Chapitre précédente Table des matières Chapitre suivante


6. COMMENT ORGANISER LE TRAVAIL À BORD?

Nous allons prendre l'exemple d'un palangrier de type artisanal d'une douzaine de mètres.

Le pont est agencé en fonction du parcours de la ligne, du point de relevage au point de filage; il est en outre important que le patron puisse bien voir toutes les opérations de la manoeuvre des lignes afin de pallier tout incident.

Comme le montrent les figure 25 et 26, un bateau avec la passerelle sur l'avant et la plage arrière dégagée convient très bien à cette technique de pêche.

Pour que les différentes phases de travail (appâtage, filage, virage, traitement du poisson) soient effectuées dans des conditions satisfaisantes, le pont doit être bien arrangé afin de pouvoir disposer les palangres en attente ou prêtes à être filées, ainsi que les orins, les mouillages et, si possible, un râtelier où seront saisis bouées, gaffes et haveneaux.

Pour permettre à l'équipage de travailler sur le pont à l'abri du soleil ou des intempéries, le pont de pêche, à l'arrière de la passerelle, peut être recouvert d'une bâche en toile plastifiée, supportée par une structure métallique et retombant de chaque côté, seule la partie arrière, au-dessus du tableau, étant ouverte. Cette protection est maintenue à l'armature au moyen de lanières de cuir et, à la lisse, par une cordelette passée dans des anneaux. Les côtés avant, tribord et babord peuvent s'ouvrir par enroulage de la bâche et faciliter ainsi les manoeuvre (figure 27).

La préparation et la fixation de l'appât sur les hameçons est une activité longue et pénible qui est effectuée soit à quai, soit à bord, selon l'espace disponible sur le pont, le nombre d'hommes d'équipage et le temps de route vers les lieux de pêche.

  1. Pont de pêche
  2. Timonerie
  3. Coin-repas
  4. Descente poste équipage
  5. Ouverture cale à poisson
  6. Couchage patron et table à cartes
  7. Appareil de navigation et de détection
  8. Poste équipage
  9. Rouleau de lisse
  10. Vireur
  11. Parc à poisson
  12. Gouttière de filage
  13. Projecteur
  14. Radeau de survie
  15. Feux de navigation et de pêche
  16. Echappement moteur
  17. Cale à poisson
  18. Compartiment machine
  19. Ratelier de stockage pour bouées et ancres
Figure 25

Figure 25. Schéma d'aménagement d'un palangrier artisanal.


Figure 26

Figure 26. Champ de visibilité du patron au cours des manoeuvre: (a) au filage; (b) au virage.


L'agencement de la passerelle et la disposition des équipements doit permettre un accès facile aux commandes et aux informations (profondeur, position) afin d'éviter au patron précipitation et déplacements excessifs.

La mécanisation des opérations, comme nous le verrons plus loin, permet dans une certaine mesure d'accélérer les manoeuvre, de rendre le travail moins fatigant et moins dangereux et, éventuellement, de réduire l'équipage. On peut affirmer en outre qu'une automatisation, même partielle, se traduira à bord par l'utilisation d'une longueur supplémentaire de palangre.

Les différents postes de manoeuvre doivent être occupés à tour de rôle par les matelots afin que les tâches pénibles soient partagées. Ces charges comprennent le filage et le virage.

Lors du filage, la ligne, les bouées, orins, flotteurs et ancres sont mis à l'eau et la manutention des caisses de palangre est effectuée. La figure 28 montre la disposition de l'équipage. Le passage de la ligne au-dessus du tableau arrière se faisant à vitesse élevée, il est nécessaire d'installer des rouleaux guides ou une gouttière (figure 29).

Le virage comprend les opérations suivantes: récupération des orins, bouées et mouillages; relevage de la ligne au vireur; embarquement et décrochage du poisson; rangement de la palangre et de ses accessoires; éviscérage et mise en cale de la capture. La figure 30 montre les hommes au travail.

Le poste au vireur est le plus important. Si l'adhérence sur la poulie est bonne, le matelot relèvera la ligne sans effort (parfois en l'accompagnant) tout en surveillant en permanence la tension de la palangre. Sur le vireur, une commande permet un arrêt d'urgence en cas de nécessité.


Figure 27

Figure 27. Aménagement du pont de pêche avec une bâche protectrice.


Figure 28

Figure 28. Equipage prêt pour le filage.


Figure 29

Figure 29. Aménagement d'une gouttière de filage sur le tableau arrière.


La marche, la vitesse et le sens de rotation du vireur sont commandés soit par le patron depuis la passerelle, soit sur l'appareil lui-même, à la main ou au pied. Il faut en effet en contrôler en permanence la marche et la vitesse pour pouvoir ralentir et éviter ainsi une tension trop importante sur la ligne, stopper pour décrocher un poisson ou embarquer des avançons emmêlés ou des hameçons accrochés.

Il existe sur le marché de nombreux modèles de vireurs, constitués de un ou plusieurs rouleaux, souvent à gorge étroite, à axe horizontal ou vertical. Entraînés par un système hydraulique, mécanique ou électrique, ils assurent une remontée de la ligne sous tension. Certains de ces vireurs sont mixtes et peuvent en outre servir à relever (sur des réas ou une poupée spéciale) d'autres engins de pêche: filets maillants, casiers, cordages (figures 31 à 34). La traction maximale exercée par le vireur doit être en relation avec le tonnage du bateau (figure 34).

Sur certains vireurs, il est possible de régler le degré de pincement de la ligne à relever et de vérifier ainsi l'efficacité de la traction; ce réglage est particulièrement utile lorsque les lignes-mères sont en monofilament (de surface très lisse).

Un guide-ligne est installé sur la lisse, en face du vireur; il est constitué d'un rouleau horizontal et, sur les côtés, de deux rouleaux verticaux (figure 31). Ce dispositif permet de guider la ligne et de déborder la palangre de la coque tout en évitant les frottements. Il peut être escamotable ou monté sur axe de façon à être basculé vers l'intérieur lorsque la manoeuvre est terminée.

On rappelle que la qualité de l'appât monté sur la palangre est essentielle. Une cale à poisson réfrigérée par de la glace sert au stockage de l'appât et de la capture. Si la glace n'est pas disponible, il faut prendre soin du poisson en le couvrant de serpillères humides ou en employant d'autres méthodes protectrices.


Figure 30

Figure 30. Disposition de l'équipage lors du virage.


Figure 31

Figure 31. Vireur à axe vertical et guide-ligne.


Figure 32

Figure 32. Vireur à axe horizontal avec guide-ligne.


Figure 33

Figure 33. Types de vireurs mixtes pour lignes, filets et cordages.


Figure 34

Figure 34. Vireurs pouvant être installés sur de petites embarcations.


Chapitre précédente Début du chapitre Chapitre suivante