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Mise en valeur, grâce à la riziculture, de la plaine inondable du Pool Malébo dans la banlieue de Kinshasa en République démocratique du Congo

N. Ngonde, F. Nseye, L. Bugomvi, J. Dôme et M. Rusnac

Directeur national du Programme national riz, Responsable de la division technique, Expert national en riz,
Agronome spécialiste en riz au projet FAO/96/0012 «Renforcement du Programme national riz» et Conseiller technique
principal, respectivement

Le Programme national riz (PNR), soutenu par le projet PNUD/FAO «Renforcement du Programme national riz», est présent dans une grande partie de la République démocratique du Congo grâce à un réseau de six stations principales et de huit antennes. Le PNR, moyennant ses stations et antennes, multiplie les semences de première génération, supervise la production de semences par des groupements de paysans semenciers, assure l'encadrement des agriculteurs, diffuse des techniques culturales améliorées et participe au programme d'amélioration variétale dont les résultats sont particulièrement probants.

Après le manioc, le maïs et la banane, le riz est l'un des aliments de base le plus apprécié par la population (8 kg en moyenne par habitant et par an); il fait de plus en plus partie des habitudes alimentaires, particulièrement dans les centres urbains. La production nationale ne satisfait, pour le moment, que les trois quarts de la demande. Ce déficit, qui pourrait encore s'accentuer, est comblé par des importations coûteuses en devises. La quasi-totalité du riz produit provient de la culture itinérante sur brûlis dont les effets néfastes sur l'environnement et le faible potentiel de rendement sont bien connus. La riziculture inondée valorisant les bas-fonds et les terres inondables n'est encore qu'à l'état d'embryon, et ce malgré des surfaces potentielles énormes et des conditions topographiques et hydrologiques très favorables. Un des acquis marquants du projet PNUD/FAO «Renforcement du Programme national riz» est d'avoir démontré l'intérêt et amorcé le développement de la mise en valeur de terres où un contrôle de l'eau approprié peut-être assuré. Le projet a permis la construction ou la réhabilitation de petits périmètres villageois de bas-fonds dans différentes parties du pays, notamment dans la région de Kikwit où, à ce jour, plus de 100 ha sont exploités. Une autre action importante du projet est l'amélioration des aménagements rizicoles et l'extension de la mise en valeur de la zone inondable du Pool Malébo dans la proche banlieue de Kinshasa.

La ville de Kinshasa est totalement tributaire des autres parties du pays pour son approvisionnement en denrées vivrières. Les caractéristiques de son hinterland proche ne permettent pas d'assurer une production vivrière substantielle et seule la plaine du Pool Malébo offre cette possibilité. La consommation de riz, en augmentation constante, est, pour une large part, satisfaite par des importations coûteuses en devises.

Le Pool Malébo, situé entre la ville de Kinshasa et le fleuve Zaïre, est une vaste plaine inondée par les crues saisonnières du fleuve. Pouvant être mis en valeur par des systèmes culturaux basés sur le riz, il présente un potentiel agricole important estimé à plus de 6 000 ha. Il a, pourtant, jusqu'à récemment été peu exploité.

Sous la pression de l'accroissement démographique, la ville de Kinshasa dépasse maintenant les 4 millions d'habitants et l'agglomération s'étend de plus en plus aux marges de ce marais. Peuplé d'environ 400 000 personnes, ce nouveau quartier est composé pour l'essentiel d'une population d'origine rurale vivant dans des conditions précaires où prédominent chômage et pauvreté. Par nécessité, on observe depuis quelques années une extension de plus en plus forte des surfaces mises en culture. On estimait que moins de 400 ha étaient exploités il y a quatre ans alors qu'aujourd'hui, la surface cultivée dépasse 1 500 ha. L'existence d'un marché proche du lieu de production évite des coûts de transport prohibitifs et rend attrayants les prix payés aux producteurs.

LA MISE EN VALEUR

Le mode d'exploitation consiste en une culture de riz de décrue suivie, durant la saison sèche et avant la crue suivante, par une production légumière (feuilles de manioc, arachides, amarrantes, etc.). Dès février, les eaux se retirent progressivement et le riz est repiqué au fur et à mesure du retrait des eaux.

Selon l'endroit et l'avancement de la décrue, le repiquage commence fin janvier, continue jusqu'à la fin de mars, la récolte s'étalant de mai à fin août. L'alimentation hydrique est en principe assurée par les eaux résiduelles de la crue, les réserves en eau du sol et surtout les précipitations. Les rendements moyens de paddy sont de l'ordre de 1,5 tonne à l'hectare. Sur les parcelles bénéficiant de réserves en eau suffisantes tout au long de la campagne, 3 tonnes à l'hectare sont fréquemment atteintes. La fertilisation minérale, non disponible ou chère, n'est guère appliquée.

La disponibilité en eau est l'élément essentiel d'une réussite de la culture du riz. La saison des pluies se termine en mai et les parcelles, particulièrement celles repiquées tardivement, risquent de subir des déficits hydriques au milieu ou à la fin du cycle.

