enfants en agriculture ne sont pas adaptés à leur âge et sont souvent dangereux ou peuvent compromettre leur éducation.

À l’échelle mondiale, 98 millions de filles et garçons âgés de 5 à 17 ans sont considérés comme soumis au travail des enfants dans l’agriculture.

Au Malawi, tout comme dans d’autres pays, le travail des enfants est profondément enraciné et généralisé, surtout dans le secteur de l’agriculture. En 2015, la FAO avec le soutien financier du Royaume des Pays-Bas a soutenu les efforts entrepris par le gouvernement du Malawi pour respecter ses engagements visant à réduire le travail des enfants dans le domaine de l’agriculture, grâce à une campagne médiatique nationale de grande envergure.

 Se préparer pour un avenir meilleur

Plusieurs produits de communication et des documents d’information pour un changement de comportement ont été élaborés et largement diffusés au sein des populations rurales du pays. La campagne avait pour but de mettre en relief comment le travail des enfants contribue au cercle vicieux de la pauvreté et susciter un débat sur la manière d’éradiquer le travail des enfants malgré la pauvreté extrême.

Grâce à un partenariat solide, l’Association nationale des petits agriculteurs du Malawi  (NASFAM), une organisation de producteurs agricoles, qui, au cours des années a été sensible à la question de la prévention du travail des enfants, s’est engagée à intensifier ses efforts contre le travail des enfants en agriculture en produisant et en diffusant une douzaine de programmes radio sur les chaînes nationales.

Les auditeurs de la radio, dont la plupart vivent dans les collectivités rurales, se sont vu offrir la possibilité de poser des questions et de partager leurs opinions sur la manière de réduire la participation des enfants aux tâches pénibles et dangereuses et mais les envoyer à  l’école.

En outre, le thème retenu par NASFAM pour son calendrier 2015 porte sur « le travail des enfants en agriculture » avec des messages dédiés aux petits agriculteurs tout le long de l’année. Les 6 000 clubs de NASFAM de tout le pays en ont reçu chacun au moins un exemplaire.

Parallèlement à cette initiative, le Département de la vulgarisation agricole au sein du Ministère de l’Agriculture, de l’Irrigation et de l’Aménagement des Eaux (MoAIWD) a inclus des messages relatifs au travail des enfants dans leurs documents de vulgarisation.

Ces messages fournissent des recommandations essentielles pour éliminer la participation des enfants à des tâches agricoles dangereuses. Ils tiennent compte des travaux dans lesquelles les garçons et les filles sont généralement impliqués, tels que le transport de lourdes charges par des filles (de l’eau, du bois) et la marche sur de très longues distances, ou l’implication des garçons dans des activités comme la  plongée, la pêche en pirogue ou la garde des troupeaux.

Ils soulignent que ces activités sont préjudiciables aux enfants seulement si elles sont dangereuses ou constituent une menace quelconque pour eux ; par exemple si elles les occupent trop longtemps et les empêchent de se rendre à l’école. Environ  23 000 dépliants et affiches ont été conçus, imprimés et largement diffusés.

D’autre part, le MoAIWD a stimulé les efforts contre le travail des enfants en produisant un documentaire vidéo de 15 minutes sur le travail des enfants en agriculture. Le documentaire fut projeté dans les villages reculés où le travail des enfants demeure endémique, grâce à l’équipe des vulgarisateurs, chargée de la communication, qui voyageait dans une camionnette mobile.

Les tournées ont ciblé des secteurs agricoles, entre autres le thé, le café, la pêche et la garde des troupeaux. Les dates du passage de l’équipe de communication sont annoncées à l’avance par les radios locales.

Des engagements pris contre le travail des enfants

En conséquence, plus de 10 000 hommes, femmes et jeunes des zones rurales ont visualisé le documentaire et l’ont discuté.

Plusieurs réactions de la part des spectateurs ont été recueillies. Une femme dans l’un des centres du district de Mzimba, a dit : « J’ai vu beaucoup d’enfants surchargés de travail, marcher pieds nus et en mauvaise santé. Cela m’attriste beaucoup. »

À Salima, un jeune homme a réagi ainsi: « Ce documentaire vient juste de nous montrer ce que font les parents dans cette communauté: ils envoient leurs enfants dans les champs de riz plutôt qu’à l’école. »

Des représentants des villages où le documentaire fut diffusé,  surtout ceux des districts de Karonga, Mzimba, Mchinji,Thyolo, Mangochi, Machinga et Salima, se sont dès lors engagés à discuter de la question du travail des enfants aux réunions des conseils locaux et d’adopter des règlements locaux pour dissuader l’utilisation des enfants pour des tâches inadaptées à leur âges.

Le Département de la vulgarisation agricole au sein du MoAIWD prévoit la traduction du documentaire vidéo dans les différentes autres langues locales outre le Chichewa qui est la langue la plus utilisée du pays, en vue d’une plus large diffusion.

Le travail des enfants est à la fois une conséquence et une cause de pauvreté: les parents ont besoin de l’aide de leurs enfants pour  assurer leur subsistance. Mais priver les enfants d’éducation et d’un développement sain perpétue le cercle vicieux de la pauvreté pour les enfants concernés, leurs familles et leurs communautés. Cela entrave par conséquent les efforts en vue d’atteindre une sécurité alimentaire durable et d’éradiquer la faim.

Comment pouvons-nous briser ce cercle vicieux et avoir un impact durable? Les efforts visant à sortir de la pauvreté les ménages ruraux du Malawi doivent être renforcés.

 

Contact :

Mike Chipalasa | Chargé de communications, FAO Malawi| [email protected]

Carlo Angelico | Spécialiste en communication et information | Division des politiques sociales et des institutions rurales, Département du développement économique et social, Rome | [email protected]