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Vision et perspective pour faire avancer la foresterie en Haïti

 

PROBLEMATIQUE ET JUSTIFICATION

 

Problématique

Les problèmes qui ont conduit à la dégradation de la foresterie en Haïti peuvent se résumer selon les termes suivants :

Non-gestion des ressources naturelles principalement : sol, eau, végétation

Ambiguïté du système foncier haïtien (droit des paysans sur la terre et les arbres ) entraînant une dilapidation de ces ressources avec des systèmes de défrichement illégaux et anarchiques des terres.

Dépendance des villes et des campagnes haïtiennes majoritairement des ressources ligneuses comme source énergétique principale et de bois de service.

Manque d’alternative économique, énergétique et d’organisation de la filière bois d’énergie. (Dans un atelier de travail sur l’énergie le Premier Ministre haïtien a promis 1 000 000 de foyers à gaz au cours du mois de janvier 2 000).

Absence de politique et de cadre légal réaliste (en cours de préparation)

Pauvreté généralisée

Pertes importantes des réservoirs de gènes (faune et flore : biodiversité)

Absence de recherche, de vulgarisation et de formation

Absence de volonté politique et de détermination pour développer la foresterie, seule manière de protéger durablement les terres et de régulariser au mieux les crues et d’entreprendre vraiment le développement durable.

Dépassement de la capacité de charge de certaines zones rurales agricoles.

Conséquences

Erosion des sols,

La sédimentation des ouvrages hydrauliques et

La diminution des ressources en eaux globalement en qualité et en quantité.

Dans ce contexte il n’est pas étonnant que des déséquilibres importants s’observent dans le système.

Justification

Les situations précédentes ne sont pas sans conséquences sur le milieu naturel et les systèmes de production et le système agraire en général. On exploite sans souci de gérer durablement et régénérer les ressources, en plus des problèmes liés au foncier. Ce qui justifie bien l’adage : "on ne plante les chênes que sur les terres non grevées." Nous convenons bien que le problème est complexe, comme si nous avions tout à faire. En attendant une démarche systémique pour améliorer la situation sur le plan légal, juridique et institutionnel déjà, il faut des alternatives économiques. Ici, nous proposons la foresterie communautaire qui consiste à travailler avec les populations locales (participation accrue de tous les secteurs : Associations Paysannes, Collectivités Territoriales, les Autorités déconcentrées) pour l’amélioration de leur condition d’existence en mettant au point des programmes concertés (de foresterie, d’agroforesterie et de mise en défens des bassins versants stratégiques avec des possibilités réelles de substitution de sources énergétiques ) impliquant encore et toujours les structures plus ou moins permanentes de la société civile.

Ceci ne peut être que de petits programmes de longue haleine et variables sur des périodes de cinq (5) à dix (10) ans renouvelables, avec des évaluations chacun deux (2) ans et surtout il faut progresser au cas par cas avec chaque fois des alternatives économiques et énergétiques aux populations.

Il ne faut jamais nier que seules ces alternatives peuvent assurer la durabilité des actions entreprises dans les conditions où tout manque - notamment de bonne réglementation sur le système de contrôle des produits ligneux et sur la mise en valeur des terres de montagne.

 

OBJECTIFS

Ils consistent en la concrétisation des idées sur la résolution des problèmes forestiers et de dégradation des bassins versants stratégiques du pays pour l’instant. Ils tiennent compte de nos capacités réelles d’absorption des moyens de l’état et des conditions de terrain. Vu sous ces angles, nous proposons :

La plantation de Vingt millions (20.000.000) d’arbres de toutes espèces (fruitières et forestières ) chaque année dans les Neuf (9) Départements géographiques du pays sur une période de dix (10) ans.

Ces arbres peuvent être plantés soit :

En systèmes agroforestiers

En petits lots boisés privés ou publics

En forêt communautaire sur des terres indivises et/ou communales avec dès le départ des mécanismes d’exploitation clairs et flexibles.

En bordure des routes, des rivières... etc.

L’identification des Bassins Versants stratégiques (ceux qui protègent les infrastructures nationales de productions), application de mise en défens variable en fonction de chaque cas et la réalisation d’autres types d’interventions conséquentes.

La création de nouveaux parcs naturels où c’est possible. Suggestions : Région nord-est du pays : ( Carice, Monts Organisés, Vallières, Bois de Laurence...) Artibonite (Savane Désolée : zone subdésertique), Centre ( Bassin Versant principal du Lac Péligre ) Jacmel (Zone Fort Ogé).

