Bureau régional de la FAO pour l'Afrique

Les partenaires appellent à soutenir l’idée d’une Année internationale des éleveurs pastoraux

Les éleveurs pastoraux sont des protecteurs des pâturages qui couvrent le tiers de la surface de la planète, sources de nourriture et de services écosystémiques essentiels

Des représentants des femmes pastoralistes tchadiennes (Crédit photo : ILRI / Dorine Odongo)

Nairobi, 23 mai 2016– Le pastoralisme peut être respectueux de l’environnement et peut également être une source de production durable. Un débat animé par des acteurs clés dans le secteur de l’élevage a démontré la capacité du pastoralisme à promouvoir des écosystèmes sains dans le contexte du changement climatique et la diminution des terres pastorales et a montré que les pâturages communs sont des puits potentiels de gaz à effet de serre.

Lors du lancement d’un événement parallèle sur le pastoralisme durable à l’occasion de l’Assemblée des Nations Unies pour l’environnement (UNEA), le Directeur exécutif adjoint du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) et Secrétaire général adjoint des Nations Unies, M. Ibrahim Thiaw, a rappelé aux participants qu’il y a dix ans, des mythes et des idées fausses sur le pastoralisme étaient déjà fortement brisés, surtout celles qui le dépeignent comme « primitif », improductif et destructeur de l’environnement. Les recherches montrant que le pastoralisme peut promouvoir des écosystèmes
sains continuent d’être largement ignorées, sous-exploitées ou mal comprises.

La présidente de l’UNEA, Mme Oyuna Sanjasuren, qui est également l’actuel ministre mongol de l’Environnement et du développement vert, a appelé à soutenir la mise en place d’une Année internationale des pâturages et des éleveurs pastoraux. La journée de l’évènement parallèle servirait de plateforme pour accroître les connaissances et la compréhension du pastoralisme et des pâturages et de leurs écosystèmes et populations uniques.

Le ministre éthiopien de l’Environnement, des Forêts et du Changement climatique, Shiferaw Teklemariam, a souligné que, pour atteindre les objectifs fixés pour 2030 et ceux de l’Agenda 2063 pour l’Afrique, il est impératif que les questions liées au pastoralisme soient abordées. Les intervenants ont également souligné que la demande de produits d’élevage augmente tout en reconnaissant qu’il est nécessaire d’atténuer et de lutter contre la dégradation de l’environnement.

Le PNUE, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Institut international de recherche sur l’élevage (ILRI) et d’autres organisations internationales s’engagent en faveur des politiques pour la protection des éleveurs pastoraux et l’augmentation des investissements dans les terres arides, pour un meilleur accès des éleveurs pastoraux aux marchés pour des mesures incitatives à la gérance de l’environnement.

La FAO et ses partenaires soutiennent le développement du pastoralisme grâce à des initiatives telles que la Plateforme des connaissances pastorales. Lancée en avril 2014, la Plateforme vise à accroître la coopération entre les réseaux d’éleveurs pastoraux et des organisations internationales et de créer des opportunités pour les éleveurs pastoraux d’exprimer leurs préoccupations à la communauté internationale. La FAO s’active également pour l’amélioration de la gouvernance des terres pastorales à travers la mise en œuvre des Directives volontaires pour une gouvernance responsable des régimes fonciers applicables aux terres, aux pêches et aux forêts dans le contexte de la sécurité alimentaire nationale.

Les éleveurs pastoraux comme protecteurs de l’environnement

On estime que 200 millions d’éleveurs pastoraux mènent paître leurs animaux dans des pâturages qui couvrent le tiers de la surface terrestre. Ils comptent sur leur mobilité pour trouver des pâturages et de l’eau adéquats face à des conditions climatiques incertaines.

