Amélioration de la Production de Riz en Afrique de l'Ouest
 

Détail nouvelle

Une transformation améliorée pour un riz local de qualité

21/06/2013
Une transformation améliorée pour un riz local de qualité

Au Mali, une mini-rizerie voit le jour grâce à la mutualisation des ressources


Avec 1 950 000 tonnes de riz en 2009, le Mali est le second producteur de riz en Afrique de l’Ouest après le Nigéria. La filière rizicole constitue donc un élément clé du développement durable des zones rurales et a des répercussions importantes sur la sécurité alimentaire de la population.

Pour atteindre l’objectif de développement harmonieux et durable de cette filière, il est primordial d’évaluer et mettre à niveau les performances des multiples maillons de la chaine de valeur du riz. Or, au Mali, le stade de transformation du riz paddy a été identifié comme un maillon faible de la chaine ; ce sous-secteur souffre en effet d’importantes contraintes techniques qui affectent négativement la qualité, les couts de production et le prix de cession du riz local.

La FAO, à travers le projet « Amélioration de la production de riz en Afrique de l’Ouest » (APRAO), intervient en Côte d’Ivoire, au Mali, en Mauritanie, au Niger et au Sénégal en identifiant les domaines prioritaires et en apportant des solutions ponctuelles visant le développement intégré des filières rizicoles nationales. Au Mali, une étude de caractérisation des sites d’intervention du projet APRAO a été menée en 2010. Dans l’un des sites d’intervention, situé dans l’arrondissement de San, des contraintes liées à la qualité du riz décortiqué produit localement ainsi qu’à l’accès des producteurs au crédit ont été identifiées.

Une association paysanne dynamique
Le site de San est caractérisé par une performance des systèmes de production en place et d’importants volumes de riz produits. L’organisation paysanne de la zone, l’Association des riziculteurs de la plaine aménagée de San Ouest (ARPASO), comprend 4 593 membres dont 273 femmes. L’ARPASO exploite une superficie de 2 178 hectares dont la production de riz paddy a été de 16 830 tonnes en 2010. Le taux élevé d’utilisation de semence certifiée, de l’ordre de 80 pour cent, justifient en partie cette riziculture performante avec des rendements moyens de 6,5 tonnes par hectare.

Le projet APRAO est intervenu dans ce contexte en instaurant un véritable dialogue avec les membres de l’Association et les partenaires au développement afin d’établir une base commune pour surmonter les principales contraintes identifiées. La mise à disposition d’équipements modernes de transformation, capables de traiter jusqu’à 1,5 tonnes de paddy par heure, fut considérée comme une mesure pouvant permettre aux producteurs de la plaine d’atteindre une plus grande autonomie alimentaire et économique.

Mutualisation des ressources
Au vu des couts d’acquisition d’équipements modernes de transformation, il fut établi qu’aucun des acteurs au développement ne pourrait tout seul supporter l’installation d’une mini-rizerie. Grâce à l’environnement propice mis en place par APRAO, les parties prenantes ont décidé de mutualiser leurs efforts pour permettre l’installation de la mini-rizerie au service des membres de l’ARPASO. Les contributions respectives des différents partenaires (APRAO, avec l’équivalent de 70 000 dollars EU, Lux-Développement, avec 45 000 dollars et ARPASO, avec 40 000 dollars) ont permis la réalisation de l’unité de transformation qui a vu le jour en août 2012. Avec une capacité nominale de 1,5 tonnes à l’heure, l’usine produit du riz blanchi de qualité, de la brisure et du riz marchand conditionnés, et génère également des sous-produits d’usinage qui permettent de rentabiliser les installations.

Sécurité alimentaire accrue
En 2012, l’unité a traité 272 tonnes de riz paddy.  Le riz ainsi transformé répond mieux aux attentes des producteurs en termes de rendement au décorticage : les rendements aux alentours de 60% sont caractéristiques des petites décortiqueuses, cependant ceux de la mini-rizerie de San ont atteint des valeurs comprises entre 75 et 80%. La qualité du produit final a également enregistré des gains, grâce à l’élimination totale de son et d’impuretés, ces derniers étant présents avec des taux compris entre 10 et 20% dans le riz transformé avec les unités de décorticage traditionnelles. Cette meilleure qualité a permis aux producteurs d’obtenir un prix au kilogramme supérieur à savoir 300 F, au lieu de 290 F CFA. Ces deux facteurs ont généré une augmentation des revenus estimée à 17 millions de F CFA (environ 34 000 dollars EU) pour 2012.

La réalisation conjointe de la mini-rizerie a donc permis aux producteurs rizicoles de relever le défi de la qualité et d’optimiser l’étape de transformation en réduisant les pertes post-récolte. Un tel exercice constitue un exemple qui pourra être reproduit pour contribuer à la sécurité alimentaire des populations et l’accroissement des revenus des riziculteurs.