AQUASTAT - Système d'information mondial de la FAO sur l'eau et l'agriculture

    Irrigated crop calendars

    Le climat est un facteur limitant pour la croissance des cultures. Si la température convient à la croissance des cultures toute l'année, la disponibilité de précipitations suffisantes détermine la saison de croissance des cultures pluviales. L'irrigation élimine la contrainte de disponibilité en eau et pourrait ensuite permettre de cultiver toute l'année. Afin d’accroître les données et les informations sur les besoins en eau d’irrigation, les prélèvements d’eau d’irrigation et l’efficacité de l’irrigation, AQUASTAT a entrepris un examen approfondi des calendriers culturaux irrigués typiques par pays. Ces calendriers culturaux irrigués fournissent pour chaque pays des données et des informations sur: la superficie équipée pour l'irrigation, la superficie réellement irriguée, la superficie des cultures irriguées récoltées, la superficie irriguée par culture et le pourcentage de superficie irriguée par culture occupée chaque mois. Les calendriers font référence aux années pour lesquelles des données étaient disponibles.

    Les calendriers culturaux irrigués pour les pays sont organisés en format Excel sur différentes feuilles, avec leur description respective.


    Méthodologie utilisée pour préparer les calendriers culturaux irrigués par pays

    Les données AQUASTAT relatives aux superficies irriguées et récoltées par cultures au niveau national—uniquement pour les cultures sous irrigation en maîtrise totale (AHIfull)—sont converties en un calendrier cultural détaillant, pour chaque culture, les taux d’occupation mensuels de la partie réellement irriguée de la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale (AAIfull). Le rapport entre la superficie irriguée et récoltée et la superficie réellement irriguée est appelé "intensité de culture":

    Intensité de culture = 100 x AHIfull / AAIfull

    Lorsqu’aucune donnée concernant les superficies irriguées et récoltées n’est disponible dans AQUASTAT pour un pays donné, on utilise la base de données sur les cultures irriguées produite dans le cadre des études prospectives de la FAO Agriculture mondiale: horizon 2030 et 2050 (FAO, 2012) (en anglais).

    Les calendriers culturaux concernent une année spécifique pour laquelle des données sont disponibles. Dans la mesure du possible, la superficie des cultures irriguées et récoltées sous irrigation en maîtrise totale (AHIfull) et la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale réellement irriguée (AAIfull) choisies concernent la même année, indiquée dans l’intitulé du calendrier (par exemple, 2008 pour le calendrier du Bangladesh reproduit dans le tableau 1 ci-dessous). Si ce n’est pas le cas, l’année correspondant à AAIfull est indiquée dans une note après la mention de cette donnée. C’est également le cas pour la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale (AEIfull) et la superficie totale équipée pour l’irrigation (AEItot), figurant également dans le tableau ci-dessous, ainsi que pour le pourcentage de la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale réellement irriguée pendant l’année considérée.

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    TABLEAU 1 . Exemple de calendrier cultural irrigué: le calendrier du Bangladesh Image

    Le calendrier distingue les différents cycles d’une même culture, comme par exemple pour le riz au Bangladesh, qui se cultive de juillet à novembre (Riz 1) et de décembre à avril (Riz 2). La classification et l’ordre des cultures est conforme au Programme mondial de recensement de l’agriculture 2010 (FAO, 2005b). Cela signifie, en particulier, qu’une distinction est faite entre les cultures fourragères temporaires et permanentes ainsi qu’entre les prairies et pâturages temporaires et permanents. Bien que la définition des terres arables dans FAOSTAT englobe les cultures fourragères et les prairies et pâturages temporaires, les cultures permanentes y sont définies comme comprenant uniquement les cultures fourragères permanentes et non les prairies et pâturages permanents. Par conséquent, selon la définition d’AQUASTAT, les terres cultivées—qui représentent la somme des terres arables et des cultures permanentes de FAOSTAT—excluent les prairies et pâturages permanents. Dans de très rares cas, la superficie irriguée pourrait ainsi être plus importante que la superficie cultivée.

    Pour la Chine, l’Inde et les États-Unis, pays pratiquant l’irrigation de façon relativement intensive, les calendriers culturaux ont été établis par zones infranationales (nord, sud, ouest, est) afin de refléter plus fidèlement les variations climatiques. Au contraire, les neuf petites îles des Caraïbes (petites Antilles) ont été intégrées dans un seul calendrier en raison de la faible étendue des superficies irriguées et du manque de données disponibles pour chacune d’elles. Ces divisions ou groupements géographiques sont décrits en détail dans les calendriers respectifs.


