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5. EVALUATIONS

5.1 Modèles globaux de production et modèles analytiques

5.1.1 Gabon

Crevettes

Le Groupe de travail a pu appliquer un modèle de production aux données disponibles de la pêche crevettière. L'équation de la droite de décroissance de la prise par unité d'effort en fonction de l'effort est la suivante : Y = - 0.0991 × + 804 avec une corrélation significative (R = - 0.951). L'effort optimal obtenu est de l'ordre de 3 900 jours de mer correspondant à une capture de 1 628 tonnes par an. Le niveau de l'exploitation actuelle est de l'ordre de 1 629 tonnes (1964) avec un effort correspondant de 3 943 jours de mer, ce qui explique que le stock de crevette est exploité au maximum. Le modèle de production est présenté en Figure 17. Ce modèle a été établi sur une période de temps assez courte : 1980 à 1984 soit 5 années au cours desquelles l'effort et la PUE varient d'une façon limitée. L'extrapolation qui a été faite en de hors des données de base du modèle est discutable sur le plan théorique. Cependant, la stabilité actuelle des rendements observés semblent confirmer les résultats obtenus.

Figure. 14

Figure 14 : Fréquences de taille de Pseudotolithus senegalensis en 1983 (d'apres Gobert, 1985)

Figure. 15

Figure 15 : Fréquences de taille de Galeoides decadactylus en 1983 (d'après Gobert, 1985)

Figure. 16

Figure 16 : Fréquences de taille de Pseudotolithus typus en 1983 (pêche industrielle) (d'après Gobert, 1985)

Figure. 17

Figure 17 : Modè de production pour le stock de crevette gabonais (1980-1984) PUE in kg/jour de mor ; prises en tonnes et effort en jours de mer

Productivité des fonds à crevette gabonais

Le potentiel du stock de crevettes a été évalué à environ 1 600 tonnes par an.

La surface exploitée est de l'ordre de 2 780 km2 1. Cela nous permet de calculer une productivité moyenne de 0,6 t/km2 ou 2.0 t/mille carré. Ces chiffres peuvent être comparés aux potentiels calculés pour différents fonds de pêche Ouest africains (Troadec et Garcia, 1979).

Sans être les plus faibles (Saint-Louis au Sénégal 1,6 t/mille carré, Côte d'Ivoire 1,4 t/mille carré), ces chiffres ne sont pas particulièrement élevés : Sierra Leone-Libéria 4,5 tonnes par mille carré, Roxo-Bissagos 3 à 5 tonnes par mille carré (d'après Lhomme, en préparation).

Rendements en crevettes

Il faut noter que les rendements moyens annuels des crevettiers gabonais semblent élevés (413 kg/jour de mer en 1984) en comparaison des rendements observés dans d'autres pays pour ces crevettiers du même type.

Par exemple au Sénégal, le rendement moyen des crevettiers sur le fond de pêche de Roxo-Bissagos n'est que de 214 kg/jour de mer en 1984 (Lhomme, en préparation).

Seule une étude économique des comptes d'exploitation permettrait de déterminer si, compte tenu des conditions locales, ces rendements se traduisent par une forte rentabilité des bateaux.

Poissons

A défaut de données sur l'effort de pêche chalutière avant 1983, le Groupe n'a pas pu évaluer les stocks des poissons démersaux à partir des données statistiques disponibles.

5.1.2 Congo

L'évaluation des stocks démersaux congolais a été effectuée par Gobert, (voir Annexe 5). A partir des données fournies par une société de pêche congolaise il a pu standardiser l'effort de pêche et extrapoler à toute la flottille chalutière congolaise. Deux modèles ont été appliqués aux données. La production maximale équilibrée a été déterminée : elle est de l'ordre de 4 800 tonnes avec un effort optimal correspondant de 1 500 jours de mer selon le modèle linéaire et entre 1 500 et 2 200 jours selon le modèle exponentiel. L'effort exercé en 1984 (2 279 jours) se situe donc nettement au delà de l'optimum du modèle linéaire et à la limite supérieure de l'intervalle optimal du modèle exponentiel. Depuis 1980, les prises restent comprises entre 4 500 et 5 000 tonnes, à l'exception de 1980 où 5 000 tonnes ont été débarquées. Le modèle de production est présenté à la Figure 6 de l'Annexe 5.

1 D'après SCET (1980) en ne tenant pas compte de la zone la moins productive

Des prises totales du même ordre de grandeur qu'en 1984 pourraient être obtenues avec un effort réduit de moitié soit 1 500 jours de mer standard au lieu de 3 000.

La discussion concernant la validité de la méthode employée et ses imitations ne sera pas reprise ici.