Le bétail des éleveurs pastoraux joue un rôle important dans la conservation et la gestion de l’environnement. En se déplaçant d’un endroit à l’autre, les animaux dispersent des semences, fertilisent le sol avec leurs excréments tandis que le broutage et le piétinement réguliers maintiennent les paysages et la biodiversité. Une grande partie de la biodiversité mondiale se trouve dans les pâturages, et contrairement à beaucoup d’autres utilisations des terres, le pastoralisme est souvent compatible avec la faune locale. Le débat sur les inconvénients d’un élevage intensif par rapport au pastoralisme a été vif, le premier étant contesté en raison de l’utilisation d’antibiotiques, une forte demande pour la terre et l’eau, une utilisation abondante des produits chimiques, et les défis de gestion des déchets. Les systèmes pastoraux ne souffrent pas de ces problèmes, mais sont intrinsèquement confrontés à d’autres défis qui ont conduit au déplacement et au désenchantement des communautés pastorales.

On estime que la productivité par unité de surface des systèmes pastoraux adaptés et résilients est deux à dix fois plus élevée que certains des autres modes d’utilisation des terres qui ont été proposés pour les remplacer. Pourtant, les défis auxquels sont confrontés les systèmes pastoraux continuent d’augmenter et ont été encore aggravés par le changement climatique. Ceux-ci comprennent des pratiques non durables de pâturage, l’expansion des terres agricoles, l’accaparement des terres, la fragmentation des terres, la succession des générations, la migration et l’urbanisation, les plantes envahissantes et les politiques néfastes.

Une Année internationale des pâturages et des éleveurs pastoraux pour transformer le pastoralisme

Une coalition de dix organisations internationales s’active pour que les Nations Unies désignent l’année 2020 Année internationale des pâturages et des éleveurs pastoraux. Avec l’approbation de l’Assemblée générale des Nations Unies, ils visent à utiliser une telle plateforme pour mettre en évidence la nécessité d’améliorer les systèmes de production pastorale tout en protégeant l’environnement.

Ayant lancé l’appel pour une transformation vers des systèmes pastoraux durables dans les zones arides, les expériences de différents pays ont été fournis avec l’intention de se mobiliser pour une transformation vers des systèmes pastoraux durables, en particulier dans les zones arides. On pourra citer par exemple l’expérience de la Norvège avec l’élevage des rennes, la participation des femmes éleveuses pastorales au Tchad, les changements de politiques en Mongolie et plusieurs autres exemples dans la région du Sahel en Afrique.

Ces illustrations prennent en compte la production et le commerce dans les marchés internationaux, les infrastructures et la fourniture de services de base, mais plus important encore, les politiques et l’intégration des éleveurs pastoraux dans la prise des décisions les concernant. Les décideurs et les institutions ont été appelés à attirer l’attention sur le savoir-faire traditionnel, à faciliter l’accès des éleveurs pastoraux à leur droits – en particulier sur le régime foncier –, et à mettre en place des dispositions institutionnelles qui favorisent la mobilité des éleveurs.

Avoir une seule voix

Dans le cadre de l’UNEA, le Gouvernement éthiopien a parrainé une résolution sur « La lutte contre la désertification et la dégradation des terres et le Développement durable du pastoralisme et des pâturages » comme un moyen important de transformer le pastoralisme comme option viable en matière de moyens de subsistance. Le ministre éthiopien de l’Environnement a invité les organisateurs de la réunion à soutenir la résolution et à œuvrer pour la soumettre à l’Assemblée générale de l’ONU. Une nouvelle proposition a été élaborée qui combine la présente résolution et celle présentée précédemment par le Soudan et la Namibie (L.25), et elle encourage les États membres à reconnaître les droits des éleveurs pastoraux à utiliser les terres et à avoir accès aux ressources et aux services sociaux. Elle exhorte également à augmenter les investissements dans le secteur de l’élevage pastoral, comme l’une des actions pouvant bénéficier aux communautés pastorales.

 

Contacts :

FAO | Ruth Njeng’ere ;[email protected] (FAO Kenya) et [email protected] (FAO Italie)

ILRI | Dorine Odongo ;[email protected]

PNUE | Abdelkader Bensada ; | [email protected]