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3. LE SECTEUR FORESTIER EN 2020

3.1. L’état des forets et des plantations

3.1.1. Les surfaces sous forêt, couvert forestier naturel

La couverture forestière du Bénin recèle une gamme variée et relativement diversifiée de types de végétation. Cette végétation représentée par quelques reliques de forêts denses semi-décidues, de forêts denses sèches, de forêts claires, de forêts galeries, le tout dominé par de vastes étendues de savanes allant de type sahélien à guinéen reflète les grandes zones agro-écologiques du pays.

Ainsi:

A la zone sud équatoriale s’étendant de la côte atlantique à une ligne transversale passant par Savè, où la pluviométrie varie de 900 mm à 1 400 mm/an avec deux saisons de pluie par an, correspond une végétation du type guinéen.

A la zone soudano guinéenne, jusqu’à la transversale de Bembérékè avec des amplitudes thermiques bien marquées, une pluviométrie moyenne annuelle se situant entre 1000 et 1 200 mm et deux saisons bien distinctes correspond une végétation de type soudano-guinéenne

A la zone soudanienne sèche de type semi aride dans la partie Nord du Borgou avec 900 à 1100 mm de pluie par an et deux saisons bien marquées correspond une végétation de type soudano sahélien..

En dépit de sa position géographique , le Bénin n’est pas un pays aussi forestier que certains de ces voisins côtiers tels que la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Nigeria. En effet l’ensemble du territoire du pays est couvert à 65 % par une végétation arborée. Les forêts et galeries forestières couvrent moins de 1 % de la superficie du pays. Il existe cependant de grandes étendues de formations (forêts claires, savanes boisées) qui actuellement constituent les réserves les plus importantes en terres cultivables et en bois mais malheureusement soumises à de fortes pressions anthropiques.

Dans le but de sauvegarder le patrimoine forestier des effets néfastes de la dégradation, le Gouvernement a procédé depuis les années 1940 et 1950 à la constitution du domaine forestier classé de L’état comprenant 58 massifs forestiers pour une superficie totale de 27 000 Km² soit 19 % du territoire national répartis comme suit:

- 46 Forêts Classées pour 1 303 043 ha,

- 02 Parcs Nationaux pour 777 600 ha,

- 03 Zones Cynégétiques pour 580 000 ha et

- 07 Périmètres de Reboisement 4 162 ha.

Le reste du domaine forestier ne faisant pas objet de classement est le domaine protégé qui inclut le domaine privé

3.1.2. Les plantations forestières

La faible potentialité en produits forestiers ligneux de ces formations forestières surtout eu égard aux demandes de plus en plus fortes en bois d’une population sans cesse croissante a amené le gouvernement à entreprendre des actions de reboisement dans les domaines classés ainsi constitués et ce, depuis 1949. Ces superficies plantées avoisinent aujourd’hui une centaine d’hectares si l’on tient compte des arbres hors forêts et des plantations mixtes forestières et fruitières. L’essentiel de ces plantations a été réalisé soit en régi, soit à travers des projets de développement, soit par des ONG ou par des particuliers. Selon une récente étude réalisée par la FAO sur les formations forestières naturelles et les plantations forestières au Bénin (L. Akpado, 2000) les superficies plantées représentent 54 378, 17 ha . Ces plantations sont réparties en:

Plantations en régi et de l’ex-SNAFOR

de 1949 à 1982

7 201,6 ha

Plantations du Projet Bois de Feu

de 1985 à 1998

10 078 ha

Plantations de l’Office National du Bois

de 1985 à 1999

8 820,3 ha

Plantations de la Journée Nationale de l’Arbre (JNA) et de la Campagne Nationale pour le Reboisement(CNR

de 1985 à 1998

28 278, 27 ha

(superficie estimée)

Les essences utilisées pour ces plantations sont par ordre d’importance, le Teck, l’Acacia spp, l’Eucalyptus, spp, l’Anacardier, le Gmelina, le filao, le Neem etc.

3.1.3. La classification des formations forestières et le potentiel de production des différents types de végétations

La classification des formations forestières

Il est quasi impossible aujourd’hui de se faire une idée exacte de la situation de la couverture forestière du pays et de ses évolutions récentes. Le seul document fiable qui soit référencé dans toute la littérature relative à l’étendue et à la composition floristique de la végétation béninoise et relativement récent est le rapport de la FAO (1980) basé sur l’interprétation d’images Landsat de 1975 – début 1976, complétée par des reconnaissances aériennes et terrestres effectuées en 1978. Ce rapport distingue les grands types de végétation suivants

Tableau 16: les superficies des formations végétales et autres occupations des sols au Bénin selon FAO 1980.

