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Contexte régional


CARACTÉRISTIQUES DE LA RÉGION

L’Asie du Sud telle qu’elle est définie dans cet ouvrage comprend huit pays, dont l’Afghanistan[118]. L’agriculture représente une part importante du PIB de toute la région et a connu, grâce à la révolution verte, un taux de croissance exceptionnel durant les 30 dernières années. Néanmoins, cette région possède le plus grand nombre de personnes mal nourries et pauvres de toutes les régions en développement; plus des deux tiers de celles-ci vivent en zone rurale.

La population de l’Asie du Sud est de 1 344 millions d’habitants[119], soit plus du quart de la population du monde en développement. Parmi eux, 970 millions (72 pour cent) vivent en zones rurales. Quelque 150 millions de ménages, correspondant à 751 millions de personnes peuvent être définis comme agricoles[120] En raison de la forte population rurale de cette région et de sa superficie limitée (514 millions d’ha), la densité de population rurale de l’Asie du Sud (1,89 personne par ha) est la plus forte de toutes les régions en développement. De plus, la proportion importante de terres inhospitalières a conduit à la concentration de la population sur moins de la moitié de l’étendue des terres entraînant, en de nombreux endroits, une forte pression sur les ressources naturelles. La longue histoire de l’occupation humaine a conduit à une grande diversité dans l’utilisation des ressources naturelles en l’agriculture. En termes agroécologiques[121], 20 pour cent des terres de la région sont constitués de collines et de montagnes à fortes pentes où ne vivent que 5 pour cent de la population totale; 19 pour cent sont densément peuplés - les basses terres humides ou subhumides - elles abritent la majeur partie de la population de la région (43 pour cent); les zones au climat sec subhumide qui représentent 29 pour cent des terres sont aussi très peuplées puisqu’elles abritent 33 pour cent de la population de la région. Les 32 pour cent restant sont des terres basses arides et semi-arides n’accueillant que 19 pour cent des habitants de la région. On rencontre des zones de collines et de montagnes dans tous les pays; toutefois, elles prédominent le long des pentes sud du massif de l’Himalaya (Inde, Bhutan, Népal, Pakistan et Afghanistan). Ces zones de collines ont particulièrement souffert de graves déforestations et d’érosion importante des sols.

Les zones agroécologiques humides et subhumides qui bénéficient des pluies saisonnières de la mousson et de plus de 180 jours de période végétative par an, sont situées au Bangladesh et dans les parties du nord, de l’est et du sud de l’Inde; elles couvrent aussi le centre, l’ouest et le sud du Sri Lanka. Avec de grandes superficies de sols alluvionnaires et une forte proportion de terre sous culture intensive du riz, ces zones abritent une population particulièrement dense. Les zones sèches subhumides caractérisées par 120 à 179 jours de période végétative par an, couvrent la quasi-totalité du plateau du Deccan au centre de l’Inde. Le nord-ouest de l’Inde, la presque totalité du Pakistan et de l’Afghanistan correspondent à des zones arides ou semi-arides avec de grandes étendues désertiques, où la longueur de la période végétative est inférieur à 120 jours et la densité de population très faible. L’ensemble de la région, compte environ 74 millions d’ha de forêt (14 pour cent du total des terres), 49 millions d’ha de parcours et environ 213 millions d’ha de terres cultivées et en culture permanente, équivalent à moins de 0,16 ha de terre agricole par tête. Les ressources en eau sont relativement rares.

Plus de 43 pour cent des 1 200 millions d’habitants de la planète vivant audessous du seuil de pauvreté exprimé en dollar habitent l’Asie du Sud. La grande majorité de ceux-ci vivent en zone rurale. Des progrès importants ont été réalisés dans le domaine de la sécurité alimentaire durant les trois dernières décennies; ces progrès n’ont pas encore bénéficié à toute la population de la région où la FAO estime que 254 millions de personnes sont encore sous-alimentées. Des indicateurs, tels que d’analphabétisme féminin (59 pour cent), la mortalité infantile (89 pour 1000 pour les enfants en dessous de cinq ans), et la malnutrition des enfants (51 pour cent)[122], montrent aussi l’importance de la pauvreté. Les pauvres en zones rurales sont particulièrement vulnérables aux sécheresses, inondations et autres catastrophes naturelles. Selon des estimations du FIDA[123], les petits agriculteurs représentent environ 66 pour cent de la population vulnérable de Inde et les familles d’artisans pêcheurs 2 pour cent. Les femmes sont particulièrement défavorisées; le revenu moyen d’un foyer agricole ayant une femme à sa tête est beaucoup plus faible que celui d’un foyer équivalent ayant un homme à sa tête.

Principaux systèmes de production - ASIE DU SUD

Déni de responsabilité de la FAO

Les dénominations utilisées et les informations figurant sur les cartes n'impliquent de la part de la FAO aucun jugement concernant le statut légal ou constitutionnel d'un pays, territoire ou étendue maritime ni aucune approbation ou acceptation de ses frontières

Notes:
Projection = Géographique(Lat/Long)

Parmi les huit pays de la région, seuls les revenus des Maldives et du Sri Lanka sont considérés comme ayant atteint un niveau intermédiaire. Le revenu moyen par tête est bas (PIB de 440 dollars EU par tête). L’aide officielle au développement n’était en 1998 que de 4 dollars EU par tête (comparé à 21 dollars EU en Afrique subsaharienne); cette aide ne représentait que 0,9 pour cent du PIB régional. Les surplus générés par le secteur agricole ont entraîné la croissance et le développement des autres secteurs de l’économie. Ce processus est le plus avancé en Inde et au Pakistan où le PAIB (produit agricole intérieur brut) représente respectivement 27 pour cent[124] et 24,6 pour cent[125] du PIB. La valeur ajoutée pour l’agriculture était en 1999 de 28 pour cent du PIB régional[126]. Le secteur emploie 59 pour cent[127] de la force de travail et génère 16 pour cent de la valeur totale des exportations[128].

