NSP - Striga
 

Atelier sous régional sur la gestion intégrée durable
en agriculture des espèces du genre striga

 

Du 26 au 27 Avril 2006 s’est tenu à Cotonou au Centre de Recherche et de Formation « Le Chant d’Oiseau » l’Atelier Sous-Régional sur la gestion intégrée durable en agriculture des espèces du genre Striga.

I. La synthèse des travaux
(communications, discussions générale, travaux de groupe)

1.1 Communications
  • distribution et importance du striga spp en agriculture en Afrique occidentale par Dr Bouréma Dembélé, Mali.
  • amélioration  de la fertilité du sol pour une meilleure gestion du striga par Dr G. Gbèhounou, Bénin.
  • Gestion de Striga gesnerioides et Alectra vogelii en culture de niébé, par Dr. Akeem Ajeigbe, IITA Kano Station. 
  • Association des cultures pour la lutte contre Striga, par Dr. Bourema Dembele, Mali.
  • Expériences des Champs Ecoles des Paysans (CEPs) pour la lutte contre Striga, par Mme Ir. Dantsey-Barry Hadyatou, Togo.
  • La lutte biologique  contre le Striga par Dr. Abuelgasim Elzein.
  • La lutte contre le Striga par des moyens biotechniques par Dr. Abebe Menkir, IITA.
  • Rhamphicarpa fistulosa en Afrique Occidentale : caractéristiques et contrôle par Dr. Oumar Ouédraogo, Burkina Faso.
  • La solarisation du sol par Dr. R. Labrada, FAO.

 

Distribution et importance du striga spp en agriculture en Afrique occidentale .

Cette présentation a fait le point de la situation du Striga dans six pays de l’Afrique de l’Ouest. Il s’agit du Bénin, du Togo, du Burkina Faso, du Niger, du Sénégal et du Mali. Dans chacun des pays la distribution et le degré d’infestation et des espèces de Striga constituant une contrainte majeure à savoir Striga hermonthica, Striga gesnerioides ont été présentés, de même que les pertes consécutives de rendement. Les facteurs favorables, qui expliquent la tendance à l’aggravation des infestations observées actuellement dans la sous région.
Des questions d’information ont été posées suivies de commentaires et de compléments d’informations. Ainsi au Togo, il a été signalé que S. hermontica parasite  aussi le riz et que Rhamphicarpa fistulosa parasite aussi le riz de Bas fond. Le problème de vieillissement du personnel a aussi été signalé.

Amélioration  de la fertilité du sol pour une meilleure gestion du striga.

L’amélioration  de la fertilité du sol aide à améliorer la gestion du striga.
Parmi les 35  espèces  recensées en Afrique, trois se rencontrent partout et sont les plus importantes ; il s’agit  de Striga asiatica, Striga gesnerioides et Striga hermontica.  
La fertilité du sol joue un rôle important sur le cycle biologique du Striga. Trois composantes, à savoir, les engrais organiques, la production in situ de matière organique et l’apport des faux hôtes du Striga jouent un rôle déterminant dans la fertilité du sol pour la lutte contre le Striga. Le rôle de  NH4, du C/N, de la capacité de rétention en eau du sol et l’éthylène ont été mis en exergue. Des plantes productrices in situ de matière organique ont été identifiées. Il s’agit de Mucuna Spp, Cajanus cajan, Cassia occidentalis, Centrosema pubescens, niébé. Comme faux hôtes du Striga hermontica, le niébé, l’arachide et le soja ont été cités. D’autres pratiques  telles que les semis précoces, l’association des cultures, la stabulation du bétail contribuent de façon efficace dans la lutte contre le striga.

