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DEUXIÈME PARTIE
ACTIVITÉS DES AGENTS DE TERRAIN EN MATIÈRE D'ALIMENTATION - NUTRITION

INTRODUCTION

La malnutrition a de multiples causes: économiques, sociales, culturelles, politiques, sanitaires, etc. Elle ne peut être combattue que par des actions qui s'attaquent tant aux causes structurelles qu'aux causes conjoncturelles.

Cette lutte ne pourra être efficace qu'à travers une action concertée de tous les secteurs impliqués.

La convergence des efforts se fera sentir, par exemple, lors d'une intervention qui exige la modification des habitudes liées à la nutrition. Cette modification aura des effets sur la production, la culture, l'économie, l'éducation, l'environnement, la santé, etc. C'est à ce tire que l'agronome, l'économiste, le sociologue, l'enseignant, l'agent de santé, et l'agent de communication, etc. seront appelés à unir leurs efforts pour la conception, la formulation, la mise en oeuvre et l'évaluation de cette intervention. La nécessité de la collaboration s'impose.

L'intersectorialité se justifie encore pour une autre raison: l'application d'une série d'interventions dans la communication sociale requiert l'utilisation de multiples canaux de communication devant agir en complémentarité. Il est dès lors nécessaire de s'assurer d'emblée la collaboration de ceux qui maîtrisent les moyens de communication.

L'intersectorialité répond à une exigence de globalité dans l'approche d'un problème nutritionnel. Elle appelle l'intervention de tous les agents de développement opérant dans la même zone, mais généralement séparés par le cloisonnement interministériel. Ce cloisonnement institutionnel ne doit en aucun cas constituer un frein à la collaboration des agents entre eux et avec la participation des populations bénéficiaires.

La collaboration permet d'éviter que les agents ne se contredisent ou ne se nuisent, ce qui risquerait de leur faire perdre la confiance de la population locale et de faire échouer le projet;

Développer un tel esprit d'équipe implique entre autres:

Certains agents de terrain développent des activités en rapport avec la nutrition. Il s'agit notamment des agents de santé, des animateurs ruraux, des élus locaux et représentants du gouvernement.

Ces activités sont:

Pour les élus locaux et les représentants du gouvernement

Pour les agents de santé

Pour les agents de la promotion féminine

Pour les agents de développement agricole

Pour les agents de la radio rurale

Pour les enseignants

Il doit exister, entre les agents travaillant dans la même localité, en plus du circuit officiel, un circuit parallèle d'information par lesquels tous seraient informés des programmes et projets en cours de réalisation dans la localité.

Les agents de terrain doivent travailler ensemble.

Ensemble, ils doivent aider la communauté à identifier, à analyser et à affronter les problèmes nutritionnels auxquels elle est confrontée.

Pour être efficace, les agents de terrain respecteront un schéma de planification de leurs interventions identifié sous l'appellation de cycle des «3A».

Figure 14

Figure 14- Le cycle des «3A»: Appréciation- Analyse-Action

La communauté, avec l'aide des agents de terrain, commence par une appréciation de la situation nutritionnelle locale. Nous verrons comment dans le cadre du moudule 5.

La communauté procède ensuite à l'analyse des causes du problème nutritionnel identifié (module 6)

Elle peut alors entreprendre une action visant à résoudre ce problème nutritionnel (module 7). Cette action-ou ces actions - est (sont) menée (s) dans un cadre intersectoriel et communautaire.

Enfin, au moment opportun, les agents de terrain et la communauté évalueront les résultats de l'action entreprise, ce qui conduit à une nouvelle appréciation de la situation nutritionnelle, début d'un nouveau cycle des «3A» (module 8).

MODULE 5: APPRÉCIATION DE LA SITUATION

OBJECTIFS

Au terme de l'étude de ce module, vous devriez être capable de:

5.1. MODALITÉS DE L'APPRÉCIATION DE LA SITUATION NUTRITIONNELLE

L'appréciation de la situation, première étape du processus de planification, se réalise en équipe intersectorielle, avec des représentants de la communauté.

Plusieurs indicateurs peuvent être utilisés, tels que, en ce qui concerne les enfants de moins de cinq ans, groupe vulnérable:

Si l'on ne peut récolter qu'un seul indicateur au niveau de la communauté ; c'est le rapport poids/âge des enfants de 0 à 3 ans qui sera retenu.

Pour recueillir cet indicateur, il est nécessaire de procéder à une enquête nutritionnelle. Nous allons voir comment faire.

5.2. GÉNÉRALITÉS SUR L'ENQUÊTE

Le succès d'une enquête dépend pour beaucoup de l'établissement de bons rapports entre l'enquêteur et les membres de la communauté, aussi les premières rencontres doivent-elles être soigneusement préparées.

Il faut contacter le père et la mère de famille; il faut donc choisir un moment de la journée où l'on a de grandes chances de les rencontrer (en général en fin de journée). Si le père de famille n'est pas présent, il faut prendre rendez-vous. Il est nécessaire de rappeler brièvement qui sont les enquêteurs, le but de l'enquête et la raison du choix de cette famille.

Les données à recueillir doivent être consignées avec soin sur une fiche, soit au moment de la visite, soit juste après la visite. Il peut être utile de consigner sur un cahier les observations et remarques qui sont pertinentes pour l'enquête mais qui n'entrent pas dans le cadre du questionnaire.

L'enquêteur doit adopter l'attitude suivante:

L'enquêteur doit faire preuve de respect à l'égard des personnes auxquelles il rend visite, quel que soit leur rang social ou leur situation économique, mais il doit éviter la flatterie souvent suspecte.

Lorsque se pose un problème de langue, il faut recourir autant que possible à un interprète qui soit un membre de la famille ou à une personne de la communauté désignée par la famille.

Lorsque la confiance de la famille est acquise, la prise de notes au cours de l'enquête ne devrait ni gêner, ni intimider l'interlocuteur.

L'idée de cadeaux doit être exclue des relations entre l'enquêteur et la famille. L'enquêteur doit éviter d'accepter des cadeaux ou de la nourriture de la part de la famille qu'il visite: cela risque à la longue de donner l'impression qu'il recherche un profit personnel. Cependant, lorsqu'une famille insiste, il peut accepter le verre ou le repas de l'amitié. Il n'est pas souhaitable non plus que l'organisme qui réalise l'enquête distribue des cadeaux. Cette pratique crée un précédent avec des conséquences fâcheuses pour l'avenir car, si des cadeaux sont nécessaires pour assurer la réussite d'une enquête, les incidences budgétaires peuvent être lourdes et des biais peuvent être intróduits dans les réponses aux questions.

Lorsqu'il est dans la famille, l'enquêteur peut aider à de menues besognes (porter le bébé quand la mère est occupée, aider à écraser les arachides, etc.).

En cas de maladie, l'enquêteur peut dispenser des petits soins tels que donner des conseils diététiques aux mères des enfants malnutris.

Au cours des entretiens ou des mesures anthropométriques, il faut prendre le temps de parler et d'écouter la communauté. L'observation attentive de la vie de la famille et des conversations libres renforcent les connaissances sur la nutrition, le niveau socio-économique, l'hygiène, les habitudes et les coutumes dans la communauté.

