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Introduction

Le 16 octobre 1945, quarante-quatre pays créaient officiellement l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture plus connue en France par son sigle, FAO. L'objectif était ambitieux : « nourrir la planète ». Défi qui se déclinait en trois temps principaux puisqu'il s'agissait de combler les déficits alimentaires accumulés, de corriger les carences spécifiques et de faire face à un accroissement démographique rapide lui-même en expansion. Un milliard d'hommes en 1830, 2 milliards en 1930, les experts estimaient que les 3 milliards seraient atteints en 1960, les 4 en 1975, les 5 aux abords de 1990…; l'évolution démographique constatée et les projections invitaient à prendre à bras le corps la question de la sécurité alimentaire, c'est-à-dire, pour reprendre la définition officielle, l'accès permanent de tous aux denrées alimentaires nécessaires pour mener une vie saine et active. Les plus pessimistes annonçaient, reprenant les vieilles thèses malthusiennes, la « famine universelle » pour 1960. Jamais les ressources naturelles ne permettraient de nourrir la multitude d'hommes attendus.

Tant de bouches à nourrir

En novembre 1996, c'est sur le constat qu'il y a toujours 800 millions de personnes sous-alimentées sur terre que s'est tenu le Sommet mondial de l'alimentation réuni à Rome. Chiffre qui donne le vertige mais qui ne doit pas masquer les profondes évolutions. En effet, les disponibilités alimentaires ont plus que doublé durant les quarante dernières années, et la situation alimentaire a été améliorée dans de nombreux pays en développement. Et le pire ne s'est pas produit, les grandes famines ont reculé, même si d'insupportables inégalités subsistent. En Asie, continent qui a pleinement bénéficié des retombées de la Révolution verte, et en Amérique latine, qui a profité des avancées technologiques avec l'introduction des maïs hybrides, les famines ont presque disparu. Cependant, l'Afrique a vu dans bien des pays les conditions d'existence se détériorer.

5,7 milliards de terriens aujourd'hui, les projections des Nations unies en prévoient à peu après 7 en 2010, 8 en 2020, probablement 9 en 2035 et presque 10 milliards en 2050, à une date où la population de la terre sera peut-être proche de son effectif maximum. Le défi est immense. En effet, ce sont les pays qui ont déjà le plus de mal à nourrir leur population actuelle qui devront faire face aux augmentations les plus fortes : 95 % de l'accroissement démographique se fera dans les pays en développement qui concentrent aujourd'hui 80 % de la population mondiale, et qui, bien souvent, cumulent déjà les retards dans tous les domaines.

De plus, les prix mondiaux des ressources alimentaires sont élevés, les stocks des principaux pays exportateurs sont à leur plus bas niveau, la menace d'une pénurie mondiale se rappelle à notre attention. Des mesures d'ajustement technique telles que le gel des terres entrepris par les principaux pays exportateurs de céréales (États-Unis d'Amérique, Canada, Union Européenne), afin de réduire leurs stocks et de favoriser la hausse des cours qui avaient été maintenus artificiellement trop bas, sont en effet à l'origine du ralentissement de la croissance de la production agricole observé depuis le milieu des années 80 et d'une baisse de la production céréalière par habitant depuis 1984. Alors que les ressources naturelles et les conditions techniques permettraient de nourrir les 6 milliards de terriens, la sécurité alimentaire est menacée par les lois du marché. Pour manger, il faut de l'argent.

Au banquet du siècle prochain, les places sont-elles déjà prises?

Alors, les mêmes discours alarmistes refleurissent. En France, l'universitaire F.Ramade annonce que « la population mondiale devrait décliner pour se stabiliser à une valeur nettement plus faible que l'actuelle… de nombreux écologistes considérant que guère plus de deux milliards d'hommes pourraient vivre selon les normes européennes sans compromettre la pérennité de la biosphère » [69]. Aux États-Unis, L. Brown, qui affirmait déjà à la veille de la conférence de Rio, en tant que président du World Watch Institute, que la population du monde ne pourrait dépasser 8 milliards d'hommes (Le Monde du 4 mars 1992), soutient maintenant que nous entrons dans une période de grave incertitude sur la manière dont on pourra nourrir une population toujours croissante (Le Monde du 27 février 1996). Il appuie sa démonstration sur la baisse du taux de croissance de la production agricole constatée depuis le milieu des années 80. Selon lui, les ressources naturelles ne suffiront pas aux besoins des populations de l'an 2050.

