Page précédente Table des matières Page suivante


2. SITUATION ACTUELLE

2.1 Introduction

La pêche des espèces de petits pélagiques joue un rôle important dans les pays riverains de l'Atlantique Centre-Est et Sud-Est et constitue une source de protéine non négligeable pour une grande partie de la population, surtout dans la région du Golfe de Guinée. En outre, ces stocks de petits pélagiques sont une source d'emploi pour des milliers de pêcheurs artisanaux qui, utilisant des pirogues à bas coût d'exploitation, approvisionnent les marchés locaux ainsi que les centres urbains dans le voisinage.

Outre les pêcheurs artisanaux, la ressource est exploitée par des flottilles semi-industrielles et industrielles. Cependant, récemment la structure d'exploitation a subi des modifications significatives au fur à mesure que les flottilles étatiques de l'ex-URSS et des autres pays de l'ancienne Europe de l'Est, qui ont joué un rôle très important dans la région, ont vu leur activité diminuer. D'autres opérateurs semi-industriels et industriels ont également dû faire face aux conditions d'exploitation de plus en plus dures avec des coûts d'opération croissants.

A la place des flottilles étrangères étatiques, il y a aujourd'hui un certain afflux des navires de pêche des anciens pays de l'Est appartenant à des armements privés, souvent opérant sous affrètement local. Cette substitution ne semble être que partielle et ces activités nouvelles sont difficiles à contrôler. II n'y a pas de système fiable pour vérifier les statistiques de captures, ni dans les pays d'origine des bateaux ni au niveau des états où ils pêchent. On peut néanmoins constater une baisse générale des opérations industrielles. Par contre, il y a une certaine augmentation des captures réalisées par la pêche artisanale.

Quant à l'état d'exploitation des stocks, le groupe de travail ad hoc sur les sardininelles et autres petits pélagiques de la zone nord du COPACE a conclu que le niveau d'exploitation, au moins en ce qui concerne les deux espèces de sardinelles, ne semble pas présenter d'inquiétude jusqu'à maintenant. Cependant, il reste certaines incertitudes sur les données et les évaluations disponibles (flux migratoires importants des sardinelles et d'autres espèces dans la région, etc.).

2.2 Cap-Vert

Malgré l'existence de ressources halieutiques non négligeables, la pêche ne représente qu'une partie mineure dans l'économie du Cap-Vert. En 1988, le secteur de pêche ne constituait que 3,6% du PIB national total, et seulement 5,7% de la population active était impliquée dans le secteur. En plus, les captures ont baissé depuis le début des années 1980, en volume total ainsi que les captures par unité d'effort. Les captures totales ne s'élèvent qu'à environ 7 400 tonnes en 1991 tandis qu'en 1981 elles avaient atteint 11 100 tonnes.

Les captures des espèces de petits pélagiques s'élevaient en moyenne pendant la période 1981–1991 à 2 000 tonnes par an, ce qui représentait 23% des captures totales de la période. Cependant, le potentiel de captures de petits pélagiques a été estimé à 10 000– 12 000 tonnes par an.

Les espèces les plus importantes sont le selar coulissou (Selar crumenopthalmus), le comète coussut (Decapterus rhonchus), la sardinelle plate (Sardinella maderensis), le comète maquereau (Decapterus punctus) et le comète Ste Hélène (D. macarellus). L'essentiel des captures est réalisé par la pêche artisanale.

Les espèces de petits pélagiques sont principalement utilisées comme appât dans la pêcherie thonière, la pêche la plus importante au Cap-Vert. Cependant, on constate une faible disponibilité en appât ce qui limite de manière importante l'efficacité de la pêcherie thonière. Le besoin total en appât a été estimé à 1 000–1 500 tonnes par an. La contrainte actuelle concerne la disponibilité et la proximité de taille appât vivant de taille appropriée, l'appât existant étant souvent trop gros.

Quant aux prix des espèces de petits pélagiques, les données disponibles sont de qualité très médiocre. Les prix varient considérablement entre les îles ainsi que dans le temps, ce qui rend l'estimation de la valeur totale des captures difficile. Cependant, quelques prix indicatifs sont présentés à l'annexe 3.

2.3 Maroc

Comme au Cap-Vert, la tendance générale du secteur de la pêche au Maroc est à la baisse. Aujourd'hui, le secteur de la pêche au Maroc, dans son activité de production, emploie environ 100 000 personnes. En outre, 100 000 personnes sont engagées dans les activités en amont et en aval. Cependant, les Marocains ne sont pas de grands consommateurs de poisson. La consommation s'élève en moyenne à 7 kg par an et par habitant. L'essentiel de la production est donc destiné à l'exportation.

La production de poisson pélagique est passée de 80 000 tonnes à 650 000 entre 1969 et 1976 pour retomber à moins de 200 000 tonnes en 1979. En 1990, le niveau de captures a de nouveau atteint 650 000tonnes mais a ensuite chuté de nouveau. Les prises s'élevaient en 1991 à quelque 380 000 tonnes et en 1992 à 350 000 tonnes. Le prix moyen au débarquement était de 1,85 DH en 1992, donnant une valeur totale des captures en 1992 de 647 500 000 DH. En 1991, le prix moyen était de 1,54 DH et la valeur totale a atteint 585 200 000 DH. Le potentiel des captures au niveau des ressources n'est pas considéré atteint. Aujourd'hui, le plafond d'exploitation est plutôt décidé par la demande du marché que par une limitation au niveau des ressources. Il y a lieu de noter la tendance au déplacement des stocks de sardines vers le sud et la hausse du coût de production.