5.2 Résultats des campagnes de prospection

Les eaux gabonaises et congolaises ont été prospectées par plusieurs bateaux de recherche. Un résumé des expéditions scientifiques et des campagnes de chalutage est présenté au Tableau 16 (Van der Knaap, 1985a). Le chalutier OMBANGO a effectué une campagne de prospection en 1960 (Rossignol et al., 1960). Une densité de poisson de 2,7 tonnes par mille carré a été trouvée. En 1963 et 1964 le chalutier THIERRY a opéré dans les eaux du Gabon et du Congo pendant le “Guinean Trawling Survey” (Williams, 1968). Des densités de poisson de 12 et 24 tonnes respectivement par mille marin carré ont été enregistrées. Lors de la campagne du N/O FIOLENT en 1976, la biomasse des stocks de poissons démersaux commerciaux dans les eaux congolaises a été estimée à 36 000 tonnes. Des densités moyennes en poisson entre 19,6 et 42,1 tonnes par mille carré ont été calculées. Pendant la campagne du N/O DR. FRIDTJOF NANSEN en 1981 (Strømme et al., 1983), la biomasse en ressources démersales sur les plateaux continentaux de la Guinée Equatoriale, du Gabon et du Congo a été estimée à 130 000 tonnes. Les eaux peu profondes n'ont pas été prospectées. Les familles de poisson dominantes dans les coups de chalut étaient celles des Sparidae, Carangidae et Lutjanidae. En 1982, une campagne espagnole a été effectuée à bord du bateau GARCIA DEL CID. Aucune estimation de la biomasse n'a été faite, bien que des rendements aient été rapportés. Pendant cette campagne les rendements moyens suivants ont été obtenus : Sepia officinalis hierredda 8,1 kg/h, Sepia spp. 5,4 kg/h, Illex coindetti 15,1 kg/h, crustaces 2,1 kg/h, sparidés 108,3 kg/h (Delgado de Molina y Santana, 1985 ; Delgado de Molina et al., 1982).

Pendant les campagnes CEE 1 et CEE 2 par les N/O ANDRE NIZERY et CAPRICORNE (SGTE/ORSTOM, 1983), la production maximale é quilibrée (PME) des stocks de Sciaenidae (Pseudotolithus spp.) a été estimée à 50 000 tonnes par an pour les plateaux continentaux du Congo et du Gabon. Les PME des dorades, lutjans, mérous, pageots et pagres a été estimée à 7 000 tonnes par an.

Le bateau DR. FRIDTJOF NANSEN a effectué à ce jour trois campagnes de prospection sur une série de quatre prévues en 1985. Ces campagnes font partie du Programme PNUD/FAO GLO/82/001. La biomasse en ressources démersales dans les eaux congolaises et gabonaises au mois de mars a été estimée à 125 000 tonnes en utilisant la méthode de la surface balayée. Les principales espèces dans les traits de chaluts étaient Dentex spp., Sparus spp., Pagellus bellottii, Epinephelus aeneus et Pseudotolithus senegalensis. Au mois de juin la biomasse démersale estimée était de l'ordre de 160 000 tonnes. Les mêmes espèces dominantes que pendant la première campagne ont été rencontrées. En septembre la biomasse des stocks démersaux était de l'ordre de 125 000 tonnes. Lors de cette campagne une prise de 34 kg/h de Parapenaeus longirostris a été enregistrée sur la pente continentale congolaise à 250 m de profondeur. En mars un stocks de Balistes capriscus de l'ordre de 52 000 tonnes a été trouvé dans la zone entre la Guinée Equatoriale et Port-Gentil, tandis qu'en septembre aucune trace de ce stock n'a été retrouvée. Cependant, un stock de balistes de l'ordre de 15 à 20 000 tonnes a été rencontré dans les eaux congolaises lors de la troisième campagne au mois de septembre.

Le chalutier pêche arrière DAE SUNG No. 6 a effectué une campagne de pêche lors du deuxième semestre de 1984 dans les eaux du Gabon. Pendant les 160 jours de pêche 787,4 tonnes (4,74 tonnes par jour) de poisson ont été capturées, dont 82% de dorades (Interburgo, 1985).

Remarque

Les évaluations décrites pour différentes campagnes de prospection concernent la biomasse des stocks et non le potentiel exploitable annuellement qui est beaucoup plus faible.

D'autre part le caractère isolé de ces campagnes ne permet souvent pas la généralisation des résultats observés à un cycle annuel.

Ces prospections ont de plus porté sur des secteurs ne correspondant pas forcément aux fonds de pêche actuellement exploités par la pêche industrielle.


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