2.2 Synthèse régionale

D'après les informations disponibles²⁵, les PFNL considérés comme très importants au niveau sous-régional, sont

· les plantes médicinales (dans toutes les sous-régions) ;

· les plantes comestibles (dans les Iles de l'Afrique de l'Est, de l'Ouest, l'Afrique Australe et Centrale) ;

· les fourrages (en Afrique du Nord, Afrique Australe, et Afrique de l'Ouest) ;

· le gibier (en Afrique Centrale et de l'Ouest); et

· les produits apicoles (en Afrique de l'Est et en Afrique Australe).

Les PFNL de prime importance pour des sous-régions spécifiques sont : le liège et les plantes aromatiques (Afrique du Nord), les exsudats (Afrique de l'Est) et les plantes ornementales (Iles de l'Afrique de l'Est et Afrique Centrale).

Tableau 19. Les principaux PFNL d'Afrique

Afin de voir leur importance régionale, les PFNL ont été classés selon leur pertinence socio-économique nationale et sous-régionale, comme mentionné dans les profils par pays. Trois niveaux d'importance ont été identifiés :

· PFNL de haute importance sur le plan sous-régional (voir aussi tableau 19) ;

· PFNL d'importance moyenne, qui sont d'une haute importance dans les pays sélectionnés (par exemple les sapins à Maurice, les Iles de l'Afrique de l'Est), mais qui sont d'une importance moyenne pour les sous-régions respectives ;

· PFNL de faible importance, qui sont documentés mais qu'on ne considère pas comme de produits importants pour les pays respectifs.

Le tableau 5 résume l'importance des PFNL pour les différentes sous-régions, et classe les PFNL selon leur importance régionale en général. Il indique que seules les plantes médicinales et comestibles (beaucoup de plantes comestibles ont aussi des propriétés médicinales) sont d'une haute et moyenne importance dans toutes les sous-régions. Le fourrage est surtout d'une haute importance dans les zones arides et semi-arides. D'autres produits importants pour ces zones sont les exsudats (surtout en Afrique de l'Est et dans les régions sèches de l'Afrique de l'Ouest) ainsi que le liège et les plantes aromatiques (Afrique du Nord).

L'utilisation du gibier (Afrique de l'Ouest et Afrique Centrale), des animaux vivants (Iles de l'Afrique de l'Est), du bambou et du rotin (Afrique Centrale) est plus important dans les régions humides et semi-humides avec les types de forêt fermée et une couverture forestière plus haute. La production de l'élevage est d'une importance mineure en Afrique Centrale, la production fourragère n'est donc pas considérée comme importante.

Tableau 20. L'importance des PFNL dans les sous-régions africaines

*** haute importance (principaux PFNL au niveau sous-régional ), ** moyenne importance (principaux PFNL nationaux), * faible importance (mentionné dans les résumés par pays: ¹Total : Addition d'astérisque pour l'évaluation de l'importance régionale générale des PFNL ; ª Animaux ou produits d'animaux.

Les « Ustensiles, artisanats et matériaux de construction » ont été identifiés comme catégorie importante dans chaque sous-région. Toutefois, les vrais produits principaux changent selon la sous-région : le liège est d'une importance majeure en Afrique du Nord, suivi par l'alfa et d'autres fibres ; le bambou est pertinent pour les Iles de l'Afrique de l'Est, l'Afrique Australe et l'Afrique Centrale tandis que le rotin est considéré comme important en Afrique Centrale (et dans une certaine mesure en Afrique de l'Ouest). Les produits d'une importance similaire au niveau régional comprennent les feuilles d'emballage, le chaume, d'autres matériaux de construction (par exemple feuilles de palmier, écorce) et les produits artisanaux.

Le tableau 20 montre aussi que les PFNL d'origine végétale sont, en général, d'une plus grande importance par rapport aux produits d'origine animale. Les produits apicoles et le gibier sont les produits d'origine animale les plus importants, suivis par les animaux vivants (d'une importance particulière pour les Iles de l'Afrique de l'Est), et les insectes comestibles, notamment les chenilles et les termites en particulier qui sont de produits importants d'Afrique Australe.

Les PFNL proviennent d'espèces sauvages et/ou cultivées, et domestiquées. Cependant la plupart des PFNL proviennent d'espèces sauvages. La culture et l'élevage se limitent aux espèces qui donnent des produits de grande valeur et pour lesquelles la culture/élevage est faisable et rentable.

Selon le système de production, les PFNL peuvent être subdiviser en quatre groupes :

· Les PFNL uniquement fournis par des espèces sauvages (par exemple champignons, fruits) qui n'ont pas encore fait l'objet de culture ;

· Les PFNL principalement fournis par des espèces sauvages comme les Prunus africana et Gnetum buchholzianum, qu'on commence actuellement à les cultiver à cause de leur importance économique croissante et/ou à cause de la diminution de la disponibilité des populations naturelles ;

· Les PFNL fournis par des espèces sauvages ainsi que cultivées comme les Acacia senegal (gomme arabique) ou Azadirachta indica (arbre à usage multiple) qui récemment ont commencé à faire l'objet d'une culture intensive ;

· les PFNL, fournis par des espèces comme le Bixa orellana, Chrysantemum sp., Cinchona sp., Cinnamomum aromaticum ou Syzygium aromaticum (girofle), déjà intégrés dans les systèmes agricoles depuis longtemps. Ces exemples représentent une grande gamme d'espèces et de produits qu'on peut déjà considérer comme des récoltes agricoles plutôt que des PFNL.

