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4. LE SECTEUR FORESTIER EN 2020

4.1. Forêts et Plantations

4.1.1. Forêts Naturelles

Les estimations les plus optimistes aujourd’hui font état de 2,5 millions d’hectares d’îlots de forêts disséminées, fortement dégradées par l’agriculture itinérante et appauvries par l’exploitation forestière de type minier. Les mesures préconisées dans le cas de la reforme forestière et de la nouvelle politique laissent supposer que la dégradation des forêts naturelles va se poursuivre pour atteindre un minimum.

Les forêts classées, environ 2 millions d’hectares, sont gérées par la SODEFOR crée en 1966 pour les besoins de reboisement. A ce titre, elle devient le principal gestionnaire des forêts classées du domaine forestier permanent de l’Etat. La SODEFOR devra donc doter les forêts classées de plan d’aménagement et assurer la mise en œuvre après approbation par le Ministère de tutelle.

Quant aux parcs nationaux et réserves d’une superficie d’environ 2 millions d’hectares, repartis dans les zones écologiques du pays, ils connaissent un taux de dégradation de l’ordre de 10%. Le Gouvernement ivoirien, très préoccupé par les problèmes environnementaux a formulé en 1995, une stratégie nationale de gestion des parcs et réserves. L’outil opérationnel de cette stratégie est le Programme Cadre de Gestion des Aires Protégées ( PCGAP). Ce programme actuellement dans sa phase de préparation active est appelé à devenir un programme d’investissement sectoriel à long terme. Il vise globalement à préserver un échantillon de la diversité biologique du pays à travers la conservation des parcs nationaux et réserves analogues. Ces objectifs fondamentaux sont:

améliorer la capacité de gestion des parcs et réserves de Côte d’Ivoire

mettre en place une stratégie de gestion plus efficace des parcs et réserves par une participation plus accrue des ONGs, des populations riveraines et du secteur privé.

Récemment, en 1999, une action importante a été réalisée avec la parution de la monographie nationale sur la diversité biologique. Les résultats de cette étude ont mis à jour l’inventaire des ressources naturelles qui se trouvent dans le pays, ont permis l’identification des menaces qui pèsent sur la diversité biologique, et ont contribué à mettre en exergue les déficiences et les lacunes majeures qui existent au niveau de la conservation des ressources naturelles.

A la suite de cette activité, il y a la formulation de la Stratégie et le Plan d’Action Nationale sur la Diversité Biologique en phase d’achèvement.

4.1.2. Plantations

Avec 3 000 à 5 000 hectares environ par an de reboisement exécuté par la SODEFOR, les plantations forestières de type industriel couvrent une superficie totale de 120 000 ha en l’an 2000 principalement en Teck, Gmelina, Terminalia, et quelques essences d’espèces locales. Elles pourraient atteindre, pour les forêts classées, plus de 180 000 ha en l’an 2020 avec des estimations de 3 000 à 5 000 hectares par an.

Les plantations forestières réalisées dans le domaine rural, du fait de la mise en œuvre de la reforme de l’exploitation forestière en 1995, atteignent les 40 000 ha et pourront dépasser les 100 000 hectares en l’an 2020 à un rythme moyen de 8 000 hectares l’an.

4.2. Industrie Forestière

L’industrie forestière ivoirienne, qui a connu un développement spectaculaire dans les années 70 – 80, rencontre quelques difficultés aujourd’hui. Difficultés qui trouvent leur origine dans la raréfaction de la matière première ligneuse. Ainsi, les bois de tranchage (Aniégré, Aningeria robusta et Bété, Mansonia altissima) sont devenus rares et de petit diamètre. Cette situation entraîne une diminution constante de la production industrielle de tranchage. Aussi est-elle passée de 20 000 m3 en 1988 à 12 000 m3 environ en l’an 2000.

Pour palier l’insuffisance de grumes, les unités de tranchage achètent des billes de bois importées de la Guinée ou du Libéria. Cette production industrielle de tranchage va continuer à décroître jusqu’en 2020 et aura pour conséquence la fermeture de certaines unités de tranchage. Les unités de sciages rencontrent, elles aussi, les mêmes difficultés. Les essences nobles telles que: Acajou, Bété, Niangon, Makoré, Aboudikro, Sipo se sont raréfiées. L’Iroko (Chlorophora regia), dont la production s’est accrue au cours de la dernière décennie 1990-2000, commence à connaître la même baisse de production que les bois précités. La production de bois blanc est également en régression constante. Aussi, certaines unités de sciage ont-elles commencé à fermer. Cette tendance devrait se poursuivre dans les années à venir. Seuls les grands groupes industriels, bien que rencontrant des problèmes d’approvisionnement, devraient résister à cette crise de matière première. Ils se délocaliseront en rachetant les petites scieries incapables de supporter la concurrence.

