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Chapitre 1
Introduction

Historique et objectifs

La gestion des sols et des eaux est un élément essentiel de la sécurité alimentaire de la croissance du secteur agricole et de la gestion durable des terres en Afrique subsaharienne (ASS). L'augmentation de la dégradation des sols en ASS, ainsi que le déclin de leur fertilité, sont des facteurs critiques pour la sécurité alimentaire et la diminution de la pauvreté. La Banque mondiale, la FAO et les agences partenaires appuient la réalisation, par les gouvernements, de programmes nationaux d'action de l'Initiative pour la fertilité des sols (IFS) pour s'attaquer à ce problème. Cependant, il manque dans beaucoup d'études sur la fertilité des sols une reconnaissance du rôle des sciences économiques dans la productivité des sols à tous les niveaux : exploitation, pays et monde entier.

Cette étude tente de combler ce manque en passant en revue les applications de l'analyse économique aux problèmes de productivité des sols et en discutant leurs possibles applications aux niveaux local, national et mondial. Elle examine aussi l'économie de l'utilisation des engrais, élément potentiellement important des programmes destinés à enrayer la perte de fertilité des sols.

Cette étude s'adresse aux planificateurs et aux décideurs concernés par la gestion des terres agricoles en ASS. Plus particulièrement, cette étude :

Le concept de productivité du sol représente plus que le volume de sol qui peut être perdu par érosion et n'est pas limité à la seule contribution des éléments nutritifs du sol. D'autres aspects incluent la structure du sol, la capacité de rétention d'eau, la capacité d'échange des éléments nutritifs, et l'acidité. De plus, les intrants standards tels que les engrais minéraux ou les mesures structurelles pour réduire l'érosion du sol permettent seulement de maintenir quelques éléments de la productivité du sol. Par conséquent, une vue d'ensemble incorporant le rôle de la matière organique du sol (MOS) et son influence sur la productivité peut être plus appropriée.

Etendue et limites

Cette brochure n'essaye pas de traiter complètement tous les aspects du sujet. Par exemple, elle ne couvre pas les mécanismes nécessaires pour entreprendre une analyse économique ou financière des mesures à mettre en œuvre pour améliorer la productivité du sol. De même, elle ne fournit pas une évaluation économique détaillée de la gamme des technologies de conservation des sols disponibles pour les agriculteurs. Au lieu de cela, elle passe en revue les études qui ont évalué différentes technologies et tire des conclusions générales le cas échéant.

La figure 1 présente le cadre conceptuel de l'approche adoptée dans cette étude. Y sont présentés les éléments fondamentaux des analyses financières et économiques conventionnelles de la conservation des sols et certaines de leurs extensions. Dans l'approche conventionnelle, le lien existant entre les changements de qualité du sol (dus à l'érosion, la perte de fertilité, etc...) et la productivité des cultures sert de base pour évaluer les coûts économiques de la dégradation du sol, ou les bénéfices nets de la gestion améliorée du sol. Ces évaluations commencent typiquement par une analyse au niveau de l'exploitation en prenant en compte les coûts financiers. Cette analyse est ensuite modifiée pour incorporer des coûts économiques, souvent en tant qu'éléments d'une plus large évaluation du projet au niveau national.

FIGURE 1

Points de vue conventionnels et nouveaux dans l'analyse économique de la productivité des sols

Le chapitre 2 discute les résultats pertinents permettant d'appliquer cette approche à la productivité du sol. Il présente les résultats d'un grand nombre d'évaluations économiques de programmes et technologies de conservation des sols et des eaux, que ce soit a priori (planification) ou a posteriori (évaluation). De telles analyses traitent de la question de savoir si la gestion améliorée du sol est rentable au niveau de la ferme. Le chapitre passe en revue également une sélection d'études nationales qui essayent de mesurer les pertes économiques nationales associées à la dégradation des sols et des terres et placent ces derniers dans le contexte de la croissance économique nationale ou sectorielle.

Cependant, comme le montre la figure 1, des économistes ont élargi leurs analyses des problèmes de conservation des sols et des eaux dans de nouvelles directions. Le chapitre 3 les examine et inclut des innovations aux niveaux local (exploitation), national et mondial.

Les extensions de l'analyse financière et économique conventionnelle représentées sur la figure 1 concernent l'amélioration de la compréhension de la prise de décision au niveau de l'exploitation pour ce qui est de la productivité du sol. Que l'amélioration de la gestion du sol doive être rentable peut très bien être une condition nécessaire mais pas suffisante pour un changement des pratiques agricoles. D'autres facteurs économiques et institutionnels peuvent contraindre les ménages à répondre de manière appropriée. Par exemple, si les agriculteurs ne perçoivent pas le déclin de productivité de leur sol, s' il est masqué d'une manière quelconque ou s'ils ne lui accordent pas une priorité élevée, alors les estimations a priori de bons rapports dus à l'adoption des améliorations sont seulement hypothétiques. Même si les agriculteurs se rendent compte du problème, la nécessité d'entreprendre collectivement des améliorations, ou les droits de l'utilisateur qui ne sont pas assurés, peuvent restreindre l'adoption dans un sens institutionnel. Beaucoup d'autres facteurs peuvent empêcher l'adoption, par exemple un manque d'accès au crédit ou à un revenu non agricole, un accroissement de la demande de main d'œuvre, ou d'autres mauvais ajustements entre les exploitants et les technologies améliorées.

Au niveau national, un plus grand accent a été mis sur l'analyse des liaisons entre les politiques économiques au niveau national et la prise de décision au niveau de l'exploitation. Par exemple, de nombreuses études ont essayé de clarifier l'influence des Programmes d'ajustement structurels (PAS) sur l'environnement rural. De même, il y a eu une reconnaissance croissante du fait que les incitations pour une gestion améliorée du sol ont besoin de s'adapter à ce niveau, et que la solution pourrait être de ne pas fournir des subventions directes mais souvent inefficaces pour atteindre le même but.

Il y a eu un effort croissant pour comprendre la signification globale de la dégradation du sol, comme un moyen de placer ce problème sur un pied d'égalité avec d'autres problèmes mondiaux (conservation de la biodiversité, réchauffement mondial, etc.), en partie en caractérisant le problème en termes similaires. Cette extension cherche à fournir un raisonnement plus puissant pour l'intervention des donateurs et des agences multilatérales, à l'aide de moyens tels que le Fonds pour l'environnement mondial (FEM) et l'IFS. Ainsi la MOS représente un intérêt croissant pour la séquestration du carbone et son rôle dans la biodiversité du sol.

Etant donné les nouveaux rôles que les sciences économiques jouent dans l'analyse des problèmes de dégradation du sol, le chapitre 4 discute les recommandations stratégiques et de politique qui peuvent être intéressantes pour les personnes définissant la politique, pour les planificateurs et agences impliquées dans des programmes d'amélioration de la productivité du sol. Plus particulièrement, cette discussion apporte de nouvelles idées sur la durabilité de l'agriculture des petits exploitants.

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