FAO au Burundi

Le projet LATAFIMA pour une gestion durable

© FAO Burundi / Patrice Brizard – Le projet de la FAO de Gestion de la pêche sur le lac Tanganyika « LATAFIMA » vise à améliorer et contribuer à une croissance économique équitable par la promotion d’une pêche durable sur le lac, et à terme à la réduction, voire l’éradication de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.
07/12/2020

Ce jeudi 03 décembre 2020 a eu lieu la cérémonie de lancement officiel du nouveau projet de la FAO « LATAFIMA » de Gestion de la Pêche sur le Lac Tanganyika.  Celui-ci est mis en œuvre en partenariat avec l’Autorité du lac Tanganyika (ALT) et financé à hauteur de 2 millions d’euros par l’Union européenne. Ce projet s’inscrit dans le cadre global du programme ECOFISH de promotion d’une croissance bleue en Afrique de l’Est, en Afrique australe et dans le bassin de l’Océan Indien.

L’objectif global du projet est d'améliorer et de contribuer à une croissance économique équitable par la promotion d’une pêche durable sur le lac Tanganyika grâce au renforcement des politiques et cadres institutionnels nationaux et régionaux, et à l’adoption d’une série de mesures de renforcement du système de suivi, de contrôle et de surveillance de la pêche de manière à aboutir à terme à la réduction, voire l’éradication de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée.

Le lac Tanganyika constitue la deuxième plus vaste pêcherie d’eau douce d’Afrique et la sixième plus grande réserve d’eau douce mondiale. Il est également réputé pour sa grande biodiversité, caractérisée notamment par le taux élevé d’endémicité de ses espèces animales et végétales (plus de 1500), et dont la plupart ne se trouve nulle part ailleurs au monde, si ce n’est dans le lac Tanganyika. Son potentiel actuel de production halieutique oscille autour de 120 000 tonnes de poissons par an. Cependant, même si le lac jouit d’une grande biodiversité et qu’il abrite de nombreuses espèces de poissons, sa production piscicole diminue d’année en année.

De fait, le libre accès au lac, le système de pêche peu restrictif, l’utilisation d’engins de pêche illicites ou peu sélectifs, les pratiques de pêche illégales comme la pêche des poissons juvéniles n’ayant pas encore atteint leur maturité sexuelle ou la pêche dans des zones de reproduction ou de refuge contre les principaux prédateurs sont, sans être exhaustif, autant de facteurs à l’origine de la surexploitation de la ressource halieutique du lac, et partant, sont responsables de la baisse de sa productivité, en particulier en poissons pélagiques. « Les pêcheurs sont en train de tuer leur métier et la pêche sur le lac ne produit plus suffisamment, suite notamment à la pêche illicite qui utilise des engins destructeurs des alevins et des larves », a souligné M. Jean Marie Nibirantije, Secrétaire exécutifde l’Autorité du lac Tanganyika (ALT). « Le projet mettra en œuvre un système de suivi, de contrôle et de surveillance pour empêcher la pêche des poissons immatures, préserver la durabilité des stocks et augmenter la production du lac », a-t-il ajouté.

 D’autres facteurs sont à prendre en compte, tels que les mesures inappropriées de gestion des pêches et la faible participation de l’ensemble des parties prenantes à leur gestion, ou le manque d’harmonisation et de coordination du système de gestion des pêches, tant aux niveaux, national que régional. Ainsi, le partage du lac entre le Burundi, la RD Congo, la Tanzanie et la Zambie, accentue encore les menaces qui pèsent sur sa biodiversité. Le partage transfrontalier de la ressource halieutique et sa bonne gestion nécessitent en effet une bonne coopération régionale entre ces pays riverains du lac. L’ambassadeur délégué de l’Union européenne au Burundi, M. Claude Bochu a lui souligné que « le projet va tenir compte du facteur changement climatique qui affecte le poisson du lac Tanganyika, afin de s’y adapter. Il prévoit de faire réaliser une étude sur la quantification et la typologie du poisson pêché dans le lac, le nombre de pêcheurs œuvrant sur le lac, etc. afin d’avoir une idée de la préservation de cette ressource ».

Face à toutes ces menaces et contraintes, il est impératif de prendre des mesures appropriées afin de juguler les mauvaises pratiques de pêche sur le lac, mais aussi d’améliorer le système de gestion de la pêche lui-même ainsi que les mécanismes de collaboration entre les divers acteurs impliqués aux niveaux allant du régional à la base locale. « Il faut apprendre à bien gérer la ressource et conjuguer les efforts de tous, afin que le lac Tanganyika, qui est une vaste source biologique et donc source de vie pour les populations riveraines, ne soit pas menacé », a indiqué le Représentant résident de la FAO au Burundi, M. Isaias Angue Obama. « Il est primordial que le projet LATAFIMA mette en place les barrières qui préserveront la ressource pour les générations actuelles et à venir », a-t-il conclu.