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4 Recommandations: rôles et responsabilités


Photo FAO

Lors du Sommet mondial de l'alimentation qui s'est tenu en 1996, les gouvernements se sont engagés à réduire l'insécurité alimentaire d'ici 2015. Nous célébrons actuellement l'anniversaire du Sommet mondial de l'alimentation: Cinq ans après, et les données relatives à l'insécurité alimentaire montrent que cet engagement et la mise en œuvre qui en résulte n'ont jamais été aussi urgents. La tendance est à une réduction des financements dans les domaines de la recherche nationale et de l'aide internationale. Cependant, afin de répondre aux engagements pris lors du Sommet, il est impératif que les gouvernements soutiennent la recherche agricole au niveau national et que les SNRA développent des plans stratégiques pour se mettre en partenariat avec d'autres institutions, à la fois au niveau régional et dans d'autres secteurs. Ces efforts de collaboration pourraient drainer des compétences diverses, débouchant sur des efforts combinés, visant à traiter des questions d'intérêt commun.

La viabilité et le succès de telles tentatives de collaboration dépendent de l'acceptation préalable, de part et d'autre, d'un cadre global quant à la définition des rôles et des responsabilités s'inscrivant dans une stratégie visant systématiquement à réaliser des objectifs définis d'un commun accord. Ce type de stratégie permet aux partenaires de tabler sur des domaines bénéficiant d'un avantage comparatif et d'une expertise historique, tout en bénéficiant de l'expérience et des ressources des autres parties prenantes clefs.

La mobilisation de tous les acteurs et institutions dans le processus de prise de decisions, de l'établissement des priorités jusqu'à la mise en œuvre et l'évaluation des résultats, favorise l'appropriation et la durabilité des résultats et celle des engagements pris aussi bien par le gouvernement que par la société civile afin de réaliser l'objectif ultime qu'est la sécurité alimentaire.

Les systèmes nationaux de recherche agricole

Les institutions nationales de recherche agricole continueront à jouer un rôle clef dans la mobilisation des partenariats et la coordination des activités. Les SNRA devront créer des mécanismes et encourager le processus de mise au point, de mise en œuvre et d'évaluation des recherches faites en collaboration. Afin qu'ils puissent jouer ce rôle de façon efficace, des changements significatifs dans leurs orientations institutionnelles sont nécessaires, pour plus de souplesse, de responsabilité et de réactivité par rapport aux attentes de leurs clients.

Les calendriers de programmation devront passer de la perspective d'un cycle de projet conventionnel d'une durée de trois à cinq ans, à celle d'interventions stratégiques durables, nécessitant une décennie ou davantage. Une approche intégrée devrait prendre en considération des facteurs externes, tels que le changement des conditions du commerce des cultures sur les marchés nationaux ou d'exportation. La coordination et l'engagement conséquent des décideurs sont cruciaux pour atteindre le niveau nécessaire d'implication et d'investissement.

Il faut de réelles incitations institutionnelles et professionnelles pour réajuster les comportements des scientifiques à l'égard des producteurs et consommateurs bénéficiaires, et faire en sorte que ces derniers deviennent leur priorité. Les changements de politiques en matière de ressources humaines au sein des SNRA doivent aborder le problème de l'accent excessif mis sur la reconnaissance des cercles de recherche et sur les publications académiques comme critères de réussite et de promotion. Les taux d'adoption des nouvelles technologies par les producteurs et de leur impact doivent être considérés comme d'importants critères pour évaluer les performances de la recherche.

De bons systèmes de communication sont à la base d'une coordination efficace de la politique et de la recherche. L'innovation dans les technologies de l'information et de la communication, ainsi que dans les méthodologies de prise de décision collective et d'établissement de consensus, permettra la participation représentative des acteurs et des partenaires à l'identification des défis et à la formulation des programmes de recherche, leur mise en œuvre et leur évaluation. Il est toutefois crucial que les voies de communication et de représentation soient conçues de telle sorte qu'elle n'excluent pas ceux qui ne sont pas habitués aux technologies de l'information et aux procédures formelles.

Les agences gouvernementales

Il va de soi que les institutions de recherche ont besoin de collaborer et de mettre en commun leurs ressources avec les agences gouvernementales. A titre d'exemple, les services de vulgarisation agricole offrent un réseau préexistant de contacts, d'expérience et d'information pour les essais, le suivi, l'adaptation et l'évaluation de la recherche. Les services de démographie et de statistiques fournissent le type de données détaillées et comparatives nécessaires pour juger, au fil du temps, de la composition et des revenus des ménages par rapport à la disponibilité et à la consommation de nourriture.

Tous les ministères qui jouent un rôle de premier plan dans la régulation de secteurs ayant trait à la sécurité alimentaire, comme le Ministère de la santé, de l'éducation, des transports, de l'énergie, du commerce, des finances et de l'économie devraient s'engager dans ce processus. Toutefois, tous les corps gouvernementaux ne sont pas équipés ou impliqués pour relever les défis de la sécurité alimentaire. Certains d'entre eux devront élargir leur mandat pour inclure des questions de sécurité alimentaire dans leur programme. Il faudra développer des liens aux niveaux local, régional et national au sein des ministères concernés, mais aussi entre les ministères et les institutions de recherche et de vulgarisation agricole.