    Synthèse régionale des calendriers culturaux irrigués

    Les données des calendriers culturaux irrigués de chaque pays sont rassemblées et analysées par continent, par (sous-)région et par groupement de pays fondé sur le revenu (revenu élevé, revenu intermédiaire et faible revenu). Une attention particulière est portée aux 61 pays à faible revenu et à déficit vivrier - dont 31 sont situés en Afrique - et aux 40 pays les moins avancés - dont 30 pays africains - car l’eau, en particulier l’eau agricole, contribue dans une large mesure à la sécurité alimentaire et au développement rural. L’Annexe 2 présente, par ordre alphabétique, la liste des pays inclus, d’après la classification par revenu établie en octobre 2012, dans la présente évaluation; pour l’ensemble du monde, par continent, par région et sous-région, par groupement fondé sur le revenu et selon les catégories ‘pays à faible revenu et à déficit vivrier’ et ‘pays les moins avancés’. On y trouve également la définition des termes ‘pays à revenu élevé’, ‘pays à revenu intermédiaire’, ‘pays à faible revenu’, ‘pays à faible revenu et à déficit vivrier’ et ‘pays les moins avancés’.

    L’analyse régionale examine tout d’abord les spécificités régionales pour ce qui concerne AHIfull, l’intensité de culture, AAIfull, AEIfull et AEItot (Tableau 2a) et donne, dans le (Tableau 2b), le pourcentage du total mondial pour AHIfull, AAIfull, AEIfull et AEItot dans chaque groupement de pays. Elle décrit ensuite en détail les caractéristiques régionales des cultures irriguées et récoltées—en hectares ((Tableau 3a) ou en pourcentage (Tableau 3b, (Tableau 3c) —et en particulier celles des céréales irriguées et récoltées (Tableau 3d) et (Tableau 3e).

    Superficies équipées pour l’irrigation, superficies réellement irriguées et intensité de culture

    AQUASTAT établit la distinction suivante (Figure 2) en ce qui concerne la gestion des eaux agricoles, la ‘superficie équipée pour l’irrigation’ étant égale à la superficie totale équipée pour l’irrigation (AEItot) dans la présente évaluation et la ‘superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale’ égale à la partie réellement irriguée de la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale (AEIfull) (encadrés verts).

    FIGURE 2 . AQUASTAT classification of areas under agricultural water management

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    Note: _Les encadrés blancs renvoient à des variables qui ne sont pas disponibles dans la base de données AQUASTAT. _

    L’Afrique est le seul continent où la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale (AEIfull) est nettement inférieure à la superficie totale équipée pour l’irrigation (AEItot). AEIfull représente en effet 93 pour cent de AEItot, contre 99 pour cent en Asie et en Europe et plus ou moins 100 pour cent aux Amériques et en Océanie (Tableau 2a). Ceci s’explique par l’importance des superficies de basses terres équipées en Afrique subsaharienne et des superficies d’irrigation par épandage d’eaux de crue, principalement en Afrique du Nord et dans la sous-région soudano-sahélienne. Cependant, en raison de cette dépendance à l’égard des eaux de crue, il est impossible de dissocier complètement l’irrigation des conditions climatiques, à la différence de l’irrigation en maîtrise totale. L’Asie, avec 71 pour cent de la superficie totale équipée pour l’irrigation (AEItot) et de la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale (AEIfull) à l’échelle mondiale, représente 78 pour cent (Tableau 2b) de la superficie des cultures irriguées et récoltées sous irrigation en maîtrise totale (AHIfull) grâce non seulement à sa forte intensité de culture mais aussi au fait qu’une grande partie de la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale (AEIfull) est réellement irriguée (AAIfull). En Europe, le pourcentage de la superficie AEIfull réellement irriguée est plus limité (65 pour cent). En effet, l’irrigation y est fortement dépendante des précipitations et, dans une moindre mesure, des équipements d’irrigation mobiles, dont l’utilisation intensive—par l’application d’eau sur différentes parcelles avec le même matériel mobile—étend en fait les superficies considérées comme équipées en maîtrise totale. En outre, dans de vastes régions d’Asie, d’Afrique et des Amériques, les conditions climatiques permettent de multiplier les cycles de culture au cours d’une même année et de réaliser des intensités de culture nettement plus élevées que dans certaines parties de l’Europe et de l’Océanie, où la croissance des cultures irriguées en hiver est faible ou inexistante.