Types d’occupations

Superficies

Pourcentage

1. Forêts décidues, semi-décidues et galeries forestières

2. Forêts claires et savanes boisées

3. Savanes arborées et arbustives

4. Savanes arborées arbustives saxicoles

5. Formations saxicoles

6. Formations périodiquement inondées

7. Savanes cultivées et cultures sous palmiers

8. Teckeraies

9. Plantations de Cocotiers

10. Sol nu

11. Eau

12. Agglomérations importantes

63 125

1274 375

6095 625

235 000

162 500

2870625

647500

6875

11875

45625

32500

6875

0,55

11,13

53,23

2,05

1,42

25,07

5,65

0,06

0,10

0,40

0,28

0,06

Total

11 452 500

100,00

Source: les données d’inventaire (FAO, 1980)

De 1980 à 1997, ces différents types de végétation ont subi une régression dans leur superficie avec des taux différemment appréciés. Tandis que la FAO estime un taux de régression de 1 % par an entre 1980 et 1991 pour ces formations, le World Resources Institute avance un taux de 1,4 % soit un taux moyen annuel de 1,2 %. Entre 1990 et 1995, les deux institutions estiment à 1,2 % le taux moyen de régression pour les autres périodes. Le tableau ci-dessous retrace l’évolution temporelle et spatiale de cette végétation.

Tableau 17:L’évolution des superficies boisées de 1980 à 1997

Type de formation

1980

1985

1990

1995

1997*

Forêts décidues , semi décidues et galeries forestières

63 125

59 427

55 946

52 669

50 046

Forêts claires et savanes boisées

1 274 375

1 119 726

1 129 449

1 063 289

1 750 650

Savanes arborées et arbustives

6 095 625

5 738 560

5 402 411

5 085 954

2 991 088

Formations saxicoles

235 000

221 234

208 275

196 075

227 288

Formations périodiquement inondées

162 500

152 981

144 020

135 584

27 086

Total

7 830 625

7 371 928

6 940 101

6 533 571

5 046 781*

Sources: Données du consultant

* Les données de 1997 concernent les seuls départements de l’Atacora et du Borgou, d’ailleurs aussi les plus boisés.

Ainsi selon les interprétations de CENATEL, la situation actuelle des forêts est illustrée par la carte du Bénin ci-contre.

Le potentiel de production de ces formations forestières

Selon une étude sur la filière bois au Bénin,(1999), les potentialités en bois sur pied de l’ensemble des forêts naturelles et des surfaces plantées sont présentées dans le tableau ci-dessous

 

Tableau 18: Estimation des volumes de bois disponibles au Bénin

 

OCCUPATION DES SOLS

POSSIBILITES ANNUELLES (m3/an)

   

DOMAINE CLASSE

DOMAINE PROTEGE / PRIVE

TOTAL

Forêts classées

Parcs et zones cynégétiques

   

Vol bois d’œuvre

Volume bois de feu et de service

Volume bois d’œuvre

Vol bois de feu et de service

Vol bois d’œuvre vol bois de feu et de service

Vol bois de feu et de service

Bois d’œuvre brut

Bois d’œuvre net

Bois d’œuvre de feu et de service

 

Brut

Net

 

Brut

Net

Brut

Brut

         

Galerie forestière

109 816

54 908

345 136

128 682

64 341

404 430

29 882

14 941

93 914

268 380

134 190

843 480

Forêts denses sèches

2 465

1 233

45 184

2.888

1 444

52 947

671

336

12 294

6 024

3 013

110 425

Forêts claires savane – boisées

127 185

63 593

908 465

149 248

74 624

1 066 053

136 447

68 224

974 623

412 880

206 441

2 949 141

Savane arborées et arbustives

14 753

7 377

737 648

17 308

8 654

865 377

95 723

47 862

4 786 125

127 784

63 893

6 389 150

Végétation saxicole

4 198

2 099

83 951

4 930

2 465

98 604

7 189

3 595

143 780

16 317

8 159

326 335

Savane cultivée (jach culture)

36 188

18 094

144 753

 

0

 

692 352

346 176

2 769 408

728 540

364 270

2 914 161

Plantations forestières

                       

Teck

38 257

19 129

38 257

                 

Autres bois d’œuvre

10 447

 