Gestion de Striga gesnerioides et Alectra vogelii en culture de niébé

La production mondiale de niébé a été donnée (10, 4 millions ha de superficies emblavées dont 92 % en Afrique de l’Ouest ; 3, 6 millions t de grains secs dont 84 % en Afrique de l’Ouest ; un rendement faible variant de 0 à 300 kg.ha-1). Comme contraintes à l’augmentation de la productivité, il faut citer les facteurs abiotiques (association des cultures, manque d’intrants, pauvre fertilité du sol, sécheresse, pauvre potentiel génétique et variétés locales de plante type) et facteurs biotiques (insectes nuisibles, maladies bactériales, virales et fungiques, et plantes parasites). A tout cela il faut ajouter Striga gesnerioides et Alectra vogelii plantes parasites de niébé. Soulignons que Alectra vogelii est restrictif pour l’Afrique. L’IITA a été mandaté pour l’amélioration des variétés de niébé et ceci à travers une collaboration tant nationale que régionale entre les institutions de recherches et les organisations. Au total 65 pays ont bénéficié du développement et de la distribution de variétés améliorées. Les variétés améliorées ont une résistance à plusieurs maladies, supportent les principales contraintes biotiques et abiotiques, ont un potentiel en rendement élevé, s’adaptent à la faible fertilité. Les infestations par Striga gesnerioides et Alectra vogelii deviennent de plus sévères dans les systèmes de culture actuel. Ces 2 parasites provoquent des pertes de rendement très élevé. Elles varient entre 30 et 100 % suivant la précocité et le niveau des infestations. Alectra vogelii est aussi dévastateur que Striga gesnerioides mais ce dernier est plus virulent. Plusieurs méthodes de lutte ont été mises au point : les techniques culturales (cultures pièges, la rotation culturale, utilisation de Etheponr) ; les méthodes génétiques : plusieurs lignées de niébé sélectionnées à Kano ont fait l’objet de test dans plusieurs pays de la sous région. La résistance variétale se heurte au problème de races physiologiques qui existe à l’intérieur de l’espèce. Ainsi, 5 variétés ont été identifiées mais a l’état actuel des recherches aucune variété ne peut résister à la fois aux 5 souches dont la race 4 (Zakpota) se trouve être la plus redoutable. En conclusion La résistance des plantes hôtes offre une mesure de contrôle de la viabilité de Striga et Alectra. Les gènes qui confèrent une résistance aux 2 pantes parasites ont été identifiés. Ceux-ci sont disponibles pour de nombreuses lignées génétiques de niébé à l’IITA. Des lignées génétiques de niébé améliorées sont à tester dans différentes localités pour la résistance aux 5 variétés de Striga et à Alectra. Des efforts sont faits dans ce sens afin d’introduire ces gènes dans divers background.

Association des cultures pour la lutte contre Striga

Le système extensif est peu productif, difficile à intensifier et il peut augmenter dans certains cas la pression des nuisibles. Les diverses cultures entrant dans les associations sont dans le cas des céréales (mil, sorgho, maïs), des légumineuses (niébé, arachide, soja, voandzou) et des autres plantes (igname, manioc, patate et légumes). Les divers types d’association de cultures rencontrés sont : mil/niébé ; mil/arachide ; etc. Les parasites présents dans les associations avec les céréales sont Striga hermonthica, Striga aspera, Striga asiatica et Striga passargeii, tandis qu’avec les légumineuses sont Striga gesnerioides et Alectra vogelii. L’utilisation des associations céréales légumineuses dans la lutte contre le Striga a pour objectifs de se servir de la légumineuse pour protéger la céréale et de réduire les infestations de Striga. Les mécanismes impliqués sont : création d’ombrage ; création de micro climat défavorable au Striga ; germination suicides du Striga ; autres mécanismes chimiques. Les conditions souhaitables sont : variétés de légumineuses résistantes au Striga gesnerioides et à Alectra; pouvoir de germination suicide de Striga hermonthica élevé ; cycles végétatifs adaptés. Dans le cadre de la recherche de méthodes de lutte intégrée contre le Striga hermonthica, 3 séries d'essai agronomique ont été menés dans la localité de Cinzana dans la quatrième région au Mali et un test en milieu paysan a été conduit dans 3 villages de la région de Koulikoro. Ils étudiaient l'effet sur le Striga hermonthica et le rendement du sorgho, des associations entre le sorgho et des variétés de niébé résistantes au Striga gesnerioides. Ces essais comparaient respectivement trois arrangements spatiaux entre le sorgho et le niébé, trois génotypes de niébé et trois types de fumure minérale et organique. Ainsi, les résultats sur les associations sorgho ou mil/niébé sont relatifs : à l’étude des arrangements spatiaux avec 5 traitements (Sorgho pur, Sorgho/Niébé en poquets alternés, Sorgho/Niébé en lignes alternées, Sorgho/Niébé en lignes et poquets alternés et Niébé pur) ; à l’étude des génotypes de niébé avec 7 traitements (Sorgho pur, Sorgho/niébé dressé (IT 82 D-849), Sorgho/niébé mixte (Suvita 2), Sorgho/niébé rampant (IT 89 K D-245), Niébé dressé pur, Niébé mixte pur et Niébé rampant pur) ; à l’étude des doses faibles de fertilisation minérale et organique avec 6 traitements (Sorgho pur, Sorgho/Niébé (sans fumure), Sorgho/Niébé (fumure vulgarisée 41N - 46P2O5), Sorgho/Niébé (2,5 t/ha de fumier), Sorgho/Niébé (2,5 t/ha de compost) et Niébé pur) ; aux tests en milieu paysan axés sur Sorgho et Mil variété du paysan, sur Niébé Sankaranka IT89KD245 (Rampante, Résistante au Striga gesnerioides et Germination suicide Striga hermonthica) et sur le traitement du niébé avec l’huile de neem. Dans le cas des tests en milieu paysan, ont été retenus 3 villages et 5 paysans par village, avec 3 traitements (méthode du paysan, mil/niébé en poquets alternés, mil/niébé en lignes alternées). Les résultats obtenus ont montré que : l'association entre le sorgho et le niébé résistant au Strigagesnerioides permet de lutter contre le Striga hermonthica ; les arrangements en poquets alternés et ceux en lignes et poquets alternés ont présenté plus de 92 % de réduction de Striga en nombre et en biomasse ; l'arrangement en lignes alternées a présenté une réduction du nombre de Striga de 83 et 92 % du poids sec du Striga ; concernant l'utilisation des génotypes de niébé dans l'association, ce sont les variétés mixtes et les variétés rampantes qui occasionnent les plus fortes baisses des émergences et de biomasse de Striga; l'utilisation du fumier à la dose de 2,5 t.ha-1 dans l'association a permis une amélioration du rendement du sorgho, à un niveau équivalent à celui de la culture pure de sorgho ; cependant l’effet des types et doses n’est pas visible sur le Striga en dehors du niveau bas de l’infestation consécutive à l’association ; le test en milieu paysan de l’association mil niébé en lignes et en poquets alternés a aussi permis de démontrer l’efficacité de ces deux arrangements par rapport à la technique paysanne sur le Striga ; le rendement du mil obtenu avec l’association a été plus faible que celui de la culture pure en cas de faible infestation et inversement lorsque l’infestation était très sévère. En conclusion on peut retenir que : les associations mil/niébé sont efficaces contre le Striga ; les céréales associées au niébé ou avec d’autres légumineuses sont des opportunités de lutte contre le Striga ; le mode de semis est la principale contrainte ; l’existence de variétés de céréales (sorgho, maïs, niébé) résistantes ou tolérantes peut faciliter la diffusion ; ce système doit être la base de la lutte intégrée en Afrique de l’Ouest.

