Page précédenteTable des matièresPage suivante


8

Lutte intégrée contre les insectes ravageurs

PRINCIPAUX INSECTES RAVAGEURS

Le riz pluvial est dévoré par tous les insectes ravageurs du riz à l'exception des insectes les plus aquatiques comme les mouches du riz, les chenilles à fourreau, les charançons aquatiques, etc. L'environnement du riz pluvial est très peu favorable aux insectes qui se nourrissent de feuilles mais convient très bien aux insectes du sol. Les ravageurs qui habitent dans le sol comprennent les fourmis, les termites, les courtilières, les grillons des champs, les vers blancs et les cochenilles noires, les pucerons des racines, les cochenilles mangeuses de racines, les punaises mangeuses de racines, les faux vers fil de fer, les charançons des racines, les coléoptères des racines, les punaises des racines et les noctuelles.

D'autres groupes d'insectes passant dans le sol l'une des phases de leur cycle de vie (œuf ou pupe) sont également adaptés aux conditions de riz pluvial. Ils comprennent les diptères mineurs, les mineuses de feuilles, les scarabées des feuilles, l'hispide du riz, les chenilles légionnaires, les thrips du riz, les pucerons des tiges, les foreurs des tiges, les sautériaux et les criquets.

S'il se trouve dans les environs des rizières de bas-fonds, le riz pluvial peut également être attaqué par les insectes suivants: héspérides du riz, chenilles à corne verte, autres papillons ravageurs, tordeuses de feuilles, cécidomies du riz, cicadelles et delphacides.

Les punaises alydes et les pentatomes endommagent les semences.

Au cours d'une année donnée, certaines espèces d'insectes peuvent faire des dégâts importants, mais aucun ravageur ne constitue un problème grave chaque année dans la riziculture pluviale.

Fourmis

L'environnement du riz pluvial convient parfaitement aux fourmis du fait de l'absence de submersion. Les dégâts des fourmis se caractérisent par une implantation réduite et généralement inégale. Les fourmis voleuses de graines ont une préférence pour les semences de riz.

Les fourmis construisent de nouveaux nids dans les champs récemment labourés à une faible profondeur. Un labour avec une charrue à versoir peut les détruire. Dans la culture sans labour, les fourmis prolifèrent et détruisent les semis. En Asie, la fourmi rouge, Solenopsis geminata (Fabricius), et la fourmi moissonneuse, Messor barbarus, se nourrissent de semences de graminacées non germées mais protègent les insectes ravageurs du riz, sécréteurs de miellat, de leurs ennemis naturels. Ainsi, elles nuisent de façon indirecte aux cultures de riz. En Amérique latine, les fourmis coupeuses de feuilles, Atta spp. et Acromyrmex spp., provoquent la défoliation des plants de riz pluvial.

Termites

Les infestations de termites sont massives dans les sols profonds à texture légère et à faible teneur en humidité. En se nourrissant de racines, les termites provoquent le jaunissement des feuilles les plus anciennes, puis le flétrissement et enfin la destruction du plant. Lorsqu'ils se nourrissent des semences en germination, ils réduisent la densité des plants. La nuit, les termites sortent du sol, coupent les plantules au ras du sol, et les recouvrent de terre pour se nourrir plus tard. On peut localiser les termites par les galeries qu'ils creusent.


Nourriture des termites


Il semble que les termites soient particulièrement nuisibles en Amérique latine, où les vastes rizières sont labourées à l'aide de tracteurs et où, de ce fait, la végétation préférée des termites est éliminée. Dans ces conditions, les termites sont contraints de se nourrir des plants de riz. En Asie, les parcelles de riz pluvial sont en général de petites dimensions et les termites trouvent leurs aliments préférés en abondance en dehors de celles-ci. Dans ce genre de situation, les termites ne donnent pas la préférence au riz. Toutefois, en Afrique, les termites semblent préférer le riz et peuvent même faire des dégâts dans de petites parcelles de riz pluvial entourées de végétation pérenne.

Courtilières

Les courtilières préfèrent les sols de bas-fond, humides et à forte teneur en matière organique. Les nymphes et les adultes creusent le sol pendant la nuit et se nourrissent des racines des plants. Les dégâts sont plus prononcés aux abords de la parcelle. Les plants attaqués se flétrissent et la densité de peuplement est réduite.


Courtilière


Les grillons des champs sont attirés par les tas d'adventices retirées de la parcelle. Ils creusent des nids et des galeries souterrains, dont les entrées sont entourées de terre excavée. Les nymphes et les adultes se nourrissent de racines, bien que certaines espèces préfèrent les semences aux racines. D'autres encore se nourrissent à la base de la tige, ce qui provoque une destruction caractéristique des talles («cœurs morts»). Les plantules sont coupées au niveau du sol.