PRINCIPAUX SYSTÈMES D’EXPLOITATION AGRICOLE DE L’ASIE DU SUD

Dans le cadre de cette étude, nous avons identifié 11 principaux systèmes d’exploitation agricole. La distribution géographique de neuf d’entre eux est indiquée sur la carte jointe. Les principales caractéristiques des 11 principaux systèmes sont indiquées dans le tableau 5.1 (superficie et proportion de la population agricole dans la population totale de la région, modes de vie les plus courants et fréquence de la pauvreté). Une brève description de chaque système agricole est faite dans les paragraphes suivants, quatre d’entre eux sont ensuite analysés plus en détail.

Système d’exploitation agricole riz

Ce système agricole est dominé par la culture[129] intensive du riz aquatique par les agriculteurs et les fermiers dans des champs morcelés avec ou sans irrigation. Des 36 millions d’ha que représente ce système, 22 millions d’ha, soit plus de 60 pour cent, sont cultivés; 10 millions d’ha, soit 43 pour cent de la surface cultivée sont irrigués. Quelque 130 millions d’habitants, représentant 17 pour cent du total de la population du système qui s’élève à 263 millions, sont considérés comme agricoles. Ce système est concentré au Bengladesh et dans l’ouest du Bengale, on le trouve aussi sur de plus faibles étendues en Inde, dans les états du Tamil Nadu et du Kerala et au sud du Sri Lanka. La population bovine, utilisée pour la traction animale, le lait et le fumier, est de 50 millions de têtes, il y a aussi un nombre considérable de petits ruminants. Les agriculteurs pauvres travaillent de très petites surfaces, et comptent sur des revenus en dehors de l’exploitation pour survivre. La pauvreté est très fréquente et très sévère.

Tableau 5.1: Les principaux systèmes d’exploitation agricole de production de l’Asie du Sud

Systèmes d'exploitation agricole

Superficie (% de la région)

Pop. agricole (% de la région)

Principales activités

Fréquence de la pauvreté

Riz

7

17

Riz aquatique (deux saisons), maraîchage, légumineuses, activités hors exploitation

Elevée

Pêche côtière artisanale

1

2

Pêche, noix de coco, riz légumineuses, élevage

Moyenne à élevée

Riz-blé

19

33

Riz irrigué, Blé, maraîchage, élevage et production de lait, activités hors exploitation

Moyenne à élevée

Mixte des hautes terres

12

7

Céréales, élevage, horticulture, migration saisonnière

Moyenne à élevée

Mixte pluvial

29

30

Céréales, légumineuses fourrages, élevage, hors exploitation

Elevée (variations saisonnières)

Pluvial sec

4

4

Céréales, céréales irriguées légumineuses activités hors exploitations

Moyenne

Pastoral

11

3

Elevage, cultures irriguées, migration saisonnière

Moyenne à élevée (spécialement en période de sécheresse)

Dispersé (aride)

11

1

Elevage où le permet l'humidité saisonnière

Moyenne à élevée (spécialement en période de sécheresse)

Dispersé (montagne)

7

0,4

Pâturage d'été

Moyenne (spécialement dans les zones éloignées)

Arboricole

Dispersé

1

Cultures d'exportation ou agro-industrielles, céréales, travail salarié

Moyenne (surtout chez les ouvriers agricoles)

Urbain

<1

1

Horticulture, lait, volaille autres activités

Moyenne

Source: Données FAO et avis d’experts.
Note: La fréquence de la pauvreté représente une évaluation relative à la région.

Système d’exploitation agricole associé à la pêche côtière artisanale

Sur une bande étroite le long d’une grande partie des côtes du Bangladesh et de l'Inde et autour des Maldives les ménages supplémentent la pêche côtière artisanale avec la production de cultures vivrière, souvent du riz, et des cultures de rente comme les noix de coco, ainsi que l’élevage et le maraîchage.

Le principal moyen de subsistance de ce système est menacé par la surexploitation des ressources communes, aussi bien localement que par les bateaux de pêche plus grands et mieux équipés. La superficie des terres est estimée à cinq millions d’ha dont la moitié est cultivée. Les ressources en terre le long des côtes sont sous la pression de la forte densité de population et de l’expansion des entreprises d’aquaculture modernes à forte intensité capitalistique. Un tiers de la surface cultivée, soit 0,8 millions d’ha, est irrigué. Quelque 18 millions de personnes sur un total de 45 millions, sont classés agricoles. Le revenu hors exploitation constitue, spécialement pour les ménages pauvres, une part importante des moyens de subsistance. La gestion du système est complexe à de nombreux égards; la complexité associée à sa situation d’interface entre les écosystèmes marins et terrestres est aggravée par la complexité des situations des parties prenantes aux objectifs conflictuels. La pauvreté est, dans ce système, moyenne à forte.

Système d’exploitation agricole riz-blé

Caractérisé par la culture d’été du paddy suivie par la culture du blé d’hiver irrigué (et parfois par une culture maraîchère de printemps), le système agricole riz-blé forme une large bande qui s’étend du nord du Pakistan à l’Inde, des zones irriguées de l’Indus dans le Punjab et le Sindh, à la plaine Indo-Gangétique jusqu’au nord-est du Bangladesh. Sa surface totale est de 97 millions d’ha, dont environ de 62 millions d’ha, soit plus de 60 pour cent, sont cultivés. On estime que 48 millions d’ha, soit 78 pour cent des terres cultivées, sont irrigués. L’intégration agriculture élevage est importante dans ce système où le cheptel bovin, estimé à 119 millions de têtes, est utilisé pour la traction animale et la production de lait et de fumier. Environ 73 millions de petits ruminants sont élevés surtout pour leur viande. Quelque 254 millions de personnes sur les 484 millions que compte la population totale de la région, sont classés agricoles. Les systèmes d’exploitation agricole riz et riz-blé couvrent ensemble 40 pour cent des terres cultivées de la région et produisent la majorité des céréales commercialisées pour l’approvisionnement des villes et des zones urbaines de l’Asie du Sud.