5.3. L'ENQUÊTE NUTRITIONNELLE

L'enquête nutritionnelle permet d'apprécier la situation nutritionnelle d'une communauté, en établissant un taux de malnutrition, en référence aux normes internationales pour l'indicateur considéré.

Comme nous l'avons écrit plus haut l'indicateur le plus utilisé est l'indicateur poids/âge.

Quelles sont les étapes d'une enquête nutritionnelle?

Première étape: définir la population-cible sur laquelle vont être prises les mesures : les enfants de 0 à 3 ans.

Deuxième étape: faire le recensement de tous les enfants de cette tranche d'âge.

Troisième étape: peser tous les enfants à domicile selon la technique qui sera étudiée dans le module 7.

Quatrième étape: reporter les données concernant le poids et l'âge de ces enfants sur une fiche de croissance communautaire, comme nous le montrerons également dans le module 7.

Cinquième étape: identifier et compter le nombre d'enfants qui sont en état de malnutrition grave ou modérée.

La communauté dispose alors d'une photographie de la situation nutritionnelle locale.

MODULE 6: ANALYSE DU (DES) PROBLÈME (S)

OBJECTIFS

Au terme de l'étude de ce module, vos devriez être capable de:

6.1. POUR UNE ANALYSE CAUSALE ET PARTICIPATIVE

Pour lutter efficacement contre la malnutrition dans une situation donnée, il faut en connaître les causes et en comprendre les mécanismes. En outre, la problématique nutritionnelle dans les pays en développement doit être appréhendée de façon globale. Ces deux prémisses ont servi de point de départ à une recherche qui visait à élaborer une méthode simple et pratique d'analyse causale1.

Cette méthode consiste à construire un «modèle causal» de la malnutrition spécifique au groupe, à la région ou à la zone de projet considérée, c'est à dire à proposer un jeu d'hypothèses, ordonnées et hiérarchisées, qui relient entre eux les facteurs présumés de la malnutrition. Le modèle différent pour chaque situation est construit par un groupe multidisciplinaire de personnes connaissant bien la situation locale.

Le modèle, une fois construit, permet de choisir les types d'enquêtes à mener dans la communauté; de guider l'analyse de ces données; et d'identifier les interventions pertinentes. Ses principaux avantages sont: (1) l'économie de temps et d'argent qu'entraîne la rationalisation du choix, de la collecte, de l'analyse et de l'interprétation des données, (2) la mise en pratique, par une sélection plus judicieuse d'interventions, de la vision globale du problème, (3) l'expérience éducative et la motivation des constructeurs du modèle.

L'expérience récente suggère que le champ d'application de cette méthode déborde largement le domaine de la nutrition.

L'analyse causale doit être réalisée de façon participative: au niveau local, l'agent de santé, l'instituteur, le vulgarisateur agricole, les représentants des groupements féminins, les autorités administratives et traditionnelles locales, etc. seront invités à y participer.

Le modèle explicatif de la malnutrition pour une localité donnée peut toujours être enrichi par l'enquête. Plusieurs types d'enquêtes peuvent être réalisées auprès de la population en vue d'une meilleure compréhension du problème nutritionnel:

6.2. LA MÉTHODE D'ANALYSE CAUSALE

6.2.1. Utilité de la méthode2

Confrontés aux graves problèmes de malnutrition par carence les nutritionnistes travaillant dans les pays en développement ont élaboré des modèles d'intervention qui leur permettaient d'être efficaces à moindre coût.

Ivan Beghin, professeur de nutrition à l'Institut de Médecine Tropicale3 d'Anvers, a mis au point avec son équipe une méthode d'analyse des problèmes nutritionnels qui a fait l'objet d'applications en Amérique latine, en Afrique et en Asie. Cette méthode consiste à élaborer en équipe un modèle explicatif du problème nutritionnel. Elle présente beaucoup d'intérêt pour la planification des interventions éducatives.

1 BEGHIN I., CAP M., DUJARDIN B., Guide pour le diagnostic nutritionnel, Genève, OMS, 1988.
2 ANDRIEN M., BONTEMPS R., GUILAUME M., LAMBRECHT B., Éducation nutritionnelle et analyse causale, in Éducation santé, no 72, novembre 92, p.4–7.
3 BEGHIN I., et al., op cit.

Chaque modèle n'est en fait qu'un modèle hypothétique. Il sert de cadre conceptuel commun à l'équipe de mise en oeuvre d'une intervention nutrionnelle. Ce modèle évolue, tant il est vrai que la compréhension d'un problème nutritionnel s'affine au cours de la réalisation d'un projet. Il évolue notamment à la faveur des enquêtes qui sont menées dans la population.

Un tel modèle aide à la décision : il permet de choisir les facteurs sur lesquels l'intervention va concentrer ses efforts. Il aide l'éducateur à relativiser la portée de son action. A côté des facteurs sur lesquels il peut espérer exercer une influence, il existe une multitude de facteurs qui échapperont à son contrôle. L'analyse causale rend l'éducateur plus modeste dans ses ambitions de changement. Elle lui fait percevoir la nécessité d'une collaboration intersectorielle.

Au moment de l'évaluation, l'analyse causale conduit les responsables à nuancer les résultats en tenant compte de plusieurs types de facteurs : ceux que l'on voulait modifier et que l'on a effectivement réussi à modifier, ceux que l'on voulait modifier et qui ne l'ont pas été (ou alors dans le mauvais sens) et ceux qui ont échappé à notre action (les plus nombreux).

L'analyse causale se réalise en équipe, car un intérêt de la méthode est d'unir l'équipe autour d'une vision commune du problème nutritionnel. Elle aboutit à la construction d'un arbre où les facteurs s'ordonnent de haut en bas, des causes les plus proches aux causes les plus éloignées. Cette représentation graphique devient un outil de communication au sein de l'équipe.

6.2.2. Comment procéder?

Il faut réunir un groupe intersectoriel comprenant des représentants de la communauté et agents de développement impliqués dans la résolution des problèmes nutritionnels locaux, le groupe doit inclure au moins une personne formée en nutrition.

Les participants commencent par énumérer tous les facteurs du problème nutritionnel à traiter, les plus proches comme les plus distants.
L'animateur aide ensuite les participants à mettre en évidence des relations causales entre deux facteurs, puis des chaînes causales entre plusieurs facteurs.

Exemple:

Le modèle peut ensuite être construit sur un tableau assez large. Comme certains facteurs vont changer de place au cours de la construction du modèle, il vaut mieux utiliser la craie ou alors des cartons mobiles à fixer sur de grandes feuilles «kraft».

La construction du modèle (l'arbre des causes) progresse de haut en bas, de l'effet vers sa cause la plus immédiate.

Exemple :

Toute case est décomposée en deux cases au moins, situées au même niveau en dessous.

Exemple :

En ce qui concerne le dessin de l'arbre des causes, trois règles doivent être respectées par souci de simplification:

On n'indique pas les boucles de rétroaction (par exemple, si l'état de santé est un facteur de l'état nutritionnel, l'inverse est vrai aussi; l'état nutritionnel est un facteur de l'état de santé; on ne l'indique pas sur le modèle).

