Réunion thématique sur
Le renforcement des capacités de production: le secteur agricole
et la sécurité alimentaire


ASSISTANCE TECHNIQUE DE LA FAO AUX PAYS LES MOINS AVANCÉS,
DANS LE SECTEUR AGRICOLE



Document préparé par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
(Bruxelles, 14-20 mai 2001)



Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Rome, 2001




Table des matières


I. INTRODUCTION

1. Dans les pays les moins avancés (PMA) la modernisation de l'agriculture doit faire face à une série de difficultés constantes. Il s'agit notamment du faible niveau de la productivité et des connaissances techniques, de la forte vulnérabilité de l'économie et de l'environnement, de la fragilité des politiques agricoles et des institutions de soutien, des carences des infrastructures matérielles, et de la pénurie d'intrants pour la production. Dans plusieurs PMA, l'agriculture doit également affronter des situations d'urgence dues aux conflits internes et aux catastrophes naturelles. Il n'en reste pas moins que dans la plupart de ces pays il existe de vastes potentiels inexploités notamment d'importantes réserves de terres et d'eau. En outre tous ces pays disposent d'amples possibilités d'augmenter le niveau de la production et de la productivité dans divers secteurs (cultures, élevage, pêches et forêts).1

2. L'assistance de la FAO leur permet à la fois de pallier les urgences et de satisfaire à court terme les besoins pressants ainsi que d'élaborer dans le secteur agricole et alimentaire un système agricole moderne, en tirant parti au mieux de leurs potentiels en ressources humaines et naturelles. Cette assistance répond à trois objectifs globaux qui s'inspirent de l'Acte constitutif de la FAO et de diverses conférences internationales, notamment le Sommet mondial de l'alimentation (1996) et la Conférence des Nations Unies sur l'environnement et le développement (1992) :

1. L'accès de tous, à tout moment, à une nourriture suffisante et adéquate, afin que le nombre de personnes sous-alimentées soit réduit de moitié d'ici 2015 ;
2. La contribution constante de l'agriculture durable et du développement rural, y compris du secteur des pêches et des forêts, au progrès économique et social et au bien-être de tous ;
3. La conservation, l'amélioration et l'utilisation durable des richesses naturelles y compris les terres, les eaux, les forêts, les ressources halieutiques et génétiques, au service de l'alimentation et de l'agriculture2

3. L'assistance de la FAO s'inscrit dans une politique d'utilisation optimale des connaissances techniques disponibles dans les pays en développement, par le biais du Plan de coopération Sud-Sud et de programmes de Coopération technique entre les pays en développement et les pays en transition (CTPD/CTPT). L'assistance porte sur des activités normatives et des activités de terrain opérationnelles ayant une incidence directe sur les capacités d'approvisionnement.3Le présent document concerne les activités de terrain opérationnelles dans les PMA et fournit, à l'appui, une liste des projets actuellement en cours dans ces pays.

II. LES PROGRAMMES DE TERRAIN DE LA FAO DANS LES PMA

4. La FAO assure une coopération technique et une aide d'urgence, financés par ses programmes ordinaires et ses ressources extra-budgétaires, aux pays les moins développées et aux autres pays en développement qui en font la demande et opère en partenariat avec des donateurs bilatéraux, des institutions multilatérales et d'autres organismes du système des Nations Unies, ainsi qu'avec le secteur privé et la société civile.

5. Au cours de la période 1992-2000, le montant du financement des projets de terrain par la FAO dans les PMA a atteint quelque 849 millions de dollars E.-U., soit 31 pour cent de l'ensemble du Programme de terrain. Ces projets couvrent un large éventail de besoins allant des secours d'urgence et de la relance agricole, à l'assistance concrète apportée aux programmes publics pour la sécurité alimentaire, l'agriculture durable et le développement rural.

Programmes de terrain de la FAO dans les PMA, par secteur (2000)

Dans la catégorie "divers" il faut inclure notamment les pêches ( 3 pour cent de la valeur budgétaire totale) ; le développement rural (3 pour cent) ; les politiques alimentaires et agricoles (2 pour cent) ; les systèmes de soutien agricole (2 pour cent) ; la nutrition (1 pour cent) ; et les applications à l'agriculture des isotopes et des biotechnologies (1 pour cent) . Source : Système d'information de la FAO sur la gestion des programmes de terrain.

6. En l'an 2000 seulement, plus de 700 projets de terrain, dont la valeur budgétaire globale à atteint 423 millions de dollars, étaient en cours dans 46 des 48 PMA (voir en annexe la liste complète de ces projets). Comme l'indique le graphique suivant, ils couvrent divers domaines techniques dans le secteur de l'agriculture, des forêts et des pêches.

