Forum du Programme EAF-NANSEN : L’approche écosystémique des pêches au cœur des assises de Cotonou
Le programme de durabilité des pêches, EAF-NANSEN, exécuté dans sa nouvelle phase depuis 2017 par la FAO dans 31 pays à travers le monde avec le soutien technique de l’Institut des recherches marines (IRM) de la Norvège et l’appui financier de l’Agence norvégienne de coopération pour le développement (NORAD) a organisé son Forum 2019 les 05 et 06 Novembre à Cotonou, autour du thème : «La durabilité des ressources halieutiques dans le contexte de l’AEP». Les points focaux du programme et les divers partenaires ont partagé les expériences tirées de la mise en œuvre du projet ainsi que les bonnes pratiques pour mettre en valeur les avantages de l’approche écosystémique des pêches (AEP) pour une pêche durable et un environnement marin sain.
La nouvelle phase du Programme EAF-Nansen qui a démarré en 2017 fonde son action principalement sur le potentiel de l’Approche écosystémique des pêches (AEP), identifié par l’IRM au terme de plusieurs années de recherches pour prévenir les menaces que font peser certaines pratiques de pêche déconseillées et l’impact des habitudes humaines sur la subsistance des communautés côtières, la sécurité alimentaire et l’environnement marin. A ce titre, une série d’activités regroupées en trois thématiques, que sont : «la recherche halieutique pour la gestion des pêches», «la gestion des pêches basée sur des évidences» et «le renforcement des capacités pour la gestion durable des pêches», sont en cours de réalisation en collaboration avec diverses institutions partenaires dans les 31 pays où le programme est mis en œuvre, ainsi qu’avec des partenaires régionaux et internationaux, tels que les organismes régionaux de gestion de pêches en Afrique. Le forum organisé les 05 et 06 Novembre à Cotonou s’inscrit dans la logique de déterminer la meilleure façon de mettre en œuvre cette approche écosystémique des pêches pour une meilleure gestion des ressources halieutiques. «Le renforcement de la mise en œuvre de l'approche écosystémique des pêches dans les pays africains favorisera l'atteinte de la cible 14 des ODD qui consiste à conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable», a soutenu le Chargé de la Pêche et de l’Aquaculture au sein du Bureau de la FAO pour l’Afrique, Ndiaga GUEYE. «Il n’est point besoin de souligner aujourd’hui l’enjeu que représente à l’échelle planétaire le renforcement de la gestion des ressources halieutiques, vu que la situation mondiale des stocks de poissons exploités de manière non durable au plan biologique ne fait que croitre. Cette dégradation tendancielle de la situation des ressources halieutiques laisse planer de sérieuses menaces quant à la contribution durable de cette ressource naturelle pour le bien-être économique et social de millions d’individus bénéficiant directement ou indirectement des retombées de l’exploitation des ressources halieutiques », a-t-il fait observer. Il a rappelé qu’au cours des 45 dernières années, le Programme Nansen, à travers ses diverses phases, a assisté les pays en développement dans le domaine de la recherche et de la gestion des pêches. De Mai 2017 à ce jour, 610 scientifiques des pays participant au programme ont pris part aux diverses campagnes scientifiques à bord du navire de recherche Dr Fridtjof Nansen, «ce qui leur a permis d’acquérir une expérience précieuse en matière de méthodes de collecte de données et d’échantillonnages et les résultats des analyses des informations recueillies sont par la suite utilisés pour des décisions en matière de réglementation et de gestion des pêches», a précisé M. GUEYE. Le directeur adjoint de cabinet du ministre de l’Agriculture, de l’Elevage et de la pêche, Abdoulaye TOKO, a déploré également dans son discours d’ouverture du Forum, que «le nombre croissant de pêcheurs dans les communautés respectives s’est accompagné de l’adoption de nombreuses pratiques de pêche destructrices sur les ressources halieutiques. Une situation qui a pour conséquence l’intensification de l’effort de pêche et la dégradation de l’écosystème marin et côtier par des engins prohibés, notamment la senne de plage pour ce qui concerne certains pays de la sous-région».
Au Bénin, les activités du programme EAF-NANSEN, lancées en août 2019, visent notamment à assurer le suivi et le contrôle de la pêcherie de la senne de plage, à appuyer l’identification des zones d’intérêt écologique et biologique, à instaurer une période de repos biologique, à instaurer un système de contrôle de l’accès aux ressources (Immatriculation des barques, taxe d’accès, carte propriétaire et permis), et à améliorer la sélectivité de la senne de plage (sensibilisation à l’augmentation de la taille des mailles des filets de pêche). «La senne de plage au Bénin occupe une place importante sur le plan économique et social, et constitue l’un des principaux moyens d’existence des communautés côtières. Malheureusement, cette pratique de pêche avec des engins à mailles fines ne garantit pas une durabilité des ressources puisque 60 à 80% des captures sont composées de juvéniles. Face à cette situation, le présent projet va contribuer à la préservation et à la gestion durable des pêcheries exploitées par la senne de plage», a souligné le directeur de la Production halieutique, Antoine DJIHINTO.