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Produire plus de coton à moindre coût et sans pollution

L’approche des petits producteurs africains
01/07/2010

L’adoption de pratiques d’agriculture durables permet aux petits producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest à la fois d’augmenter leurs rendements et leurs revenus, de diminuer l’utilisation des produits chimiques et de protéger l’environnement et leur santé.

C’est ce qui ressort des acquis d’un programme de formation des producteurs sur l’approche Gestion Intégrée de la Production et des Déprédateurs des cultures (GIPD) à travers les Champ-Ecoles des Producteurs, appuyé par la FAO dans quatre pays d’Afrique francophone (Bénin, Burkina Faso, Mali et Sénégal). Le projet est réalisé grâce au soutien financier du Programme Union Européenne-Pays ACP sur les produits de base agricoles dont le coton (dit AAACP) et du Programme Sous-régional de Gestion Intégrée de la Production et des Déprédateurs financé par le Gouvernement Royal des Pays Bas.

Au Mali, une enquête auprès des cotonculteurs formés en 2007-2008 dans 65 villages montre une réduction de 94% de l’utilisation des pesticides chimiques et une augmentation de 400% dans l’utilisation du compost, qui permet de lutter contre la baisse de la fertilité des sols. Au Burkina Faso, en 2009 la GIPD a permis des augmentations de rendement entre 14 et 68%. Près de 16.000 cotonculteurs ont été formés par le projet, et ce nombre devrait plus que doubler d’ici fin 2011. Près de 500 formateurs ont déjà été formés au sein des principaux acteurs du secteur, notamment les organisations de producteurs, les transformateurs du secteur privé et public (les égreneurs) et la vulgarisation, afin de transmettre l’approche aux petits producteurs.

La GIPD, une approche reconnue au niveau international et expérimentée en Afrique de l’Ouest avec les producteurs et la recherche locale, s’inspire des principes de l’agro-écologie ; elle favorise de bonnes pratiques de culture, l’usage de variétés adaptées et de la fumure organique et des méthodes alternatives aux pesticides chimiques de synthèse comme la lutte biologique ou les pesticides botaniques et biologiques. Les pesticides chimiques de synthèse ne sont utilisés qu’en dernier recours et de façon à limiter leurs risques, et seulement s’ils sont homologués pour la culture concernée et le moins toxique possible.

La méthodologie de formation des Champs Ecoles de producteurs met l’accent sur la découverte de l’agro-écosystème par les formateurs et les producteurs, et l’apprentissage par l’expérience. Un groupe d’une vingtaine de producteurs appuyés par un ‘facilitateur’ (formateur) cultive dans son village une parcelle selon les techniques habituelles, et une autre parcelle selon les méthodes proposées par la GIPD : au cours de la saison, ils observent et comparent les résultats.

«L’approche Champs Ecoles de Producteurs a créé un engouement au niveau des producteurs de coton parce qu’elle les met au centre du diagnostic et de la prise de décision. Sa promotion à grande échelle est nécessaire» affirme Léonce Sanou, Coordonnateur de l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina, l’UNPC-B. Après avoir observé les résultats de l’approche au Mali et l’avoir testé avec l’appui de la FAO, l’Union a créé une cellule d’appui technique pour coordonner la formation de plusieurs dizaines de formateurs-producteurs endogènes, qui forment à leur tour des milliers de petits producteurs.

«La formation que j’ai reçue l’année dernière en GIPD m’a donné plus de connaissances grâce à l’observation, la découverte et la pratique qu’en 20 ans de travail dans la vulgarisation. Et les producteurs s’en sortent très bien» souligne Mamadou Tomoda, agent de la vulgarisation à l’Office de la Haute Vallée du Niger au Mali.

L’accent est mis également sur la sécurité alimentaire et la diversification des revenus, car la formation porte sur l’ensemble du système de culture paysan : les producteurs cultivent le coton en rotation avec les céréales comme le mais ou avec le soja, ou en association avec des légumineuses ou d’autres cultures vivrières.

Les multiples avantages de l’approche GIPD aident les producteurs à faire face à la crise économique à laquelle sont confrontés depuis plusieurs années les secteurs cotonniers africains en raison de la fluctuation des cours mondiaux du coton, du taux de l’euro face au dollar et de problèmes structurels dans les filières. Le coton représente en moyenne 70% des recettes d’exportations des pays producteurs de coton d’Afrique de l’Ouest. D’après l’Association des cotonculteurs ouest-africains, 15 millions de personnes dépendent du coton pour leur survie. Des solutions structurelles sont recherchées par les pays et leurs partenaires pour soutenir la filière et appuyer les opportunités de diversification.

L’approche GIPD connaît un fort engouement dans la sous-région. Au Mali et au Sénégal les principaux transformateurs industriels (appelé égreneurs) co-financent même la formation de leurs techniciens: les sociétés SODEFITEX au Sénégal et CMDT au Mali ont souhaité que l’ensemble de leurs agents qui conseillent les producteurs bénéficient de formations en GIPD. «Il faut former tous les agents d’encadrement sur la GIPD, afin que tous les producteurs soient touchés» insiste Barthélémy Gagnon, Secrétaire Permanent de l’Association Interprofessionnelle du Coton du Bénin.

L’approche a aussi été inscrite au Cadre d’action pour le partenariat Union Européenne-Afrique sur le coton, ce qui justifie l’appui financier de l’Europe.

D’ici à 2011, 260 nouveaux formateurs et près de 20.000 producteurs supplémentaires devraient être formés. De quoi redonner un peu d’espoir aux petits producteurs ouest-africains, même si les efforts doivent encore s’intensifier.

Pour plus d’informations, voir l’étude de cas (1.7 Mo !) sur «Le programme sous-régional de Gestion Intégrée de la Production et des Déprédateurs des cultures en Afrique de l’Ouest» (en anglais)