Les décideurs

Afin d'obtenir l'engagement des décideurs qui définissent le niveau de ressources à attribuer aux SNRA, la recherche devra démontrer les liens réels et potentiels entre les résultats des projets et les besoins des populations en situation d'insécurité alimentaire. Dans le but de s'assurer la faveur politique et le soutien populaire, il conviendra de donner des illustrations probantes des bénéfices de la recherche appliquée et de l'impact à long terme de la recherche fondamentale. La défense par les producteurs, les organisations de producteurs, les organisations communautaires et les ONG nationales et internationales peut également contribuer à donner l'opportunité aux décideurs de considérer le mandat de fournir des moyens à la recherche comme faisant partie d'une stratégie globale visant à protéger ou à soutenir la viabilité économique de zones rurales.

Une approche interdisciplinaire devrait renforcer l'équilibre entre les solutions, techniques et sociales, au problème de la sécurité alimentaire. Une augmentation de la production agricole et une plus grande disponibilité des technologies appropriées pour les petits exploitants et les groupes vulnérables permettront de relever certains défis. Cependant, l'expérience a montré que certains groupes aux revenus faibles, vivant dans les zones rurales, demeurent vulnérables aux risques de l'insécurité, même dans des situations de disponibilité de nourriture. Il est donc important de combiner les efforts techniques pour augmenter la production et sa mise sur le marché, avec la prise en compte des questions socio-économiques aux niveaux micro et macro, qui influencent l'accès différencié aux ressources et à la nourriture. Cela pourrait aller jusqu'au développement et à la mise en œuvre de politiques et d'actions conduites par diverses institutions publiques et privées, visant à promouvoir la diversification et la durabilité des revenus et la prise en compte de tous, y compris des plus vulnérables. Les décideurs doivent, en particulier, envisager:

Les ONG, les organisations communautaires, les groupes de femmes, les associations de consommateurs et autres

La sécurité alimentaire est déjà au cœur des programmes et des pratiques de nombreuses ONG et organisations communautaires qui travaillent dans les zones rurales ou dans les zones urbaines défavorisées. Ces organisations peuvent jouer un rôle capital en tant que voies de communication entre les chercheurs et la société civile, en tant que bureau central pour l'échange d'information et en tant que défenseurs du changement de politiques. Pour plus d'efficacité, il faut diriger les efforts vers:

Le secteur à but lucratif

Le développement des mécanismes et des démarches pour faciliter des partenariats stratégiques avec des institutions des secteurs public et privé est un élément essentiel dans le cadre d'une approche holistique des questions de sécurité alimentaire. L'accent de plus en plus fort mis par les donateurs et les gouvernements sur la rentabilité et la responsabilisation, et les tendances actuelles de politique économique qui favorisent la récupération des coûts et le strict contrôle des dépenses publiques, illustrent bien le besoin d'impliquer activement le monde des affaires dans le processus de recherche sur la sécurité alimentaire. Les entreprises privées et les institutions commerciales peuvent fournir quantité de ressources, d'expertise et une vision pour soutenir la capacité des SNRA à développer et à mettre en œuvre des programmes de recherche répondant aux attentes des clients de la recherche.

Néanmoins, dans la mesure où le secteur privé tend à privilégier les rendements à court terme et les producteurs les mieux lotis, l'appréciation de son rôle potentiel devrait s'accompagner d'un engagement continu des SNRA à trouver des solutions durables à l'insécurité alimentaire et à répondre aux besoins des groupes vulnérables et des producteurs à revenus limités. En raison de leurs différences en matière d'orientations et de partisans, il faut établir des mécanismes et des processus pour faciliter les discussions et les négociations entre des groupes tels que les institutions de recherche agricole, le secteur privé, la société civile, les organisations de producteurs et les groupes de consommateurs. Les discussions entre ces groupes doivent aborder des questions controversées comme les organismes génétiquement modifiés (OGM), les brevets, les droits de propriété intellectuelle et les accords de partage des bénéfices sur les ressources cultivées et sauvages.

La FAO, le GCRAI, le GFAR et les autres institutions internationales

La FAO peut amener les dirigeants de SNRA et d'autres agences internationales de recherche agricole et de developpement, ainsi que les décideurs qui établissent les objectifs et les priorités des gouvernements en matière de sécurité alimentaire à se mettre ensemble pour partager des informations et des ressources, et de parvenir à des positions de politique et des plans d'action communs. Ce faisant, elle pourrait promouvoir la mise en place d'un mandat et d'un cadre de travail acceptables par tous en matiere de collaboration au niveaux national, régional et international.

Le GCRAI peut mobiliser l'expérience et les ressources d'un vaste éventail des systèmes de production agricole et ceux intégrés. Les institutions spécialisées dans les systèmes de politique et de recherche (à l'instar de l'IFPRI et de l'ISNAR) apportent une dimension importante à prendre en compte au niveau de la gestion, de l'administration et de la coordination.

Le Secrétariat du GFAR peut travailler avec les forums régionaux des SNRA et avec d'autres partenaires dans le processus d'appropriation de ces idées par les forums des SNRA; il peut également faciliter l'interaction entre les parties prenantes, ce qui est déterminant pour la mise en œuvre de ces recommandations. Les deux dimensions les plus importantes à prendre en considération sont celles des INRA/ONG et des secteurs public/privé.

Les partenaires internationaux peuvent fournir en priorité:


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