10 447

           

38 257

19 129

38 257

Acacia auriculiformis

   

9 575

           

10 447

5.244

10 447

Cassia spp

   

3 250

               

9 575

Casuarina equisitifolia

   

1 710

               

3 250

Eucalyptus spp

   

2 995

               

1 710

Anacardier

   

24 285

               

2 995

Autres bois de feu et de service

   

420

               

24 285

Total bois d’œuvre brut

343 309

   

303 056

   

962 264

       

420

Total bois d’œuvre net

 

171 657

   

151 528

   

481 134

 

1 608 629

   

Total bois de feu et service

   

2 356 076

   

2 487 411

   

8 838 894

 

804 319

 

Source: Etude de la Filière bois au Bénin

3.1.4. Les arbres hors forêts, surface et rôle dans la production de produits ligneux et non ligneux

Selon la FAO, sont considérés comme arbres hors forêt, les arbres situés sur des terres ne rentrant pas dans les définitions de forêts et autres terres boisées. Ainsi compris, le Bénin recèle une superficie importante d’arbres hors forêt même si aucune étude ne permette d’en apprécier ni les superficies ni le volume de bois sur pied qu’ils représentent.

En effet, les arbres répondant aux critères de définitions des forêts et autres terres boisées, mais dont la superficie est inférieure à 0,5 ha ou des arbres pouvant atteindre une hauteur d’au moins 5 m à maturité avec un niveau de couverture inférieur a 5 % ou encore des arbres qui ne peuvent pas atteindre 5 m à maturité mais dont le niveau du couvert est inférieur à 20 % se rencontrent presque partout au Bénin. Il en est de même pour les arbres dispersés, situés sur des prairies et des pâturages permanents, les arbres fruitiers et cocotiers, les arbres de la foresterie urbaine installés aux abords des rues, des chemins de fer, des routes, des parcs et jardins, autour des établissements humains, en bordure des cours et plans d’eau, ou encore des arbres servant de brise-vent dans les grands champs de monoculture. Bien que ce soit une vieille pratique coloniale d’installer ces genres d’arbres, l’on peut dire aussi que l’institution de la Journée Nationale de l’Arbre et de la Campagne Nationale pour le Reboisement en 1985 a favorisé l’extension des arbres hors forêt au Bénin. Les essences utilisées varient suivant l’objet.

L’on peut dire que du temps colonial, le Khaya senegalensis et le Bombax costuma ont été plantés le long des grandes routes sur des Kilomètres de même qu’en bordures de grands axes urbains. Aujourd’hui beaucoup de ces arbres ont été coupés soit pour agrandir les voies ou pour la sécurité des personnes en circulation sur les voies bordées. Sur les places publiques c’est surtout le Delonix regia le flamboyant et le Terminalia catapa du temps colonial qui seront rejoints vers les années 80 par les Terminalia mentales, les Acacias australiens les Eucalyptus … etc.

Le flamboyant a si particulièrement marqué le souvenir de la présence coloniale français en Afrique au point où son nom a dédié à la revue forestière qui aujourd’hui lie la communauté forestière africaine à celle de la maire colonie. ( sujet discutable peut-être mais un constat quand même).

Le Neem Azadirachta indica a été surtout utilisé pour ceinturer les grands domaines agricoles et les allées des villages Agricoles Pilotes dans le temps. Le Teck, le Gmelina, le Filao, le Cocotier et le Palmier à huile aident à délimiter les propriétés foncières. Dans certaines régions du sud Bénin, le Jatropha curcas et l’Erytrina senegalensis font office de bornage dans les reconnaissances locales de propriétés de la terre.

Comme on le constate, il s’agit d’importants volumes de bois sur pied qui pourrait contribuer dans une certaine mesure à la satisfaction des besoins de population en produits forestiers et non ligneux toutes catégories confondues. C’est pour cette raison que le Bénin s’apprête à entreprendre un inventaire de ces arbres conformément à l’une des méthodologies élaborées par la FAO à cet effet.