Coopération technique

7. Dans le secteur des cultures par exemple, un projet de la FAO au Népal a permis de renforcer les capacités du pays pour introduire et tester les variétés améliorées de légumes, d'encourager la participation du secteur privé à la production de semences améliorées, et à contribué à hauteur de 85 pour cent à l'augmentation de la production de légumes dans le pays.

8. Les projets de foresterie ont fourni une aide pour le rétablissement de la couverture forestière en Mauritanie, pour le renforcement des capacités dans le secteur de la recherche forestière au Bhoutan et pour la création d'un programme de contrôle des infractions commises contre les forêts au Cambodge.

9. Dans le secteur des ressources naturelles, la FAO a fourni une aide à l'agriculture durable et à la conservation des sols en Haïti, dans des zones de montagne où l'environnement est fragile, et a permis d'améliorer l'irrigation et la conservation des eaux à Djibouti. Les projets concernant l'élevage ont favorisé l'augmentation de la production de vaccins vétérinaires en Ethiopie, et ont permis à l'Angola de détecter et de lutter contre les maladies transfrontières du bétail.

10. Des projets pour les pêches sont actuellement mis en place en République populaire démocratique lao, où un programme provincial d'aquaculture a été conçu pour être reproduit dans d'autres zones et fournissent au Cap-Vert des conseils sur les nouvelles politiques des pêches. Les autres activités du programme de terrain concernent l'extension du système national d'information sur les denrées alimentaires en Erythrée, l'aide à la commercialisation des fruits et légumes au Népal, le renforcement du système de vulgarisation agricole au Bangladesh et le soutien au contrôle de la qualité des produits alimentaires au Lesotho, au Bhoutan et au Cambodge.

11. Dans tous les secteurs susmentionnés, la FAO fournit aussi aux PMA des conseils et une aide pour les politiques notamment par le biais de projets relatifs à la sécurité alimentaire des ménages en Gambie, à la diversification de la production alimentaire au Malawi, et une étude de la politique du sous-secteur du sucre au Mozambique.

L'aide d'urgence

12. La FAO répond aux demandes d'aide d'urgence des PMA touchés par des catastrophes naturelles ou provoquées par l'homme, dans le secteur de l'agriculture, de l'élevage et des pêches. Elle fournit également une aide pour élaborer les programmes de préparation aux catastrophes et pour les mesures a posteriori, et dans la formulation et la mise en place de programmes de secours et de relance visant à accélérer le retour au développement d'une agriculture durable. En Octobre 2000, la FAO s'occupait de 42 projets d'urgence dans 16 PMA, et notamment de la fourniture d'installation de stockage pour les vivres, l'alimentation du bétail et les intrants nécessaires à la santé animale en Afghanistan, de l'aide aux agriculteurs des zones frappées par la sécheresse au Rwanda et du soutien de programmes destinés aux populations touchées par la guerre en Sierra Leone. Les livraisons d'aide d'urgence en l'an 2000 se montaient à plus de 18 millions de dollars, soit 31 pour cent de l'ensemble de la coopération technique fournie aux PMA.

III. ASPECTS PARTICULIERS

Le Sommet mondial de l'alimentation

13. Le Sommet mondial de l'alimentation, qui s'est tenu à Rome en novembre 1996, a fait appel à des efforts concertés, à tous les niveaux, afin d'accroître la production vivrière et d'améliorer l'accès de tous à une nourriture saine et nourrissante, l'objectif étant de réduire de moitié le nombre actuel de personnes souffrant de malnutrition dans le monde, d'ici 2015. Le Plan d'action adopté par le Sommet est axé sur les points suivants : assurer un environnement politique, social et économique propice et une production vivrière satisfaisante par le biais de politiques et de mesures de développement durables de l'agriculture ; améliorer l'accès de tous à la nourriture; favoriser le développement d'un système commercial mondial à la fois juste et orienté vers le marché ; savoir faire face de manière adéquate aux catastrophes naturelles et aux crises provoquées par l'homme ; et encourager les investissements destinés au développement agricole et rural pour favoriser la sécurité alimentaire.

Le Programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA)

14. Le PSSA représente le principal effort de la FAO en vue de parvenir aux objectifs du Sommet mondial de l'alimentation. Il vise à aider les pays en développement et tout particulièrement les 78 pays à faible revenu et à déficit vivrier (PFRDV) , à améliorer la sécurité alimentaire, au niveau des ménages et au niveau national. Il s'agit de favorisant une croissance rapide de la productivité des petits agriculteurs dans le domaine de la production vivrière et des autres activités rurales, de réduire les fluctuations annuelles de la production et d'améliorer l'accès des populations à la nourriture.

