FAO au Cameroun

La Covid-19 met à mal le secteur agricole au Cameroun

25/12/2020

Le Ministre de l’agriculture et du développement rural (MINADER), Gabriel Mbairobe, a rendu public ce mardi 15 décembre 2020, les résultats de l’analyse Cadre Harmonisé d’identification des zones à risque et des populations en insécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun.

C’était à l’occasion d’une cérémonie de restitution tenue à Yaoundé en présence des partenaires techniques et financiers engagés dans la lutte contre l'insécurité alimentaire. L’analyse Cadre Harmonisé d’octobre 2020 révèle en effet qu’un ménage actif agricole sur dix a été affecté par les effets négatifs de la pandémie COVID-19 forçant plus de 2.5 millions de personnes dans les dix régions à recourir à des stratégies d'adaptation des moyens d’existence de crise à pire, pour assurer la sécurité alimentaire au niveau des ménages. « Une situation faite de contraintes de toutes sortes, dans laquelle les systèmes agricoles et alimentaires sont davantage plus perturbés que par le passé », comme l’a relevé le MINADER Gabriel Mbairobe dans sa communication.

L’analyse Cadre Harmonisé qui s’est déroulée du 12 au 16 octobre 2020 a réuni 70 experts de la sécurité alimentaire, représentants des structures techniques de l’Etat[1], les partenaires techniques et financiers[2], les organisations de la société civile et les plateformes nationales des organisations professionnelles agro-sylvopastorales du Cameroun. Les données utilisées proviennent des résultats d’enquêtes[3] menées dans les 58 départements du pays, pour une population totale de 25,9 millions de personnes. Les analyses ont été menées par groupe/région rassemblant les analystes venant des structures étatiques et non-étatiques, à travers des travaux de groupes alternés par des sessions en plénière pour présenter le niveau d’avancement afin d’apprécier progressivement la qualité des analyses. Au terme de cinq jours, un groupe technique restreint constitué des ONG Action Contre la Faim, Première Urgence Internationale, Réseau de lutte contre la faim, de la FAO, du PAM et du MINADER a consolidé et finalisé l’analyse.

Menée dans les dix régions du Cameroun au terme de la collecte des données en septembre 2020, l’analyse de l’impact de la Covid 19 révèle que la pandémie a constitué un frein à la production d’environ 42% des actifs agricoles, occasionné une augmentation des pertes post-récoltes, provoqué la raréfaction des denrées alimentaires de base et créé l’enchérissement des prix d’achat de 3% par rapport à une situation normale. Du fait de cette situation exacerbée par la crise sociopolitique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les inondations et la crise sécuritaire due à Boko Haram dans l’Extrême-Nord et l’insécurité civile dans la région de l’Adamaoua, environ 2,7 millions de personnes sont en situation de crise ou pire entre octobre et décembre 2020. Les besoins à couvrir dans l’immédiat en matière de moyens de subsistance sont estimés à hauteur de 30 milliards de francs Cfa et sont de quatre ordres. Il s’agit d’une part de l’appui matériel et technique aux organisations de producteurs des denrées alimentaires à cycle court et la fourniture d’un soutien aux moyens de subsistance des ménages affectés. D’autre part, la surveillance de la fonctionnalité du marché, l’évaluation des stocks de denrées alimentaires et la constitution des stocks de sécurité physiques et monétaires de semences sont également à couvrir. La formulation et la mise en œuvre d’un programme national de résilience dont l’implémentation débutera dans les zones les plus touchées par l’insécurité alimentaire sont également envisagées, afin de servir de principale réponse à la situation actuelle.

La cérémonie de restitution des résultats de l’analyse Cadre Harmonisé a en outre servi de plateforme pour le lancement de l’année internationale des fruits et légumes 2021 au Cameroun. Cette dernière s'inscrit simultanément dans deux cadres d’action des Nations Unies à savoir, la Décennie d'action des Nations Unies pour la nutrition qui s’étend de 2016 à 2025 et la Décennie d’action des Nations Unies pour l'agriculture familiale qui s’étale de 2019 à 2028. Selon Dr. Athman Mravili, Représentant de la FAO au Cameroun, « cette année internationale offre une occasion exceptionnelle de sensibiliser le public au rôle important des fruits et de légumes dans la nutrition, la sécurité alimentaire et la santé humaine, ainsi que dans la réalisation des objectifs de développement durable des Nations Unies ».

Le Gouvernement et les acteurs de la sécurité alimentaire sont invités à prendre les mesures idoines pour améliorer et renforcer leur appui technique et financier en direction des populations vulnérables. Forte de son mandat, la FAO se positionne comme partenaire de choix du gouvernement camerounais dans le suivi et le maintien de la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Cameroun.



[1] MINADER, MINEPIA, MINEE, MINAT, MINSANTE, MINCOMMERCE, MINEPAT/INS

[2] PAM, FAO, ACF, Solidarités International, FEWSNET, CARE, Intersos, Réseau de Lutte Contre la Faim, AD+

[3] De l’ENSAN/PRESNAP conduite dans toutes les régions du Cameroun en Septembre 2020 et de la CFSAM faite en 2020 dans les régions du Centre, du Sud et du Littoral.