Expériences des Champs Ecoles des Paysans (CEPs) pour la lutte contre Striga

Après un bref historique et un rappel du concept du Champ Ecole des Paysans (CEP) ou Champ Ecole des Agriculteurs (CEA), puis une définition des termes et du cadre, un accent a été mis sur les objectifs poursuivis et les principes de base pour ce faire. Ensuite les activités exécutées sur les 4 CEPs installés au Togo au cours de l’année 2005 dans le cadre du Projet TCP/RAF/3008 (A) Lutte intégrée durable contre le striga ont été présentées, à savoir : la phase préparatoire ; la constitution des CEPs ; l’engagement des membres ; la formation des formateurs ; la formation des agriculteurs ; la mise en place et l’animation des CEPs. De l’analyse des résultats il ressort ce qui suit : 8 vulgarisateurs et 2 chercheurs ont été formés au cours de la formation de formateurs ; 113 agriculteurs issus de 13 groupements communautaires dont 43 femmes (38%) et 70 hommes (62%) ont été formés sur les 4 CEPs installés dans 4 localités différentes (Garo, Gabongbong, Yiégou et Kpalmontongue) mais toutes dans l’extrême Nord du Togo (Canton de Biankouri et Timbou) ; des visites d’échanges ont été organisées sur l’initiative des membres entre les différents CEPs ; ces visites des champs écoles avaient pour but de se connaître en tant que personnes ayant des intérêts communs, confrontées aux mêmes difficultés et toutes engagées dans la recherche de solutions à leurs problèmes à travers les CEPs, de confronter leurs connaissances et échanger leurs expériences en matière de production et de protection en agriculture, puis de partager leurs connaissances du cycle biologique du Striga, desa nuisance et des méthodes de lutte disponibles et utilisables pour sa gestion ; de nombreuses leçons ont été tirées de toutes ces visites d’échanges ; des évaluations ont surtout porté sur les émergences de Striga, les rendements et les évaluations socio-économiques et socio-sociologiques.
Concernant les études sociologiques : 98 % des membres des CEP formés estiment que les objectifs des thèmes sont appropriés et sont atteints et que la formation a répondu à leurs attentes, en particulier dans les domaines de Préparation du sol = 25 %, Repiquage = 22 %, Apport d’engrais = 45 %, Traitement = 26 %, Lutte contre les mauvaises herbes = 31 % et Lutte contre le Striga = 96 % ;