Les sardinelles sont présentes en très petite quantité au Maroc. C'est la sardine (Sardina pilchardus) qui est l'espèce la plus importante, et elle représentait, en 1992, 82% des captures en tonnage, et 55% de sa valeur. L'anchois (Engraulis encrasicolus), par contre, representait seulement 5% des quantités débarquées en poids et 18% en valeur. Le reste est partagé par le maquereau (Scomber japonicus) et le chinchard (Trachurus spp).

Concernant la valeur des captures et les prix, il faut noter qu'il y a de grandes disparités entre les prix dans les divers ports de débarquement. Par exemple, le prix moyen du poisson pélagique à Laayoune (Atlantique) est de 0,66 DH tandis qu'à Nador (Méditerranée), il peut atteindre 6,19 DH. Cet écart énorme s'explique essentiellement par les caractères des deux marchés différents; en Méditerranée, les captures sont essentiellement destinées à la marée tandis qu'au sud le plus gros acheteur est l'industrie de transformation. Dans l'annexe 4, l'évolution du prix moyen des petits pélagiques par espèce au Maroc est présentée.

Environ 75% des captures des espèces de petits pélagiques sont 'destinées à la transformation. Il s'agit surtout de conserves de sardines et d'autres sous-produits (i.e., la farine de poisson) pour le marché d'exportation. Les marchés les plus importants sont les pays de la CEE mais aussi certains pays en Afrique de l'Ouest, notamment le Nigeria. Récemment, sur le marché européen pour les conserves de sardines, la compétition des producteurs de l'Asie a été ressentie. Les produits thaïlandais ont pris une part importante du marché lors de la turbulence créée par la libéralisation récente des prix d'exportation. Auparavant, les prix d'exportation des produits marocains étaient définis par un organisme étatique. Depuis que le nouveau vent de privatisation a commencé à souffler, une association d'industriels a pris la relève en ce qui concerne la détermination des prix.

2.4 Mauritanie

La pêcherie de petits pélagiques occupe une place importante en Mauritanie, et a jusqu'à maintenant représenté environ 70 % du tonnage et 30 % de la valeur de la totalité des captures réalisées dans la ZEE du pays. La production s'est élevée en moyenne à 245 000 tonnes de produits finis (congelés, farine et huile) par an. Cependant, ces quantités sont depuis peu en baisse.

Les espèces les plus importantes sont les chinchards (Trachurus trecae et Trachurus spp.) et le maquereau (Scomber japonicus). La Mauritanie a détenu une position dominante pour le chinchard T.trecae avec probablement plus de 50 % de la production mondiale. En outre, il paraît que la Mauritanie a également eu 14 % du marché mondial des deux espèces de sardinelles (Sardinella aurita et Sardinella maderensis).

La pêche artisanale est très peu développée. Moins de 1 % des débarquements de petits pélagiques provient de cette pêcherie dont les espèces principales sont les sardinelles (Sardinella aurita et Sardinella maderensis). L'exploitation est surtout assurée par des flottilles industrielles étrangères.

Cependant, la pérennité de la pêcherie sous sa forme actuelle est douteuse. L'état général des stocks est satisfaisant, mais la pêcherie a été jusqu'à récemment, et effectivement presque en totalité, le fait des flottilles des pays de l'ex-URSS et d'autres nations de l'Europe de l'Est. Cette structure d'exploitation est actuellement en pleine transformation. Les flottilles originaires d'autres pays, e.g., Cuba, Irak et Nigeria ainsi que la société internationale INTERPECHE, ont déjà diminué leur activité pendant les années 1980.

L'annexe 5 montre l'évolution de 1979 à 1991 des captures des flottilles étrangères les plus importantes. On peut constater qu'en 1991, la Roumanie et l'ex-URSS ont toujours eu une présence significative tandis que le groupement “d'autres flottilles”, y inclus l'ex-RDA, n'opère plus à partir de 1988. Cependant, à la fin de l'année 1992, la flottille roumaine s'est retirée, et, il y deux mois, une chute drastique dans l'activité russe a été notée. Sur 27 navires du type “Atlantic”, seulement cinq semblent toujours être actifs. Il est possible que certaines autres activités restent sous contrats commerciaux d'affrètement, mais il y a un manque de statistiques fiables et des estimations sont difficiles à faire. De plus, il est probabe qu'une partie des captures soit débarquée à Las Palmas, ce qui rend le contrôle des captures plus difficile.

Cette chute des activités étrangères semble avoir un effet négatif non négligeable sur les recettes nationales. Les flottilles de la Roumanie et de l'ex-URSS contribuaient en effet jusqu'à récemment jusqu'à environ 10 % de la totalité des recettes budgétaires de la Mauritanie.