Vers blancs et cochenilles noires

Les vers blancs, ou hannetons, peuvent devenir plus abondants dans les parcelles de riz pluvial qui viennent d'être plantées après une période de jachère. Les larves sont grosses et, dans les régions tropicales, il suffit parfois de deux ou trois larves pour détruire entièrement le système racinaire d'un plant de riz adulte. Bien que des dégâts de cette importance soient rares dans le riz, si à la perte racinaire s'ajoute la sécheresse, les plants peuvent se flétrir.

Les cochenilles noires sont plus nuisibles pour les jeunes plants de riz avec un système racinaire peu étendu. Dans les parcelles non irriguées, les larves se nourrissent de matière organique morte, et non de riz. Les adultes peuvent également fouir le sol et se nourrir à la base des tiges du riz, ce qui provoque le phénomène de panicules blanches.

Pucerons des racines

Les populations de pucerons se multiplient plus facilement dans les sols à texture légère avec un taux élevé de percolation. La présence de pucerons de racines est associée à celle de fourmis éleveuses comme Pheidole, Crematogaster, Tetramorium, Lasius, Tapinoma. Les dégâts dus au puceron des racines se caractérisent par un retard dans les stades de végétation et reproduction. Lorsque l'infestation est importante, le plant de riz jaunit, se développe mal et finit par se flétrir.

Cochenilles se nourrissant de racines

Les cochenilles se nourrissant de racines demeurent volontiers dans les sols bien drainés. Leur présence est associée aux mêmes espèces de fourmis que celle des pucerons des racines. On n'a pas constaté de dégâts importants causés par ces cochenilles.

Les cochenilles ordinaires du riz (Brevennia rehi Lindinger) se nourrissent de feuillage; des dégâts ont été constatés en Inde et au Bangladesh. Les dégâts se manifestent en général par taches et se situent dans les portions élevées des parcelles au niveau irrégulier. Les nymphes et les adultes sucent la sève des tiges. La plante se développe mal, devient jaunâtre et les feuilles se courbent. Lorsque l'infestation est importante, les panicules ne sortent pas. Des buttes entières de riz peuvent sécher.

Charençon des racines

Les charençons des racines comme les espèces Hypomeces, Donacia et Atactogaster, lorsqu'ils sont à l'état de larves, attaquent les racines du riz. Les attaques sont localisées par taches. Les adultes se nourrissent de tiges et de feuilles, ce qui indique la présence de larves sur les racines.

Coléoptères des racines

La présence de faux vers fil de fer, Gonocephalum spp., vivant dans le sol a été constatée dans des parcelles de riz pluvial. Les larves se nourrissent des racines des plantules et, la nuit, les adultes coupent les plantules au niveau du sol. En Amérique latine, les vers de racines Diabrotica ont été signalés dans le riz.

Punaises des racines

Les nymphes et les adultes des lygéides, Blissus et Caenoblissus, et la punaise brune, Scaptocoris, se nourrissent des racines des plantules de riz pluvial. Les lygéides sont plus nombreux après une période de sécheresse. Ces grands insectes peuvent détruire les plantules ou arrêter la croissance et réduire le tallage des plants plus vieux.

Noctuelles

Les larves de noctuelles restent cachées dans le sol le jour. La nuit, elles coupent les jeunes plants au niveau du sol et peuvent également se nourrir des parties supérieures du plant de riz.

Les jeunes larves de Mythimna separata (Walker) se nourrissent de feuilles, alors que les larves plus âgées se nourrissent des épillets dans la panicule, provoquant ainsi la chute de grains. Agrotis ipsilon (Hufnagel) se rencontre dans le monde entier; c'est la noctuelle la plus courante de la riziculture pluviale.

Diptères mineurs

Les mouches Atherigona spp. se rencontrent tant en Asie qu'en Afrique. Elles se nourrissent des talles du riz, ce qui provoque le «cœur mort». Accessoirement, les larves se nourrissent de talles pourrissantes, ce qui est nécessaire à leur survie. Les symptômes d'une attaque sont l'arrêt de la croissance, le retard de maturation et la lacération des feuilles. Lorsque l'infestation est importante, les plants meurent.

Le chlorops du riz, Chlorops oryzae (Matsumura) se rencontre dans les régions tempérées de l'Asie. Le riz pluvial cultivé dans les régions montagneuses du Japon et de la Chine est attaqué par la chloropide. Ses larves creusent un tunnel dans les tiges; elles sont plus nuisibles pendant le stade paniculaire.