LES AMÉLIORATIONS

La façon la plus simple pour atténuer les risques de pénurie d'eau est de faire coïncider le plus possible la saison rizicole avec la saison des pluies. Il s'agit donc de rendre les terrains le plus rapidement disponibles pour un repiquage précoce en améliorant le drainage de la plaine. Il s'agit également de conserver le maximum d'eau dans les parcelles moyennant le planage des microparcelles et la construction de diguettes. Une autre solution consiste à utiliser des variétés à cycle court permettant d'anticiper la date de récolte.

LES PROJETS DE DÉVELOPPEMENT

Plusieurs bailleurs de fonds se sont engagés dans des projets de mise en valeur consistant en des aménagements sommaires visant à améliorer le contrôle de l'eau, tels que décrits plus haut (drainage, planage, construction de diguettes et de digues-pistes d'accès). Ces aménagements seront réalisés par les paysans sur la base du principe «vivres-contre-travail», sous la supervision technique du PNR et avec le concours, pour l'achat et la distribution de vivres, du CDI Bwamanda, une ONG de développement bien connue sur la place. Les accords et procédures concernant ces projets sont établis et leurs exécutions devraient débuter en 1997.

Un premier projet, financé par la Belgique par le biais du Programme alimentaire mondial (PAM), permettrait l'aménagement de plus de 2 000 ha repartis dans le pays, dont une surface importante au Pool Malébo reste encore à déterminer. Deux sites proches d'un périmètre irrigué de 20 ha de production de semences du PNR ont été choisis.

Un deuxième projet, sous financement de l'Union européenne (UE), vise à la réhabilitation d'un périmètre irrigué et protégé des crues de 22 ha. Deux campagnes rizicoles y seront possibles et sa vocation sera la production de semences améliorées. A proximité, 500 ha seront également développés en aménagements sommaires.

Un troisième projet, également sous financement de l'UE, a démarré en mars 1997. Sur ce site, les conditions sont différentes de celles rencontrées dans le reste du Pool Malébo. La zone est marécageuse mais non submergée par les crues. Un barrage, créé du temps de la coopération chinoise, alimente par gravité un périmètre de 10 ha géré par le PNR pour la production de semences, ainsi que 100 ha exploités par des paysans y réalisant deux campagnes de riz par an. Le débit de ce barrage permettrait l'irrigation de 1 000 ha supplémentaires. Le projet consiste en une expérience pilote d'extension de 200 ha. Son intérêt réside dans les possibilités d'extension future et dans l'irrigation gravitaire rendant l'eau d'irrigation pratiquement gratuite puisque abondante, et à faible coût de fonctionnement et d'entretien.

L'IMPACT ESCOMPTÉ

La création de plus de 2 700 ha exploitables de manière plus efficace permettra:

La position de la femme

Le résultat le plus positif sera sans aucun doute la revalorisation du rôle de la femme. En effet, 70 pour cent des propriétaires des lopins exploités actuellement sont des femmes, et ce chiffre se retrouve dans les listes des candidats bénéficiaires dans le cadre des projets d'aménagement. En outre, les femmes effectuent la part la plus importante des travaux culturaux, et se chargent entièrement de la commercialisation des produits. Traditionnellement, elles sont également responsables de la gestion du ménage, car ce sont elles qui pourvoient le plus souvent - grâce à leurs activités agricoles ou de petits commerces - à l'alimentation, à l'habillement, aux frais de scolarité des enfants, etc.

Les répercussions de l'augmentation des rendements et des revenus bénéficieront donc en premier lieu aux femmes. Les résultats de leur travail en seront mieux valorisés et leur position sociale en sera affermie.

L'avenir de la riziculture inondée en République démocratique du Congo

En République démocratique du Congo, le riz, ainsi que la plupart des autres denrées vivrières, provient essentiellement de la culture itinérante sur brûlis. Les effets néfastes sur l'environnement qu'entraînent cette pratique et son faible niveau d'intensification et de productivité sont bien connus. La mise en valeur des bas-fonds est encore peu développée dans le pays, mais elle émerge dans certaines régions. Ce mode d'exploitation plus stable, plus respectueux de l'environnement, plus avancé techniquement et plus productif est appelé à se développer de plus en plus.

L'expérience du Pool Malébo pourra servir d'exemple et avoir un effet d'entraînement sur l'extension d'un mode d'exploitation des terres bénéfique pour l'agriculture du pays. En résumé, la mise en valeur plus systématique et plus rationnelle du marais du Pool Malébo permettra: d'améliorer la sécurité alimentaire de la ville de Kinshasa; d'agir sur la situation de pauvreté et de précarité d'une partie de sa population; de conforter la position et le rôle social de la femme; et de servir d'opération pilote pour le développement de la riziculture inondée dans d'autres parties du pays.