Lorsqu'un facteur intervient à plusieurs endroits du modèle, on répète ce facteur plutôt que de dessiner des liaisons latérales.

Lorsque deux facteurs situés sur la même ligne sont en interaction, cette interaction n'est pas représentée (par exemple, l'état de santé influence la consommation alimentaire, mais on n'indique pas cette relation causale).

6.2.3. Le résultat: l'arbre des causes (ou modèle causal)

Le résultat d'une analyse causale est un arbre des causes de la malnutrition, ou mieux, puisque tous les facteurs sont exprimés de façon neutre, un arbre des facteurs de l'état nutritionnel.

C'est un modèle causal, mais ce modèle est hypothétique. Les relations causales qui sont montrées ne sont pas nécessairement prouvées. Elles résultent de l'expérience des participants. Elles peuvent être confirmées par les enquêtes dans la communauté.

Le modèle causal présenté plus loin est proposé à titre d'exemple. Il n'a pas été réalisé en Guinée, mais s'inspire d'un modèle causal réalisé au Zaïre. Rappelons qu'un modèle causal ne vaut que pour le lieu où il a été réalisé.

Figure 15

Figure 15 - Exemple de modèle causal (arbre des causes) - tableau 1

Figure 16

Figure 16 - Exemple de modèle causal (arbre des causes) - tableau 2

6.3. LES ENQUÊTES

Pour mieux comprendre le problème nutritionnel qui se pose à la communauté, il est souvent utile de réaliser des enquêtes complémentaires à l'enquête nutritionnelle, qui a été présentée plus haut.

Les résultats de ces enquêtes permettront d' améliorer le modèle causal, de renforcer la compréhension du problème et de mieux conduire les actions qui seront entreprises à l'étape suivante.

Les passages ci-dessous sont inspirés de parties du Guide méthodologique des interventions dans la communication sociale en nutrition (Rome, FAO, 1993).

6.3.1. L'enquête de consommation alimentaire

Elle permet d'établir le taux de couverture des besoins nutritionnels d'une communauté. L'enquête de consommation se fait auprès des familles:

L'enquête par interview donne une estimation de la ration alimentaire tant qualitative que quantitative, à différentes périodes de l'année. Elle permet d'avoir une bonne idée des problèmes de consommation.

En raison de son caractère pratique, de sa rapidité et de son moindre coût, nous retiendrons la méthode par interview comme technique d'enquête de consommation alimentaire.

Notons que:

6.3.2. L'enquête CAP

A quoi sert-elle?

L'enquête CAP est une enquête menée par questionnaire sur un échantillon représentatif de la population étudiée. Elle vise à mieux connaître les connaissances (C), les attitudes (A) et les pratiques (P) de cette population d'où son nom.

Exemples :
Sur le sevrage, une enquête CAP permettra d'identifier les connaissances des mères au sujet de la valeur de tel ou tel aliment de telle ou telle préparation pour tel âge leurs attitudes par apport au fait de donner telle ou telle bouillie à leurs enfants et enfin leurs pratiques réelles en la matière.

L'enquête CAP peut aussi être utilisée pour évaluer les résultats d'un programme : elle est alors réalisée avant et après une intervention, ce qui permet de mesurer l'écart entre ces deux situations.

Pour pouvoir considérer les modifications observées comme les effets de l'intervention, il est cependant souvent nécessaire de réaliser la même enquête dans un groupe témoin, c'est-à-dire, un groupe de personnes qui ne bénéficient pas de l'intervention.

Comment faire ?

Les éléments essentiels d'une enquête CAP sont:

Critiques de l'enquête CAP

6.3.3. Les groupes focalisés

A quoi servent-ils?

Les groupes focalisés sont utilisés pour obtenir des données qualitatives sur les opinions, les croyances, les représentations, les attitudes profondes d'une communauté à propos d'un sujet donné.

Comment faire?

Sous la conduite d'un animateur bien formé, des groupes de 6 à 12 personnes s'entretiennent sur un thème précis: la consommation d'un aliment, l'alimention de l'enfant de 6 à 12 mois, l'allaitement maternel, etc.

Ces groupes sont homogènes, ce qui libère la parole.

L'homogénéité est recherchée par rapport aux caractéristiques en relation avec le problème posé. D'une manière générale, on n'inclut pas dans le même groupe des personnes de statut social, de niveau d'instruction ou d'âge trop différents. S'il s'agit de questions relatives à la production agricole, on distinguera les petits exploitants des plus importants.

L'animateur constitue ses groupes de façon à refléter la diversité de la société qu'il étudie. L'objectif n'est cependant pas d'obtenir un échantillon représentatif. On peut considérer que l'on réalise des groupes focalisés tant qu'ils apportent de nouvelles informations sur le thème traité.

Exemple

Pour étudier la résistance des femmes à l'utilisation de méthodes contraceptives dans une localité rurale, on pourrait constituer les groupes selon le tableau suivant:
  UtilisatricesNon-utilisatrices
Sans enfantsAlphabétisées  
Non alphabétisées  
Ayant des entantsAlphabétisées  
Non alphabétisées  
Nous avons considéré comme critères pertinents l'utilisation préalable des méthodes contraceptives, le fait d'avoir des enfants ou non et l'alphabétisation de la femme. Sur cette base, on peut constituer huit types de groupes focalisés.
On ne constituera pas nécessairement tous les groupes possibles. S'il y a très peu de femmes sans enfants non alphabétisées, on ne constituera pas de groupe de ce type. En cours d'enquête, on pourra décider de réaliser deux ou trois groupes du même type, compte tenu de la richesse de la discussion. De même, on pourra décider de créer un groupe non prévu par le tableau initial: un groupe d'hommes, un groupe de filles-mères.
Pour conduire ces entretiens, l'animateur utilise un guide d'entretien semi-directif.

Comment élaborer ce guide?

On peut procéder en trois étapes.

Avant d'être utilité dans le cadre de la conception de l'intervention, le guide doit être prétesté et aménagé en fonction des résultats de ce prétest.

Comment mener l'entretien?

Il s'agit d'un entretien semi-directif, d'une durée approximative d'une heure à une heure trente. L'animateur doit savoir utiliser le guide d'une façon souple en suivant le groupe si celui-ci aborde les sujets dans un ordre différent de l'ordre initialement prévu. Il doit cependant éviter de laisser le groupe s'engager dans des débats qui sortent du thème à traiter.

L'animateur doit amener le groupe à approfondir sans cesse les sujets. La question «Pourquoi?» et ses corollaires reviendront souvent dans son vocabulaire.

L'animateur doit sans cesse être à l'écoute du groupe pour saisir les occasions d'approfondir une opinion émise. Il doit laisser à son secrétaire le soin de noter.

Comment exploiter les résultats des groupes focalisés?

Il faut insister sur l'aspect qualitatif de ce recueil des données. L'erreur la plus courante lors de l'exploitation des résultats consiste à écrire: «La majorité des personnes pensent que…» ou encore «Tel pourcentage de la population estime que…». Ce que l'on retire des groupes focalisés, c'est un lot d'avis qui vont être utiles pour comprendre en profondeur les conduites de la population ou pour élaborer des messages efficaces et non un tableau statistiquement représentatif des opinions de la population étudiée.

