RAPPORT DE PECHE ET DE RECHERCHES SUR LES RESSOURCES DEMERSALES COTIERES
DE LA REPUBLIQUE POPULAIRE DU CONGO
1978–1984
par
P. M'Fina
Centre ORSTOM de Pointe Noire
1. DESCRIPTION DE LA PECHERIE
1.1 La pêcherie industrielle
1.1.1 Les bateaux
Les bateaux qui ont pêché ces dernières années dans les eaux congolaises sont des chalutiers en bois et en acier dont :
3 chalutiers de 160–210 CV et 17–18 m de long
5 chalutiers de 330–400 CV et 24–25 m de long
5 chalutiers de 575–600 CV et 27–30 m de long
C'est une vieille flotte qui embarque de la glace avec 10 à 17 hommes d'équipage par bateau et pêche par le côté sauf deux chalutiers de 585 CV de construction toute récente qui pêchent par l'arrière.
1.1.2 Les engins de pêche
Les engins de pêche utilisés sont des chaluts de fond en nylon d'une longueur moyenne de 20 m de corde de dos. La dimension moyenne des mailles des culs de chalut est de 40 mm (maille étirée).
1.2 La pêche artisanale
1.2.1 Les pirogues
Trois types de pirogues sont utilisés par les pêcheurs artisans au Congo :
la pirogue congolaise à rame, taillée dans un trono d'arbre, propulsée par 1 ou 2 personnes. Les dimensions moyennes sont les suivantes :
longueur | 5,91 m |
largeur | 0,72 m |
hauteur | 0,44 m |
la pirogue congolaise à moteur avec 2 à 3 hommes à bord se distingue de la première par la présence d'un tableau arrière rapporté et par ses dimensions moyennes plus importantes :
longueur | 6,46 m |
largeur | 0,81 m |
hauteur | 0,51 m |
la pirogue de type popoh, importée du Ghana par les Béninois. Elle est motorisée en hors-bord de 25 CV. L'équipage est composé de 4 à 7 pêcheurs ; ses dimensions moyennes sont :
longueur | 11,35 m |
largeur | 1,52 m |
hauteur | 0,82 m |
1.2.2 Les engins de pêche
Les engins de pêche utilisés en pêche artisanale pour l'exploitation des ressources démersales, sont de trois types :
Les filets dormants de fond
Ces filets sont caractérisés par un fil en nylon plus fort, une chute plus faible (en général inférieur à 2 m, parfois jusqu'à 6–7 m). On trouve des filets à petites mailles de 40 à 80 mm (côté de maille) et des filets à grandes mailles (supérieures à 100 mm).
Les dimensions des nappes sont toujours très variables, de 50 à 350 m. Certains filets dormants des Béninois peuvent atteindre plusieurs kilomètres de long (Gobert, 1985).
Les lignes à main
Ces lignes en nylon, sont équipées d'un plomb et de quelques hameçons, leur longueur est très variable.
Les sennes de plage
Ce sont des engins utilisés pour la capture des espèces de fond et de surface à proximité du littoral congolais. Elles sont constituées par l'emballage de deux ailes d'une cinquantaine de mètres de long à maillage variable (de 15 à 100 mm) et d'une poche profonde de plusieurs mètres constituée par des mailles de 10 à 15 mm de côté. La ralingue supérieure portant les flotteurs mesure en général une centaine de mètres, mais peut dans certains cas dépasser 200 m (Gobert, 1985).
1.3 Evolution des flottilles
1.3.1 La flottille industrielle
Le Tableau ci-dessous donne le nombre de chalutiers basés à Pointe Noire pour pratiquer la pêche de 1978 à 1984 :
PUISSANCE | 1978 | 1979 | 1980 | 1981 | 1982 | 1983 | 1984 |
---|---|---|---|---|---|---|---|
160 – 210 CV | 2 | 3 | 3 | 3 | 3 | 3 | 3 |
330 – 400 CV | 4 | 5 | 5 | 5 | 5 | 5 | 5 |
575 – 600 CV | 5 | 4 | 5 | 4 | 3 | 6 | 5 |
TOTAL | 11 | 12 | 13 | 12 | 11 | 14 | 13 |
En 1982, après la liquidation de la SICAPE (Société Italo-Congolaise de Pêche), ses deux chalutiers ont été rachetés et retapés par la SOCIMPEX (Société Congolaise d'Import et Export). La COPEMAR (Congolaise de pêche Maritime, Société d'Etat) a été créé sous les cendres de la SICAPE avec 2 chalutiers et 2 sardiniers tout neufs. Les bateaux de l'armement COTONNEC, cette année, ne sont plus en état de naviguer. Bien que l'armement d'Etat ait acquis du matériel nouveau, il n'est point à l'abri des difficultés financières.
