FAO au Bénin

Nos programmes

Le présent Cadre de Programmation Pays (CPP) établit deux domaines prioritaires au niveau de l’État afin de guider le partenariat avec la FAO et l’appui que l’Organisation fournit au Gouvernement de la République du Bénin, en associant des pratiques optimales novatrices de niveau international et des normes mondiales à une expertise nationale et régionale pendant cinq ans, soit de 2017 à 2021.

CONTEXTE ET PRIORITÉS NATIONALES

Le CPP 2017-2021 a été élaboré dans un contexte national marqué par: (i) un climat politique apaisé, avec des élections régulièrement organisées depuis 1990; (ii) un taux de croissance intercensitaire de la population passant de 3,5% en 2002 à 3,6% en 2013, faisant du Bénin un des pays de la sous-région à fort taux de croissance démographique; (iii) une liberté de la presse et une indépendance de la Société Civile et de la justice vues comme des atouts qui ont permis de renforcer les fondations de la démocratie béninoise; (iv) un faible Indice de Développement Humain estimé à 0,485 en 2016, faisant de lui le 167ème pays selon le classement fait par le PNUD; et (v) une détérioration des conditions de vie des ménages entre 2011 et 2015, marquée par une pauvreté monétaire qui s’est aggravée, passant de 36,2% en 2011 à 40,1% en 2015, avec une plus grande prépondérance en milieu rural qu’en milieu urbain (43,6% contre 35,8% en 2015) selon les données de l’Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie de Ménages au Bénin (INSAE, 2015).

Depuis la mise en place du nouveau Gouvernement en avril 2016, une série de réformes au plan institutionnel et au niveau de la gouvernance sont amorcées en vue de créer une administration publique plus performante et un climat plus incitatif pour favoriser la réalisation des investissements publics et privés, en soutien à l’action gouvernementale. Le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG), « Bénin Révélé » pour la période 2016-2021, adopté en octobre 2016, est bâti autour de trois piliers: (a) la Consolidation de la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance; (b) la Transformation structurelle de l’économie et (c) l’Amélioration des conditions de vie des populations. Le PAG ambitionne de « créer les conditions de relance durable du développement économique et social du pays » afin d’améliorer les conditions de vie des Béninois. Sept orientations stratégiques ont été identifiées: (i) le Renforcement des bases fondamentales de la démocratie; (ii) l’Amélioration de la gouvernance; (iii) l’Assainissement du cadre macroéconomique et le maintien de sa stabilité; (iv) la Promotion d’infrastructures de soutien à la croissance économique; (v) l’Amélioration des performances de l’éducation et de la recherche; (vi) le Renforcement des services sociaux de base; et (vii) le Développement équilibré et durable de l’espace national.

L’agriculture constitue une priorité majeure pour le Gouvernement. En effet, le Gouvernement entend moderniser les outils et méthodes de production au profit de la promotion des filières agricoles porteuses à travers un investissement de grande envergure dans le secteur agricole pour relever d’ici à 2021 les trois défis majeurs que sont: (i) la couverture des besoins alimentaires, (ii) l’accroissement des revenus, et (iii) l’amélioration de l’attractivité de l’activité agricole et du milieu rural. Ces trois défis confèrent au secteur agricole le double rôle d’accélération de la croissance économique et de la contribution à la réduction de la pauvreté.