2.5 Sierra Leone

Le secteur de la pêche maritime joue un rôle important dans l'ensemble de l'économie de la Sierra Leone. Les captures annuelles se sont élevées à 150 000 tonnes pendant les dernières années, représentant une valeur d'environ US$ 90 000. Ce niveau d'exploitation est bien inférieur aux ressources disponibles; le maximum de production équilibrée a été estimé à 300 000 tonnes. Le rendement annuel soutenable pour la pêche aux petits pélagiques a été évalué à 100 000– 150 000 tonnes.

Cependant, en Sierra Leone, comme dans les autres pays de la région déjà mentionnés, on a pu constater une chute abrupte des captures de petits pélagiques à cause de l'arrêt des activités de la flottille de l'ex-URSS. De plus, le Gouvernement de la Sierra Leone a récemment aboli, conformément aux directives du FMI, les concessions favorables qu'il accordait à la pêche semi-industrielle et industrielle. Aujourd'hui il n'y a plus de pêche industrielle aux petits pélagiques. Les industries de transformation, qui achetaient auparavant la production des flottilles étrangères, préfèrent à présent l'importation à l'achat des captures du secteur artisanal. Ainsi, la pêche artisanale approvisionne uniquement le marché local de marée. L'espèce la plus courante est le bonga (Ethmalosa fimbriata), suivie par les sardinelles.

Les prix de petits pélagiques ont augmenté légèrement pendant ces dernières années. Par exemple, le prix moyen des sardinelles (exprimé en prix constant $EU) s'est accru d'environ 8% pendant la période 1988–1991.

2.6 Sénégal

La pêche est le premier secteur d'exportation au Sénégal et emploie 10 % de la population active. L'exploitation est réalisée par la pêche artisanale et par les sardiniers du secteur semi-industriel. En outre, une flottille polonaise composée de bateaux de 1 000– 1 500 TJB a opéré dans les eaux sénégalaises. Cependant, comme dans d'autres pays dans la région, les Etats de l'ancienne Europe de l'Est sont en train d'arrêter leurs activités dans la région, et la flottille polonaise s'est retirée il y a déjà quelque temps. Pourtant, il semble que des sardiniers russes sont toujours actifs dans les eaux sénégalaises, mais ceci n'est pas officiellement confirmé. Il se peut que ces bateaux soient affrétés par des particuliers sénégalais.

Les deux espèces de sardinelles (Sardinella aurita et Sardinella maderensis) dominent dans les captures de la pêche artisanale aussi bien que de celles de sardiniers. D'autres espèces pêchées sont les chinchards et les maquereaux.

Les prix des espèces de petits pélagiques varient considérablement. L'annexe 6 montre l'évolution de quelques prix moyens pour la période 1977-1990. On peut constater que la tendance, en prix constants, est à la baisse.

2.7 Gambie

En Gambie, la pêche artisanale est un secteur très actif avec l'exploitation surtout des bongas (Ethmalosa fimbriata) et des deux espèces de sardinelles (Sardinella aurita et Sardinella maderensis).

Il paraît qu'aujourd'hui il n'y a plus de pêche industrielle en Gambie. La très importante société ghanéenne Mankoadze, qui a opéré en co-entreprise locale sous le nom de Seagull pendant quelque dix-sept ans de 1973 à 1990, a cessé ses activités dans les eaux gambiennes et opère maintenant quelque peu au Sénégal.

On peut constater un afflux important de pêcheurs sénégalais qui viennent pêcher dans les eaux gambiennes. Ces pêcheurs passent une part de leur temps en Gambie avant de retourner chez eux et apportent avec eux le carburant du Sénégal où il y est subventionné, et par conséquent moins cher.

La pêche artisanale approvisionne surtout les marchés locaux. La majeure partie des captures est fumée dans des cabanes “bandas”, construites spécialement pour ce type de transformation.

2.8 Guinée-Bissau

Eu Guinée-Bissau, les pêcheurs sénégalais constituent également une composante essentielle du secteur pêche. En effet, dans la pêche artisanale, ils dominent entièrement les activités. Les armateurs sénégalais utilisent des pirogues et des senneurs et paient des licences pour pêcher les petits pélagiques dans les eaux de la Guinée-Bissau.

En ce qui concerne la pêche industrielle, les flottilles internationales opéraient déjà le long de la côte avant l'indépendance du pays en 1974. En particulier, la flottille ex-soviétique a continué à pêcher jusqu'en 1991. Environ 150 000 tonnes ont été capturées par an pour lesquelles l'ex-Union soviétique a payé 15% de la valeur en frais pour les licences. Aujourd'hui, il n'existe probablement plus de pêche industrielle en Guinée-Bissau.

2.9 Guinée

Il existe une pêche intensive de petits pélagiques par des pirogues utilisant des sennes tournantes autour de la presqu'île de Conakry. Le poisson constitue la source principale de protéines animales pour la population urbaine du pays.

La pêche industrielle est composée de bateaux ukrainiens affrétés par des sociétés guinéennes. Une partie de ces captures est congelée et exportée vers la Côte d'Ivoire.


Page précédente Début de page Page suivante