Les PFNL sont collectés dans des habitats variés selon les conditions écologiques de la forêt fermée aux terres boisées ou aux formations arbustives. Les arbres en dehors de la forêt (les arbres sur des terres non-forestiers, des champs agricoles ou horticoles) sont importants dans chaque sous-région et donnent des PFNL sauvages ou cultivés. Les techniques de récolte inappropriées et l'exploitation intensive peuvent affecter l'habitat et sa population de flore ou de faune. Le feu, utilisé pour récolter le miel, peut entraîner des feux de brousse causant une dégradation sévère de l'habitat (par exemple en Afrique de l'Est et en Afrique Australe). Enlever l'écorce des espèces comme le Prunus africana peut causer la mort de l'arbre et contribuer à mettre toute la population en danger. Les animaux ne sont plus disponibles à cause du commerce des animaux vivants et du gibier (e.g. en Afrique de l'Ouest).

La disponibilité des PFNL peut aussi être affectée par diverses circonstances qui ne sont pas directement liées à la gestion d'un produit en particulier. La dégradation de l'habitat par l'abattage des arbres ou la culture par rotation, les périodes de sécheresse ou autres utilisations concurrentes comme la production de bois réduisent également la disponibilité des PFNL dans les sous-régions.

Les PFNL sont notamment utilisés pour la subsistance. En particulier, les plantes médicinales, comestibles et fourragères sont surtout consommées par la population rurale ou commercialisées localement (y compris le commerce du troc). La commercialisation nationale et internationale se limite à des espèces sélectionnées ou à des produits très demandés. D'importants exemples de PFNL commercialisés sont les huiles essentielles (par exemple romarins, myrte), les plantes médicinales (par exemple Prunus africana, Warburgia salutaris), le gibier, le miel ou le rotin.

La plupart des PFNL sont encore considérés comme des biens communs. Cependant, des informations provenant de l'Afrique Centrale et de l'Afrique de l'Ouest (par exemple République centrafricaine, Burkina Faso, Nigeria) indiquent une substitution progressive du libre accès à cette ressource par la propriété privée. Notamment, les PFNL rares et précieux sont de plus en plus considérés comme des propriétés privées.

La valeur totale des PFNL ne peut pas être calculée, vu l'absence de données fiables. Les produits considérés comme très importants au niveau sous-régional sont supposés être les plus précieux.

Perspectives de l'utilisation des PFNL en Afrique

L'importance des principaux produits nationaux et sous-régionaux changera à peine dans l'avenir proche. Le gibier restera important en Afrique Centrale, comme le liège et les produits aromatiques en Afrique du Nord. L'utilisation des PFNL commercialisés dépend de toute évidence à la demande nationale et internationale. La demande en liège, par exemple, dépasse l'offre à l'heure actuelle, car la substitution des produits naturels, comme les bouchons de liège, par des produits artificiels n'est pas prévisible. D'autre part, dans le cas de la gomme arabique, l'industrie alimentaire a trouvé des remplacements après de sérieux problèmes d'offre dans les années 70. Cependant même si la demande en gomme a considérablement diminué depuis la fin des années 70, ces produits sont encore d'une importance majeure pour certains pays, en particulier pour les pays d'Afrique de l'Est et de l'Ouest.

Les plantes médicinales utilisées par les industries pharmaceutiques sont des cas spéciaux. La forte demande pour des espèces spécifiques et leur produits (par exemple Prunus africana, Warburgia salutaris) entraîne une hausse des prix (qui ne correspond pas automatiquement à de plus gros bénéfices pour les collecteurs) et à la sur-exploitation des ressources. Pour ne pas dépendre de la ressource naturelle (et de son irrégularité du point de vue de l'offre et de la composition chimique), il y a une tendance à cultiver les plantes médicinales de haute valeur et à trouver un remplacement de synthèse avec les mêmes (ou meilleurs) effets que les produits naturels.

On a pu collecter des informations très limitées sur l'importance (potentielle) des marchés verts. Cependant, ce genre de marché est censé être d'une importance croissante, mais il faut à cet égard rassembler et analyser des informations supplémentaires.

Les produits utilisés pour la subsistance sont remplacés par des produits non-forestiers ou synthétiques, si les alternatives deviennent disponibles. Toutefois, dans les zones rurales, les alternatives sont rarement disponibles ou coûteuses. Pour cette raison, les plantes médicinales, par exemple, resteront un PFNL africain important.

25 Si elles ne sont pas indiquées autrement, les informations présentées dans la synthèse régionale (chapitre 2.2.) et sous-régionale (chapitre 2.3), proviennent des rapports par pays (voir chapitre 1) et des résumés par pays (voir chapitre 3).