Renforcement des capacités

Renforcement des capacités dans le secteur de l'élevage en Somalie

16/08/2016

L'élevage est de loin le secteur qui contribue le plus aux moyens d'existence en Somalie, où plus de 65 pour cent de la population participe d'une façon ou d'une autre à cette activité. Le bétail et les produits d'élevage comptent pour 80 pour cent des exportations dans les années normales.

La chute du Gouvernement somalien en 1991 a entrainé un affaiblissement de l'administration publique, avec de graves répercussions pour le secteur de l'élevage.

Pendant cette période d'instabilité, les institutions de la Somalie ont souffert, notamment les instituts de formation. Il s'en est suivi un recul de la profession vétérinaire, avec peu de jeunes capables de prendre la relève.

Afin de retenir les rares vétérinaires restant dans le pays et de remédier à l'absence de débouchés dans le secteur public, la communauté internationale a appuyé la création d'associations de professionnels de l'élevage. Ces associations ont fourni aux vétérinaires la possibilité de recevoir une formation et d'offrir leurs services à titre privé.

Néanmoins, pendant cette période, les processus officiels de certification de la sécurité sanitaire des animaux exportés se sont effondrés, et la Somalie n'était plus en mesure de prouver la santé de son bétail. En conséquence, les États du Golfe, menés par l'Arabie saoudite, ont interdit en 2000 l'importation de bétail en provenance de Somalie afin d'éviter la propagation de la fièvre de la Vallée du Rift. Les conséquences ont été lourdes pour le secteur, dont la valeur des exportations annuelles s'élevait alors à 200 millions USD.

Restauration des services et des institutions en Somalie

La FAO a collaboré avec plusieurs partenaires pour renforcer les services vétérinaires dans le pays, reconstruire ses systèmes et ses institutions, et rétablir la confiance internationale à l'égard de la Somalie en tant qu'exportateur de bétail.

Notre approche consistait à mettre en place une stratégie à plusieurs niveaux, concentrée sur le renforcement des capacités au niveau institutionnel et au niveau individuel, afin de créer un environnement capable, progressivement, de restaurer la crédibilité de la Somalie en tant qu'exportateur de bétail.

L'un des atouts du programme était que les projets prenaient de l’ampleur au fil des ans, en tirant parti des points forts des partenaires et en laissant les projets se développer progressivement selon les possibilités offertes.

École vétérinaire technique de l'IGAD à Sheikh

En 2001, Terra Nuova, en partenariat avec le Bureau interafricain pour les ressources animales (BIRA) de l'Union africaine (UA), a mis en place au Somaliland un institut de formation financé par l'UE, intitulé École vétérinaire technique de Sheikh. (Cet institut a été ensuite repris par l'IGAD et renommé comme indiqué ci-dessus ou encore EVTIS). Afin d'assurer la qualité et la reconnaissance de l'enseignement, l'école a noué un partenariat étroit avec l'Université de Makerere, l'une des meilleures universités en Afrique, qui a fourni un soutien universitaire et une assurance qualité.

La FAO a appuyé ce processus en finançant la formation professionnelle de courte durée et continue des élèves de l'école.

Le but de l'EVTIS était de créer une instance où de jeunes professionnels pourraient acquérir une qualification de vétérinaire. Les premières activités de formation ont commencé en 2004 et les premiers diplômes décernés en 2007. L'EVTIS continue de croître, et compte déjà plus de 130 diplômés, avec un taux d'emploi de 85 pour cent. Ses diplômés sont reconnus dans toute la région et les diplômes sont certifiés par le même organe de certification que celui de l'Université de Makerere en Ouganda.

Éléments essentiels du renforcement des capacités de l'EVTIS

Accords de jumelage

L'EVTIS a conclu des accords de jumelage avec l'Université de Makerere. Cette dernière a collaboré à l'élaboration des cours et des programmes de l'EVTIS, et continue de siéger à son conseil d'administration, aux côtés de l'Université de Nairobi et de l'Université de Mekele (Éthiopie).

Bibliothèque en ligne

L'EVTIS a ouvert la voie en élaborant l'une des premières bibliothèque en ligne de l'Afrique. Elle est activée par une connexion internet à haute vitesse, ce qui offre aux étudiants un accès permanent à des sources de documentation à jour pour leurs recherches.

Programme de lutte contre les maladies

Parallèlement, et en collaboration avec les associations de professionnels de l'élevage en Somalie, la FAO et ses partenaires ont mis en place un programme de lutte contre les maladies dans l'ensemble du pays, afin de garantir que les animaux étaient en bonne santé et remplissaient les conditions requises pour être exportés. Ce programme comportait deux volets: un programme de surveillance de la fièvre de la Vallée du Rift, et par la suite, un programme de vaccination à grande échelle contre la peste des petits ruminants.

Le programme de vaccination était réalisé au départ par les Gouvernements du Somaliland et du Puntland. La FAO a renforcé les capacités du ministère de l'élevage et, grâce, à une formation rigoureuse et à un soutien technique constant, le ministère a su mener à termes toutes les étapes du programme. Compte tenu de son efficacité, le programme devait être reproduit dans d'autres parties de la Somalie.

La mise en œuvre du programme de lutte contre les maladies selon ces modalités a permis de garantir que les acteurs nationaux avaient la pleine maîtrise des différents programmes, ce qui a été déterminant pour la durabilité du programme.

 

Restauration des exportations de bétail de la Somalie

Au fil du temps, la Somalie a commencé à restaurer sa crédibilité en tant qu'exportateur de bétail viable, en particulier dans le nord du pays. En 2009, avec le soutien du secteur privé, des stations de quarantaine ont été créées, où les animaux étaient contrôlés avant de produire une certification officielle déclarant qu’ils étaient sûrs pour l'exportation. En 2011, l'Arabie saoudite a finalement levé son embargo sur les importations en provenance de la Somalie.

Grâce à cette approche globale du développement des capacités, le nord de la Somalie a pu rétablir des systèmes de formation qui fonctionnent, des services vétérinaires efficaces et un programme de certification, en moins d'une décennie.

La création d'une école vétérinaire a renforcé la capacité institutionnelle du pays, et dans le même temps les capacités individuelles. Le programme de lutte contre les maladies, qui a été mené avec succès par les ministères du gouvernement, a créé un fort sentiment d'appropriation nationale, tout en instaurant la confiance internationale dans les capacités institutionnelles de la Somalie. Enfin, les stations de quarantaine qui sont le fruit d'une solide coopération avec le secteur privé, ont servi à donner corps à cette confiance en la Somalie en tant qu'exportateur sûr de bétail.

Le programme de renforcement des capacités de la FAO a ainsi aidé la Somalie à restaurer progressivement l'intégrité de son secteur de l'élevage, dont les exportations connaissent depuis une croissance soutenue.

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