Cet article dresse un panorama de lurbanisation en Afrique et de ses perspectives. Un peu plus du tiers (34 pour cent) de la population du continent africain demeure en ville (soit autant quen Asie). Le rythme de croissance de la population urbaine a atteint presque cinq pour cent par an en Afrique au lendemain des indépendances (au début des années 60). Cette croissance se ralentit progressivement résultant de plus en plus du mouvement naturel. Les migrations ne se sont fortement ralenties pour autant, les mouvements restent intenses, seulement le départ des uns compense davantage larrivée des autres. Il faut donc gérer aujourdhui les conséquences dune forte croissance dont le pic est déjà derrière nous, mais dont il faudra supporter les conséquences dans les cinquante années à venir du fait de linertie des phénomènes démographiques. Le phénomène urbain constitue une préoccupation majeure, même dans le cas des centres urbains moins peuplés, car le rythme de la croissance démographique est souvent sans rapport avec celui du développement des capacités de production économique de ces cités. Formidable bassin demplois, les villes produisent cependant de plus en plus dexclus du travail. Les taux de chômage sont particulièrement élevés en Afrique, et ce chômage frappe particulièrement les jeunes, même diplômés.
En Afrique, les politiques d'ajustement frappent de plein fouet les habitants des villes depuis plusieurs années, et rendent plus précaires les stratégies jusqu'ici mises en uvre. Léducation subit les conséquences de la crise, alors quelle constitue un des moteurs des transformations sociales. Dans les villes, la pauvreté saccroît, même si parfois l'intense circulation des biens et des hommes en atténue la rigueur. La ville constitue un fantastique terreau pour une remise en cause et une réinterprétation de valeurs héritées, et pour l'émergence de nouvelles valeurs. Une culture urbaine se forge peu à peu. La ville favorise des processus d'individualisation propices à l'émergence de nouveaux rapports sociaux et, peut-être, à de nouveaux comportements économiques.