Le Fonds des Nations Unies pour la Population tire aussi la sonnette d'alarme : « Au moment où le XXe siècle s'achève, le monde doit faire face à un terrible défi : équilibrer le nombre croissant des humains et de leurs besoins avec les ressources naturelles nécessaires à leur développement. Les choix des dix prochaines années détermineront en grande partie les possibilités futures d'habiter la planète. La collision entre le nombre d'hommes et les ressources dont ils ont besoin deviendra encore plus aiguë dans les dernières années du siècle et au-delà » [78].

Il y aurait donc antagonisme entre le niveau de la population et celui des ressources naturelles. Un équilibre aurait été rompu. Derrière ce constat trop rapidement accepté - nous y reviendrons - émerge une double question d'une brûlante actualité : les risques qui guettent le genre humain sont-ils dus à la multiplication des populations des pays en développement ou aux pratiques des populations des pays développés ? En tout état de cause, les hommes seraient trop nombreux et le modèle « occidental » intransposable à l'échelle de la planète sous peine d'autodestruction programmée.

On sait d'où viennent ces grilles de lecture. Qui dit population et ressources naturelles pense immanquablement : Malthus. Un rapide détour s'impose. Nous sommes à la fin du XVIIIe siècle, en 1798 pour être précis. Dans un ouvrage intitulé Essai sur le principe de population, publié sans nom d'auteur, on peut lire : « Un homme qui est né dans un monde déjà possédé, s'il ne lui est pas possible d'obtenir de ses parents les subsistances qu'il peut justement leur demander, et si la société n'a nul besoin de son travail, n'a aucun droit à réclamer la moindre part de nourriture et, en réalité, il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n'y a pas de couvert vacant pour lui. Elle lui ordonne de s'en aller et elle ne tardera pas ellemême à mettre son ordre à exécution, s'il ne peut recourir à la compassion de quelques convives. Si ceux-ci se serrent pour lui faire place, d'autres intrus se présentent aussitôt, réclamant les mêmes faveurs » [15]. Bien que ce paragraphe n'ait pas été intégralement maintenu dans la version finale de 1803 par son auteur, Thomas Robert Malthus, il illustre sa thèse. Dans un monde où les richesses sont limitées et font l'objet d'une appropriation individuelle, deux solutions sont ouvertes à l'homme : l'h´eritage, ou le travail. Le chômeur n'a droit ni au travail ni à la nourriture.

En fait la théorie malthusienne était beaucoup plus élaborée. Elle reposait sur une loi dite « naturelle » que l'auteur croyait avoir découverte, selon laquelle la multiplication de l'espèce humaine suivrait une progression géométrique, alors que celle des vivres suivrait une progression arithmétique.

Ce n'était pas des préoccupations démographiques de type scientifique qui guidaient l'auteur, mais des discussions sur l'embryon de législation sociale en vigueur. L'Angleterre disposait depuis 1562 d'un système d'assistance aux pauvres comportant la distribution de secours par les paroisses aux individus dans l'incapacité de travailler ou au chômage. Le financement de ces secours provenait d'un impôt, la taxe des pauvres. La définition d'un droit à l'assistance, contraire aux thèses d'Adam Smith, était d'une application très coûteuse.

Heureusement l'homme n'est pas seulement héritier ou salarié, il peut également être producteur et accroître la productivité de son travail. Ainsi les sociétés humaines peuvent-elles aujourd'hui nourrir probablement beaucoup mieux, une population cinq fois plus nombreuse qu'en 1800.