Chenilles mineuses de feuilles


Diptères mineurs


Trois chenilles mineuses de feuilles, Pseudonapomyza asiatica (Spencer), P. spicata (Malloch) et Agromyza oryzae (Munakata) se rencontrent couramment dans le riz pluvial aux Philippines. Les larves se développent à l'intérieur de galeries creusées dans le parenchyme.

Scarabées des feuilles

Les chrysomèles et les coccinelles ont une préférence pour le riz au stade végétatif. Les adultes comme les larves grattent ou enlèvent le tissu foliaire, ce qui provoque la dessiccation du plant. Les larves de certaines espèces se nourrissent de racines. Les adultes Epitrix chaetocneme et Diabrotica spp. se nourrissent des feuilles du riz. Au Brésil, les coléoptères Oediopalpa spp. et, en Afrique, les coléoptères Chnootriba se nourrissent des feuilles du riz.

En Afrique centrale, en Afrique de l'Ouest et à Madagascar, on a signalé Dicladispa viridicyanea (Guerin) dans le riz pluvial.

Chenilles légionnaires

Après des pluies favorables suivant une longue période de sécheresse, l'attaque des espèces Spodoptera, Platysenta et Mythimna prend des proportions épidémiques. Du début du stade végétatif jusqu'à la récolte, ces larves détruisent les feuilles des rizières. L'attaque se manifeste en général par taches. Les larves se métamorphosant en nymphe dans le sol, ces ravageurs sont particulièrement nuisibles pour le riz pluvial. Pendant le jour, les larves se cachent dans les fentes du sol ou dans les feuilles mortes et, la nuit, elles grimpent sur les plants pour se nourrir. On a signalé des invasions au Ghana, à Zanzibar, en Afrique centrale, au Panama, au Brésil, en Malaisie et en Inde. La défoliation est parfois si grave qu'il ne reste plus dans les champs que la base des tiges de riz.

Thrips


Punaises noires du riz (Scotinophora lurida)



Les thrips se nourrissent des feuilles de riz et provoquent l'enroulement de celles-ci. Les feuilles enroulées constituent des cavités dans lesquelles les adultes et les nymphes sont à l'abri. Ensuite, les pointes des feuilles sèchent. Les rizières sont sensibles aux thrips au début du stade de tallage pendant les longues périodes de sécheresse, et les plants cultivés dans les sols pauvres et secs sont les plus vulnérables. Une bonne croissance végétale et l'absence de pluie augmentent les populations de thrips. En Amérique latine, Frankliniella rodeos (Pergande) se nourrit des panicules à l'intérieur de la feuille de base, ce qui rend les grains stériles.

Punaises des tiges

En Asie, Sotinophara tarsalis (Vollenhoven) et S. Scotti (Horvath), les punaises noires se nourrissent de sève qu'elles tirent des tiges du riz pluvial planté à proximité des zones forestières. En Amérique latine, le grand pentatome, Tibraca limbativentris (Stäl) fait des dégâts qui sont souvent confondus avec ceux des foreurs de tiges lépidoptères. Les punaises, les adultes commes les nymphes, prennent la sève dans les internœuds des plants de riz pluvial, ce qui provoque les phénomènes de «cœur mort» et de panicule blanche. Les punaises en se nourrissant causent des blessures qui finissent par s'infecter et tuer les talles.

Il existe plusieurs espèces de punaise du riz de diverses tailles et couleurs - celle montrée ci-dessous est très répandue. Elles se nourrissent de l'endosperme du grain de riz et sucent également la sève de la plante.


Punaise du riz


Foreurs de tiges

Tant les lépidoptères que les diptères foreurs de tiges sont présents dans le riz pluvial. Certaines espèces monophages de foreurs de tiges, comme Maliarpha separatella (Ragonot), Diopsis longicornis (Macquart), Scirpophaga incertulas (Walker) et S. innotata (Walker), peuvent causer des dégâts importants à la riziculture pluviale dans différentes parties du monde.

En Amérique latine, Elasmopalpus lignosellus (Zeller) attaque les plantules de riz. Les larves creusent des galeries dans les tiges au niveau du sol ou au-dessous, ce qui cause le phénomène de «cœur mort». Le foreur est plus abondant pendant la sécheresse et préfère les sols sableux. Sa distribution dans une parcelle dépend de la texture du sol. Un autre foreur de tiges du riz, Distraea sacchralis (Fabricius) a également été signalé.