Système d’exploitation agricole mixte des hautes terres

Ce système agricole, généralement situé entre les plaines du système riz-blé des basses terres et les zones de haute montagne peu peuplées, s’étend sur toute la longueur de la chaîne de l’Himalaya, de l’Afghanistan à l’extrême nord-est de l’Inde, ainsi que dans des zones isolées du Kerala et du Sri Lanka central. Les principales productions rencontrées sont les céréales, les légumineuses, les tubercules, les cultures maraîchères, les cultures fourragères, les arbres fourragers, les vergers et les produits de l’élevage. La superficie totale de ce système est de 65 millions d’ha dont 19 millions sont cultivés, soit environ 29 pour cent. On estime à 2,6 millions le nombre d’hectares irrigués, soit 14 pour cent des terres cultivées. Le cheptel bovin est d’environ 45 millions de têtes, celui des petits ruminants de 66 millions de têtes. Près de 53 millions de personnes sont classées agricoles sur une population totale de 82 millions. L’incidence de la pauvreté, moyenne à forte, est aggravée par l’éloignement et le manque de services sociaux.

Système d’exploitation agricole mixte pluvial

Ce système d’exploitation agricole où domine les cultures pluviales et l’élevage occupe la plus grande partie du sous-continent et, à l'exception de quelques petites zones du nord du Sri Lanka, est entièrement situé en Inde. Sa superficie totale est de 147 millions d’ha, dont environ 87 millions d’ha cultivés, soit 59 pour cent. Les principales cultures sont le riz, le mil, le sorgho, un peu de blé, une grande variété de légumineuses et d’oléagineux, la canne à sucre, les cultures maraîchères et les fruits. On estime que 14 millions d’ha, soit 16 pour cent de la surface cultivée, sont irrigués. Le cheptel bovin est de 126 millions de têtes, le cheptel des petits ruminants est, quant à lui, de 64 millions de têtes; l’élevage de ces animaux est partiellement intégré à la production des cultures. La population totale du système est de 371 millions de personnes, 226 millions d’entre-elles sont classées agricoles. De nombreuse parcelles, relativement petites, sont irriguées à partir de réservoirs; au cours des dernières décennies, les forages ont contribué à une augmentation du niveau de la production céréalière et à sa stabilité. La vulnérabilité est liée aux importantes variations économiques et climatiques. La pauvreté est fréquente et sa sévérité s’accroît nettement après les sécheresses.

Système d’exploitation agricole pluvial sec

Situé à l’intérieur du système d’exploitation agricole mixte pluvial de la partie ouest du Deccan, dans une zone où la pluviométrie est plus faible, ce système agricole possède une plus forte proportion de terres irriguées que les zones humides avoisinantes, lui permettant de cultiver une gamme de cultures pluviales et irriguées semblables, en dépit d’un climat plus sec. Sa superficie totale est de 18 millions d’ha environ dont 10 millions d’ha sont cultivés, soit environ 53 pour cent. On estime que 3,5 millions d’ha, soit 36 pour cent des terres cultivées, sont irrigués; cette irrigation est un facteur essentiel de ce système agricole. Sa population totale s’élève à 45 millions de personnes dont près de 30 millions sont agricoles. L’irrigation rend ce système moins vulnérable à la sécheresse que le système pluvial voisin, aussi le niveau de pauvreté n’y est-il que moyen.

Système d’exploitation pastoral

Les pasteurs transhumants conduisent leurs troupeaux mixtes dans les zones arides et semi-arides du Rajasthan en Inde au Pakistan et en Afghanistan. La présence de petites poches irriguées dispersées atténue l’extrême vulnérabilité saisonnière des pasteurs. La superficie totale de ce système est de 55 millions d’ha, les populations animales sont de 12 millions de bovins, 30 millions de petits ruminants plus un petit nombre de chameaux. On estime que les zones de culture dispersées couvrent 6,8 millions d’ha dont les deux tiers (4,6 millions d’ha) sont irrigués et cultivées en riz, blé et autres cultures vivrières et fourragères. Le revenu hors secteur agricole contribue d’une façon importante à la subsistance des familles. La population totale de ce système est de 27 millions de personnes; on estime qu’environ 21 millions d’entre-elles sont pasteurs ou agriculteurs. Ce système agricole, qui n’abrite que 3 pour cent de la population de la région et 10 pour cent des populations animales, n’a pas une très grande importance. Le niveau de pauvreté, périodiquement aggravé par les sécheresses, y est moyen à élevé.

Système d’exploitation agricole dispersé (aride)

La superficie de ce système est estimée à 57 millions d’ha dont 1,7 millions d’ha sont cultivés, presque tous irrigués. Les populations animales sont de 16 millions de bovins et 29 millions de petits ruminants. Il existe des points de regroupement irrigués dans les zones arides; ils sont, dans la plupart des cas, utilisés par les pasteurs pour améliorer leurs conditions de vie. Le reste du territoire, là où l’eau est disponible pour les animaux, sert de pâturage. La population du système est de 23 millions de personnes dont 9,6 millions sont de pasteurs ou des agriculteurs. La transition entre le système pastoral et celui-ci est graduelle. La pauvreté est moyenne à élevée, souvent sévère après les sécheresses.