1.3.2 La flottille artisanale
Le Tableau suivant indique l'effectif des pirogues de Pointe Noire de 1977 à 1984 :
Année | PIROGUES CONGOLAISES | PIROGUES BENINOISES | TOTAL | |
---|---|---|---|---|
à rame | à moteur | motorisées | ||
1977 | 107 | 12 | 117 | 236 |
1978 | 105 | 12 | 63 | 180 |
1979 | 138 | 13 | 60 | 211 |
1980 | 146 | 15 | 99 | 260 |
1981 | 134 | 17 | 110 | 261 |
1982 | 135 | 25 | 114 | 274 |
1983 | 139 | 32 | 119 | 290 |
1984 | 138 | 46 | 140 | 324 |
Il en ressort qu'on assiste ces derniers temps à une stagnation complète des pirogues à rame, à un développement de la pêcherie congolaise à moteur et à un retour progressif des béninois dont certains en situation irrégulière avaient été expulsés du Congo en 1977.
1.4 Zones et saisons de pêche
1.4.1 Pêche industrielle
Les chalutiers basés à Pointe Noire fréquentent les lieux de pêche suivant un rythme saisonnier assez régulier :
de janvier à avril et d'octobre à décembre (grande et petite saisons chaudes), les chalutiers pêchent tout le long du plateau continental entre les fonds de 10 à 40 m.
De mai à septembre (saison froide), les chalutiers ponténégrins exploitent les fonds de 45 à 100 m à l'Ouest de la zone de Pointe Banda-Pointe Noire.
Actuellement, on peut considérer que la pêche ne se pratique que dans la zone congolaise car les accords de pêche avec le Gabon sont en cours de négociation. Par contre, les bateaux congolais sont autorisés de pêcher en Angola depuis un an, mais la distance, la limite de la zone de pêche, le chalutage interdit dans les eaux territoriales du Zaïre, font que les fonds angolais sont moins prospectés par la flottile congolaise.
1.4.2 Pêche artisanale
Comme pour la pêche industrielle, l'ensemble des activités de la pêche artisanale est marqué par l'alternance saisonnière des masses d'eau.
Les pirogues propulsées à la pagaie, ont un rayon d'action limité à quelques 3 ou 4 milles de la côte. Elles peuvent atteindre les fonds de 50 mètres surtout en saison froide.
Par contre, les grandes pirogues à moteur fréquentent le plus souvent la zone (0–75 m) comprise entre Djieno au Sud et Bas-Kouilou au Nord de Pointe Noire. Mais, quelquefois, elles vont plus loin que Bas-Kouilou jusqu'à une quinzaine de milles de Pointe Noire notamment en saison chaude.
1.5 Espèces cibles et captures annexes
Les chalutiers et artisans exploitent de façon complémentaire les ressources démersales du plateau continental congolais.
1.5.1 Pêche industrielle
La composition des espèces cibles dans les captures diffère suivant les saisons et les lieux de pêche :
sur la bande côtière de fonds sablo-vaseux de 10 à 40m, en saison chaude, les poissons les plus représentés sont les bars (Pseudotolithus spp.), les capitaines (Galeoides decadactylus), les soles (Cynoglossus spp.) et les mâchoirons (Arius spp.).
Sur les fonds de 50 à 100 m, en saison froide, est pêché le plus de la population de dorades roses (Dentex angolensis). Les chalutiers y capturent aussi des mérous (Epinephelus spp.), de grosses carpes rouges (Lutjanus spp.), des congres (Cynoponticus ferox) et des raies (Raja miraletus).
1.5.2 Pêche artisanale
Le choix de l'espèce cible en pêche artisanale se détermine selon les méthodes utilisées :
Filet maillants de fond
Les espèces les plus recherchées sont les bars, les mâchoirons et les crustacés (langoustes et crabes).
Lignes à main
Les lignes capturent des congres, mâchoirons, bars et courbines (Argyrosomus hololepidatus). Certaines de ces espèces peuvent aussi bien être pêchées au filet de surface qu'à la ligne surtout à Matambi (Gobert, 1985).
Senne de plage
Les prises sont constituées de juvéniles de nombreuses espèces, et de ceintures (Trichiurus lepturus), parfois de bars.
1.6 La flottille étrangère
Seuls les crevettiers espagnols ont des licences de pêche dans la ZEE congolaise. Leurs prises ne sont pas connues. Cependant les quantités de crevettes transbordées dans le port de Pointe Noire sont indiquées en Annexe au Tableau 1.
Cette flottille travaille dans des zones profondes, pratiquement pas fréquentées par les chalutiers nationaux.
L'espèce la plus exploitée est Parapenaeus longirostris entre les fonds de 200 à 500 m.
2. DONNEES BIOLOGIQUES
2.1 Pêche industrielle
L'état des connaissances sur les paramètres biologiques des principales espèces démersales dans la zone congolaise, est résumé dans les Tableaux 2 et 3 en Annexe.
