FAO au Cameroun

L’impact du COVID-19 pourrait menacer la sécurité alimentaire au Cameroun

30/04/2020

C’est ce qui ressort de l’analyse Cadre Harmonisé présentée par Monsieur Gabriel Mbairobe, Ministre de l’agriculture et du développement rural (MINADER) au cours d’une réunion de coordination tenue le vendredi, 03 avril 2020 à Yaoundé.

 

Plusieurs facteurs compromettent la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun. Il s’agit notamment de la crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, affectant indirectement les régions du Littoral et de l’Ouest voisines, les attaques sporadiques de la secte Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord, les crises dans les pays voisins favorisant des déplacements internes et l’afflux des réfugiés aux frontières, ainsi que les ennemis naturels des cultures et les changements climatiques. A tous ces facteurs vient s’ajouter la crise sanitaire sans précédent liée à la pandémie du COVID-19 dont les effets pourraient bouleverser le système alimentaire et nutritionnel mondial.

C’est dans ce contexte particulier que le gouvernement camerounais, a procédé à l’évaluation actuelle de la situation alimentaire et nutritionnelle dans les dix (10) régions du pays. Sur facilitation des experts régionaux du Réseau de systèmes d'alerte précoce contre la famine (FEWSNET), du Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS), du Programme Alimentaire Mondial (PAM) et de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), avec l’appui de partenaires non-étatiques du gouvernement (Action contre la Faim, Solidarités International), l’objectif de cet exercice était de rassembler et s’accorder sur des données et informations pertinentes pour l’appréciation de la situation de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle ; cette base devant servir in fine à aider à la prise de décision éclairée de l’ensemble des acteurs du secteur de la sécurité alimentaire. Il s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre par la FAO, du projet d’amélioration du système d’information sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun, sur financement ECHO (Direction générale pour la protection civile et les opérations d'aide humanitaire européennes de la Commission européenne).

Cent douze experts  issus des structures techniques étatiques, des ONG nationales et internationales, ainsi que des agences des Nations Unies ont mené l’analyse des données issues d’enquêtes conjointes (MINADER, FAO, PAM, ACF) de la sécurité alimentaire conduites en février 2020 et renforcées par les données et informations de routine mises à disposition par les services décentralisés du MINADER, du Ministère de l’élevage, des pêches et industries animales (MINEPIA) et de l’Institut National de la Statistique (INS) du Cameroun. Les résultats de l’analyse Cadre Harmonisé montrent que la situation alimentaire est bonne dans dix-sept des cinquante-huit départements enquêtés et relativement acceptable dans trente-un autres. Toutefois, l’on note une dégradation dans neuf départements en phase de crise dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, affectées par la crise sociopolitique qui a poussé à l’abandon de certaines zones de production agropastorales. Selon ces prévisions, de juin à aout 2020, plus de deux millions de personnes soit 8,5% de la population totale, seront en situation de « Crise » ou «d’urgence »[1] et l’impact du COVID-19 pourrait aggraver l’insécurité alimentaire et affecter plus de 19% de la population totale du Cameroun. Aussi, la pandémie du COVID-19 pourrait impacter sur la production agricole, comme le souligne Gabriel Mbairobe, Ministre de l’agriculture et du développement rural : « les stocks des ménages seront fortement entamés dans la zone méridionale, suite à la demande grandissante des zones urbaines et péri-urbaines pendant la période de mars à mai 2020, laissant la situation préoccupante dans certains départements de l’Ouest ».

Afin de réduire les effets négatifs du COVID-19 sur la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun, l’analyse CH recommande plusieurs mesures. Il s’agit en priorité d’apporter une assistance humanitaire immédiate aux populations classées dans les phases de crise et d'urgence et de poursuivre les interventions de prévention et de gestion de la malnutrition aiguë chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes. D’autres axes concernent la surveillance et mise en œuvre d’actions ou des programmes de résilience pour les populations identifiées en phases « sous pression » et « minimum » afin de protéger leurs moyens de subsistance, ainsi que le développement d’un mécanisme d'alerte précoce axé sur la surveillance des impacts de la crise alimentaire due à COVID-19.

La FAO dans son mandat de préservation de la sécurité alimentaire, s’engage avec le soutien de ses partenaires, à appuyer le gouvernement camerounais dans le suivi de l’état de la sécurité alimentaire, afin d’en prévenir les effets.