Système d’exploitation agricole dispersé (montagne)

Ce système est situé au-dessus de 3000 m d’altitude, entre les altitudes moyennes et les pentes élevées de la chaîne de l’Himalaya. Il couvre une superficie estimée à 34 millions d’ha et sa population est de 3 millions de personnes dont 2,8 millions sont agricoles. Un petit nombre de sédentaires dépendent de la culture des pommes de terre et du blé dur, des bovins et des yacks. La superficie cultivée est de 1,9 millions d’ha, soit 5 pour cent de la superficie totale; quelque 10 pour cent des terres cultivées sont irrigués. On estime les populations animales à 10 millions de bovins et de yacks, et 9 millions de moutons et de chèvres. Les éleveurs font paître les bovins et les yacks sur les pentes les plus hautes pendant l’été. Généralement, la migration saisonnière et dans certains cas le commerce, l’alpinisme et le tourisme, permet d’augmenter le revenu des ménages. La pauvreté est moyenne dans l’ensemble, plus forte dans les zones éloignées.

Système d’exploitation arboricole

Ce système dispersé recouvre les plantations des compagnies et celles des petits agriculteurs qui produisent sur des zones importantes du thé, de l’hévéa, des cocotiers et d’autres cultures arboricoles. On estime la surface de ce système à trois millions d’ha, dont 1,2 millions d’ha de cultures annuelles et permanentes. Ce système est localisé dans les basses terres du Sri Lanka (spécialement les cocotiers) au Kerala en Inde (y compris les épices) et dans les hautes terres de l’Inde, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka (plantations de thé). Sa population agricole est estimée à 7 millions de personnes. La pauvreté qui est moyenne, est surtout présente chez les ouvriers agricoles. En raison de sa nature dispersée, ce système n’est pas répertorié sur la carte.

Système d’exploitation agricole urbain

La production intensive de denrées périssables de grande valeur - telles que le lait et les produits maraîchers frais - s’est accrue dans la plupart des grandes agglomérations et des villes de la région. Cette production est généralement le fait de systèmes commerciaux à hauts niveaux d’intrants externes, qui ont des liens efficaces avec les zones rurales voisines pour l’alimentation animale et le fourrage. La population agricole de ce système est estimée à 11 millions de personnes, la population animale à environ 12 millions de têtes de bovins (bœufs et buffles).

GRANDES TENDANCES EN ASIE DU SUD

Populations, faim et pauvreté

La population de la région était de 1 344 millions[130] en 1999; elle devrait croître à un rythme d’environ 1,4 pour cent par an pour atteindre 1 650 millions en 2015. La croissance de la population devrait alors ralentir à environ 1 pour cent par an et la population devrait atteindre 1 920 millions de personnes en 2030. La population urbaine, qui représente aujourd’hui 28 pour cent[131] de la population totale, a sensiblement augmenté au cours des quatre dernières décennies; elle devrait continuer à croître pour atteindre 53 pour cent de la population totale en 2030.

Le rythme et la direction des changements qui affecteront les populations dépendront de la mobilité des personnes, spécialement des hommes adultes, pour répondre à l’urbanisation et à la création d’emploi en dehors des exploitations. Dans certains cas, cette mobilité conduira à l’adoption de systèmes de production plus extensif nécessitant moins de travail - tels que la culture du paddy plutôt que celle du coton - afin d’assurer des revenus plus élevés par jour de travail pendant les périodes qui peuvent convenir aux emplois hors exploitation. La capitalisation de l’exploitation devrait ainsi augmenter: plus de mécanisation sur une plus grande superficie de terre par agriculteur. Les femmes devraient assumer de plus grandes responsabilités dans la gestion et les activités des exploitations, au fur et à mesure qu’un plus grand nombre d’hommes adultes migreront de façon saisonnière et semi-permanente à la recherche de possibilités d’emplois.

Le nombre total de personnes sous-alimentées de la région, environ 284 millions en 1995-1997[132], est resté constamment élevé, comme le montre la figure 1.2 du chapitre 1; il devrait beaucoup baisser, pour n’être plus que de 82 millions vers 2030. Ainsi le pourcentage des personnes sous-alimentées passerait de 23 pour cent de la population totale à seulement 4 pour cent. La consommation moyenne était estimée à 2 424 kcal par personne et par jour en 1995-1997, elle devrait atteindre 2 790 kcal vers 2015 et 3 040 kcal vers 2030. La qualité du régime alimentaire devrait aussi s’améliorer et on devrait assister à un doublement de la consommation en viande et en produits laitiers entre 1995-1997 et 2030.

A l’exception du Sri Lanka où ils sont plus bas, les niveaux de pauvreté sont élevés dans toute la région. En Inde, quelque 44 pour cent de la population vivent avec moins d’un dollar EU par jour, et 86 pour cent avec moins de 2 dollars EU[133]. Les chiffres sont légèrement plus faibles, mais comparables pour le Népal, le Pakistan et le Bangladesh. Bien que les chiffres pour l’Afghanistan ne soient pas disponibles, on estime qu’environ 530 millions de personnes vivent en Asie du Sud avec moins d’un dollar EU par jour. D’après les projections de la Banque mondiale, le nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de pauvreté exprimé en dollar devrait, selon le scénario de croissance retenu, diminuer du niveau actuel de 40 pour cent à 18-25 pour cent vers 2030.

Ressources naturelles et climat

La superficie des terres sous cultures annuelles et permanentes de la région est estimée à 213 millions d’ha (49 pour cent de la superficie totale); son augmentation devrait être faible d’ici 2030. L’augmentation des surfaces cultivées pourrait provenir principalement des parcours et des forêts; elle nécessiterait des investissements importants et la disparition de certaines productions. On estime que l’augmentation de surfaces cultivées devrait pouvoir compenser les pertes dues aux constructions et aux travaux de génie civil dans les grands centres urbains existants[134].