Chenille mineuse de la tige (larve) à l'intérieur de la tige


En Asie, les foreurs les plus importants du riz pluvial sont la chenille mineuse de la tige (Scirpophaga incertulas Walker), le foreur polychrysa (Chilo polychrysus Meyrick) et la noctuelle sésamie (Sesamia inferens Walker). Toutefois, S. incertulas est la plus répandue. En Inde (Uttar Pradesh) et au Japon, la noctuelle sésamie est le foreur de tiges le plus répandu.


Chenille mineuse de la tige (adulte)


Au Kenya le principal foreur de tiges est Chilo partellus (Swinhoe). M. separatella, D. longicornis et Sesamia calamistis (Hampson) attaquent également le riz pluvial et sont particulièrement nuisibles en cas de sécheresse. En Afrique de l'Ouest, parmi les foreurs de tiges les plus importants on trouve M. separatella (Ragonot), Chilo zacconius (Bleszynski) et Diopsis thoracica (Westwood) (diopside du riz).


Mouche diopside. Les larves de Diopsis sp., foreuses de tiges, font des dégats importants en Afrique de l'Ouest


En Afrique de l'Ouest et centrale, Maliarpha sp., Sesamia calamistis et Eldana saccharina (Walker) sont les ravageurs potentiels dominants du riz pluvial.

Sautériaux et criquets

Lorsqu'ils sont en grand nombre, les criquets - Locusta spp., Patanga spp., Schistocerca spp. - peuvent détruire une rizière, ne laissant que le chaume. En nombre restreint, les criquets peuvent couper les panicules. Les périodes prolongées de sécheresse suivies de pluies abondantes favorisent la formation d'essaims de grande taille.

La plupart des criquets attaquent aussi le riz pluvial, où l'on trouve Oxya spp. et Hieroglyphus spp. Le gryllidé, Euscyrtus concinnus (de Haan), endommage les parcelles de riz pluvial aux Philippines, notamment à proximité des lacs.


Tordeuse des feuilles


Tordeuse des feuilles

Les tordeuses, qui sont présentes partout dans le monde, sont plus répandues en Asie. Elles plient la feuille et enlèvent le tissu photosynthétique. Les attaques au stade de la feuille paniculaire sont particulièrement nuisibles pour la plante. Cnaphalocrocis medinalis (Guénée) et Marasmia exiqua (Butler) sont les tordeuses des feuilles les plus courantes du riz pluvial. Aux Philippines, l'espèce la plus répandue dans les zones de culture pluviale stricte est Marasmia patnalis (Bradley). Les tordeuses prolifèrent dans les sols très fertiles et à l'ombre.

Papillons

Les héspérides, Pelopidas mathias (Fabricius) et Borbo fanta (Evans), attaquent le riz pluvial en Afrique. Au Japon, en Chine et aux Philippines, P. mathias préfère le riz pluvial. Paroara guttata (Bremer et Grey) est également répandu dans le riz pluvial en Asie.

La chenille à corne verte, Melanitis leda ismene (Cramer), est souvent très répan-due dans le riz pluvial aux Philippines.

Les adultes de ces papillons se cachent à l'ombre pendant le jour. Ces ravageurs ont en général un faible potentiel biotique et ne peuvent pas causer de dégats de grande ampleur.

Cécidomies du riz

En Thaïlande du Nord, dans une zone de culture mixte de riz pluvial et de riz aquatique, le riz pluvial, qui est semé avant le riz aquatique, parfois attaqué par la cécidomie du riz d'Asie, Orseolia oryzae (Wood-Mason), mais la population diminue par la suite. La cécidomie du riz d'Afrique, O. oryzivora (Harris et Gagné est), n'a pas de préférence pour le riz pluvial

Les larves de cécidomie, qui se nourrissent aux points de croissance apicaux provoquent, dans la formation des plantes, une structure tubulaire appelée «feuille d'argent». Ces talles ne produisent pas de panicules.

Cicadelles et delphacides

Les cicadelles et les delphacides, ayant la faculté de se disperser aisément, colonisent les parcelles de riz pluvial lorsque des zones de riz aquatique se trouvent à proximité. Nephotettix spp. est très répandue dans les parcelles de riz pluvial. On rencontre généralement dans les cultures pluviales strictes N. virescens (Distant), N. nigropictus (Stal), Nilaparvata lugens (Stal) (cicadelle brune), Sogatella furcifera (Horvath) (cicadelle à dos blanc), Recilia dorsalis (Motschulsky) et Cofana spectra (Distant). Ces insectes provoquent, lorsqu'ils se nourrissent abondamment, des brûlures caractéristiques. Elles sont rares dans la riziculture pluviale en Asie, encore que des parcelles isolées aux Philippines soient parfois brûlées par la cicadelle à dos blanc.