C’est dans ce contexte que le gouvernement a élaboré son nouveau Plan Stratégique de Développement du Secteur Agricole (PSDSA) 2017-2025 et son Plan National d’Investissements Agricoles et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (PNIASAN 2017- 2021). Le PNIASAN (2017-2021) est axé sur les engagements de Malabo et articulé à la stratégie de l’ECOWAP. Il prend en compte les problématiques dites émergentes (commerce, nutrition, résilience, agriculture intelligente face au climat, gestion des risques) et les questions transversales (femmes, jeunes). Ce plan vise deux objectifs majeurs: (i) la transformation de l’agriculture pour une croissance durable inclusive et (ii) le renforcement de la capacité systémique pour la mise en oeuvre et la production des résultats. Il est organisé autour des domaines d’actions stratégiques suivants: (i) accroître la production et la productivité des chaînes de valeurs agricoles; (ii) améliorer les marchés, les échanges et les chaînes de valeurs; (iii) accroître la résilience des moyens d’existence et des systèmes de production, (iv) renforcer la gouvernance des ressources naturelles, (v renforcer les capacités de planification; (vi) renforcer les politiques et les institutions; (vii) renforcer le leadership, la coordination et les partenariats; (viii) améliorer les compétences, les connaissances et l’enseignement agricole; (ix) renforcer les données et les statistiques; (x) institutionnaliser la responsabilité mutuelle et (xi) accroître les financements publics et privés.

Le secteur des forêts et des ressources naturelles occupe aussi une place importante dans le PAG 2016-2021 vu que la conservation de la biodiversité, la protection des ressources naturelles et la valorisation des ressources forestières constituent des bases importantes pour soutenir le développement agricole et économique projeté d’ici à 2025. Le Gouvernement s’est engagé à améliorer la gouvernance globale du secteur forestier et à développer des outils et pratiques efficaces de gestion durable des ressources forestières. Après le sommet spécial sur le développement durable à New York, le 25 septembre 2015, l’agenda de développement 2016-2030, assorti de 17 nouveaux Objectifs de Développement Durable (ODD), 169 cibles et 300 indicateurs, constitue désormais le cadre directeur de fixation des priorités de développement des pays membres du système des Nations Unies. La vision globale de la FAO en matière de sécurité alimentaire, de nutrition, d’agriculture résiliente et durable et d’utilisation durable des ressources naturelles transparaît dans l’ensemble du document sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) et, en particulier, dans les objectifs 2, 9, 14 et 15. Par ailleurs, l’objectif 17 sur les moyens de mise en œuvre et le partenariat mondial est étroitement lié aux activités de la FAO. En 2017, le Bénin a procédé à un exercice de priorisation des cibles des ODD auxquelles le nouveau cadre programmatique s’est aligné pour ainsi être en phase avec les priorités nationales à l’horizon 2021 pour les secteurs de l’agriculture et des ressources naturelles et forestières.

Pour accompagner le Gouvernement du Bénin dans ses efforts pour le développement, les Agences du Système des Nations Unies ont élaboré le Plan Cadre des Nations Unies pour l’Assistance au Développement (UNDAF 2014-2018) qui s’articule autour de six axes de coopération: (a) Croissance inclusive, emploi, sécurité alimentaire, égalité de genre et protection sociale; (b) Santé, y compris VIH/Sida, MNT, nutrition, planification familiale, assainissement de base; (c) Education de base; (d) Protection contre la vulnérabilité sociale et les abus; (e ) Gouvernance, participation et décentralisation; (f) Environnement, gestion des crises et catastrophes et changements climatiques. La FAO participe pleinement à la réalisation des objectifs de l’UNDAF.

CONTRIBUTION ET RÉSULTATS ATTENDUS DE LA FAO

Les deux domaines prioritaires dans lesquels la FAO entend accompagner le Gouvernement sont: (i) la consolidation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de changements climatiques, et (ii) l’amélioration de la gestion durable des ressources naturelles et forestières.

  • Domaine prioritaire 1: Consolidation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de changements climatiques
  • Domaine prioritaire 2: Amélioration de la gestion durable des ressources naturelles et forestières