Les capacités d'adaptation de l'homme à son environnement

Dés les temps les plus reculés, l'homme s'est trouvé confronté à de graves pénuries de ressources. Certaines eurent même probablement la rigueur la plus extrême. Ainsi l'homme de Neandertal qui eut une longévité remarquable puisqu'il survécut environ 180 000 ans, dut-il s'adapter et résister à deux glaciations et à deux périodes interglaciaires. Peut-être n'a-t-il pu survivre à la fin de l'ère glaciaire en raison de son mode de vie trop fortement axé sur la chasse. Selon certains archéologues, la disparition du gibier à la suite de l'extension de la forêt aura été pour lui une catastrophe : il disparut en même temps que les gros mammifères qu'il avait chassés. Peut-être même causa-t-il lui-même sa propre perte en raison de la trop grande efficacité de ses techniques de chasse.

Contrairement à l'homme de Neandertal, l'homme moderne semble avoir su accroître ses capacités de chasse. Plus il s'est multiplié aux dépens des potentialités cynégétiques des savanes fortes en herbivores, plus il a étendu les dimensions de celles-ci aux dépens des forêts.

Ainsi, dès le néolithique, les boisements climaciques, c'est-à-dire naturels, furent incendiés volontairement et firent place à des savanes tant en Afrique qu'en Asie tropicale au-delà de leur aire primitive. Il y a une dizaine de millénaires, les immenses forêts d'Amérique du Nord furent transformées en « prairie » par les Indiens, pour aménager des parcours pour les bisons. C'est ainsi que les hommes ont commencé à aménager leur territoire, transformant les forêts en savanes, et se sont arrogés le bénéfice des fortes productivités secondaires (en herbivores) de ces terres gagnées sur la forêt.

Mais même ainsi transformé, l'environnement planétaire n'aurait pas permis d'atteindre un peuplement supérieur à quelques centaines de millions sur l'ensemble de la planète, et certainement pas le milliard d'individus observés par Malthus. L'homme moderne n'a pu atteindre cet effectif qu'en retournant à l'exploitation directe des plantes. Ce recul dans la chaîne trophique1 multiplia par dix ou par cent les possibilités d'existence et ce furent les grandes plantes de civilisation telles que le blé, le riz, ou le maïs qui permirent à nos sociétés d'atteindre le développement que nous leur connaissons.

1. Chaîne trophique : La multitude d'êtres vivants qui peuplent une communauté est unie par des liens de nature alimentaire. L'ensemble de ces liens constitue une chaîne trophique. Celle-ci assure le transfert d'énergie sous forme biochimique entre les divers organismes. Les chaînes trophiques dans lesquelles figure l'homme peuvent être courtes, lorsqu'il consomme des céréales, ou longues lorsqu'il consomme de gros poissons prédateurs. Dans ce cas, l'énergie alimentaire provient d'un végétal passé à de petits organismes, puis à des organismes de taille de plus en plus grande, pour arriver par exemple jusqu'au thon.

Les traces de l'affrontement entre l'homme et la nature sont imprimées dans le sol de la planète. La conquête millénaire de nouvelles terres s'est effectuée principalement avec la constitution des soles de culture (par exemple par le transport d'humus dans la proximité immédiate des habitations), mais aussi avec la construction de terrasses couvrant d'immenses contrées (par exemple en Chine dans la province du Yunnan, dans les Andes avec la civilisation Tiwanacu, au Yémen du Nord, cette « Arabia felix » des anciens, dont la technique de culture en terrasses aurait été introduite en Ardèche lors de la conquête arabe). Ce gigantesque chantier - cette domestication de la nature - doit être compris comme une forte valorisation par l'homme des potentialités de photosynthèse des terres et des capacités en eau de la planète.

Ces quelques rappels masquent l'extrême diversité des situations agro-géographiques et démographiques, les pertes de denrées, l'insécurité, voire la somme de conflits impitoyables qu'engendra la quête de terre arable et d'eau potable.

