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2 Questions ou thèmes clefs d’actualité


Photo FAO

Afin de s'accommoder à une assistance financière qui ne cesse de s'amenuiser et de capitaliser sur l'avantage comparatif des différents groupes, les instituions de recherche et de développement cherchent de plus en plus fréquemment à établir des partenariats avec des institutions qui, traditionnellement, ne s'engageaient pas dans ces domaines. Les SNRA travaillent en étroite collaboration avec d'autres parties prenantes du Forum mondial de la recherche agricole (GFAR), y compris: les réseaux SNRA aux niveaux régional et sousrégional; les Centres internationaux de recherche agricole (CIRA) du GCRAI; les Instituts de recherche avancés (IRA) des pays développés; les ONG (aussi bien des pays développés que celles des pays en développement); le secteur privé, les organisations d'agriculteurs ou d'exploitants; et les donateurs de la recherche et du développement agricole international. A présent, les Forums de SNRA offrent un mécanisme permettant de traiter l'interaction entre la recherche, la vulgarisation et l'innovation dans le secteur agricole afin de s'assurer que la recherche contribue effectivement à la sécurité alimentaire, à la diminution de la pauvreté, et au développement durable.

2.1 Les défis de la recherche

Les participants de la Conférence électronique ont identifié une série de défis aux aspects multiples auxquels font face actuellement les acteurs engagés dans la recherche agricole et la sécurité alimentaire. Certains de ces défis sont de nature substantiels, tandis que d'autres concernent le processus de recherche proprement dit. Les questions soulevées par les participants se rapportent, entre autres, aux points suivants:

Les défis substantiels de la recherche

Les défis du processus de la recherche

2.2 Les considérations du genre

Un des thème qui a été omniprésent pendant tout le débat concerne la place prépondérante qu'occupe le genre dans les questions de sécurité alimentaire (incluant la production, l'approvisionnement, le traitement, la répartition, et les droits de propriété). Le travail et le revenu des femmes sont indispensables pour assurer la subsistance de leurs familles (Adams et al. 1998; Ellis, 1998). En périodes de pénurie ou de crise, lorsque toutes les ressources ou stratégies des ménages sont épuisées, les femmes risquent de travailler encore plus dur, vendre leurs biens personnels, emprunter ou mendier de l'argent auprès de leurs proches et même sauter des repas afin de nourrir leurs enfants.

En zones rurales, les femmes sont souvent les principales productrices de nourriture et cultivent une variété de cultures dans des champs familiaux, ou des jardins potagers. Leurs produits offrent souvent un complément de légumes et de verdures aux denrées de base, ajoutant d'importants éléments nutritifs à l'alimentation familiale. En zones urbaines, el les jouent un rôle essentiel dans l'approvisionnement des ménages en nourriture, à travers une multitude d'activités génératrices de revenus du secteur formel au secteur informel comprenant des stratégies tels que la culture de fruits et légumes dans des potagers, la transformation et le stockage des denrées, ainsi que la cuisson et la répartition des repas quotidiens.

En reconnaissant le problème du genre comme partie intégrale de la sécurité alimentaire, ces lignes directrices incluent les considérations de genre comme partie intégrante de chaque étape de recherche plutôt que de les isoler dans un chapitre à part. Néanmoins, les besoins et les soucis des femmes demeureront à l'écart des programmes et des pratiques de la recherche, à moins que ceux-ci ne soient éclairés par une conscience collective du rôle clef que joue le genre dans la sécurité alimentaire, et par des efforts soutenus pour les aborder.

2.3 Les limites de la portée

Les défis thématiques et méthodologiques identifiés au cours de la Conférence électronique illustrent la nature multidimensionnelle des questions de sécurité alimentaire ainsi que les complexités inhérentes au processus d'application de la recherche et de la collaboration scientifique. Cependant, l'étendue des questions soulevées ne saurait être exhaustive et n'aborde peut être pas tous les cas de figure susceptibles d'aparaître dans les différents contextes régionaux, nationaux, et locaux où la recherche des SNRA est entreprise.

Ces questions et thèmes n'incluent pas la variété de scénarios auxquels font face les sociétés et gouvernements. Par exemple, bien que l'on ait prêté une attention particulière aux multiples stratégies et mécanismes par lesquels les ménages affrontent la précarité alimentaire chronique et saisonnière pendant le débat de la Conférence électronique, ainsi que dans les lignes directrices énoncées dans ce document, ni la discussion de la Conférence ni ces principes-ci n'ont cherché à aborder de manière spécifique, malgré leur importance, les situations de crise telles que les catastrophes climatiques ou les famines provoquées par les guerres. Ces situations n'apparaissent pas pour deux raisons: d'une part, à cause des ressources humaines et matérielles limitées qui sont à la disposition des SNRA, et d'autre part, à cause des délais plus longs de la recherche, dont les résultats n'arrivent pas toujours à s'appliquer aux urgences imprévues, contrairement au travail humanitaire.