L'inventaire des données disponibles se trouve sur le Tableau suivant :
TYPE DONNEES | NIVEAU | PERIODE |
---|---|---|
Captures | - globales | 1971–84 mensuelles par armement |
- par espèces | 1961–84 mensuelles pour 1 armement | |
Effort | - pour 1 armement | 1961–84 jour mer (330 CV - 23 m) |
P U E | - pour 1 armement | 1961–84 mensuelles |
Distributions Fréquence | - pour 1 armement | 1973–84 6 espèces démersales |
Prospections | - chalutage | radiales 1963–65, 1972–75 |
- Echointégration | Fiolent (1976), Capricorne - Niz.(19 |
Depuis sa création, le Centre ORSTOM a conduit des recherches fondamentales sur la biologie, et l'écologie de poissons d'intérêt commercial. Celles ci ont, entre autres, permis à M. Fontana de présenter des modèles de gestion rationnelle des stocks exploités par la flottille industrielle congolaise. Depuis 1981, les activités sur le terrain se limitent à :
des enquêtes hebdomadaires, au port pour relever les fréquences de tailles de Pseudotolitus typus, P. senegalensis, Galeoides decadactylus, Brachydeuterus auritus, Pteroscion peli et Pentanemus quinquarius ;
des relevés de cahiers de mareyage d'un armement type, pour noter la répartition pondérale des prises par espèce ou groupe d'espèces.
2.2 Pêche artisanale
Les données disponibles sont récapitulées dans le Tableau ci-après :
Type données | Période |
---|---|
Captures globales | 1981–82–83 |
Effort | 1981–83 nombre de sorties |
P U E | 1981–83 sortie type engins |
Distributions Fréquence | 1981–84 9 espèces démersales |
En plus des données de prise et d'effort, une fois par semaine, en quatre points de débarquement, sur un échantillonnage de pirogue sont relevés :
les fréquences de tailles d'un échantillon représentatif des espèces suivantes : Arius heudeloti, A. latiscutatus, A. gambiensis, Pseudotolithus typus, P. brachygnatus, P. senegalensis, Galeoides decadactylus, Trichiurus lepturus et Cynoponticus ferox.
Année | Nombre de bateaux immatriculés | Capture |
---|---|---|
1980 | 22 | 1.634.529 |
1981 | 4 | 910.094 |
1982 | 8 | 1.288.304 |
1983 | 8 | 1.386.072 |
1984 | 5 | 787.200 |
Source : Direction régionale de la pêche Maritime, Pointe-Noire.
ESPECES | REPRODUCTION | PREMIERE MATURITE | FECONDITE | LONGUER POIDS | CROISSANCE | MORATALITE | RECRUTEMENT | ORIGINES | |||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
k | L oo | M | F | Z | |||||||
Brachydeuterus auritus (LF) | x | x | x | x | 0,72 | 23,46 | 1,0 | x | x | x | FONTANA - BOUCHEREAU (76) |
Galeoides decadactylus (LF) | x | x | x | x | 0,16 | 47,00 | 0,3 | x | x | x | SAMBA(74),FONTANA-M'FINA(75) |
Pentanemus quinquarius (LF) | x | x | x | x | 0,48 | 26,44 | 1,0 | x | x | x | FONTANA-BARON(76) |
Pseudotolithus elongatus (LF) | x | x | x | x | 0, 30 | 47, 68 | 0, 3 | x | x | x | LE GUEN(71),FONTANA-M'FINA(75) |
Pseudotolithus senegalensis (LT) | x | x | x | x | 0,35 | 57,70 | 0,3 | x | x | x | TROADEC(71)FONTANA-M'FINA(75) |
Pseudotolithus typus (LT) | x | x | x | x | 0,16 | 89,73 | 0,3 | x | x | x | POINSARD(73)FONTANA-M'FINA(75) |
Pterosoion peli (LT) | x | x | x | x | 0,71 | 24,95 | 1,0 | x | x | x | FONTANA-BARON (1976) |
ESPECES | FACTEUR B | AUTEURS |
---|---|---|
Ilisha africana | 2,6 | RAUDIN-LAURENCIEN (1967) |
Pentanemus quinquarius | 3,1 | " |
Pseudotolithus senegalensis | 3,6 | " |
Pteroscion peli | 2,4 | " |
Cynoglossus spp. | 4,6 | " |
Arius spp. | 2, 49 | FONTANA-M'FINA (1974) |
Dentex angolensis | 2,16 | " |
Cynoglossus canariensis | 4,60 | " |
Brachydeuterus auritus | 2,50 | " |
Pteroscion peli | 2,59 | " |
Pentanemus quinquarius | 2,60 | " |
Pseudotolithus typus | 4,08 | " |
Pseudotolithus senegalensis | 3,72 | " |
Pseudotolithus elongatus | 3,54 | " |
Galeoides decadactylus | 2,68 | " |