À la fois cause et conséquence de la distribution très inégalitaire des terres entre les hommes, la quête d' « espace vital » eut des effets politiques et stratégiques considérables. En novembre 1095, le pape Urbain II, dans son message aux croisés, aurait justifié l'expédition vers la terre promise en ces termes : « Qu'aucun bien, qu'aucun souci de famille ne vous retienne. Car cette terre que vous habitez, limitée de tous côtés par la mer et la muraille des hautes montagnes est trop petite pour votre nombreuse population. C'est pourquoi vous vous assassinez et vous dévorez mutuellement ; vous vous faites la guerre et mourrez fréquemment de vos blessures réciproques. Prenez la route du Saint Sépulcre; débarrassez la terre de la race mauvaise et soumettez-la à votre propre usage » [15].

Jusqu'au siècle dernier, les rendements des céréales restèrent très faibles en France. Selon Vauban, les rendements moyens en blé ne dépassaient pas 10 quintaux par hectare en 1660, constat confirmé par Pottier en 1715, par Young en 1789, par la Feuille du Cultivateur en 1792. Le repos de la terre - la jachère - ne disparut en Europe qu'au XXe siècle avec l'utilisation massive des engrais verts (luzerne, etc.). Il y avait encore 66 % de terres en jachère en France selon Moreau de Jonnès en 1610, 40 % selon Lavoisier en 1790.

Grâce aux progrès techniques récents, les rendements en blé, en riz paddy et en maïs ont été doublés, voire triplés, et les superficies consacrées à ces cultures ont probablement été multipliées par deux. Ainsi les progrès des agricultures ont-ils largement dépassé l'accroissement de la population.

Mais si l'histoire des civilisations du riz, du blé, du maïs, ou par exemple de la quinua à une échelle plus réduite, est faite d'améliorations des ressources pédologiques locales par le travail de la terre et l'ingénierie hydraulique, elle abonde aussi d'exemples de surexploitation animale ou végétale responsable de désertification des sols.

Les enjeux actuels

Confrontée, entre 1965 et 1970, au plus rapide accroissement démographique que l'humanité ait connu, la FAO entreprit le plus ambitieux exercice de prospective agro-démographique réalisé à ce jour [31]. Le but était d'examiner les possibilités futures de poursuite de la croissance de la production vivrière à un rythme équivalent à celui de l'accroissement de la population annoncé par les démographes et de déterminer la population maximale de chaque pays pour les deux années 1975 et 2000, en fonction du contexte régional, selon trois hypothèses d'investissement correspondant aux trois grandes étapes de l'histoire du développement de l'homme:

Il apparut ainsi que, du plus bas au plus haut niveau technologique, la capacité d'accueil pourrait être multipliée par 10 ou plus ; en effet, le peuplement d'une région est affaire de capitalisation en vue du développement, d'infrastructures diverses, d'aménagements fonciers et hydrauliques, de recherches génétiques animales et végétales, d'investissements en cheptel vif, en matériel agricole, mais aussi et peut-être surtout de cumul de capital humain, de savoir-faire.

Le rapport final fit aussi apparaître que le nombre des pays en situation critique augmenterait fortement d'ici à l'an 2000:

Ces pays ont presque tous connu de graves troubles depuis 1975.

Retour vers le futur

Ce sont toutes ces données qu'il nous faut aujourd'hui actualiser pour tracer les évolutions prévisibles. Les données que nous reprenons et développons dans le présent livre sont tirées pour une grande part des documents d'information technique que nous avons préparés et qui ont été discutés avant et au cours du Sommet Mondial de l'Alimentation (Rome 1996). Ils ont bénéficié des remarques de nombreux experts sollicités par la FAO et nous tenons à les remercier. Mais, pour reprendre la formule consacrée, les conclusions que nous présentons n'engagent que nous.