L’érosion des sols des hautes terres et des bassins versants pluviaux est très importante, elle est encore aggravée par le surpâturage et la perte en éléments nutritifs des terres cultivées. Le surpâturage a aussi contribué à la dégradation des sols dans des zones importantes des systèmes d’exploitation agricole mixte et pastoral. On trouve aussi de graves problèmes de gestion des sols dans les systèmes agricoles riz et riz-blé où les rendements augmentent plus lentement ou même stagnent dans certaines zones de culture intensive. Certains spécialistes attribuent ce phénomène à la détérioration des propriétés physiques du sol, à la baisse de la teneur en matière organique, à une fertilisation déséquilibrée (fumure azotée trop élevée et comparativement niveau trop faible des fumures pour les autres éléments et microéléments) et à la baisse de l’utilisation du fumier animal[135].

La rareté générale des ressources en eau et leur distribution géographique ont modelé le développement des systèmes agricoles de l’Asie du Sud. Les surfaces irriguées de la région devraient augmenter lentement, pour passer de 85 millions d’ha à 95 millions (44 pour cent des terres cultivées) en 2030. Le coût élevé de construction de nouveaux périmètres durables pour l’environnement et le refus des donateurs de financer de grands projets d’irrigation peuvent inciter les gouvernements à moderniser certains périmètres irrigués existants et à améliorer l’efficacité d’utilisation de l’eau[136]. Ce processus nécessitera une gestion participative ou un transfert de propriété aux utilisateurs, l’amélioration des plans des systèmes existants, un meilleur drainage et la récupération des coûts. Les possibilités d’améliorer la conservation et l’utilisation des eaux de pluie, le stockage de l’eau et d’utiliser conjointement l’eau souterraine, sont très importantes. L’amélioration de la conservation de l’eau au niveau de l’exploitation peut être réalisée par l’agriculture de conservation avec mulch, diguettes et brisevent.

Le manque d’eau souterraine a déjà limité l’utilisation des forages de certaines zones des systèmes d’exploitation agricole intensif riz et riz-blé[137]. La situation devrait empirer au cours des trois prochaines décennies. On a estimé que si l’augmentation des taux d’extraction se poursuivait, un tiers des périmètres irrigués seraient surexploités d’ici à 2020[138]. La faible disponibilité en eaux de surface et souterraines limitera aussi les productions végétale et animale des systèmes d’exploitation agricole mixte pluvial et pastoral. On assistera, au cours des prochaines décennies, à un accroissement de la demande en eau de la part des usagers industriels et urbains. En conséquence, des marchés locaux de l’eau devraient se développer au détriment de l’agriculture, sauf dans le cas des cultures à forte valeur. L’augmentation du coût de la main-d’œuvre devrait entraîner une utilisation accrue de l’eau pour remplacer le travail de préparation des terres et le contrôle des mauvaises herbes dans la culture du riz. La pression croissante sur les ressources en eau semble aussi avoir entraîné une baisse de la qualité de l’eau potable, allant jusqu’à des empoisonnements à l’arsenic courants au Bangladesh.

Les fortes densités de population menacent les ressources forestières de tous les pays de la région. Les données de la FAO montrent un léger accroissement de la couverture forestière de la région, qui a atteint 85 millions d’ha en 1994; toutefois, au cours des années 90, la déforestation a été de 0,13 millions d’ha par an, soit 0,2 pour cent par an. Les pressions sur la forêt devraient encore augmenter, particulièrement dans le système d’exploitation agricole mixte des hauts terres - peu de forêts demeurent dans la plupart des autres systèmes agricoles de la région. Dans de nombreux cas, la déforestation est due à l’augmentation des surfaces agricoles; des conflits d’intérêts entre les individus et les départements des forêts y ont aussi contribué. La prise de conscience de plus en plus grande que les communautés forestières doivent être pleinement impliquées dans la gestion des forêts et que les forêts doivent être gérées pour le bénéfice de ces communautés a beaucoup contribué à dépasser les conflits d’intérêts.

Les changements climatiques prévus devraient avoir un impact négatif important sur la production agricole de la région. La fréquence des orages qui s’abattent sur les côtes du Bangladesh et de l’Inde devrait augmenter. La variabilité du climat entraînera non seulement des fluctuations de rendements, mais des cultures pluviales pourraient voir leurs rendements moyens chuter substantiellement[139].

Science et technologie

La réorganisation des systèmes nationaux de recherche agricole (SNRA) a considérablement renforcé la recherche agricole en Asie du Sud au cours des 40 dernières années grâce: i) à la création d’unités centrales de coordination[140]; ii) à la décentralisation des activités dans les centres de recherche régionaux; et iii) au renforcement de la force de travail et du niveau des investissements. Les SNRA de la région ont largement bénéficié de leurs relations étroites avec les Centres internationaux de recherche agricole (CIRA), tels que l’IRRI, le CIMMYT et l’ICRISAT, et de leur participation aux activités des réseaux et au développement de la technologie de la révolution verte. Plus récemment, de nombreux SNRA ont modifié leurs priorités pour se concentrer sur les défis post-révolution verte (stagnation des rendements et gestion des ressources) et développer des technologies pour les agriculteurs des environnements aux ressources naturelles limitées.

La demande croissante, les changements dans les préférences des consommateurs et la dégradation des ressources sont autant de défis que les systèmes de recherche auront à relever; la mise au point de technologies diversifiées de plus en plus complexes sera nécessaire pour faire face à ces défis.