3.1.5. Les produits forestiers non ligneux et changements dans la nature des produits et contribution au revenu et à l’emploi

Il existe une gamme très diversifiée de Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL) au Bénin. Cette gamme inclut les pâturages pour les animaux, les terres fertiles pour l’agriculture, les cours et plans d’eau pour la pêche; diverses matières premières pour l’artisanat; le miel; le gibier et autres produits de cueillette pour l’autoconsommation et la commercialisation; etc. Une récente étude sur les PFNL d’origine animale ou végétale a essayé de les classifier dans une ou plusieurs catégories selon les utilisations qu’en font les populations:

Il s’agit:

des PFNL à usage alimentaire,

des PFNL à usage fourrager

des PFNL à usage médicinal

des PFNL à usage artisanal

des PFNL à usage domestique

des PFNL à usage piscicole

des PFNL à usage agricole

des PFNL à usage culturel et

des PFNL à usage ornemental

certains de ces produits ont un impact économique très important sur l’économie nationale en terme d’exportation. Il s’agit pour les principaux de:

L’Anacardier Anacardium occidentalae

Au cours des années1967-1976 environ 5323 ha de plantations d’anacardier ont été installées par le service forestier dans le cadre de la mise en valeur de certaines forêts classées. Suite à l’amenuisement des moyens d’entretien et de surveillance et surtout à la chute du cours de l’anacarde , ces plantations ont vu leur superficie se réduire jusqu'à 1700 ha. Vers les années 1990, la libéralisation du secteur économique a vu ces plantations confiées aux privés et collectivités locales. Il y eut un nouvel engouement qui s’est traduit par l’installation de 6 000 nouvelles ha par les privés. De 1995 à 1999, 82 506, 882 Tonnes de noix cajou ont été exportées selon les chiffres de l’INSAE. Dans le marché intérieur et surtout dans l’informel des quantités énormes de cette noix ont été commercialisées pour la transformation locale. A tout cela s’ajoute l’alcool tiré de la pomme, faux-fruit et consommé sur le marché local.

Des plantes comme le Baobab, le Néré, le Rônier, le Tamarinier, l’Acajou et l’Artocarpus, le Palmier raphia font l’objet d’un commerce local en raison de leurs valeurs nutritive, médicinale ou artisanale.

Le Karité vient en second rang puisqu’il fait l’objet d’exportation également soit par son amande brute ou par son beurre. Le tableau qui suit résume les exportations de 1998 et 1999 avec d’autres produits forestiers non ligneux.

Tableau 19: Situation des exportations des produits forestiers non ligneux

PFNL

Quantité contrôlée

Destinations

1998

1999

Amande de karité

15 260,282

5.854,901

Aarhus (Danemark

Beurre de karité

-

0,060

France

Huile de palme

12.384,350

2.000

Nigéria

Tourteau de palmiste

-

1500

Lomé (Togo)

Huile de palmiste

93.080

123.050

Burkina Faso

Noix de béthel

2.595,807

21.175, 559

-

Noix cajou

8,330

17,526

Sénégal

Source: FAO, Revue et analyse des données relatives aux produits forestiers non ligneux (P.Djohossou, 2001).

Les fourragespPeuvent être considérés comme importants après l’Anacardier et la karité

En effet, les énormes besoins en fourrages des ruminants estimés à 202.500 kg chaque année sont satisfaits à partir de nos formations naturelles sans compter près de 420 000 kg de fourrage par an pou l’alimentation des aulacodes en élevage. .

Par ailleurs, sur les 3 000 espèces que compterait la flore du Bénin, l’on a dénombré 814 espèces (appartenant à 130 familles) qui posséderaient de s vertus médicinales. De plus, selon les données des enquêtes réalisées par l’ACCT en 1089, pour 507 espèces de plantes médicinales récoltées et étudiées, il a été répertorié 1980 recettes avec 3 457 indications thérapeutiques auprès de 872 informateurs et thérapeutes traditionnels béninois. Aussi avec la flambée des prix des produits pharmaceutiques et la baisse du pouvoir d’achat de beaucoup de ménages surtout ruraux, plus des 2/3 de la population recourent aux plantes médicinales pour venir à bout de leurs maux. Au Bénin on note la prolifération des tradipraticiens qui totalisent près de 8 000 tradipraticiens officiellement reconnus par le Ministère de la Santé Publique , alors que le personnel de santé toutes catégories confondue représente un effectif de 2 500. La pharmacopée constitue une source non négligeable de revenu pour une gamme variée d’intervention dans la filière :les tenanciers d’étalage de feuilles, d’écorces, de tiges, de racines, les vendeurs ambulants et les cabinets de soins mixtes tenus par les agents de santé formés dans les écoles de médecine moderne.