Parfois, c'est l'opinion émise par une seule personne au cours d'une séance qui se révélera la plus utile dans l'élaboration de l'intervention de communication. Dans d'autres cas, ce sont les commentaires verbaux ou non verbaux, au sujet d'une opinion émise par un membre du groupe qui se révéleront les plus féconds.

Le rapport d'une étude réalisée à l'aide des groupes focalisés n'est donc pas forcément très long. Il doit aider les planificateurs à comprendre pourquoi les gens se comportent d'une certaine manière, quelles en sont leurs raisons profondes. Il doit apporter du «nouveau» dans la compréhension des phénomènes.

6.3.4. Les entretiens individuels approfondis

A quoi servent-ils?

Certaines personnes que l'on qualifie de personnes ressources possèdent une connaissance particulière des sujets traités grâce à leurs activités professionnelles ou à leur insertion dans le milieu. Ces personnes feront l'objet d'entretiens approfondis d'une à deux heures.

Comment faire?

Les entretiens individuels doivent être menés par des personnes bien entraînées, si possible membres de l'équipe de planification du projet, afin d'éviter les pertes d'informations entre leur recueil et leur exploitation.

L'enquêteur doit être capable d'établir une relation de confiance avec la personne interviewée, de façon que celle-ci réponde librement aux questions posées. Le lieu de l'entretien est très important. Il doit être confortable et, autant que possible, permettre un dialogue franc et discret. Ce dialogue ne devrait pas être interrompu de façon intempestive. Les entretiens peuvent éventuellement être enregistrés si cela ne dérange pas les personnes interviewées. Cette procédure permettra à l'enquêteur de se concentrer sur son interview et d'oublier la prise de notes.

Comment élaborer le guide d'entretien?

Ce guide est très ouvert. Il doit être élaboré en fonction des questions que se pose le comité de planification du programme mais aussi en fonction des compétences perçues des personnes qui vont être interviewées.

Exemples de questions:

Quelle est votre expérience de la lutte contre la malnutrition dans cette localité?

Quels sont les facteurs les plus importants de la malnutrition protéino-énergétique chez l'enfant de moins de cinq ans (le problème traité dans le cadre du programme)?

Certaines des habitudes de la communauté peuvent-elles expliquer cette malnutrition?

Parmi ces habitudes, lesquelles vous apparaissent modifiables? Lesquelles ne le sont pas? Pourquoi?

Généralement, l'intervieweur utilise un guide d'entretien semi-directif, ce qui lui laisse beaucoup de liberté dans la façon d'ordonner et de formuler les questions, voire d'en formuler d'autres, non prévues initialement, durant l'entretien proprement dit.

Comment traiter les résultats?

Les résultats se présentent sous forme qualitative. Les opinions émises par les personnes interviewées sont généralement des opinions subjectives. Elles n'ont de valeur que par le crédit que l'on peut accorder aux personnes interrogées.

6.3.5. L'observation

A quoi sert-elle?

On a souvent dit, avec raison, que les personnes interrogées à l'occasion d'une enquête par questionnaire donnaient des réponses qu'elles pensaient attendues par les enquêteurs. Ce phénomène de désidérabilité sociale est certainement beaucoup moins important chez les personnes faisant l'objet d'une enquête par entretiens individuels approfondis ou par groupes focalisés.

Néanmoins, dans tous les cas où l'homme communique sur ses pratiques, ses croyances ou ses valeurs avec un autre homme, il «habille» la vérité pour donner à son interlocuteur une certaine image de lui-même. Cela est et reste inévitable.

L'observation des activités humaines dans leur contexte a pour objet de remédier au moins partiellement aux carences des méthodes fondées sur l'entretien. Elle aspire à une plus grande objectivité dans la description des pratiques humaines et dans leur compréhension.

Comment faire?

Deux méthodes d'observation doivent être clairement distinguées: l'observation participative et l'observation systématique de certaines pratiques.

L'observation participative est un outil anthropologique, dont la première présentation a été faite par Malinowski en 1922.

L'enquêteur s'immerge dans la communauté dont il veut étudier les pratiques. En même temps qu'il vit dans cette communauté, il observe ce qui s'y passe. Le soir à l'abri des regards, il note ce qu'il a observé. Progressivement, il donne un sens aux résultats de ses observations, ce qui va guider ses observations ultérieures.

L'aboutissement de la démarche anthropologique se situe dans le profil ethnographique, c'est-à-dire une description complète d'une communauté, de son système social, de ses croyances, de ses modes de vie. Pour construire ce profil, l'anthropologue s'appuiera non seulement sur ses observations, mais aussi sur des entretiens approfondis avec ses «informateurs», appartenant à la communauté étudiée.

L'observation systématique de certaines pratiques se réfère davantage à l'ethnologie qu'à l'anthropologie. Il s'agit alors de rendre compte de la façon très détaillée de certaines conduites particulières. Par exemple, la conduite de réhydratation orale a fait l'objet de descriptions minutieuses situant les uns par rapport aux autres, les comportements qui composent cette conduite. Cette observation est très objective: il s'agit de compter la fréquence d'apparition des comportements, d'établir l'ordre dans lequel ils apparaissent, le temps consacré à chacun, etc.

Dans les deux cas, les enquêteurs doivent être conscients que leur présence peut affecter la conduite des personnes qu'ils observent.

Cependant, à condition de respecter un minimum de discrétion, les enquêteurs pourront sans doute donner une description plus proche de la réalité quotidienne que celle qui leur est fournie au travers des questionnaires.

Comment exploiter les résultats?

Lorsqu'on prépare une intervention éducative en nutrition, les deux modes d'observation peuvent apporter d'importantes informations. L'obervation participative permettra de situer les pratiques dans leur contexte culturel et ainsi de mieux en comprendre le fondement. Elle permettra d'anticiper les effets des changements éventuels dans ces pratiques. L'observation systématique facilitera l'élaboration d'une vision détaillée des conduites en cause. Elle mettra en évidence les avantages et les inconvénients de chacune d'elles. La décomposition de chaque conduite en ses comportements les plus intimes facilitera la formulation ultérieure de messages destinés à promouvoir cette conduite.

6.4 LA RECHERCHE DE SOLUTIONS

Bien identifier un problème est déjà le résultat d'une bonne compréhension de la situation du milieu. Un problème bien posé est un problème à moitié résolu.

Résoudre un problème c'est savoir quoi faire pour satisfaire un besoin.

Il s'agit de trouver toutes les alternatives possibles et d'analyser leurs critères de possibilités de réalisation (faisabilité). L'analyse des possibilités de réalisation consiste à passer en revue de manière critique chacune des hypothèses de solutions en vue d'apprécier les possibilités de réalisation et surtout ses chances de succès… Cette analyse devra faire ressortir pour chaque hypothèse envisagée, ses avantages par rapport à ses inconvénients et surtout ses retombées directes dans le milieu. Ces retombées peuvent s'apprécier:

Cette méthode d'analyse de chaque hypothèse de solutions permet de limiter les oppositions au moment du choix de la solution retenue et de sa réalisation. Quand la solution retenue est le résultat d'un accord général, les participants se sentent plus concernés et mieux motivés pour sa mise en oeuvre.