Les enseignements que l'on peut tirer des rapports entre l'évolution démographique et les ressources alimentaires entre 1950 et aujourd'hui fixent le cadre de la prospective. Ils seront présentés dans une première partie. À l'horizon 2050, le facteur principal de la hausse des besoins alimentaires sera l'accroissement de la population mondiale. Le passage de la population mondiale de 5,7 milliards d'habitants en 1995 à 9,8 milliards en 2050 [63] représenterait une augmentation de 76 % (2 % pour les pays développés, 174 % pour les pays en développement). Même à supposer un ajustement soudain de la fécondité au niveau strictement nécessaire pour assurer le remplacement des générations, l'accroissement de la population mondiale dépassera encore 2 milliards. Tout compte fait, l'augmentation nécessaire de l'énergie d'origine végétale de 1995 à 2050 serait en moyenne de 125 % : 2 % pour les pays développés, 92 % pour l'Amérique latine, 134 % pour l'Asie et 414 % pour l'Afrique dans son ensemble. C'est parmi les peuples qui se nourrissent principalement de manioc, d'igname, de taro ou de plantain que la sollicitation des ressources naturelles devra évoluer le plus rapidement (+ 617%). C'est cette géographie « prévisible » de l'équilibre entre population et subsistance que nous présenterons dans une deuxième partie.

Mais toutes ces évolutions prévisibles, parce que déjà inscrites dans la réalité présente, ne doivent pas masquer les situations particulières et surtout nous conduire à négliger les bouleversements rapides qui peuvent se produire. Entre les données à l'échelle d'un pays - voire d'un continent comme la Chine - et les réalités locales, il y a souvent un monde. Et, s'agissant de l'alimentation des hommes, le niveau individuel est primordial. On sait l'espoir que pourrait donner l'usage raisonné des biotechnologies. L'éducation joue également un grand rôle dans la limitation des naissances et dans l'adaptation à des situations nouvelles. La place des femmes est à cet égard cruciale. De plus, dans un monde ouvert, où l'information circule toujours plus vite, les comportements des hommes sont soumis à des influences, des modes, qu'il faut prendre en compte. Ce sont tous ces facteurs essentiels qui viennent influer sur les projections qui seront analysées dans la troisième partie.

Il nous a paru important de tenter de dresser une carte du monde à partir des données que nous avons estimées. Avec toute la prudence qui s'impose, nous regarderons se dessiner le monde qui nous attend. On constate que l'Afrique cumule les handicaps. Une analyse détaillée des périls qui menacent les populations de nombreux pays africains est à nos yeux indispensable pour que les citoyens prennent pleinement conscience de la situation. Ce continent, il faut le savoir, sera ainsi confronté à un double défi : améliorer ses ressources humaines et ses infrastructures, et gérer une situation très difficile dans le domaine de l'alimentation. À cet égard, le diagnostic doit être établi avec le plus de précision possible, dans la mesure où il oriente déjà les prises de décision en matière d'établissement d'infrastructures, de politique agricole, d'éducation ou de santé.

Mais il n'en demeure pas moins que si les prévisions sont utiles, elles ne sont que des projections à partir de données connues. Certains doutent de leur fiabilité, de leur pertinence même, arguant de la complexité des situations, des bouleversements soudain constatés ici et là dans les comportements des acteurs qui remettent en cause les plus belles théories de laboratoire. Tout le monde connaît la formule : « la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu'elle a ». En l'occurrence, en de nombreux domaines les données manquent cruellement. Les études sur les liens entre la croissance démographique, le développement et l'évolution des ressources naturelles font défaut. Ainsi les effets de la sous-alimentation, du manque d'approvisionnement en eau potable et du défaut de recyclage des eaux usées sur la mortalité ont été peu étudiés, en particulier dans les mégapoles des pays en développement. Il est difficile d'apprécier, dans ces conditions, le bien-fondé de l'hypothèse d'augmentation de l'espérance de vie adoptée par les Nations unies pour l'Afrique de 2005 à 2050. La communauté internationale doit aussi renouveler sa réflexion dans le domaine des relations entre la dynamique des populations et le développement. La dynamique migratoire devrait faire l'objet d'une attention toute particulière, car de la stabilisation géographique du peuplement dépendent à la fois la nature et le niveau des investissements et des infrastructures foncières et hydrauliques, le mode et l'intensité de l'exploitation des ressources ainsi que la pérennité du développement.

Pour faire face au grand défi de la faim, et en cerner tous les enjeux, les citoyens doivent être informés le plus complètement possible. C'est ce à quoi nous voulons contribuer.


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