MISE EN OEUVRE, SUIVI ET COMPTE-RENDU

Le coût global du Cadre de Programmation Pays de la FAO Bénin pour la période 2017-2021 est estimé à 14,41 millions de dollars US. Les ressources déjà mobilisés au niveau des projets nationaux à travers le Programme de Coopération Technique de la FAO, le Programme de Coopération avec les Gouvernements des pays donateurs s’élèvent à 3,71 millions de dollars US. Le gap actuel qui s’élève à 10,7 millions de dollars US sera couvert grâce à la mobilisation des ressources auprès du Programme de Coopération Technique de la FAO, le Fonds vert pour le Climat, le Fonds Mondial pour l’Environnement et les partenaires bilatéraux et multilatéraux du Bénin. Le CPP fera l’objet de partenariats aussi larges que possibles, s’inscrivant dans la droite ligne des efforts conjoints du Gouvernement du Bénin et des partenaires techniques et financiers qui travaillent pour améliorer la coordination et l’efficacité de l’aide publique au développement. Le Gouvernement du Bénin et la FAO attendent avec intérêt la collaboration et l’appui de tous les partenaires du secteur de l’agriculture et du développement durable afin de réussir la mise en oeuvre du CPP. Outre la FAO, les parties prenantes de la mise en oeuvre du CPP sont: (1) les ministères sectoriels (Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche, le Ministère du Cadre de vie et du Développement Durable, le Ministère d’Etat chargé du Plan et du Développement, le Ministère de l’Economie et des Finances, le Ministère de la Santé, le Ministère de la Décentralisation et de la Gouvernance Locale, le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique et le Ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat); (2) les autres agences des Nations Unies; (3) les Partenaires Techniques et Financiers, les Organisations des Producteurs, la société civile et le secteur privé. L’ancrage institutionnel du CPP est le Ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche. Le Ministère d’Etat chargé du Plan et du Développement veillera à la synergie des actions avec d’autres intervenants. Les organes de mise en oeuvre prévus sont: le comité de suivi du CPP, les comités de pilotage des programmes et projets et les Unités de Gestion de Projet. Ces organes assureront le pilotage de l’exécution et du suivi régulier des interventions du CPP ainsi que de la production de rapports annuels sur les résultats.

Il convient de souligner que le CPP est flexible et, de ce point de vue, pourrait s’adapter aux changements importants qui pourraient survenir dans la situation du Bénin en révisant le document selon quand cela s’avère nécessaire.

Domaine prioritaire 1: Consolidation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans un contexte de changements climatiques

Le profil de sécurité alimentaire et nutritionnelle du pays permet de justifier toute l’attention qu’il convient d’accorder à ce domaine. En 2013, on estimait que 11% des ménages béninois étaient en situation d’insécurité alimentaire sévère (AGVSA1) et 34% en situation d’insécurité alimentaire modérée.

Sur le plan nutritionnel, la situation est également préoccupante. En effet, en 2014, 18% des enfants de moins de 5 ans souffraient d’une insuffisance pondérale (MICS 2014). Cette prévalence est plus prononcée en milieu rural (20%) qu’en milieu urbain (16%).

Par ailleurs, le niveau de productivité agricole est resté obstinément faible au fil du temps et ne permet pas de produire, sur le plan national, tous les aliments dont la population a besoin. Par exemple, le rendement du riz, une des céréales les plus consommées au Bénin, est resté autour de 2,5 tonnes à l’hectare alors que les résultats de recherche prévoient un rendement potentiel de 8 tonnes à l’hectare. En conséquence, le taux d’autosuffisance alimentaire, fortement influencé par la production du riz, est resté en moyenne autour de 92% (RNDH-Bénin, 2015). En ce qui concerne le taux de dépendance vis-à-vis des importations, il est resté élevé pour le riz, la pomme de terre, les produits halieutiques, la viande et les oeufs de table (RNDH-Bénin, op. cit.).

Dans le cadre du CPP 2017-2021, la FAO accompagnera les actions du Gouvernement du Bénin de manière à s’assurer que: (1) les productions végétales, animales et halieutiques sont diversifiées et intensifiées; (2) la valorisation et l’accès au marché des produits végétaux, animaux et halieutiques sont appuyés et facilités; (3) la résilience des systèmes de production et des ménages face au changement climatique et la gestion durable des terres et des ressources naturelles sont renforcées; (4) les politiques et les stratégies sectorielles en faveur de la production végétale, animale ou halieutique ainsi que de la sécurité alimentaire et nutritionnelle sont formulées/révisées et diffusées; (5) l’éducation nutritionnelle est incorporée dans les activités de sensibilisation des ménages vulnérables; et (6) des mécanismes efficaces et efficients de résistance, de résilience et de protection sociale des populations des zones à risque d’insécurité alimentaire et nutritionnelle sont mis en place.