N.B.: Dans tous les cas, il faudra travailler avec les structures locales existantes, condition sans laquelle on ne peut réussir.

STRATEGIE.

Tenant compte du passé la production de plants doit se faire localement par les groupes qui en ont l’habitude. Les contrats de production ou d’achat de plants doivent être négociés et signés par les DDA avec les producteurs ou vendeurs en présence des représentants légaux des Collectivités locales et des associations paysannes, puis seront approuvés par le Bureau Central du Ministère de l’Agriculture si c’est l’état qui finance uniquement, avant tout déblocage ou transfère de fonds. Et les plants doivent être distribués à un prix symbolique, si non gratuit et dans certains cas sans argent aux populations. De cette façon, avec ces fonds et les taxes prélevées sur coupes, on initiera la création d’un fonds de reboisement géré par les DDA et les Collectivités locales et les représentants des Associations Paysannes. C’est tout à fait faisable puisque nous avons déjà essayé quelque chose similaire avec plus de Sept millions (7.000.000) d’arbres sur une année avec un financement de l’état Haïtien. Il manquait cependant la planification au niveau local avec les associations paysannes et donc tous les plants n’ont pas été mis en terres. Il ne faut jamais oublier ces dernières.

DESCRIPTION DES ACTIVITES

Les activités qui seront entreprises dans le cadre de ce programme se divisent en deux groupes :

La création des parcs naturels et définition des bassins versants stratégiques

Les programmes de foresterie communautaire.

 

La création des parcs et bassins versants stratégiques.

Ces activités requièrent un minimum de savoir-faire tel que :

Identification des sites et des propositions

Compréhension du terme Bassins Versants stratégiques (nécessaires pour la protection durable des infrastructures de production)

Mise en place des procédures de réalisation de ces activités (délimitation souhaitée des sites, situation foncière, potentialités écologiques... etc.) et rôle des structures locales et leur participation.

Fixation des objectifs spécifiques / résultats recherchés (régénération et conservation du patrimoine génétique... etc. ).

Foresterie communautaire.

Elle diffère des activités traditionnelles de reboisement en Haïti du fait que sa conception et sa mise en place sont initiées avec les populations et les structures locales. D’où nécessité pour les DDA de se renforcer au point de vu capacité pour pouvoir travailler avec les autres structures existantes dans la mise en œuvre de ces programmes et projets. Ce qui représente le gros travail à réaliser. Si non l’aspect participation ne sera pas pris en compte.

 

FINANCEMENT ET GESTION.

Le financement de ces programmes et projets doivent provenir des fonds de l’état Haïtien avec la participation des autorités locales et de la Coopération Internationale.

La gestion doit être décentralisée et déconcentrée et les DDA seront les seuls responsables par-devant le Ministère pour la mise en œuvre.

Cependant le Ministère de l’Agriculture nommera un Coordonnateur national qui recevra les rapports réguliers, les analysera, en fera des synthèses et des suggestions pour le Bureau Central.

N.B.: Les DDA doivent être en mesure de définir et de préciser leur besoin pour pouvoir mettre en œuvre ces types de projet.

RESULTATS ESCOMPTES ET IMPACTS

Ils consistent à planter avec la participation de la société civile et des Collectivités locales deux cent millions (200.000.000) d’arbres en dix (10) ans. Puis avoir dans le même intervalle cinq pour cent (5%) du territoire représentant des aires protégées et trente à quarante pour cent (30 à 40%) du territoire représentant partiellement les bassins versants stratégiques.

Si on y parvient :

On aura amélioré substantiellement la production fruitière et forestière ; réduit le ruissellement, l’érosion, améliorer la fertilité des sols et protéger durablement finalement les infrastructures de production.

Des emplois durables seront créés à long terme dans toute la filière foresterie, agroforesterie, agro-industrie rurale ainsi que le développement du commerce des produits forestiers non ligneux.

Les revenus des paysans seront accrus durablement.

N.-B. En gros si on réussit les plantations à 50 % on aura une couverture végétale supplémentaire équivalant à (100 000) ha.

 

CONCLUSIONS

Actuellement le gouvernement a un plan dénommé "Haïti Verte". Dès que possible nous enverrons une copie au secrétariat forêt de la CARICOM. Pour l’instant nous ne sommes pas en mesure de vous en dire plus. Cependant quelle que soit la vision que l’on ait à l’échelle du pays sa mise en application reste et demeure une décision d’état.

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