La nécessité de résultats de recherche pour les terres marginales[141], le rôle de plus en plus important des femmes dans les décisions des ménages agricoles et l’émergence de nouveaux domaines de recherche intégrée (agroforesterie, biotechnologie, etc.) exigeront le développement de nouvelles compétences et des efforts de recherche interdisciplinaires. Face au rôle de plus en plus important de la recherche financée par le secteur privé dans le développement des nouvelles technologies pour améliorer la profitabilité des entreprises commerciales, la recherche agricole financée sur fonds publics continuera à se consacrer en priorité aux petits agriculteurs pauvres en ressources.

Il semble qu’au niveau de la région, la recherche agricole (technologie d’irrigation, variétés à haut rendement et engrais) se soit, dans le passé, principalement intéressée à certains systèmes[142] tels que les systèmes d’exploitation agricole riz et riz-blé. Les nouveaux problèmes requièrent une meilleure coordination entre la recherche en amont (recherche de base ou stratégique) et celle en aval (adaptative et participative au niveau de l’exploitation). Le fait que les efforts de la recherche agricole ne permettent pas de proposer des solutions aux principales préoccupations des agriculteurs, comme par exemple l’amélioration des pratiques culturales à faible niveau d’intrants et la minimisation des risques de production, est préoccupant.

L’utilisation des engrais chimiques s’est, au cours des dernières décennies, développé rapidement en Asie du Sud; elle est passée de 3 kg/ha d’élément nutritif en 1970 à 79 kg/ha au milieu des années 90. Le taux d’utilisation devrait continuer à croître, bien que plus lentement. Les doses d’application des systèmes agricoles irrigués intensifs sont élevées comparées à celles utilisées dans les environnements de production à risque, sans irrigation. Dans certaines zones éloignées, telles que celles du système d’exploitation agricole dispersé en montagne, les coûts élevés de transport peuvent facilement dépasser celui des engrais.

Dans certains cas, on assiste à un gaspillage très importants d’éléments nutritifs - particulièrement de l’azote dans les cultures irriguées et les terres humides - qui sont utilisés de façon peu efficace. Au Pakistan, grand consommateur d’engrais azoté, les pertes par volatilisation sont très importantes. Le taux d’augmentation de l’utilisation de engrais devrait diminuer dans l’avenir, cette diminution dépendra, dans une certaine mesure, des progrès réalisés dans l’efficacité d’utilisation des engrais. Les pertes d’azote par volatilisation, lessivage et ruissellement pourraient donc rester constantes ou même diminuer.

Actuellement, l’utilisation des engrais pour la production du paddy est freinée par les bas prix du riz. Au cours des prochaines décennies, l’application d’engrais dépendra du prix des engrais (probablement plus élevés en termes réels), du prix des produits (probablement plus bas), de l’utilisation des engrais organiques (qui devrait augmenter) et de l’efficacité de l’utilisation des engrais (aussi en augmentation). On doit aussi prendre en compte la possibilité d’apport important d’azote par fixation biologique de cet élément[143]. Parallèlement à l’augmentation de l’utilisation des engrais, la demande en produits phytosanitaires s’est aussi accrue; elle a toutefois été ralentie par les progrès en gestion intégrée des ravageurs (GIR).

Le paddy a traditionnellement toujours été la culture la plus importante de l’Asie du Sud; son importance s’est encore accrue durant ces 30 dernières années, principalement grâce à la révolution verte qui a permis des augmentations moyennes de rendements de près de 2 pour cent par pendant cette période. Bien qu’à un rythme plus faible, les surfaces en riz ont aussi augmenté (voir tableau 5.2) entraînant une augmentation de la production de 2,5 pour cent par an au cours des 30 dernières années, pour atteindre 184 millions de tonnes en 2000. La production devrait continuer à augmenter d’ici à 2030. En revanche, les surfaces de céréales comme le mil et le sorgho ont baissé durant cette même période; de faibles augmentations de rendements ont permis d’éviter un véritable déclin de la production de ces cultures.

La tendance de la production des fruits et des cultures maraîchères a été au cours des dernières années la même que celle du blé, montrant que la diversification des cultures des assolements traditionnels est déjà bien entamée. Les surfaces récoltées ont augmenté plus vite que celles des autres cultures. Les faibles augmentations des surfaces irriguées prévues ainsi que l’amélioration des systèmes d’irrigation devraient probablement encourager à l’avenir une plus grande diversité dans les cultures. La croissance de la demande urbaine et internationale, et l’amélioration des canaux de commercialisation et de transformation devraient entraîner une forte croissance dans la production des fruits, des cultures maraîchères et des autres produits non traditionnels.

Les facteurs culturels de la région ont une grande influence sur la production animale et sur sa consommation. Le nombre de têtes de bovins est passé de 230 millions en 1970 à 277 millions en 2000 (voir tableau 5.3) correspondant à une assez faible croissance annuelle de 0,6 pour cent. Le nombre des buffles a augmenté plus vite, environ 1,9 pour cent de croissance annuelle sur la même période; toutefois le taux de croissance a diminué durant la dernière décennie. On a observé des taux de croissances semblables pour les petits ruminants dont le total atteignait 231 millions en 2000. Les volailles présentent les plus forts taux de croissance pour le nombre d’animaux et pour la production. La production intensive à grande échelle s’est déjà développée dans la plupart des pays de la région, afin de satisfaire la demande urbaine. Le taux de croissance du nombre de volailles a été de 3,8 pour cent par an entre 1970 et 2000.

La production de viande, de lait et d’œufs a augmenté plus rapidement que le nombre d’animaux, montrant que l’efficacité de la production s’est améliorée au cours des dernières décennies. Le nombre de buffles et de bovins a augmenté de moins d’un pour cent par an, celui des petits ruminants d’à peine plus de 2 pour cent, tandis que la production laitière s’est elle accrue de plus de 4 pour cent. L’augmentation des revenus devrait entraîner une forte augmentation de la consommation de viande (particulièrement de viande de volaille et d’œufs, et de viande de chèvre et de mouton) et de produits laitiers. Cependant, le remplacement des animaux de trait, buffles et bœufs, par des tracteurs, devrait entraîner la stabilisation ou même la diminution des importantes populations de bovins de la région. L’amélioration de la productivité des populations animales devrait compenser la diminution de leur nombre.