En Amérique latine, Sogatodes oryzicola (Muir) et S. cubanus (Crawford) transmettent le virus de la «hoja blanca» dans les zones de culture pluviale stricte de la Colombie, du Pérou et du Venezuela. S. oryzicola se rencontre dans le riz pluvial au Brésil mais la «hoja blanca» virose n'a pas été signalée.

En Afrique, on a observé que la puce terrestre (altise) Chaetocnema spp., un vecteur mineur, propage le virus de la mosaïque jaune pâle dans la riziculture pluviale.

Aphrophores

Ces punaises produisent une matière écumeuse protectrice et endommagent le riz pluvial en Amérique latine. Dans certaines parties du Brésil, où les parcelles de riz pluvial sont entourées de pâturages, l'aphrophore adulte migre dans le riz et provoque des brûlures caractéristiques sur les jeunes plants.

Punaises alydes et pentatomes

Ces punaises s'attaquent aux semences de riz pluvial. Les punaises du riz se rencontrent surtout dans les petites parcelles de riz pluvial. En Asie, Leptocorisa spp. est la plus répandue. L. acuta (Thunberg), qui pond sur les résidus végétaux, et L. solomonesis qui pond sur le sol, ont une préfèrence pour le riz pluvial.

Les punaises pentatomes sont nombreuses en Amérique latine et en Afrique dans le riz pluvial. Les punaises pentatomes ordinaires du riz pluvial aux Philippines sont Eysarcoris ventralis (Westwood) et Menida spp. Nezara viridula (Linnaeus) est présente dans le monde entier et souvent abondante dans le riz pluvial. Les dommages causés par ces espèces sont semblables à ceux de Leptocorisa spp.

LUTTE INTÉGRÉE CONTRE LES INSECTES RAVAGEURS DU RIZ PLUVIAL

On peut lutter contre les insectes ravageurs du riz pluvial de diverses façons: variétés résistantes, pratiques culturales, ennemis naturels et méthodes chimiques.

Variétés résistantes

La plupart des variétés de riz pluvial ont une maturation précoce, ce qui leur permet d'éviter la prolifération des ravageurs. Toutefois, ces mêmes variétés, semées tardivement, sont endommagées par les insectes parce qu'elles n'ont pas de vraie résistance.

Il est difficile de localiser des sources de résistance aux ravageurs des racines du riz pluvial. Des efforts sont faits pour incorporer la vigueur des plantules et la tolérance à la sécheresse dans les nouvelles variétés destinées à la riziculture pluviale. Celles-ci devraient posséder un système racinaire plus étendu qui leur permettrait de tolérer une perte plus importante de racines due aux ravageurs.

Les priorités actuelles de sélection privilégient les ravageurs de riz pluvial qui sont difficiles à maîtriser autrement. Du fait de la diversité des habitudes d'alimentation et de leur aptitude à neutraliser les substances toxiques des plantes, il faut localiser et incorporer la résistance à chaque espèce de ravageur.

Au Brésil, on a identifié des variétés tolérantes à Elasmopalpus lignosellus et résistantes à Diatraea saccharalis.

A Cuttack (Inde), les variétés de riz pluvial, Sathika, JBS 508, Mutant 57, Kesari et Vagai, se sont révélées résistantes à la punaise du riz, Leptocorisa. Sathika et Vagai ont été utilisées dans des programmes de sélection, et les cultures précoces de riz pluvial RR 50-2 et RR 19-2 ont montré une sensibilité inférieure aux punaises du riz. Les essais de l'IRRI pour trouver une résistance à la punaise du riz n'ont pas été encourageants.

Pratiques culturales

La meilleure stratégie de lutte contre les ravageurs du riz pluvial réside dans certaines pratiques culturales sûres qui, pour être efficaces, doivent être suivies dans une zone étendue. Ainsi, les agriculteurs peuvent obtenir des résultats positifs en prenant des décisions de groupe sur l'utilisation de certaines des pratiques suivantes:

Pour des raisons d'efficacité, il faut sélectionner avec soin les pratiques culturales ci-dessus pour une zone donnée et les appliquer dans une zone plus étendue. D'autres pratiques culturales, comme l'application d'engrais et le paillage, ont un effet sur les populations de certaines espèces d'insectes. Avant de prendre une décision sur les pratiques culturales, il faut examiner attentivement tous ces éléments, si l'on veut maintenir la population d'insectes ravageurs au niveau le plus bas possible.

Lutte biologique

On a constaté que différentes espèces de ravageurs, notamment dans les cultures de bas-fonds, avaient un grand nombre d'ennemis naturels, incluant des parasites, des prédateurs et des microbes. Leur comportement dans les cultures pluviales est mal connu; il est donc indispensable de combler cette lacune rapidement.