Cependant, les éléments d'information provenant des systèmes d'avertissement rapide de famines ainsi que les organisations non gouvernementales aideront les SNRA à établir les priorités en identifiant les vulnérabilités liées à la topographie et au facteur social, et des stratégies débrouillardes potentiellement efficaces qui pourraient être abordées et améliorées avec la recherche.

Inventaire de la recherche liée au genre au sein du GCRAI
(Feldstein, 1999)

La Conférence mondiale de 1995 à Pékin sur les femmes a attiré l'attention du monde entier sur les contributions des femmes au développement économique, surtout en agriculture. La même année, le Programme d'Analyse de Genre du GCRAI (désormais la Recherche Participative et l'Analyse de Genre ou RPAG) a publié un inventaire de toutes les activités de recherche, de formation et de dissémination d'informations relatives au genre, afin de fournir aux scientifiques au sein des centres internationaux de recherche agricole et des Systèmes nationaux de recherche agricole, des informations relatives aux résultats et activités de la recherche.

L'étude, qui a été remise à jour en 1998, comporte différentes catégories de diagnostiques et de caractérisations, des évaluations d'adoption et d'impact, des évaluations de technologies sur le terrain, de la recherche marketing et sur le traitement après-récolte, des expérimentations de technologies conçues expressément pour les femmes, des éléments de méthodologie, lesquels sont différenciés par genre.

L'inventaire est organisé selon 13 catégories qui incluent: 1) L'amélioration du germplasme; 2) Les cultures et les systèmes de cultures; 3) Le bétail et les systèmes de bétail; 4) Les arbres et les systèmes d'arbres; 5) Le poisson et les systèmes aquatiques; 6) La protection de l'environnement; 7) La conservation de la biodiversité; 8) L'amélioration des règles; 9) La formation; 10) La dissémination des informations; 11) La gestion des organisations; 12) Les réseaux; et 13) L'établissement de priorités; la proposition et l'examen de projets. Le plus grand nombre d'entrées concernait les systèmes de cultures (27 pour cent) qui met en relief le rôle clef que jouent les femmes des pays en développement dans la production agricole et alimentaire.

L'étude a montré que l'utilisation de l'analyse de genre est en hausse dans tous les centres du GCRAI (les entrées ont augmentés de 48 pour cent entre 1995 et 1998). Plusieurs centres ont crée des comités et désigné des spécialistes «genre» pour assurer une attention particulière au genre dans leurs programmes. Le genre devient de plus en plus un thème de réflexion pour des formations ou des activités d'atelier ainsi qu'un critère dans l'établissement des priorités, ce qui devrait produire un effet sur les attitudes et les approches des scientifiques du GCRAI et des SNRA, non seulement par rapport aux activités spécifiquement féminines, mais également pour toute la recherche agricole. Par ailleurs, il y a peu d'entrées concernant la gestion et les réseaux, ce qui montre qu'il y a encore beaucoup à faire dans cette direction.

Presque tous les centres mettent en place des projets pour répondre aux besoins des femmes pauvres des régions rurales, souvent en coopération avec des ONG ou des associations de femmes. Au Cameroun, l'Institut international pour l'agriculture tropicale (IIAT) travaille pour augmenter le rendement dans les champs à base d'arachides mais aussi aux cultures mixtes cultivées par des femmes. Au Nigeria, l' IIAT développe une variété améliorée de la dolique qui est plus facile à cueillir. Le Centre international de la pomme de terre (CIP) travaille avec des femmes du Kenya pour développer une variété de patate douce permettant la préparation d'en-cas pour les marchés. Ailleurs, on encourage des femmes à créer de petites entreprises de pisciculture (Bangladesh) ou des entreprises de production de semences pour haricots (Afrique de l'Est) ou de l'orge (Equateur).

La compréhension des contraintes de la production liées au genre ainsi que la négociation et les processus de prise de décision au sein des ménages sont perçus comme des terrains privilégiés d'étude. Les études montrent que les femmes sont confrontées à des obstacles qu'il s'agisse de l'accès aux terres, à la formation, aux services de vulgarisation, aux informations et aux technologies. Elles sont, en plus, limitées par les demandes concurrentes de leur labeur à cause de leurs responsabilités domestiques. Malgré ces contraintes, certains cas montrent que les exploitations tenues ou exploitées par des femmes peuvent avoir un meilleur rendement que celles des hommes. L'étude suggère que, à cause des handicaps spécifiques des femmes et à d'autres facteurs culturels, il serait peut être judicieux d'avoir pour elles des activités de recherche et/ou de formation distinctes dans certains cas. Le Centre international pour l'agriculture tropicale (CIAT) et le Centre international pour l'amélioration du mais et du blé (CIMMYT) ont développé une approche «toute la famille» qui vise désormais tous les membres du foyer.


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