Par contre, les unités de déroulage et de fabrication de contreplaqués se développent assez bien pour répondre à la demande locale et du marché. Elles connaîtront, quant à elles, un essor certain dans les années à venir à cause de la disponibilité de la ressource et de la forte demande de marché mondial.

4.3. Situation de l ‘offre et de la demande de bois

D’une manière générale, la demande des produits forestiers est très importante, tant sur le marché local qu’au niveau mondial. Cette forte demande s’est traduite par une pression sur la forêt qui a décru en superficie et s’est appauvrie en essences de bois d’œuvre.

Aujourd’hui la structure de l’offre a été bouleversée et profondément modifiée. Les bois de tranchage et de sciage, autre fois abondants, se sont raréfiés. L’offre en bois de tranchage est très faible et la tendance est à la baisse.

A l’horizon 2020, l’offre devrait se situer autour de 10 000m3. Concernant les bois de sciage, les essences dites nobles se sont raréfiées-elles aussi au profit des essences secondaires encore moins utilisées. La disponibilité en bois ronds industriels de forêts naturelles est d’environ

2 500 000 m3 par an. Par ailleurs, la production de bois ronds issus des plantations est en hausse. Les plans d’aménagement, déjà élaborés, des forêts abritant les plantations forestières ont permis d’estimer la production annuelle moyenne de bois d’œuvre de plantation à 622 000 m3 par an entre 2008 et 2012. La production de bois de chauffage est difficile à évaluer. Toutefois, on estime que le bois de chauffage représente 80 à 90 % de toute la consommation de bois. En 2020 on estime que le pays connaîtra une pénurie de bois de chauffe qui pourrait bien être compensée par d’autres combustibles, notamment, les hydrocarbures, le gaz butane et l’électricité.

4.4. Implications sociales et économiques

Le bois et les activités du secteur bois ont joué et continuent de jouer un rôle prépondérant dans le développement social et économique de la Côte d’Ivoire. Troisième produit d’exportation pendant plus d’une vingtaine d‘années, les activités du secteur bois ont connu une nette régression ces dernières années. Cela s’explique en partie par la raréfaction des essences de bois d’œuvre, la structuration de l’industrie du bois qui compte un nombre trop important d’unités de première transformation et les contraintes actuelles du marché.

Au plan social, les pertes d’emplois et de revenus sont nettement perceptibles avec la fermeture de plusieurs unités de transformation et la baisse d’activités dans toutes les composantes du secteur (exploitation, transformation, transport, commercialisation…)

Au plan économique, le prix du marché, le coût élevé du matériel et des carburants sont autant de facteurs défavorables.

4.5. Cadre institutionnel

4.5.1. Administration forestière

Les structures administratives en charge de la gestion des activités forestières et environnementales ont connu une instabilité quasi-permanente depuis l’ère des indépendances en 1960. Tantôt Direction des Eaux et Forêts, tantôt Direction de la Police Forestière de 1960 à 1966; Direction des Eaux et Forêts et de la Chasse de 1966 à 1970; puis Secrétariats d’Etat chargés l’un de la reforestation et l’autre des parcs nationaux de 1971 à 1974.

Le premier Département ministériel pour les Eaux et Forêts est crée en 1974; à partir de cet instant, cette instabilité va se renforcer jusqu’à l’heure actuelle. Ainsi, à partir de 1976, les différentes activités relevant du secteur forestier seront confiées à deux ministères: le Ministère des Eaux et Forêts et le Ministère de la Protection de la Nature. Cette organisation ne dura que 16 mois et le 20 juillet 1977, le nouveau gouvernement ne reconduit que le Ministère des Eaux et Forêts pour gérer l’ensemble des activités du secteur.