Certains agents pathogènes et parasites ont été identifiés pour les courtilières et les grillons des champs, tandis que l'introduction de parasites contre les vers blancs aux Philippines aurait permis de réduire leurs populations.

Les ennemis naturels du riz pluvial comptent un grand nombre d'espèces; ils sont très différents de ceux du riz de bas-fonds; ils sont également très différents d'un pays à l'autre. Avec ce que l'on sait aujourd'hui de ces espèces dans les situations pluviales, il faut privilégier la préservation de ces ennemis naturels en s'assurant que les insecticides, notamment les pulvérisations, soient appliqués de façon judicieuse. L'application de produits chimiques sur les semences et sur le sol réduit les risques pour les ennemis naturels.

Lutte chimique

Les insecticides sont rarement utilisés sur le riz pluvial, car ils sont trop coûteux par rapport à la faible productivité de cette culture. Toutefois, avec l'amélioration de la productivité du riz pluvial et la nécessité de contenir les épidémies, l'emploi d'insecticides peut se justifier.

Le traitement des semences est non seulement peu coûteux, mais il est également efficace pour lutter contre les diptères mineurs, les fourmis, les termites, etc. Toutefois, il est inefficace contre les vers blancs.

De la même façon, les appâts sont utilisés contre les fourmis, les diptères mineurs, les courtilières et les grillons des champs. Les appâts, imprégnés d'insecticides, peuvent être facilement préparés avec du matériel local. Les formules de pulvérisation sont également utilisées dans les cultures pluviales strictes pour lutter contre les ravageurs des feuilles.

TABLEAU 5

Pratiques de lutte chimique contre les insectes ravageurs du riz pluvial

Insectes

Moyens de lutte

Fourmis, termites, vers blancs, cochenilles noires

Traitement des semences avec carbofuran, carbosulfan, chlorpyriphos @ 0,5-1 kg/100 kg de semences

Diptères mineurs, grillons des champs, courtilières, pucerons des racines

Traitement du sol au moment de la préparation du terrain avec 20-30 kg BHC ou Aldrine 10 pour cent, poudre parathion-méthyle 3 pour cent

Héspérides du riz, tordeuses des feuilles, cécidomies de la galle, chenilles à cornes vertes, foreurs de tige, criquets, cochenilles, thrips, noctuelles

Pulvérisation foliaire avec chlorpyriphos endosulfan, dichlorvos, phosphamidon, monocrotophos @ 0,3-0,4 kg m.a./ha

Cicadelles, delphacides

Pulvérisation foliaire de carbaryl @ 0,3-0,4 kg m.a./ha dirigée sur le point d'alimentation

Punaises du riz

Poudrage de BHC 5 ou 10 pour cent @ 15-25 kg/ha le soir

Note: N'avoir recours aux produits chimiques que si les autres moyens de lutte ont échoué.

NÉMATODES

La plupart des nématodes parasites des plantes ont, dans leur cycle de vie, une phase souterraine. De ce fait, certaines des espèces de nématodes ont une préférence pour les situations de riz pluvial. Récemment, ces nématodes ont causé les plus fortes pertes de rendement dans le riz pluvial. Les nématodes qui se nourrissent de racines sont plus dangereux dans le riz pluvial, notamment le nématode à galle et le nématode à kyste.

Nématodes à galle. Meloidogyne spp. sont signalés en Inde, au Japon, en Thaïlande et en Afrique du Sud. Les feuilles des plantes attaquées changent de couleur 10 à 12 jours après l'invasion de leurs racines par ces nématodes. Les feuilles ou leurs extrémités se dessèchent ou prennent une couleur bronze à partir des bords vers la nervure centrale.

Nématode à kyste. Heterodera oryzicola a été signalé en Côte d'Ivoire, en Inde et au Japon. Les symptômes principaux d'une attaque de ces nématodes incluent un retard de croissance du plant de riz, une perte de vigueur et une chlorose des feuilles. Dans les cas graves, la sortie de l'inflorescence est retardée. Il y a une réduction du nombre des talles et du poids des grains.

Autres nématodes. Pratylenchus spp., Hoplolaimus spp. et Holicotylenchus spp. peuvent également, dans certains cas, poser des problèmes et réduire les rendements dans des champs isolés, mais les dégats importants sont rares.

Moyens de lutte

Les moyens suivants de lutte contre les nématodes se sont révélés efficaces:

Variétés résistantes et cultures exemptes

En présence de nématodes à galle, certaines variétés de riz connaissent, en Inde, une réduction de leurs populations. Ce sont: Hamsa, IR5-47-3, Manoharsali, TKM-6, CR 93-4-33, Ratna, CR 1014, CR 1046, CR 1057, Garem, Basanti, Dumai 160, Dumai 164.