Rice cultivation on the floodplain of Pool Malebo,
Democratic Republic of the Congo

The Democratic Republic of the Congo's rice programme, assisted by the UNDP/FAO Project Reinforcement of the National Rice Programme, is promoting rice production, improved varieties, increased seed yield and extension work at the farm level in the country's main rice-producing regions. National production covers only 75 percent of consumption, and comes mainly from slash-and-burn cultivation. Aquatic rice is still in the earliest stages, although the total area with favourable soil conditions is enormous. One major achievement of the project has been to boost rice-based cultivation systems in inland valleys and flooded areas such as the Pool Malebo floodplain close to the city of Kinshasa.

Kinshasa is totally dependent on the other parts of the country for staple food supplies. Except for Pool Malebo, the hinterland has no significant production potential, while rice consumption is increasing and the gap is being filled with costly imports.

Pool Malebo is a large seasonal floodplain close to the outskirts of Kinshasa. Up to 6 000 ha could be cultivated. While it was almost non-exploited in the past, the area is now increasingly cultivated owing to the city's growing population and consequent unemployment.

Rice is transplanted after the floodwater recedes. Planting starts from early February to March, depending on the location and the water level. Fields that are transplanted early benefit from rainfall for most of the crop duration, but fields transplanted later are bound to suffer from water stress during the dry season. After rice, one vegetable crop can be installed, and water in this case is provided by the water table.

Water availability is the main constraint, and development should therefore consist in:

Various donors are interested in developing areas with such methods which will be carried out by the farmers themselves on the basis of food for work. Through WFP and the European Union, Belgium will develop 2 700 ha on three sites. Two of the projects have already started.

The results should be:

This operation in the Pool Malebo could be used as an example and could help to promote a more productive cultivation system than the traditional low-yielding and environmentally damaging slash-and-burn system.

Producción básica, mediante el cultivo del arroz, en los pantanos de Pool Malebo,
en las inmediaciones de Kinshasa, República Democrática del Congo

El Programa nacional del arroz, ejecutado con asistencia del proyecto PNUD/FAO, Fortalecimiento del Programa nacional del arroz, está promoviendo la producción arrocera mediante la mejora de variedades, el aumento de semillas y actividades de extensión entre los agricultores. Su red de estaciones y antenas cubre las principales regiones productoras de arroz. La producción nacional sólo permite satisfacer el 75 por ciento de las necesidades de consumo y se basa sobre todo en el cultivo migratorio y la quema. El arroz acuático está aún en estado embrionario, aunque las posibilidades de las zonas que presentan condiciones edáficas favorables son enormes. Un logro importante del proyecto ha sido el fomento de sistemas de cultivo basados en el arroz en valles del interior y en zonas inundadas como los pantanos de Pool Malebo, cerca de la ciudad de Kinshasa. Kinshasa depende íntegramente de las otras partes del país para su aprovisionamiento de productos básicos. El Pool Malebo es una amplia llanura situada en las inmediaciones de Kinshasa que se inunda estacionalmente. Podrían cultivarse hasta 6 000 ha. Esta zona, que en el pasado apenas se explotaba, ahora se cultiva de modo creciente debido a la presión de la población en aumento de Kinshasa, donde el desempleo y la precariedad son la norma.

El arroz se trasplanta cuando el agua se retira. La plantación se inicia entre primeros de febrero y marzo según el lugar y el nivel de decrecida del agua. Los primeros campos trasplantados se benefician de las lluvias durante casi todo el período de cultivo, pero los últimos se resienten necesariamente de la escasez de agua debida a la llegada de la estación seca. Después del arroz puede plantarse un solo cultivo de hortalizas; en este caso el agua procede de la capa freática más cercana. La disponibilidad de agua es la principal limitación. Las mejoras consisten en acelerar la decrecida del agua por medio del drenaje, haciendo que las tierras queden antes en condiciones de recibir el cultivo durante la campaña de las lluvias; conservar el agua de las lluvias en las parcelas nivelando el terreno y construyendo pequeños diques; y utilizar variedades de breve duración.

Las consecuencias serán: un aumento de la producción local de arroz y hortalizas, una disminución de la necesidad y el costo de las importaciones; unos ingresos fiables y constantes para más de 6 000 familias; una mejora de la nutrición para más de 50 000 personas; oportunidades de empleo y desarrollo de actividades económicas antes de la producción y en el curso de ésta (fabricación de herramientas manuales, elaboración y valoración de productos y subproductos; cría de aves de corral; comercialización, etc.). Además, las mujeres, que son las más numerosas, realizan la mayor parte de las actividades de cultivo, comercializan los productos y están tradicionalmente encargadas del bienestar de la familia, verán como aumentan sus ingresos y mejora su posición social.

Esta operación en el Pool Malebo podría ser un ejemplo, contribuyendo a difundir en el país un sistema de cultivo más productivo y más evolucionado que el sistema tradicional de cultivo migratorio y quema, de bajo rendimiento y perjudicial para el medio ambiente.

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