LOGO AG
 

Urgence acridienne à Madagascar

01/12/2010Depuis la dernière saison des pluies, une recrudescence du Criquet migrateur est en cours à Madagascar. La sécurité alimentaire et les moyens d’existence de près d’un demi-million de ménages sont menacés. Depuis mai 2010, des essaims échappés de l’aire grégarigène, dans le sud-ouest de Madagascar, se sont progressivement déplacés vers le nord et ont envahi le Moyen-Ouest. Après avoir survécu à la saison sèche et fraîche (juillet–octobre), les ailés ont commencé à retourner vers le Sud, où ils commencent à se reproduire avec le début de la saison des pluies, généralement à la mi-octobre. Trois à quatre générations peuvent se succéder pendant la saison des pluies, qui dure jusqu’en avril. À chaque génération, les populations acridiennes peuvent être multipliées par 10 à 15. Contrôler une recrudescence est une gageure: en cas d’insuccès à un stade précoce, la recrudescence peut durer des années et nécessiter des centaines de millions de dollar. Le fléau acridien risque d’aggraver encore plus la situation du pays, qui doit déjà faire face à la malnutrition, aux cyclones, à l’instabilité politique et à la réduction de l’assistance humanitaire.

Suite à une requête du Gouvernement de Madagascar pour une assistance d’urgence de la FAO à la mi-juillet, une réponse stratégique a été préparée en concertation avec les partenaires nationaux. Cette stratégie repose sur trois composantes ayant pour objectif: (a) le renforcement des capacités nationales de prospection et de lutte, (b) la minimisation des risques pour la santé humaine et l’environnement, et (c) l’estimation de l’impact acridien sur les cultures et l’évaluation de la campagne de lutte. La campagne de lutte couvre une période de neuf mois, de septembre-octobre 2010 à mai-juin 2011, et s’appuie sur des opérations aériennes de prospection et de lutte. Les pesticides qui seront utilisés lors des traitements appartiennent à trois familles: pesticides conventionnels à action immédiate pour la protection des cultures et la lutte contre les populations ailées; dérégulateurs de croissance appliqués en barrières pour la lutte antilarvaire; et biopesticides pour contrôler les infestations dans les zones protégées et les environnements sensibles. La FAO coordonne la mobilisation des fonds et la mise en œuvre de la campagne.

La campagne antiacridienne a commencé en septembre, grâce aux financements du Fonds central d'intervention pour les urgences humanitaires (CERF) des Nations Unies et du Programme de coopération technique de la FAO (pour un total de 5,2 millions de dollars E.-U.). Les différents intrants ont été mis en place et pré-positionnés, à savoir: deux hélicoptères pour les opérations de prospection et de lutte; des pesticides conventionnels (110 000 litres), des dérégulateurs de croissance (18 000 litres) et des biopesticides (1 500 kg); des équipements de communication, prospection et lutte; une expertise internationale et nationale et une assistance technique de la FAO; et des frais d’opération.

Les opérations de prospection et de lutte sont en cours. À la mi-novembre, seules des larves isolées, solitaires et transiens, étaient observées lors des prospections aériennes et terrestres, ce qui indiquait une ampleur de la première génération de saison des pluies moindre que prévue suite aux conditions défavorables. En effet, les premières pluies régulières n’ont commencé que vers le 20 novembre dans la partie orientale de l’aire grégarigène du Criquet migrateur malgache, enregistrant un retard d’environ 6 semaines par rapport à la Normale. Un tel retard, ajouté aux nombreux feux dans les zones de reproduction traditionnelle de l’espèce, a contribué à réduire les populations parentales. Fin novembre, des infestations par des groupes et des bandes de larves des derniers stades ont été identifiées dans l’est de l’aire grégarigène. Les premières opérations de lutte aérienne ont été réalisées en utilisant des pesticides conventionnels appliqués en couverture totale compte tenu de la nature de la cible acridienne.

Avec la poursuite de la reproduction, les effectifs acridiens augmenteront à chaque nouvelle génération. Par conséquent, il est essential de maintenir une surveillance adéquate ainsi que des capacités de lutte jusqu’à la fin de la campagne. La durée de celle-ci dépendra de celle de la saison des pluies, d’éventuels cyclones tardifs des conditions écologiques et de l’ampleur des reproductions. Les coûts de la campagne antiacridienne ne sont couverts que jusqu’à janvier 2011. La FAO recherche donc urgemment des contributions supplémentaires (pour un montant de 2,6 millions de dollars E.-U.) afin de permettre la mise en œuvre de la campagne jusqu’en juin 2011. Par ses efforts, la FAO va promouvoir une gestion antiacridienne effective de cette campagne d’urgence et des suivantes.

Pour advantage d’information, consulter la Réponse stratégique et cadre d'intervention 2010-2011