FAO au Burundi

L’accès aux crédits et les intrants alimentaires ont diversifié la production agricole et amélioré l’alimentation des ménages à travers le projet PROACT1 financé par l’Union Européenne

L'enfant sourit, il a mangé
20/03/2020

 Le système d’épargne et de crédit, un des piliers de l’approche « Caisse de résilience-CdR » de la FAO dans le cadre du projet « Appui à l’amélioration des capacités de résilience des populations vulnérables les plus affectées par les effets de la crise multifactorielle au Burundi » (PRO-ACT 1) financé par l’Union Européenne démarré en 2016 et étendu jusqu’en 2019 a eu un effet positif sur les conditions nutritionnelles des bénéficiaires réunis dans les Organisations de producteurs. 

Le projet PRO-ACT avait comme objectif de contribuer à la réintégration socio-économique des populations affectées par la crise multifactorielle à travers l’amélioration durable de la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens d’existence de Kirundo (Busoni et Bugabira), Muyinga (Mwakiro et Butihinda), Karuzi (Buhiga et Bugenyuzi), Rutana (Bukemba et Giharo) et Makamba (Kayogoro et Nyanza Lac). Ces provinces avaient enregistré une malnutrition inquiétante et de grands mouvements de migration. En effet, selon l’enquête EDS 2016/17 (Enquête Démographique et de Santé) la province de Makamba enregistrait 52% de taux de malnutrition, Rutana 49%, Karusi  62%, Muyinga  65% et Kirundo  62% sur une moyenne nationale de 56%. Un expert en nutrion à la FAO Burundi indique que des données qualitatives montrent que la tendance est allée  à l’amélioration de l’état nutritionnel des populations appuyées dans le cadre du projet.

Les Caisses de résilience, une approche intégrée

La CdR est une approche participative et intégrée, centrée sur la communauté, qui combine des activités techniques, financières et sociales, de manière à se renforcer mutuellement. Mise en œuvre par de petits groupes d’une trentaine de membres, ayant les mêmes préoccupations et conditions de vie, l’approche CdR est basée sur trois piliers. Il s’agit du pilier technique à travers l’approche Champs Ecoles Paysans (CEP) qui capitalise l’expertise individuelle et collective. Au niveau de ce pilier, les membres du groupe renforcent leurs connaissances, compétences et capacités afin de mieux comprendre leur agroécosystème. Ceci leur permet d’adapter et modifier leurs pratiques culturales pour récolter des produits de meilleure qualité en plus grande quantité, au travers d’une gestion durable de leur environnement. Le pilier financier fonctionne sur base de l’approche Village Savings and Loans (VSLA en anglais) ou ou Associations Villageoises d’Epargne et Crédit (AVEC en français). Dans ce pilier, le groupe de bénéficiaires développe les connaissances pratiques et les compétences nécessaires pour constituer et gérer un « fonds d'épargne et de crédit ». Il investit dans des pratiques lucratives et/ou renforcer les bonnes pratiques dégagées de la composante technique en diversifiant les sources de revenus en accumulant des avoirs productifs. Le pilier social est quant à lui, opérationnalisé avec l’approche Clubs d’Ecoute Communautaire (CEC) à travers lesquels les membres du groupe sont formés et accompagnés pour discuter et aborder les problèmes sociaux considérés comme prioritaires afin d’identifier et adopter des solutions adaptées au groupe et à toute la communauté, cela pour renforcer la cohésion sociale et la solidarité.

 Des dépenses alimentaires réduites et une disponibilité grandissante des aliments

Le projet PROACT1 a permis aux ménages de réduire le pourcentage de l’argent affecté à l’achat des aliments. Une étude sur l’impact des systèmes d’épargnée de crédit sur les niveaux de nutrition des bénéficiaires indique que la part des dépenses affectées à l’achat des aliments diminue de plus en plus  « Une étude réalisée par notre organisation montre que 66% des ménages affectent seulement 25% des dépenses globales dans l’alimentation et sont donc en sécurité alimentaire grâce au projet, ils produisent plus d’aliments par rapport aux années antérieuresCela est dû à l’effet du Système d’Epargne et de Crédit Communautaire à travers l’acquisition des intrants de qualité », souligne le Représentant de la FAO au Burundi.