Les produits de pêche constituent des PFNL d’origine animale d’importance capitale pour les populations pêcheurs et l’économie nationale. Selon les statistiques, pour les espèces les plus pêchées dans les eaux du sud où l’on note une intense activité de pêche en raison de la forte concentration de la population,

15 000 tonnes de poissons sont pêchés/an

plus de 3000 tonnes de crevettes/an et

lus de 4 000 tonnes de crabes /an.

Le secteur pêche occupe plus de 350 000 actifs et la pêche dans les eaux douces continentales fournit e moyenne 42 000 tonnes/an (estimation 1995). L’importance socio-économique des ressources halieutiques est évidente. Les produits de pêche ont rapporté aux populations rurales près de 30 millions de francs CFA. En dépit de cette richesse en ressources halieutiques, le Bénin importe 12 200 tonnes de poisons congelés par an. Mais beaucoup de menaces pèsent sur cette activité de la pêche et pourrait à terme compromettre la production si rien n’est fait à temps. Ce sont principalement, la surexploitation des ressources biologiques, la pollution des eaux par des pesticides, utilisés en agriculture, utilisation des techniques de pêche inadéquates, les comblements de lacs etc.

Le miel est incontestablement aussi l’un des PFNL entrant pour une grande part dans l’alimentation des ménages, dans les rites traditionnels, dans la pharmacopée et qui procure d’importants revenus aux ménages ruraux qui pratiquent l’apiculture. La technologie de production du miel a évolué dans le temps et dans l’espace allant de la cueillette ou chasse du miel à l’apiculture moderne en passant par l’apiculture traditionnelle. Ces mutations rapides trouvent leur fondement dans le fait que l’apiculture traditionnelle tout en donnant du miel de mauvaise qualité est aussi source potentielle d’incendies de forêts et donc un frein au développement de la bio diversité. Alors les différents projets de développement devant accompagner les communautés locales dans leur effort de développement se sont appuyé sur ce levier pour amener les populations à adhérer massivement et très rapidement aux activités d’apiculture moderne qui en revanche tout en favorisant la production du miel de qualité marchande .permet de lutter contre les feux de brousse et de restaurer la diversité biologique des massifs forestiers. Il s’en est résulté une espèce de boom dans la production de miel qui selon quelques statistiques récentes mais d’envergure géographique limitée était estimée à:

4,5 Tonnes en 1999

23 Tonnes de Janvier à Avril 2000

Ces chiffres ne semblent pas tenir compte du miel produit par certains apiculteurs riverains des forêts classée »s en cours d’aménagement

Une autre catégorie de produits forestiers non ligneux, c’est la faune sauvage et son habitat. Au Bénin, elle est valorisée à travers le tourisme net la chasse. Les parcs nationaux de la Pendjari et du W accueillent pendant la saison touristique ( 15 Décembre - 15 Mai) de nombreux touristes nationaux et surtout internationaux.

Chaque année au cours de la saison cynégétique et touristique l’on enregistre 2000 à 3000 entrées de touristes dans les parcs nationaux. La clientèle du tourisme de vision est en majorité composée d’expatriés et Burkina Faso, de la côte d’Ivoire, du Niger, du Togo, du Ghana et du Nigéria. Le bilan économique incluse la fréquentation des parcs et les dépenses hôtelières et s’établit de la manière suivante pour les quatre dernières saisons:

Saison 1997-1998: 2 800 Visiteurs 124 680 000 FCFA

Saison 1998-1999: 91 620 000 FCFA

Saison 1999-2000: 4095 visiteurs 93 444 000 FCFA

Saison 2000-2001: 80 000 0000 FCFA arrêté au mois d’avril 2001

Soit pour les quatre années consécutives un montant total de 185 014 000 FCFA CENT QUATRE VINGT CINQ MILLION QUATORZE MILLE FRANCS CFA.

Ce montant est constitué des recettes de tourisme de vision, de permis de chasse, de taxe d’abattage, de licence de guide de chasse, de permis de pêche et de transactions diverses et ne concerne pratiquement que le seul parc de la Pendjari.

Avec la nouvelle vision de gestion démocratique des réserves de faune intégrant une forte participation des communautés riveraines, vue l’attrait particulier qu’exerce le Bénin pour sa stabilité politique dans la sous région à l’échelon international, ces recettes ne pourront que continuer de croître. Il faut par ailleurs préciser que la valeur récréative des forêts et leur intérêt socioculturel restent encore insuffisamment exploités surtout en ce qui concerne les forêts des périmètres de reboisement urbains ou périurbains.