15. Le PSSA repose essentiellement sur l'idée d'améliorer la productivité et d'élargir l'accès à la nourriture en travaillant directement avec les agriculteurs et les autres parties prenantes pour identifier et résoudre les difficultés du développement agricole ( qu'elles soient de nature technique, économique, sociale, institutionnelle, ou politique) et pour indiquer les moyens concrets permettant de parvenir à une augmentation de la production et de la productivité.

16. En mars 2001, le PSSA était opérationnel dans 34 PMA (25 en Afrique, 6 en Asie et dans le Pacifique, 1 dans les Caraïbes et 2 au Proche Orient) et des projets avaient été élaborés ou étaient en cours de formulation pour cinq autres pays. Le programme a bien réussi à identifier les limites à l'expansion de la production agricole, en introduisant des techniques améliorées, au titre de projets pilotes ou de manière plus vaste. Par exemple, en République-Unie de Tanzanie, les pouvoirs publics ont adopté le PSSA comme programme national, à la suite d'activités réussies qui ont favorisé l'amélioration de la maîtrise de l'eau, le transfert participatif de technologies améliorées pour la production végétale et pour le petit bétail et la création de revenus basée sur la formation de groupes participatifs d'agriculteurs. Les conseils techniques, en matière d'irrigation sont fournis par l'Egypte par le biais d'un accord de coopération Sud-Sud ( voir ci-après) dans le cadre du PSSA. Au Cambodge le Programme a permis d'obtenir une hausse de 30 pour cent des rendements du riz et des revenus agricoles, grâce à la vulgarisation dispensée dans les écoles de terrain pour agriculteurs sur l'introduction des nouvelles techniques de production et post-production. Au Népal, plus de 3000 agriculteurs ont été formés aux techniques culturales et à l'irrigation, notamment dans le cadre d'un projet mixte Banque mondiale / FAO d'irrigation en utilisant l'approche du PSSA, alors qu'en Haïti, 2500 agriculteurs ont assisté à des démonstrations organisées dans les exploitations avec la participation d'experts provenant de Bolivie et du Maroc.

17. Au départ, les projets du PSSA ont été financés sur les ressources propres de la FAO, mais ils ont attiré un soutien de plus en plus fort de la part du Programme de Fonds fiduciaire de la FAO, du PNUD et d'autres organismes des Nations unies, des institutions financières internationales, des banques de développement, des organisations non gouvernementales et du secteur privé. A ce jour, les fonds mobilisés pour soutenir les activités du PSSA dépassent les 230 millions de dollars.

Coopération Sud-Sud

18. Lancé en 1996 dans le cadre du Programme spécial pour la sécurité alimentaire, les initiatives de Coopération Sud-Sud de la FAO donnent aux pays en développement les plus avancés la possibilité de partager leurs expérience et leurs connaissances en agriculture et en développement rural avec les PMA. Les pays en développement les plus avancés fournissent des techniciens et des experts qui travaillent pendant deux ou trois ans avec les agriculteurs, les éleveurs et les communautés de pêcheurs, pour augmenter la productivité et le niveau de la production et améliorer l'accès à la nourriture. Le financement est réglé au cas par cas, mais comprend des contributions du pays coopérant, du budget régulier de la FAO et du pays hôte , dans certains cas en association avec les projets du Fonds fiduciaire.

19. En avril 2001, 21 accords de coopération Sud-Sud avaient été signés et ont fourni jusqu'à 2 100 experts de terrain et techniciens. En outre 17 nouveaux accords devraient être signés sous peu.

Coopération entre pays en développement et pays en transition (CTPD/CTPT)

20. Le programme CTPD/CTPT de la FAO fournit une autre source d'expertise technique aux PMA. Jusqu'à présent 125 pays ont signé des accords au titre de ce Programme qui fournit plus de 1 500 experts pour toute une série de programmes et de projets prioritaires de la FAO dans les pays membres. Des experts provenant du secteur privé et des ONG ont également entrepris un certain nombre de travaux.

IV. SOURCES DE FINANCEMENT

Le Fonds fiduciaire

21. Au cours de la période 1992-2000, quelque 370 millions de dollars E.-U destinés à l'assistance technique aux PMA ( soit 43 pour cent des livraisons totales) ont été financés par des donateurs dont les revenus ont été acheminés à travers le Programme du Fonds fiduciaire de la FAO. Environ 30 pour cent de ce soutien était destiné aux projets d'urgence. Les fonds fiduciaires unilatéraux occupent de plus en plus d'importance et les gouvernements récipiendaires eux-mêmes financent les programmes et les projets qui sont mis en place avec l'assistance technique de la FAO. En l'an 2000, la FAO a mis en place 33 projets dans les PMA par le biais d'accords de fonds fiduciaires unilatéraux.

