EMPRES - Ravageurs et maladies des plantes – gérer les nouvelles menaces transfrontières


Des questions se posent quant à l’impact potentiel de nouveaux ravageurs migrants des plantes sur les moyens d’existence, la sécurité alimentaire et les marchés mondiaux. EMPRES commence à y répondre, adoptant, pour atténuer les effets de ces autres menaces transfrontières, le modèle de gestion du Criquet pèlerin, qui a d’ores et déjà fait ses preuves.

Suite à une décision des organes directeurs de la FAO, le Système de prévention et de réponse rapide contre les ravageurs et les maladies transfrontières des animaux et des plantes (EMPRES) a été établi en 1994 avec l’objectif d’augmenter la sécurité alimentaire mondiale et de combattre les ravageurs et maladies transfrontières des animaux et des plantes, en particulier le Criquet pèlerin et la peste bovine.

Criquets
La composante "santé végétale d’EMPRES s’est jusqu’à présent concentrée sur le Criquet pèlerin, renforçant les capacités de gestion préventive contre cette espèce dans 18 pays affectés d’Afrique et du Proche-Orient pour réduire le risque d’invasion. Le programme EMPRES Criquet pèlerin est appuyé par le service d’information sur le Criquet pèlerin de la FAO qui suit quotidiennement les situations acridiennes et les conditions environnementales, établit des prévisions et prépare des alertes et des avertissements précoces à l’attention des pays membres.
Les idées maîtresses du programme EMPRES sont l’alerte et la détection précoces, les plans de gestion des risques, la réaction rapide, la promotion de technologies de lutte respectueuses de l’environnement ainsi qu’une collaboration et un partenariat étroits avec les pays affectés, les centres nationaux et internationaux de recherche en agriculture et d’autres organisations internationales.
Alors que le Criquet pèlerin est le ravageur migrant le mieux connu - à cause de ses déplacements rapides, de ses grands essaims et de sa capacité à dévaster les cultures- des questions se posent quant à l’impact potentiel d’autres ravageurs migrants des plantes, nouveaux ou récemment réapparus, sur les moyens d’existence, la sécurité alimentaire et les marchés mondiaux. EMPRES commence à y répondre, adoptant, pour atténuer les effets de ces autres menaces transfrontières, le modèle de gestion du Criquet pèlerin qui a déjà fait ses preuves.
De récentes recrudescences acridiennes en Asie centrale, dans le sud-est de l’Asie et dans le centre et le sud de l’Afrique sont dues au Criquet migrateur, au Criquet marocain, au Criquet italien et au Criquet nomade. Dans le Caucase et en Asie centrale, ces recrudescences sont aggravées par d’autres menaces telles que le manque d’eau qui affecte la capacité de ces régions à subvenir à leurs propres besoins. Certaines zones souffrent d’infestations acridiennes récurrentes car le retour en friches de terres précédemment cultivées favorise la reproduction des criquets. Un manque de concertation entre les pays affectés complique également la gestion acridienne. Une préoccupation majeure concerne l’utilisation inappropriée de pesticides avec des techniques de lutte surannées, ce qui contribue à porter atteinte à l’environnement. En Ouzbékistan, près de 1,5 million d’hectares infestés par les criquets ont été traités avec des pesticides chimiques au cours des 3 dernières années; au Kirghizistan voisin, ce chiffre est d’environ 300 000 hectares.
Pour s’attaquer au problème à la base et éviter les crises alimentaires dans ces régions, une approche préventive de gestion des ravageurs, de type EMPRES, est développée afin de stimuler la coopération régionale et développer des systèmes de lutte antiacridienne moins préjudiciables à l’environnement.  