On connaît un certain nombre de cultures exemptes de ces nématodes. Il est en général difficile de pratiquer la rotation des cultures dans les zones de culture pluviale stricte. Les cultures exemptes de nématodes à galle, de loin le ravageur le plus dangereux, sont les suivantes: patate douce, dolique, ricin, tournesol, soja, sésame, oignon, navet, haricot vert, jute et gombo.


Dégats causés par des rats dans une rizière


RATS

Des dommages causés au riz par les rongeurs ont été signalés dans de nombreuses parties du monde, notamment en Californie, au Guyana, en Inde, en Indonésie, en Espagne et au Viet Nam. Toutefois, il existe peu d'informations sur la nature et l'étendue des dommages en ce qui concerne le riz pluvial.



Dégats causés par les rats


Les rongeurs attaquent le riz à toutes les phases de sa croissance, des semis à la récolte. Ils déterrent et mangent les graines de riz semées, et rongent le tissu tendre, en expansion, des plantules. Sur les jeunes plants de riz, les rongeurs évitent les feuilles et se nourrissent des tiges. Ils mangent le grain depuis le moment de sa formation jusqu'à la récolte, et rongent la tige entre 5 et 15 cm au-dessus du niveau du sol.

On trouvera dans le tableau 6 les noms d'espèces de rongeurs observées dans divers pays et régions.

TABLEAU 6

Espèces de rongeurs observés dans divers pays et régions

Pays ou région

Espèces

Philippines

Rattus rattus argentiventer (rat des rizières)

Rattus exulans (rat des îles du Pacifique)

Indonésie

Rattus rattus brevicaudatus (rat du Sawash)

Thaïlande

Rattus exulans (petit rat birman)

Rattus rattus argentiventer (rat des rizières)

Rattus rattus jalorensis (néotome malais)

Inde

Bandicota bengalensis

Millardia meltada (rat d'herbe)

Leggada nagarum

Sri Lanka

Bandicota bengalensis (rat-taupe des champs)

Europe

Rattus norvegicus (surmulot)

Amérique du Nord

Myocastor coypus (coypou ou ragondin)

Ondatra zibethica (rat musqué)

Amérique du Sud

Helochilus sciureus

Afrique

Rattus (Mastomys) natalensis (rat à mamelles multiples)

La présence de rats dans une zone se remarque par les trous et les pistes qu'ils font dans et le long des diguettes qui séparent les rizières. Les invasions de rats capables de ravager des superficies importantes sont relativement rares dans les zones de culture permanente du riz.

Dans les zones récemment cultivées qui sont attaquées par les rats, on constate très souvent qu'une bande d'environ 1 m de large autour du champ de riz reste intacte. C'est pourquoi il faut pénétrer plus avant dans la rizière pour constater des dégâts.

Moyens de lutte

Les rats sont des créatures extrêmement mobiles et intelligentes, qui assimilent très vite les leçons de l'expérience. A moins d'être appliquées par la communauté tout entière, les mesures de lutte restent inefficaces. La réinfestation d'une zone après un certain temps est un phénomène courant. Les moyens de lutte, pour être efficaces, doivent soit empêcher les rats de pénétrer dans une zone, soit les exterminer.

Extermination des rats. Les rats sont exterminés dans les champs à l'aide de poisons de choc ou chroniques. Le phosphure de zinc est probablement le raticide de choc le plus utilisé. Des composés plus toxiques comme le fluoroacétate de sodium, le fluoroacétamide et le sulfate de thallium sont des produits dangereux et doivent être utilisés dans des conditions rigoureuses de sécurité.

Les raticides de choc sont en général mélangés à une céréale d'appât qui peut être du grain moulu, brisé ou entier. Le mélange est plus homogène si l'on ajoute de l'huile ou de l'eau afin que le poison adhère aux grains. Les trous sont tout d'abord bouchés pour localiser les terriers habités. Pendant trois ou quatre jours, on dépose un appât non empoisonné près des trous habités afin d'accoutumer le rat à l'appât. Celui-ci est, ensuite, remplacé par l'appât empoisonné qui tuera les rats.

On peut aussi utiliser des tablettes de phosphure d'aluminium. Une ou deux tablettes sont lancées dans chaque terrier occupé, lequel est ensuite obturé avec de la terre humide. Le traitement est répété pour chaque terrier réouvert.