1 Analyse Globale de la vulnérabilité et de la sécurité alimentaire (AGVSA).

Domaine prioritaire 2: Amélioration de la gestion durable des ressources naturelles et forestières

La couverture forestière nationale du Bénin, estimée par l’Inventaire Forestier National (IFN, 2007) à 7 813 495 ha, soit 68% du territoire national, est constituée de savanes arborées et arbustives, de mosaïque de forêts claires-savanes boisées et de cultures/jachères. Les forêts denses et galeries forestières représentent respectivement 0,9% et 3,6 % de la superficie totale. Les plantations et les formations marécageuses représentent respectivement 3% et 2,4% de cette superficie.

Le couvert forestier est réparti en domaine forestier classé et domaine forestier protégé. Le domaine classé comprend 58 Aires protégées (parcs nationaux, zones cynégétiques et forêts classées) et couvre 2 664 805 ha soit 19 % du territoire. Quant au domaine protégé, il regroupe tout espace forestier non classé.

Les variabilités et changements climatiques produisent sur les ressources forestières des impacts qui engendrent: (i) la réduction du potentiel national de séquestration de carbone, (ii) la perte de la biodiversité floristique et faunique et (iii) une savanisation/ désertification progressive du territoire. La recrudescence des feux de végétation entraînant la perte de la régénération naturelle et la baisse de la production de semences d’espèces forestières pose également un problème sérieux de vulnérabilité des écosystèmes forestiers. Malheureusement, le suivi et l’évaluation du secteur, malgré les bonds qualitatifs notés ces dernières années, ne garantissent pas la disponibilité des données sur tous les maillons des filières pour appuyer la coordination et faciliter une prise de décision axée sur les preuves.

Depuis les années 90, le Bénin a amorcé l’élaboration et la mise en oeuvre de plans d’aménagement participatif du domaine forestier classé. Près de 56,5% des forêts classées sont dotées de plans d’aménagement dont la mise en oeuvre souffre de l’insuffisance de ressources financières et de la pression croissante de l’exploitation forestière frauduleuse et de l’incursion des agriculteurs en quête de terres fertiles. Il reste près de 20 forêts classées d’importance non dotées de plans d’aménagement. D’une manière générale, la planification de la gestion des ressources forestières est confrontée à l’absence de données actualisées sur les potentiels forestiers existants. Le Bénin a ratifié la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques, mais ne s’est pas encore doté de la stratégie REDD+2 et ne peut véritablement pas estimer et vendre les efforts de conservation des forêts. Toutefois, il a réussi à se faire agréer au niveau de l’ONU-REDD+. Un appui technique et financier est nécessaire pour développer la stratégie REDD+ du Bénin.

Par ailleurs, la loi forestière en vigueur ne cadre plus avec certaines évolutions institutionnelles et techniques, moins encore avec les thématiques émergentes dans le secteur forestier, notamment les changements climatiques (atténuation et adaptation), l’accès et le partage des bénéfices liés à la valorisation des ressources forestières. La révision de cette loi est amorcée mais inachevée.

Dans le cadre du CPP 2017-2021, les interventions de la FAO s’articuleront autour des axes suivants: (1) l’amélioration du système de gouvernance afin de favoriser une gestion durable des ressources naturelles renouvelables; (2) l’amélioration de la connaissance des ressources naturelles et leur gestion; (3) la restauration des écosystèmes forestiers et des sols afin de favoriser la conservation des régimes hydrologiques, la protection de la biodiversité et le maintien de la productivité des sols; et (4) la minimisation des risques sanitaires et environnementaux posés par les polluants organiques chimiques, en particulier l’Endosulfan et autres pesticides.

2 REDD+ : Réduction des Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation forestière ; +prise en compte de l’augmentation des stocks de carbone.