  • 96 % des formés déclarent qu’ils ont compris l’utilité des séances de formation mais voudraient que l’accent soit encore mis sur : Repiquage = 21 %, Epandage d’engrais = 25 %, Traitement insecticide = 33 % et Description des maladies et insectes = 30 % ;
  • 93 % affirment pouvoir appliquer ce qu’ils ont appris sur leurs propres parcelles et qu’ils pourront transmettre ce qu’ils ont appris aux autres collègues;
  • plus de 80 % estiment que la démarche adoptée a permis à tout le monde de participer activement à la formation, tandis que plus de 60 % aimeraient avoir des supports pédagogiques au cours de la formation;
  • 65 % des membres des CEP souhaitent que la formation soit donnée en langue locale moba, 35% souhaitent la formation en yenga et 5% en français moba ou yenga;
  • à Nanergou avec l’association sorgho-niébé : il y a eu moins d’émergence de Striga aussi bien en association sorgho amélioré (Sorvato 1) -niébé qu’avec le sorgho local (Kadag-niébé ; en culture pure du sorgho, - il y a eu moins d’émergence avec la variété améliorée Sorvato 1 qu’avec la variété locale Kadag.

La lutte biologique  contre le Striga.

L’auteur a passé en revue les méthodes de contrôle avec les insectes et les mycoherbicides. Comme insectes potentiels, Junonia et Smicronyx ont été cités. Les facteurs limitant l’utilisation de Smicronyx ont aussi été discutés. Pour l’utilisation des mycoherbicides, l’accent a été mis sur le Fusarium oxysporum. Des informations ont été fournies aussi sur les recherches futures.
En ce qui concerne l’utilisation de Fusarium on a clarifié qu’il ne s’agit pas de mettre au point un bio herbicide à partir du champignon à des fins commerciales. Il s’agira pour chaque pays d’isoler une souche virulente du pathogène, de développer localement les technologies de sa production en vu de son utilisation pour la lutte contre le Striga. A cet effet des souches du champignon ont été déjà isolées au Burkina-Faso, au Ghana, au Mali,  au Nigeria et au Bénin.

La lutte avec le Fusarium est mise au point, mais le passage en milieu paysan demande des moyens et doit faire l’objet de quelques recherches, à savoir l’identification et l’isolation de souches locales de Fusarium pour être localement appliquées dans chaque pays. Il n’est pas souhaitable d’importer une souche étrangère.
  

La lutte contre le Striga par des moyens biotechniques.
Cette communication a tiré quatre grandes conclusions :

  • La purification de lignées et l’hybridation, tout comme l’amélioration des populations ont permis d’avoir une concentration de gènes de résistance à Striga hermonthica .
  • Les variétés améliorées à pollinisation ouverte , les lignées pures et les hybrides qui supportent une population réduite de plants de Striga, des symptômes de dégâts limités avec de bonnes caractéristiques agronomiques ont été mises au point.
  • Quelques hybrides résistants à l’imazapyr ont été également mis au point. Les variétés à l’herbicide imazapyr sont été sélectionnées en utilisant les méthodes conventionnelles et elles ne sont pas du tout des OGM. Toutefois cette résistance est contrôlée par un seul gène, et sa stabilité et la durabilité  de la méthode restent à vérifier.
  • Les variétés de maïs résistantes  et des hybrides devraient efficacement contribuer à la lutte intégrée contre le Striga, particulièrement en rotation avec des légumineuses fixatrices d’azote qui provoquent la germination suicidaire des graines de Striga hermontica et améliorent la fertilité du sol.
  • Cette technologie est disponible et peut être introduite dans les CEP. Mais pour ce faire, il faudra prévoir les infrastructures et le matériel de traitement des semences. La disponibilité d’herbicide de bonne qualité devra être assurée. La recherche doit confirmer la technologie en milieu locale avant de l’acheminer dans les CEP.

Rhamphicarpa fistulosa en Afrique Occidentale : caractéristiques et contrôle

Cette plante parasite est devenu un grand problème dans le riz en Afrique occidentale. Les varietés Nerica ont montré quelque degré de susceptibilité à la présence de R. fistulosa.  Il est nécessaire pour la diffusion du riz Nérica de mettre un accent particulier sur le contrôle de la dissémination de Rhamphicarpa.

Des  traitements herbicides ont été etudié, et on a noté des effets négatifs sur la croissance du riz,  une baisse de la hauteur de la culture de 58 % avec le traitement de clomazone + pendimethaline et de 84% avec le glyphosate.

La solarisation du sol.

C’est une méthode de désinfection utilisée pour détruire les maladies et parasites du sol. Il s’agit d’un processus de chauffage du sol en utilisant la radiation solaire captée sous un film plastique transparent. La mise en œuvre de cette technique requiert un bon ensoleillement (temps chaud), un sol humide pour permettre l’absorption de la chaleur et un film plastique transparent pour minimiser le réfléchissement de la radiation solaire. Cette méthode est utilisée avec succès en Israël, en Jordanie, au Mexique et aux USA. En Afrique, elle est utilisée en Afrique du Nord, notamment en Egypte.

 

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