Il s'agit de rechercher si un tel problème s'est posé dans le passé dans un autre village et d'analyser les causes de réussite ou d'échec. Cette démarche a pour objet d'éviter de retomber dans les erreurs du passé (échecs) et de s'inspirer des solutions qui ont prouvé leur efficacité.
Pour cela, il convient de répondre à une question importante:

Quelles sont les causes de succès ou d'échec des solutions passées?

EXERCICE No 9: RÉALISATION D'UN ARBRE DES CAUSES

Réalisez en groupe intersectoriel de votre région ou de votre localité une analyse causale de la malnutrition protéino-énergétique des enfants de 0 à 3 ans.

  1. Faites une liste des facteurs de l'état nutritionnel des enfants de 0 à 3 ans.

  2. Organisez ces facteurs en un arbre des causes comme cela vous a été expliqué dans ce module.

MODULE 7: ACTION OU CHOIX ET MISE EN OEUVRE DES INTERVENTIONS

OBJECTIFS

Au terme de l'étude de ce module, vous devriez être capable de:

7.1. CHOIX DES INTERVENTIONS

Le choix des interventions à mener pour assurer une réponse adéquate aux problèmes nutritionnels appartient à la communauté concernée.

Celle-ci doit cependant être aidée par les agents de développement pour faire un bon choix, c'est-à-dire un choix qui tienne compte des résultats de l'analyse de la situation et des ressources disponibles.

Ce choix obéit à certains critères. Une bonne solution:

  1. doit provenir de la communauté.

  2. doit s'attaquer aux causes du problème et non à ses manifestations.

  3. doit se fonder sur les ressources dont on dispose ou qu'on peut facilement mobiliser.

  4. doit être maîtrisable, c'est-à-dire être exécutée jusqu'au bout.

  5. ne doit pas créer d'effets négatifs (d'autres problèmes).

  6. doit s'adapter aux contraintes sur lesquelles on ne peut pas agir, par exemple, l'enclavement d'un pays, la pluviosité d'une région.

  7. doit présenter un bon rapport coût/efficacité.

  8. doit se conformer à la politique de développement des secteurs concernés.

Dans ce chapitre consacré aux actions à mener pour affronter les problèmes nutritionnels, nous accorderons une attention particulière à la surveillance nutritionnelle et à l'éducation nutritionnelle. Ceci ne doit pas nous faire oublier que les actions en matière de nutrition peuvent revêtir des formes très diverses, en relation avec les facteurs de l'éducation nutritionnelle, eux aussi très divers, comme on l'a vu plus haut.

7.2. DÉFINITION DES OBJECTIFS

L'action ne peut être efficacement cernée que si les objectifs ont été clairement définis:

Un objectif doit répondre aux caractéristiques suivantes:

Retenons que tous ces critères permettent aux agents de développement de suivre de très près le progrès d'une activité, et de l'évaluer à partir d'indicateurs mesurables.

Inspirons-nous d'un exemple précis:
Maassa Camara est confrontée dès son arrivée à Foumbadou à un grave problème de malnutrition chez les enfants de 0 à 5 ans. Toutes les actions qu'elle aura à entreprendre auront pour objectif de faire disparaître la malnutrition. Elle a pris conscience que lutter contre la malnutrition consiste à éliminer chacune des causes qui y concourent. Elle doit aider la communauté à mettre en oeuvre plusieurs actions. Pour tous ces objectifs, il est utile de distinguer l'objectif principal et les objectifs secondaires.

L'objectif principal est de réduire le taux de malnutrtition des enfants de moins de 5 ans de 10% à 3% dans la sous-préfecture de Foumbadou d'ici 5 ans.

Les objectifs secondaires: toutes les enquêtes effectuées ont permis de réfléchir sur les moyens d'atteindre cet objectif principal. Pour cela, il faudra mettre en place des opérations appelées aussi objectifs. Dans ce cas précis, citons quelques objectifs secondaires.

Les activités (ou sous-objectifs): les operations ou objectifs que l'on envisage d'entreprendre peuvent se décomposer en activités. Prenons par exemple l'objectif; développer un élevage de poules avec 50% des femmes d'ici un an.

Les activités correspondantes sont décrites dans la liste suivante:

Les activités élémentaires: pour chaque activité, il faut définir une liste d'activités élémentaires. Par exemple, pour construire les poulaillers, il faut mener à bien les activités élémentaires suivantes:

En procédant ainsi, étape par étape, on débouche sur ce que l'on appelle un arbre des objectifs qui comporte quatre niveaux. Dans le cas du programme de Maassa Camara, l'arbre des objectifs se présente ainsi:

Figure 17

Figure 17 - Arbre d'objectifs

Il ne faut pas induire d'effets négatifs : un effet négatif qui peut être induit est la vente totale des oeufs. Il est donc impératif de mener simultanément l'éducation nutritionnelle sur l'importance des oeufs en tant que source de protéines nécessaires à l'enrichissement de l'alimentation de l'enfant.

En plus de l'amélioration de la ration par la consommation des oeufs et de la viande, les sources de revenu des femmes augmenteront.

Un des aspects les plus importants auxquels Maassa Camara doit s'intéresser au départ, c'est la collaboration intersectorielle. Dans ce cas précis, la participation effective de l'agent de l'élevage est indispensable.

7.3. LA SURVEILLANCE NUTRITIONNELLE

7.3.1. Définition

La surveillance nutritionnelle est un ensemble d'activités qui consiste à “surveiller” la nutrition en vue de prendre à temps opportun des décisions permettant d'améliorer la nutrition des communautés.

Dans les pays en voie de développement, l'équilibre entre nutrition et malnutrion grave est précaire.

7.3.2. Objectifs

Logiquement, la définition des mesures propres à réduire la malnutrition suppose non seulement une analyse du problème, mais aussi la fixation d'objectifs.

L'objectif général de la surveillance nutritionnelle est donc de promouvoir des mesures propres à soulager ou à prévenir la malnutrition en fournissant de meilleures informations sur lesquelles sont basées les décisions de planification.

Les justifications de la surveillance nutritionnelle sont nombreuses :

D'autres objectifs non moins importants sont :

La surveillance nutritionnelle peut s'exercer :

7.3.3. La surveillance de la croissance

La surveillance de la croissance a pour objectifs :

7.3.3.1. Organisation de la consultation

L'équipe

En Guinée, la surveillance de la croissance est organisée par l'équipe du programme élargie de vaccination, mais aussi par d'autres équipes impliquées dans les programmes de nutrition.

Le lieu

Cette surveillance peut avoir lieu dans le centre de santé ou lors de la stratégie avancée d'une campagne de vaccination, ou encore dans les lieux d'activités où travaillent les autres équipes, voire même à domicile.

Le matériel

7.3.3.2. La pesée

La façon de faire

Il faut respecter les règles suivantes :

Outils et techniques de la pesée

L'enfant doit être pesé nu. Dans certaines populations rurales, les jeunes enfants portent des clochettes ou de lourdes amulettes qu'il est préférable d'enlever si aucun obstacle physique ou rituel ne s'y oppose; sinon, il est nécessaire d'estimer le poids de ces objets et de le retrancher du poids enregistré.