    La forte intensité de culture associée aux taux élevés de AAIfull/AEIfull (partie réellement irriguée de la superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale / superficie équipée pour l’irrigation en maîtrise totale) font que l’Asie et l’Afrique bénéficient le plus de l’irrigation. En fait, il convient de noter que les pays à faible revenu et à déficit vivrier tirent pleinement profit de l’irrigation avec une intensité de culture proche de la moyenne mondiale et une proportion très élevée de superficies équipées réellement irriguées. De même, les pays les moins avancés enregistrent une intensité de culture plus élevée que celle des pays à revenu élevé, malgré une plus faible proportion de superficies équipées en maîtrise totale par rapport à leur superficie totale équipée pour l’irrigation (AEIfull/AEItot), ce qui s’explique par le fait que la majorité de ces pays sont situés en Afrique subsaharienne, où se trouvent la plupart des basses terres équipées.

    Cultures irriguées et récoltées

    En moyenne, les cultures irriguées se composent essentiellement de céréales (61 pour cent) (Tableau 3a) et (Tableau 3b) et 87 pour cent des céréales irriguées sont cultivées en Asie Table 3c). Au niveau mondial, le riz représente près de la moitié des céréales irriguées (Table 3d and Tableau 3e) et constitue, par conséquent, la principale culture irriguée (29 pour cent des cultures irriguées). Et plus de la moitié de la superficie mondiale de riz irriguée et recoltée est située dans deux pays seulement: la Chine et l'Inde.

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    Cependant, si le riz constitue l’essentiel de la production céréalière irriguée en Asie, le riz et le blé sont les principales céréales irriguées en Afrique tandis que le maïs domine aux Amériques et en Europe et le blé en Océanie. Ces prédominances reflètent à peu près les préférences alimentaires traditionnelles respectives des continents, sauf pour ce qui concerne le blé, la céréale la plus prisée en Europe et dans une moindre mesure aux Amériques, qui se cultive principalement en hiver en conditions pluviales. À l’échelon continental, l’Océanie—limitée à l'Australie et à la Nouvelle-Zélande dans cette étude—constitue la seule exception à la large domination des céréales irriguées, les cultures fourragères et les pâturages irrigués représentant près de la moitié des cultures irriguées (48 pour cent). À une échelle plus réduite, les cultures fourragères et les pâturages irrigués prédominent aussi largement (51 pour cent) par rapport aux céréales irriguées (17 pour cent) dans la région de l’Europe de l’Est et de la Fédération de Russie.

    La diversification des cultures irriguées s’accroît dans les pays à revenu élevé (Tableau 3b: la part des céréales dans ces cultures varie fortement entre les pays à revenu élevé (38 pour cent), les pays à revenu intermédiaire (64 pour cent) et les pays à faible revenu (75 pour cent). Dans les pays les moins avancés, 76 pour cent des zones irriguées sont dédiées aux céréales et l’irrigation vise essentiellement à fournir des denrées alimentaires de base. Dans les pays à revenu élevé, les légumes, fruits, oléagineux, cultures fourragères et pâturages diversifient la production irriguée, leur part respective étant nettement plus importante que dans les autres groupes de pays fondés sur le revenu, voire même par rapport aux moyennes mondiales. Cette diversification de la production irriguée, qui reflète un régime alimentaire relativement varié, est toutefois associée à une moindre productivité physique de l’eau d’irrigation en termes de produit final destiné à la consommation humaine, ceci en raison du large volume d’eau d’irrigation dédié aux cultures fourragères et aux pâturages nécessaire pour la production de viande. D’autre part, la diversification de la production vivrière irriguée dans les pays à faible revenu et les pays les moins avancés se trouve limitée non seulement par la vaste proportion de céréales mais aussi par l’allocation de superficies irriguées aux cultures d’exportation notamment aux plantes à boisson (cacaoyer, caféier, théier). C’est également le cas dans les pays les moins avancés où les cultures d’exportation irriguées, telles que les plantes sucrières (canne et betterave) et à fibres (y compris le coton), atteignent presque les moyennes mondiales malgré une plus large proportion de céréales irriguées et le besoin de produire des denrées pour la consommation locale—leur production irriguée de légumes, de fruits et d’oléagineux n’atteint pas les moyennes mondiales. Ces 3 derniers groupes de cultures représentent 30 pour cent des superficies de cultures irriguées dans les pays à revenu élevé, contre 9 pour cent dans les pays à faible revenu et à déficit vivrier. En dépit du fait que ces pays à faible revenu et à déficit vivrier enregistrent des taux élevés d’intensité de culture et de superficies équipées réellement irriguées, comme le montre le (Tableau 2a), l’irrigation pourrait y jouer un rôle plus important dans la lutte pour la sécurité alimentaire, et en particulier à travers la diversification des cultures avec de plus grandes superficies dédiées à ces trois groupes de cultures (légumes, fruits et oléagineux).

    Sur la base de ces calendriers, les besoins en eau d’irrigation (2ème étape) correspondant à ces cultures irriguées sont calculés.