Programme des Nations Unies pour le développement

22. Le PNUD  a toujours été l'une des principales sources de financement du soutien technique de la FAO, puisqu'il a fourni environ 350 millions de dollars E.-U. ( soit environ 41 pour cent du total des financements) aux projets du Programme de terrain dans les PMA de 1992 à 2000. Toutefois, le financement du PNUD acheminé par la FAO a considérablement diminué au cours de cette période, passant d'environ 80 millions de dollars E.-U. en 1992 à 12, 5 millions de dollars en 2000, du fait d'une réorientation de sa stratégie d'aide au développement et de l'introduction des modalités nationales d'exécution.

Budget ordinaire de la FAO

23. En plus d'octroyer des fonds au PSSA, la FAO attribue sur son propre budget des fonds à son Programme de coopération technique (PCT) qui répond rapidement aux demandes urgentes et imprévues d'assistance technique dans le domaine de l'agriculture, des pêches, des forêts et du développement rural. De 1992 à 2000, la FAO a fourni en tout 120 millions de dollars E.-U. ( soit 14 pour cent du total) à cet effet aux PMA.

Fonds du Telefood

24. Depuis 1997, la campagne annuelle de la FAO , visant à recueillir des fonds dans le monde entier a recueilli 6 millions de dollars E.-U. destinés à des microprojets locaux. Cette campagne reçoit l'appui de divers partenaires, notamment de sociétés et d'institutions du secteur privé ainsi que des pouvoirs publics à l'échelle locale et nationale, des ONG , des radios et des chaînes de télévision. Les projets du Telefood ont chacun un coût inférieur à 10 000 dollars E.-U. et sont integrés dans la mesure du possible, au PSSA.

Soutien aux investissements

25. En plus de l'aide directe susmentionnée, la FAO aide les pays membres à définir et à préparer les projets et les programmes d'investissement agricoles afin qu'ils puissent être financés par des institutions internationales. Au cours de la période 1992- 2000, le Centre d'investissement de la FAO a permis d'obtenir un investissement total dans le secteur agricole pour les PMA évalué à un peu plus de 3 143 millions de dollars E.-U.

V. PERSPECTIVES

26. La coopération technique de la FAO avec les pays en développement repose largement sur les ressources extra-budgétaires. De ce fait, le volume et l'efficacité de son soutien direct aux PMA dépend de l'étendue de ces fonds. Pour ce qui est de l'aide officielle au développement , les engagements annuels pour les PMA ont augmenté passant d'une moyenne annuelle de 12 922 millions de dollars E.-U. au cours de la période 1981-1990 à 15 564 millions de dollars E.-U. de 1991-19994, mais la part de l'agriculture dans l'ensemble a reculé de 20 pour cent. Cette tendance est préoccupante, car la sécurité alimentaire dans les PMA reste dans un proche avenir prioritaire, comme cela a été souligné au cours du Sommet mondial de l'alimentation.

27. L'une des principales orientations du Plan à moyen terme de la FAO (2001-2007) est donc de créer les conditions et les mécanismes propices à un flux important de ressources extra-budgétaires, pour satisfaire tout d'abord les demandes d'assistance technique. Il prévoit une évaluation constante des besoins des pays et la création d'accords de partenariat avec des donateurs multilatéraux et bilatéraux et des institutions privées, afin d'assurer une coopération cohérente et à plus long terme. Elle met également l'accent sur la participation préalable des futurs donateurs à la formulation des projets et au suivi des résultats des Programmes de terrain.

28. Une occasion importante de renouveler les engagements internationaux vis-à-vis des objectifs de la FAO et de ses activités de coopération technique dans les PMA sera fournie en novembre 2001 lors d'une conférence spéciale ( Le Sommet mondial de l'alimentation : cinq ans après) qui se tiendra au Siège de l'Organisation. Elle aura pour objectif de consolider la volonté politique et d'augmenter les ressources financières disponibles, afin de pouvoir réduire la faim et la pauvreté.

ANNEXE

Projets de terrain de la FAO opérationnels dans les PMA (2000)

AFRIQUE

Angola

Bénin

Burkina Faso

Burundi

Cap-Vert

République centrafricaine

Tchad

Comores

République démocratique du Congo

Guinée équatoriale

Erythrée

Ethiopie

Gambie

Guinée

Guinée-Bissau

Lesotho

Liberia

Madagascar

Malawi

Mali

Mauritanie

Mozambique

Niger

Rwanda

Sierra Leone

République-Unie de Tanzanie

Togo

Ouganda

Zambie

ASIE ET PACIFIQUE

Afghanistan

Bangladesh

Bhoutan

Cambodge

République démocratique populaire lao

Maldives

Myanmar

Népal

Samoa

Iles Salomon 

Vanuatu

PROCHE ORIENT

Djibouti

Somalie

Soudan

Yemen

CARAIBES

Haïti