3.1.6. La conservation de la diversité biologique et la fonction de protection des forêts

Si l’on considère la Bio diversité ou la Diversité biologique comme un ensemble d’éléments composant la vie sous toutes ses formes et tous ses niveaux d’organisation à une échelle spatiale donnée, œuvrer pour son maintien et son développement revient à préserver la vie Et cela, l’état Béninois l’a très tôt compris et a de ce fait accordé un intérêt particulier au maintien et au développement de la bio diversité. C’est ce qui explique que dès les années 1933, le Bénin, alors Dahomey, a accepté les conclusions de la réunion de Londres sur la diversité biologique. A l’instar des autres Etats contractants de ces accords, le Bénin a accepté de mettre en œuvre les moyens et les méthodes de la protection de la nature par l’amélioration des systèmes de production agricoles de même que l’établissement et la mise en œuvre de nouvelles réglementations en faveur de la protection de la nature. Il s’en est suivi la constitution de réserves totales ou partielles de la flore de la faune qui, selon les buts particuliers qui leurs sont assignés sont dotées de statuts et portent des noms différents.

Ce sont:

a) Les Parcs Nationaux:

Parc National de la Pendjari: 275 500 ha

Parc National du W du Niger 502 050 ha

Réserves totales de faunes (ce sont les forêts classées à chasse interdite)

Périmètres de reboisement d’Abomey 173 ha; de Kouandé 47 ha; de Natitingou 203 ha; de Parakou 256 ha; de Sèmè, 1290 ha; des Tanékas, 1090 ha; de la Lama, 16 250 ha; du Barrage de Natitingou, 142 ha; de Wari Maro, 107 500 ha; de l’Ouémé Supérieur 177 542 ha; de Wénou-Bénou 30 000 ha; des Trois rivières 259 500 ha; de Sérou 498 ha; de la Sota,53 000 ha; et de Tchatchou200 ha. Soi au total 1 424 747 ha

Réserves partielles de faune

Ce sont des forêts classées où la chasse n’est permise que sous certaines conditions c’est à dire qu‘elle n’est autorisée qu’aux seules populations locales utilisant uniquement les moyens traditionnels: arcs, lances, et fusils de traite. Il s’agit des forêts classées l’Alibori supérieur, 256 000ha; d’Atchérigbé, 3 150 ha; de Bassila, 2 500 ha; de Bellefoungou, 1300 ha; de Birni 3 200 ha; de Boko, 300 ha; de Dan, 1237 ha; de Dogo, 31 850ha; de Guéné, 1300 ha; d’Itchèdè, 191 ha; de Kandi, 250 ha; des Collines de Kouandé 4 560 ha; de Logozohè, 1 200 ha; de la Mékrou, 9 390 ha; de N’Dali 4 721 ha; de Ouèdo, 586 ha; de Pénessoulou, 5 470 ha; de Soubroukou, 84et de Toui, 29 030 ha. Soit au total 356 319 ha.

Ce sont aussi des zones non classées dans le domaine de l’état mais où la chasse est réglementée:

Zone cynégétique de la pendjari: 200 000 ha

Zone cynégétique de l’Atacora:

Zone cynégétique de la Djona

b) Les Réserves à buts définis

C’est le cas de zones destinées à protéger des sites spéciaux tels les forêts classées de Kilir, (Djougou), 50 ha, du barrage de Natitingou, 142 ha, de Sakété, 60 ha et de Tozoun (Allada) 66 ha.

Mentionnons toutes fois que malgré ces vastes étendues de milieux naturels qu’on aurait pu intégrer à l’organisation touristique et cynégétique au Bénin, il n’y a actuellement que l’ensemble formé au Nord Est du pays de parcs nationaux et de zones cynégétiques qui constitue l’essentiel de l’habitat de la faune sauvage.

3.1.7. Caractéristiques des ressources fauniques

Le Bénin dispose d’une faune sauvage riche, variée et relativement diversifiée. C’est incontestablement le principal attrait touristique des parcs et autres réserves de faune du pays. Des dénombrements successifs effectués par Larsen en 1976, PAPN en 1987 et PGRN en 1996 donnent des résultats qui varient en fonction des méthodes utilisées et des périodes de l’inventaire (cf. estimations approximatives des populations des grands mammifères)