Tableau 5.2 Tendances de l’évolution des superficies cultivées, des rendements et des productions en Asie du Sud, 1970-2000.

Culture

Superficie récoltée2000 (m ha)

Rendements2000 (tonne/ha)

Production2000 (m tonnes)

Variation annuelle moyenne 1970-2000 (%)

Surface

Rendement

Production

Riz

60

3,1

184

0,5

2,0

2,5

Blé

39

2,5

98

1,4

2,8

4,3

Millet

13

0,8

10

-1,7

0,7

-1,0

Sorgho

11

0,9

10

-1,6

0,7

0,5

Maïs

8

1,7

14

0,4

1,0

1,6

Légumineuses

27

0,6

15

0,3

0,2

0,5

Oléagineux

42

0,2

10

1,3

1,4

2,6

Maraîchage

8

10,7

71

1,7

1,2

3,0

Fruits

3

1,3

40

3,0

1,2

4,3

Source: FAOSTAT

Libéralisation du commerce et développement des marchés

La tendance récente de libéralisation des marchés devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies. La détérioration des conditions de commercialisation au niveau international, spécialement pour les céréales, pourrait pénaliser les exploitations agricoles commerciales. On s’attend à assister à une diversification importante des productions dans tous les systèmes d’exploitation agricole, d’une part, en réponse à la concurrence extérieure accrue avec l’ouverture des marchés pour des produits de base comme le riz, et d’autre part en réponse aux nouvelles possibilités d’exporter. L’Asie du Sud pourrait profiter de sa position dominante au niveau mondial sur quelques créneaux de marché - tels que les mangues et les produits de l’anacardier (noix de cajou) - et développer une gamme compétitive importante de fruits, d’épices, de colorants et d’autres produits tropicaux. La présence d’un grand nombre d’expatriés d’Asie du Sud vivant dans les pays industriels et la popularité de la cuisine régionale devraient entraîner une forte croissance de la demande en produits alimentaires industriels. Cette tendance pourrait s’accélérer grâce aux progrès réalisés dans l’emballage et le transport, qui permettent d’approvisionner les marchés occidentaux à bas prix.

Bien que les populations rurales de l’Asie du Sud ne puissent, à moyen terme, offrir que des marchés limités pour l’importation des produits alimentaires, les grands marchés urbains en expansion deviendront, au cours des prochaines décennies, de plus en plus demandeurs de produits alimentaires régionaux et extra-régionaux. L’agriculture urbaine va continuer à se développer et à s’intensifier pour répondre à cette demande. Le secteur laitier (y compris les produits laitiers industrialisés) continuera à croître et la consommation de volaille, d’agneaux et de chèvres s’étendra rapidement. Le maraîchage et la production d’huile végétale continueront à connaître une forte croissance. Avec le développement des marchés internationaux du travail, les envois d’argent des travailleurs d’outre-mer vont augmenter; une part importante de ces envois ira vers l’agriculture et les investissements ruraux en général. Ces revenus monétaires contribuent grandement à la subsistance des populations des zones rurales marginales - par exemple dans le système d’exploitation agricole mixte des hautes terres - et financent souvent des améliorations agricoles.

Tableau 5.3 Tendances de l’évolution des populations animales de l’Asie du Sud 1970-2000

Espèces

Millions de têtes 2000

Variation annuelle moyenne 1970-2000 (%)

Buffle

122

1,9

Bovins

277

0,6

Petits ruminant

321

2,1

Volaille

742

3,8

Produit

Product (millions de tonnes)

Variation moyenne annuelle (%)

Viande total

8

3,2

Lait total

105

4,2

Laine total

1

0,9

Oeufs total

2

6,2

Source: FAOSTAT.

Note: La couverture géographique est comparable pour 1970 et 2000. Cependant, des changements dans les procédures statistiques de collecte peuvent entraîner des distorsions importantes (par exemple, exclusion des activités privées avant 1990).

Politiques, institutions et biens publics

Une grande partie de l’accroissement de la production céréalière s’est produite, au cours de la révolution verte indienne, dans les districts qui avaient une bonne infrastructure locale, en particulier, pour la gestion de l’eau, pour le transport et pour l’électricité pour les forages; ces districts représentaient approximativement 10 pour cent de l’ensemble des districts. Le manque d’infrastructure a limité le développement agricole de nombreuses zones de la région. En particulier, le manque de routes dans les zones éloignées et peu peuplées fait monter les coûts de transport des intrants et des produits commercialisables et la faiblesse des services de santé et d’éducation réduit la productivité du travail[144].

Les politiques de la plupart des pays de la région favorisent plus les zones urbaines et le secteur manufacturier que les secteurs agricole et rural.

L’intervention sur le marché pour maintenir artificiellement les prix des denrées alimentaires à portée des populations urbaines capable de s’exprimer politiquement, peut aussi entraîner la baisse des prix internes des céréales, déjà bas, aggravant ainsi la tendance à défavoriser les communautés rurales. La majorité des pauvres vivant dans les zones rurales, la réduction de la pauvreté, passe par l’augmentation des revenus agricoles.