Dans le cas de très jeunes enfants particulièrement agités, on doit les peser dans les bras de leur mère sur un pèse-personne, le poids de la mère étant ensuite retranché.

La précision des pesées doit être de deux chiffres après la virgule pour les nourrissons, d'un chiffre après la virgule après deux ans. Le poids est donné en kilogrammes.

Au cours de pesées successives, il est recommandé de toujours se servir du même outil de mesure.

Les adultes et les adolescents peuvent être pesés avec une moins grande précision, habillés légèrement et déchaussés.

La périodicité

Il faut s'efforcer de peser les enfants à intervalles réguliers et rapprochés et de porter les résultats sur les fiches de courbe de poids.

Le rythme des pesées à conseiller est de:

Cependant, si le poids reste stationnaire ou s'infléchit, l'enfant doit être examiné et pesé au moins tous les quinzes jours.

7.3.3.3. L'utilisation de la fiche de croissance1

La fiche de croissance constitue un moyen simple et peu onéreux de suivre l'état de santé et l'état nutritionnel de l'enfant et elle peut être utilisée par des agents de santé communautaires moyennant très peu d'instructions et d'encadrement.

Elle aide l'agent de terrain à évaluer la progression du poids en fonction de l'âge.

Elle constitue un instrument commode pour présenter des données sanitaires de base et elle permet de déterminer aussi bien la situation actuelle que les tendances qui se dégagent en matière de croissance.

En raison de son caractère essentiellement visuel, la fiche facilite la tâche d'éducation de la mère et de la famille. Elle permet de mieux comprendre la nature de la croissance et du développement et fait nettement apparaître les conséquences d'un régime alimentaire inadéquat et des maladies infectieuses.

Aussi, elle contribue à faire mieux accepter la responsabilité qui incombe à la mère dans les soins donnés à l'enfant et elle concrétise la notion d'auto-responsabilité familiale en matière de santé.

Sur toutes les fiches de croissance, les lignes verticales représentent l'âge de l'enfant en mois. Les lignes horizontales représentent le poids en kilogrammes et les poids sont indiqués dans la colonne de gauche de la fiche. Il y a douze colonnes verticales correspondant au douze mois de chaque année de vie de l'enfant. Le nom de chaque mois peut être inscrit dans les cases situées en bas des douzes colonnes. Dans la première case de gauche on inscrit le mois de la naissance de l'enfant. Cette case est entourée d'un trait gras sur la fiche de croissance prototype mise au point par l'OMS. Sous la première colonne de chaque année, il y a aussi une case entourée d'un trait gras, qui correspond à l'anniversaire de l'enfant, c'est-à-dire au début de chaque année d'âge de l'enfant.

La fiche de croissance se compose essentiellement d'un graphique sur lequel on inscrit le poids de l'enfant à différents âges. Il y a de nombreux modèles de fiches de croissance couramment utilisés dans différents pays, mais ils présentent tous les mêmes caractéristiques de base.

Il faut enregistrer le poids sur le graphique en faisant un gros point sur la ligne horizontale correspondant à ce poids en kilogramme. Par exemple, si le poids de l'enfant est de 6 kg un certain mois, trouver la ligne horizontale correspondant à 6 kg, la suivre jusqu'à son intersection avec la colonne verticale correspondant au mois en question et faire un gros point à cet endroit.

1 Source : La fiche de croissance, OMS, Genève, 1986.

Pour interpréter le résultat, il faut comparer le poids enregistré aux normes de poids en fonction de l'âge. On utilise le plus souvent les normes internationales.

Lorsque l'âge précis des enfants n'est pas connu, on doit le définir indirectement en établissant des repères dans l'année, liés au climat, aux travaux agricoles, aux fêtes traditionnelles.

Les normes sont indiquées par des courbes tracées sur la fiche de croissance.

Ces courbes délimitent trois zones: une zone normale (verte), une zone (jaune) correspondant à la malnutrition protéino-énergétique modérée et une zone (rouge) correspondant à la malnutrition protéino-énergétique grave.

On peut considérer que la quatrième zone, la zone supérieure est une zone de surnutrition, mais elle concerne très peu d'enfants en Guinée et ne pose pas un véritable problème de santé publique dans ce pays.

Ainsi que nous allons le voir sur les deux figures suivantes, on considère surtout l'évolution de l'enfant d'une pesée à l'autre plutôt que son état à un moment particulier de son existence. Un enfant qui s'écarte trop de sa courbe de croissance attire l'attention de l'agent de terrain sur son cas.

Figure 18

Figure 18 - Courbe de croissance de l'enfant A

Figure 19

Figure 19 - Courbe de croissance de l'enfant B

La figure 18 nous montre l'évolution d'un enfant qui, depuis sa naissance, se situe dans la zone de malnutrition modérée. II y est encore aujourd'hui, á l'âge de 15 mois. Pourtant, malgré les apparences, cet enfant ne doit pas être considéré comme malnutri: en effet, sa courbe de croissance est régulière. Cet enfant doit cependant faire l'objet d'un suivi régulier, car une chute de poids l'entrainerait rapidement dans la zone de malnutrition grave.

La figure 19 nous montre, à l'inverse la courbe de croissance d'un enfant qui évolue de façon positive dans la zone normale de la naissance au onzième mois. A partir de là, la situation se dégrade. Le poids stagne et connaît même une légère régression durant cinq mois consécutifs. Alors que l'enfant A pèse 8 kg à 15 mois, l'enfant B nous inquiète, de par la forme de la courbe (courbe en plateau) qui dénote sans doute une difficulté dans la conduite du sevrage.

On voit que la mesure régulière du poids permet d'établir la courbe de croissance, qui constitue un instrument précieux de la surveillance nutritionnelle.

7.3.4. La surveillance nutritionnelle à assise communautaire

7.3.4.1. Définition et objectif

La surveillance nutritionnelle à assise communautaire est un ensemble d'activités permettant aux communautés de se fixer comme but l'amélioration de l'état nutritionnel des populations.

Cette surveillance s'adresse particulièrement aux enfants de 0 à 3 ans à travers les mesures anthropométriques particulièrement le poids qui est la mesure la plus simple du niveau de croissance atteint à un âge donné.

Elle permettra aussi d'identifier les enfants ayant une faible croissance nécessitant des soins. A travers l'analyse causale, elle fera ressortir d'autres problèmes nutritionnels existant au niveau de la communauté.

L'objectif final de ces activités sera une reformulation ou un renforcement des programmes communautaires existants à travers une sensibilisation.

La surveillance nutritionnelle est une partie intégrante de la méthodologie de la participation communautaire, couplée avec la programmation villageoise.

Toutes les activités seront menées au niveau du village par un animateur communautaire formé muni d'une balance pèse-bébé de type SALTER et de fiches de croissance communautaires.

7.3.4.2. Activités à maîtriser par l'animateur

7.3.4.3. Notions de base

7.3.4.4. Étapes du suivi nutritionnel

7.3.4.5. Indicateurs

L'indicateur utilisé en Guinée pour la surveillance nutritionnelle à assise communautaire est le rapport poids/âge des enfants de 0 à 3 ans.