Tableau 20: estimation de la faune sauvage du Parc National Pendjari

Espèces

Larsen 1976

PAPN 1987

PGRN 1996

Eléphant

NC

850

NC

Buffle

2 200- 5 000

2 000

2069

Hippotrague

4 400-5 800

1 250

3 861

Bubale

7 100- 11 800

1 300

1 792

Damalisque

1 100- 2 200

170

-

Cobe de buffon

33 100-50 700

6 000

5 378

Cobe de Defassa

3 000-4 400

7 00

165

Cobe des roseaux

8 00

NC

1 655

Céphalophe

1 400-4 400

NC

3 198

Phacochère

10 500-15 000

3 000

2 482

Ourébi

6 600-10 100

NC

2 095

Hippopotame

NC

280

NC

Source: Rapport PAPN, 1987

En ce qui concerne l’avifaune, près de 280 espèces ont été recensées par Green et Sayer (1979). Les facteurs inhibant le développement de la faune et de son habitat :

La faune et son habitat sont confrontés aux phénomènes conjugués des feux de brousse, des empiétements agricoles, de la transhumance, du braconnage, et de la sécheresse parfois prolongée affectant les mares.

3.1.8. La gestion des Parcs et écotourisme

Selon :le document du Projet de Conservation et de Gestion des Parcs Nationaux (Août 1996), le Bénin dispose d’atouts considérables pour un développement de la faune, son habitat et l’écotourisme. Il s’agit :

du réseau d’aires protégées diversifiées et complémentaires constitué par les parcs nationaux de la Pendjari et du W du Niger ainsi que les Zones Cynégétiques de l’Atacora, de la Djona et de la Pendjari.

d’une flore faiblement à moyennement dégradée et d’une faune peu menacée en dépit du braconnage sauvage,

une population riveraine à faible densité menaçant peu la bio diversité,

une diversité ethnique e bordure des aires protégées pouvant contribuer à un tourisme de découvertes culturelles,

des infrastructures touristiques d’hébergement et de déserte faisant partie des meilleures dans la sous région,

l’existence de volonté politique à la protection des espaces naturels et la manifestation d’une forte intention à une politique volontariste en matière de participation des populations à la gestion des aires protégées,

disponibilités de compétences nationales réelles en matière de connaissance des écosystèmes et de faune des aires protégées,

l’intérêt marqué de plusieurs Bailleurs de fonds à appuyer le Bénin et certains pays limitrophes dans la gestion des aires protégées.

Cependant, le développement du sous secteur écotourisme se trouve actuellement confronté à un certain nombre de contraintes dont les plus importantes sont :

le ca dre institutionnel chargé de la gestion des aires protégées est inadéquat et souffre de dysfonctionnement entre structures concernées par cette gestion,

la législation en matière de conservation, de protection et d’exploitation/utilisation des ressources naturelles est obsolète et ne peut plus répondre aux initiatives indispensables à une gestion efficace,

la gestion de la faune et du parc est marquée par une faible capacité d’intervention des agents par manque de formation, de motivation de moyens et d’organisation,

le braconnage dépasse les capacités de régénération des populations de a grande faune,

les populations riveraines sont exclues de la gestion et de l’exploitation des aires protégées,

l’implication de plusieurs bailleurs complique une coordination parfaite non seulement avec les autorités béninoises mais aussi entre les bailleurs de fonds le Bénin ne dispose en fait que d’un nombre limité de personnes –ressources capables de gérer efficacement des aires protégées.

3.1.9. Caractéristiques des ressources pastorales

D’après les statistiques de la Direction de l’Elevage et du Ministère du Développement Rural, les effectifs du cheptel béninois atteignaient en 1992, 1.129.445 bovins, 1.561.923 petits ruminants (ovins –caprins), 421.102 porcins et 10 000 000 de volailles toutes espèces confondues. En 2000, ce cheptel a connu une croissance d’environ 4,70 % faisant passer les bovins à 1.182.152 et les petits ruminants à 1.635.177. En ce qui ce qui concerne les porcins, une épidémie de peste porcine a décimé le troupeau notamment dans la partie méridionale qui est actuellement en pleine reconstitution.

La production animale représente une part considérable de la production agricole (9 % du PIB). Elle couvre environ 7 millions d’hectares dont les ¾ sont concentrés dans les départements de l’Alibori, du Borgou de l’Atacora et de la Donna où la faible occupation de l’espace fait place à un élevage traditionnel extensif.

Ce cheptel national constitué de bovins et de petits ruminants est évalué à 1.433.932 UBT. Ce’ taux de charge pèse essentiellement sur les zones soudanaises des départements de l’Alibori, du Borgou, de l’Atacora et de la Donna à concurrence de 80 %. Il comprend aussi bien les troupeaux autochtones que les troupeaux transhumants étrangers estimés à 433.698 UBT dont une partie est en voie de sédentarisation au Bénin.

