FAO en Côte d'Ivoire

Histoires de réussite

En Côte d’Ivoire, l’utilisation des fours modernes de la FAO a amélioré les conditions de vies des femmes transformatrices de poissons et suscité l’intérêt des pays de la sous-région.

Le jour se lève au débarcadère de Locodjoro. Micheline s’active derrière un énorme four métallique, servant au fumage de poissons. En effet, Micheline est transformatrice de poissons et vit depuis plusieurs années de la vente de poissons fumés, composés principalement de thons, de mâchoirons, de capitaines, de brochets, etc. Depuis novembre 2017, elle et son équipe exercent désormais leurs activités dans de meilleures conditions d’hygiène et de sécurité à Locodjoro, grâce aux fours modernes de la FAO par le biais de la technique dite ‘’FAO-Thiaroye de Transformation ou fours FTT, développés avec la collaboration du Ministère des Ressources animales et halieutiques en Côte d’Ivoire. Auparavant, elle travaillait au débarcadère d’Abobo-Doumé, là où le débarquement et le fumage de poissons se réalisaient dans des conditions insalubres.

Le calvaire de Micheline à Abobo-Doumé

"Sur l'ancien site, nous utilisions des fours traditionnels faits à base de fûts métalliques et de grillage qui consommaient de grandes quantités de bois; ces fours étaient disposés les uns à côté des autres, sous des hangars de fortune, dans des espaces exigus et pas propres", explique Micheline.

"Une fois fumés, les poissons ont l’aspect noirâtre et sale à cause des mélanges de graisse, de cendre et du dépôt de la fumée". poursuit-elle.

Les avantages de l'utilisation des fours FTT de la FAO 

Cette nouvelle technique de fumage fournit de nombreux avantages, notamment la réduction des risques sur la santé, l’augmentation de la sécurité sanitaire et la qualité des aliments, la réduction de l’utilisation du bois de chauffe, l’amélioration des conditions de travail et la réduction des pertes alimentaires. Le nombre de claies dans les fours FTT de la FAO permet de fumer jusqu’à 100kg de poisson en une seule fois.

"Grâce aux fours FTT de la FAO, le temps de fumage est réduit à seulement 3 à 5h par session contre 12 à 24h quand nous utilisions le four traditionnel", se réjouit Micheline.

"Avec les fours FTT de la FAO, l'exposition à la chaleur est considérablement réduite, de même que les brûlures, la fumée ainsi que la consommation de combustible. Les opérations de fumage ne constituent plus un risque pour la santé de nos yeux, ni de notre système respiratoire", rajoute Micheline, tout en rappelant le gain de temps qui leur permet de consacrer davantage de temps à leurs fonctions de mère et d’épouse : " D’autres femmes témoignent qu’elles ont retrouvé l’estime de soi et l’harmonie dans leur couple, réduisant par conséquent les conflits conjugaux" conclut Micheline.

En dehors du fumage de poisson, Micheline et son équipe réalisent des produits à valeur ajoutée, à base de poisson, comme les saucisses, les croquettes et farcis de poisson. Pour une meilleure gestion de leur comptabilité, Micheline et son équipe tiennent un registre des comptes qui précise l’organisation structurelle de leur coopérative et les chiffres relatifs à leurs activités. Ces femmes ont développé sur le site d’autres activités leur permettant d’augmenter leurs revenus, comme la fabrication de glace, ainsi que le développement des activités génératrices de revenus.

L’intérêt suscité par les Fours FTT de la Côte d’Ivoire?

Les résultats encourageants de l’utilisation des fours FAO ont favorisé la construction d’autres fours par le Ministère des Ressources animales et suscité l’intérêt de partenaires techniques et financiers, ainsi que de certains conseils régionaux.

Ces résultats ont également suscité l'intérêt de groupes de professionnels du secteur de la pêche du Ghana et du Burkina Faso, venus en voyage d'études et de partage d'expérience avec leurs homologues de la Côte d'Ivoire. Ces voyages d’études avaient principalement pour objectif de s'inspirer de l'expérience des acteurs de la pêche en Côte d'ivoire, de mieux comprendre le fonctionnement et la gestion de coopérative, de renforcer les capacités organisationnelles, et aussi apprendre les bonnes pratiques d’hygiène et de fabrication.

''Nous ne sommes pas bien organisées chez nous au Sourou. Nous n’avons pas de fours modernes tels qu’il y en a ici en Côte d’Ivoire. En plus, nous ne savions pas qu’on pouvait obtenir d’autres produits à base de poisson tels que les saucisses, croquettes et farcis de poisson. Cette expérience en Côte d’Ivoire est très enrichissante pour nous » s’exprimait Mariam Koné, présidente de la coopérative Binkadi du Sourou, du Burkina Faso, en visite le 22 août 2019, à Locodjoro avec une dizaine de femmes burkinabè, fumeuses de poissons.

Frieda Oduro, point focal du projet FMM au Ghana et chef de la délégation des femmes transformatrices au Ghana déclarait en 2016 lors d’une visite d’échanges: « Ce voyage d’étude est une véritable révélation pour notre équipe. Nous apprécions cette expérience nouvelle développée au profit des femmes transformatrices et souhaitons développer cette même pratique au Ghana».

Un nouveau projet FAO actuellement en cours au Bureau de la FAO en Côte d’Ivoire, intitulé: Initiative pêche côtière, résulte des résultats du projet pilote sur le FTT. Il vient ainsi compléter les besoins en formation de l’utilisation des équipements et aussi renforcer l’adoption de bonnes pratiques devant impacter l’économie et la vie sociale des femmes transformatrices. La vulgarisation de ces fours permettrait de résoudre le problème de chômage des jeunes, l’autonomisation financière des femmes transformatrices, tout en améliorant leur santé.