Le bilan de la situation nutritionnelle peut être dressé à partir de deux nombres.

Bilan de la situation nutritionnelle:

La recherche des causes et facteurs liés à la malnutrition permettra de dégager les actions correctrices (voir l'analyse causale).

Ces données seront recueillies à partir d'enquêtes nutritionnelles sur les ménages pour le niveau national et à partir d'enquêtes anthropométriques portant sur les enfants de 0 à 3 ans pour le niveau communautaire. Dans les deux cas, les informations sont obtenues par interviews, observations et/ou mesures anthropométriques.

7.4. L'ÉDUCATION NUTRITIONNELLE

L'éducation nutritionnelle s'est longtemps illustrée par des causeries dans des centres de santé ou dans des services sociaux.

Cette façon de faire est aujourd'hui considérée comme inefficace lorsqu'elle ne s'intègre pas dans un projet plus vaste, dans une stratégie de communication rigoureusement élaborée.

Disons d'emblée qu'il existe deux façons de faire de l'éducation nutritionnelle:

C'est de l'éducation nutritionnelle collective qu'il sera question ci-dessous.

L'éducation nutritionnelle dite conventionnelle souffre en particulier d'une absence d'analyse des causes de la malnutrition, du recours à un canal de communication isolé (le face-à-face entre l'agent de santé et son public) et d'une référencec à ces méthodes pédagogiques inefficaces.

Ces observations ont conduit les spécialistes de l'éducation nutritionnelle à proposer d'autres stratégies et d'autres méthodes1.

7.4.1. La conception des interventions éducatives

En nutrition comme pour les autres activités de terrain dans le domaine de la nutrition, l'éducation nutritionnelle doit être rigoureusement planifiée.

L'éducation nutritionnelle se justifie lorsque:

L'analyse causale a fait apparaître l'existence de pratiques défavorables à la nutrition;

Lorsque la décision est prise de poursuivre un objectif de modification de certaines pratiques liées à la nutrition, un important effort de recherche s'impose.

Les méthodes de la recherche préliminaire à une intervention dans la communication sociale sont aujourd' hui bien connues. Elles visent à obtenir un maximum d'informations sur les pratiques d' un groupe en un minimum de temps. Ces approches rapides de la réalité devraient toutefois s'appuyer sur des études anthropologiques classiques, plus coûteuses en temps et en argent, pour fonder leurs conclusions.

Parmi les méthodes qui ont prouvé leur efficacité dans l'appréhension de la réalité des pratiques liées à la nutrition, relevons:

Ces méthodes ont été présentées plus haut, dans le cadre du module 5, consacré à l'analyse de problèmes nutritionnels. Leur utilisation nous permet de comprendre les raisons profondes de pratiques que nous jugeons défavorables à la nutrition et les mobiles possibles d'un changement positif en ce domaine.

Au terme de la phase de conception d'une intervention dans la communication sociale en nutrition:

1 M.ANDRIEN, I. BEGHIN, Nutrition et communication, De l'éducation nutritionnelle conventionnelle à la communication sociale en nutrition, Paris, L'Harmattan, 1993.

7.4.2. La formulation d'une stratégie de communication

Ce travail est l'affaire de la communauté, ou de ses représentants, associés aux agents de développement des différents secteurs concernés.

En éducation nutritionnelle, les objectifs sont définis à trois niveaux:

Des objectifs clairs conduisent, après essais systématiques dans les familles, à des messages bien adaptés.

Le message doit être techniquement correct et adapté aux conditions locales. «Un message est techniquement correct quand il est conçu de façon à s'attaquer à un problème nutritionnel qui existe réellement dans la population-cible et qu'il propose une solution qui a toutes les chances d'être efficace». Il est utile de faire vérifier le contenu du message retenu par des spécialistes de la nutrition, qui peuvent éviter bien des erreurs à ce stade. Un message est adapté aux conditions locales quand il recommande la consommation d'aliments disponibles, bon marché et non-sujets à des tabous alimentaires. Il faut, avant de les choisir, calculer leur prix réel en tenant compte de leur valeur nutritionnelle3.

Les canaux de communication qui serviront à transmettre ces messages sont choisis, eux aussi, sur base des résultats de la recherche préliminaire.

Ainsi se construit une stratégie de communication multimédia visant le court et le long terme, mobilisant les ressources des médias de masse, en particulier la radio et de la communication interpersonnelle, grâce, notamment, aux agents de santé, aux vulgarisateurs agricoles et aux instituteurs, ceux-ci formant les générations futures.

7.4.3. La mise en oeuvre

La mise en oeuvre d'une telle stratégie implique la production, sur une large échelle, des supports de communication (microprogrammes, affiches, brochures, etc.). Elle implique également la formation préalable des agents-relais des messages nutritionnels, leaders d'opinion, journalistes, agents de santé, enseignants etc… afin de dépasser le cadre de campagnes ponctuelles, aux effets trop vite estompés par le retour à la tradition.

Lorsqu'on met en oeuvre une stratégie de communication favorable à la nutrition, il faut s'assurer que tous les intervenants transmettront le même message.

3 A. BRIEND, Prévention et traitement de la malnutrition, Guide pratique, Paris, Editions de I'Office de Recherche Scientifique des Territoires d'Outre-Mer (ORSTOM), 1985.

Reprenons l'exemple de la promotion de la consommation de feuilles vertes riches en fer. Le même message va être transmis:

7.4.4. l'évaluation

L'évaluation des interventions fait l'objet du module 8.
Disons simplement ici que, en éducation nutritionnelle comme dans d'autres domaines, les critères d'évaluation sont définis par rapport aux objectifs de l'intervention:

Le critère final de réussite de l'éducation nutritionnelle, c'est l'adoption de pratiques favorables à la nutrition par le public-cible de la communication. (Par exemple : la préparation régulière de bouillies de sevrage équilibrées par la maman).

7.5. CONCLUSION

La mise en oeuvre des actions visant à résoudre ou à atténuer un problème nutritionnel peut s'orienter dans des directions très variées. Nous y avons fait écho dans le module 4, consacré à la promotion de la nutrition.

Dans le cadre de ce module 7, nous avons mis l'accent sur deux types d'action qui se situent au premier plan de la promotion d'une meilleure nutrition : la surveillance nutritionnelle (orientée vers l'individu ou vers la communauté) et l'éducation nutritionnelle (orientée, elle aussi, vers l'individu ou vers la communauté).

Quel que soit le type d'action entreprise, elle devrait toujours résulter d'une analyse des causes du problème nutritionnel identifié par la communauté et d'une étude des ressources et contraintes locales.

L'action sera mise en oeuvre par la communauté avec l'aide des agents de terrain oeuvrant de façon <intersectorielle.

Pendant l'action (et au terme de l'action, si celle-ci à un terme) il faut procéder à son évaluation. Nous verrons comment dans le dernier module de ce manuel.

EXERCICE No 10: SURVEILLANCE DE LA CROISSANCE D'UN ENFANT.

Voici quatre enfants.

Pour chacun d'eux, nous vous donnons les résultats des pesées successives.