La décentralisation et le bon fonctionnement des institutions locales seront les facteurs déterminants du développement de la plupart des systèmes agricoles. Des départements gouvernementaux ont déjà abandonné certaines de leurs fonctions au secteur privé. Ils ont aussi commencé à en transférer d’autres à certaines communautés rurales responsabilisées; cette tendance s’accentuera dans le futur. Cependant, ce transfert peut être assez lent, la qualité de sa mise en application demandera un suivi en raison des relations existant entre les votes des communautés rurales et les politiciens. La décentralisation devrait aussi avoir pour conséquence importante d’entraîner un rôle croissant des femmes dans les panchayats (conseils locaux) et dans les prises de décision au niveau du district. Le renforcement du partenariat entre le secteur privé et le secteur public en matière de développement rural aura des conséquences d’une grande portée sur la décision des priorités agricoles.

Dans certains pays de la région (en Inde par exemple) on est en train de mandater des institutions locales pour leur permettre de jouer un rôle plus important dans l’administration foncière; toutefois, elles n’ont souvent pas les capacités de prendre en charge de telles fonctions. En général, les réformes foncières n’ont, le plus souvent, pas réussi à améliorer l’accès aux ressources agricoles. Les limites maximales de terre ont eu un impact limité et les agriculteurs ayant le plus de terre ont souvent trouvé les moyens de maintenir leur propriété. La mise en œuvre de ces programmes est, dans certaines zones, rendue difficile par l’enregistrement défectueux des terres.

Information et capital humain

Vers 2030, la majorité des ménages agricoles devrait savoir lire et écrire et presque tous les jeunes - y compris les femmes - devraient posséder une éducation de base. Il est cependant nécessaire de continuer à investir dans l’enseignement rural, non seulement pour assurer cette transformation mais aussi pour apporter une solution à deux problèmes essentiels au développement des ressources humaines: i) doter les ouvriers de qualifications nécessaires à leur transfert à l’économie non agricole; ii) assurer que ceux qui restent dans l’agriculture possèdent les qualifications pour gérer les nouveaux systèmes agricoles à forte intensité de connaissances. Les besoins totaux en main-d’oeuvre de l’agriculture ne devraient pas augmenter; toutefois, de meilleures qualifications seront nécessaires pour améliorer l’efficacité et la productivité. L’accroissement du capital humain devrait favoriser le développement d’une industrie locale de petite taille, à l’image des meilleurs exemples de réussite de l’industrie rurale en Chine.

Le changement vers des systèmes d’exploitation agricoles commerciaux basés sur les connaissances requiert une amélioration du flot d’information vers les agriculteurs, ainsi que la mise en place de services d’appui en matière de nouvelles technologies et d’information sur les marchés. La résolution de ces problèmes, qui peut se faire dans le cadre d’un partenariat public privé, est essentielle. Dans certains pays (au Bangladesh par exemple) les téléphones cellulaires sont en train de révolutionner le transfert d’information sur les marchés. Certains systèmes informatisés de vulgarisation agricole, tels que les écrans tactiles testés par la Fondation de recherche Swaminathan, sont prometteurs. Il existe de nombreuses références bibliographiques sur l’amélioration du flux d’information entre les gouvernements et les ONG[145].

On s’accorde à penser qu’une révolution de l’information va se produire en Asie du Sud rurale, on ignore encore quels seront ses effets. Cependant, la grande disponibilité en information sur les marchés devrait certainement améliorer substantiellement l’efficacité du système et faciliter l’accès des petits agriculteurs à cette information. La diffusion à grande échelle de l’information pourrait entraîner une redéfinition du rôle de la vulgarisation agricole.

Sélection de systèmes agricoles pour l’analyse

Quatre des systèmes agricoles présentés dans la section précédente ont été choisis pour faire l’objet d’une analyse plus détaillée. Leur sélection a été faite sur les critères suivants: population agricole, fréquence de la pauvreté et potentiel apparent de croissance agricole et de réduction de la pauvreté au cours des prochaines 30 années.

La majorité des habitants pauvres de la région vivent dans un de ces quatre systèmes d’exploitation agricole, qui contribuent aussi à plus des trois quarts du PAIB régional.


[118] Voir l’annexe 3 pour les pays faisant partie de la région.
[119] FAOSTAT.
[120] FAOSTAT.
[121] Voir l’annexe 5 pour une explication des zones agroécologiques.
[122] Banque mondiale, 2000a.
[123] Jazaïry et al., 1992.
[124] Gouvernement de l’Inde, 2000.
[125] Gouvernement du Pakistan, 1998.
[126] Banque mondiale, 2000a.
[127] FAOSTAT.
[128] FAO, 1998b.
[129] Intensif est utilisé ici pour indiquer la pratique de deux cultures, ou plus, de paddy par an.
[130] FAOSTAT.
[131] Banque mondiale, 2000a.
[132] FAO, 2000a. Sauf indiqué autrement, l’information quantitative de cette section provient de la FAO, (2000 a).
[133] Banque mondiale, 2000b.
[134] La taille moyenne des exploitations pourrait augmenter d’ici à 2030 en raison des migrations continues des populations rurales vers les zones urbaines et des économies d’échelle réalisées, en particulier grâce à la mécanisation.
[135] Tran et Nguyen, 2001.
[136] Une étude récente du secteur des ressources en eau, financée par la Banque mondiale, recommande de porter plus d’attention à la gestion et moins au développement.
[137] Même si les ressources en eau souterraine se rechargent chaque année, à la différence d’autres régions.
[138] Gouvernement de l’Inde, 2001.
[139] Fischer et al., 2001.
[140] La planification stratégique à long terme des conseils des SNRA démontre l’esprit d’initiative de leurs directions.
[141] Fan et al., 2000.
[142] Anderson, 1994.
[143] FAO 2001.
[144] L’étude des relations entre le SIDA et l’agriculture a été principalement conduite en Afrique; on réalise que le SIDA entraînera beaucoup de souffrance et affectera la productivité agricole des 30 prochaines années partout dans le monde, y compris en Asie du Sud.
[145] Farrington et Thiele, 1993.

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