En février 1981, deux Ministères se partagent les activités; Il s’agit du Ministère des Eaux et Forêts et du Ministère de l’Environnement. Puis le Gouvernement de novembre 1983, associant les activités forestières et agricoles, crée le Ministère de l’Agriculture et des Eaux et Forêts en cédant la pisciculture et la pêche au Développement Rural. En juillet 1986, le Ministère des Eaux et Forêts retrouve sa place au sein du nouveau gouvernement. Les changements se sont toujours poursuivis et en 1990 est né le Ministère de l’Agriculture et des Ressources Animales.

Puis, à partir de 2000 on est passé successivement du Ministère de la Construction et de l’Environnement, du Ministère de l’Environnement de l’Eau et de la Forêt pour aboutir enfin au Ministère des Eaux et Forêts et Ministère du Cadre de vie et de l’Environnement en 2001.

La diversité des activités forestières a amené l’Administration forestière à créer des structures plus ou moins spécialisées. Cette spécialisation s’est opérée dans quatre grands domaines à savoir:

la production de bois et l’industrie forestière

la protection de la nature, de l’environnement et de l’exercice de la chasse

la pêche et la pisciculture

la formation et la recherche forestière

La structure des différentes administrations qui se sont succédées tourne autour de ces grands axes et la mise en place de cette structure s’est faite de manière progressive avec l’évolution de l’Administration décrite plus haut. Au niveau régional, la représentation de l’Administration forestière est assurée par des Régions forestières, des Cantonnements, des Brigades ou Postes forestiers qui, eux, ont plus ou moins suivi le découpage politique et administratif du territoire national.

Cette instabilité a été et demeure un sérieux handicap dans le contrôle, le suivi et même la poursuite des projets et programmes initiés dans le secteur. A cela, il faudra ajouter le personnel technique en nombre insuffisant, des moyens matériel et financier inexistants.

2.5.2. Secteur privé et Société Civile

Les activités forestières industrielles en Côte d’Ivoire sont conduites par le secteur privé; que ce soit dans le domaine de l’exploitation du bois et des produits non ligneux ou dans celui de la transformation de la matière ligneuse. L’Etat se réservant les fonctions du choix et de l’encadrement des opérateurs, du suivi et du contrôle des activités, de la réglementation, de la formation et de la recherche. Les opérateurs économiques sont en général regroupés en syndicats pour discuter avec l’Administration et défendre leurs intérêts. Le secteur privé industriel est organisé et contrôle le secteur.

Les organisations non gouvernementales(ONGs) par contre sont d’assez récente création et ont des actions encore marginales dans le secteur. En dehors de quelques-unes qui émergent, la plupart des ONGs du secteur forêt et environnement sont très timides et ont des actions limitées. Avec une meilleure organisation et des programmes cohérents, elles pourront certainement dans le futur avoir un impact important sur le développement du secteur.

Quant aux populations rurales, elles jouent un rôle prépondérant; surtout dans l’exploitation et la commercialisation du bois énergie et des produits non ligneux. Leur rôle est d’autant plus important que leurs attitudes conditionnent le succès ou l’échec de tout programme de développement en milieu rural.

2.5.3. Formation et Recherche Forestières

La formation forestière était assurée par plusieurs écoles: les Ecoles Forestières du Banco et de Bouaké pour la formation des techniciens et techniciens supérieurs ( MPVA et APVA), l’Ecole forestière de Bouaflé pour la formation des Préposés des Eaux et Forêts, l’Institut Agricole de Bouaké et l’Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Yamoussoukro pour le cycle supérieur (cycle ingénieur).

La formation forestière aujourd’hui est en crise. Pour des raisons plutôt budgétaires elle n’est assurée que par trois écoles dont les effectifs annuels sont loin de justifier le fonctionnement normal de ces établissements. Le taux de recrutement à la fonction publique du personnel technique formé est relativement faible, alors que les services forestiers connaissent un déficit important de personnel qui est de surcroît vieillissant. Ce déficit sera encore plus important en l’an 2020.

La recherche forestière connaît les mêmes difficultés. La restructuration de la recherche en Côte d’Ivoire n’a pas laissé de place à la recherche forestière initialement assurée par le CTFT(Centre Technique Forestier Tropical) puis, l’IDEFOR (Institut des Forêts). Ces structures sont fondues dans un grand ensemble dénommé Centre National de Recherche Agronomique( CNRA) qui prend en compte la recherche fondamentale, la recherche développement étant laissée à l’initiative des demandeurs.

 

 

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