Grâce au PROACT 1, les bénéficiaires ont un accès accru à la nourriture. Selon M. Obama , les adultes peuvent au moins consommer deux repas par jour. Cela est notamment dû à l’augmentation de la production obtenue grâce au projet. Le projet a offert aux bénéficiaires des intrants en semences améliorées, en engrais chimique et leur a initié aux techniques agricoles améliorées.  Les bénéficiaires des localités de Busoni, Bugabira et Kirundo notamment membres des OP/AF ont pu bien gérer la période de soudure et s’adapter aux aléas climatiques tel que la sècheresse grâce au Système d’Eparne et de Crédit Communautaire.  Pendant la saison agricole 2019A, certains habitants ont quitté leurs domiciles suite aux déficits hydriques enregistrés dans leur milieu. Cependant aucun membre des OP/AF encadré à travers l’approche CdR n’a fui démontrant ainsi leur capacité de résilience.  

Grâce à l’accès facile aux crédits et aux investissements à travers l’approche VSLA, les bénéficiaires de ce projet ont investi dans des secteurs diversifiés dont le gros et petit élevage, les parcelles culturales, les machines à coudre, boutiques de vente des biens de première nécessité, boutiques d’intrants agricoles. « Certains de nos bénéficiaires appuyés par le PROACT 1 affirment avoir acheté des vaches sans citer le petit bétail qui leur ont permis d’augmenter la production et la situation nutritionnelle. Cet élevage leur permet aussi d’améliorer leurs revenus mensuels et pratiquer du commerce », indique le Représentant de la FAO ajoutant qu’ils ont même construit des maisons en matériaux durables, des motos.  Ces bénéficiaires achètent des terres et subviennent à nombreuses autres besoins. Ils ont diversifié leurs sources de revenus notamment en se lançant dans le commerce de produits agricoles. En pratiquant le maraichage, ils vendent des légumes et obtiennent des revenus permettant de subvenir à nombreux besoins.

Une alimentation diversifiée

Le projet PRO-ACT a grandement contribué à la diversification alimentaire. « D’après notre étude sur l’impact nutritionnel du projet, seul 21.6 pourcent des ménages diversifient peu leurs aliments. L’éducation nutritionnelle pour une alimentation saine et équilibrée est tributaire de cette heureuse situation. Cette diversification est manifeste au sein des Associations Villageoises d’Epargne et de Crédit (AVEC) souligne M. Obama ». Pour lui, le petit commerce et l’élevage sont des domaines ayant caractérisé cette diversification, L’augmentation de la diversité alimentaire est associée au statut socio-économique ainsi que la sécurité alimentaire des ménages. Elle est aussi liée à l’adhésion au système d’épargne et de crédit.   Parlant toujours de l’impact des AVEC sur la nutrition, M. Obama précise que 80 pourcent des ménages bénéficiaires adoptent une diversification alimentaire acceptable. Il souligne néanmoins qu’il sera nécessaire de continuer l’éduction nutritionnelle pour l’adoption de bonnes pratiques alimentaires et nutritionnelles, indique M. Obama.

Une stratégie d’adaptation alimentaire viable et revenus rentabilisées

Grâce au système de crédit et d’épargne initié par le projet, les ménages adoptent des stratégies d’adaptation les moins sévères. En effet, ces ménages ont recours aux stratégies de maintien d’accès aux aliments. « Notre étude sur l’impact sur l’état nutritionnel indique bien que 79,2 % des ménages consomment les aliments les moins préférés et réduisent les quantités consommées en temps de pénurie. », précise le Représentant de la FAO au Burundi. D’après lui, ces ménages adoptent ce choix pour éviter de limiter la quantité des aliments à consommer. « Seuls 22,8 pourcent des ménages bénéficiaires limitent la quantité de nourriture consommée au cours des repas. », ajoute M. Obama. 

Cette autorité indique aussi que l’amélioration de la situation nutritionnelle par le projet est également caractérisée par une bonne hygiène au sein des ménages bénéficiaires. Citant l’étude d’impact nutritionnel du PROACT 1, près de 60% de ces ménages utilisent des latrines améliorées.