Rouille des tiges du blé
Une autre menace transfrontière des plantes a fait son apparition en 1999 quand une nouvelle souche virulente d’une maladie fongique, la rouille des tiges du blé (Ug99), a été identifiée en Afrique de l’est. Cette souche est pathogène pour plus de 80% de toutes les variétés de blé cultivées dans le monde et pourrait entraîner des pertes de rendement dévastatrices si sa propagation n’était pas enrayée. Depuis son apparition, cette souche a été signalée en Ouganda, au Kenya, en Éthiopie, au Soudan, au Yémen et, fin 2007, dans les principales zones à blé d’Iran. Les spores de la rouille sont transportées par le vent et sont affectées par des conditions météorologiques similaires à celles qui influent sur les recrudescences et migrations acridiennes; en conséquence, des mécanismes de suivi analogues peuvent être appliqués à Ug99. Les régions d’Afrique de l’est, du Proche-Orient et d’Asie centrale et méridionale qui sont à risque immédiat représentent 37% de la production de blé mondiale.
À travers son Programme mondial contre la rouille du blé (WRDGP), initié en 2008, la FAO promeut une action d’ensemble pour réduire la vulnérabilité aux nouvelles maladies liées à la rouille du blé et faciliter l’établissement d’un système international durable pour en diminuer la menace.
Le Programme renforce et complète les activités de la Borlaug Global Rust Initiative, un programme de recherche et de partenariat conduit par l’Université de Cornell en coopération avec ICARDA (Centre international pour la recherche agricole en milieu aride), le  CIMMYT (Centre international pour l'amélioration du maïs et du blé) et la FAO. À travers ce programme, l’Organisation devient le chef de file pour l’appui aux gouvernements et à la communauté internationale dans leur préparation à la gestion de Ug99 et à l’atténuation de potentielles futures menaces.  
Le WRDGP couvre 29 pays d’Afrique de l’est et du nord, du Proche-Orient, et de l’Asie centrale et méridionale. Le Programme se concentre sur l’appui aux politiques nationales concernant les plans de préparation et d’urgence, la surveillance et l’alerte précoce, l’amélioration des programmes nationaux d’homologation du blé pour l’autorisation de variétés résistantes, la multiplication des semences et les systèmes de distribution de variétés résistantes, ainsi que sur l’amélioration de la gestion de la rouille au niveau du terrain grâce à la formation des paysans.

Autres menaces transfrontières
La FAO aide actuellement les pays d’Afrique à répondre à d’autres urgences dues à des ravageurs et maladies transfrontières des plantes. En Afrique de l’est, des cultures de base sont menacées par de graves maladies de la banane et du manioc, disséminées par des pratiques culturales, des déplacements de matériel végétal et, dans quelques cas, d’insectes vecteurs.
La bactérie de la fusariose du bananier (BBW ou BXW) menace la production en Ouganda et dans les pays voisins depuis 2002. De réels progrès ont été faits dans la compréhension de la transmission et la gestion de cette maladie. Les écoles d’agriculture de terrain ont énormément contribué au contrôle de la propagation de la maladie et à la réhabilitation des plantations de bananiers dans de nombreuses zones du pays.
Les maladies virales que sont la mosaïque et la marbrure du manioc menacent cette culture clé pour la sécurité alimentaire dans la région des grands lacs, en Afrique de l’est. Les programmes d’urgence ont tenté de multiplier du matériel végétal de variétés de manioc tolérantes à ces maladies mais l’approche reste encore problématique. Les outils d’analyse spatio-temporelle et les approches EMPRES ont, dans ce cas aussi, apporté une contribution majeure; le partenariat avec des systèmes locaux de recherche agricole et de grandes ONG telles que Catholic Relief Services et Great Lakes Cassava Initiative est également fondamental.
Dans ces deux cas - maladies du bananier et du manioc -, le travail est en cours pour tirer les leçons et améliorer l’alerte précoce et l’analyse du risque, développer les programmes de suivi et de surveillance au niveau des communautés locales et construire une capacité de réponse rapide. L’objectif est d’assurer que le système de production de ces cultures de base soit plus réactif et capable de répondre à la prochaine menace, qu’il s’agisse d’un ravageur ou d’une maladie.

CMC - Chaîne alimentaire
Dans l’effort fait pour mieux répondre aux défis que constituent les urgences de grande ampleur émanant de ravageurs et de maladies transfrontières, et pour fournir une assistance plus rapide et mieux coordonnée aux pays affectés, la FAO a créé le Centre de gestion des crises le long de la chaîne alimentaire (CMC Crisis management Center). EMPRES « ravageurs et maladies des plantes » jouera un rôle fondamental dans la prévention des urgences, l’alerte précoce et l’évaluation du risque ainsi que pour stimuler les synergies avec d’autres composantes d’EMPRES.

 

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