On utilise également des poisons chroniques pour exterminer les rats dans les champs. Il s'agit de divers anticoagulants disponibles comme rodonticides. Warfarin, est le produit le plus connu dans ce groupe. Les anticoagulants sont commercialisés déjà mélangés à un appât de grains moulus. Ces appâts prêts à l'usage sont généralement chers. Il n'est pas nécessaire d'appâter au préalable avec les anticoagulants.

Ces anticoagulants sont placés en tas près des trous à rat, et chacun de ces tas est recouvert d'une façon ou d'une autre afin de le protéger du temps et, autant que possible, d'exclure les autres animaux. A cet effet, on utilise souvent des bambous ou des tuyaux de large section. Si les rats deviennent méfiants, il faut changer les appâts. En règle générale, après une semaine, la consommation d'appâts devrait diminuer et enfin cesser, signe que la plupart des rats de la zone ont été exterminés. Si la consommation se poursuit, c'est qu'il y a réinfestation; il faut alors remettre des appâts pendant une période plus longue.

Pièges à rat. Il est rare que les pièges soient complètement efficaces, car les rats apprennent vite à rester à l'écart de ceux-ci. Cependant, après l'utilisation de raticides, ils peuvent être utiles pour attraper ceux qui ont survécu.

Les pièges sont également plus efficaces lorsque l'aliment naturel des rats vient à manquer. Il existe toutes sortes de pièges dans différents pays.

Toutefois, avant de procéder à des actions de lutte préventive dans une zone, il est préférable de comprendre le comportement et l'écologie de l'espèce concernée, afin de décider des moyens à employer et de les appliquer effectivement sur des superficies importantes.

OISEAUX

Les oiseaux font des dégâts importants dans les cultures de riz. Les oiseaux granivores vivent en bandes nombreuses dans les régions tropicales sèches. Comme le riz est cultivé dans ces mêmes zones, le problème des oiseaux y est plus sérieux. Les espèces d'oiseaux et leurs habitudes diffèrent considérablement dans diverses parties du monde.

Afrique. Depuis peu, on considère les oiseaux comme un facteur limitant important de la


Oiseaux


production du riz pluvial. Les principaux oiseaux granivores des zones sèches sont Quelea quelea et le pinson doré, Passer luteus. Il y a probablement 50 autres espèces, ou même davantage, qui si elles ne causent pas de pertes très étendues, peuvent faire des dégats localisés importants dans des parcelles isolées de riz pluvial.

Asie tropicale. En Inde, au Myanmar et à Sri Lanka, les principales pertes dans le riz sont dues à la perruche à longue queue, Psittacula krameri. La munie à longue queue, Erythrura prasina, fait des dégâts locaux très importants dans le riz pluvial.

Aux Philippines, il y a quatre espèces d'oiseaux destructeurs du riz: Lonchura ferruginosa, L. punctulata cabanisi, Padda oryzivora et les trois moineaux, Passer montanus.

En Thaïlande, les tisserins, Ploceus spp. font des ravages dans le riz pluvial et des ressources humaines considérables sont utilisées pour les éloigner.

Amérique tropicale. Les oiseaux originaires des marais de la vallée fluviale en Arkansas endommagent le riz cultivé sur les terres bonifiées. L'oiseau le plus nuisible est le carouge à épaulettes rouges, Agelaius phoeniceus. Le molothre à tête brune, Molothrus ater, et le mainate bronzé, Quiscalus quiscula, causent également des dégâts considérables dans le riz.

Moyens de lutte

Pour lutter contre les oiseaux, les trois stratégies suivantes ont été adoptées jusqu'ici:

Les plus gros efforts de lutte contre les oiseaux ont été faits en Afrique.

En République-Unie de Tanzanie, plusieurs types d'épouvantails ont été utilisés. Après un succès initial, ces dispositifs perdent leur efficacité. Au Sénégal, des sirènes, des fumigènes, des avions volant à basse altitude et des canons à acétylène, tirant toutes les deux ou trois minutes, n'ont apporté qu'un répit provisoire.

Plusieurs opérations de grande envergure de lutte contre les oiseaux, impliquant la destruction des perchoirs, apportent une amélioration momentanée et servent de mesures de protection des cultures sur pied.

A l'échelon de l'agriculteur, il est courant d'employer des gens pour effaroucher les oiseaux, pratique qui coûte relativement cher et qui implique une action communautaire. En attendant des méthodes plus efficaces, c'est une des solutions possibles. Dans les zones où les cultures sont très endommagées sur des superficies importantes, des pulvérisations aériennes sur les perchoirs et les sites de reproduction peuvent être utiles mais sont très dangereuses pour l'environnement. Le problème est complexe et il faut poursuivre les travaux de recherche pour trouver des mesures de lutte plus acceptables.


Page précédenteDébut de pagePage suivante