La principale source d’alimentation de ce cheptel national est constituée à 80 % de pâturage naturel estimé à 7 Millions d’hectares dont les ¾ sont localisés dans les départements précités où justement la faible occupation de l’espace favorise un élevage traditionnel de type extensif.

La deuxième catégories de sources d’alimentation sont constituées de résidus de récoltes comme les légumineuses (fanes d’arachide, et de nimbé), les pailles de céréales (spaths, feuilles et tiges) et les feuilles de cotonniers

La troisième source d’alimentation provient des sous produits agro-industriels. Ce sont les graines de coton, les tourteaux d’oléagineux, des drêches de brasseries et des issues de meuneries. Ces sous produits sont faiblement valorisés puisque 99 % sont exportés vers l’Europe en particulier

Malheureusement ce pâturage naturel ne bénéficie que de très peu d’attention des différents programmes de développement du secteur élevage qui se sont succédés jusque-là.

 

3.2. Etat des industries forestières.

Le tissu industriel forestier du Bénin demeure encore rudimentaire si l’on s’en réfère au degré de transformation des produits fabriqués. L’exercice au Bénin du métier d’exploitation forestière, du commerce et de l’industrie des produits forestiers est réglementé par la loi 93-009 du 2 Juillet 1993 portant régime des forêts en République du Bénin. En 1996, la Direction des Forêts et des Ressources Naturelles a enregistré 398 exploitants forestiers, 1261 commerçants de produits forestiers et 80 industriels du bois. Sur les chantiers d’exploitation la hache, la tronçonneuse et plus récemment la scie passe partout sont utilisées pour abattre et tronçonner l’arbre en bille ou grume.

3.2.1.Les industries de première transformation

On entend par produits de première transformation, les produits fabriqués à partir du bois brut ou grume, c’est de produits de sciage qui incluent:

le bois de menuiserie,

le bois de charpente et

le bois de coffrage.

Trois types de scieries effectuent cette première transformation au Bénin. Ce sont:

- Les scieries fixes ou modernes,

- les ateliers de débitage et

- une scierie mobile

Les scieries fixes (ou modernes) estimées au nombre de 12 dont les plus importantes ONAB –Industrie, Scierie du Golfe SA, Benteck S.A, Société Justin et SOPACOB., font surtout des débités de teck (planches) pour l’exportation ou en vue d’une deuxième transformation localement.

La première transformation en bois de sciage est le fait d’environ 910 petites menuiseries et ébénisteries difficilement dissociables des ateliers de débitage et possédant au moins une scie à ruban avec laquelle elles scient des madriers en planches et en chevrons.

Les madriers étant récoltés par des scieurs à partir des scies de longs autorisées mais demandant d’efforts physiques considérables ou de la tronçonneuse très rapide mais prohibée par la loi.. ou encore ces madriers sont achetés dans les dépôts de bois.

Selon une récente étude de la filière bois au Bénin, la capacité installée de ces usines est d’environ 7 700 m3 grume par mois soit 92 000 m3 grume /an alors que la production courante (obtenue des responsables des usines ) se situait pour les quatre usines à environ 4000 m3 grume par mois soit 48 000 m3/an

Il faut noter que l’ONAB à lui seul consomme plus de 70 % des grumes de teck transformées par les scieries fixes du Bénin.

3.2.2 Les Industries de deuxième transformation

Les produits de deuxième transformation constituent une alternative intéressante pour le secteur de la transformation du bois. Nécessitant un usinage simple, ils offrent la possibilité d’obtenir une valeur ajoutée plus importante. Les usines œuvrant dans ce secteur sont alimentées en matière première à partir des produis de première transformation et fabriquent un ou plusieurs de ces produits tels que:

- Frises à parquets ou parquets

- Moulures

- Palettes

- Lattes, …etc.

3.2.3. Les Industries de troisième transformation

Les produits de troisième transformation sont issus de l’assemblage es produits de première et deuxième transformations. Les entreprises du secteur pratiquent habituellement la menuiserie, l’ébénisterie, l’agencement et la décoration. Bien qu’il existe plusieurs centaines de petites menuiseries et d’ébénisteries au Bénin, il n’y a pas de troisième transformation à grande échelle. Même les unités de fabrication qui ont plusieurs dizaines d’employés ne s’adressent en fait qu’à un marché local.

 

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