Veuillez tracer la courbe de croissance de chaque enfant sur une fiche individuelle de croissance.

Veuillez ensuite interpréter la courbe obtenue.

Odia CAMARA, enfant né le ler Avril 1992.

ler Avril1992 
ler Juin19924,500 kg
Août19925,000 kg
Septembre19925,500 kg
Décembre19926,750 kg
Mars19937,000 kg
Juin19938,000 kg
Novembre19938,500 kg
Janvier19948,000 kg
Février19948,300 kg
Mars19948,750 kg

Mohamed DONZO, enfant né en novembre 1991.

Novembre19912,500 kg
Décembre19913,000 kg
Janvier19923,700 kg
Février19924,000 kg
Mars19924,800 kg
Avril19925,100 kg
Mai19925,700 kg
Juin19926,000 kg
Juillet19926,400 kg
Août19927,000 kg
Septembre19927,500 kg
Octobre19928,000 kg
Novembre19928,500 kg
Décembre19928,900 kg
Janvier19939,300 kg
Février19939,000 kg
Mars19938,500 kg
Avril19938,800 kg
Mai19938,500 kg
Juin19938,000 kg

Michel CAMARA, enfant né en Août 1992

Août19924,000 kg
Septembre19924,600 kg
Octobre19925,000 kg
Novembre19925,400 kg
Décembre19925,850 kg
Janvier19936,300 kg
Février19936,650 kg
Mars19936,300 kg
Avril19936,300 kg
Mai19936,700 kg
Juin19937,100 kg
Juillet19936,800 kg
Août19937,200 kg

Aliou BAH, enfant né en Juin 1993

Juin19933,250 kg
Juillet19934,000 kg
Août19934,400 kg
Septembre19935,000 kg
Octobre19935,500 kg
Novembre19935,500 kg
Décembre19935,300 kg
Janvier19945,000 kg
Février19945,250 kg
Mars19945,350 kg
Avril19945,700 kg
Mai19946,000 kg

EXERCICE No 11: SURVEILLANCE NUTRITIONNELLE

Vous venez de réaliser une enquête nutritionnelle dans votre quartier. Vous avez pesé 20 enfants de 0 à 5 ans.

No de l'enfantÂgePoids
1.16 mois6,500 kg
2.3 mois4,000 kg
3.24 mois8,200 kg
4.18 mois9,000 kg
5.6 mois5,000 kg
6.10 mois5,200 kg
7.42 mois11,000 kg
8.28 mois8,200 kg
9.33 mois12,000 kg
10.25 mois7,000 kg
11.8 mois5,200 kg
12.9 mois7,000 kg
13.12 mois6,900 kg
14.19 mois7,800 kg
15.54 mois15,000 kg
16.35 mois8,500 kg
17.20 mois8,000 kg
18.15 mois8,800 kg
19.5 mois8,000 kg
20.9 mois7,500 kg

Veuillez reporter ces résultats sur une fiche de croissance (qui sera alors appelée fiche de croissance communautaire).

Ensuite, veuillez porter les résultats de votre enquête dans le tableau ci-dessous:

 Nombre d'enfants
Nutrition normale 
(ou surnutrition) 
Malnutrition modérée 
Malnutrition grave 
Total20

MODULE 8: ÉVALUATION

OBJECTIFS

Au terme de l'étude de ce module, vous devriez être capable de:

L'évaluation consiste à recueillir des informations quantitatives et qualitatives, à faire des observations directes, à extraire des conclusions et à fournir des explications relatives aux activités qui sont ou ont été entreprises.

L'évaluation n'a de sens que si elle est utile, si l'on est en mesure de tenir compte de ses conclusions et d'apporter les modifications nécessaires et que si elle est utilisée.

Quand évaluer ?

Il faut ajouter que l'appréciation d'une situation, réalisée au début d'un processus de planification peut déjà être considérée comme une forme d'évaluation. Cette appréciation de la situation deviendra d'ailleurs au terme de l'action et elle contribuera alors à l'évaluation de cette action.

Évaluer quoi ?

Ensemble, les acteurs de l'évaluation sont appelés à distinguer :

L'évaluation de type participatif vise non seulement à vérifier si les objectifs éducatifs ont été atteints (ou sont en voie de l'être), mais aussi (et peut être surtout) à s'assurer que les processus respectent les orientations fondamentales du groupe porteur du programme.

Au terme de l'action, il s'agit d'évaluer les résultats obtenus et de comprendre par quels processus ces résultats ont été obtenus. Si des effets pervers ont été observés, il s'agit aussi de comprendre comment ils ont pu se produire.

Avec qui évaluer ?

Quatre acteurs peuvent intervenir dans l'évaluation.

La méthode d'analyse causale, évoquee plus haut, facilite les échanges entre les acteurs d'une évaluation. Elle leur donne une référence commune quant à l'explication du problème nutritionnel qui fait l'objet de l'intervention. Elle les aide à identifier les facteurs explicatifs de la réussite ou de l'échec de l'intervention, que ces facteurs soient ou non placés sous contrôle.

Comment évaluer ?

Lorsque nous évaluons une action, il convient de comparer les résultats obtenus à ceux prévus par les objectifs. Pour cela, quatre étapes sont nécessaires :

Il faut être clair avec les objectifs que l 'on poursuit dans le cadre des actions entreprises. L 'évaluation de l'éducation nutritionnelle, par exemple, doit porter sur la modification des pratiques (objectif opérationnel ou «output»).

l'amélioration de l'état nutritionnel n'est qu' un effet attendu «outcome» dépendant d'autres réalisations

Il convient enfin, et ceci concerne tout spécialement l'adoption d'une méthode adéquate et globale d'évaluation, d'identifier les “facteurs de confusion externes”. Ces facteurs sont tous les déterminants du comportement visé qui échappent à l'action de l'intervention, mais n'en jouent pas moins un rôle significatif sur l'effet.

Par exemple, la même intervention peut avoir un effet très différent sur les groupes de personnes ayant des niveaux d'instruction différents. On ne peut modifier la scolarité des groupes-cibles, mais on peut en tenir compte lors de l'interprétation des résultats.

L'évaluation ne peut pas être concernée par la seule atteinte des objectifs, mais elle doit aussi s'intéresser aux processus, ainsi que nous l'avons écrit plus haut.

La procédure d'évaluation pourrait être la suivante :

Première étape:

faire un tableau récapitulatif des «inputs», des processus, des «outputs» et des «outcomes».

Deuxième étape:

inscrire ces éléments dans un modèle dynamique de l'intervention, comme dans l'exemple suivant, très simplifié.

Figure 20

Figure 20 - Modèle dynamique simplifié d'une action d'éducation nutritionnelle

Troisième étape :

Observer à chaque niveau du modèle à la fois les résultats obtenus et la qualité des processus.

Cette observation peut se faire de façon directe, par les différents acteurs, ou via l'administration de questionnaire.

L'enquête nutritionnelle peut être reprise à l'occasion d'une nouvelle appréciation de la situation, prélude à une nouvelle analyse et à une nouvelle action.

Il est important qu'à toutes les étapes du processus d'évaluation, les différents acteurs soient impliqués. L'évaluation comme l'ensemble du processus est participative et intersectorielle.


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